1 Léo VENNIN leo.vennin@etu-iepg.fr Institut d Etudes Politiques de Grenoble Master «Sciences de gouvernement comparées» Rapport de fin de séjour Universidad de Costa Rica (12/08/13 16/12/13) C est à l Université du Costa Rica, dans la capitale du pays, San José, que j ai effectué mon semestre de mobilité universitaire. J avais choisi ce pays atypique, grand comme la Région Rhône-Alpes, et surnommé «la Suisse de l Amérique centrale», pour plusieurs raisons. La première était mon attrait pour l Amérique latine, où j avais déjà voyagé et effectué un stage d été. La seconde était mon grand intérêt pour les matières proposées par l Université du Costa Rica, telles que l Histoire des idées politiques en Amérique latine ou encore l épistémologie de la science politique, qui tout en s insérant parfaitement dans le cadre mon Master de formation à la recherche universitaire, m ouvraient un horizon intellectuel nouveau. Enfin, ce pays est connu pour son rôle de pionnier dans l écologie politique et dans la préservation de l environnement, ce qui m ouvrait en tant qu amoureux de la nature, de belles perspectives d excursions et de découvertes. Je n ai été déçu sur aucun de ces points, et ce semestre universitaire sous les tropiques aura été, tant au plan personnel qu au plan académique, l un des plus épanouissants de ma vie. Concernant les aspects pratiques tout d abord, la recherche d un logement a été particulièrement heureuse. Après avoir logé deux nuits dans une auberge de jeunesse avec un ami, lui aussi étudiant à l IEPG en mobilité à l Université du Costa Rica, nous avons entrepris de rechercher un logement via les réseaux sociaux. Notre première visite s est avérée fructueuse : une maison dans un quartier résidentiel étudiant nommé San Pedro, partagée avec huit personnes, offrant une chambre calme et lumineuse, et même un jardin, envahi de végétation tropicale. Mon choix s est donc immédiatement porté sur cette habitation, située à
2 dix minutes à pied du campus universitaire, dont le loyer mensuel, toutes charges incluses, s élevait à 250 euros. Le propriétaire, lui-même professeur à l université, avait fixé une caution de 180 euros, qui nous a été rendue intégralement à tous à la fin du séjour. La colocation avec huit étudiants, une française, un français, trois allemandes, une mexicaine, une costaricienne et un costaricien, a été une expérience cosmopolite unique dont je garderai longtemps le souvenir. Au niveau financier, et conformément à ce qui m avait été annoncé, le Costa Rica est un pays où la vie est relativement chère. En dépit d un niveau de développement non encore comparable avec celui de notre pays, les prix sont souvent similaires aux nôtres, en particulier pour tout ce qui a trait à l alimentaire, aux équipements ménagers, ou aux fournitures scolaires. En revanche, les transports en général, dans la ville comme dans le pays en général, sont très bon marché, de même que les télécommunications. Les téléphones mobiles ainsi que les abonnements quels qu ils soient, présentent un coût absolument dérisoire, bien que la qualité du réseau laisse à désirer. En revanche, l un des aspects financièrement nonavantageux concerne le système de transactions bancaires : ma banque ne proposant pas de services spéciaux pour cette destination, je devais m acquitter à chaque transaction de frais bancaires représentants 3% de la transaction ; ce qui, à la fin du séjour, en cumulé, constitue une somme considérable. De manière générale donc, le Costa Rica n est pas une destination bon marché, et constitue à ce titre une exception en Amérique centrale. Concernant les frais de santé, j avais fait les vaccins nécessaires et souscrit à une extension de garantie de sécurité sociale avant mon départ. Par chance, je n ai jamais eu à aller de tout le semestre ni chez le médecin ni à la pharmacie, ni à débourser en frais médicaux quels qu ils soient. La vie universitaire à l Université du Costa Rica présente de nombreuses différences avec celle à laquelle j avais été habitué. L un des seuls points communs réside dans le système organisationnel, avec une administration très présente et compétente. En tant qu étudiants en mobilité, nous étions particulièrement suivis et encadrés, et n avons rencontré aucune difficulté, ni pour l inscription dans les cours, ni pour les différentes formalités à accomplir au cours du semestre. Les cours dispensés étaient passionnants pour la plupart, tant sur le contenu de l enseignement que sur l approche pédagogique. En effet, sur le contenu tout d abord, le renversement des perspectives était tout à fait passionnant : un cours d Histoire par exemple,
3 se fait avec des jalons historiques, des cadres d analyse, des points de vue totalement autres, de même pour la philosophie politique, où les mots-même prennent un sens totalement différent, parfois opposé, de celui auquel nous sommes habitués. Suivre ces enseignements m a donc permis de m ouvrir à l histoire de ce continent et à une culture politique passionnante, le tout avec un niveau d exigence de la part des professeurs qui poussait à l émulation intellectuelle. A ce sujet, le rapport entre professeur et élève est très peu formel, les étudiants interviennent souvent et participent librement, et n hésitent pas à donner leur vécu ou leur avis sur de nombreux points ; de plus les horaires de cours étaient assez flexibles, ce qui contribue à une ambiance scolaire relativement détendue. L enseignement inclut également des déplacements sur le terrain, par exemple dans le cadre d un cours où nous sommes partis étudier les communautés indigènes. Enfin, le système d évaluation est très diversifié, ne se limitant pas aux interrogations écrites, en intégrant notamment les évaluations de groupe, les présentations orales ou encore les travaux de recherche, et privilégiant le mode de l évaluation continue. Ce système est fort appréciable, car moins stressant et moins individualisé, en particulier, les travaux de groupe avec des étudiants locaux ont été des moments d échange interculturels très féconds. Pour terminer sur les points pratiques, il me faut évoquer ce qu est la vie quotidienne au Costa Rica : c est un pays où le dépaysement est total. Le climat est tropical, avec des pluies torrentielles tous les jours vers 16 heures, et un grand soleil le reste du temps. Le soleil se lève tous les jours à 6 heures du matin et se couche à 6 heures du soir, il n y a aucune variations entre les saisons. Les horaires d ouverture sont donc adaptés au rythme solaire, les magasins ouvrent donc très tôt, et la vie s arrête également très tôt, les soirs à 9 heures, tout est fermé et les gens sont couchés, ce qui contribue à une ambiance incroyablement calme dans ce pays. Concernant les loisirs, je dois dire qu avec seulement douze heures de cours par semaine, ce semestre a été l occasion de très nombreuses escapades sur les plages paradisiaques de la côte Caraïbe et de la côte Pacifique, ainsi que dans les montagnes et sur les volcans actifs de la Cordillère centrale. Membre d une équipe de triathlon à l IEP de Grenoble, j ai pu profiter d un cadre naturel exceptionnel pour réaliser des randonnées inoubliables, telles l ascension de nuit des 3820 mètres du Cerro Chirripo, pour assister à un lever de soleil sur l océan Pacifique. De plus, la faune et la flore tropicale présentent une diversité incroyable, avec 6% de la biodiversité mondiale sur un territoire grand comme notre Région!
4 Le système de transport est basé intégralement sur les bus, étant donné qu il n existe pas de lignes ferroviaires, et les trajets, même s ils sont extrêmement longs dans tous les cas, sont relativement agréables. J ai pu voyager par ce moyen jusqu au Nicaragua depuis San José, ainsi qu à Panama. Seule ombre à ce tableau de ce pays qui a tout d un paradis terrestre : il ne brille pas par sa gastronomie. Tous les plats sont à base de riz et d haricots rouges, et le plat national, le sempiternel gallo pinto, se mange matin, midi, et soir ; tout cela s avère à la longue assez lassant. Mais, dans l ensemble, ce semestre a été l occasion de voyages, de découvertes, et de rencontres uniques. A l heure donc de dresser un bilan et de faire quelques suggestions, c est le positif qui l emporte largement. Une expérience internationale telle un semestre universitaire est une opportunité à saisir pour n importe quel étudiant. Outre l apport académique, souvent considérable, étudier à l étranger permet de découvrir d autres façons de penser, de procéder, et cette expérience de décentrement permet de gagner en maturité. Ce gain en maturité s accompagne d un gain en autonomie, ce qui constitue une qualité essentielle à la réussite dans le monde actif. Enfin et par-dessus-tout, c est sur le plan humain que cette expérience est unique : pouvoir rencontrer et vivre avec des étudiants de tous les pays, échanger, voyager, découvrir des horizons dont on ne soupçonnait même pas l existence, est une chance immense que l obtention d une bourse d études permet de concrétiser. Sur le plan personnel, mes plans et projets ont grandement évolué, et même, pris un tournant décisif. Le fait de se retrouver dans un cadre totalement différent permet de «sortir le nez du guidon» et de réfléchir plus sereinement à son avenir professionnel et à ses envies. Je pense donc me dédier à l enseignement supérieur et à la recherche, conformément à ma formation de Master. J ai obtenu depuis le Costa Rica un stage d attaché parlementaire en Ardèche, mais à moins que cette expérience professionnelle ne me convainque, je pense terminer mon Master puis commencer une thèse de doctorat, afin de devenir enseignantchercheur. Je peux donc dire que ma présence au Costa Rica a été décisive dans la formation de mon projet professionnel, elle m a permis de clarifier mes envies.
5 Je conseille à tous les étudiants désirant se rendre sur place de se renseigner le plus possible sur tous les aspects de la vie quotidienne, étant donné que tous les désagréments peuvent être évités avec un minimum d informations. Ne pas sortir le soir à partir d une certaine heure, éviter les quartiers mal famés, savoir distinguer les taxis officiels, connaître les prix moyens pour éviter les mauvais plans, etc., sont autant de choses à savoir qui annihilent les difficultés quotidienne. Au niveau universitaire, mon niveau solide en langue espagnole dès mon départ m a évité le plus gros des difficultés, je conseille donc également d arriver avec un bon niveau, cela rend les choses bien plus faciles, essentiellement dans la compréhension des cours et dans la qualité des travaux rendus. De plus, la gentillesse des étudiants costariciens, toujours désireux d aider et de travailler en groupe, permet d éviter les difficultés. En somme, je conseillerais donc aux étudiants voulant réaliser un semestre d études au Costa Rica de se renseigner en amont, auprès d étudiants s y ayant rendus de préférence, car rien ne remplace le vécu, de façon à vivre au mieux cette expérience. Je ne vois pas d amélioration significative à apporter au programme d échanges internationaux ou à la bourse régionale. Je pense que les établissements gagnent à communiquer le plus possible et à tenir informé leurs étudiants, et toute aide au départ de leur part est bonne à prendre, pour mener à bien les formalités administratives et ne pas rater les dates-butoir. Je n ai qu une suggestion: au Costa Rica, les étudiants qui reviennent de mobilité deviennent «tuteurs» de ceux qui s apprêtent à partir, grâce à un programme chapeauté par le service des relations internationales. Ils peuvent ainsi répondre à leurs questions, les aider à préparer le voyage ou les guider dans les formalités administratives. Peut-être une telle initiative est-elle à importer? Enfin, je profite de l occasion qui m est ici donnée pour remercier chaleureusement la région Rhône-Alpes et sa politique généreuse en matière de bourses d études, dans la mesure où cette aide m a, en grande partie, permis de vivre une expérience en tous points unique, et inoubliable.