Comportements d achats alimentaires en Guadeloupe



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Transcription:

Comportements alimentaires et perceptions de l'alimentation en Guadeloupe en 2010 (Enquête réalisée sur le modèle du Baromètre Santé Nutrition 2008 de l institut national de la prévention et d éducation pour la santé, Inpes) Comportements d achats alimentaires en Guadeloupe En 2008, la part du budget des ménages consacrée à l alimentation s est stabilisée en France (12,4 % contre 12,3 % en 2007), après avoir diminué de façon récurrente depuis la fin du 18ème siècle (80 % selon Lavoisier contre 27,5 % en 1960) [1]. Le contexte actuel de hausse rapide des prix des produits alimentaires (+5,0 % en 2008), ainsi que la progression, certes faible, de la consommation de produits alimentaires (+0,1 % en 2008), hors boissons alcoolisées et tabac, en sont sans doute la cause. Par ailleurs, on observe une stabilisation du phénomène de fusion et de concentration des enseignes auquel on assistait dans la grande distribution alimentaire depuis plusieurs décennies et une montée en puissance des magasins hard-discount qui ont doublé leur part de marché en six ans (de 7 % des dépenses alimentaires en 2001 à 13 % en 2006) [2]. Compte tenu des interactions entre le type de magasin de distribution et les comportements d achats, on peut supposer que cette modification du contexte a influencé les comportements d achats alimentaires des Français. Ce dossier thématique s intéresse aux comportements d achats alimentaires des Guadeloupéens âgées de 18 à 75 ans. Il présente leurs principaux lieux d achats alimentaires ainsi que les liens entre les comportements d achats et la consommation alimentaire appréhendée à travers le respect des repères de consommation du Programme national nutrition santé (PNNS) la veille de l enquête. Ce document aborde également la pratique de l autoconsommation et l achat d aliments d origine guadeloupéenne. L ensemble de ces variables est étudié en fonction des différents éléments sociodémographiques. Introduction...1 Lieux et fréquences d achats...2 Diversité des lieux d achats...3 Lieux d achats et repères du PNNS...4 Autoconsommation...5 Alimentation locale...5 Méthodologie...6 Synthèse...7 1

Lieux et fréquences d achats Les grandes et moyennes surfaces et les boulangeries, lieux d achats les plus fréquentés Les Guadeloupéens privilégient les grandes et moyennes surfaces (GMS) et les boulangeries pour leurs achats alimentaires : respectivement 79,4 % et 71,1 % de la population âgée de 18 à 75 ans a effectué des achats dans ce type de commerces au moins une fois durant les 15 jours précédant l enquête (Fig 1). Les commerces de détail et les marchés sont également souvent fréquentés : 61,3 % et 54,7 % des Guadeloupéens ont réalisé des achats alimentaires dans ces lieux. Ils sont 21,5 % à avoir acheté des produits d alimentation dans la rue auprès de vendeurs ambulants (hors vendeurs sur les marchés). Les achats alimentaires par téléphone ou sur internet sont marginaux : 4,0 % de la population. Le plus souvent, les Guadeloupéens se rendent une fois par semaine dans les grandes surfaces, au marché et dans les commerces de détail et au moins deux fois par semaine à la boulangerie (Fig 1). jouent également un rôle discriminant dans la fréquentation des lieux d achat. Ainsi, les individus ayant au moins le bac et les personnes ayant un emploi ont plus souvent déclaré avoir fait leurs achats alimentaires en GMS : 84,0 % des titulaires du bac ou plus contre 78,9 % des personnes ayant un diplôme inférieur au bac et 85,8 % des personnes ayant un emploi contre 73,1 % des chômeurs. Les commerces de détail sont davantage fréquentés par les personnes vivant au sein d un couple avec enfant(s) que par celles vivant seules (63,8 % contre 51,1 %). Enfin, les habitants du bassin d habitat de la Côte sous le vent réalisent plus souvent que les autres leurs achats alimentaires dans la rue auprès de vendeurs ambulants : 35,8 % contre 8,0 % (Sud Basse-Terre) à 27,4 % (Nord Grande-Terre) des habitants des autres bassins. De nombreux facteurs associés au choix du lieu d achats alimentaires Les femmes effectuent davantage que les hommes leurs achats alimentaires en GMS et dans les marchés (Fig 2). La fréquentation des marchés et celle des commerces de détail augmentent avec l âge (Fig 3). Les jeunes adultes (18-25 ans) fréquentent moins souvent les GMS et les boulangeries que leurs aînés. Le diplôme, la situation professionnelle, la structure du foyer et le bassin d habitat 1 1 Bassins d habitat : Nord Basse-Terre : Deshaies, Lamentin, Sainte-Rose / Côte sous le Vent : Bouillante, Pointe-Noire, Vieux-Habitants / Sud Basse-Terre : Baillif, Basse-Terre, Gourbeyre, Saint-Claude, Trois-Rivières, Vieux-Fort / Côte au Vent : Capesterre-Belle-Eau, Goyave / Ouest-Pointois : Baie-Mahault, Petit-Bourg / Agglomération Pointoise : Les Abymes, Le Gosier, Pointe-à-Pitre / Nord Grande-Terre : Anse-Bertrand, Morne-à-L Eau, Petit-Canal, Port-Louis / Pointe de l Île : La Désirade, Le Moule, Saint-François, Sainte-Anne. / Marie-Galante : Capesterre-de-Marie-Galante, Grand-Bourg, Saint-Louis. 2

Plus de deux Guadeloupéens sur dix ne fréquentent, parmi les grandes et moyennes surfaces, que des hard-discounts Les hyper/supermarchés sont les premières GMS fréquentées par les Guadeloupéens (79,0 %) devant les hard-discounts (68,5 %). Quand près d un tiers des Guadeloupéens n ont fait leurs achats, parmis les GMS, que dans des hyper/supermarchés (31,5 %), plus de deux Guadeloupéens sur dix (21,0 %) n ont fréquenté que des magasins hard-discount. Fréquentation exclusive des hard-discounts plus élevée parmi les personnes sans diplôme, celles ayant un faible niveau de revenus et des difficultés financières La fréquentation des hard-discounts comme unique lieu d achat parmi les GMS varie en fonction du niveau de diplôme (Fig 4). Elle est plus fréquente chez les individus n ayant pas de diplôme : 32,7 % contre 18,4 % des personnes ayant un diplôme inférieur au bac et 10,3 % des titulaires d un bac+2 ou plus. Enfin, l approvisionnement exclusif en hard-discounts est davantage le fait des habitants de la Côte au vent (31,3 %), de la Côte sous le vent (31,0 %), du Nord Basse-Terre (29,6 %), du Nord Grande-Terre (26,2 %) et de la Pointe de l Ile/Marie-Galante (23,6 %) que de ceux de l Agglomération pointoise (10,2 %) et des de l Ouest-pointois (9,2 %). Diversité des lieux d achats Diversité des lieux d achats pour un tiers des Guadeloupéens La majorité des Guadeloupéens favorisent la diversité des lieux d achat de leurs aliments. Ainsi, durant les 15 jours précédant l enquête, un tiers des Guadeloupéens ont effectué leurs achats alimentaires à la fois en GMS, au marché et dans les commerces de détail (hors boulangeries). Un autre tiers a fréquenté un GMS ainsi qu un autre lieu d achat (marché ou commerce de détail). Plus d un Guadeloupéen sur dix (12,0 %) s est rendu uniquement dans un GMS alors que 11,3 % ont réalisé leurs achats au marché et/ou dans un commerce de détail mais pas dans un GMS. Enfin, 9,3 % des Guadeloupéens n ont fréquenté aucun de ces trois types de lieux d achats (GMS, commerce de détail et marché). Les personnes résidant dans les bassins d habitat 2 de l Agglomération pointoise et du Sud Basse-Terre présentent une diversité des lieux d achats relativement importante : respectivement 39,6 % et 44,8 % fréquentent les trois lieux d achats contre 24,7 % des habitants du Nord Grande-Terre. Diversité plus fréquente chez les femmes et les habitants de l Agglomération pointoise et du Sud Basse-Terre La diversité des lieux d achats est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes (Fig 5), près de quatre femmes sur dix (39,1 %) se sont rendus dans ces trois lieux d achats contre moins de trois hommes sur dix (27,5 %). 2 Bassins d habitat : Nord Basse-Terre : Deshaies, Lamentin, Sainte-Rose / Côte sous le Vent : Bouillante, Pointe-Noire, Vieux-Habitants / Sud Basse-Terre : Baillif, Basse-Terre, Gourbeyre, Saint-Claude, Trois-Rivières, Vieux-Fort / Côte au Vent : Capesterre-Belle-Eau, Goyave / Ouest-Pointois : Baie-Mahault, Petit-Bourg / Agglomération Pointoise : Les Abymes, Le Gosier, Pointe-à-Pitre / Nord Grande-Terre : Anse-Bertrand, Morne-à-L Eau, Petit-Canal, Port-Louis / Pointe de l Île : La Désirade, Le Moule, Saint-François, Sainte-Anne. / Marie-Galante : Capesterre-de-Marie-Galante, Grand-Bourg, Saint-Louis. 3

Lieux d achats et repères du PNNS Le repère de consommation relatif au poisson est davantage respecté par les personnes qui fréquentent les marchés Pour le poisson, il existe un lien entre la fréquentation des marchés et le respect du repère de consommation du Programme national nutrition santé (PNNS). En effet, les personnes qui ont fréquenté les marchés durant les 15 jours précédant l enquête ont une consommation de poisson respectant le PNNS (au moins deux fois par semaine) plus élevée que celles qui ne s y sont pas rendues (respectivement 71,2 % et 60,0 % (Fig 6)). Cependant, il n y a pas de corrélation entre le fait de s approvisionner ou non au marché et le respect des autres repères de consommation. et moins souvent par celles qui fréquentent préférentiellement un hard-discount Le respect des repères de consommation pour le poisson est également associé au fait de fréquenter préférentiellement un harddiscount comme GMS (Fig 7). Ainsi, les personnes choisissant un hyper/supermarché comme premier lieu d achat consomment plus souvent du poisson au moins deux fois par semaine que celles qui privilégient les hard-discounts : 70,8 % contre 60,2 %. Aucun lien n est observé entre le type de lieux d achat et les repères de consommation du PNNS pour les autres groupes alimentaires 4

Autoconsommation L autoconsommation, un mode de consommation très fréquent en Guadeloupe La consommation de fruits, de légumes, de racines et de féculents issus de la production personnelle ou offerts par une connaissance dite "autoconsommation" est très courante en Guadeloupe. Ainsi, pendant les deux semaines précédant l enquête, environ deux tiers de la population a profité de ce mode de consommation pour les légumes (62,5 %) et les racines (64,8 %), plus de sept Guadeloupéens sur dix pour les fruits (74,4 %) et les féculents (70,5 %). L autoconsommation est particulièrement fréquente pour les fruits : 71,6 % de la population en a profitée au moins une fois par semaine (Fig 8). Cette proportion atteint 64,7 % pour les féculents, 58,6 % pour les légumes et 58,5 % pour les racines. Enfin, pour les féculents, les personnes titulaires d un diplôme inférieur au bac optent plus souvent pour ce mode de consommation que les individus ayant un niveau de diplôme plus élevé (75,4 % et 67,0 %). Il n y a pas de lien entre l autoconsommation et le respect des repères de consommation du PNNS. L autoconsommation est davantage pratiquée par les couples avec enfants Ce mode de consommation est davantage pratiqué par les personnes vivant au sein d un couple avec enfant(s) que par celles vivant seules : respectivement 79,8 % et 65,5 % pour les fruits, 75,3 % et 63,2 % pour les féculents, 71,8 % et 59,2 % pour les racines et 67,5 % et 57,8 % pour les légumes. Pour les fruits, les familles monoparentales sont également davantage concernées (77,8 %). Alimentation locale La production locale, largement privilégiée par les Guadeloupéens Neuf Guadeloupéens sur dix ont déclaré privilégier l achat d aliments locaux lorsque cela est possible. Le fait de privilégier ce type d achat est indépendant des variables sociodémographiques étudiées. Cependant, il est associé à un meilleur respect des repères de consommation pour le poisson. Les personnes favorisant l achat d aliments d origine locale privilégient surtout ce type d achat pour les fruits (55,0 %), pour les légumes ou les féculents (22,5 %) et pour le bœuf (18,2%). Les femmes privilégient davantage que les hommes l achat de fruits d origine locale (Fig 9). C est également le cas des personnes les plus diplômées par rapport à celles ayant un niveau de diplôme inférieur au bac : 67,7 % contre 52,0 %. A l inverse, les individus les plus diplômés privilégient moins souvent l achat de légumes ou féculents locaux : 12,7 % et 28,8 %. 5

Méthodologie > Méthodologie générale En 2008, l Inpes a reconduit le Baromètre santé nutrition. Il s agit d une enquête téléphonique consacrée aux relations entre la nutrition et la santé qui est réalisée au niveau national. En France hexagonale, huit régions ont participé à ce baromètre par le biais de sur-échantillons régionaux : Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Haute-Normandie, Ile-de-France, Languedoc- Roussillon, Picardie, Provence-Alpes-Côte d Azur, Nord-Pas-de- Calais. Ces enquêtes se sont déroulées au niveau national au premier semestre 2008 et en 2009. L ORSaG a souhaité reproduire cette enquête. Cependant, la recherche de financements a conduit à une mise en place de cette étude au premier semestre 2010. En raison du décalage dans le temps de sa réalisation, la dénomination de cette étude est «Comportements alimentaires et perceptions de l'alimentation en Guadeloupe en 2010». Le questionnaire* et la méthodologie employés sont les mêmes que ceux mis en œuvre dans le BSN national et les 8 BSN régionaux. La réalisation de la phase de terrain a été confiée à l Institut de sondage Ipsos Antilles. L ORSaG a également choisi d adopter la même architecture de présentation des résultats sous forme de dossiers thématiques. Les analyses présentées dans ce document portent uniquement sur les 18-75 ans (758 personnes). En effet, les données exploitées pour les fiches «Nutrition, revenus et insécurité alimentaire» et «Comportements d achats alimentaires» n ont été recueillis qu à partir de l âge de 15 ans. Les données ont été pondérées par le nombre de personnes éligibles au sein du ménage contacté ainsi que par le nombre de lignes téléphoniques du foyer. Un redressement a été réalisé sur le sexe, l âge et le niveau de diplôme, afin d être représentatif de la population. Les tests de comparaisons, réalisés essentiellement à partir de régressions logistiques, ont été effectués sur les données brutes en ajustant sur le sexe, l âge, le niveau de diplôme, la situation professionnelle, le pays de naissance de la mère, le bassin d habitat et la structure du foyer. Le seuil de significativité est 5 %. La population étudiée est précisée dans la légende de l illustration. *Le questionnaire a été amputé du volet relatif à l activité physique compte tenu de la proximité chronologique de l étude APHYGUAD relative à l activité physique et sportive de la population vivant en Guadeloupe, publiée en 2010 par l ORSaG. Principales caractéristiques de la population étudiée (18-75 ans) % de la population totale (n=758) Sexe Hommes 45,5 Femmes 54,5 Age 18-25 ans 13,2 26-34 ans 15,9 35-44 ans 23,8 45-54 ans 20,4 55-64 ans 15,6 65-75 ans 11,1 Niveau de diplôme Aucun diplôme 33,7 Inférieur au bac 32,4 Bac 17,8 Bac+2 ou plus 16,1 Situation professionnelle Actifs occupés 48,9 Chômeurs 19,2 Elèves, étudiants 6,4 Retraités 15,7 Autres inactifs 9,9 Structure du foyer vit seul 13,0 Famille monoparentale** 17,5 Couple sans enfant** 22,5 Couple avec enfant(s)** 37,0 Autre situation 10,0 Revenu par unité de consommation Inférieur à 900 euros 55,6 De 900 à moins de 1500 euros 22,3 Au moins 1500 euros 15,2 Manquant 6,9 *pondérés à partir du recensement de population 2007 ** Enfant(s) âgé(s) de moins de 25 ans Références bibliographiques 1. Consalès G. En 2008, la consommation des ménages s infléchit mais résiste. Insee Première n 1241, juin 2009, 4 p. 2. Bellamy V, Léveillé L. Consommation des ménages : Quels lieux d achats pour quels produits?, Insee Première n 1165, Novembre 2007, 4p 6

Synthèse A partir de l analyse de l étude «Comportements alimentaires et perceptions de l'alimentation en Guadeloupe en 2010», reproduction à l échelle régionale de l étude Baromètre santé nutrition 2008, ce dossier thématique présente les comportements d achats alimentaires des habitants de la région Guadeloupe (les lieux et fréquences d achats, la diversité des lieux d achats, le lien entre les lieux d achats et les repères du PNNS, l autoconsommation et l alimentation locale). Les grandes et moyennes surfaces (GMS) ainsi que les boulangeries sont les principaux lieux d achats en Guadeloupe. Plus de neuf Guadeloupéens sur dix ont fréquenté au moins une fois ces commerces durant les 15 jours précédant l enquête. La majorité des Guadeloupéens privilégient la diversité puisque, sur cette même période, les deux tiers ont fréquenté à la fois un GMS et les marchés et/ou les commerces de détail. Par ailleurs, il y a en Guadeloupe une certaine attractivité des magasins hard-discounts : plus de deux Guadeloupéens sur dix fréquentent, parmi les GMS, uniquement des hard-discounts. La consommation de fruits, légumes, racines et féculents issus de la production personnelle ou offerts par une connaissance (autoconsommation) est très courante en Guadeloupe : environ deux tiers des Guadeloupéens profitent de ce mode de consommation. Elle est particulièrement fréquente pour les fruits : 71,6 % de la population en profite au moins une fois par semaine contre 64,7 % pour les féculents, 58,6 % pour les légumes et 58,5 % pour les racines. Par ailleurs, la production locale est privilégiée, lorsque cela est possible, par neuf Guadeloupéens sur dix. Le choix du lieu d achats alimentaires varie en fonction du genre et de l âge. Les femmes fréquentent davantage que les hommes les GMS et les marchés, et elles diversifient plus souvent les lieux d achats. La fréquentation des marchés et celle des commerces de détail augmentent avec l âge. Les jeunes adultes fréquentent également moins souvent les GMS et les boulangeries que leurs aînés. La structure familiale influe également le choix du lieu d achat : les personnes vivant seules effectuent moins souvent leurs achats dans les commerces de détails et pratiquent moins fréquemment l autoconsommation que celles vivant au sein d un couple avec enfant(s). La fréquentation exclusive de harddiscounts, parmi les GMS, est plus fréquente chez les personnes sans diplôme ainsi que parmi les habitants de la Côte au vent, de la Côte sous le vent, du Nord Basse-Terre, du Nord Grande-Terre et de la Pointe de l Ile/Marie-Galante. Enfin, le bassin d habitat influence plus largement le choix du lieu d achat : les habitants de la Côte sous le vent s approvisionnent plus souvent que les autres auprès de vendeurs de rue et les résidents de l Agglomération pointoise et du Sud Basse- Terre privilégient davantage la diversité que ceux du Nord Grande-Terre. Les fiches thématiques L analyse de l étude va donner lieu à la publication de quatre autres documents thématiques : «Consommations alimentaires», «Perceptions et connaissances nutritionnelles», «Nutrition, revenus et insécurité alimentaire», «Structure et environnement des repas» Les choix des thématiques et les analyses ont été déterminés par les partenaires nationaux et régionaux ayant participé à la réalisation nationale et aux déclinaisons régionales du Baromètre Santé Nutrition 2008 : ORS Champagne-Ardenne, ORS Franche-Comté, ORS Haute-Normandie, ORS Ile-de-France, ORS Languedoc-Roussillon, OR2S Picardie, ORS Provence-Alpes-Côte d Azur, FNORS, Cres Languedoc-Roussillon, Drass Provence- Alpes-Côte d Azur, Urcam Franche-Comté et Inpes. Ce document a été réalisé par Sandrine Pitot, ORS Guadeloupe. Remerciements au Dr. Marie-Laure Lalanne-Mistrih (présidente du conseil scientifique de l ORSaG) pour sa relecture attentive. 7

Observatoire régional de la santé de Guadeloupe 1301, Cité Grain d Or Circonvallation 97 100 Basse-Terre Tel : 0590 387 448 Fax : 0590 387 984 Courriel : orsag@wanadoo.fr Site Internet : http : //www.orsag.org Financement Cette étude a été financée par le Groupement régional de santé publique (GRSP) de Guadeloupe, le Conseil régional de la Guadeloupe et l Institut national d éducation pour la santé (Inpes). L impression des documents a été financée par l Agence de Santé de Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Guadeloupe 8