Position de la COFACE en matière de prévention du surendettement: le «Fichier positif» ou la centrale des historiques de crédit



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Transcription:

Confédération des Organisations Familiales de l Union européenne Confederation of Family Organisations in the European Union Position de la COFACE en matière de prévention du surendettement: le «Fichier positif» ou la centrale des historiques de crédit Adoptée par le Conseil d administration de la COFACE le 16 mars 2009 De nombreux pays européens connaissent la pratique des fichiers centralisant les informations sur les crédits souscrits par des particuliers. Pourtant, des opposants à ce type de fichier existent et sont assez puissants puisqu ils représentent des intérêts différents: établissements financiers (mais pas tous), organisations de consommateurs (mais pas toutes) et des organismes de contrôle du respect de la vie privée. I - Les fichiers de crédit Il faut d abord constater que de nombreux fichiers existent déjà, permettant d approcher le comportement des consommateurs à l égard de l argent: fichiers officiels des comptes en banque, des chèques sans provision, des interdits, des incidents de paiement d une part mais aussi fichiers privés des établissements financiers. Voir le site: www.cefeb.org L utilisation de ces fichiers est probablement contrôlée de manière différente selon les Etats membres. En principe, il est interdit aux banques de recouper les informations dont elles disposent. La circulation des informations sur les infractions est toutefois autorisée. Par exemple, voir le site: www.cnil.fr Les données communes qui peuvent être exploitées par les banques sont celles qui sont contenues dans des fichiers «négatifs», c est-à-dire celles qui sont relatives à un incident. Elles ne devraient être communiquées qu aux établissements financiers à l occasion d un prêt, ou aux personnes concernées. Malheureusement, les fichiers peuvent contenir des erreurs, et il appartient alors à la personne inscrite à tort de se justifier, ce qui lui est difficile alors qu elle est présumée de mauvaise foi.

Une étude récente commanditée par la Commission européenne fait apparaître que les consommateurs sont en fait très soucieux de l existence et de l utilisation des fichiers dont peuvent disposer les banques. II - Evolutions possibles Système privé Les centrales de crédit existantes sur le modèle italien ou allemand nous semblent organisées principalement comme des systèmes de scoring destinés à évaluer les capacités de remboursement des candidats au crédit. Le système anglo-saxon est encore plus nettement un produit commercial, c est-à-dire un outil de marketing permettant de développer la distribution du crédit. Système public Le fichier mis en place par la Banque Nationale de Belgique, conçu comme un prolongement du fichier recensant les incidents de remboursement (fichier contenant à la fois les informations de type négatif et positif) nous paraît constituer une bonne solution. L objectif de cette centrale est de lutter contre le surendettement en évitant le «crédit de trop» et devrait donc permettre de révéler les personnes en cours de fragilisation. Ce système a été mis en place dans le cadre d un large consensus entre professionnels, consommateurs et administrations. Dans la plupart des pays d Europe (excepté la France) de nombreux fichiers sont déjà pratiqués mais avec différentes modalités de fonctionnement. La Belgique représente un modèle par son fichier unique public neutre, avec pour but affiché la lutte contre le surendettement. Ce serait une réponse acceptable pour les utilisateurs des services bancaires, qui tous se méfient des fichiers. Personne ne veut de fichiers opaques, dont les fins sont floues, gérés par on ne sait qui et contenant des erreurs. L'idée découlant du fichier positif serait de mettre en place un bureau de gestion personnelle qui puisse donner à l'emprunteur les outils pour gérer son budget ainsi que le responsabiliser et rassurer dans le même temps le prêteur. Suite à une interview avec Didier Muraille (Chef de Service, Centrale des Crédits) et Luc Dufresne (Sous-Directeur, Chef du Département informations micro-économiques) au siège de la Banque Nationale de Belgique, la COFACE a pu prendre connaissance du fonctionnement et des résultats du fichier positif mis en place en 2002. Fonctionnement Le fichier positif est une base de données centralisée des crédits gérée par la BNB. Ce sont les banques, ou les prêteurs qui alimentent le fichier positif. L'utilisateur a accès libre et gratuit sur internet ou au guichet de la Banque nationale de son fichier et peut voir tous ses crédits (l'information inclus les différentes banques auprès desquelles il a un crédit). Par contre, les banques (les organismes de prêts), lorsqu'ils ont accès au fichier, ne voient que les crédits et les montants mais n'ont pas d'information quant à l'organisme de prêt (la banque) où ces crédits ont été accordés. Le comité d'inspection des affaires économiques s'assure que l'accès au fichier positif est gratuit pour les particuliers. 2

Il y a une obligation juridique pour tout organisme de prêt opérant en Belgique d'être inscrit à la centrale du fichier positif. Les organismes de prêts sont également obligés légalement de consulter la centrale pour octroyer un prêt sur le territoire belge. Enfin, ils ont l'obligation d'alimenter le fichier positif. Pour avoir accès à l'information sur un utilisateur via le fichier positif, il faut que la banque prouve qu'elle a un client qui a un crédit ou va souscrire à un crédit à cette banque. Il n'y a pas d'accès libre pour les banques qui voudraient chercher des informations sur des clients potentiels. De plus, les statistiques des consultations sont conservées à la BNB. Si une banque passe de 1000 consultations par jour à 100.000, la BNB le voit tout de suite. Elle peut l'appeler directement pour vérifier si ce n'est pas dû à un problème informatique. S'il y a un abus, par contre, c'est le ministère des affaires économiques qui s'occupe de traduire ces abus en justice. Aussi, si les banques pratiquent le "crédit téméraire" (accorder le crédit alors que le client n'a pas les moyens de le rembourser), il y a également une intervention du ministère des affaires économiques. Les organismes de consommateurs sont cogérants et ont une voix bloquante en ce qui concerne les procédures de changement du fonctionnement du fichier positif. Ce modèle permet de rassurer la population ainsi que toutes les parties prenantes (stakeholders). Pour ce qui est de la répartition des voix au sein du comité d'accompagnement de la centrale, le ministère des affaires économiques assure la présidence et a 1 voix, les prêteurs ont 3 voix (2 pour le secteur bancaire, 1 pour le non-bancaire), les consommateurs ont 1 voix (test-achat, désigné par la fédération des consommateurs), la commission de la protection de la vie privée (l'équivalent de la CNIL) a 1 voix et enfin, la BNB a une voix. Lorsqu'un particulier est en situation de défaut de payement, c'est-à-dire qu'une banque ou un de ses prêteurs ajoute au fichier positif le constat d'un défaut de payement, une notification automatique est envoyée le lendemain par courrier postal au particulier concerné (gratuitement) pour l'avertir de sa situation. La loi belge prévoit que le constat d'un défaut de payement soit conservé un an sur le fichier positif, indépendamment du fait que la personne ait remboursé son crédit ou pas. Donc, par exemple, si un particulier Alpha est en défaut de payement et ensuite rembourse son crédit, les deux informations seront dans le fichier positif mais l'information sur le défaut de payement sera à disposition des autres organismes de prêt pendant un an. Après, il est de nouveau en situation "positive" tant qu'il n'a pas d'autres problèmes de défauts de payement. Si cela arrive, il est à nouveau notifier par courrier postal. La notification n'intervient que lors du basculement dans le "négatif", si un particulier a deux défauts de payements consécutifs à intervalle plus court qu'un an, il ne recevra de notification que pour le premier défaut. En cas d'erreur, par exemple, un défaut de payement pour un crédit que le particulier n'a jamais contracté, le particulier a bien sûr le droit de réagir et contester l'information. L'obligation d'envoi d'une notification lors d'un défaut de payement sert également pour le contrôle de qualité du fichier positif. Si l'utilisateur reçoit une notification pour un crédit auquel il n'a jamais souscrit, il peut directement le corriger. Aussi, cette notification peut être très utile pour les personnes qui ont beaucoup de crédits différents et ont parfois oublié et sert donc de rappel. Pour corriger des erreurs, la centrale du fichier positif conseille d'abord de s'adresser directement à l'organisme de prêt en question. C'est à lui de corriger les données dans le fichier positif. Si l'organisme de prêt ne collabore pas ou que l'emprunteur a des preuves attestant qu'il y a une erreur dans le fichier (preuve de fin de remboursement par exemple), il peut directement s'adresser à la centrale du fichier positif qui contacte alors l'organisme de prêt afin de corroborer les faits. Elle peut faire pression sur l'organisme afin de corriger les données. 3

S'il y a un contentieux, cela peut mener à des sanctions civiles par le ministère des affaires économiques vis-à-vis des prêteurs s'il y a par exemple communication manifeste de données erronées. Impact En ce qui concerne le niveau de surendettement, il est passé de 4.3% à 4% ce qui représente une baisse de 400.000 personnes à 310.000 environ avec défaut de payement entre 2002 et 2008. Il y a aussi plus de crédit mais il y a surtout moins d'endettement dû au crédit. Les banques ont économisé beaucoup d'argent qui aurait servi à la gestion de fichiers privés ainsi que du coût associé à un mauvais prêt. Les banques sont moins exposées au risque et demandent même d'avoir plus d'informations. A l'époque de la "centrale négative" (locale, gérée par les banques), une consultation coutait 0.75. Une consultation du fichier positif coute pratiquement deux fois moins cher. C'est la conséquence de la centralisation des données et le traitement global de celles-ci. Quant aux décisions de l'octroi d'un prêt, et du rôle joué par le fichier positif, il ne faut pas que les particuliers se fassent d'illusions. Leur dossier est souvent traité par une machine, un programme qui fonctionne sur base d'un algorithme qui filtre les "bons" et "mauvais" emprunteurs selon des critères prédéterminés. Que ce soit avec le fichier positif ou d'autres fichiers "privés" ailleurs, c'est le même procédé. Le fichier positif est plus utile lors de contestations et de décisions "manuelles" dans l'octroi de crédits. Position de la COFACE La COFACE n a pas une position dogmatique en faveur d un fichier qui serait évidemment une solution assez lourde pour régler des problèmes qui, dans le contexte actuel, augmentent et sont très préjudiciables pour les familles en difficulté du fait d un endettement trop important. L objectif pour notre organisation familiale est bien celui de la lutte contre le surendettement, et non pas de permettre une distribution plus systématique du crédit. Il est vrai que le fichier permettrait de mieux attribuer des crédits qui sont utiles, voire indispensables par exemple pour la constitution d un patrimoine. Un crédit offert dans des proportions calculées à un ménage qui peut supporter le remboursement est un très bon moyen de développement. L avantage principal qui peut être considéré dans le fichier des crédits est de réaliser un moyen de responsabilisation. Responsabilisation des prêteurs naturellement, mais aussi responsabilisation et protection des emprunteurs qui courent le risque d être attirés dans la spirale du surendettement. La pratique des principaux pays européens, qui tous connaissent un système de fichier, est un argument qui ne peut que peser en faveur de fichiers compatibles les uns avec les autres, et protecteurs des intérêts des familles consommatrices. Une première version du projet, qui est devenue la directive européenne sur le crédit à la consommation, mentionnait directement les centrales d information concernant les souscripteurs de crédit et prévoyait un mécanisme d échange de ces informations. 4

Conserver une attitude hostile à l égard de ces fichiers risquerait d être interprétée comme hypocrite et protectionniste des intérêts commerciaux des operateurs nationaux. Hypocrite d abord puisque les établissements financiers disposent d une industrie assez concentrée et donc de fichier de clientèle déjà constitué dont ils peuvent se servir à des fins de prospection commerciale. Protectionniste d autre part, car ces professionnels préfèrent garder pour eux des informations sur le niveau d endettement de leurs clients et donc sur leur aptitude à contracter de nouveaux emprunts et ne pas avoir à partager ces données avec des opérateurs qui n auraient pas eu la peine de réunir ces informations. Au final la COFACE est en faveur d un système qui procure une meilleure sécurité dans l usage du crédit en: - permettant au crédit de jouer son rôle dans la consommation des ménages, d être un outil d investissement qui contribue aussi à l épargne des familles par la constitution de patrimoine. - évitant que le crédit détruise la vie des familles par l accumulation de trop nombreux prêts conduisant à emprunter toujours davantage pour rembourser. Le fichier des crédits est un instrument de responsabilisation de tous les acteurs. III - Pistes et écueils Outre le reproche d être un moyen de fausser la concurrence en donnant un accès à des informations de valeur à des opérateurs qui n ont pas fait l investissement nécessaire, le fichier a deux inconvénients fortement ressentis par des représentants des consommateurs. C est un instrument de prospection commerciale qui ne répond pas au vrai problème du surendettement, alors qu il fait courir des risques pour la vie privée. - L expérience belge qui est encore relativement récente, montre en effet que les informations sur les clients peuvent être utilisées par les établissements financiers pour placer de nouveaux crédits grâce à une restructuration des prêts. Les organisations familiales et de consommateurs craignent qu une telle politique se développe systématiquement en Europe. On voit en effet que même les personnes identifiées comme étant surendettées soit parce qu elles ne payent plus aux échéances convenues, soit parce qu elles sont inscrites dans les procédures de surendettement, continuent de se voir adresser des offres de crédit, ce qui montre bien l agressivité dont les services commerciaux sont capables. On observe tout de même que plus récemment, les "restructurations" de crédit se sont amoindries, après une phase initiale au début de la mise en place du fichier positif où elles étaient effectivement généralisées. - Les causes du surendettement sont souvent à rechercher dans ce qu on appelle les accidents de la vie courante, c est-à-dire le chômage, la maladie, le décès, le divorce, Par définition, ces accidents se produisent à des moments qui ne sont pas prévus. Il est donc impossible de les anticiper et de les faire entrer dans la prospective que permet l utilisation du fichier. Ce n est pas toujours le crédit «de trop» qui fait basculer une famille dans le surendettement, mais ça peut être un manque brutal de ressources. La COFACE est bien consciente du fait que le fichier ne résoudra pas à lui seul l ensemble de la problématique du surendettement. 5

Quelles sont les informations à faire figurer dans le fichier? De notre point de vue, le fichier ne devrait contenir que des informations sur les crédits souscrits ou demandés. Il ne devrait pas contenir d information sur les ressources des personnes concernées, ni fonctionner avec un système de refus basé sur un ratio d endettement artificiellement fixé à 30 % par exemple. La faculté du prêteur de décider de son accord devrait rester entière et sa responsabilité également. On sait que lors de l attribution d un prêt, de nombreuses variables sont à prendre en considération, et que le rapport personnel qui s établit entre le prêteur et l emprunteur doit permettre à chacun de mieux mesurer les risques. Le fichier ne devrait pas non plus contenir d information sur d autres dettes que le consommateur peut avoir ailleurs comme par exemple des dettes de logement ou celles qui sont relatives à la téléphonie. Comment contrôler l utilisation commerciale du fichier? En Belgique encore, les organisations de consommateurs sont associées à l instance de contrôle qui vérifie le comportement des établissements financiers à l occasion de l utilisation du fichier. Il faut toutefois remarquer que cette tâche sera toujours délicate et que les établissements qui constatent un taux d endettement élevé avec des crédits disparates chez un même consommateur pourront toujours faire une offre de restructuration qui sera le plus souvent bénéfique pour ce consommateur. Il existe en effet des situations de mal-endettement, c est-à-dire qui révèlent des prêts successifs à des taux trop importants, difficiles à gérer et mal maîtrisés. Les consommateurs eux-mêmes demandent à bénéficier de telles restructurations qui leur permettent le plus souvent de retrouver des capacités de remboursement et une certaine tranquillité. Malheureusement ces restructurations ne sont pas toujours bénéfiques pour les familles qui peuvent trouver là le moyen de s endetter plus encore. Un fichage en temps réel? Pour être utile, le fichier doit pouvoir être interrogé au moment de la demande de prêt formulée par le client. Il faut donc que le prêteur, qui doit avoir l obligation de consulter le fichier, soit informé non seulement des crédits en cours, mais aussi de ceux qui viennent d être demandés et qui sont sur le point d être, peut-être, accordés. Il est donc essentiel que le fichier fonctionne en temps réel et que toutes les démarches récentes et qui n ont pas été abandonnées y figurent. Doivent y figurer également les autorisations de découvert ou de crédit qui sont assorties à l usage d une carte, même s ils ne sont pas utilisés par le bénéficiaire. Ces capacités de crédit font en effet partie du risque d endettement. Les fichiers sont toujours des systèmes lourds, ils comportent des risques d erreur et ils font également courir des risques à la vie privée. Le fonctionnement des fichiers doit donc être très étroitement contrôlé et le système a évidemment un coût qu on ne peut pas ignorer. Il faut observer ici que comme cela a été dit plus haut, de nombreux fichiers existent déjà. Il ne s agit donc pas de recréer de nouvelles structures à partir de rien, mais de centraliser des informations qui, pour la plupart existent. 6

Les banques nationales gèrent des fichiers relatifs aux moyens de paiement. Il existe donc des structures qui sont parfaitement capables d intégrer des données supplémentaires sans engendrer un coût de fonctionnement disproportionné avec le service rendu. Un élément supplémentaire est à prendre en considération: l électronique. Le développement des outils électroniques permet de disposer d informations de plus en plus riches et de plus en plus rapidement. Ce progrès ne doit pas jouer au détriment des consommateurs. Instrument de gestion, le fichier sous contrôle du consommateur sur qui il contient des informations devrait pouvoir être utilisé à son initiative, par un utilisateur qu il autorise expressément, et pour une finalité à laquelle il adhère. Concernant un répertoire national des crédits, la COFACE soutien: qu une centrale de données sur le crédit contenant l ensemble de crédits accordés à un ménage pourrait être un système de contrôle de l endettement des ménages; qu un tel fichier contenant des informations relatives à la vie privée soit placé sous le contrôle des ménages concernés; que cette centrale ne devrait contenir que des informations sur les crédits souscrits ou demandés à l exclusion de toutes autres dettes; que ces informations gérées par les autorités publiques des Etats membres devraient pouvoir être partagées entre eux; que ces informations devraient être gérées en temps réel. * * * Pour plus d informations, n hésitez pas à contacter le Secrétariat de la COFACE: Tel: +32 2 511 41 79 secretariat@coface-eu.org Avec le soutien de 7