COGNITION SOCIALE : INTERACTION HOMME-CHIEN



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GAUNET, F. (2005). Cognition sociale : interactions homme-chien. Congrès ZooPsy La Communication, 5-7 octobre, Marseille. GAUNET, F. (2005). Cognition sociale : interactions homme-chien. La Communication, C. Beata (Eds), pp. 25-30. Marseille : Solal. COGNITION SOCIALE : INTERACTION HOMME-CHIEN Florence Gaunet Laboratoire d'eco-anthropologie et d'ethnobiologie, 43 Rue Buffon, 75231 Paris Cedex 5, gaunet@mnhn.fr Introduction La cognition sociale réfère aux comportements et aux processus comportementaux sous-jacents qui président aux interactions entre des agents hétéro- ou conspécifiques. Elle concerne les nombreux phénomènes sociaux tels que le développement et la gestion des relations sociales (e.g. l'attachement), la reconnaissance et la catégorisation des agents con- et hétérospécifiques, les émotions impliquées dans ces interactions, l'attribution d'intention à autrui, la manipulation d'autrui par le biais de signaux de communication, l'acquisition de nouveaux comportements par l'observation d'agents -plus généralement appelé "apprentissage social"-, la réalisation d'actions coopératives. A partir de 1998, l'étude des interactions entre l'homme et le chien s'est développée grâce à deux groupes de recherche : l'un au Max Planck Institute de Leipzig (B. Hare en collaboration avec J. Call et M. Tomasello) et l'autre à Budapest (le groupe d'a. Miklósi). Il s'est tout d'abord agit de tester formellement (i.e. objectiver) les impressions des personnes vivant auprès des chiens, notamment celles suggérant que le chien indique ou demande quelque chose à l'humain et, inversement, que l'humain se fait effectivement comprendre du chien par tel ou tel autre signal (communication référentielle). Et plus largement, ces recherches se placent dans une perspective comparative afin d'identifier les aptitudes et processus communs ou distincts selon les espèces en cherchant une explication aux faits observés, entres autres, dans la phylogénie et au sein des contextes sociaux et environnementaux dans lequel chacune des espèces évolue. En Juillet 2005, la place importante que prend désormais le domaine des interactions homme-chien a été observée au 23ème International Ethological Congress, marquant un tournant franc dans son histoire, mais aussi probablement dans l'histoire du chien et de l'interaction homme-chien. A cet effet citons le cas du chien Rico, découvert dans une émission télévisée, qui associe 200 mots à 200 objets (Kaminski, Call et Fischer, 2004). Le chien se démarque des autres animaux domestiques et sélectionnés par l'homme par la superposition importante de leur espace de vie et donc par la proximité, quantité et nature de leurs interactions. Que ce soit chez le chien de compagnie ou le chien de travail, on retrouve, à différents niveaux de complexité suivant le type de chien et la nature de la relation, la mise en jeu de la communication référentielle pour la co-gestion de l'espace de vie commun. La communication référentielle se définit par la compréhension par un récepteur qu'un signal comportemental émit indique une localisation, sachant que le "quoi" (est "où") peut être ou pas entendu entre les deux agents. Relevons que ce signal ne peut être opérant que si l'émetteur est sensible à l'état attentionnel du récepteur et donc dans le cas où

le récepteur n'est pas attentif à l'émetteur, ce dernier doit être en mesure d'attirer son attention. Le sujet de cet article concerne plus précisément l'usage de la communication référentielle, dans les deux sens, en relation avec l'apprentissage social et les actions coopératives interspécifiques. 1 Comment le chien utilise t'il les signaux de communication référentielle émit par l'homme? L'essentiel des études a porté sur le paradigme suivant. Le chien fait face à un expérimentateur (E) qui a à sa gauche et à sa droite un récipient retourné. L'E attire tout d'abord l'attention du chien puis il met de la nourriture sous un des deux récipients, cela sous le regard du chien ; il l'autorise ensuite à chercher la nourriture. Cette situation est répétée entre 4 et 6 fois. Ensuite, durant la phase expérimentale, l'effet de différents signaux de désignation vers le récipient appâté ou pas est testé dans la même situation, sauf que le chien ne voit pas préalablement quel récipient est appâté. Relevons tout d'abord que le groupe Hongrois avait montré que l'utilisation des indices donnés par l'homme prenait le dessus sur les indices olfactifs. Hare, Call et Tomasello (1998) ont tout d'abord montré que deux chiens se dirigeaient vers l'endroit indiqué lorsque qu'ils leur donnaient comme indice un pointage avec le bras ou une orientation de la tête et du regard, mais pas lorsqu une orientation du regard seule était effectuée, excepté que le chien de Hare y parvient mieux que l'autre chien. Un an plus tard, Hare et Tomasello montrent que ces indices ont le même effet sur un groupe de chien que l'e soit familier ou pas. Les Hongrois, en 1998, montrent que le regard seul est utilisé lorsque l'e est familier et à genoux. McKinley et Sambrook (2000) relèvent que 2 chiens de chasse parmi un groupe constitué de 5 chiens de chasse, 6 chiens de compagnie et 5 chiens de chasse et de travail utilisent la direction du regard seul. Agnetta, Hare et Tomasello (2000) ont ensuite montré, en analysant les comportements du chien, qu'il ne suit pas la direction du regard vers laquelle les yeux d'un expérimentateur s'oriente. Dans l'étude de Soproni, Miklósi, Topál et Csányi (2001), les chiens utilisent l'indice qui consiste à tourner la tête et le regard, le regard qui se porte au-delà de la cible mais échouent à la présentation du regard seul ; notons qu'ici, un E non familier était en jeu, la durée du contact visuel avec la cible était plus faible et la distance de l'e à la cible plus importante. L'utilisation du regard seul semble être soumise à des contraintes et le rôle de l'histoire du chien et de son maître ne peut être négligé (Lestel, Brunois et Gaunet, sous presse). Agnetta et al. (2000) montrent également que si un marqueur est placé sur le bon récipient sous les yeux du chien cet indice est effectif alors qu'il ne l'est pas si le marqueur est placé hors de la vue du chien, montrant qu'un signal prend un sens de communication référentielle quand il est associé à un comportement de l'humain. Soproni et ses mêmes collègues ont montré en 2002 que le type de mouvement n'était pas important mais que le pointage devait se distinguer du corps. Une flexibilité de leur réponses s'observe également : ils répondent à un pointage simple ou croisé même si l E se tient plus près du récipient non cible pourvu que l E ne soit pas trop éloigné du récipient appâté. Tous les gestes effectués au cours de ces études prennent le dessus sur les indices olfactifs montrant que les chiens les utilisent comme des indices communicatifs. Par ailleurs, Call et collaborateurs en 2003, ont cherché à savoir si le chien était sensible aux états attentionnels de l homme, en particulier selon que les yeux soient ouverts ou fermés et que l'e soit de face, de dos ou distrait, dans une tâche où les chiens sont interdits de prendre de la nourriture posée au sol. Plus l'humain montre des signes d'attention visuelle, moins vite le chien ira prendre la nourriture. Virányi, Topál, Gácsi, Miklósi et Csányi (2004) montrent également que les chiens obéissent à l ordre "couché" lorsque le maître, qui discute avec une autre personne, tourne la tête vers le chien pour lui donner cet ordre ; mais les performances diminuent lorsque le maître est derrière un écran et que le

chien ne peut pas le voir. Mais le chien ne répond pas à "tout ou rien", c est-à-dire à l état attentif ou non. En effet il présente des réponses mitigées lorsque le maître est tourné vers son interlocuteur ou vers le vide. De même, quand l'animal est autorisé à aller quémander auprès de deux personnes tenant de la nourriture, il va préférentiellement aller vers la personne qui le regarde plutôt que celle qui lui tourne la tête (Gácsi, Miklósi, Varga, Topál et Csányi, 2004 ; Virányi et al. 2004) ou vers la personne qui ne porte pas de bandeau sur les yeux (Gácsi et al. 2004). 2 Comment l'homme utilise t'il les signaux de communication référentielle par le chien? Une première étude de Hare et al. (1998) a cherché à savoir si le chien pouvait informer un sujet humain naïf du lieu où avait été dissimulée de la nourriture. Dans la plupart des sessions, le chien parvient à conduire l humain à la cible grâce à ses vocalisations et à l orientation de son corps. Miklósi, Polgárdi, Topál et Csányi (2000) ont plus précisément observé que le chien produit à la fois des signaux leur permettant d attirer l attention et des signaux de désignation de localisations. Un E plaçait en présence du chien de la nourriture dans l un des trois récipients présents et il les mettait hors de sa portée. Les maîtres, naïfs de l endroit où avait été cachée la nourriture, sont capables, à partir des signaux émis par leur chien, de la retrouver. L animal capte l attention de son maître en aboyant et en le regardant, ou en utilisant des alternances de regard entre le récipient appâté et son maître. Par la suite, Miklósi, Kubinyi, Topál, Gácsi, Virányi et Csányi (2003) ont comparé les comportements de loups socialisés et de chiens face à une tâche insoluble en présence d'un humain. Après les avoir entraînés à ouvrir une poubelle pour y chercher de la nourriture ou à tirer sur une corde pour y accéder, le couvercle de la poubelle était fixé ou la corde était attachée à la cage, empêchant ainsi l'animal d'atteindre la récompense. Les chiens, contrairement aux loups, se retournent vers l humain et le regardent, une observation en accord avec les observations de Miklósi et al. (2000) qui montrent que le chien s'engagent dans un comportement de recherche d'attention de l'humain et lui indique une cible. 3 L'origine du partage d'aptitudes de communication référentielle On peut supposer que cette capacité du chien à interagir et communiquer avec l'homme repose sur sa capacité à observer et copier l'homme, et à donner un sens fonctionnel aux comportements de l'homme. En 2001, les Hongrois ont soumis des chiens à une tâche de détour : faire le tour d un grillage en forme de V pour obtenir un objet cible. Six tentatives par essais-erreurs n étaient pas suffisantes pour que la durée du détour diminue significativement. Mais une seule démonstration du détour par un humain permettait au chien de réduire significativement cette durée. Il n'y a pas d'effet du démonstrateur (maître ou humain inconnu). Par la suite, Pongrácz, Miklósi, Kubinyi, Topál et Csányi (2003) ont rajouté deux portes au grillage. Tous les chiens naïfs préféraient utiliser les portes ouvertes pour obtenir l objet cible. Mais une fois celles-ci refermées, les chiens ont du mal à faire le détour en moins d une minute (temps mis pour réussir le détour). Mais dès qu'un démonstrateur humain fait ce détour, alors le succès de résolution du problème augmente significativement. Il leur est donc difficile, quand ils ont déjà trouvé une solution par eux-mêmes, d en trouver une nouvelle. L'expérience individuelle antérieure prime donc sur la résolution d'un nouveau problème et l apprentissage social hétérospécifique influence le comportement du chien, dans cette tâche. Enfin, Kubinyi, Miklósi, Topál et Csanyi (2003) ont incité des chiens à obtenir une balle placée dans une boite à l'aide d'un mécanisme qui consistait à pousser une poignée. Les chiens qui voyaient l E toucher la poignée (avec ou sans apparition de la balle), entraient en contact d abord avec la poignée et

ce, plus rapidement que les chiens ayant observé l E toucher une autre partie de la boîte. Par ailleurs, les chiens utilisaient principalement leur museau. Ce fait est le résultat d une compréhension que l'action de la main est liée au déplacement de la poignée. Les chiens sont donc capables d un apprentissage social très flexible puisqu ils apprennent d autres espèces et ce, sans renforcement. 4 Les conséquences du partage d'aptitudes de communication référentielle L homme et le chien peuvent indubitablement communiquer et travailler ensemble, ce qui peut les mener à s engager dans des interactions de coopération complexe (chiens de travail). Dans le cas de la tâche qu'effectue le chien-guide, les Hongrois ont montré que cette coopération était basée sur une alternance de leardership entre l'homme et l'animal. De plus, l habilité à coopérer semble avoir une base héréditaire puisque des chiens de compagnie montrent aussi spontanément quelques uns des comportements de chien-guide. Ce qui est en jeu ici c'est la véritable capacité de l'homme et du chien de s'adapter l'un à l'autre. C'est ainsi que nous nous sommes demandé, au vu de cette aptitude de communication référentielle partagée, des capacités d'imitation de l'homme par le chien et du chien non-guide à adopter des comportements de chiens-guides, si les comportements du chien-guide vis-à-vis de son maître aveugle étaient les mêmes ou bien différaient de ceux d'un chien de compagnie vis-à-vis de son maître voyant dans la tâche décrite dans l'article de Miklósi et al. (2003) : en présence de son maître, le chien a eu la possibilité d'accéder à de la nourriture, d abord avec l aide de l expérimentateur, puis seul, puis cet accès a été bloqué. L'analyse des vidéos montrent que les chiens-guides utilisent autant, tant en nombre qu'en durée, les regards, le toucher et les vocalisations pour solliciter l'attention de son maître quand ils sont confrontés à l'essai bloqué ; ils ne combinent que très peu deux modalités à la fois et aucune combinaison des trois modalités n'a été trouvée. Il n'y a pas d'effet de l'endroit où se trouve le chien dans l'espace expérimental sur les modalités d'interaction mises en jeu par le chien. Il semble, à ce jour, que les chiens-guides n'aient pas privilégié l'usage de modalités non visuelles par rapport au regard. Des chiens "normaux" (de compagnie) avec leurs maîtres voyants sont en cours de passation. La comparaison des résultats obtenus dans les deux dyades nous permettra d'établir le degré d'adaptabilité comportementale des signaux émis par le chien au regard du statut sensoriel de son maître. Mots clés: Cognition sociale, communication référentielle, homme, chien Agnetta B., Hare B. & Tomasello, M.(2000). Cues to food location that domestic dogs (Canis familiaris) of different ages do and do not use. Animal Cognition, 3, 107-112. Call J., Bräuer J., Kaminski J. & Tomasello M.(2003). Domestic dogs (Canis familiaris) are sensitive to the atentional state of humans. Journal of Comparative Psychology, 117, 3, 257-263. Gácsi M., Miklósi A., Varga O., Topál J. & Csányi, V.(2004) Are readers of our face readers of our minds? Dogs (Canis familiaris) show situation-dependent recognition of human's attention. Animal Cognition 7, 144-153. Gaunet F.(2005). Interactive modalities by guide-dogs towards their master. XXIX International Ethological Conference, 20-27 August 2005. Budapest, Hungary. Abstract. Hare B., Call J. & Tomasello M.(1998). Communication of food location between human and dog (Canis familiaris). Evolution of Communication, 2, 137-159. Hare B. & Tomasello M.(1999). Domestic dogs (Canis familiaris) use human and conspecific social cues to locate hidden food. Journal of Comparative Psychology, 113, 173-177. Kaminski J., Call J. & Fischer J.(2004). Word learning in a domestic dog: evidence for fast mapping. Science 304, 1682-1683.

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