INSUFFISANCE RÉNALE CHRONIQUE ET MALADIES RÉNALES CHRONIQUES



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Transcription:

CHAPITRE 15 Item 261 INSUFFISANCE RÉNALE CHRONIQUE ET MALADIES RÉNALES CHRONIQUES UE 8. Circulation - Métabolismes N 261. Insuffi sance rénale chroniue chez l adulte et l enfant OBJECTIFS Défi nir le stade d une maladie rénale chroniue. Connaître les facteurs de progression des maladies rénales chroniues et les mesures thérapeutiues adaptées. Diagnostiuer les complications des maladies rénales chroniues et Connaître le principe de leur traitement. Expliuer les modalités des traitements de suppléance de l insuffisance rénale terminale. I. DÉFINITION L insuffisance rénale chroniue (IRC) est définie par la diminution progressive et irréversible du débit de filtration glomérulaire (DFG) ui est le meilleur indicateur du fonctionnement rénal. Elle résulte en règle de l évolution d une maladie rénale chroniue (MRC). Conformément à un consensus international, les MRC sont définies par l existence : d une anomalie rénale fonctionnelle ou structurelle évoluant depuis plus de 3 mois (il peut s agir d une anomalie morphologiue à condition u elle soit «cliniuement significative», d une anomalie histologiue ou encore d une anomalie dans la composition du sang ou de l urine secondaire à une atteinte rénale) ; et/ou d un débit de filtration glomérulaire (DFG) inférieur à 60 ml/min/1,73 m 2 depuis plus de 3 mois. Elles peuvent aboutir à l insuffisance rénale terminale (IRT) et au décès. Chez la plupart des patients en France, l IRT peut être traitée par la transplantation rénale et/ou l épuration extrarénale (hémodialyse ou dialyse péritonéale). 9782340-001657_001_400.indd 203 04/09/2014 15:58

204 UE 8. Circulation - Métabolismes II. ÉPIDÉMIOLOGIE. POPULATIONS EXPOSÉES En France, la prévalence de l IRC terminale était en 2010 d environ 1 000 patients par million d habitants en métropole dont environ 500 traités par hémodialyse, 40 par dialyse péritonéale et 450 ayant une greffe rénale fonctionnelle. Dans les départements d outremer, la prévalence de l IRT traitée par dialyse est double de celle de la métropole à 2 000 par million d habitants. Quelues données sur l insuffisance rénale terminale : elle a une incidence d environ 150 par million d habitants et par an en France ; elle est 2 à 3 fois plus fréuente chez l homme ue chez la femme ; l âge des nouveaux patients débutant la dialyse augmente régulièrement (âge médian 71 ans) ; les principales causes d IRT sont : néphropathies vasculaires et hypertensives (25 %), néphropathies diabétiues (30 %, essentiellement diabète type 2), glomérulonéphrites chroniues (10 %), néphropathies héréditaires (8 %, essentiellement polykystose rénale autosomiue dominante), néphropathies interstitielles chroniues (moins de 5 %), néphropathies d origine indéterminée (20 %) ; en France, les patients ayant un greffon rénal fonctionnel sont de plus en plus nombreux et représentent plus de la moitié des patients IRT dans plusieurs régions. Le risue de développer une insuffisance rénale chroniue est élevé chez certains individus, ce ui justifie un dépistage annuel : hypertendus ; diabétiues ; âgés de plus de 60 ans ; obèses (IMC > 30 kg/m 2 ) ; ayant des infections urinaires récidivantes, des lithiases urinaires récidivantes ou un obstacle sur les voies excrétrices ; ayant une diminution (congénitale ou acuise) de leur capital néphroniue ; exposés à des substances néphrotoxiues (médicaments ou toxiues) ; ayant des antécédents familiaux de maladie rénale ; ayant une maladie auto-immune ; ayant des infections systémiues. III. DIAGNOSTIC D UNE MALADIE RÉNALE CHRONIQUE La démarche diagnostiue comprend 6 étapes : affirmer la maladie rénale chroniue ; préciser son stade et son rythme évolutif ; faire le diagnostic étiologiue ; évaluer et prendre en charge les facteurs de progression ; rechercher le retentissement, si le DFG est inférieur à 60 ml/min/1,73 m 2 ; rechercher les facteurs de risue cardio-vasculaires. 9782340-001657_001_400.indd 204 04/09/2014 15:58

Chapitre 15 Item 261 205 A. Première étape : affirmer la maladie rénale chroniue Pour savoir s il existe une maladie rénale, il faut, dans tous les cas : connaître le DFG (cf. chapitre 13) ; savoir s il existe une protéinurie (ou une albuminurie) ; savoir s il existe une anomalie du sédiment urinaire (hématurie ou leucocyturie) ; savoir s il existe une anomalie morphologiue des reins ou des voies excrétrices. Dans uelues cas très particuliers (certaines tubulopathies), le diagnostic de MRC repose sur l existence d anomalies ioniues sanguines. Le DFG peut être mesuré (mesure de la clairance de traceurs exogènes ui sont filtrés par le glomérule, mais ui ne sont ni réabsorbés, ni métabolisés, ni sécrétés dans le tubule rénal : inuline, EDTA-Cr 51, iothalamate ou iohexol), mais il est le plus souvent estimé à partir de uelues paramètres simples ue sont la créatinine sériue, l âge et éventuellement le poids et la taille. On utilise différentes formules pour estimer le DFG : la formule de Cockcroft et Gault sur lauelle sont basées les recommandations d adaptation des posologies des médicaments (elle a l avantage de pouvoir être calculée sans ordinateur, et donc d être demandée aux examens dont l ECN ) ; la formule MDRD (Modification of Diet in Renal Disease Study) est nettement plus précise, elle donne le DFG directement indexé à la surface corporelle ; la formule CKD-EPI, ui est une évolution de MDRD plus juste pour les MRC à des stades précoces. (Voir discussion sur l utilisation et les limites de ces formules dans le chapitre 13.) Le caractère chroniue de la maladie rénale est évoué sur plusieurs critères Une maladie rénale chroniue est définie comme une maladie évoluant depuis plus de 3 mois. Elle peut être affirmée devant : des critères anamnestiues permettent de l affirmer : antécédent de maladie rénale, nature de la maladie rénale, antériorité de créatininémie élevée, présence ancienne d une protéinurie ou d anomalies du sédiment urinaire (hématurie, leucocyturie) ; des critères morphologiues : diminution de la taille des reins (grand axe 10 cm à l échographie ou 3 vertèbres sur un cliché d abdomen sans préparation) ; des critères biologiues présents en cas d IRC évoluée : anémie normochrome normocytaire arégénérative (secondaire au défaut de production d érythropoïétine par le tissu rénal normal), pouvant être profonde, mais souvent bien tolérée du fait de son caractère chroniue, hypocalcémie (carence en vitamine D active (1-25-dihydroxycholé- calciférol) par défaut d hydroxylation rénale en position 1α). Mais ces critères peuvent être pris en défaut et ils ne sont pas utilisables en cas d insuffisance rénale modérée. Il faut notamment connaître les exceptions ui sont résumées dans le tableau 1. Tableau 1 : Particularités diagnostiues IRC sans diminution de taille des reins IRC sans hypocalcémie Diabète Amylose Hydronéphrose bilatérale Polykystose rénale autosomiue dominante Myélome, métastase osseuse IRC + cause d hypercalcémie surajoutée 9782340-001657_001_400.indd 205 04/09/2014 15:58

206 UE 8. Circulation - Métabolismes B. Deuxième étape : préciser le stade de la MRC Il repose sur la mesure ou l estimation du DFG (cf. tableau 2) ui permet de définir 5 stades de MRC. Tableau 2 : Stades de la Maladie Rénale Chroniue Stade Description DFG (ml/min/1,73 m 2 ) 1 Maladie rénale chroniue* avec fonction rénale normale 90 2 Maladie rénale chroniue* avec insuffi sance rénale légère 60-89 3A Insuffi sance rénale modérée 45-59 3B Insuffi sance rénale modérée 30-44 4 Insuffi sance rénale sévère 15-29 5 Insuffi sance rénale terminale < 15 * Avec marueurs d atteinte rénale : protéinurie cliniue, hématurie, leucocyturie, ou anomalies morphologiues ou histologiues ou marueurs de dysfonction tubulaire, persistant plus de 3 mois. Le stade 3 a été divisé en stades 3A et 3B, du fait de son hétérogénéité. Pour un patient, être au stade 5 d insuffisance rénale terminale ne signifie pas nécessairement ue la dialyse doit être débutée. Attention à l amalgame «MRC stade 5 = dialyse» ue commettent souvent médecins et patients. Pour un malade dialysé, on parle de stade 5D. Pour un malade transplanté rénal, le stade est suivi de la lettre T. L intérêt de cette classification en stades est u à chaue stade correspond une prise en charge spécifiue (tableau 3). Tableau 3. Stade 1 et 2 3A 3B 4 5 Diagnostic étiologiue et traitement Conduite à tenir Ralentissement de la progression de la maladie rénale (détection des facteurs de risue) Éviction des substances néphrotoxiues Prise en charge des facteurs de risue cardio-vasculaires Prise en charge des comorbidités Idem stade 1 et 2 Diagnostic, prévention et traitement des complications de la MRC et des maladies associées + Idem stade 1, 2 et 3A Diagnostic, prévention et traitement des complications de la MRC et des maladies associées +++ Préservation du capital veineux Vaccination contre l hépatite B Idem stade 1, 2 et 3 Préparation au traitement de suppléance Inscription sur la liste de transplantation rénale lorsu elle est possible Traitement de suppléance par dialyse : le patient doit être informé et préparé à la techniue choisie. Le début de la dialyse est indiué en fonction de la symptomatologie cliniue et biologiue 9782340-001657_001_400.indd 206 04/09/2014 15:58

Chapitre 15 Item 261 207 La vitesse de progression de la maladie rénale est appréciée à partir du DFG estimé Le déclin annuel est calculé de la manière suivante : DFG année n DFG année n+1 avec les repères suivants (d après la HAS) : déclin annuel «physiologiue» observé après 40 ans : < 2 ml/min/1,73 m 2 /an ; déclin annuel «modéré» : 2 et < 5 ml/min/1,73 m 2 /an ; déclin annuel «rapide» : 5 ml/min/1,73 m 2 /an. Par exemple : une néphropathie diabétiue mal contrôlée progresse de 1 ml/min/mois, soit 12 ml/min/an ; les polykystoses rénales perdent souvent à 0,5 ml/min/mois, soit 6 ml/min/an. C. Troisième étape : faire le diagnostic étiologiue L étiologie de la maladie rénale chroniue est importante à rechercher, elle peut impliuer une prise en charge thérapeutiue spécifiue (ex. : immunosuppresseurs et stéroïdes dans les néphropathies glomérulaires). Le diagnostic étiologiue est d autant plus possible ue la MRC est moins évoluée. Aux stades évolués d atrophie rénale (traduisant une fibrose rénale), les lésions touchent toutes les structures, empêchant souvent le diagnostic causal. La démarche doit être la même ue celle adoptée pour l insuffisance rénale aiguë (cause post-rénale, pré-rénale, rénale). Quelues éléments simples permettent une orientation étiologiue : anamnèse et examen cliniue ; échographie rénale ; protéinurie : uantifiée sur un recueil d urine des 24 h, ou avec le rapport protéine/ créatinine urinaire sur un échantillon d urine, composition : électrophorèse ; sédiment urinaire. Ë La protéinurie cliniue peut-être définie : un ratio albuminurie/créatininurie > 300 mg/g ou 30 mg/mmol un ratio protéinurie/créatininurie > 500 mg/g ou 50 mg/mmol ou une protéinurie des 24 h > 0,5 g Les uestions à formuler pour rechercher une cause à la MRC 1. Y a-t-il un obstacle chroniue? Toutes les causes d obstacle chroniue négligé peuvent aboutir à une IRC. Plus l obstacle sera levé tardivement et plus la récupération de la fonction rénale sera incomplète. L examen cliniue (notamment les touchers pelviens si nécessaire) et l échographie des reins et des voies excrétrices doivent être systématiues. La ualité de la vidange vésicale doit être appréciée par la recherche d un résidu vésical post-mictionnel. 2. La néphropathie chroniue est-elle d origine glomérulaire? L interrogatoire recherche : contexte de maladie générale : diabète, lupus et autres maladies dysimmunitaires, antécédents de protéinurie ou d hématurie (médecine scolaire ou du travail, grossesse). 9782340-001657_001_400.indd 207 04/09/2014 15:58

208 UE 8. Circulation - Métabolismes Il faudra rechercher un syndrome glomérulaire : une protéinurie (cf. ci-dessus). Cette protéinurie est avant tout faite d albumine (> 50 %), avec parfois un syndrome néphrotiue, une hématurie microscopiue avec hématies déformées et cylindres hématiues, l HTA et la rétention hydrosodée sont particulièrement fréuentes. 3. La néphropathie chroniue est-elle d origine interstitielle? L interrogatoire recherche : des antécédents urologiues, notamment d infections urinaires hautes, la prise de médicaments néphrotoxiues, en particulier d antalgiues ou l exposition à des toxiues. Il faudra rechercher un syndrome de néphropathie interstitielle : une protéinurie généralement < 1 g/24 h ou un rapport protéinurie/créatininurie < 1 g/g ou < 100 mg/mmol de type tubulaire (sans albuminurie), une leucocyturie sans germes, une acidose hyperchlorémiue avec trou anioniue normal, l HTA et la rétention hydrosodée sont plus tardives. Tableau 4 : Principales causes de NIC Infections urinaires hautes Causes toxiues Anomalies métaboliues Favorisées par une malformation urologiue ou des lithiases Analgésiues, AINS, plomb, lithium Hypokaliémie chroniue, goutte, oxalose, cystinose Maladies kystiues héréditaires, néphronophtise 4. La néphropathie chroniue est-elle d origine vasculaire? L interrogatoire recherche : une HTA ancienne et mal contrôlée, des facteurs de risue vasculaire (tabagisme, diabète, hypercholestérolémie, antécédents familiaux, etc.), des antécédents cardio-vasculaires (accident vasculaire cérébral, coronaropathie, artérite), la dégradation de la fonction rénale sous inhibiteurs de l enzyme de conversion de l angiotensine ou antagonistes des récepteurs AT1 de l angiotensine II. L examen cliniue recherche : abolition de pouls, souffles sur les trajets vasculaires, anomalies vasculaires au fond d œil. Les examens complémentaires comportent, chez les patients pour lesuels une cause vasculaire à la MRC est possible : une échographie Doppler des artères rénales à la recherche de signes directs et indirects de sténoses des artères rénales, avec mesure des index de résistance vasculaire intrarénale, l évaluation du retentissement de l HTA (hypertrophie ventriculaire gauche à l ECG et surtout à l échographie cardiaue). Les néphropathies vasculaires associent à des degrés divers, sténoses des artères rénales, néphrangiosclérose et emboles de cristaux de cholestérol. 9782340-001657_001_400.indd 208 04/09/2014 15:58

Chapitre 15 Item 261 209 5. La néphropathie chroniue est-elle héréditaire? Les antécédents familiaux de néphropathie doivent être systématiuement recherchés : faire un arbre généalogiue. Les étiologies les plus fréuentes de MRC génétiue chez l adulte sont : surtout la polykystose rénale autosomiue dominante, et le syndrome d Alport de transmission en général liée à l X. D. Quatrième étape : évaluer et prendre en charge les facteurs de progression En dehors du traitement étiologiue de la maladie rénale chroniue, les interventions pour ralentir la progression des maladies rénales chroniues sont : le contrôle strict de la pression artérielle et ; la diminution de la protéinurie et ; l utilisation d inhibiteurs de l enzyme de conversion ou de bloueurs des récepteurs de type 1 de l angiotensine II ; la prévention des épisodes d insuffisance rénale aiguë et de la néphrotoxicité ; la restriction protidiue modérée et adaptée au patient ; le contrôle métaboliue du diabète s il existe ; l arrêt du tabac. 1. Le contrôle de la pression artérielle et de la protéinurie Un contrôle strict de la pression artérielle permet de ralentir très efficacement la progression des maladies rénales et de diminuer le risue de complication cardio-vasculaire. La pression artérielle doit être : inférieure à 130/80 mm Hg chez les patients ayant une maladie rénale chroniue avec une albuminurie 30 mg/24h (ou mg/g de créatininurie) u ils soient diabétiues ou non ; inférieure à 140/90 mmhg chez les patients ayant une MRC avec une albuminurie < 30 mg/24h (ou mg/g de créatininurie) ; supérieure à 110 mmhg de systoliue dans tous les cas. Les conditions de mesure de la PA sont importantes : l automesure tensionnelle est la référence et permet d impliuer le patient dans sa prise en charge ; la MAPA (Mesure Ambulatoire de la Pression Artérielle) permet d évaluer le profil tensionnel sur 24 heures ; la mesure au cabinet doit rechercher une hypotension orthostatiue. Une restriction sodée à 100 mmol/j (6 g de NaCl/j) permet une amélioration du contrôle de la pression artérielle chez les patients ayant une MRC. Son suivi peut être vérifié par la mesure de la natriurèse des 24 heures (1 g d apport de sel correspondant à 17 mmol de Na éliminées dans les urines). Le blocage du système rénine-angiotensine (SRA) Un IEC (inhibiteur de l enzyme de conversion) ou en cas d'intolérance un antagoniste des récepteurs AT1 de l angiotensine II (ARA2) doit être utilisé en première intention chez le diabétiue dès ue l albuminurie est 30 mg/24h (ou mg/g de créatininurie) et chez le non diabétiue dès ue l albuminurie est 300 mg/24h (correspondant environ à une protéinurie de 0,5g/24h) car ils permettent de ralentir la progression des MRC par : la baisse de la pression artérielle ; 9782340-001657_001_400.indd 209 04/09/2014 15:58

210 UE 8. Circulation - Métabolismes la baisse de la protéinurie conséuence de la diminution de la pression capillaire glomérulaire. En cas de protéinurie sans HTA : un bloueur du SRA doit être utilisé ; la cible est d obtenir une protéinurie < 0,5 g/g de créatinine ; la PAS doit être > 110 mmhg. Les associations IEC-ARA2 et/ou inhibiteur direct de la rénine doivent être évitées. La mise en route d un traitement par bloueur du système rénine-angiotensine nécessite des précautions pour éviter : une hypotension à l introduction du traitement ou lors de l augmentation des doses ; une insuffisance rénale aiguë, possible s il existe en même temps une hypovolémie efficace ; une hyperkaliémie. Utilisation des bloueurs du SRA Débuter par une posologie basse, puis augmenter progressivement par paliers de 2 à 4 semaines, d autant plus ue le patient est âgé et la fonction rénale altérée. L augmentation des doses se fait jusu à atteinte des cibles thérapeutiues. Le dosage de la créatininémie et de la kaliémie doit être fait avant la prescription, et après 7 à 15 jours de traitement initial et après chaue modification de la posologie du fait du risue de baisse (fonctionnelle) de la fonction rénale sous antagoniste du système rénine-angiotensine : une augmentation de la créatininémie de 10 à 20 % témoigne de l efficacité du traitement, elle ne justifie pas de diminution de la posologie, en cas d augmentation de la créatininémie de plus de 30 %, arrêter temporairement l IEC ou l ARA2, ui pourra être réintroduit progressivement après avoir écarté une sténose d artère rénale, l arrêt temporaire du traitement est envisagé pour une hyperkaliémie supérieure à 6 mmol/l. Pour une kaliémie comprise entre 5 et 6 mmol/l, un écart diététiue est recherché puis un traitement diurétiue hypokaliémiant est conseillé. À posologie stable, une surveillance cliniue et biologiue d un traitement par IEC ou ARA2 est conseillée à la fin du premier mois, comprenant notamment la mesure de la pression artérielle, le dosage de la protéinurie des 24 heures, de la kaliémie et de la créatininémie. Il est souhaitable d éduuer le patient à l arrêt des diurétiues et du bloueur du SRA en cas de déshydratation extracellulaire aiguë (ex. : gastro-entérite virale), pour éviter une insuffisance rénale fonctionnelle sévère. Stratégie thérapeutiue en fonction de l atteinte ou non des cibles Les cibles thérapeutiues sont atteintes : poursuite du traitement et de la surveillance. En cas d effets secondaires spécifiues des IEC, notamment une toux gênante, remplacer l IEC par un ARA2. Si PA > cibles 130/80 mmhg : vérifier l observance du traitement et de la restriction sodée (natriurèse des 24 h). Au besoin, un diurétiue thiazidiue (si DFG > 30 ml/mn) ou de l anse (si DFG 30 ml/mn) peut être prescrit en complément des IEC. En cas d échec, associer une autre classe thérapeutiue (β-blouant ou calcium-bloueur) et demander un avis spécialisé néphrologiue. Si protéinurie > 0,5 g/j ou g/g de créatinine : augmenter progressivement la posologie de l antagoniste du système rénine-angiotensine prescrit (jusu à la dose maximale autorisée par l AMM) à condition d une bonne tolérance cliniue (PAS > 110 mmhg) et biologiue. 9782340-001657_001_400.indd 210 04/09/2014 15:58

Chapitre 15 Item 261 211 2. La prévention des épisodes d insuffisance rénale aiguë Devant toute IRC d aggravation brutale, il faut rechercher un facteur aggravant surajouté. Les principaux facteurs aggravants sont résumés dans le tableau 5. Tableau 5 : Facteurs aigus aggravant une IRC Facteur Causes Caractéristiues Déshydratation extracellulaire Médicaments à effets hémodynamiues Obstacle Produits toxiues Pathologie surajoutée Diurétiues Vomissements Diarrhée AINS IEC ++ ARA 2 Toutes les causes d obstacle Produits de contraste iodés Médicaments néphrotoxiues Pyélonéphrite aiguë Néphropathie vasculaire surajoutée Réversibilité après apport de sel et d eau Hypovolémie associée ++ Sténose des artères rénales, ou lésions vasculaires graves Réversibilité à l arrêt Réversibilité après lever d obstacle Nécessité d une hydratation ++ Peser les indications Respecter les règles de prescription (cf. uestion 181, chapitre 21) Réversibilité après traitement spécifi ue 3. La restriction protidiue L analyse des études cliniues disponibles suggère u une restriction protéiue modérée permet de ralentir la progression de l insuffisance rénale. On recommande un apport protéiue d environ 0,8 à 1 g/kg/jour chez les patients dont le DFG est inférieur à 60 ml/ min. Cette restriction protéiue doit s accompagner d un apport caloriue suffisant (30 à 35 kcal/kg/jour). Pour ue les patients suivent un tel régime, il est nécessaire u ils aient une prise en charge diététiue initiale mais également un suivi diététiue régulier. Il est indispensable de surveiller régulièrement l état nutritionnel de ces patients. 4. le contrôle métaboliue du diabète Chez les diabétiues, l obtention d un contrôle optimal : permet d éviter la survenue de l atteinte rénale ; permet de ralentir la progression de la protéinurie si elle est présente ; nécessite souvent l utilisation de l insuline à des stades avancés de MRC (stade 3B, 4 ou 5). Les cibles d HbA1c doivent être adaptées au profil du patient : cible basse 6,5 % chez les sujets ayant un diabète non compliué ; cible moins stricte de 7 si MRC stade 3 et < 8 % si MRC stade 4 ou 5 (HAS 2013). 5. L arrêt du tabac Outre ses effets cardiovasculaires, le tabac favorise la progression de la MRC, son arrêt est impératif chez tout patient ayant une MRC. 9782340-001657_001_400.indd 211 04/09/2014 15:58

212 UE 8. Circulation - Métabolismes F. rechercher les facteurs de risue cardio-vasculaires associés Les patients insuffisants rénaux chroniues sont des patients à très haut risue cardiovasculaire. Ainsi, le risue de mortalité cardio-vasculaire d un patient atteint de MRC est bien supérieur au risue d insuffisance rénale terminale. Il est donc fondamental de prendre en charge très scrupuleusement l ensemble des facteurs de risues cardio-vasculaires chez les patients ayant une maladie rénale chroniue et notamment l hypertension artérielle, les dyslipidémies, le diabète, le tabagisme, l inactivité physiue, l obésité. IV. COMPLICATIONS DE L IRC ET PRISE EN CHARGE Les reins ont trois types de fonctions : élimination de toxines, notamment de toxines dérivées du catabolisme azoté ; homéostasie (régulation du bilan hydroélectrolytiue et de l éuilibre acide-base) ; fonction endocrine avec synthèse de rénine, d érythropoïétine et de vitamine D active. D une manière générale, en dehors d une rétention d urée et de créatinine, ces fonctions sont assurées tant ue le DFG est supérieur ou égal à 60 ml/min/1,73 m 2. Avec la progression de l IRC, les différentes fonctions s altèrent et apparaissent : une hypertension artérielle et des troubles cardio-vasculaires ; des troubles du métabolisme phosphocalciue ; une acidose métaboliue ; une dénutrition ; une anémie ; une hyperkaliémie ; d autres complications sont possibles, mais elles sont tardives et ne se voient ue chez des patients pour ui le traitement de suppléance est débuté trop tard ou inefficace. A. Les conséuences cardio-vasculaires de l IRC 1. Hypertension artérielle Elle est précoce, précédant souvent l insuffisance rénale surtout au cours des néphropathies glomérulaires et vasculaires et de la polykystose. Elle est un des facteurs majeurs de progression de l IRC. Elle est essentiellement volo-dépendante, justifiant le régime pauvre en sel et l utilisation des diurétiues dans l HTA de l IRC. 2. Lésions artérielles accélérées : athérosclérose et artériosclérose Différents facteurs contribuent au développement de ces lésions chez les patients IRC : les facteurs de risue vasculaire communs : hypertension artérielle, dyslipidémie précoce, tabagisme, diabète, âge ; les facteurs spécifiues à l IRC : troubles du métabolisme phosphocalciue (médiacalcose), hyperhomocystéinémie, anémie, insulino-résistance, toxines urémiues. 9782340-001657_001_400.indd 212 04/09/2014 15:58

Chapitre 15 Item 261 213 Le risue vasculaire des IRC est beaucoup plus élevé ue dans la population générale. Plus de 50 % des décès sont liés à un accident vasculaire au sens large : cardiopathie ischémiue (infarctus du myocarde 3 fois plus fréuent ue dans la population générale) ; accident vasculaire cérébral ; artériopathie des membres inférieurs 3. Atteinte cardiaue Les atteintes cardiaues sont : l hypertrophie ventriculaire gauche secondaire essentiellement à l HTA et à l anémie ; les calcifications valvulaires et coronariennes ; une cardiopathie urémiue d étiologie plurifactorielle (ischémie, toxines urémiues ) ; la péricardite urémiue exceptionnellement observée. B. Les troubles du métabolisme phosphocalciue et osseux Les troubles du métabolisme phosphocalciue et osseux sont caractérisés par : une hyperparathyroïdie secondaire, précoce ; un déficit en vitamine D active secondaire à la diminution de l activité 1-alpha hydroxylase rénale ; une hypocalcémie, tardive ; une hyperphosphatémie, tardive, liée à la diminution de l excrétion rénale des phosphates ; l acidose métaboliue aggrave les lésions osseuses. Une hormone d origine osseuse récemment identifiée, le FGF23, permet aux stades précoces de MRC (2 et 3) de maintenir l excrétion rénale des phosphates malgré la baisse du DFG. Deux grands types de lésions osseuses peuvent s associer à des degrés divers pour constituer la maladie osseuse rénale (anciennement ostéodystrophie rénale) : l ostéomalacie (diminution de la formation osseuse) secondaire au déficit en vitamine D : signes cliniues : douleurs osseuses, signes radiologiues : déminéralisation, stries de Looser-Milkman, signes biologiues : diminution de la concentration de la 1,25 (OH) 2 vitamine D 3 ; l ostéite fibreuse (destruction osseuse accélérée) secondaire à l hyperpara thyroïdie : signes cliniues : douleurs osseuses, fractures pathologiues, signes radiologiues : résorption des extrémités osseuses (phalanges et clavicules), lacunes au niveau des phalanges des doigts, déminéralisation, signes biologiues : concentration de PTH à plus de 3 fois la normale. 9782340-001657_001_400.indd 213 04/09/2014 15:58

214 UE 8. Circulation - Métabolismes Figure 1. Physiopathologie de l hyperparathyroïdie secondaire dans l IRC Prévention et traitement des troubles phosphocalciues : leur prévention nécessite : des apports calciues suffisants de l ordre d 1 g/jour en calcium élément, des apports en vitamine D 3 naturelle (ex. Uvedose ) en cas de carence documentée, et éventuellement en 1-alpha OH-vitamine D 3 (Un-Alfa ) ou 1,25-(OH) 2 vitamine D3 (Rocaltrol ) en l absence d hyperphosphatémie, une restriction des apports alimentaires en phosphore, des complexants du phosphore à base de carbonate de calcium (Eucalcic, Orocal, Calcidia ) ou sans calcium (Renvela, Renagel et Fosrenol ) sont également efficaces. Leur prescription est rarement nécessaire avant le stade 5, les gels d aluminium ne doivent plus être utilisés (toxicité neurologiue et osseuse) ; les objectifs de traitement sont : une calcémie normale, une phosphorémie inférieure à 1,5 mmol/l, une PTH entre 2 et 9 fois la borne supérieure de la normale. exceptionnellement, la parathyroïdectomie est nécessaire avant le stade terminal en cas d hyperparathyroïdie secondaire échappant au traitement médical. C. Les troubles de l éuilibre acide-base Une acidose métaboliue survient au cours de l IRC en raison d un défaut d élimination de la charge acide. Elle est en règle modérée (sauf lors de certaines tubulopathies), avec : diminution des bicarbonates, augmentation faible du trou anioniue, ph conservé jusu à un stade évolué des MRC. Cette acidose métaboliue chroniue a pour conséuences : un catabolisme protéiue musculaire excessif, une aggravation des lésions d ostéodystrophie rénale, une majoration du risue d hyperkaliémie. 9782340-001657_001_400.indd 214 04/09/2014 15:58

Chapitre 15 Item 261 215 Prévention et traitement La correction de l acidose métaboliue : a pour objectif une bicarbonatémie supérieure à 22 mmol/l, nécessite l utilisation d alcalinisants type bicarbonate de sodium (ex. : gélules de NaHCO 3 à 0,5 ou 1 gramme) ou eau de Vichy (0,5 à 1l/j, risue de fluorose sur le long terme). D. Les conséuences métaboliues, endocriniennes et nutritionnelles de l IRC 1. La dénutrition protéino-énergétiue La dénutrition protéino-énergétiue est fréuente chez l IRC avec : une réduction spontanée des apports alimentaires proportionnelle au degré de l IRC ; une augmentation du catabolisme protéiue, en particulier du fait de l acidose ; une diminution des synthèses protéiues, liée à la résistance périphériue à l action anabolisante de l insuline. De nombreux patients arrivent dénutris au stade terminal. Or, les marueurs nutritionnels (albumine, pré-albumine ) sont des facteurs prédictifs majeurs de mortalité chez ces patients. La prise en charge diététiue fait partie du suivi des patients avec MRC, avec comme objectifs : assurer des apports caloriues suffisants ( 30 kcal/kg/jour) ; éviter les carences protéiues, notamment dans le cadre de la restriction protéiue prescrite pour ralentir la progression de la MRC ; intégrer la correction des troubles phosphocalciues et de l acidose métaboliue. 2. L hyperuricémie L hyperuricémie est très fréuente au cours de l IRC mais la plupart des patients hyperuricémiues restent asymptomatiues et ne doivent pas être traités. Parfois, elle peut entraîner des crises de goutte et doit alors être traitée et prévenue (allopurinol). 3. L hyperlipidémie Deux profils d hyperlipidémie peuvent être observés : une hypertriglycéridémie associée à une diminution du HDL-cholestérol ; une hypercholestérolémie souvent majeure en cas de pathologie glomérulaire. Il est souhaitable de traiter l hyperlipidémie, ce ui permet de réduire le risue cardiovasculaire des IRC. Le régime hypolipémiant et les statines peuvent être utilisés en cas d IRC, avec les précautions d usage (surveillance de la toxicité musculaire). Les fibrates sont contre-indiués en association avec les statines, et en cas d insuffisance rénale. 4. Les modifications des hormones sexuelles Chez l homme : impuissance, fertilité diminuée. Chez la femme : aménorrhée, fertilité diminuée, risue maternel et fœtal important en cas de grossesse. Toutefois, la MRC ne contre-indiue pas la grossesse. 9782340-001657_001_400.indd 215 04/09/2014 15:58

216 UE 8. Circulation - Métabolismes E. Les conséuences hématologiues de l IRC 1. Anémie normochrome normocytaire arégénérative Le défaut de synthèse rénale d érythropoïétine entraîne une anémie. Les conséuences de l anémie sont : l asthénie, l incapacité à faire des efforts, la baisse de la ualité de vie ; parfois un angor fonctionnel ; l augmentation du débit cardiaue avec hypertrophie ventriculaire gauche (HVG). L origine rénale de l anémie est affirmée sur : le caractère arégénératif : taux de réticulocytes bas ; le caractère normochrome, absence de carence martiale : saturation de la transferrine et ferritinémie normales ; le caractère normocytaire, absence de carence en folates et vitamine B12 : VGM normal, éventuellement dosages plasmatiues et intra-érythrocytaires ; l absence d inflammation chroniue ou aiguë : CRP normale. TRAITEMENT : doit être envisagé dès ue l hémoglobinémie est 10 g/dl de façon stable, en fonction du contexte (âge, activité physiue et sociale, comorbidités) ; nécessite de corriger une carence martiale (apports en fer per os, ou par voie intraveineuse) pour un objectif de coefficient de saturation de la transferrine > 20 % et ferritinémie > 200 ng/ml ; repose sur l administration d érythropoïétine recombinante (époïétine) ou d un agent dérivé de l érythropoïétine mais dont la structure a été un peu modifiée de façon à en augmenter la durée de vie (darbépoïétine, époïétine pegylée) par voie sous-cutanée entre une fois/semaine et une fois/mois ; a pour objectif l obtention d une hémoglobinémie entre 10 et 11,5 sans dépasser 12 g/dl. L indication des transfusions est rare et doit être limitée aux situations urgentes, en particulier chez les patients pouvant être transplantés (recherche systématiue d anticorps anti-hla après transfusion). 2. Troubles de l hémostase primaire Les hémorragies sont plus fréuentes au cours de l IRC avancée (saignements digestifs occultes, règles prolongées). Seule l hémostase primaire est anormale avec TS allongé, du fait d un défaut d agrégation plauettaire et d une baisse de l hématocrite. Attention : les héparines fractionnées de bas poids moléculaire (type énoxaparine Lovenox ou nadroparine Fraxiparine ) sont contre-indiuées lorsue le DFG est inférieur à 30 ml/ min, du fait de leur élimination rénale ui entraîne un risue d accumulation. De même, aucun des nouveaux agents anti-agrégants ou anti-coagulants (ticagrelor, dabigatran) ne peut être utilisé en cas de MRC stade 4. 3. Le déficit immunitaire Modéré mais indiscutable, il se caractérise notamment par une réponse atténuée aux vaccinations. Il faut vacciner les patients avec MRC : contre la grippe tous les patients ; contre l hépatite B dès le stade 3B. F. Les troubles hydro-électrolytiues Les troubles du bilan du sel, de l eau, et du potassium sont en général tardifs car les néphrons restants sont capables d augmenter leur fonction d excrétion. 9782340-001657_001_400.indd 216 04/09/2014 15:58

Chapitre 15 Item 261 217 1. Le bilan de l eau et du sel Une rétention hydrosodée contribuant à l HTA est présente dès les stades précoces de l IRC, mais cette rétention reste très modérée jusu au stade pré-terminal. En cas de déplétion ou de surcharge hydrosodées aiguës, la capacité des reins à adapter le bilan hydrosodée pour maintenir la stabilité de la composition corporelle est diminuée. Il existe un défaut de concentration des urines responsable de polyurie (mictions nocturnes). Prévention : il faut éviter dans la plupart des néphropathies : des apports sodés excessifs (supérieurs à 6 g NaCl/jour), sauf dans les rares néphropathies avec perte de sel (Néphropathie Interstitielle Chroniue) ; des apports hydriues excessifs source d hyperhydratation intracellulaire (hyponatrémie). 2. Le bilan du potassium L hyperkaliémie est favorisée par : l acidose métaboliue ; la prise de certains médicaments : inhibiteurs de l enzyme de conversion, antagonistes des récepteurs AT1 de l angiotensine II, AINS, diurétiues épargneurs de potassium ; des apports excessifs. Sa prévention repose sur : la limitation des apports en potassium parfois difficile à concilier avec la restriction des apports protéiues ; la correction de l acidose métaboliue (voir plus haut) ; la prise de résines échangeuses d ions, Kayexalate (échange le sodium contre du potassium dans la lumière digestive) ou Resikali (échange le calcium contre du potassium). Elle ne doit pas remettre en cause les traitements par bloueur du système rénine angiotensine. Le traitement d urgence de l hyperkaliémie est détaillé dans le chapitre 3. G. Les autres conséuences de l IRC évoluée Les conséuences digestives : l existence de nausées, voire de vomissements reflète une intoxication urémiue importante et doit faire envisager le début d un traitement de suppléance ; gastrite et ulcère majorent l anémie secondaire à l IRC et doivent être recherchés en cas de symptomatologie fonctionnelle ou de carence martiale. Les inhibiteurs de la pompe à protons peuvent être utilisés sans adaptation posologiue. Les conséuences neurologiues : les crampes sont fréuentes. Elles peuvent être liées à des problèmes d hydratation, ou à des anomalies électrolytiues : acidose métaboliue à éliminer en premier, dyskaliémies, hypocalcémie, hypomagnésémie ; les troubles du sommeil altèrent la ualité de vie : syndrome des jambes sans repos, insomnie ; 9782340-001657_001_400.indd 217 04/09/2014 15:58

218 UE 8. Circulation - Métabolismes les polynévrites urémiues ne devraient plus être observées. Elles évoluent favorablement avec un traitement de suppléance adapté ; l encéphalopathie urémiue survient en cas d IRC majeure. Elle ne devrait plus exister. Elle est régressive avec la dialyse ; l encéphalopathie hypertensive est en règle régressive avec le contrôle tensionnel. V. LE TRAITEMENT DE SUPPLÉANCE DE LA FONCTION RÉNALE A. Les techniues de suppléance de la fonction rénale Trois types de traitement permettent d assurer la suppléance de la fonction rénale. 1. La transplantation rénale Lorsu elle est possible, il s agit de la meilleure méthode de suppléance de la fonction rénale par rapport à l hémodialyse et à la dialyse péritonéale du fait : d une meilleure ualité de vie ; d une morbidité cardio-vasculaire moindre ; d une espérance de vie supérieure ; d un coût de traitement très inférieur après la première année. Dans la plupart des cas où elle est possible, elle peut être envisagée au stade 5, avant u un traitement dialytiue ne soit institué. La transplantation rénale fait l objet d un chapitre spécifiue (cf. item 127, chapitre 25). 2. L hémodialyse Généralités : c est la techniue de dialyse : la plus utilisée en France (> 90 %), ui permet les durées de survie dans la techniue les plus longues (jusu à 20 ans et plus), la plus coûteuse ; elle peut être réalisée dans différentes structures : centre d hémodialyse avec présence médicale permanente, unité de dialyse médicalisée avec présence médicale intermittente, unité d autodialyse assistée ou non par un infirmier sans présence médicale, au domicile par des patients autonomes. Principes : Son coût varie suivant les structures de 25 000 à 50 000 euros/an environ. deux types d échanges sont utilisés pour le traitement par l hémodialyse : des transferts diffusifs selon les gradients de concentration permettent la diffusion des molécules dissoutes, au travers d une membrane semiperméable mettant en contact le sang et un bain de dialyse de composition contrôlée, des transferts convectifs des molécules dissoutes dans le sang sont réalisés par ultrafiltration résultant de l application d une pression hydrostatiue positive au travers de la même membrane semi-perméable. Ceci permet d obtenir une soustraction nette de liuide, nécessaire chez les patients anuriues et l élimination concomitante par convection des substances dissoutes. 9782340-001657_001_400.indd 218 04/09/2014 15:58

Chapitre 15 Item 261 219 Réalisation pratiue : les séances d hémodialyse sont réalisées en général 3 fois par semaine, et durent chacune 4 à 6 heures. L hémodialyse nécessite : une circulation extracorporelle, un générateur d hémodialyse et un dialyseur permettant la réalisation des échanges selon les principes définis ci-dessus, une installation de traitement de l eau ; la circulation extracorporelle nécessite : un abord vasculaire : fistule artério-veineuse de préférence, anse prothétiue artério-veineuse, cathéter tunnellisé ou non (pose en urgence) ; une anticoagulation efficace du circuit extracorporel par héparine non fractionnée ou de bas poids moléculaire, un circuit extracorporel (à usage uniue) ; les échanges sont réalisés dans un dialyseur (jetable) en fibres capillaires, dont le principe est d offrir une surface d échange importante (surface d échange de 1,5 à > 2 m 2 ) pour un volume de sang faible (< 100 ml) ; le générateur d hémodialyse permet : la réalisation et le contrôle de la circulation extracorporelle, la fabrication du bain de dialyse à partir de l eau osmosée (voir plus bas), le contrôle du débit et du volume d ultrafiltrat soustrait au patient ; Cliniue l eau osmosée est obtenue à partir de l eau de ville, par une chaîne de traitement complexe ui permet d éliminer : bactéries et toxines, métaux toxiues (aluminium, plomb, etc.), calcium et autres ions. l hémodialyse chroniue permet, grâce aux 3 séances hebdomadaires : de contrôler les volumes liuidiens en ramenant le patient à un poids idéal théoriue dit «poids sec» correspondant à un état d hydratation et une pression artérielle normaux, de soustraire les différentes molécules à élimination urinaire comme l urée, la créatinine ou d autres toxiues, de corriger les différentes anomalies électrolytiues induites par l IRC terminale (hyperkaliémie, acidose métaboliue, hypocalcémie, dysnatrémies) ; le régime alimentaire des patients hémodialysés comprend : une restriction hydriue de 500 ml + la diurèse résiduelle, une alimentation peu salée, des apports protéiues de 1,2 g/kg/jour, des apports caloriues de 30 à 35 kcal/kg/jour. 3. La dialyse péritonéale Généralités c est une techniue de dialyse : moins utilisée ue l hémodialyse en France (< 10 % des patients), ui permet le traitement à domicile et ui est mieux tolérée au plan hémodynamiue ue l hémodialyse, ui a des performances d épuration moindres ue l hémodialyse (difficultés techniues chez les patients de fort gabarit) et dont la durée d utilisation chez un patient est limitée à uelues années du fait de l altération progressive des propriétés du péritoine, moins coûteuse ue l hémodialyse en centre. 9782340-001657_001_400.indd 219 04/09/2014 15:58

220 UE 8. Circulation - Métabolismes Principes La membrane péritonéale permet les échanges en dialyse péritonéale : les transferts diffusifs selon les gradients de concentration transmembranaires permettent la diffusion des molécules dissoutes, l ultrafiltration est réalisée avec des solutions de dialyse péritonéale de forte osmolarité (glucose hypertoniue) ou à pression colloïde élevée (polymère de glucose type amidon). Ceci permet d obtenir une soustraction nette de liuide, nécessaire chez les patients anuriues. Réalisation pratiue : la dialyse péritonéale nécessite : un cathéter de dialyse péritonéale inséré chirurgicalement, l extrémité étant dans le cul-de-sac de Douglas, l autre étant tunnellisée dans un trajet sous cutané latéro-ombilical, un système de connexion ui permet d assurer les échanges de façon aseptiue, des poches de dialysat stérile d un volume d environ 1,5 à 2,5 litres ; les échanges peuvent être réalisés de deux façons : par une techniue manuelle permettant 3 à 5 échanges par jour. Une stase de uelues heures (4 en moyenne) permet les échanges diffusifs. Le liuide est ensuite drainé par simple gravité. Le plus souvent 8 à 10 litres d échanges uotidiens sont nécessaires, par une techniue automatisée, une machine assurant les échanges la nuit ; le choix entre les deux techniues dépend : de la nécessité d assurer un volume d échange plus important (patients de fort gabarit), de la nécessité de libérer le patient pendant la journée (patients ayant une activité professionnelle). Cliniue comme l hémodialyse, la dialyse péritonéale chroniue permet, grâce aux échanges réalisés uotidiennement : de contrôler les volumes liuidiens, de soustraire les différentes molécules à élimination urinaire, de corriger les différentes anomalies électrolytiues induites par l IRC terminale ; le régime alimentaire des patients traités par dialyse péritonéale comprend : une restriction hydriue souvent moins sévère u en hémodialyse, la diurèse résiduelle étant conservée plus longtemps, une alimentation peu salée, des apports protéiues importants comme en hémodialyse, soit 1,2 g de protéines/kg/jour, avec le problème supplémentaire d une déperdition protéiue liée à la techniue, des apports caloriues de 35 kcal/kg/jour. B. Planification du traitement de suppléance 1. Information du patient Les différentes techniues de suppléance de l IRC, doivent être expliuées au patient au stade d IRC sévère ou plus tôt, en tenant compte des contraintes médicales, c està-dire de celles ui sont effectivement réalisables chez lui (voir plus loin) : transplantation rénale (donneur vivant ou décédé) ; hémodialyse ; dialyse péritonéale. 9782340-001657_001_400.indd 220 04/09/2014 15:58

Chapitre 15 Item 261 221 Les conséuences sociales et psychologiues de l IRC devront être envisagées : prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale ; 2. Précautions perspective d un reclassement professionnel éventuel (travailleurs manuels surtout). Chez tous les patients, il faut préserver le réseau veineux d un membre supérieur (pas de ponction veineuse ou de perfusion), de préférence le non dominant, dans la perspective d un traitement éventuel par l hémodialyse. La vaccination contre l hépatite B : est nécessaire pour tous les patients IRC susceptibles d être traités par hémodialyse pour protéger du risue d hépatite B nosocomial en hémodialyse ; est d autant plus efficace ue l IRC est moins évoluée et doit donc être effectuée dès le stade 3B. 3. Début du traitement de suppléance Comme indiué tableau 5, le stade 5 impliue d envisager le début du traitement de suppléance. La fistule artério-veineuse doit être créée plusieurs mois avant l échéance de l IRC terminale, alors ue le cathéter de dialyse péritonéale est posé environ uinze jours avant le début du traitement. L inscription sur la liste de transplantation rénale peut être réalisée uand le DFGe est 20 ml/min/1,73 m 2. Le début de l utilisation de l hémodialyse ou de la dialyse péritonéale est ensuite une décision ui dépend de : symptômes cliniues : asthénie, altération de la ualité de vie, crampes, insomnie, rétention hydrosodée, hypertension artérielle, nausées, dénutrition et perte de poids ; signes biologiues : toxicité urémiue majeure (urée et créatinine élevées), vitesse de dégradation du DFGe, troubles électrolytiues et acido-basiues majeurs (hyperphosphorémie, acidose, hypocalcémie, hyperkaliémie). La dialyse est en général débutée entre 10 et 5 ml/min/1,73 m 2. L estimation du DFG n est en aucun cas le critère de décision uniue du début de la dialyse. Une préparation optimale du début du traitement de suppléance permet de diminuer la morbidité et la mortalité précoce en dialyse. Il faut en particulier éviter le début en urgence de la dialyse, source d hospitalisation prolongée et de surmortalité. 9782340-001657_001_400.indd 221 04/09/2014 15:58

Fiche flash I. DÉFINITIONS DE L IRC Diminution progressive et irréversible du DFG. II. ÉPIDÉMIOLOGIE DES MRC Incidence : environ 150/million et par an en France 2 x plus fréuents chez l homme. Causes les plus fréuentes : N Vasculaires, diabétiues, glomérulonéphrites. III. DIAGNOSTIC D UNE MALADIE RÉNALE CHRONIQUE A. Diagnostic de l IRC Insuffisance rénale diagnostiuée par calcul du DFG (formule MDRD ++). Recherche de signes de néphropathie associés (protéinurie, hématurie ), d anomalies sur les voies excrétrices (échographie ++). Caractère chroniue : insuffisance rénale depuis > 3 mois ; taille des reins diminuée ; critères biologiues : anémie normochrome, normocytaire, arégénérative, hypo calcémie. B. Stades de la MRC (cf. tableau 2) C. Diagnostic étiologiue 1. Rechercher un obstacle. 2. Rechercher un syndrome glomérulaire : maladie générale (diabète, amylose, lupus ) + protéinurie > 1 g/j majoritaire en albumine ± hématurie (Biopsie rénale si possible). 3. Rechercher un syndrome interstitiel : Antécédents urologiues et/ou infectieux, protéinurie < 1 g/24 h, leucocyturie, acidose, absence d HTA. 4. Rechercher une néphropathie vasculaire : contexte athéromateux, HTA, syndrome urinaire pauvre (échodoppler des artères rénales ++). 5. Rechercher une néphropathie héréditaire (polykystose, Alport). D. Évaluer et prendre en charge les facteurs de progression 1. Facteurs de progression : Protéinurie HTA. 2. Cibles : protéinurie < 0,5 g/j et PA < 130/80 mmhg si albuminurie 30 mg/24 h. PA < 140/90 mmhg si albuminurie < 30 mg/24 h. 3. Moyens : blocage du SRA par un IEC Associé à régime restreint en sel (< 6 g NaCl/j) ± diurétiues. 4. Surveillance : cliniue (PA) et biologiue (créatininémie, K, protéinurie). 9782340-001657_001_400.indd 222 04/09/2014 15:58

5. Autres moyens : restriction protidiue modérée (0,8 à 1 g/kg/j) ; éviter les épisodes de néphrotoxicité (PCI, médicaments néphrotoxiues ). E. Rechercher et prendre en charge les facteurs de RCV associés (++) HTA, tabagisme, dyslipidémies, diabète, inactivité physiue, obésité IV. COMPLICATIONS DE L IRC ET PRISE EN CHARGE A. Les conséuences cardio-vasculaires de l IRC 1. HTA volodépendante (fréuente ++). 2. Lésions artérielles accélérées : 50 % des décès liés à infarctus du myocarde ++, AVC, ACOMI. 3. Atteinte cardiaue : HVG (HTA, anémie), calcifications valvulaires et coronariennes ; cardiopathie urémiue (ischémie, toxines urémiues ) ; péricardite urémiue. B. Les troubles du métabolisme P-Ca et osseux 1. Hyperparathyroïdie, précoce. 2. Hypocalcémie, hyperphosphatémie. 3. Acidose métaboliue aggravant les lésions osseuses : maladie osseuse rénale = ostéomalacie (diminution de la formation osseuse 2 aire au déficit en vit. D) et ostéite fibreuse (destruction osseuse accélérée 2 aire à HPT) ; prévention et traitement : vitamine D native, apports calciues, complexants du phosphore, dérivés actifs de la vitamine D en l absence d hyperphosphorémie ; objectifs de traitement : calcémie et phosphorémie normales, PTH modérément augmentée. C. ACIDOSE MÉTABOLIQUE Conséuences : catabolisme protéiue musculaire excessif ; aggravation des lésions osseuses, risue d hyperkaliémie. Prévention : bicarbonatémie > 22 mmol/l ; (bicarbonate de sodium ou eau de Vichy). D. Les conséuences métaboliues, endocriniennes et nutritionnelles 1. Dénutrition protéino-énergétiue : prise en charge diététiue indispensable. 2. Hyperuricémie : souvent asymptomatiue Si crise de goutte, doit être traitée. 3. Hyperlipidémie. 4. Modifications des hormones sexuelles. E. Les conséuences hématologiues de l IRC 1. Anémie normochrome normocytaire arégénérative : traitement : si hémoglobinémie est 10 g/dl de façon stable ; corriger une carence martiale (apports en fer per os, ou par voie IV pour un coefficient de saturation de la transferrine > 20 % et ferritinémie > 200 ng/ml) ; administration d érythropoïétine, voie S/C ; 9782340-001657_001_400.indd 223 04/09/2014 15:58