Un autre regard sur. Michel R. WALTHER. Directeur général de la Clinique de La Source 52 INSIDE



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Transcription:

52 INSIDE Un autre regard sur Michel R. WALTHER Directeur général de la Clinique de La Source Directeur général de la Clinique de La Source, Michel R. Walther est né en 1949 au Maroc de parents suisses. Il revient au pays pour suivre sa scolarité à Morges et à Lausanne puis effectue ses études à la célèbre Ecole Hôtelière de Lausanne. Jeune diplômé, il parcourt le monde des Bermudes au Canada en passant par l Australie, travaillant pour différents hôtels et pour Nestlé. En 1980, il suit le programme de MBA à l'imd de Lausanne avant de quitter Nestlé en 1985 pour devenir directeur adjoint de La Source, avant que la Fondation ne décide de séparer les deux entités que sont l'ecole et la Clinique de La Source. Trois ans plus tard, il devient Directeur général de la Clinique. Marié et père de deux enfants, Michel R. Walther aime pratiquer le surf à Crans Montana. Il est ou a également été Président et membre de nombreuses associations, telles que l Association vaudoise des Cliniques privées, les Swiss Leading Hospitals, ou encore le Lion s Club de Lausanne.

53 Le fonctionnaire selon son image traditionnelle qui travaille entre 8H00 et 17H00, sans envergure, sans dynamisme, ni ambition ne me passionne pas. Le Monde Economique : Vous êtes né au Maroc d un père ingénieur agronome qui a disparu très tôt suite à un assassinat, ce qui a obligé votre mère à revenir en Suisse avec ses 3 enfants. Comment ces épreuves ont-t-elles forgé l homme que vous êtes aujourd hui? Michel R. Walther : Il est difficile pour une mère de se retrouver seule avec 3 enfants de sept, cinq et deux ans. Ce fut d autant plus difficile car elle s est retrouvée avec très peu de moyens dans un pays où, bien qu il soit le sien, elle n avait jamais vécu. Je faisais des petits jobs pour assurer mon argent de poche. J ai, entre autre, travaillé chez Fischer instruments et chez Schenck marchand de vin à Rolle où, je transportais et lavais des caisses de bouteilles vides. Cela m a forgé le caractère et m a aussi appris à travailler pour gagner de l argent car si je voulais m acheter un transistor, un vélo ou un vélomoteur, c est moi qui devais me le payer. pour quelques temps en Suisse. Je me suis donc mis à la recherche d un nouvel emploi et c est par l intermédiaire des anciens élèves de l Ecole Hôtelière de Lausanne que j ai obtenu ce poste. C était vraiment par hasard, l opportunité du moment. Voilà donc comment tout a commencé et je n aurais jamais imaginé que cela allait durer 30 ans! L opportunité du départ est devenue une opportunité qui m a plu. Je m y sentais parfaitement à l aise et de plus, j ai eu la chance de développer une entreprise qui faisait 18 millions de chiffre d affaires et avait oublié d évoluer, et d en faire une entreprise de 100 millions de chiffre d affaires qui marche. Le Monde Economique : Pur produit de l Ecole hôtelière de Lausanne, vous êtes patron d une clinique qui génère plus de CHF 100 millions de chiffre d affaires. Pourquoi avoir choisi cette filière pour finalement tourner le dos à l hôtellerie? Etait-ce une vocation ou l opportunité du moment? Michel R. Walther : En sortant de l EHL, j ai travaillé dans de l hôtellerie pure aux Bermudes et au Canada avant de revenir en Suisse où j ai obtenu un poste chez Nestlé comme auditeur interne international. J ai, par la suite, été envoyé en Australie pour diriger une affaire de restaurants qui appartenaient à Nestlé. Quelques années plus tard, je suis revenu en Suisse pour faire un MBA à l IMD. Une fois mon MBA en poche, je me suis occupé des produits de la restauration et de l hôtellerie chez Nestlé. C est à ce moment que ma fille est née. Mon épouse et moi avons eu envie de nous poser

54 INSIDE Le Monde Economique : Les hommes qui travaillent pour l Etat ne vous passionnent pas. Par contre, les personnes qui vous fascinent sont celles qui ont une idée qu ils poursuivent jusqu au bout. Le dynamisme de notre économie pourrait-il être entravé par nos hommes d Etat? Michel R. Walther : Dire que les hommes qui travaillent pour l Etat ne me passionnent pas est, je pense, un peu rigoureux. Le fonctionnaire selon son image traditionnelle qui travaille huit heures entre 8H00 et 17H00, sans envergure, sans dynamisme, ni ambition ne me passionne effectivement pas. Ce qui m impressionne, c est une personne qui a de l ambition, du dynamisme, de la volonté, pas nécessairement un grand chef de l économie, mais une personne qui développerait une idée géniale. J ai du respect et de l admiration pour les personnes qui sont passionnées. Ce ne sont pas les fonctionnaires que l on appelle hommes d Etat qui font le développement et le dynamisme de notre économie. Mais, parmi les Conseillers d Etat ou Conseiller Communaux, il y a des gens absolument extraordinaires. J ai eu professionnellement l occasion d en rencontrer et ce sont eux qui font avancer les villes, le canton, ou le pays. Il y a des gens fantastiques et j ai beaucoup de respect pour ces personnes qui ont le courage de se lancer dans la vie politique. La politique, c est souvent très dur, c est un milieu où les couteaux dans le dos sont encore plus fréquents que dans l économie. De plus, ils sont courageux d essayer de faire avancer les choses. Le Monde Economique : Une fois votre vie terminée, les gens se rappelleront de vous par ce que vous avez construit, dit, écrit, mais surtout par les valeurs que vous aurez portées à bras-le-corps. Avec le recul et partant de votre expérience, quels sont les ingrédients de la réussite? Michel R. Walther : Evidemment que les gens se rappelleront de moi! Enfin j espère qu ils ne m oublieront pas complètement! Ce que je pense avoir porté à bras-le-corps comme vous le dites c est l image d aimer les gens. La réussite d une entre

55 Les enfants qui ont reçu de l attention de la part de leurs parents, qui ont été poussés, aidés, sont nettement mieux armés pour la vie. prise quelle qu elle soit n est pas due parce que c est une entreprise d un type ou d un autre, je pense que c est une équipe qui a fait ma réussite, ce n est pas moi. J ai été le chef d orchestre, le leader, le directeur de personnes que j ai évidemment engagées et avec lesquelles j ai travaillé. Faire travailler les gens ensemble et que ce soit avec respect les uns envers les autres, c est ce que j ai porté à bras-le-corps. Il est ridicule de ne pas respecter quelqu un simplement parce que ses idées et ses visions sont complètement différentes. Il faut les mettre ensemble pour faire une réussite. Pour moi, c est cela la vision de la réussite. Le Monde Economique : La famille exerce au sein de la société un rôle d agent socialisateur qui semble vital. Vous affirmez que les jeunes qui grandissent au sein d une famille stable ont plus de chance de réussir. Pensez-vous que Sibylle et Philippe, vos deux enfants, sont mieux armés pour la vie? poche, c est fondamental et n importe quels parents peuvent apprendre à leurs enfants à le faire. Les enfants ne doivent pas être maternés, il faut les laisser vivre, c est important. Le Monde Economique : La retraite est un cap qu il est parfois difficile de passer. Certains l attendent impatiemment, tandis que d autres la redoutent. Votre épouse vient de prendre sa retraite et vous prendrez la vôtre l an prochain (le 30 juin 2014). Comment envisagez-vous cette nouvelle vie à deux et loin du pouvoir? Michel R. Walther : Il est vrai que j ai peur de la retraite, parce que je suis trop dynamique et trop embrigadé, mais j espère que l on va me proposer des mandats intéressants qui m occuperont. Je ne veux évidemment pas un job à plein temps. Je viens, par ailleurs, d accepter d être membre du Michel R. Walther : J ai effectivement vécu entouré de mes enfants et de tous leurs copains. Je dirais que les enfants qui ont reçu de l attention de la part de leurs parents, qui ont été poussés, aidés, sont nettement mieux armés pour la vie, même si les deux parents travaillaient à 100%. J ai toujours dit à mes enfants qu un bachelor, où mieux, un master est utile dans la vie. Cela ne veut pas dire que l on gagnera mieux sa vie qu une personne avec un CFC, mais on sera mieux armé. Ma fille a été diplômée de l Ecole Hôtelière de Lausanne et mon fils a obtenu un Master en biologie. Maintenant, il essaie d aider des copains à reprendre leurs études après le CFC, car ils n ont pas eu la chance d avoir un environnement stable. L argent est secondaire et il est important de leur apprendre que dans la vie, l argent doit se gagner. Faire des petits jobs pour gagner son argent de

56 INSIDE Comité exécutif de l Office du tourisme parce que je pense que c est quelque chose d intéressant pour aider le canton de Vaud. J espère que l on me proposera 2 ou 3 autres jobs intéressants. Ce qui me plairait beaucoup, un rêve de mon épouse et moi-même, serait d être client secret pour une grande chaîne hôtelière. Nous avons tous les deux des formations hôtelières. Ce serait génial, faire le tour du monde à bon compte avec l impression d être en vacances et juste au final un questionnaire à remplir avec tous les petits détails sur le fonctionnement de l hôtel. Mais disons que c est très utopique, bien que nos amis nous y encouragent, encore faut-il trouver le patron de grandes chaînes qui veuille nous engager. D autres mandats d administrateur ou de sociétés locales pourraient également m intéresser, mais je ne prendrai pas n importe quoi. Comment les proches le perçoivent-ils? Avec ses lunettes, Michel donne l image d un notable important de la place lausannoise. En réalité, c est quelqu un d incroyablement progressiste. Il est toujours ouvert à tout, que ce soit au niveau de nouvelles idées ou de remises en question alors qu il donne une image très sérieuse comme l aurait fait un banquier ou ce genre de personnage. Michel est quelqu un de fidèle, charmant et extrêmement gentil. On peut compter sur lui en amitié. C est quelqu un qui ne parle jamais mal des autres et sa critique est toujours positive. Il est aussi maniaque, tatillon et extrêmement précis. Cela doit être son côté suisse. Tout le monde adore parler avec lui, même les jeunes, mais ce n est pas l image qu il donne, au premier abord. Il a une image sévère alors qu il n est pas du tout comme ça dans la vie. De plus, c est un bricoleur vraiment adroit. Ceci aussi est surprenant, car il n a pas l air de quelqu un de pratique, alors qu il il adore tout ce qui est bricolage. Laurent & Sylvie Patrelle, Hôteliers www.torhotel.com