Centre Hospitalier Princesse Grace Le belvédère dominant la mer ouvert sur l accueil. Crédit perspective : Asylum Nouvel hôpital de Monaco : l ingéniosité architecturale & l excellence hospitalière Dans un site exceptionnel sur les hauteurs de la Principauté, le Centre Hospitalier Princesse Grace est le seul établissement public hospitalier de la Principauté de Monaco. Il répond aux préoccupations architecturales en structurant le paysage, mais aussi à celles sanitaires et sociales en positionnant le CHPG dans l excellence de la médecine de demain, conjuguant efficience et humanité, déclinant la notion de service au travers de son organisation. Lors du nouveau concours en mars 2012, la Principauté de Monaco a relancé le projet d un nouvel hôpital sur la base d un programme modifié mais avec un maintien du nombre de lits. Le cabinet d'architecture AIA Associés, en équipe avec l'architecte monégasque NMI, AIA Ingénierie, Tractebel Engineering et AECOM mandataire, a remporté le concours en avril 2013. Le nouvel établissement hospitalier, qui sera reconstruit sur site, proposera 394 lits et places et plus de 600 places de parking. La capacité de ce futur CHPG a été conçue pour répondre aux besoins de la population de la Principauté et des habitants d un bassin de proximité correspondant à 125 000 personnes. La reconstruction va s opérer en quatre étapes sur douze années pendant lesquelles la permanence des soins est assurée et les flux ainsi que les accès actuels continuent de fonctionner à l identique. Avec un projet en symbiose avec son site unique et reconnecté à la ville, les architectes transforment l hôpital existant en un nouveau centre hospitalier ultra-performant en balcon sur la mer. Ils conçoivent de grands plateaux techniques efficaces et évolutifs grâce au socle végétalisé qui permet de récupérer du terrain et de gérer les continuités viaires. Posé sur ce socle, le bâtiment se soulève et dessine des voûtes ouvertes sur un vaste belvédère. Le nouvel hôpital multiplie ainsi les vues sur la mer depuis la majorité des chambres, aménage des jardins et des ouvertures sources de lumière naturelle. Un projet durable qui minimise l empreinte énergétique et optimise les performances environnementales. et efficient, avec l autonomie d un hôpital national complet qui propose l ensemble des services mais aussi une dimension internationale avec l excellence de l expertise hospitalière. Nous avons travaillé sur cette double échelle avec, d une part une dimension familiale, et, d autre part, une envergure mondiale. 12 Entretien avec Jérôme Bataille, architecte Associé, AIA Associés Comment définiriez-vous l opération du nouvel hôpital de Monaco? Jérôme Bataille : Le nouvel hôpital de Monaco concentre tous les ingrédients de l hôpital du futur en ce sens qu il est urbain, compact Quelles sont les grandes lignes du projet architectural? J.B : Nous avons travaillé sur 3 grands axes : une architecture durable en résonnance avec ce site unique, un outil de haute technologie à la pointe de la modernité, un hôpital pour tous proposant, par exemple, l art dans l hôpital. Il y a l intégration très forte au site avec la proximité du jardin exotique, la mer, la minéralité, le vent, la ville dense...
Le site du nouvel hôpital J.B : Il s agit d un site extrêmement contraint, construire à Monaco relève toujours de la prouesse et du défi. La nature impose son dénivelé, sa sismicité, ses expositions ; la ville dense et escarpée dicte ses règles ; la parcelle était entravée par deux avenues principales. Avec Daniel Pardo, chef de projet AIA Architectes, nous avons cherché à récupérer une seule plateforme sur laquelle installer l hôpital. Pour ce faire, nous avons proposé de dévoyer l avenue Pasteur haut et de la superposer à l avenue Pasteur bas puis de les intégrer dans un socle urbain. Ce dispositif nous permet non seulement de créer de grands plateaux techniques sur toute l emprise de la parcelle, mais aussi d assurer une fluidité optimale des flux entre les voitures, les piétons, les déposes et les urgences ; et, enfin, de retisser des continuités avec la ville. Pendant la réalisation de ces travaux, les flux et les accès actuels continuent de fonctionner à l identique. La continuité d activité passe par le maintien de la circulation sur les avenues Pasteur Haut et Bas. Les dispositions de circulation pour les piétons et les voitures prolongent et améliorent celles existantes. On voit bien qu à la complexité des contraintes originelles du site, s ajoute celle de maintenir l activité de l établissement durant la reconstruction. En outre, le site, en lisière haute de la baie, est tout à fait remarquable avec notamment un belvédère existant que nous avons reconduit dans le projet actuel pour conserver ce fantastique balcon sur la ville et la mer. Comment cet hôpital s intègre t-il dans son environnement? J.B : La Principauté de Monaco est dominée par un promontoire naturel appelé la Tête de Chien, situé en réalité sur la commune de la Turbie. L hôpital, qui se trouve en dessous, se situe à la limite de la frontière française et domine la ville. Depuis le Palais Princier, la vue offre un formidable mimétisme entre un acte purement naturel qu est la Tête de Chien et un acte purement culturel que sera notre hôpital. Nous avons travaillé le bâtiment dans la progression du paysage avec, par exemple, de la végétation omniprésente en écho au jardin exotique. Plus globalement, nous avons conçu des espaces de santé ouverts sur l environnement en soulevant l édifice au niveau du sol et en dessinant des voûtes ouvertes sur la ville et sur la mer. L hôpital doit offrir un excellent accueil afin de permettre aux patients d être, dès l entrée, rassurés et dans un état d esprit positif. Cette atmosphère est renforcée avec la création, dans le hall, d espaces liés à la musique et à des expositions. Il nous semble important de proposer, au-delà de l excellence des soins, d autres visions inspirantes, pour les patients et les visiteurs. L image générale de l hôpital doit corroborer cette idée que l hôpital n est plus uniquement une machine à soigner mais aussi un lieu de vie. Avec la proximité de la mer, ce mouvement de vague était-il incontournable? J.B. : L idée de courbe nous intéressait. Nous souhaitions recomposer autour de l idée de douceur, avec une architecture posée sur un socle horizontal qui soutient l hôpital, avec des émergences successives qui allègent la silhouette du bâtiment. En outre, nous avions un atout considérable avec la présence de la mer, référent horizontal par excellence, et qui trouve son écho dans le belvédère. Nous avons optimisé le nombre de chambres donnant sur la mer avec de larges vues grâce à un important travail sur l horizontale. Actuellement, nous travaillons à la définition des brise-soleil afin de trouver le bon compromis entre l épaisseur du profil et le poids, afin qu ils remplissent correctement ce rôle de brise-soleil sans nuire aucunement à la vue des patients qu ils soient couchés, assis ou debout. Toutefois, la présence de la mer est forcément un atout, surtout pour les patients. C est important et une étude américaine a démontré que la vue du patient avait une incidence directe très positive sur sa convalescence. Comment avez-vous abordé la gestion des flux? J.B. : Les flux ont été travaillés selon trois grands thèmes. En premier lieu, le flux du patient est simple et direct. En second lieu, les flux patients couchés sont organisés sur un axe rouge qui lie les urgences et l hélisurface, et enfin, la logistique. Chaque flux est très spécifique. En outre, l une des particularités de Monaco est l impossibilité de stationner. Cette problématique a donc été traitée avec la réalisation, dès la première phase, de l ensemble du stationnement. Nous proposerons ainsi 600 places de stationnement qui seront fonctionnelles avant l ouverture du nouvel hôpital. Ce parking fonctionnera comme un parking public classique en remontant toutes les personnes au niveau du belvédère qui, lui-même, distribuera tous les étages du bâtiment. Nous avons fait le choix, en partie centrale, d avoir des vues sur l extérieur afin de faciliter le repérage. Une dépose couchée se situe à l étage supérieur pour les personnes amenées en ambulance ou en taxi pour la radiologie, l ambulatoire ou la dialyse. Les flux ont été très travaillés pour être clairs et notre volonté est d éviter la dépendance à la signalétique. L effet trèfle de notre bâtiment, avec le noyau central qui distribue trois pétales, permet d avoir des vues sur l extérieur et de bénéficier ainsi d un repérage naturel. Par ailleurs, la Principauté de Monaco et ses résidents exigent une certaine qualité d accueil. C est la raison pour laquelle nous retrouvons, à chaque étage, une hôtesse. Cette présence permet aux patients d être humainement accueillis dès la sortie de l ascenseur. Cet hôpital répond-il à une logique verticale ou horizontale? J.B. : En réalité, il répond à une double logique. Il y a tout d abord une logique d organisation horizontale avec le socle qui contient les parkings, les voieries, la logistique, de grands plateaux techniques et le hall d accueil en belvédère. Ensuite, au-dessus, nous venons poser trois «hôtels» avec des hébergements très lumineux qui répondent cette fois à une logique verticale. Comment définiriez-vous ce bâtiment qui n est ni un monobloc, ni un hôpital pavillonnaire? J.B. : C est un bâtiment qui n a pas réellement de modèle et qui tire toute sa pertinence de son intégration au site. L hôpital peut se définir par sa simplicité et le calme qu il génère. Malgré des niveaux de complexité technique rarement atteints, cet hôpital offre une image calme et élégante. C est un hôpital monégasque, et il n y en aura pas d autres comme celui-ci dans le monde. Sa complexité technique et sa préciosité restent toujours sous-jacentes et ne sont pas totalement cachées. Cet hôpital donne une image de haute technologie. Est-il difficile d avoir une vision à 30 ans lors de la conception d un établissement comme celui-ci? J.B. : Nous prenons des mesures conservatoires. Nous avons ainsi conçu des plans les plus libres possibles et nous sommes parvenus, malgré l exiguïté du site, à dégager deux ou trois zones d extensibilité. Le plateau technique dispose, par exemple, de toute une aile disponible puisque que, contrairement à ce qui avait été prévu initialement, le bloc obstétrical sera installé un étage plus haut, libérant ainsi de la place. Au niveau de l hébergement et du «trèfle à trois feuilles», son évolutivité est également prévue avec la possibilité de réaliser, plus tard, une quatrième feuille. Cette nouvelle aile permettrait d ajouter sept ou huit niveaux d hébergements ou d autres activités. 13
Elevation Est Elevation Sud
Que représente pour vous la notion de flexibilité? J.B. : AIA Associés est une agence d'architecture experte en ouvrages complexes et reconnue depuis 40 ans notamment pour ses établissements de santé et nous intervenons, génération après génération, sur les hôpitaux livrés par nos précédents Associés. Nous sommes donc sensibles aux questions d évolutivité et de flexibilité que nous travaillons selon plusieurs thèmes. Il y a le thème de la souplesse dans l aménagement des locaux afin que, conceptuellement, l hôpital soit modulable. Nous prévoyons également des zones d extension pures comme c est le cas à Monaco, avec l éventuelle quatrième aile qui sera certainement construite un jour. La souplesse, c est également la modularité, celle des hébergements et des services. Dans cette optique, nous essayons toujours de développer une pensée d exploitant. Nous visitons ainsi beaucoup nos anciens maîtres d ouvrage et ces visites nous permettent d anticiper les prochaines organisations. C est notamment ce qui nous a permis à Monaco d être moteur sur le dossier de l ambulatoire. Nous sommes parvenus à installer tout le plateau d ambulatoire au même niveau que le bloc, ce qui donne une grande souplesse d usage. Quels types de matériaux avez-vous sélectionnés pour ce bâtiment? J.B. : Nous sommes dans une démarche de pérennité forte avec notamment l usage du béton pour tout ce qui concerne le socle, et des bétons fibres pour les brise-soleil qui rendront l éclat de l édifice. Le béton est travaillé avec des effets de vagues et nous recherchons une matière assez lisse pour ne pas accrocher les poussières. La deuxième peau est constituée de vitrage blanc. Enfin, nous travaillons la matière de la voûte afin qu elle puisse offrir une excellente absorption acoustique. Nous recherchons le plus grand confort à tous les niveaux. et de la lumière mais également de l odorat, en faisant attention à ne pas utiliser des matériaux trop poreux aux odeurs, ou encore de l acoustique avec un énorme travail sur l affaiblissement acoustique au niveau des sols et des plafonds. Nous traitons également le confort du patient avec les oeuvres d art disposées dans le bâtiment ou les effets de couleurs qui leur permettent de se repérer et de s orienter. La charte couleur de Monaco est le rouge et le blanc. Nous avons décliné les couleurs qui sont celles du drapeau national, pour les circulations dès les parkings. Ainsi, le patient sera guidé, sur l ensemble de son parcours dans les étages, par les couleurs et les œuvres d art. Nous jouons également sur des effets de formes géométriques pour les personnes qui ne peuvent distinguer les couleurs. Par ailleurs, la dimension culturelle est très importante. La famille Grimaldi a toujours été une famille de grands mécènes. En plus des points de repère que constitueront les œuvres, propriétés de l hôpital, nous souhaitons proposer des expositions temporaires et un véritable parcours muséal pour les résidents et les visiteurs. De quelles compétences disposez-vous au sein d AIA Associés pour étendre vos réflexions au-delà des considérations architecturales? J.B. : La différence, que nous pouvons avoir avec d autres architectes, repose sur notre travail collectif et sur notre transversalité architectes et ingénieurs ainsi que sur nos studios d expertise qui s appuient sur des programmes de recherche et d innovation. Sur ce projet, nos studios Environnement, Paysages et Façades interviennent régulièrement ; en outre, nous nous sommes adjoint les compétences de médecins, avec des anesthésistes, des chirurgiens, des logisticiens qui ont été intégrés dans la réflexion. Quels sont les éléments qui concourent à améliorer le confort des patients? J.B. : Les éléments qui concourent au confort des patients concernent nos cinq sens. En tant qu architectes, nous nous occupons des vues 16 Perspective d'une chambre. Crédit : Asylum
Comment avez-vous imaginé les espaces extérieurs paysagers? J.B. : Aujourd hui, nous travaillons avec nos paysagistes aussi bien spécialisés en jardins verticaux qu en jardins sur terrasse. Nous avons également étudié le jardin exotique afin de clarifier nos idées et éviter toute erreur concernant les pollinisations. Nous souhaitons rester sur une variété de végétaux très méditerranéens. Même si l espace planté reste restreint, il s agit d un joli sujet que nous voulons particulièrement soigner. Le premier jardin qui sera le belvédère, est accessible à tout le monde. Au 5ème étage, le jardin panoramique plein Sud sera, quant à lui, accessible uniquement aux patients d hospitalisation. Nous retrouverons à cet étage également un espace avec un bassin et une grande terrasse pour les SSR, et, au tout dernier étage, un promenoir pour les VIP qui sera aménagé comme un deck, un pont de bateau de croisière. Dans quelle mesure ce projet s inscrit-il dans une démarche de développement durable? J.B. : Le développement durable est une priorité pour la Principauté. Nous avons choisi de travailler de nombreux sujets essentiels au projet. Le travail le plus important concerne l énergie. Nous allons notamment capter, échanger et utiliser l eau de mer pour la production de froid. La façade, agissant comme une ombrière, contribue grandement au confort d été en laissant circuler l air et filtrer les rayons du soleil. D autre part, nous utiliserons l énergie solaire notamment pour le préchauffage de l eau chaude sanitaire grâce à des panneaux en toiture. Le choix des matériaux contribue également à réduire l empreinte carbone du bâtiment. Bien qu étant un hôpital complètement numérique, nous nous attachons à ce que toute la technique puisse disparaître dans l architecture. Quel est le calendrier prévu? J.B. : Les travaux vont débuter au tout début de l année 2015 avec les installations de chantier et les travaux du socle pour que, d ici deux ans et demi, nous puissions démarrer la première phase de la superstructure hospitalière. Les autres phases se succéderont pour s achever en 2027. Quelle est l importance du phasage dans un projet d une telle ambition? J.B. : Le phasage est d autant plus capital que l hôpital doit maintenir la permanence des soins. La reconstruction du nouveau Centre Hospitalier Princesse Grace va s opérer en quatre étapes sur douze années. En outre, la Principauté de Monaco est particulièrement attentive à toutes les étapes de la construction et également au voisinage, qui ne doit pas être incommodé par les diverses nuisances. Quelle est la clé de la réussite d un projet comme celui-ci? J.B. : La réussite repose sur deux points importants : la confiance et la complicité. Rien n est facile et chaque problématique est une mise à l épreuve à laquelle nous devons répondre avec la plus grande vitalité, le plus d énergie et de pertinence possibles. Afin de prendre en compte tous les points de vue, nous privilégions la première année une politique de concertation active. Ce processus de dialogue, pendant les phases d études préliminaires et d avantprojet, permet de parvenir à des propositions fonctionnelles et techniques adaptées aux médecins et personnels du Centre Hospitalier. Maîtrise d Ouvrage, architectes, ingénieurs et utilisateurs s accordent en vue d un projet commun. Quelle vision avez-vous de l hôpital de demain? J.B. : L hôpital ne doit plus être pensé comme un établissement clos mais comme un lieu ouvert à la ville et à la prévention. La médecine de ville ayant du mal à exister, nous travaillons sur des centres de consultations déportés. C est la clé pour rapprocher la population de l hôpital et éviter le phénomène de «bobologie» aux urgences. L idée est de travailler les bonnes orientations et que l hôpital conserve sa dimension d excellence en mettant l accent sur la formation permanente et la recherche. En poussant à l extrême la réflexion, il s agirait de savoir si la place des urgences est véritablement au cœur de l hôpital ou si elles ne seraient pas plus utiles à proximité immédiate des zones accidentogènes fortes. L hôpital de demain sera un hôpital qui sait ce qu il fait et pourquoi il le fait, le tout sans redondance. La clé pour y parvenir repose sur un dossier «patients» complet. L autre écueil concerne la répartition entre l Etat et les collectivités locales. Un hôpital est décidé par l Etat mais il est implanté au sein d un territoire local. C est à la ville de se préparer à recevoir l établissement de demain. Il faudrait réfléchir davantage en filière et en réseau de soins. Perspective du hall d'accueil. Crédit Asylum 17
Génèse du projet Crédits : Asylum 18 Propos recueillis auprès de Pierre-Henri Montel, Architecte Associé, Vice Président Architecture, AIA Associés Pouvez-vous nous présenter le Lab AIA? Pierre-Henri Montel : Le Lab AIA est une démarche collaborative initiée au sein de l agence AIA Associés depuis deux ans et permettant d associer plusieurs compétences et d assumer plusieurs approches simultanées sur un même projet. Dans le cadre du nouvel hôpital de Monaco, nous avions diverses problématiques fonctionnelles liées, entre autres, à la route, au terrain, à l organisation des bâtiments ou à la répartition des différentes fonctions. En parallèle, nous avons mené un travail sur la spatialité et la plasticité du projet. Le Lab AIA est une manière de faire travailler des gens, qui ont une approche différente et complémentaire, pour aboutir à une réponse globale. Nous associons des jeunes et moins jeunes, avec ou sans expérience hospitalière, afin de compléter la réflexion purement fonctionnelle. L objectif du Lab AIA est d ouvrir le débat à des regards pertinents et complémentaires. Quel a été votre rôle lors du concours du nouvel hôpital de Monaco? P-H.M. : En compagnie de Pacôme Bommier, un jeune architecte de talent qui nous a rejoints récemment, nous avons complété la dimension sculpturale et urbaine sur la base du projet conduit par Jérôme Bataille et Daniel Pardo. Le premier travail fonctionnel a abouti à la répartition des différentes unités, au dévoiement de la route ainsi qu au schéma d organisation des différentes fonctions. A partir de cette étape, nous avons pu dessiner le bâtiment tel que nous le connaissons aujourd hui. Nous avons enrichi le projet par une approche plastique. La première équipe a donc travaillé sur les raccordements au niveau de la voirie et sur le positionnement du hall comme sol de référence afin d offrir une continuité avec l existant à Monaco, ce qui permettait d avoir une promenade au niveau du hall. Ce niveau zéro, par lequel les patients et visiteurs pénètrent dans le bâtiment, est ainsi parfaitement connecté à la ville. L idée était également de proposer un bâtiment coupé en deux et posé sur un socle avec, en partie inférieure, les voiries puis le niveau de référence d où partiront les niveaux supérieurs avec l hébergement. A partir de ce projet, une nouvelle démarche a été entreprise pour réfléchir à l aspect esthétique et formel du projet. Un projet est toujours le fruit d une histoire, nous avons analysé les projets passés sur ce site. L architecte ne travaille pas à partir d une table rase, au-delà du site et du programme, il travaille aussi avec l histoire. Pour le nouvel hôpital de Monaco, nos sources d inspiration, ont été le projet Vasconi ou encore un voyage à la Biennale d architecture de Venise en 2012 où l oeuvre d Aires Mateus m avait particulièrement marqué. En architecture, nous nous inscrivons dans une forme de continuité. Et donc pour nous, il y a aussi quelque chose de Venise dans ce projet monégasque.
dans la réduction des consommations énergétiques de climatisation car elle permet de mettre le bâtiment à l ombre et de laisser l air naturel circuler. Le travail du Lab AIA intègre aussi la dimension de l ingénierie en associant nos ingénieurs dès les premières esquisses, comme, par exemple, Eric Bussolino en charge de la dimension environnementale et énergétique du projet au sein d AIA Studio Environnement. Croquis Pierre-Henri Montel Comment l esquisse du nouvel hôpital est-elle née? P-H.M. : Il nous est apparu évident qu un vocabulaire néo-cubique ne convenait pas et la courbe s est imposée. A mon retour de Venise, je me suis inspiré de cette oeuvre pour lier les trois plots d hébergements avec des courbes puis ouvrir le bâtiment avec une grande voûte sur l espace d accès, à la manière d une robe dévoilant les chevilles. Après ces premiers dessins, nous avons créé les mouvements de la façade. Techniquement, nous l avons recouverte d une enveloppe, constituée d un assemblage de brise-soleil horizontaux suspendus, c est une trame à la géométrie complexe, formée de courbes et de lignes. Evoquant un drapé, elle se plisse par endroits et se soulève à d autres, en ménageant des ouvertures cintrées vers la mer à l horizon. Les vibrations de la lumière sur cette enveloppe blanche ondulante scellent le pacte entre l architecture et le site, elles révèlent l édifice qui semble léger et animé par le vent. Au-delà de son aspect esthétique, cette robe joue le rôle d une ombrière, un rôle thermique essentiel Comment avez-vous réfléchi à l intégration de l hôpital dans son site? P-H.M. : L intégration dans le site est le fruit de plusieurs réflexions. La première consistait à proposer un autre aspect qu un bâtiment purement vertical qui aurait été très haut. Ce projet part de l avenue Pasteur bas et dissocie le socle avec ses grands croisillons allongés portant la voirie avant d arriver au niveau zéro qui supporte le reste du bâtiment. Dans la région, il y a de nombreuses routes à flanc de montagne, qui sont soutenues par des arcades ou des murs de soutènement, et nous avons repris cet aspect pour notre socle qui accueille la voirie. Au niveau inférieur, l architecture n est ainsi pas de l ordre du bâtiment mais plus de l ordre du paysage et du soutènement. Le bâtiment proprement dit ne s exprime donc qu à partir du niveau de l entrée. La deuxième réflexion concerne une certaine «raideur» des bâtiments mitoyens plutôt cubiques. Dans ce contexte particulier, il était important d apporter de la douceur dans les volumes, les couleurs, et de jouer la continuité paysagère avec le jardin exotique se trouvant à l Est du bâtiment. 19