L utilisation entrepreneuriale des ERP dans la PME moderne marocaine



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Transcription:

Auteur : Ghani Raihane Statut : Jeune docteur - ATER UFR AES Université Montpellier1. Laboratoire : Montpellier Research in Management Adresse : UFR Administration Economique & Sociale Site Richter Avenue Raymond DUGRAND CS 59640 34960 MONTPELLIER Cedex 2 L utilisation entrepreneuriale des ERP dans la PME moderne marocaine Résumé : L'objet de cette recherche est de s'interroger sur la capacité de l'erp à faire évoluer le mode d organisation des PME marocaines. Les résultats de la recherche sont analysés à travers le prisme de l approche culturelle de D Iribarne en proposant un cadre typologique des spécificités culturelles des PME marocaines. Pour cela, nos investigations se sont basées sur une étude de cas engagée dans l adoption d un ERP. Mots clés : Typologie, Culture, PME marocaine, ERP.

L utilisation entrepreneuriale des ERP dans la PME moderne marocaine Résumé : L'objet de cette recherche est de s'interroger sur la capacité de l'erp à faire évoluer le mode d organisation des PME marocaines. Les résultats de la recherche sont analysés à travers le prisme de l approche culturelle de D Iribarne en proposant un cadre typologique des spécificités culturelles des PME marocaines. Pour cela, nos investigations se sont basées sur une étude de cas engagée dans l adoption d un ERP. Mots clés : Typologie, Culture, PME marocaine, ERP. 2

1- Introduction La modernisation du tissu entrepreneurial marocain, par la diffusion des TI, est considérée comme l enjeu majeur pour l avenir du pays. En favorisant de mettre en place un système d information moderne, la PME s inscrit dans une démarche dynamique de modernisation technologique et organisationnelle, notamment pour répondre aux exigences de marché en matière de qualité, de coût et de délais et développer de nouveaux processus métiers, afin de réaliser des gains de productivité. Aujourd'hui, les PME marocaines doivent répondre à de nouveaux défis en matière de performance. En effet, elles doivent faire face à présent à un marché très compétitif où le client devient de plus en plus exigeant et où le système d information s affirme comme un enjeu majeur. Tenant compte de ce constat et du retour d expérience des actions passées, le Ministère de l Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies/Département de la Poste, des Télécommunications et des Nouvelles Technologies (MICNT/DEPTNT) se penche actuellement sur la réalisation d'un plan stratégique «Maroc Numeric 2020» pour la période 2021-2020 qui vise à faire évoluer le Maroc vers une société de l'information. Ce plan accorde une grande importance au volet TI dans les PME et vise notamment le développement des systèmes d information afin de rendre ces entreprises plus productives et plus compétitives aussi bien sur les marchés locaux, nationaux qu internationaux. Ils sont conscients du rôle des TI, en l occurrence dont l ERP pour la modernisation compétitive des PME. Pour cela, le gouvernement et l ANPME se sont investis dans l accompagnement des organisations pour le déploiement et la mise en place de système d information au sein des PME à travers les programmes phares de l ANPME «MOUSSANADA» (Assistance) et «IMTIAZ» (Excellence) destinés à améliorer la compétitivité de la PME marocaine. Les programmes reposent sur la mise en œuvre de trois initiatives clés : Soutenir l informatisation des PME à fort enjeu PIB : L effort ciblera en priorité les PME à fort enjeu PIB. Ces dernières ont été identifiées sur la base de plusieurs critères : taille du secteur d activité et poids dans l économie marocaine, potentiel de gains de productivité et conditions favorables à la mise en œuvre. Pour ces entreprises, des solutions métiers telles que l ERP seront proposées en partenariat avec les associations professionnelles. Le choix des investissements en TI correspondant aux PME est assisté par des guides exposant bénéfices et coûts des différentes solutions métiers et répertoriant les fournisseurs de produits et services les plus adéquats. 3

Mobiliser les prescripteurs : La mobilisation des prescripteurs publics et privés (associations professionnelles, grands donneurs d ordre, intégrateurs, etc.) permettra de favoriser, de substituer et d accélérer l informatisation des PME : Il s agit, d une part, de s appuyer sur les associations professionnelles, cabinet de consulting, etc., pour la prescription des TI aux PME, et d autre part, de coopérer avec les grands donneurs d ordres pour encourager leurs PME fournisseurs à favoriser les échanges électroniques des données. Sensibiliser, encourager les PME à l usage des TI : La résistance au changement et la méconnaissance de la rentabilité de l investissement TI ont été déterminées comme les principaux obstacles à l informatisation des PME. Pour éviter ces obstacles, des formations TI adaptées et des actions de sensibilisation seront offertes dont notamment un programme national d initiation gratuite des dirigeants de PME aux TI. Par ailleurs, la réalisation du programme e-gouvernement 2020, et en particulier des services destinés aux PME, poussera davantage la PME à s informatiser. Aujourd hui les ERP sont en train de se développer au Maroc, les ambitions des entreprises marocaines ne pourront être réalisées que si elles introduisent massivement cette technologie dans leur fonctionnement. Cette technologie devra faciliter la mise à niveau des PME par l'accès aux bénéfices qu elle permet. Ainsi, les ERP apportent une réponse parfaitement adaptée aux attentes des PME, au moment où le ministère du Commerce et de l'industrie relance un nouveau programme de mise à niveau des PME. «Les PME marocaines sont confrontées à des exigences de performances de plus en plus élevées. Dans cette optique, les systèmes d'information ont un rôle clé à jouer. Cette solution clé en main va faciliter l'accès des PME aux ERP, et ainsi leur permettre de relever tous les défis, de la productivité à la performance en passant par la compétitivité». La présence de plusieurs intégrateurs et de cabinets de consulting, montre la demande des ERP sur le marché des PME. «Nous partageons avec SAP la même vision du marché PME, et il était donc naturel de combiner nos expériences au service des PME. Cette offre conjointe permettra de proposer aux PME une solution complète, parfaitement adaptée à leurs attentes et spécificités et ainsi de réussir dans les meilleures conditions leur mise à niveau», explique le directeur d un cabinet de consulting au Maroc. Les PME qui se développent et qui innovent sont, dans leur genèse, confrontées à deux moments clés : d abord la phase de création de l entreprise, où il s agit de définir l offre et de réaliser le positionnement initial de l entreprise, puis, plus tard, la phase de structuration de 4

l organisation (ex : l adoption d un ERP dans l entreprise pour assurer sa performance). Lors de la première étape, celle de naissance de l entreprise, la problématique est liée à l entrepreneuriat et à la tournée vers les marchés. Mais, L entrepreneuriat peut être aussi présent tout au long de la vie de l entreprise, et pas seulement durant les premières phases de son cycle de vie. Comme la note Covin et Slevin : «le domaine de l entrepreneuriat ne se limite plus dans un sens conceptuel de création d entreprise indépendante» (1997, p : 7) En revanche, la deuxième étape où l évolution s oriente vers la maturité de l entreprise, la problématique est celle de la dynamique entrepreneuriale de la PME. Nous allons ici nous intéresser plus particulièrement à ce second moment déterminant de la vie de la PME : la phase d évolution de son mode d organisation à travers l utilisation entrepreneuriale de l ERP. Récemment, nous avons vu apparaître des études de terrain qui portent sur l adoption de l ERP dans la PME. Ces recherches sont effectuées dans le contexte des pays développés. Notre recherchevise à étudier l adoption de l ERP dans les pays émergents et spécifiquement dans le contexte culturel Marocain. Les résultats de la recherche sont analysés à travers le prisme de l approche culturelle de D Iribarne à travers la proposition d un cadre typologique des spécificités culturelles des PME marocaines dans l optique de leur tendance culturelle en relation avec des critères organisationnels. Nous formulons ainsi notre question de recherche : Quelles sont les logiques d adoption des ERP dans les PME marocaines? 2- Cadre théorique : l approche culturelle Au cours des dernières années, les technologies de l information (TI) telles que les ERP auxquels correspond en français le sigle PGI (progiciels de gestion intégrés), offrent, au sein d une même architecture applicative, une intégration des données mobilisées par les différentes fonctions de gestion de l entreprise. Ils se caractérisent par des modules standard, c est-à-dire de transactions reconnues et des règles de fonctionnement communes aux utilisateurs d une entreprise (Kalika, 2009). Pour mieux comprendre l impact d un ERP sur l organisation, il faut prendre en compte non seulement les individus mais aussi le contexte de travail dans lequel ils sont et la façon dont ce contexte peut faciliter ou freiner le mode d organisation. Parallèlement, toutes les recherches en système d information convergent pour montrer qu une même technologie n aura jamais tout à fait le même impact, même dans des organisations proches. Cet impact va dépendre de l histoire, de la culture et la volonté des dirigeants (Jasperson, Cater et Zmud 2005). De nombreux chercheurs qui se sont focalisés sur le facteur culturel s accordent pour 5

dire que la culture joue un rôle dans l adoption de l ERP (Gulla et Molan, 1999; Coulianos, 2000; Boersma et Kingma, 2005 ; Zhang et al., 2005 ; Kappos et Rivard, 2008 ; Ke et Wei, 2008), sans aboutir à un consensus quant à son impact, et encore moins à des solutions permettant de faire du facteur culturel un atout (Saint-Léger et Beeler 2010). Krumbholz et al. (2000) par exemple, ont trouvé que la culture nationale n avait pas autant d impact que d autres facteurs, tandis que Shanks et al. (2000), Myers et Tan, (2002) et Chadhar et Rahmati (2004), ont conclu à l influence de la culture nationale sur l adoption des ERP. Pour mieux comprendre l impact de la culture sur l adoption des ERP, nous proposons d utiliser une lecture culturaliste qui vise à analyser les responsabilités de la culture dans la fabrication de l ordre social. Les faits culturels ne peuvent alors plus être étudiés comme des facteurs d assimilation à une entité sociale, mais comme des bases constitutives des situations sociales qui dirigent et qui délimitent les possibilités qu ont les acteurs pour agir (Calvez, 2009). (Douglas, 1978) admet de comparer des cultures en se basant sur des critères sociologiques explicites. L objectif de son projet est de construire théoriquement la ressemblance entre les modes d organisation de l expérience des anciens et des modernes. Elle se positionne ainsi dans une continuité entre l anthropologie et la sociologie. L apport de la technologie au lien social est sans doute d affirmer que ce lien est engendré par un contexte culturel. Les formes de contrôle social qui encadrent l action des individus, les types d autonomie que ces formes de contrôle leur laissent, le rapport aux règles, le rôle de l autorité, la manière de prendre les décisions, les modes de gestion des conflits, la manière dont l unité du corps social se combine à sa diversité, varient considérablement. Les différences ainsi observées incitent à ne pas s en tenir à des explications fondées sur des phénomènes d inertie institutionnelle. Certes, il est des domaines (tels le rôle des organisations de travailleurs) pour lesquels l existence de contraintes à caractère légal ou réglementaire permet d invoquer l influence de tels facteurs. Mais les différences entre pays ne sont pas moindres (ainsi la manière de gérer les rapports entre services ou de prendre une décision d investissement), là où cette influence est absente. Pour expliquer ces écarts, il est éclairant de faire appel aux différences culturelles qui affectent le sens que les acteurs donnent aux situations et aux actions. C est que le facteur culturel persiste comme facteur important pouvant expliquer la différence entre les modes de management. Suivant cette même logique. Adler et al. (1994) affirment qu il est probable que les organisations soient devenues plus similaires en termes de structure et de technologie. 6

L apport spécifique de la technologie ne se concrétise qu au fil du temps. Il prend corps à travers des interactions entre l organisation, les individus et les spécificités culturelles de diverses entreprises au sein desquelles la technologie s institutionnalise au cours du temps. 2.1 Les travaux culturels Les mutations récentes des conditions de travail et de la vie sociale au sein des organisations ont fait l objet de nombreuses recherches théoriques et empiriques explorant les différentes figures du processus de restructuration profonde par lequel passe actuellement la société en général. Plusieurs dynamiques à la fois démographiques et économiques contribuent à ces mutations telles l apparition de l économie du savoir, la révolution des technologies de l information (Castells, 2001) et tels les flux migratoires de la population augmentés grâce à l ouverture des frontières entre les Etats (Steinmueller, 2002). Bien que les modèles de management qui font référence soient les mêmes partout dans le monde, le rôle du pouvoir, le rapport aux règles, la façon de prendre les décisions, les relations entre les individus, les modes de gestion des conflits, etc., différent considérablement. Les diversifications ainsi observées incitent à ne pas s en tenir à des explications bâties sur des phénomènes d inertie institutionnelle. Assurément, il est des domaines (comme le rôle des organisations de travailleurs) pour lesquels l existence de contraintes d ordre légal ou réglementaire permet de noter l impact de tels facteurs. De même, plusieurs travaux sur le management interculturel convergent vers le constat selon lequel de tous les bouleversements sociaux contemporains, celui concernant la gestion des employés diversifiés du point de vue ethnoculturel et identitaire semble comme un nouveau défi pour les managers d aujourd hui (Chevrier, 2003). En effet, tous les chefs des entreprises multiculturelles reconnaissent que les enjeux correspondants aux ressources humaines sont généralement les plus difficiles à maîtriser. La puissante concurrence à laquelle se livrent les entreprises à l échelle mondiale, les impératifs de croître leur performance leur imposent souvent de chercher la main-d oeuvre qualifiée, ce qui les oblige à revoir leurs stratégies de dotation afin d attirer et de garder les travailleurs issus de différents milieux culturels. Dans ces conditions, il est d abord important de faire connaître l analyse des cultures nationales des individus. Plusieurs chercheurs du domaine se sont donnés comme but d aider les organisations à mieux gérer leurs personnels et à relever les défis liés aux relations interculturelles, en développant des outils et des instruments de gestion variés. Les études quantitatives de Hofstede (1980, 1991, 2001, 2003) et de Hall (1979, 1984, 1993) et les recherches 7

ethnographiques d Iribarne (1989, 2003, 2007, 2008) ont été parmi les premières à travailler sur la question de la différence culturelle au travail. Ce tableau ci-dessous montre une synthèse des principales approches d étude des entreprises multiculturelles. Tableau 1 : une synthèse des principales approches d étude des entreprises multiculturelles. Auteur Approche Définition de la Enjeux caractéristiques culture organisationnels Hofstede (1980, 2002, 2006) Comparative et multidimension nelle Programmation mentale Intégration individuelle dans le milieu Distance hiérarchique, Individualisme / Collectivisme, Contrôle de l incertitude, Masculinité / féminité, Dynamisme confucianiste Hall (1984, Bi- Système de Intégration Cultures 1993) dimensionnelle communication individuelle dans polychrones / Cultures le milieu monochrones La nature du contexte La dimension temporelle La dimension spatiale D Iribarne Historique et Système de sens Intégration Logique de l honneur (1989, ethnographique Noyau dur collective (noble / vil); 2003, Référents Intégration de Logique du consensus ; 2008) ultimes l'organisation Logique de contrat Repères dans le milieu ( free / fair ) principaux socioinstitutionnelle 2.1.1 L apport de l approche culturelle de D iribarne : 8

D Iribarne (1989, 2003, 2007, 2008,2009), a développé une approche absolument différente des autres approches culturalistes Hofstede (1980 ; 1991, 2002; 2004, 2006), Hall (1971, 1980,1990, 1994). Il note que les trouvailles de ces derniers nécessitent une bonne connaissance des cultures pour être expliquées d une façon correcte. «Si on veut tenir compte des finesses d une culture, il est nécessaire d adopter l approche classique de l ethnologue pour tenter de saisir chaque culture dans sa cohérence interne, avant d en entreprendre une classification raisonnée» (d Iribarne, 2000). Fidèle à cette méthode, il présente un bilan des travaux qu il a mené depuis une vingtaine d années sur l analyse comparée des cultures politiques et de leur effet sur le fonctionnement des entreprises. L approche de d Iribarne (2009) a étudié des cas d entreprises dans différents pays. Persuadé que les façons de gérer s inscrivent dans la culture nationale et que ce dernier est un contexte qui fournit un référentiel de sens, il cherche dans chaque société ce que permet de dégager les singularités constatés. Dans sa méthode d analyse, il essaye de comprendre la logique interne des formes de vie en société, l ancrage de ces formes de vie dans l histoire du pays et leur impact sur les modes de management des entreprises. Il a donc choisi l organisation comme lieu où les logiques et les formes de vie d une société se manifestent au jour le jour. D Iribarne postule l'existence de traits fondamentaux d'une société qui perpétuent à travers les siècles : l'histoire est construit comme fondamentalement continue, fondée sur la stabilité des traditions par des cadres d'interprétation ou de l intermédiaire de valeurs. Les référents qui organisent les logiques de liens sociaux sont tout aussi présents dans les situations de travail. L'entreprise déploierait des modalités de fonctionnement qui se conforment aux codes d'interprétation enracinés dans le contexte social plus large. La culture transportée à travers le parcours historique s'intègre au sein des pratiques de management de l'organisation. Dans plusieurs de ses livres, d Iribarne (1989, 2003, 2008, 2009) étudie le fonctionnement de trois filiales d une même entreprise localisées en France, aux États-Unis et aux Pays-Bas. En dépit d un mode de management à l américaine commun choisi par toutes ces filiales, il observe des différences significatives dans leurs façons de gérer. En se reposant sur des données de terrain et sur leur explication à la lumière de l histoire des pays, il relève des logiques culturelles qui s appuient sur des oppositions fondamentales réelles dans chacune des sociétés étudiées. Dans notre recherche, l étude de l adoption de l ERP dans les PME marocaines nécessite la compréhension de la société marocaine dont spécifiquement les valeurs qui dominent la culture marocaine 9

2.2 La culture marocaine La culture marocaine est très hétérogène et s est progressivement constituée au gré des occupations qu a connues le pays au fil de l histoire. Elle est composée d une alchimie peu commune de cultures dont certaines ont tout de même conservé quelques-unes de leurs spécificités. En fait, la culture marocaine est à la fois simple et complexe. Elle est simple dans la mesure où elle présente des caractéristiques marquantes qui la différencient clairement des autres cultures; elle est cependant composée en raison de l enchevêtrement en son sein de nombreuses sous-cultures présentant chacune des spécificités qui lui sont propres et qui peuvent être fort distinctes quand la sous-culture est comparée à d autres avec lesquelles elle cohabite dans le cœur de la culture marocaine. Des valeurs fondamentales animent la société marocaine d aujourd hui en dépit de sa grande diversité. Sans prise en compte de ces valeurs, tout essai de compréhension de la relation entre la culture nationale et la gestion marocaine serait une entreprise vaine et infructueuse. Cependant, les valeurs fondamentales qui caractérisent la société marocaine sont nombreuses nous nous limiterons ici à trois d entre elles qui nous apparaissent surtout importantes eu égard à l impact qu elles peuvent avoir sur les pratiques de gestion. Il s agit de la logique d allégeance, de la dimension de la solidarité familiale ainsi que de la dimension de la sacralité de la dignité (Allali, 2007 ; Abitbol, 2010 ; Bourqia, 2010). 2.2.1 La logique d allégeance Étant un pays musulman depuis plus de douze siècles, le Maroc est conduit par une représentation d'allégeance qui constitue l'un des fondements capitaux de l'islam. Le mot «allégeance» s entend ici dans le sens de soumission, d obéissance et de dépendance. Ceci n est guère surprenant si l on sait que le mot Islam lui-même est synonyme de soumission et d obéissance. Cela veut-il dire qu allégeance et Islam seraient la même chose? Sans aller jusqu à soutenir une telle communauté de sens, nous rappellerons que la soumission à Dieu implique certainement l allégeance à son messager porteur de son message révélé. Pour affirmer publiquement cette obéissance, les premiers musulmans devaient prêter allégeance au Prophète. Au Maroc, ces liens d'allégeance ont été renforcés par le régime monarchique depuis l'accession au pouvoir de la dynastie des Idrissides moins de deux siècles après le début de l'ère islamique. Étant pour la plupart des descendants du Prophète, les rois du Maroc ont toujours incarné l'image de «commandeur des croyants» faisant ainsi de l'allégeance non 10

seulement un acte formel de subordination volontaire, mais également et surtout une bénédiction de la règle religieuse. Au-delà de sa particularité formelle, l allégeance s étend à la vie en société et aux relations entre personnes. Des personnes se trouvent consciemment ou inconsciemment amenées à obéir à d autres, car elles symbolisent à leurs yeux la droiture et l intégrité nécessaires pour être obéies. Ainsi, tant et aussi longtemps que ces «leaders» agissent dans un sens jugé «juste» par les «suiveurs», ces derniers leurs doivent obéissance et loyauté. 2.2.2 La dimension de solidarité familiale La solidarité familiale se situe entre l individualisme et le collectivisme et consacre la priorité de la famille dans les préoccupations du Marocain.En effet, la majorité des Marocains ne peuvent pas être qualifiés d individualistes dans le sens de Hofsetede, dans la mesure où ils ne sont que rarement animés par leur intérêt personnel. Le caractère de collectivistes leur conviendrait même si ce n est pas tout à fait l intérêt collectif qui expliquerait la majeure partie de leurs actes. Les Marocains sont essentiellement mus par leurs intérêts familistes. Ainsi, la petite famille passe avant tout. En effet, ils peuvent travailler jour et nuit et s endetter pour assurer à leurs enfants une scolarité de qualité. Le Marocain est ainsi incontestablement prêt à tout pour sa famille. Certaines études ont en effet conclu que les gens de la région de Souss au sud du Maroc sont animés par un fort sens d affiliation à leur collectivité alors que les originaires de la région de Fès au nord sont plus autonomes ou plus individualistes (Mamou, 1985). Ainsi, la solidarité familiale est moins développée chez les Arabes et beaucoup plus développée chez les Berbères. Le sens de la famille dépasse même chez cette population le sens strict du terme (parents et enfants) pour contenir les membres de la grande famille. Il va même parfois jusqu à s entendre dans un sens plutôt proche de celui de tribu. 2.2.3 La dimension de sacralité de la dignité Le Marocain est très fier de sa dignité et tient obstinément à ce qu elle soit respectée quand bien même les apparences pourraient proposer le contraire. En effet, quand les conditions de son travail l amènent à faire des compromis à ce sujet, le Marocain chercherait la première occasion pour affirmer son attachement à sa dignité. Si cette dernière continue d être blessée, il pourrait chercher une compensation légitime ou illégitime pour rétablir le respect, du moins le sien, de sa dignité. Par contre, quand il est respecté, apprécié et valorisé, le Marocain ferait tout pour montrer sa reconnaissance et son dévouement. 11

La sacralité de la dignité quand elle n est pas respectée, peut amener le Marocain à chercher des voies de compensation, voire de revanche, comme l absentéisme, la démission, le sabotage, etc. L impact de ces valeurs culturelles sur le style de management va déterminer des formes d organisations différentes. 2.3 Typologie des spécificités culturelles des PME marocaines Nous avons mentionnée précédemment que la prise en compte de la culture nationale la grande diversité des recherches qui y ont été menées, nous présentons des travaux de recherches de celui de Hofstede, Hall et d Iribarne portant sur les différences culturelles. Ainsi, nous avons essayé d exposer les valeurs fondamentales qui caractérisent la société marocaines dans le but de montrer leur influence sur le style de management et la nature des rapports au travail des PME marocaines. Dans cette partie, nous étudierons les principales dimensions d émergence qui nous apparaissent les plus importants pour déterminer des diverses formes d organisation, avant de présenter les différents types des PME marocaines. 2.3.1 Les dimensions d émergence La plupart des chercheurs psychologues, sociologues et anthropologues définie la culture comme un système de comportements de la vie sociale transmis qui, sert à rapprocher ou à unir les communautés humaines. L anthropologie a été la première science à étudier le concept de culture. Dès 1871, Edward Tylor (1832-1917) présente une première définition scientifique de la culture : «ce tout complexe qui comprend la connaissance, les croyances, l art, la morale, le droit, les coutumes et les autres capacités ou habitudes acquises par l homme en tant que membre de la société». Dans cette approche objective et descriptive, le concept de la culture est exprimé comme l expression de la vie sociale de l homme en général. Elle est principalement acquise et collective à travers l histoire par la récursivité de l action. Tylor oppose l idée que la culture serait un héritage acquis d une manière inconscient, voire même figé et naturel dans la personnalité ou l esprit de chaque individu. Cette approche sera adopté après par plusieurs psychosociologues et aussi en sciences de gestion avec la définition de Schein (2010) de la culture d entreprise : «la structure (pattern) des valeurs de base partagées par un groupe, qui les a inventées, découvertes ou développées, en apprenant à surmonter ses problèmes d adaptation externe ou d intégration interne, valeurs qui ont suffisamment bien fonctionné pour être considérées comme opérationnelles et, à ce 12

titre, être enseignées aux nouveaux membres du groupe comme étant la bonne façon de percevoir, réfléchir et ressentir les problèmes similaires à résoudre». Cette définition a en général deux sens, le premier est anthropologique. Il a trait aux œuvres, aux modes de vie et aux savoir-faire. Le deuxième sens est plutôt sociologique et se réfère à l'idée de société et de civilisation. Les résultats des travaux menés dans ces deux domaines (anthropologie et sociologie) ont été largement appliqués dans le domaine du management des organisations. La notion de la culture d entreprise est largement étudiée par les chercheurs. En effet, depuis les années 80, plusieurs études ont essayé, à la fois, de définir ce concept et d identifier ses fonctions (Ouchi (1981) ; Quinn et Rohrbraugh (1983) ; Deal et Kennedy (1982) ; Schein (2010) ; Hofstede (1993) ; Parker (2000) ; Lewis (2002), Lee et Yu (2004)) Ils ont accordé beaucoup d'importance à ce concept, en le décrivant comme un vecteur d intégration des individus et des processus de changement, et souvent essentiel pour la performance de l'entreprise. Dans les années 1990, la culture avait été traité et s'est dirigée vers des approches quantitatives, à partir des études, qui ont conçus des outils de mesure afin d évaluer les différentes de la culture d'entreprise Dension (1996); survey of organizations). A l opposition de l'approche symbolique de l'étude de la culture d'entreprise qui considère la culture ne peut être étudié qu'à travers l observation et l interprétation et non pas par des instruments des mesurés. Le concept de culture d'entreprise s'est développé avec des entreprises multinationales et aussi avec l'émergence des entreprises asiatiques et plus précisément japonaises qui avaient remet en cause les modèles occidentaux. La propagation de ce concept tient aux succès des travaux de plusieurs auteurs, comme par exemple, Ouchi (1981), Hofstede (1986), Parker (2000), Cameron et Quinn (2006) et Schein (1985, 2010). La définition la plus fréquemment citée de la culture d'entreprise est celle évoqué précédemment de Schein (2010). Par ailleurs, la majorité des auteurs ont accordé à la culture d entreprise deux fonctions essentielles, à savoir l intégration interne et l adaptation aux changements externe (Schein (1991) ; Cameron et Freeman (1991) ; Carr (2000) Wilson (2001)). Alors que la fonction d intégration interne vise la création d un sentiment d unité par l obtention collective de résultats, la fonction d adaptation externe a pour principal objectif l établissement d un large consensus relativement au positionnement de l entreprise par rapport aux forces du marché. Plus précisément, «la fonction d intégration interne englobe la détermination des méthodes communicationnelles (la signification attribuée aux termes techniques), des critères 13

d appartenance à la communauté d accueil (l insertion et l exclusion des membres), des normes régissant l attribution du statut de chacun des membres (l acquisition, la conservation et la suppression du pouvoir), des règles structurant les relations sociales (le degré de familiarité permis entre les membres) et des comportements désirables et indésirables (le système de récompenses et de sanctions)» Gérard (2007, p : 51). Concernant, la fonction d adaptation externe, englobe l orientation stratégique de l entreprise à savoir : la planification des objectifs, les ressources opérationnelles disponibles pour parvenir aux objectifs, les indicateurs de performance et les mesures correctives (Schein, 1991). Toutefois, il existe deux approches de pensée sur l étude de la culture d'entreprise : l approche fonctionnaliste et l approche symbolique. Le premier, consiste à considérer l'entreprise à une culture qui, s exprime par les principes, les valeurs et les croyances. Dans ce sens, la culture peut être saisie soit comme une représentation philosophique ou une image générale de l entreprise, soit comme un élément variable interne de l'entreprise que l'on peut analyser dans des relations d'interaction avec d'autres éléments internes ou externes de l'entreprise. Alors que le second, vise à définir l'entreprise comme une culture, ou un construit social. Dans notre étude, nous avons privilégié le courant fonctionnaliste, car elle nous permet d'étudier, de mesurer et d'évaluer la culture d'entreprise et de l'analyser comme une variable qui peut impacter d'autres variables, et qui peut aussi être impactée à son tour. Campbell (1977), Rohrbaugh (1981), Smircich (1983), Wilkins et Ouchi (1983) et Quinn et Rohrbaugh (1983), Quinn (1988), ont été parmi les premiers à proposer des travaux, étudié les valeurs de l'entreprise. Ces travaux ont été s inspiré par Cameron et Freeman (1991) pour le développement d un modèle matriciel. Il dégage : 1) les valeurs fondamentales de l entreprise, 2) le style dominant de leadership 3) les bases relationnelles, 4) les orientations stratégiques. Cameron et Quinn (1999, 2006), ont aussi développé à la fois un modèle matriciel sur les valeurs concurrents de leadership. Il dégage :1) l orientation de l entreprise, 2) le style de leadership, 3) les valeurs de l'entreprise, 4) l efficacité. Néanmoins, les valeurs de l entreprise sont influencées, selon lui, par deux variables clés : les exigences de l environnement externe en matière de flexibilité ou de stabilité et l orientation stratégique interne ou externe de l entreprise. En effet, le type d environnement externe dans lequel l entreprise se positionne, avec des concurrents très dynamique, conditionne le dirigeant sera obligé de fonder sa stratégie sur la créativité et l innovation. L efficacité avec laquelle il réagira à la menace externe sera plus grande s il évolue déjà dans une culture 14

d entreprise ou s il arrive à encourager le développement de ce type de culture au sein de son équipe de travail (Ouimet, 2007). Nous supposons à l égard de ce qui précède que quatre dimensions majeurs déterminent les spécificités culturelles de l entreprise marocaines, à savoir les valeurs fondamentales, le style de leadership, les mécanismes de coordination et la structure de l organisation. Le choix de ces quatre facteurs ne suppose aucunement l exclusion d autres paramètres de type organisationnel d influence sur les spécificités culturelles des PME marocaines comme l orientation stratégique de l entreprise ou comme l efficacité. Toutefois, nous supposons que, toute chose égale d ailleurs, les valeurs fondamentales, le style de leadership, les mécanismes de coordination et la structure de l organisation semblent les facteurs d émergence les plus importants. Qui est plus est, nous entendons les valeurs fondamentales dans un sens large englobant les valeurs culturelles liées à l environnement interne de l entreprise et les valeurs de la culture nationale de pays liés à l environnement externe de l entreprise à savoir : la logique de l allégeance, la solidarité familiale et la sacralité de la dignité. 2.3 1.1 Les Valeurs fondamentales : Les valeurs sont communes à la grande majorité des marocains, leur mise en œuvre dans une perspective de gestion se trouve combinée aux spécificités des sous-cultures qui constituent la culture marocaine. De cette combinaison fondent des spécificités culturelles de l organisation marocaine assez variés la culture de groupe, la culture hiérarchique et la culture entrepreneuriale. Certains de ces cultures sont plus présents dans certaines sous-cultures. Ainsi par exemple, la culture entrepreneuriale se rencontre plus fréquemment dans le cas de gestionnaires Fassis alors que la culture du groupe conviennent davantage les Soussis. Mais en tout état de cause, quand les valeurs culturelles primordiales ne sont pas respectées et en particulier, le couple allégeance-dignité, l entreprise pourrait tirer des conséquences indésirables. 2.3.1.1.1 La culture de groupe : La culture de groupe peut avoir deux facettes, soit une culture clanique et tribale ou une culture familiale. Dans tous les cas, ces derniers fonctionne de la même façon, c est-à-dire, que le leader est le chef de la famille ou le chef de la tribu et les directives sont exécutés par les membres de cette culture, comme les ordres demandés par le père à ses enfants. Les membres de l organisation montrent un attachement envers la passion que le dirigeant fréquemment essaye de favoriser un bon climat de travail, qui est à la base d une bonne performance, en les incitant souvent à la participation de chacun dans l exécution du travail et 15

être à l écoute à ses salariés et s intéresse grandement à ce qui leur arrive. Précisément, la PME familiale considérée être au service de la famille et non le contraire, les considérations familiales l emportent largement sur celles d ordre organisationnel et Les éventuels conflits internes sont tranchés par l autorité familiale la plus écoutée. Ainsi, Les décisions familiales sont prises sans possibilité de recours surtout dans les PME contrôlées par des familles d origine berbère. La solidarité y est forte et dépasse même les frontières de la PME. Ainsi, un salarié sait certainement qu il peut compter sur l entreprise et son dirigeant en cas de problèmes même à l extérieur de l organisation. Le membre de l organisation est au centre des préoccupations des membres adhérant à ce type de culture. Cela ne veut cependant pas dire qu il n y a pas de démissions. En effet, il arrive que des salariés insatisfaits de leurs conditions quittent la PME pour aller ailleurs. Dans cette culture, La valeur de l allégeance est à la base du fonctionnement de la culture du groupe. Les liens d allégeance sont très forts. En effet, à l allégeance religieuse s ajoute l allégeance due au leader qui se trouve être souvent aussi le chef de famille ou considéré comme le chef de tribus. 2.3.1.1.2 La culture hiérarchique : La culture hiérarchique se caractérise par l application stricte des procédures et la formalisation du travail. Cette culture se focalise sur la stabilité interne. Elle donne beaucoup d importance à la formalisation des procédures de production, et surtout au contrôle et à la maîtrise des situations. Les règles doivent être appliquées à la lettre. Il n y a pas de place pour l interprétation des directives. Toutefois, le dirigeant est autoritaire en ce sens qu il conçoit le monde en tant qu entité composite obéissant à des normes de fonctionnement spécifique. En effet, il se comporte comme un autocrate. Ordres et contre-ordres, contrôle étroit, intervention dans toutes les tâches, Par conséquent, la dignité des employés n est pas toujours respectée. Le fait que le leader augmente le degré de contrôle est ressenti par les employés comme une exacerbation du manque de respect de leur dignité. A leur tour, ils essayent à trouver des voies d évitement de ces contrôles. Le dirigeant n évolue nullement dans un monde dépourvu de références culturelles. Il se doit de composer avec la réalité du monde qui les accueille. Ses actions s inscrit toujours dans une continuité historique. Autant l exercice de son style leadership vise à moduler les comportements et les habitudes des membres de leur communauté, autant les paramètres sociaux normatifs de celle ci conditionnent pareil exercice. D ailleurs, le dirigeant à la capacité de mettre en place des conditions favorables ou défavorables à l émergence d un certain type d expression culturelle. 16

Malheureusement, des valeurs de la culture marocaine ne sont pas respectées. En effet, l absence d une juste allégeance légitimée par celle du respect de la dignité des employés. 2.3.1.1.3 La culture entrepreneuriale : Les membres de la culture entrepreneuriale comprennent la réalité comme le résultat de l interaction de leur entreprise avec les forces hétérogènes de la concurrence. Les valeurs qui dominent dans ce type de culture est la valeur de changement, Ils croient que le changement est basé sur la saturation des marchés. Les membres de la culture fonctionnent d une manière collective en se basant sur la valeur de dialogue mais cela n empêche pas les membres d avoir une certaine autonomie et une performance individuelle dont la façon de leurs travaille. L entrepreneur ou le dirigeant dans ce type d entreprise est relativement jeune qui a fait ses études avancés à l étranger ou au Maroc. L entrepreneur a une personnalité équivoque, il est influencé par la culture occidentale et la culture marocaine. Il essaye d exploiter les deux cultures pour agir envers ses collaborateurs. Les membres de la culture entrepreneuriale répondent au leadership de l entrepreneur par leur production. 2.3.1.2 Style de leadership Le style de leadership de dirigeant fait strictement référence à des prescriptions normatives décrétées par des impératifs organisationnels (Ouimet, 2007). Les actions du dirigeant le produit d une dynamique psychologique propre à lui, laquelle s exprime tant sous une forme émotionnelle que sous une forme rationnelle. Certes, le dirigeant assume un rôle indispensable dans l évolution et l orientation culturelle de son environnement. Toutefois, son action ne saurait engendrer d automatismes. Elle s insère plutôt dans un système d échanges sociaux liés entre eux par de multiples boucles de rétroaction. Si le dirigeant possède la capacité à favoriser l apparition d un certain type d expression culturelle, donc il ne peut assurer la nature certaine de celle-ci. Par ailleurs, trois catégories ne peuvent de toute évidence traduire toute la complexité des forces structurantes de la culture marocaine. 2.3.1.2.1 Mentor et facilitateur Malgré le pouvoir absolu de dirigeant, son influence n est valide qu à l intérieur des cultures claniques (familiale ou tribale). Le dirigeant prend les caractéristiques d un père à l écoute de ses enfants. C est-à-dire, que le dirigeant est le chef de la famille ou il est considéré comme le chef de la tribu et les directives sont exécutés par les membres de cette culture, comme les ordres demandés par le père à ses enfants. Les individus se trouvent consciemment ou 17

inconsciemment à obéir ses ordres. Parce qu ils savent que le dirigeant est le garant du respect de leur dignité. Le dirigeant est à l écoute des salariés de son entreprise et s intéresse beaucoup à ce qui leur arrive. Évidemment, le dirigeant dominant et au même temps sensible aux réactions des autres, le chef se donne pour mission de protéger son clan ou sa famille des éléments nuisibles de l environnement externe. Un salarié sait certainement qu il peut compter sur l entreprise et son dirigeant en cas de problèmes même à l extérieur de l organisation. Le dirigeant est attentif aux membres de l organisation, il est à la fois capable de les inviter vivement à prendre une part active à la vie organisationnelle, et d instaurer un bon climat du travail, qui est la base de la performance au sein de l organisation. 2.3.1.2.2 Autocrate L autorité de dirigeant s exerce sur autrui grâce à son statut et son expérience dans le domaine. Son leadership provient de la place qu il occupe dans l organisation. L obtention de son poste est la plupart du temps le fruit de son expérience, de ses compétences et de son ancienneté dans le domaine ou tout simplement il est le prioritaire dirigeant de la PME. Son leadership se veut autoritaire en ce sens qu il conçoit le monde en tant qu entité composite obéissant à des normes de fonctionnement spécifique. En effet, le dirigeant se comporte comme un autocrate. Ordres et contre-ordres, contrôle étroit, intervention dans toutes les tâches, Par conséquent, la dignité des employés n est pas toujours respectée. Le fait que le leader augmente le degré de contrôle est ressenti par les employés comme une exacerbation du manque de respect de leur dignité. A leur tour, ils essayent à trouver des voies d évitement de ces contrôles. Malheureusement, les valeurs de la culture marocaine ne sont pas respectées. En effet, l absence d une juste allégeance légitimée par celle du respect de la dignité des employés. 2.3.1.2.3 Entrepreneur et innovateur Le décideur est un entrepreneur et un innovateur. Il soutient la création des nouveaux produits/services, son objectif à long terme est de favoriser la croissance et l acquisition des nouvelles ressources. L entrepreneur ou le dirigeant dans ce type d entreprise est relativement jeune qui a fait ses études avancés à l étranger ou au Maroc. L entrepreneur a une personnalité équivoque, il est influencé par la culture occidentales et la culture marocaine. Il essaye d exploiter les deux cultures pour agir envers ses collaborateurs. D une part, l entrepreneur montre sa dominance par l affirmation de soi à travers son dynamisme, et sa capacité à saisir les opportunités et parvenir aux résultats, et d autres parts, sa réaction affective envers ses collaborateurs pour monter son attachement à eux. 18

L entrepreneur est avant tout un homme d affaires dont la raison d être est enchâssée dans la notion même de profit. Il perçoit son environnement comme un réservoir de ressources qui doivent être exploitées. 2.3.1.3 Les mécanismes de coordination Pour chaque organisation, on trouve une répartition des tâches et une division du travail. En parallèle, il est indispensable de fonder un mécanisme de coordination qui garantit l'articulation entre les différentes tâches et individus. On croisant les différentes cultures définis avec les mécanismes de coordination proposés par Mintzberg (1990), nous aboutissons aux résultats suivants : 2.3.1.3.1 La supervision directe La culture de groupe se caractérise par l ambiance conviviale dans le lieu du travail, et le partage entre les individus. Le travail est défini et coordonné par le dirigeant au moyen de les mécanismes de coordination est la supervision directe assuré par le dirigeant elle-même. L objectif de l entreprise est de favoriser un bon climat de travail et créer le sentiment d appartenance à une communauté ou un groupe de travail. 2.3.1.3.2 La standardisation des précédés de travail La culture hiérarchique se caractérise par l application des procédures et la formalisation du travail. Elle donne beaucoup d importance à la formalisation des procédures de production, et surtout au contrôle et à la maîtrise des situations par la standardisation des procédés de travail : chaque poste de travail est défini en précisant les tâches que le salarié doit effectuer. 2.3.1.3.3 L ajustement mutuel La culture entrepreneuriale (ou adhocratique) est orientée vers la prise de risque et la favorisation de l accroissance et la réalisation des résultats à travers la maximisation de la production. Ses valeurs essentielles sont la productivité, la compétitivité, la rentabilité, la prise de décision rationnelle et la réussite. Le mécanisme de coordination dominant dans ce type de culture est l ajustement mutuel entre les membres de l organisation. 2.3.1.4 La structure de l organisation : Pour ces PME marocaines leurs configurations structurelles Mintzberg (1990) s appuient sur trois types à savoir : 2.3.1.4.1 Structure simple La culture de groupe s appuie sur une structure simple, car il y a très peu de standardisation. Le travail est défini et coordonné par le dirigeant au moyen de la supervision directe. Les salariés ont peu de pouvoir : ils sont là pour suivre les directives et les ordres, et ils se 19

trouvent consciemment ou inconsciemment à obéir les ordres. De dirigeant parce qu ils savent que le leader est le garant du respect de leur dignité. De plus, même la technostructure est existante, il est toujours limité par les ordres, les directives et les exceptions imposées par un dirigeant omniprésent. 2.3.1.4.2 Structure mécaniste La culture hiérarchique repose sur une structure mécaniste qui, fréquemment, n est pas propice aux activités entrepreneuriales. Dans une structure mécaniste le travail est basée sur des procédures préparées par des départements spécialisés, tel que le service de Ressources Humaines, le Service Qualité, le Service Contrôle de Gestion, qui tous élabore des systèmes de gestion, c'est-à-dire méthode de gestion des rémunérations, dispositif de formation, procédures de définition de poste, etc. 2.3.1.4.3 Structure adhocratique La culture entrepreneuriale repose sur une structure adhocratique, parmi les spécificités de ce type d organisation est de soutenir la création de nouveaux produits ou services. L objectif est de favoriser la croissance et l acquisition des nouvelles ressources. La manière suivie pour réaliser le travail n est pas définie en amont : elle est identifiée au fur et à mesure de l avancement du travail, qui repose sur le mécanisme de coordination d ajustement mutuel entre les membres de l organisation. 2.3.2 Les spécificités des PME marocaines Sur la base des quatre facteurs majeurs déterminent des spécificités culturelles des PME marocaines : les valeurs fondamentales, le style dominats de leadership, les mécanismes de coordination et la structure de l organisation, il est possible de distinguer trois types de pme marocaine dont la PME traditionnel, la PME autoritaire, et la PME moderne. Ce tableau cidessous décrit les différents types des PME marocaine avec leurs spécificités culturelles. 20