République Tunisienne Ministère de l Agriculture et des Ressources Hydrauliques et de la Pêche Direction Générale des Ressources en Eau SECHERESSES EN TUNISIE INDICATEURS ET GESTION Frigui Hassen Lotfi Ph.D. Hydrologue: Direction Générale des Ressources en Eau Ministère de l Agriculture et des Ressources Hydrauliques et de la Pêche MADRID 2010
Sommaire 1. Régime naturel de la Tunisie 2. Tendances globales 3. Indicateurs multiples 4. Système de prévention et de gestion de la sécheresse 5. Impact de la sécheresse 6. Adaptation et atténuation des effets des sécheresses 7. Planification et politique de l eau en Tunisie 8. Exemples des études stratégiques 9. Nouveaux défis Conclusions
1. Régime naturel de la Tunisie Localisation Longitudes : 7 et 12 Est Latitudes : 32 et 38 Nord Superficie : 164 000 km² Hétérogénéité climatique deux domaines climatiques bien opposés : Méditerranée (domaine tempéré humide ) Sahara (domaine tropical aride )
Une grande variabilité Inondations Tunis 2003 707 à 1640 : 25 Sécheresses et 8 inondations 1640 à 1758 : 0 Sécheresse et 3 Inondations 1758 à 1900 : 4 Sécheresses et 2 Inondations après 1900 : 20 Sécheresses et 16 Inondations
BIZERTE BEJA ARIANA MANOUBA TUNIS BEN AROUS JENDOUBA LE KEF ZAGHOUAN NABEUL SILIANA SOUSSE MONASTIR KAIROUAN MAHDIA Répartition de la pluie annuelle en Tunisie KASSERINE GAFSA SIDI BOUZID SFAX KERKENAH TOZEUR GABES JERBA KEBILI MEDNINE TATAOUINE
Caractéristiques statistiques de la pluviométrie moyenne annuelle en mm Région Moy. Max. Min. Cv Cs/Cv N Précision (%) Nord (Tunis -Manoubia) 456 807 220 0.27 1 119 2.5 (58-59) (47-48) (1887-2005) Centre (Kairouan) 305 Sud (Mednine) 154 642 107 0.39 2 91 (58-59) (50-51) (1915-2005) 550 37 103 0.52 4 (75-76) (35-36) (1903-2005) 4 5
Intensité de la sécheresse (%) Station Sèche déficit 30-50% Extrêmement sèche déficit > 50% Déficit % Tunis Manoubia 15 1 Kairouan 21 6 Mednine 13 12 52 (1947-1948) 65 (1950-1951) 76 (1935-1936)
2. Tendances globales Une première tendance globale sèche couvrant la première moitié de ce siècle coupée par des séquences humides plus au moins courtes jusqu en 1950 pour Tunis Manoubia et Kairouan et jusqu en 1968-69 pour Mednine; Une deuxième tendance globale humide plus au moins longue selon la station de 1950 à 1984 pour Tunis Manoubia,1950 à 1979 pour Kairouan et de 1968-69 à 1990 pour la station de Mednine; Une troisième séquence des années à tendance sèche coupée par des années plus au moins humides qu on est entrain de vivre actuellement. C u m u l d e s é c a rt s Indice de pluviosité 3 2 1 0 1885 1895 1905 1915 1925 1935 1945 1955 1965 1975 1985 1995 2005-1 -2-3 -4-5 -6 Tunis Manoubia Années Kairouan Mednine
Années de forte sécheresse 1867 (3S* ) BIZERTE BIZERTE BIZERTE BEJA ARIANA MANOUBA TUNIS BEN AROUS BEJA ARIANA MANOUBA TUNIS BEN AROUS BEJA ARIANA MANOUBA TUNIS BEN AROUS JENDOUBA ZAGHOUAN NABEUL JENDOUBA ZAGHOUAN NABEUL JENDOUBA ZAGHOUAN NABEUL LE KEF LE KEF LE KEF SILIANA SILIANA SILIANA SOUSSE MONASTIR SOUSSE MONASTIR SOUSSE MONASTIR KAIROUAN KAIROUAN KAIROUAN MAHDIA MAHDIA MAHDIA KASSERINE KASSERINE KASSERINE SIDI BOUZID SIDI BOUZID SIDI BOUZID SFAX KERKENAH SFAX KERKENAH SFAX KERKENAH GAFSA GAFSA GAFSA TOZEUR GABES JERBA TOZEUR GABES JERBA TOZEUR GABES JERBA KEBILI KEBILI KEBILI MEDNINE MEDNINE MEDNINE TATAOUINE TATAOUINE TATAOUINE 1937-1938 1947-1948 1960-1961 Années du riz Révoltes paysannes Années du riz Exode rural Exode rural *Sirocco Sauterelles Sécheresse Epidémies Famines Perte du cheptel
Années de forte sécheresse 1987-1988 et 1993-1994 BIZERTE BIZERTE BEJA ARIANA MANOUBA TUNIS BEN AROUS BEJA ARIANA MANOUBA TUNIS BEN AROUS JENDOUBA ZAGHOUAN NABEUL JENDOUBA ZAGHOUAN NABEUL LE KEF LE KEF SILIANA SILIANA SOUSSE MONASTIR SOUSSE MONASTIR KAIROUAN KAIROUAN MAHDIA MAHDIA KASSERINE KASSERINE SIDI BOUZID SIDI BOUZID SFAX KERKENAH SFAX KERKENAH GAFSA GAFSA TOZEUR GABES JERBA TOZEUR GABES JERBA KEBILI KEBILI MEDNINE MEDNINE TATAOUINE TATAOUINE 1987-1988 1993-1994 Pas de grandes conséquences socio économiques
3.Indicateurs multiples Climatiques (pluie(rn, SPI ), température, ETP, vent, Albédo) Hydrologiques et Hydrauliques (ruissellement, débit, qualité, niveau des barrages) Hydrogéologiques( niveau Piézométrique, débits des sources, forages et puits) Agronomiques (humidité du sol, pluie quotidienne, taux d ETP) Ecologiques (surface forestière et pastorale, NDVI) Socio-économiques 11
Irrégularité des apports - Les apports pluvieux Moyenne annuelle : 36 Milliards M 3 Apport maximum (1969-1970) : 90 Milliards M 3 Apport minimum (1993-1994) : 11 Milliards M 3 - Les écoulements: évaluation des bilans des eaux de surface 1977 1980 1985 1990 2000 2580 2630 2700 -Moyenne annuelle : 2700 Millions M 3 Ecoulement maximum (1969-1970) : 11 Milliards M 3 Ecoulement minimum (1993-1994) : 780 Millions M 3 -Nord: 736 Millions M 3 T = 30 ans -Centre et Sud: 44 Millions M 3 T = > 100 ans Ecoulement de base : 415 Millions M 3 < 150 Millions M 3 12
Extrême Nord écoulement synchrone coïncidence des tendances 1950-1968: une séquence de 4 années humides (50-53)et une séquence sèche (54-68) après 1969: tendance globale sèche entrecoupé par des périodes plus au moins humides de courte durée La station de Barbra Jouaouda présente une tendance représentative de variation d hydraulicité qui couvre une période sèche et une autre humide qui est représentative pour le calcul de l écoulement moyen interannuel s o m m e d e s é c a rt s /C v Courbe différentielle des valeurs cumulées de l'écoulement annuel 6 4 2 0 1945 1955 1965 1975 1985 1995 2005-2 -4-6 -8-10 -12 années Kebir Tabarka Zarga Barbra Jououeda Zitoun Gue Z Ain El Assel 13
Mejreda Écoulement synchrone Coïncidence des tendances 1950-1973: tendance globale humide Après 1973: tendance globale sèche Baisse des apports au niveau de Mejreda due aux effets climatiques défavorables et à la mobilisation des eaux de crue de barrage Ain Dalia so m m e des écarts/cv Courbe différentielle des valeurs cumulees de l'écoulement annuel 12 10 8 6 4 2 0 1945-2 1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005-4 -6-8 années Jendouba Ghardimaou Souk Ahras Ain Dalia Rarai Plaine Rarai Superieur 14
Caractéristiques statistiques des apports en Mm 3 Région Moy. Max. Min. Cv Cs R Précision (%) Nord 2286 6713 675 0.63 1.69 9.94 9.45 Centre 257 3415 35 1.92 6.19 97.6 28.6 Sud 204 2295 10 2.04 4.13 230 30.4 Tunisie 2747 11320 780 0.69 2.66 14.5 10.3
Apports en Mm 3 pour les différentes périodes de retour en période sèche Région 2 5 10 20 50 100 Nord 1940 1200 936 761 603 517 Centre 163 91 69 57 46 41 Sud 78 30 20 15 12 11 Tunisie 2330 1460 1140 931 742 637 16
4.Système de prévention et de gestion de la sécheresse 1 - Annonce de la sècheresse :par référence aux indicateurs météorologiques, hydrologiques et agricoles constatés dans les différentes régions, une annonce de sècheresse est établie par mémorandum circonstancié. 2 Alerte : cette annonce, qualifiée de note d alerte, est transmise au MARHP, qui propose un calendrier de plans d opérations à la Commission Nationale, qui est composée par des décideurs et des bénéficiaires. 3 Exécution des actions : la Commission Nationale est chargée de la supervision de l exécution de toutes les actions et opérations, en étroite collaboration avec les comités régionaux et les comités spécialisés. La Commission Nationale supervise également toutes les opérations lorsque la sècheresse est terminée. 17
- Une diminution de la pluviométrie des mois de septembre et octobre: premier indice d une sécheresse probable( température 30 à 35, vents sud ouest), - Conséquences: manque de pâturage, augmentation des prix des aliments pour bétail, desséchement des oliviers, report des travaux des premiers labours, absence des crues d automne, diminution des stocks des barrages. Événement climatique au départ S étend progressivement à tous les domaines où l eau transite Déclenchement de la préparation d un plan d opérations et de gestion Tous les types de sécheresse peuvent se manifester en Tunisie. 18
Octobre Novembre MINISTERE DE L AGRICULTURE ET DES RESSOURCES HYDRAULIQUES ET DE LA PECHE (MARHP) Plan de gestion de la Sècheresse COMMISSION NATIONALE CONTRE LA SECHERESSE Alerte Note de conjoncture Exécution de la Planification des actions Météo (précipitation température, anticyclones des Acores) INM Commission Régionale Contre la Sécheresse Commission Spécialisée Contre la Sècheresse Services hydrologiques Services des réservoirs et Barrages (débits entrants et Stockage) DGRE DGBGTH A1-A2 Exécution de la Planification des actions Services de l Agriculture (circonstances de la production) DGPA Services régionaux CRDA SECHERESSE Tous les opérateurs Septembre-Octobre BILAN Prévention de la première Année de la Sécheresse 19
Nécessité de trois étapes de gestion efficace - La pré-sécheresse (système permettant l identification des réserves en eau, stocks en semences, aliments pour bétail et programmes d intervention ), - La sécheresse, - L après sécheresse (préparation des différents secteurs économiques à surmonter les conséquences et réussir la relance de la campagne agricole de l année suivante, coordination, lois arrêtés, structures et comités nationales, sectorielles, régionales ) 20
5. Impact de la sécheresse Relation entre la production céréalière et la pluviométrie saisonnière de l'automne en Tunisie 30 Produc céréa, = 18,134Ln(P automne) - 64,328 R 2 = 0,6933 25 Production en Mqx 20 15 10 5 0 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 Pluie de l'automne en mm Déficit = 100 mm en automne déficit de 12,6 M de quintaux.
Relation entre la pluviométrie moyenne annuelle et la production d'olive P r o d u c t io n 1 0 0 0 T 2000 1600 1200 800 400 Produc, olive = 0,2897(PluvioN) 1,378 R 2 = 0,6433 0 0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 Pluviométrie annuelle en mm Déficit = 100 mm au cours de l'année N Une production d'olive à huile déficitaire de 264 Milles tonnes au cours de l'année N + 1.
6. Adaptation et atténuation des effets des sécheresses Œuvres et traditions ouvrages romains et arabes Techniques traditionnelles hydro-agricoles Tabias, Jessours, Meskats, Mgouds, Mejels, Diversification des activités, Nomadisme.
Mobilisation Des eaux de surface : barrages (29) barrages collinaires (223) lacs collinaires (825) Et des eaux souterraines : plus de 5000 sondages exploités 95 000 puits équipés
La régulation et le transfert Interconnexion des barrages et transfert vers les zones de développement ( canaux et conduites). Transfert plus de 500 km.
Recharge artificielle des nappes 70 60 59 67 63 65-1970-1990:Phase expérimentale - Depuis 1990 : Pièce maîtresse - Volume rechargé plus de 550 Mm 3 V o lu m e ( 1 0 6 m 3 ) 50 40 30 20 10 0 43 43 44 34 33 29 27 23 19 20 14 7 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Conservation des eaux et des sols Structures d épandage des eaux des crues, Banquettes, Cordons en pierres sèches, Reboisement etc Es = 5.7 Le - 1.7 S+ 3.8Hm - 6.8 F + 98 Es = 53 Le - 0.04 S -1.8 Hm - 19.2 F + 2160 Reboisement de 10% diminution de 70T/km²/an (Nord), 200T/km²/an(Centre-Sud) Le = 0.38 P + 0.12 Hm + 0.1596 F 116 Reboisement de 10% augmentation Le de 1.6 mm, Reboisement de 100% augmentation Le de 16 mm. Économie de l eau Minimiser les pertes, Nouvelles technologies, Choix des techniques d irrigation appropriées Choix des espèces culturales etc Taux de perte eau potable: 1990=30%, 2005=19% Dans le domaine agricole < 40%.
Ressources en eau non conventionnelle : 357 Mm 3 /an Eaux usées traitées (2007): 225 Mm 3 /an (63 %) Eaux de drainage (2005): 104 Mm 3 /an (29 %) Dessalement des eaux saumâtres (2005): 28 Mm 3 /an ( 8 %)
7. PLANIFICATION ET POLITIQUE DE L EAU EN TUNISIE Plans directeurs Nord, Centre et Sud (1970) début des années 1980: Tournant au niveau de la politique hydraulique Engagement massif de l Etat (politique actuelle et future) La mobilisation La gestion intégrée Les économies de l eau et la maîtrise de la demande La valorisation des EUT et dessalement pour l eau potable La protection (pollution, surexploitation des nappes) Le renforcement des institutions chargées de la gestion de l eau.
8. Exemples des études stratégiques La stratégie décennale de mobilisation des ressources en eau (1990 2000), La stratégie complémentaire (2001-2011) (à l achèvement 95% des ressources seront mobilisées), Eau 21- stratégie du secteur de l eau en Tunisie à long terme 2030 Étude du secteur de l eau: Orientations stratégiques du secteur de l eau(1999). Gestion de la sécheresse en Tunisie. Système Maghrébin d Alerte Précoce à la Sécheresse (SMAS) Système d Alerte Précoce pour la gestion des risques liés aux extrêmes climatiques et à l évolution du climat en Tunisie Projet PISEAU I (2003-2007) et PISEAU II ( 2009-2014 ) Étude de mise en œuvre du système d information National des Ressources en Eau (SINEAU) Étude relative à l actualisation des principales sources potentielles de pollution et mise en place d un réseau national de surveillance de la pollution hydrique. Changements climatiques: stratégies d adaptation thématique (agriculture, ressources en eaux, écosystèmes ) 30
10.Nouveaux défis (Mondialisation/Concurrence étrangère) et Changements Climatiques Augmentation moyenne annuelle de la température sur l ensemble du pays de 1.1 C en 2030. Accentuation de l augmentation de la température moyenne en 2050 de 2.1 C. Augmentation en 2030 de la fréquence et de l intensité des années extrêmes sèches. Baisse modérée des précipitations en 2030. Impacts des changements climatiques sur les Ressources en Eau - Diminution des eaux de surface de 5% en 2030 - Diminution de 28% des ressources en eaux des nappes phréatiques de forte salinité, des nappes aquifères non renouvelables en 2030
Forte variabilité et une grande irrégularité. Conclusions La ressource est à la fois rare et inégalement répartie dans le temps et dans l espace. La sécheresse phénomène fréquent et naturel (grande dimension spatio-temporelle) Indépendamment des changements climatiques, la récurrence de la sécheresse a permis l acquisition d une expérience riche en matière de gestion des périodes difficiles. La gestion future gestion des risques, est axée essentiellement sur la mobilisation des nouvelles ressources, l optimisation, l économie d eau, la valorisation et la rationalisation. Malgré l effort considérable de l État des nouveaux défis apparaissent (développement socio-économique, mondialisation, CC ). L impact de sécheresse sera de plus en plus sévère et une stratégie de gestion plus efficace est nécessaire avec le développement d un système d alerte précoce et le renforcement des capacités institutionnelles.