LE MODELE ISLM PERMET-IL D EXPLIQUER LA CRISE ACTUELLE?



Documents pareils
Dans une année, il y a 12 mois. Dans une année, il y a 52 semaines. Dans une année, il y a 4 trimestres. Dans une année, il y a 365 jours.

Les mécanismes de transmission de la politique monétaire

Table des matières. Le long terme Partie II. Introduction Liste des figures... Liste des tableaux...

2015 et l investissement en actions : la prise de risque est-elle justifiée?

Informations générales 1 er trimestre Inform La politique monétaire dans le piège des taux bas

Quel est le "bon" système de Bretton-Woods?

Qu est-ce que la croissance économique? Quels sont ses moteurs?

Exercices Alternatifs. Une fonction continue mais dérivable nulle part

Exercices Alternatifs. Une fonction continue mais dérivable nulle part

L accumulation de réserves de change est-elle un indicateur d enrichissement d une nation?

Accès au crédit des PME : quelles leçons tirer du rapprochement des données d enquête et des données de bilan?

Baromètre PME Wallonie Bruxelles : Quatrième trimestre 2013

POINTS DE REPÈRE SUR LA FÉVRIER 2015 PRODUCTIVITÉ EN FRANCE

Les questions relatives aux finances publiques, longtemps réservées aux spécialistes, sont

Economie Générale Initiation Ecole des Ponts - ParisTech

Baromètre France générosités- CerPhi Evolution des dons des particuliers et du profil des donateurs & 2011

Les difficultés économiques actuelles devraient demeurer contenues à moins que les tensions financières s amplifient

Détention des crédits : que nous enseignent les évolutions récentes?

La Lettre de l IMSEPP

Qu est-ce que la compétitivité?

Eco-Fiche BILAN DE L ANNEE 2012 QUELLES PERSPECTIVES POUR 2013? 1

RAPPORT SUR LE COMMERCE ET LE DéVELOPPEMENT, 2013

France et Allemagne : deux moteurs aux régimes distincts

ATELIER : Comment expliquer l instabilité de la croissance économique?

1. Une petite économie ouverte dans un monde de capitaux parfaitement mobiles

«Quelle fiscalité pour le capital à risque?»

L assurance des travaux d installation d une

La formation en deux phases

Le multiplicateur monétaire (de crédit) : hier et aujourd'hui

OSEO EXCELLENCE SONDAGE JUILLET Thème : CONJONCTURE ECONOMIQUE EXTENSION & REBRANDING OSEO CAPITAL PME ECONOMIE : FRANCE ALLEMAGNE

TABLE DES MATIERES. iii

LA BANQUE CENTRALE EUROPEENNE DOIT-ELLE INTERVENIR POUR AIDER LES PAYS DE LA ZONE EURO A SORTIR DE LA CRISE ACTUELLE DES DETTES SOUVERAINES?

Crédit hypothécaire : croissance durable

BILAN ÉCONOMIQUE PRÊT-À-PORTER FÉMININ 1 ER SEMESTRE 2014

Le courrier publicitaire adressé en Belgique Chiffres clés de Janvier à Juin 2010

Investissements et R & D

OBSERVATOIRE DE L EPARGNE EUROPEENNE

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

SITUATION FINANCIÈRE DE L ASSURANCE CHÔMAGE

L outillage du Plan de Continuité d Activité, de sa conception à sa mise en œuvre en situation de crise

Endettement, insolvabilité et prêts hypothécaires en souffrance : la situation québécoise

Le Québec en meilleure situation économique et financière pour faire la souveraineté

Le SMI. Chapitre Les origines historiques du SMI actuel Avant la première Guerre mondiale : l étalon or

IMMOBILIER D ENTREPRISE CROISSANT OUEST POINT SECOND SEMESTRE 2013

[ les éco_fiches ] Situation en France :

QUELLE DOIT ÊTRE L AMPLEUR DE LA CONSOLIDATION BUDGÉTAIRE POUR RAMENER LA DETTE À UN NIVEAU PRUDENT?

Cet article s attache tout d abord

la Banque de France, mars. C. Bordes, «La politique monétaire» chapitre II de «Politique économique» ellipse.

Organisation des Nations Unies pour le développement industriel

Nouveau Barème W.B.F. de points de victoire 4 à 48 donnes

Guide de configuration d'une classe

EPFL TP n 3 Essai oedomètrique. Moncef Radi Sehaqui Hamza - Nguyen Ha-Phong - Ilias Nafaï Weil Florian

Bonne tenue de l activité au premier semestre 2009

BASE DE DONNEES - MONDE

L impact macroéconomique des crises bancaires

I) Le diagnostic externe

Nom Prénom :... Mon livret de stage

ECONOMIE GENERALE LA POLITIQUE ECONOMIQUE DE L ETAT

PRODUCTION DE L ENERGIE ELECTRIQUE

Réduire la dette publique, une priorité?

À LA RECHERCHE DES CANAUX PERDUS : TRAPPE À LIQUIDITÉ ET CRISE BANCAIRE

Qu est-ce que l adaptation au changement climatique?

I) Evolution de la demande d emploi mensuelle

Quelle est la place de l Union Européenne dans l économie globale?

Point d actualité. Conseil Economique, Social & Environnemental Régional. Séance plénière 2 février 2015

La Fnac progresse en 2013 : Résultat opérationnel courant en progression de 13% Résultat net positif

DÉCLARATION SYNDICALE INTERNATIONALE POUR LA RÉUNION DES MINISTRES DU TRAVAIL ET DE L EMPLOI DU G20

La Situation du Marché de l Emploi Informatique en Belgique

Logistique, Transports

Répondre aux nouveaux enjeux de la filière automobile française. Dossier de presse

Chapitre 4 Comment s opère le financement de l économie mondiale?

L OBSERVATOIRE DES CREDITS AUX MENAGES

Observatoire Crédit Logement / CSA du Financement des Marchés Résidentiels Tableau de bord trimestriel 1 er Trimestre 2013

CONGRES MONDIAL 2010 PARIS. Thème proposé par le groupe français. L assurance obligatoire Mythes et réalités juridiques et économiques

SDIS 84 PROJET INFOGERANCE PROCEDURE. Procédure

La culture financière des Français

Compte d exploitation Assurance vie collective.

Conjoncture Filière cheval N 17 Novembre 2014

L assurance française : le bilan de l année 2012

Pour les principaux résultats de cette étude, découvrez notre résumé. Tous les tableaux et les chiffres se trouvent dans le rapport complet.

Rachat d actions : les raisons d un engouement

CDC Entreprises présente son étude annuelle : Le capital investissement dans les PME en France

la voie bilatérale reste la meilleure option

Si la source se rapproche alors v<0 Donc λ- λo <0. La longueur d onde perçue est donc plus petite que si la source était immobile

Partie 2 : Qui crée la monnaie?

Quels enseignements de l expérience française ( )

Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l emploi

Les perspectives mondiales, les déséquilibres internationaux et le Canada : un point de vue du FMI

FONDS DE PLACEMENTS IMMOBILIERS SUISSES

CUSTOM SOLUTIONS SA RAPPORT DU CONSEIL D ADMINISTRATION SUR LA GESTION DU GROUPE. Sociétés Forme Pays d immatriculation

LE COMMERCE EXTÉRIEUR CHINOIS DEPUIS LA CRISE: QUEL RÉÉQUILIBRAGE?

NOTE DE POSITION DE LA SOCIETE CIVILE CENTRAFRICAINE

Une entreprise plus saine

Observatoire du fait religieux en entreprise Synthèse des résultats de l étude 2014

Options, Futures, Parité call put

MATTEO CACCIATORE LA MACROÉCONOMIE

Rapport sur le commerce et le développement, 2011

La crise de Lionel Artige. Introduction à la Macroéconomie HEC Université de Liège

Aide à la décision : Technologies et indicateurs pour le Marketing et la Communication

Transcription:

LE MODELE ISLM PERMET-IL D EXPLIQUER LA CRISE ACTUELLE? Flash éco Natixis 13 octobre 2011 N. 760 I- LES PRINCIPALES CONCLUSIONS DU MODELE ISLM Une politique budgétaire expansionniste, sans modification de la politique monétaire, conduit à une.. de la demande et de la production. La production augmentant, la demande de monnaie., et pour rééquilibrer l offre et la demande de monnaie, il faut une.. du taux d intérêt qui affaiblit la demande privée (effet ) ; il faut comprendre le fait qu on décrit ainsi le fait que l expansion budgétaire sans modification de la politique monétaire conduit à une hausse de la dette publique, d où la hausse des taux d intérêt pour que ce supplément de dette soit détenu par les investisseurs. Une politique monétaire. (hausse de l offre de monnaie) conduit à une.. du taux d intérêt pour rééquilibrer l offre et la demande de monnaie; la. du taux d intérêt stimule la de biens et la production. A long terme, la production ne peut pas augmenter puisqu elle est égale à la production potentielle ; le taux d intérêt ne peut pas baisser, puisque s il baisse il y a hausse de la demande ; la hausse de l offre de monnaie conduit alors seulement à une hausse proportionnelle du prix. Mais tant qu il y a sous-emploi, le rééquilibrage entre l offre et la demande de monnaie peut se faire par les variations du taux d intérêt, sans variations du prix. 1) Replacer les trous dans le texte par les termes manquants 2) Pourquoi, en situation de sous-emploi, une hausse de la demande ne se traduit pas par une hausse des prix? II- LES POLITIQUES ECONOMIQUES MENEES DANS LE MONDE DEPUIS LE DEBUT DES ANNEES 2000 Regardons donc l équilibre économique du monde en dehors des périodes de crise (2000-2001 ; 2008-2009 ; à partir du 2ème trimestre 2011). Le graphique 1 montre la politique budgétaire du monde, et les graphiques 2a/2b/2c montrent la politique monétaire du monde.

3) A quelles périodes peut-on considérer que la politique budgétaire dans le monde a été expansionniste? Plutôt restrictive? 4) Comment caractérisiez-vous la politique monétaire suivie dans le monde depuis le début des années 2000? III- QUELLES ONT ETE LES CONSEQUENCES DE CES POLITIQUES? 5) Caractérisez la situation économique mondiale lors des périodes de politiques économiques «expansionnistes», puis lors des périodes de politiques économiques «restrictives» 6) Les résultats trouvés sont-ils cohérents avec ceux du modèle ISLM?

7) La masse monétaire a augmenté à la suite de politiques monétaires expansionnistes, mais peu les prix. Comment l expliquer? 8) Lors des phases de politiques budgétaires expansionnistes, les taux d intérêt n ont pas augmenté, contrairement à ce que montre l effet d éviction. Comment l expliquer? IV- LE MODELE ISLM ET LES CRISES ECONOMIQUES DEPUIS LE DEBUT DES ANNEES 2000 Les crises surviennent en 2000-2001, 2008-2009, depuis le 2ème trimestre 2011 (graphique 3 plus haut). Pour les comprendre, il faut compléter le modèle ISLM en y introduisant : 1. Un effet de l endettement public. Quand le taux d endettement public devient très élevé, que la solvabilité budgétaire n est plus assurée, les investisseurs demandent des taux d intérêt très élevés pour détenir la dette publique ; la politique budgétaire devient inefficace car les effets d éviction de la demande privée deviennent importants avec la hausse des taux d intérêt. C est clairement la situation aujourd hui dans les pays en difficulté de la zone euro, où l activité recule avec la hausse des taux d intérêt et la nécessité d arrêter la hausse de l endettement public.

9) Pourquoi, en période de crise, les politiques budgétaires expansives ne fonctionnent-elles pas? 2. Un effet de l endettement privé (des ménages et des entreprises, graphique 10), qui commence à reculer avec le désendettement depuis 2009. Lorsque le taux d endettement privé devient trop élevé, la politique monétaire expansionniste devient inefficace, puisqu elle ne peut plus générer un supplément de crédit. Ceci s est clairement produit en 2000-2001 et depuis 2008 (graphique 11), particulièrement bien sûr dans les pays de l OCDE. Il y a trappe à liquidité si l offre de monnaie est tellement abondante qu il faut une hausse supplémentaire très forte de l offre de monnaie pour faire baisser les taux d intérêt. Le monde est sans doute aussi aujourd hui aussi dans une trappe à liquidité (graphique 12a), toujours en raison de la situation dans les pays de l OCDE (graphique 12b). 10) Pourquoi peut-on considérer que nous sommes en période de trappe à liquidité?

Si on part du modèle keynésien le plus simple (IS-LM) et qu on lui ajoute un effet de l endettement public (sur l ampleur de l effet d éviction) et de l endettement privé (sur l efficacité de la politique monétaire en plus de l effet de trappe à liquidité), on comprend bien les caractéristiques de l économie mondiale : - croissante forte en dehors des crises ; - absence d inflation avec le sous-emploi et malgré la politique monétaire très expansionniste ; - malgré la politique budgétaire expansionniste, taux d intérêt à long terme faibles avec l expansion monétaire, d où, en dehors des crises, la hausse des prix des actifs ; - crises dues, en 2000-2001 et depuis 2008 à l excès d endettement public, mais seulement dans certains pays de l OCDE (Europe du Sud), pas au niveau mondial. RESUME Dans ce modèle : - une politique budgétaire expansionniste soutient la demande, mais fait monter les taux d intérêt, sauf si les déficits publics sont financés par la création monétaire ; - une politique monétaire expansionniste soutient la demande, fait baisser les taux d intérêt (fait monter les prix des actifs), et n a pas d effet sur l inflation. Les limites des politiques économiques expansionnistes sont atteintes : - en ce qui concerne la politique budgétaire, quand le taux d endettement public est si élevé qu il rend l Etat insolvable ; la hausse des taux d intérêt (d où l effet d éviction de la demande privée) devient alors très forte ; - en ce qui concerne la politique monétaire, quand le taux d endettement du secteur privé le rend insolvable ; la politique monétaire expansionniste n a plus alors d effet sur la ; le monde est aussi proche d une trappe à liquidité.