Eléments de réflexion sur l amélioration génétique des caprins au Maroc

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Transcription:

L Eleveur N 16, Avril 2008 Eléments de réflexion sur l amélioration génétique des caprins au Maroc Ismaïl BOUJENANE Département de Productions et de Biotechnologies Animales Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II 1. Introduction Par son effectif relativement important, l élevage caprin au Maroc joue un rôle socioéconomique non négligeable. Le cheptel caprin est constitué d un petit nombre de races ou de populations locales souvent hétérogènes, mais bien adaptées aux conditions de leur habitat. Cependant, les performances de reproduction et de production réalisées sont faibles (Belhassan, 1976 ; Boudiab, 1981 ; Boujenane, 2005). Cette faiblesse est due au fait que le cheptel caprin est souvent conduit de façon extensive et il n a pas bénéficié d un vrai programme d amélioration, à l instar des espèces bovine et ovine. Le but de cet article est d esquisser une ébauche d un programme d amélioration génétique des caprins au Maroc, qui sera la base d un plan national de grande envergure. 2. Généralités sur les caprins L effectif des caprins au Maroc est d environ 5,14 millions de têtes, dont 22,6% sont des mâles et 77,4% des femelles dont 57,1% sont âgées de 2 ans et plus (DPAE, 2004). Les zones DPA regroupent 69,9% du cheptel. Avec cet effectif, le Maroc occupe la 13 ème place à l échelle mondiale. La population caprine marocaine est constituée presque en totalité de races ou populations locales (Bourfia, 1989). On peut citer la race noire de l Atlas et de l oriental, la race Draâ ou D man du sud, la population de l arganeraie du Souss et la population Rahali du Haut-Atlas. On constate que le nombre de races identifiées est très limité, au moment où dans un cheptel de 5 millions de têtes, plusieurs dizaines de races auraient pu être identifiées si les études de caractérisation des ressources génétiques caprines locales on été menées. A côté des races pures locales, il y a les caprins dits «communs», en l occurrence la population du nord ou population Fnideq qui est issue des brassages génétiques entre les caprins de races locales et certaines races espagnoles. Ces animaux jouissent d un gabarit important et de caractéristiques laitières apparentes. De même, durant les dernières années, des élevages caprins laitiers se sont développés autour des grands centres urbains. Ils sont composés en majorité de races améliorées pures d origine importée telles que les races Alpine, Saanen et Muciana Granadina. L objectif de ces élevages est de produire du lait utilisé pour la fabrication de fromage. 1

Par ailleurs, la quantité de viande produite par les caprins au Maroc était de 20000 tonnes en 1999. La consommation de viande caprine était en moyenne de 1,1 kg/habitant/an. 3. Niveau de performances Les caprins au Maroc n ont pas fait l objet d études régulières et continues. Les quelques études individuelles qui s y sont intéressées ont été menées dans le cadre de projets bien précis. D un autre côté, la race noire de l Atlas, qui constitue 80% des caprins du Maroc, n a pas été étudiée en station. Son potentiel de production et de reproduction n a pas été apprécié à sa juste valeur. Les performances qui ont été rapportées étaient issues d enquêtes auprès des éleveurs et, par conséquent ne sont pas très précises. En revanche, la race Draâ a été étudiée en station et des données quantitatives ont été enregistrées et publiées (Ezzahiri et Ben Lakhal, 1989 ; Hossaini-Hilali et Mouslih, 2002). Il ressort de ces études que les races caprines marocaines ont des performances faibles, qu il s agisse des performances laitières ou de croissance. Quant aux performances de reproduction, elles sont jugées correctes pour chaque race dans son habitat naturel. La synthèse de ces travaux montre que les chevreaux mâles de la race noire de l Atlas pèsent 1,37 kg à la naissance, 5,22 kg à 90j, 18,3 kg à 1 an et 27,0 kg à l âge adulte ; les chevreaux femelles ont un poids de 1,25 kg à la naissance, 4,53 kg à 90j, 13,9 kg à 1 an et 17,0 kg à plus de 2 ans. Le taux de mortalité entre la naissance et 90j des chevreaux est en moyenne de 23,4% (Boujenane, 2005). Le taux de fertilité et le taux de prolificité des chèvres noires sont respectivement de 92,5% et 102%. Les mises bas s étalent sur toute l année, surtout de décembre à avril (68%) avec 30% en mars (Boujenane, 2005). La chèvre noire produit en moyenne 31,5 kg de lait (Belhassan, 1976) et la chèvre du nord (Fnideq) entre 63 et 126 kg (Hacib et Zafati, 1981). Le taux protéique du lait de la chèvre noire est de 4%, alors que son taux butyreux varie de 4,2% à 6,2% (Hossaini-Hilali et Benlamlih, 1995). La production de poils chez la chèvre noire est en moyenne de 0,31 kg, variant entre 0,25 et 0,40 kg (Belhassan, 1976 ; Boudiab, 1981 ; Chami, 1982 ; Benazzi, 1987). En station, les chevreaux de race Draâ pèsent 2,3 kg à la naissance et 10,3 kg à 90 jours. Leur poids à 6 mois est de 14,3 kg et leur poids adulte est de 30 kg. Le taux de mortalité des chevreaux entre la naissance et 90j est de 11,8% (Ezzahiri et Ben Lakhal, 1989). Les taux de fertilité et de prolificité des brebis Draâ sont respectivement de 88,9% et 158% et l intervalle entre mises bas est de 9 mois. La taille de portée à la naissance varie de 1 à 3 avec, 36,0% des simples, 57% des doubles et 7% des triplés. Les chèvres de race Draâ mettent bas durant toute l année avec une grande concentration des mises bas de décembre à mars (54%). La quantité de lait produite est en moyenne de 142 litres pendant 5 mois de lactation (Ezzahiri et Ben Lakhal, 1989). 4. Amélioration génétique des caprins 2

Devant cette situation, caractérisée par la faiblesse des performances des caprins au Maroc, un programme d amélioration s impose. La 1 ère initiative à prendre, avant toute autre chose, est l encadrement des éleveurs en vue de l amélioration du mode de conduite de leurs troupeaux (reproduction, alimentation, prophylaxie, bâtiments d élevage ). Une fois les conditions d élevage améliorées, il est nécessaire de caractériser les différentes races ou populations afin de connaître leurs performances réelles pour chaque caractère économiquement important (reproduction, croissance, engraissement, lait ). Quoi qu il en soit, les races ou populations caprines existantes peuvent être réparties en deux grandes catégories : - Les races destinées à la production de viande. Elles regroupent la race noire de l Atlas et de l oriental et les caprins de l arganeraie. - Les races destinées à la production de lait. Elles incluent les caprins du nord et les races pures laitières d origine importée. Une fois que le potentiel génétique de chaque race est atteint à travers l amélioration des conditions d élevage, on procède à l amélioration génétique pour augmenter ce potentiel encore plus. A ce propos, on peut utiliser, selon les conditions, soit la sélection ou le croisement. En principe, la décision définitive quant à la méthode d amélioration génétique à adopter ne pourrait être prise que si les paramètres génétiques et les paramètres de croisement ont été estimés. 4.1. Amélioration génétique des performances de croissance L amélioration des performances de croissance des caprins de race noire de l Atlas et de l oriental et la population de l arganeraie peut se faire par sélection. Cette méthode peut être également appliquée pour améliorer les aptitudes laitières des mères en vue d en faire de bonnes chèvres allaitantes. Or pour réussir ce programme de sélection, l organisation des éleveurs et la mise en place d un contrôle de performances sont nécessaires. Quelques grandes zones peuvent être retenues dans un premier temps, la zone du Moyen Atlas, du Haut Atlas et de l oriental pour la race noire, et la zone du Souss pour les caprins de l arganeraie. Le contrôle de croissance peut être démarré chez certains éleveurs de ces grandes zones afin de collecter les informations suivantes : - Numéro du chevreau - Race du chevreau - Numéro du père (s il est connu) - Numéro de la mère - Nom ou numéro de l éleveur - Numéro de mise bas de la mère - Date de naissance du chevreau - Sexe - Mode de naissance (simple, double ) - Date de la pesée - Poids à la pesée - Date de mortalité Ces informations, collectées tous les 21 jours, seront utilisées pour le calcul des poids aux âges-types 10, 30 et 90 jours et les GMQ10-30 et GMQ30-90. La base de données qui sera 3

constituée servira à la détermination des facteurs de l environnement qui influencent les différents caractères et l estimation des paramètres génétiques et phénotypiques nécessaires pour une évaluation génétique et pour le choix des meilleurs reproducteurs. L autre méthode qui pourrait être utilisée pour améliorer la croissance et la qualité de carcasses des chevreaux est le croisement industriel. Cependant, ce croisement ne sera pas appliqué chez les caprins de l arganeraie qui ont l aptitude à grimper sur les arbres, car cela risque de leur faire perdre cette aptitude. En revanche, il sera appliqué sans crainte chez la race noire de l Atlas et de l oriental qui est destinée en premier à la production de viande et dont les effectifs sont importants. Actuellement, à l échelle internationale la race de croisement industriel par excellence est la race Boer d origine Sud-africaine. Elle améliore les performances de croissance et la qualité de carcasses des chevreaux croisés. L introduction de cette race peut être faite à travers l importation des boucs vivants ou des doses de semences qui seront utilisées en insémination artificielle. 4.2. Amélioration génétique de la production laitière La race Draâ semble avoir une production et des aptitudes laitières plus prononcées que celles des autres races locales. Elle est donc indiquée pour qu elle joue le rôle de la race laitière locale par excellence. Cependant, si sa production de lait a été estimée, la composition de son lait ne l est pas encore. Or pour la transformation du lait et la fabrication du fromage, la connaissance du taux butyreux et surtout du taux protéique est essentielle. L autre population qui pourrait faire l objet d une amélioration des performances laitières est la population caprine du nord. Là également, on n a aucune idée sur les performances laitières de cette population. La 3 ème population qu on pourra inclure dans la catégorie destinée à la production laitière est le groupe des races laitières d origine importée. Il existe au Maroc des élevages composés des races Alpine, Saanen et Murciana-Granadina. Ces troupeaux pourront jouer le rôle de troupeaux de multiplication qui vont assurer l approvisionnement des autres élevages en animaux de remplacement. L amélioration des performances laitières des chèvres de race Draâ, de la population du nord et des races laitières d origine importée pourrait être faite par sélection. Pour cela, il est nécessaire de mettre sur pied un contrôle laitier pour détecter les meilleurs animaux. Ce contrôle pourrait être réalisé chez les éleveurs intéressés de chaque grande zone d élevage. Chez les caprins, le contrôle concerne essentiellement la quantité de lait, le taux protéique et le taux butyreux. Les informations à enregistrer sont les suivantes : - Numéro de la chèvre - Race de la chèvre - Numéro du père (s il est connu) - Numéro de la mère - Nom ou numéro de l éleveur - Date de mise-bas - Numéro de lactation 4

- Nombre de traites par jour - Nombre de chevreaux allaités - Date de sevrage des chevreaux - Quantité de lait - Date de tarissement Le contrôle laitier chez les chèvres laitières est presque identique à celui pratiqué chez les vaches laitières, avec des différences mineures. L une d entre elles concerne la durée de la lactation. Ainsi chez les chèvres, la lactation peut débuter juste après la période colostrale ou après la période d allaitement des chevreaux. Plusieurs types de contrôles laitiers peuvent être appliqués : A4/B4/C4/E4, A5/B5/C5, A6/B6/C6, AT4/BT4/CT4/DT4. Le contrôle laitier de référence est le contrôle A4. Il consiste en la pesée du lait obtenu à chaque traite réalisée en 24 heures par un agent agréé. La régularité des visites est de 4 semaines, avec un intervalle toléré allant de 28 à 34 jours. La quantité de lait, exprimée en kg, doit être mesurée en utilisant un instrument dont la précision est de 20 g. Un échantillon de lait est prélevé pour l analyse du taux butyreux et du taux protéique. Cette analyse doit se faire sur le même échantillon qui est issu du mélange des laits de chaque traite. En l absence de l allaitement, le contrôle ne peut pas commencer avant le 10 ème jour après la mise bas. En cas de l allaitement, le contrôle ne doit pas débuter avant le 40 ème jour après la mise bas. Dans ce dernier cas, on néglige la période de l allaitement et la production est estimée à partir du 40 ème jour après la mise bas. La période de la lactation prend fin si la durée de lactation maximale est atteinte, si la chèvre a cessé de produire du lait ou si elle produit moins que 0,2 kg/jour ou moins de 0,05 kg/traite. Le contrôle laitier d une chèvre ou du troupeau peut être interrompu pour une période n excédant pas 75 jours. L interruption peut aller jusqu à 100 jours dans le cas d une restriction vétérinaire. Pour estimer la lactation, un minimum de trois contrôles est nécessaire. La quantité de lait par lactation est calculée par la méthode de Fleischmann (comme chez les bovins laitiers). La durée de lactation est au minimum de 150 jours et au maximum de 240 jours. Lors d un contrôle laitier, les valeurs minimales et maximales tolérées sont : - Lait : minimum : 0,3 kg ; maximum : 30,0 kg - Taux butyreux : minimum : 2,0% ; maximum : 9,0% - Taux protéique : minimum : 1,0% ; maximum : 7,0% 4.3. Multiplication des races pures d origine importée par croisement Pour augmenter l effectif d une race pure d origine importée (Boer, Alpine, Saanen ), en partant de chèvres de races locales, il est nécessaire de pratiquer le croisement d absorption ou de substitution. Son principe consiste à accoupler les boucs (ou utiliser les semences) de la race pure d origine importée avec des chèvres de races locales. Les femelles croisées produites à chaque génération sont accouplées à leur tour aux boucs de la même race améliorée. De génération en génération, la proportion du sang de la race améliorée augmente chez les produits de croisement. A partir de la 4 ème 5 ème génération, les animaux obtenus 5

sont indiscernables de ceux de la race pure d origine importée. Cela prendra une dizaine d années, mais c est une solution peu coûteuse pour acquérir un troupeau d une race pure quelconque sans passer par l importation. Il est recommandé que la race locale à utiliser dans ce croisement soit d un grand effectif pour éviter sa disparition ou son extinction. 5. Conclusion Le Maroc possède un grand cheptel caprin. Malheureusement, ses performances de croissance et de production laitière sont faibles. Des programmes de caractérisation et d amélioration génétique des performances des races locales marocaines doivent être mis en place pour donner à cette espèce la place qu elle mérite au sein de l élevage marocain. Références Belhassan M.M. 1976. Caractéristiques du troupeau caprin en extensif. Analyse du système actuel de la production caprine et les voies de son amélioration dans une vallée du Haut Atlas occidental. Mémoire de 3 ème cycle Agronomie, IAV Hassan II, Rabat Benazzi S. 1987. Caractérisation de l élevage dans un village du Haut Atlas occidental (vallée de Rhéraya). Thèse de Doctorat Vétérinaire, IAV Hassan II, Rabat Boudiab A. 1981. Contribution à l étude du système de production animale sur parcours dans la région de Ouarzazate. Mémoire de 3 ème cycle Agronomie, IAV Hassan II, Rabat Boujenane I. 2005. Small Ruminant Breeds of Morocco. In: L. Iniguez (Ed.) "Characterization of Small Ruminant Breeds in West Asia and North Africa. Vol. 2: North Africa". ICARDA, Aleppo, Syria. pp. 5-54. Bourfia M. 1989. Caractéristiques distinctives des populations caprines marocaines. Séminaire de l ANPA, Ouarzazate Chami M. 1982. Productions animales et systèmes alimentaires des troupeaux du Haut Atlas occidental (vallée de Rhéraya). Mémoire de 3 ème cycle Agronomie, IAV Hassan II, Rabat DPAE. 2004. Enquête Elevage. Effectifs des bovins, ovins et caprins, octobre novembre 2003. MADRPM, Rabat. Ezzahiri A., Ben Lakhal M., 1989. Performances de la chèvre D Mane élevée en station au Maroc. Maghreb Vétérinaire 16 (4) : 29-32 Hacib M., Zafati M. 1981. Etude de l élevage caprin dans la région de Chaouen. Mémoire de Fin d Etudes, ENA de Meknès Hossaini-Hilali J., Benlamlih S. 1995. La chèvre noire marocaine. Capacités d adaptation aux conditions arides. Animal Genetic Resources Information 15 : 51-56. Hossaini-Hilali J., Mouslih Y., 2002. La chèvre Draa. Potentiel de production et caractéristiques d adaptation aux contraintes de l environnement aride. Animal Genetic Resources Information 32 : 49-56. 6