L organisation des plantes (1/2)

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Transcription:

L organisation des plantes (1/2) Les feuilles des Crassulaceae (ici la joubarbe Sempervivum montanum) servent au stockage de l'eau (adaptation à la sécheresse) Les pommes de terre sont des tiges modifiées pour stocker des réserves nutritives. Comme toute tige elles portent des bourgeons ("yeux") Les plantes à fleurs ont un appareil végétatif composé de trois parties: racine, tige et feuilles. feuilles alternes feuilles opposées Schéma d'une plante: racines (en noir, ici fasciculées, avec plusieurs racines partant d'un même point), tige (en marron), feuilles (en vert) et fleur (en bleu). Les stolons sont des tiges aériennes à croissance horizontale et qui produisent des clones de la plante mère Cas d'une plante à tige souterraine ou rhizome (en marron) et tige aérienne; les racines (en noir) sont dites "adventives" (néoformées sur la tige) La racine. Le plus souvent souterraine, elle assure la fixation au sol ainsi que l absorption de l eau et des éléments minéraux nécessaires à la croissance. Elle est en pivot (une seule racine verticale) ou bien fasciculée. Parfois, elle sert aussi au stockage des réserves (cas de la carotte). La tige. Généralement aérienne, elle porte les bourgeons qui assureront la croissance, la ramification et la floraison. Elle assure le port érigé de la plante et le transport des éléments nutritifs (sèves). Elle peut être grêle et herbacée ou bien rigide et lignifiée (bois) chez les arbres et les arbustes. La feuille. C est l organe principal de la photosynthèse et de la transpiration. Elle comprend généralement deux parties: le limbe et le pétiole. Le limbe est une lame aplatie et parcourue de nervures qui conduisent les sèves. Sa forme, son découpage et sa nervation varient suivant les espèces et constituent des critères de reconnaissance. Le limbe est divisé en folioles dans le cas des feuilles dites "composées". Le pétiole, parfois absent, rattache la feuille à la tige. La phyllotaxie désigne la disposition des feuilles sur la tige. Elles peuvent, par exemple, être groupées par deux et se faire face (feuilles dites "opposées") ou bien être isolées et en disposition régulière et spiralée autour de la tige (feuilles dites "alternes"). limbe pétiole stipules nervures Organisation générale d'une feuille et exemple des dispositions "alterne" et "opposée" lancéolée sagittée ovale obovale orbiculaire pédalée pennatilobée cordée palmée paripennée imparipennée Quelques exemples de la diversité des formes des limbes des feuilles. En marron, le pétiole; en vert foncé, exemples de feuilles "composées"

L organisation des plantes (2/2) Deux gentianes : Gentianella campestris (à gauche, hémicryptophyte) et Gentiana nivalis (à droite, une des rares thérophytes alpines) Les narcisses (Narcissus poeticus, famille des Amaryllidaceae), exemple de plante cryptophyte à bulbe Le botaniste danois Christen Raunkiær (1860-1938) a classé les plantes par rapport à leur stratégie de A 50 cm a Plantes pérennes (vivaces) Plantes annuelles B b c A. Phanérophytes (arbres, arbustes de plus de 50 cm) B. Chaméphytes arbrisseaux (a), arbrisseaux prostrés (b), plantes ligneuses à la base (c) C. Hémicryptophytes en rosette (d), en touffe (e) D. Cryptophytes (ou géophytes) à rhizome (f), à bulbe (g) E. Thérophytes (les graines assurent le passage de la mauvaise saison) d Les principaux "types biologiques " définis d'après la position des bourgeons en hiver (en rouge). En noir, les parties pérennes d'une année à l'autre; en pointillés, les parties qui meurent l'hiver. Etymologie des termes: "phanéro", visible; "chamae", nain; "hémi", à moitié; "crypto", caché; "théro", été. Philippe Danton C e f D g E passage de la mauvaise saison hivernale. Cette classification se fait en fonction de la position des bourgeons durant l'hiver. Les phanérophytes sont les arbres et les arbustes de plus de 50 cm. Leurs bourgeons ne sont pas protégés du gel par le manteau neigeux, ce qui est une des raisons de l'absence d'arbres à l'étage alpin. Les chaméphytes sont des sous-arbrisseaux dont les bourgeons bénéficient de la protection de la neige. De nombreuses plantes en coussins des montagnes sèches (voir la rocaille "montagnes espagnoles") sont ligneuses à leur base et appartiennent aussi à cette catégorie. Les hémicryptophytes ont leur(s) bourgeon(s) situé(s) au niveau du sol, que la plante forme une rosette de feuilles (cas du pissenlit) ou une touffe (cas de nombreuses Poaceae ou Cyperaceae). Les cryptophytes (aussi appelées géophytes) ont leurs bourgeons enfouis et ainsi protégés du froid sous la terre (geo en grec). Les bourgeons sont situés sur les rhizomes (tiges souterraines) ou sur les bulbes qui ont accumulé des réserves pour la reprise de croissance de l'année suivante. Les thérophytes sont les espèces annuelles. Elles passent la mauvaise saison sous forme de graines hautement résistantes à la sécheresse et au gel. Prédominantes dans les zones arides, les espèces annuelles sont quasi absentes en domaine alpin, en raison du caractère trop aléatoire de la reproduction sexuée en haute altitude.

La notion de plante alpine (1/2) La dryade à huit pétales (Dryas octopetala, famille des Rosaceae), exemple de plante arctico-apine Les gentianes (ici Gentiana acaulis, famille des Gentianaceae), exemple de plantes venues des régions himalayennes ADRET 1100 m 2400 m 1700 m Sud 3000 m Etage NIVAL Mousses et lichens Etage ALPIN Pelouses alpines Etage SUBALPIN Forêts de résineux Etage MONTAGNARD Forêts mixtes Nord 2900 m Etage COLLINEEN Forêts de feuillus UBAC 2200 m 1500 m 900 m Un étagement de la végétation avec l'altitude. La végétation des montagnes est répartie en étages qui abritent des formations végétales caractéristiques. La limite supérieure de l étage subalpin marque la limite naturelle (sans intervention de l homme) des forêts. Elle est située au voisinage de 2300 m d altitude dans les Alpes. Plus haut, on entre dans l étage alpin où les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles à mesure qu on s élève en altitude en raison de la baisse des températures moyennes, de l augmentation du rayonnement solaire, des vents violents, etc. Cette limite subalpin/alpin varie entre 0 m d'altitude dans les zones polaires et plus de 4000 m en régions tropicales. Une plante alpine désigne, pour les biologistes, une espèce qui pousse à l étage alpin, dans les Alpes ou dans une autre montagne. Largement conditionnée par le froid, la limite s élève avec le réchauffement climatique, mettant en péril les espèces qui poussent aux plus hautes altitudes. Les plantes du Jardin alpin du Lautaret sont des plantes des étages subalpin et alpin. Des origines multiples pour la flore des Alpes. La flore actuelle résulte d'une colonisation initiée il y a environ 10 000 ans après le retrait des glaciers. Les principales influences sont issues des régions méditerranéenne, centrasiatique (notamment himalayenne) et arctique. Dans ce dernier cas, l'alternance des glaciations/déglaciations a contribué à de nombreux échanges de flores, d'où de nombreuses espèces de plantes, appelées arctico-alpines, communes entre Alpes et régions arctiques. Les voies de colonisation de l arc alpin: 1, méditerranéenne; 2, centrasiatique; 3, arctique Les campanules (ici Campanula alpestris, famille des Campanulaceae), exemple d'origine méditerranéenne

La notion de plante alpine (2/2) Androsace helvétique (Androsace helvetica, famille des Primulaceae), plante en coussin des rochers du Galibier (vers 2800 m) Saule nain des hautes altitudes (Salix serpyllifolia, famille des Salicaceae) ayant un port prostré, conservé au Jardin Vitamine C, micromol/mg chlorophylle Température ( C) Différence de températures entre la surface d'une plante en coussin et à deux mètres de hauteur (chez le silène acaule) 5 4 3 2 1 0 25 20 15 10 5 0 à la surface du coussin plantes alpines à 2 mètres de hauteur 9 12 15 18 Heure de la journée (été) plantes de plaine 1 2 3 4 5 6 Différences des teneurs en vitamine C chez trois plantes alpines (1, soldanelle; 2, homogyne; 3, renoncule des glaciers) et trois plantes de plaine (1, seigle; 2, pissenlit; 3, renoncule âcre) Des adaptations morphologiques. La petite taille est de règle chez les plantes alpines, ce qui permet de profiter de températures moins froides près du sol qu'à 1 ou 2 m au-dessus. Elle permet aussi une protection par le manteau neigeux en hiver et elle limite l'action mécanique de la neige et du vent qui cassent les tiges et les branches. La forme en coussin est emblématique de l'adaptation aux conditions extrêmes: le coussin fonctionne comme un piège à chaleur et sa forme géométrique expose le moins de surface possible avec l'extérieur, limitant ainsi les pertes de chaleur (et d'eau). La pilosité des plantes est une autre adaptation: elle forme un écran qui protège du froid, de la sécheresse et des rayonnements en excès. Les systèmes racinaires présentent aussi des adaptations, comme la présence d'un long pivot chez les plantes en coussin. Des adaptations physiologiques. Les plantes alpines synthétisent des molécules (sucres, protéines antigel) qui protègent les membranes de leurs cellules des effets du gel. Elles maintiennent aussi leurs liquides cellulaires en surfusion, c'est à dire à l'état liquide jusqu'à des températures de -40 C. Pour lutter contre le stress oxydatif induit par l excès de rayonnements (lumière et UV), les plantes accumulent des antioxydants, notamment la vitamine C. Ces adaptations sont le fruit d'une longue évolution. Elles sont pour partie inscrites dans le patrimoine génétique des espèces et pour partie dépendantes des conditions environnementales (acclimatation). Organisation de l'androsace helvétique, exemple de plante en coussin avec long pivot racinaire L'edelweiss (Leontopodium alpinum, famille des Asteraceae), exemple de plante couverte d'un duvet protecteur

Les relations interspécifiques (1/2) Bugrane du mont Cenis (Ononis cenisia, famille des Fabaceae), exemple de plante fixatrice de l'azote atmosphérique Pédiculaire à toupets (Pedicularis comosa, famille des Orobanchaceae), exemple de plante hémiparasite azote minéral de l'air (N2) azote organique (protéines) nodosité (bactéries Rhizobium) racines Schéma de la symbiose entre les Fabaceae (Légumineuses) et les bactéries hébergées dans les nodosités de leurs racines mycéliums du champignon sucres (carbone organique) CO 2 (carbone minéral de l'air) O2 algues unicellulaires Schéma d'un lichen avec le mycélium du champignon (traits marrons) et les algues unicellulaires (vert) Les plantes entretiennent plusieurs types de relations entre elles et avec d'autres organismes (bactéries, animaux). En voici quelques exemples. La symbiose. Il s'agit d'une association durable entre deux organismes leur permettant de vivre avec des avantages réciproques. Ainsi, les sainfoins, lotiers, astragales, bugranes, trèfles et les autres plantes de la famille des Fabaceae abritent dans leurs racines (au niveau de nodosités) des bactéries (Rhizobium) pouvant utiliser l'azote de l'air. Elles le transforment en azote organique (acides aminés et protéines) qui alimente la nutrition azotée de la plante. De même, les lichens sont issus d'une symbiose entre un champignon qui assure la résistance contre la sécheresse et une algue qui assure la synthèse des sucres par la photosynthèse (utilisation de l'énergie lumineuse). Le parasitisme. Il s'agit d'une relation de spoliation plus ou moins importante. Dans le cas de l'hémiparasitisme (pédiculaires, rhinanthes, bartsie, etc.), une plante puise l'eau et les sels minéraux au niveau de la sève (racines ou tiges) de la plante hôte, mais elle demeure verte et capable de faire la photosynthèse (synthèse des sucres). Dans le cas de l'holoparasitisme (cas des orobanches et des cuscutes), la plante a perdu la capacité de faire la photosynthèse: elle puise non seulement l'eau et les sels minéraux, mais aussi la matière organique dans la sève de son hôte. racines (suçoirs) du parasite racine de l'hôte Hémiparasitisme eau et sels minéraux + matière organique racine de l'hôte Holoparasitisme plante chlorophyllienne (verte) eau et sels minéraux plante non chlorophyllienne racines (suçoirs) du parasite

Les relations interspécifiques (2/2) Facilitation: l'alchémille (feuilles découpées) profite du microclimat favorable au sein d'un coussin de silène acaule Compétition entre la fétuque paniculée (grandes herbes) et les autres espèces des pelouses du col du Lautaret enzymes (protéases) azote organique (acides aminés) feuille de pinguicule insecte La carnivorie. Les plantes carnivores vivent dans des milieux humides peu oxygénés et pauvres en azote indispensable à la synthèse des acides aminés et des protéines. La solution trouvée par ces plantes consiste à piéger au niveau de leurs feuilles (les pinguicules et les droséras ont des feuilles collantes) des insectes qui sont ensuite digérés par des enzymes produites par les feuilles. Les acides aminés libérés sont alors absorbés par les feuilles et permettent de synthétiser les protéines de la plante. Les relations de facilitation et de compétition. Il s'agit de relations qui ne revêtent pas un caractère indispensable comme dans le cas Insecte digéré au niveau des feuilles collantes de la grassette Pinguicula vulgaris (famille des Lentibulariaceae) du parasitisme et de la symbiose où les plantes ne peuvent pas vivre sans leur hôte (parasité ou symbiotique). Ici, les plantes entretiennent des relations qui affectent leur compétition la plante poussait moins bien avec ses voisins facilitation la plante poussait mieux avec ses voisins absence d'interaction la plante pousse de façon identique avec ou sans voisins croissance de façon positive (facilitation) ou négative (compétition). Dans le cas de la facilitation, une plante profite de l'environnement d'une autre qui lui assure un microclimat favorable (protection contre le froid, la sécheresse, l'excès de rayonnement lumineux, etc.). Dans le cas de la compétition, les plantes sont en concurrence pour la lumière, l eau ou les sels minéraux, plante avec végétation avoisinante plante privée de végétation avoisinante (élimination des voisins) Schéma montrant trois types d'interactions pouvant exister entre les espèces végétales: lorsque l'on supprime expérimentalement les voisins d'une plante, celle-ci peut pousser mieux, moins bien ou de façon identique, ce qui révèle les relations qui existent entre la plante et ses voisins ce qui réduit la croissance des espèces les moins performantes.

La répartition des végétaux (1/2) Saxifraga bryoides (saxifrage fausse mousse), est inféodé aux rochers siliceux (acides) des Alpes et de quelques autres massifs européens Saxifraga caesia (saxifrage du mont Cenis), est inféodé aux rochers calcaires (alcalins) des Alpes et de quelques autres massifs européens Quelques aspects de la répartition des plantes alpines sont abordés ici à partir de l'exemple des saxifrages (genre Saxifraga, famille des Saxifragaceae). Ce genre comprend plus de 400 espèces essentiellement distribuées dans les montagnes de l'hémisphère nord tempéré et arctique, avec en particulier une forte représentation dans l'arc alpin. 1. Répartition de Saxifraga oppositifolia en Europe, une espèce dite arctico-alpine. Pendant les glaciations, elle occupait les régions hachurées dépourvues de glace Saxifrage à feuiilles opposées (Saxifraga oppositifolia, fleurs roses) et Saxifraga à deux fleurs (S. biflora, fleurs blanches) Certaines espèces, dites arctico-alpines, comme Saxifraga oppositifolia ou S. aizoides, ont une large distribution en région arctique, dans les Alpes et dans d'autres montagnes européennes (1). Initialement distribuées en Arctique, ces espèces ont migré vers le sud durant les glaciations. Après le recul des glaces, elles ont recolonisé l'arctique et elles ont colonisé les hauteurs des Alpes. Saxifraga caesia et S. bryoides (2) sont deux espèces à large distribution dans les Alpes et dans quelques autres massifs. Malgré cette distribution similaire, les deux espèces ne se côtoient pas car elles ont des exigences strictes quant à la nature du support rocheux: l'une pousse sur calcaire (S. caesia) et l'autre sur silice (S. bryoides). On parle de vicariance écologique. D'autres espèces, comme Saxifraga biflora, ne pousse que dans les Alpes (espèce endémique, 3). A noter qu'elle pousse aussi sur une montagne de Grèce, peut-être transportée par des oiseaux ou bien témoin (espèce relictuelle) d'un temps où l'espèce avait une distribution plus large. 2. Répartition des deux espèces Saxifraga caesia et Saxifraga bryoides, deux plantes des Alpes et de quelques autres massifs 3. Répartition de Saxifraga biflora, espèce qui pousse exclusivement dans les Alpes (et au mont Olympe en Grèce)

La répartition des végétaux (2/2) S. valdensis S. cochlearis S. hostii Saxifraga valdensis (saxifrage vaudoise), une espèce protégée qui ne pousse en France que dans quelques localités du massif du Queyras Répartition de Saxifraga valdensis (Alpes occidentales), S. hostii (Alpes orientales) et S. cochlearis (sud de l'arc alpin) Les espèces présentées ci-dessus correspondent à trois espèces qui ont des exigences écologiques voisines (plantes de rochers à l'étage alpin), mais elles se rencontrent dans des aires géographiques distinctes: Alpes de l'est dans le cas de S. hostii; Alpes maritimes pour S. cochlearis et Alpes occidentales entre France et Italie pour S. valdensis. On parle ici de vicariance géographique. Dans le cas des espèces présentées ci-contre, des recherches ont permis de comprendre leur mise en place. Ces espèces (ainsi que d'autres non figurées sur la carte) sont toutes issues d'une espèce ancestrale, Saxifraga cespitosa, que l'on rencontre encore aujourd'hui dans les régions arctiques. Durant les périodes glaciaires, S. cespitosa aurait migré vers le sud. Avec le retrait des glaciers, cette espèce aurait d'une part recolonisé les régions arctiques et, d'autre part, colonisé l'ensemble des montagnes du sud de l'europe. Au niveau de chaque région montagneuse, l'isolement géographique aurait ensuite permis une évolution particulière divergente et la mise en place d'une série d'espèces endémiques de zones plus ou moins étendues. Plusieurs espèces sont à découvrir dans cette rocaille ou bien au niveau des rocailles "Pyrénées" (S. hariotii) ou "Massif central" (S. cebennensis).

La reproduction sexuée Fleurs de flouve odorante (Anthoxanthum odoratum, famille des Poaceae), exemple de plante pollinisée par le vent Deux plantes aux fleurs très colorées à pollinisation par les insectes (oeillet négligé et hélianthème à grandes fleurs) pétale La fleur est l élément central de la reproduction sexuée des plantes. Elle comporte des parties fertiles: étamines (parties mâles) et pistil (partie femelle) et des parties stériles: pétales et sépales. La majorité des anthère fleurs sont hermaphrodites, c'est-à-dire à la fois mâle et femelle. Elles peuvent être isolées ou bien filet styles étamine groupées en inflorescences. Les étamines sont formées d'un axe (filet) portant à son extrémité une sépale ovaire ovule pistil anthère souvent jaune qui contient une multitude de grains de pollen. Le pistil est constitué d un ovaire pédoncule Les différentes parties d'une fleur, ici le lin des Alpes (Linum alpinum, famille des Linaceae) contenant les ovules et d'un (ou plusieurs) style(s) terminé(s) en stigmates qui reçoivent le pollen. Le transport du pollen s'effectue par différents vecteurs. Le plus souvent, ce sont les insectes qui interviennent et, dans ce cas, l'évolution a doté les fleurs d'éléments attractifs comme des couleurs vives, des odeurs, du nectar sucré ou une forme particulière. Dans d'autres cas, c'est le vent qui intervient et les épi grappe (racème) corymbe ombelle capitule fleurs sont dépourvues de pétales et non colorées (exemple des Poaceae et des Cyperaceae). Une fois sur le stigmate, un grain de pollen assurera la fécondation d'un ovule, lequel deviendra une graine au sein du pistil transformé en fruit. Ce fruit sera disséminé par le vent, les animaux, l eau, etc. Avec l'altitude, on observe une intense coloration des fleurs et une augmentation du temps de floraison, Exemple d'inflorescence en ombelle composée, typique de la famille des Apiaceae (Ombellifères), ici chez la grande berce, Heracleum sphondylium ce qui permet de compenser la rareté des insectes pollinisateurs. Beaucoup d'espèces ont également recours à la reproduction asexuée (clonale) ou bien à l'apomixie (production de graines et de fruits sans fécondation comme chez les épervières). panicule (grappe composée) ombelle composée thyrse Les principaux types d'inflorescences (disposition des fleurs sur une tige). Les flèches indiquent le sens de floraison des fleurs représentées en rouge

La reproduction clonale (asexuée) Les stolons de la benoîte rampante (Geum reptans, Rosaceae) permettent de coloniser les éboulis schisteux La multiplication clonale permet à la fétuque violette (Festuca violacea, Poaceae) de constituer des gradins stabilisant les pentes 1 1 2 2 3 Schéma montrant la production, à partir d'un pied mère (à gauche), de clones successifs à partir d'une tige horizontale (ici un rhizome d'iris) Reproductions sexuée (fleurs) chez le rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum, Ericaceae) qui utilise aussi le clonale par marcottage La reproduction asexuée est également appelée reproduction végétative ou clonale car elle génère des clones, copies conformes de l individu initial. Elle présente un caractère moins aléatoire que la reproduction sexuée car elle est indépendante des saisons, des agents assurant la pollinisation et de la dissémination des graines. Cependant ce mode de reproduction ne produit pas de diversité génétique, ce qui est un frein à l'évolution des espèces et à leur adaptation aux fluctuations de leur environnement. Les deux types de reproduction cohabitent souvent chez les plantes alpines, deux méthodes de reproduction valant mieux qu une seule en conditions difficiles. Pour de nombreux arbustes, un marcottage se fait à partir de branches couchées dont les bourgeons se développent en racines au contact du sol (cas du rhododendron ou de l'aulne vert). Dans d'autres cas, les plantes produisent des tiges aériennes rampantes appelées stolons (cas des benoîtes) ou bien des tiges souterraines appelées rhizomes qui sont dépourvues de feuilles vertes et dont les bourgeons peuvent générer des clones (cas de nombreuses Poaceae, comme le vulpin de Gérard). Certaines plantes produisent des bulbilles, bourgeons charnus qui se détachent de la base des feuilles et produisent des clones de la plante mère (cas de la renouée vivipare et du lis orangé). On estime que certaines plantes, comme la laîche courbée, le saule herbacé ou le rhododendron ferrugineux, constituent des clones âgés de plusieurs centaines voire milliers d'années. Le vulpin de Gérard (Alopecurus gerardi, Poaceae) a des rhizomes qui produisent à leur extrémité des clones de la plante mère Fleurs (reproduction sexuée) et bulbilles (reproduction clonale) du lis orangé (Lilium bulbiferum var bulbiferum, Liliaceae)

Systématique et classification (1/2) Planche de pivoine extraite de "Éléments de botanique, ou méthode pour connaître les plantes" publié par Tournefort en 1694 Berardia subacaulis Vill., une espèce décrite et nommée par le botaniste dauphinois Dominique Villars en 1789 (herbier du Jardin) Carl von Linné (1707-1778) Etiquetage des plantes du Jardin selon la nomencladure créée par Carl von Linné La systématique est la partie de la botanique qui vise à classer les plantes en groupes reflétant au mieux leurs similitudes et leurs différences. Les critères de cette classification sont des caractères morphologiques (organisation des fleurs et de l'appareil végétatif), et plus récemment des caractères cytologiques (organisation et contenus des cellules) et génétiques (séquences d'adn). Le philosophe grec Théophraste (370-285 av. J.-C.) est à l'origine de la première classification connue qui classe 480 plantes selon leur port (arbre, arbuste ou herbe) et certaines caractéristiques florales. Le botaniste français Pitton de Tournefort (1656-1708) établit un classement des végétaux suivant la structure des fleurs et des fruits. C'est le naturaliste suédois Carl von Linné qui instaure une nomenclature universelle des êtres vivants, dite binominale, qui est encore utilisée actuellement: chaque espèce reçoit deux noms latins (ou grecs): le premier correspond au genre et le second à l'espèce, suivi du nom de l'auteur qui l'a décrite. Les espèces sont regroupées en genres et en familles. Ainsi, la pivoine bélier illustrée ci-contre est l'espèce arietina (bélier) au sein du genre Paeonia (pivoine), lequel appartient à la famille des Paeoniaceae. Aujourd'hui, la comparaison des séquences de l'adn permet de compléter ces classifications basées sur des siècles d'observations méthodiques avec une approche phylogénétique qui apporte des informations relatives à l'histoire évolutive des différentes espèces et à leur parenté réelle. GROUPES ANCESTRAUX MONOCOTYLEDONES DICOTYLEDONES Amborellales Nymphaeales Piperales Magnoliales Laurales Commelinales Poales Asparagales Liliales Dioscorales Alismatales Ranunculales Buxales Fagales Rosales Fabales Oxalidales Malvales Brassicales Sapindales Geraniales Saxifragales Caryophyllales Ericales Gentianales Lamiales Salanales Boraginaceae Asterales Dipsacales Apiales Phylogénie des plantes à fleurs, d'après la comparaison des séquences d'adn. Les arborescences illustrent les filiations évolutives. Les noms indiqués à droite sont les "ordres" qui regroupent plusieurs familles. Par exemple les "Ranunculales" contiennent les familles Ranunculaceae et Papaveraceae (pavots)

Systématique et classification (2/2) Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina), une espèce rare protégée à l'échelle nationale. Noter les éperons nectarifères en crochets Pigamon (Thalictrum aquilegifolium), avec ses fleurs blanches à nombreuses étamines. A droite, le trolle jaune (Trollius europaeus) Coupe schématique d'une fleur de renoncule: sépales en vert, pétales en blanc, étamines en jaune, fruits (akènes) en vert foncé La renoncule de Kupfer (Ranunculus kupferi), espèce des pelouses alpines humides Clé d'identification des principaux genres de la famille des Ranunculaceae présents dans les Alpes Pour chaque plante de la rocaille, choisissez entre les deux alternatives 1. puis continuez de même pour chaque chiffre jusqu'à arriver à l'un des 12 genres (Clematis, Delphinium, Aconitum, etc.). Dans le cas des Aconits, identifiez les 3 espèces alpines. Vérifiez vos identifications sur l'étiquette des plantes 1. Feuilles opposées, plante grimpante CLEMATIS (clématites) 1. Feuilles alternes, plante non grimpante Aller à 2 2. Fleurs irrégulières, avec un seul plan de symétrie (zygomorphes) Aller à 3 2. Fleurs régulières, avec une symétrie rayonnante (actinomorphes) Aller à 4 3. Fleurs munies d un éperon nectarifère DELPHINIUM (dauphinelles) 3. Fleurs sans éperons nectarifères ACONITUM (aconits) voir plus bas 4. Fleurs en boule, restant fermées, jaunes (on ne voit pas les étamines et le pistil) TROLLIUS (trolles) 4. Fleurs ouvertes (on voit les étamines et le pistil) Aller à 5 5. Fleurs à 5 éperons nectarifères en crochet AQUILEGIA (ancolies) 5. Fleurs sans éperon nectarifère Aller à 6 6. Fleurs à sépales verts et pétales petits en cornets, feuilles pédalées HELLEBORUS (hellébores) 6. Caractères non réunis Aller à 7 7. Fleurs avec pétales et sépales présents et distincts Aller à 8 7. Fleurs avec un seul type de pièces stériles (sépales) ou absence totale de pétale et sépale Aller à 9 8. Trois sépales, fleurs violettes, bleues ou blanches HEPATICA (hépatiques) 8. Cinq sépales; fleurs jaunes ou blanches RANUNCULUS (renoncules) 9. Sépales grands, ressemblant à des pétales très visibles et vivement colorés Aller à 10 9. Quatre sépales petits et qui tombent très tôt; étamines colorées; feuilles composées, très découpées THALICTRUM (pigamons) 10. Cinq sépales jaune-orangé; feuilles en forme de rein CALTHA (populages) 10. Sépales blancs, violets ou jaune pâle, en nombre supérieur à 5; feuilles très découpées Aller à 11 11. Fruits (akènes) à long style plumeux. Plantes souvent couvertes de longs poils PULSATILLA (pulsatilles) 11. Fruits (akènes) à style caduc. Plantes généralement peu poilues ANEMONE (anémones) Clé de quelques espèces d'aconits (genre Aconitum) des Alpes, espèces toutes hautement toxiques 1. Fleurs jaunes Aller à 2 1. Fleurs bleues Aconitum napellus 2. Casque étroit et bien plus haut que large. Feuilles à lobes larges Aconitum lycoctonum 2. Casque à peine plus haut que large. Feuilles à lobes filiformes Aconitum anthora Aconit tue-loup (Aconitum lycoctonum), une espèce hautement toxique Pulsatille des Alpes (Pulsatilla alpina): les fruits (akènes) sont surmontés d'un long style plumeux qui croît après la fécondation