Fiche 1 P - Les chaussées A - Les niveaux de service Le patrimoine routier des Côtes d'armor est constitué de 4 500 km de routes dont 1700 km de réseau structurant (réseau A) et 2800 km de réseau secondaire (réseau B). Le réseau A, très circulé, est constitué de chaussées à structure lourde afin de résister au trafic notamment poids lourds. L'eau est l'ennemie des chaussées, c'est pourquoi maintenir le patrimoine routier en état consiste en premier lieu à assurer l'étanchéité de la couche de surface pour éviter des dégradations internes qui peuvent conduire à de lourdes réparations pouvant aller jusqu'à la réfection totale de la structure, très coûteuse. La maintenance des chaussées répond à deux objectifs principaux : la conservation du patrimoine routier, en assurant l'étanchéité de la chaussée et la sécurité des usagers, en assurant l'adhérence du revêtement. Un troisième objectif peut ou non être recherché : il s'agit du confort offert par le revêtement. L'usager ne perçoit pas le caractère étanche ou non du revêtement routier, et le niveau de service à l'usager en matière de chaussées est apporté par l'adhérence et le confort du revêtement. Ce niveau de service sera facteur de la nature du revêtement, par le niveau sonore qu'elle induit, de l'état du revêtement, par le niveau d'adhérence qu'il assure, du caractère plus ou moins déformé de la couche de supérieure de chaussée. Le choix d'un niveau de service est dicté: - par la situation de la section de route départementale en cause : Ainsi, on évitera les revêtements de type enduit gravillonné en zone agglomérée ou périurbaine, en raison du bruit généré par la circulation sur ceux-ci. - par le trafic observé, en maintenant un niveau d'adhérence élevé sur les routes à fort trafic par une périodicité plus rapprochée des revêtements. - par le type de réseau : on peut accepter sur le réseau secondaire dénommé réseau B la présence de dégradations de son état qui n'apportent pas de préjudice à la sécurité ou ne remettent pas en cause de manière immédiate la conservation du patrimoine routier. Sur le réseau structurant dénommé réseau A, on recherchera autant que possible à offrir un niveau de confort plus élevé.
B- La maintenance : L'entretien courant et périodique des chaussées 1 - L'entretien courant des chaussées : Il s'agit essentiellement de réparations ponctuelles exécutées en régie, soit pour éviter un risque d'accident dû à la formation d'une cavité dans la chaussée appelée communément "nid de poule", ou à la présence d'une déformation ponctuelle importante, une ornière longitudinale par exemple, soit pour assurer la conservation du patrimoine, en évitant la pénétration d'eau dans un nid de poule. 2 - L'entretien périodique des chaussées : 2.1 - Les objectifs : Il s'agit des opérations de renouvellement du revêtement avec ou sans renforcement ou reprofilage préalable. Les objectifs sont : - assurer la conservation du patrimoine routier, en réglant les problèmes de structure et en renouvelant l'étanchéité de la couche de surface, - assurer la sécurité du trafic en redonnant de l'adhérence à la couche de surface, - accessoirement, à assurer le confort de l'usager par un uni de qualité. Les travaux sont à réaliser de manière pré curative sur le réseau A, sauf sur les sections concernées par une opération future d'aménagement d'itinéraire, ou sur du réseau A aux caractéristiques et au trafic proche du réseau B. Sur le reste du réseau, il s'agira de travaux curatifs. 2.2 - La méthode : Sur le réseau A, le renouvellement du revêtement sera accompagné d'un renforcement préalable de la chaussée si nécessaire et devra être réalisé de manière préventive, sans attendre que les dégradations de surface ou de structure deviennent importantes. Dans cet objectif, il sera procédé systématiquement, préalablement aux travaux, à des mesures de déflexions et à une étude de dimensionnement du renforcement. Renforcer une structure de chaussée consiste à en améliorer la portance, soit en ajoutant une ou plusieurs couches de chaussée, soit en retraitant en place la structure existante avec ajout de liant hydraulique (chaux, ciment) ou hydrocarboné (bitume, émulsion de bitume). Sur le réseau B, le renouvellement du revêtement sera simplement précédé d'un reprofilage si nécessaire, et les travaux seront réalisés de manière curative, lorsqu'il sera constaté que les dégradations de la chaussée vont affecter prochainement la sécurité de l'usager ou la conservation du patrimoine routier. Toutefois, dans le cas de certaines traversées d'agglomération, des mesures et études préalables peuvent être nécessaires.
2.3 - Les techniques : 2.3.1 - Les enduits superficiels : Définition : Technique consistant à épandre sur une chaussée une couche de liant hydrocarboné (bitume ou émulsion de bitume) suivie d'une couche de granulats. L'enduit est dénommé "enduit bicouche" lorsqu'on répète l'opération par la mise en œuvre d'une seconde couche de liant suivie d'une seconde couche de granulats de classe granulaire inférieure à la première. Ces opérations sont suivies d'un cylindrage - technique à privilégier lorsque le support n'est pas déformé (sur tous réseaux) et qu'un renforcement n'est pas nécessaire à court terme (sur réseau A). Elle assure une très bonne étanchéité de la chaussée, une très bonne adhérence, appréciable en période de verglas ou de très faible couche de neige, est peu consommatrice de matières premières et d'énergie, et a un coût peu élevé. - il est judicieux de réaliser un enduit superficiel gravillonné entre 2 revêtements en matériaux enrobés, de manière à renouveler l'étanchéité et l'adhérence de la chaussée, dès lors qu'il n'y a pas de problème de structure, - à éviter en zone très ombragée, - à éviter en milieu urbain ou semi urbain (en raison du niveau sonore élevé généré par la circulation sur ce type de revêtement routier). 2.3.2 - La grave émulsion : Définition : matériau préparé à partir d'un mélange d'émulsion de bitume, de granulats et d'eau, dosés et malaxés à froid. - permet le reprofilage des chaussées souples, à réserver aux routes du réseau B qui n'ont pas un trafic poids lourds important, - permet le reprofilage partiel, donc à utiliser sur des chaussées peu déformées, - nécessite d'être recouverte par un enduit superficiel, 2.3.3 - Les enrobés à l'émulsion de bitume (B.B.F.) : Définition : mélange de granulats et d'émulsion de bitume réalisé sans séchage et chauffage des granulats - permettent en une seule couche le reprofilage et le revêtement des chaussées souples, - nécessitent une épaisseur minimale (de 70 à 90 kg/m²), donc à privilégier pour une route uniformément déformée, - emploi à éviter dans les zones de freinage et de forte giration.
2.3.4 - Les enrobés à chaud : Définition : matériaux de couche de chaussée, constitués d'un mélange de gravillons, de sable avec ou sans fines et de bitume. La grave bitume, les enrobés à module élevé, et toute la gamme des bétons bitumineux constituent des enrobés à chaud aux caractéristiques différentes permettant des utilisations diverses. a) La grave bitume - à adopter sur le réseau B pour un reprofilage en forte épaisseur des rives, - à adopter sur réseau A pour un renforcement de plus de 8 cm d'épaisseur, - doit être recouverte d'un enduit superficiel ou d'un béton bitumineux dont la réalisation peut être différée, sous réserve d'utiliser une grave bitume enrichie en bitume, b) Les E.M.E. (enrobés à module élevé) - à adopter sur le réseau A pour un renforcement d'épaisseur inférieure à 8cm (à réserver aux chaussées dont on ne peut pas relever beaucoup le niveau, en particulier en zone agglomérée), - doivent être recouverts d'un béton bitumineux. c) Les bétons bitumineux - à adopter sur le réseau A pour les revêtements nécessitant un reprofilage ou un renforcement préalable, - sur le réseau B, à réserver aux traversées d'agglomération ou aux sections à fort ressuage, - peuvent cependant constituer sur le réseau B une technique de reprofilagerevêtement, à l'instar des B.B.F., sous réserve d'utiliser des bétons bitumineux souples, - de manière générale, ils constituent la solution en matière de revêtement lorsque la réalisation d'un enduit n'est pas possible 2.3.5 - Les graves non traitées : Définition : Mélange de granulats naturels ou artificiels, à granularité continue - leur mise en œuvre sur chaussée existante implique la scarification du revêtement en place, ce qui sur les chaussées souples anciennes, remet en cause la structure, donc technique à éviter.
2.3.6 - Les enrobés coulés à froid (E.C.F.) : Définition : Mélange de granulats, d'émulsion de bitume, d'eau d'apport, de régulateur de rupture et de fibres, fabriqué et mis en œuvre par une machine spécifique qui comprend une unité de fabrication montée sur un châssis automoteur et un épandeur attelé (traîneau). Leur gamme d'emploi est la même que celle de l'enduit superficiel, à l'exception des chaussées présentant des déflexions importantes où leur emploi est déconseillé. Leur seul avantage est la réduction du niveau sonore par rapport à ceux-ci et le faible rejet de gravillons. Leur longévité est nettement inférieure à celle des enduits superficiels et des enrobés. 2.3.7 Le retraitement en place de la chaussée : Sur une chaussée très déformée ou lorsqu'il est nécessaire de ne pas surélever le niveau de la chaussée, le retraitement en place de la chaussée consiste à fraiser la couche de roulement en enrobés si elle existe, à fragmenter au rotor sur une épaisseur à définir la structure de chaussée, à malaxer sur place un mélange du matériau récupéré et de liant, et à remettre en place le mélange obtenu. La structure ainsi obtenue doit ensuite être recouverte d'une couche de roulement. Pour utiliser cette technique, il faut d'abord vérifier si la nature et l'épaisseur de la structure en place le permettent. Une autre technique de retraitement consiste à substituer à un renforcement par mise en œuvre d'une couche de matériaux enrobés à chaud, le retraitement de la couche supérieure de chaussée en place sur 6 à 10 cm avec ajout d'émulsion de bitume, de manière à obtenir ainsi une couche de liaison, qui devra ensuite être recouverte d'une couche de roulement. Ces 2 techniques permettent d'économiser la ressource en matériaux (granulats et liant) et de supprimer le transport des matériaux correspondants. 2.3.8 - Les solutions innovantes : Depuis qu'il a la responsabilité de la maintenance des routes départementales, le Conseil Général des Côtes d'armor s'est toujours montré ouvert aux expérimentations des entreprises en matière de techniques d'entretien périodique des chaussées, à prix égal aux techniques classiques et sous la responsabilité et la garantie de l'entrepreneur. Ce partenariat est à poursuivre et à développer.
2.4 L'optimisation des interventions et la maîtrise des coûts : Chaque fois que l'état du support le permet et hors milieu aggloméré ou semiaggloméré, les enduits superficiels, avec ou sans travaux préparatoires, constituent la technique à privilégier car elle répond au moindre coût aux objectifs d'étanchéité et d'adhérence de la chaussée. Il n'y a pas lieu de rechercher une homogénéité du type de revêtement par itinéraire, qui peut comporter alternativement des sections en enduits et en enrobés. La maîtrise des coûts passe également par la maîtrise des travaux en agglomération : * faire prendre en compte le respect des structures dans les travaux communaux : contrôler le remblayage des tranchées et la réfection du revêtement lors de travaux sur les réseaux souterrains, contrôler le dimensionnement des structures de chaussées créées lors de la réalisation de chicanes, giratoires, etc. * limiter la prise en charge à la couche de roulement et donc être vigilant sur les cotes du projet, * effectuer systématiquement une étude précise destinée à rechercher et à privilégier les techniques peu coûteuses pour l'entretien périodique des chaussées en agglomération.