La psychologie de la prise de risque : pourquoi prenons-nous parfois des risques insensés?

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Transcription:

La psychologie de la prise de risque : pourquoi prenons-nous parfois des risques insensés? Forum Entreprises, Sécurité et santé au travail, 30 mars 2011

DÉTERMINANTS DE LA PRISE DE RISQUE ACCEPATIONS Imaginez qu une nouvelle souche de virus est découvert au Luxembourg. Le nombre de morts d ici 1 mois est estimé à 6.000. Vous travaillez pour le gouvernement et vous avez le choix entre 2 programmes d interventions : Programme A : «2.000 vies seront sauvés» Programme B : «Il y a une probabilité de 1/3 que 6.000 vies seront sauvés, et 2/3 de probabilités qu aucune vie ne sera sauvée» Vous avez fais votre choix, mais en dernière minute, ces deux programmes sont remplacés par deux autres : Lequel choisissez-vous? 72 % = 22% Programme C : 4.000 personnes vont mourir Programme D : «Il y a une probabilité de 1/3 que personne ne va mourir, et 2/3 de probabilités que 6.000 personnes vont mourir» Entman, R. M. (1993). Journal of Communication 43(4), Autumn, 43 (4): pp. 51 58, pages 53-54.

DÉTERMINANTS DE LA PRISE DE RISQUE Risque non perçu Risque acceptable Risque perçu et volontaire ACCEPATIONS Prise de risque = probabilité * gravité Ex.: Je suis médecin et fume deux paquets par jour, mais en 1911 Ex.: Etant devenu non-fumeur, je monte dans la voiture d un collègue gros fumeur, et n ose l empêcher de m exposer à un tabagisme passif Ex.: Je suis médecin en 2011 et fume deux paquets par jour

DÉTERMINANTS DE LA PRISE DE RISQUE Risque non perçu ACCEPATIONS Les méconnaissances

QUELLE EST LA DISTANCE NÉCESSAIRE POUR ARRÊTER UNE VOITURE QUI ROULE À 60 KM/H? Distance d arrêt = Distance parcourue pendant le temps de réaction + Distance parcourue pendant le freinage 16,7 m + 17,7 m = 34,4 m ACCEPATIONS

QUELLE EST LA DISTANCE NÉCESSAIRE POUR ARRÊTER UNE VOITURE QUI ROULE À 60 KM/H? ACCEPATIONS La connaissance de la distance nécessaire pour s arrêter lorsqu une voiture roule à 60 km/h Bonne réponse De 0 à 10 m De 11 à 29 m De 41 à 60 m Plus de 60 m 10-13 ans 8 % 57 % 10 % 13 % 13 % 14-15 ans 14 % 55 % 10 % 12 % 9 % 16-17 ans 14 % 29 % 19 % 19 % 19 % 18-25 ans 20 % 15 % 38 % 9 % 20 % Source : Kouabenan, Cadet, Munoz Sastre, 2006. Psychologie du Risque

QUELLE EST LA DISTANCE NÉCESSAIRE POUR ARRÊTER UNE VOITURE QUI ROULE À 120 KM/H? Distance d arrêt = Distance parcourue pendant le temps de réaction + Distance parcourue pendant le freinage 33,3 m + 70,8 m = 104,1 m ACCEPATIONS

QUELLE EST LA DISTANCE NÉCESSAIRE POUR ARRÊTER UNE VOITURE QUI ROULE À 120 KM/H? La connaissance de la distance nécessaire pour s arrêter lorsqu une voiture roule à 120 km/h Bonne réponse De 0 à 10 m De 11 à 100 m De 151 à 170 m Plus de 170 m ACCEPATIONS 10-13 ans 0 % 29 % 49 % 2 % 21 % 14-15 ans 0 % 24 % 60 % 0 % 16 % 16-17 ans 0 % 10 % 57 % 0 % 33 % 18-25 ans 9 % 4 % 60 % 2 % 25 % Source : Kouabenan, Cadet, Munoz Sastre, 2006. Psychologie du Risque

A PARTIR DE QUELLE VITESSE, EN CAS DE CHOC, UN PASSAGER NON CEINTURÉ RISQUE-T-IL D ÊTRE BSÉ? ACCEPATIONS

A PARTIR DE QUELLE VITESSE, EN CAS DE CHOC, UN PASSAGER NON CEINTURÉ RISQUE-T-IL D ÊTRE BSÉ? ACCEPATIONS La connaissance de la vitesse à laquelle, en cas de choc, un passager non ceinturé risque d être blessé à n importe laquelle 4 % 0 à 30 km/h 13 % 30 à 60 km/h 38 % Plus de 60 km/h 44 % Il ne risque rien 1 % Source : Kouabenan, Cadet, Munoz Sastre, 2006. Psychologie du Risque

A PARTIR DE QUELLE VITESSE, EN CAS DE CHOC, UN PASSAGER NON CEINTURÉ RISQUE-T-IL D ÊTRE BSÉ? 50 Km/h ACCEPATIONS Distance parcourue pendant le temps de réaction = 15 m 60 Km/h Distance de freinage = 14 m (avec f=0,7) Distance parcourue pendant le temps de réaction = 18 m Vitesse résiduelle = 40 Km/h A quelle vitesse le véhicule percute-il le piéton?

LA PSYCHOLOGIE DE LA PRISE DE RISQUE ACCEPATIONS Conclusion : Notre niveau de connaissance des lois de l énergie cinétique sur la route n excède pas le niveau des enfants de 10 ans.

DÉTERMINANTS DE LA PRISE DE RISQUE Risque acceptable ACCEPATIONS Les acceptations du risque : les biais cognitifs

ACCEPTATIONS : BIAIS COGNITIFS ACCEPATIONS Biais de disponibilité Ne pas chercher d'autres informations que celles immédiatement disponibles Le tabac? J avait une tante qui fumait 3 paquets par jour, elle n est mort qu à 95 ans! La ceinture? J en connais un qui est mort parce qu il l a mis, la voiture à pris feu et il est resté coincé dedans. EuroMillions : Imagines-toi ce qui tu pourrais faire avec 50 millions!

ACCEPTATIONS : BIAIS COGNITIFS ACCEPATIONS Biais d estimation de fréquence L individu est la plupart du temps incapable d estimer correctement la fréquence des évènements rares comme l accident de la route. Le risque est donc plus souvent estimé à partir de la gravité. L avion? Trop dangereux. En cas de problème, tous les passagers meurent! Vacciner contre la grippe aviaire? Le vaccin est plus dangereux que le virus lui-même!

ACCEPTATIONS : BIAIS COGNITIFS ACCEPATIONS Illusion du contrôle du risque On a tendance à se sentir en sécurité si on possède le «contrôle» sur une situation donnée. Être installé du côté passager? Non, je me sens plus à l aise quand je roule moi-même! Voyager en avion? Et si le pilote est pris en otage et l avion est détourné? PLUS QUE 75 % des conducteurs estiment mieux rouler que les autres!

ACCEPTATIONS : BIAIS COGNITIFS Les stratégies de décision font souvent défaut : - Basées sur des raisonnements limités «entre deux maux il faut choisir le moindre» ACCEPATIONS

ACCEPTATIONS : BIAIS COGNITIFS Les stratégies de décision font souvent défaut : - Basées sur des fondations sociales, relationnelles «c est mon enfant, j ai confiance en lui» ACCEPATIONS

ACCEPTATIONS : BIAIS COGNITIFS ACCEPATIONS Les stratégies de décision font souvent défaut : - Basées sur des comparaisons de risque subjectives «oui c est dangereux mais traverser une rue aussi»

ACCEPTATIONS : BIAIS COGNITIFS ACCEPATIONS Les acceptations du risque Le risque est bien perçu, subis plutôt que pris. La personne n a pas recherché volontairement ce risque, mais l accepte lorsqu elle se retrouve dans cette situation. La personne ne voit pas d alternative, elle ne voit pas «comment faire autrement». Source : Assailly, 2006. Perception et acceptation du risque routier

DÉTERMINANTS DE LA PRISE DE RISQUE Risque perçu et volontaire ACCEPATIONS Les risques volontaires et conscients

DÉTERMINANTS DE LA PRISE DE RISQUE A quoi servent les risques routiers? ACCEPATIONS On dégage généralement cinq typologies de gains : 1. La catharsis 2. La recherche de sensations 3. L autonomie 4. L image sociale de soi 5. Le risque pratique

DÉTERMINANTS DE LA PRISE DE RISQUE ACCEPATIONS La catharsis : Le risque peut, chez certains individus, permettre une extériorisation du stress, une compensation des frustrations, une défense contre d autres peurs ou angoisses que celle de l accident, un déplacement de l agressivité, une expression des états tensionnels. Le risque est ici «thérapeutique».

DÉTERMINANTS DE LA PRISE DE RISQUE ACCEPATIONS La recherche de sensations : Ici, les individus sont bien équilibrés psychologiquement. Ils recherchent des activités à fortes sensations (notamment le sport) pour se donner une valorisation qu ils n ont pas dans d autres domaines. Il sont plus dans une logique de compensation, nécessaire pour échapper à la routine.

DÉTERMINANTS DE LA PRISE DE RISQUE ACCEPATIONS L autonomie : L acquisition de l indépendance (donc chez les jeunes) suppose l engagement dans le risque : le choix des études ou le choix professionnel. Le permis de conduire et la mobilité vont exposer le jeune au risque et à la prise de risques. Un deuxième volet constituent les substances psychoactives.

DÉTERMINANTS DE LA PRISE DE RISQUE ACCEPATIONS L image sociale de soi : Dans le cadre de ses relations à autrui, un individu peut prendre des risques pour conforter son image propre (ce qu il pense de lui) et son image sociale (ce qui selon lui, les autres pensent de lui). De plus, auprès des jeunes la prise de risque est un facteur de popularité, donc de l acquisition ou du maintien d un statut.

DÉTERMINANTS DE LA PRISE DE RISQUE Le risque pratique : ACCEPATIONS Ce sont tous les risques résolvant un problème pratique : augmenter la vitesse de son déplacement si l on est en retard, ne pas respecter la signalisation afin de prendre un raccourci.

LA PSYCHOLOGIE DE LA PRISE DE RISQUE Sur quoi focaliser la prévention? ACCEPATIONS Lutter contre les méconnaissances Action préventive de type pédagogique Correction des fausses croyances Combler les lacunes en matière de prévention routière Adopter des stratégies de communication concrètes Appréhender les biais de perception du risque Apprendre à se connaître soi-même Confronter les représentations des individus Encourager les conflits sociocognitifs entre pairs Apprendre à dire NON Réduire les risques délibérés Améliorer les compétences sociales, telles que l efficacité de soi et l affirmation de soi Apprendre à faire face à des situations dangereuses La planification de son trajet Apprentissage de comportements alternatifs

FORMATIONS PROPOSÉES PAR LE

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LA PSYCHOLOGIE DE LA PRISE DE RISQUE Coordonnées du 73, rue Sigefroi L-3280 Bettembourg Tél : (+352) 26 51 15 45 Fax : (+352) 26 51 15 65 Email : info@cpats.lu www.cpats.lu

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