Volume 13 Numéro 1 Janvier 2006 La vaccination contre la varicelle, quelques question, quelques réponses Pourquoi cette vaccination? La varicelle n est pas toujours une maladie aussi bénigne qu on ne le croit! Doit-on faire un sérologie en pré-vaccination? Parfois, pour certains personnes. Et en post-vaccination? Généralement pas. Peut-on utiliser ce vaccin en post-exposition? Oui, pour certains groupes seulement. Allez en page 2 pour en savoir davantage. La syphilis La région de la Chaudière-Appalaches, tout comme l ensemble du Québec, vit depuis 2003 une éclosion de cas de syphilis infectieuse. Une population dont il faut particulièrement se préoccuper : celle des femmes en âge de procréer, en raison des risques de syphilis congénitale. Qu en est-il du dépistage pré-natal? Quel est votre rôle face à cette éclosion de syphilis? On répond à ces questions en page 3. Le risque de pandémie d influenza est bien réel La Direction de santé publique et de l évaluation, de même que l ensemble des directions de l Agence de la santé et des services sociaux de Chaudière-Appalaches se préparent à faire face à cette situation. On en parle en page 3 CONTACT Janvier 2006 1 DSP Chaudière-Appalaches
LA VACCINATION CONTRE LA VARICELLE. Saviez-vous que? Par : Michel Giguère Pourquoi vacciner contre une maladie bénigne comme la varicelle? La varicelle n est pas toujours une maladie aussi bénigne qu on ne le croit. Elle comporte un risque de complications plus élevé que ce qui est habituellement perçu : 95% de la population fera une varicelle à un moment ou à un autre; 15 à 20% fera un zona suite à la réactivation du virus; Elle est à l origine de 200 à 400 hospitalisations par an au Québec dont environ deux décès; 5 à 10% des cas présenteront des complications dont 50% seront des surinfections cutanées; 15% des infections invasives à streptocoque β- hémolytique du groupe A ont une histoire récente de varicelle; La varicelle augmente le risque d infection invasive à streptocoque β-hémolytique du groupe A de 58 fois et le risque de fasciite nécrosante de 6 fois. Faut-il faire une sérologie? À qui? Quand? Est considéré protégé contre la varicelle, toute personne : Adéquatement immunisée (i.e. qui a reçu une dose de vaccin entre l âge de 1 à 12 ans ou deux doses si elle est âgée de 13 ans et plus); Qui a déjà fait la maladie; Ou chez qui on a démontré la présence d anticorps protecteurs spécifiques contre cette infection (IgG). individus âgés de 13 ans et plus sans antécédent de varicelle connu. Par conséquent, la recherche des anticorps contre la varicelle, avant la vaccination, est généralement indiquée chez les personnes âgées de 13 ans et plus sans antécédent de varicelle. Par contre, la sérologie post-vaccination dans le but de vérifier si une personne est adéquatement immunisée n est pas recommandée. En effet le vaccin entraîne un taux de conversion sérologique très élevé qu il est inutile de vérifier. De plus, les méthodes de détection commercialisées se révèlent peu sensibles dans ce contexte et, par conséquent, peu utiles à cette fin. Des tests très sensibles sont utilisés dans le cadre d essais cliniques pour évaluer l immunogénicité des vaccins, mais ils ne sont pas disponibles sur le marché. La vaccination contre la varicelle en post-exposition : efficace ou contreindiquée? Il est recommandé d administrer le vaccin à une personne réceptive âgée de 12 mois ou plus dans les cinq jours après un contact avec un cas de varicelle pour assurer sa protection personnelle. Des études ont montré une efficacité supérieure ou égale à 90 % lorsque le vaccin était administré en dedans de cinq jours après une exposition à la varicelle. Il n y a aucun danger à administrer le vaccin à une personne en période d incubation ou en phase prodromique de la varicelle : les réactions à la vaccination ne sont pas plus importantes, ni la maladie plus grave. Le chapitre traitant de l immunisation contre la varicelle du Protocole d immunisation du Québec a récemment été remis à jour, vous pouvez vous y référer pour de l information additionnelle. La probabilité d être protégé contre la varicelle augmente avec l âge, et ceci même en l absence d antécédent de la maladie. La présence d anticorps protecteurs a été démontrée chez 70 à 95% des ATTENTION : La syphilis est de retour au Québec et dans notre région! CONTACT Janvier 2006 2 DSP Chaudière-Appalaches
Par : Brigitte Fournier QU EN EST-IL EN CHAUDIÈRE-APPALACHES? Le nombre de cas de syphilis infectieuse (syphilis primaire, secondaire et latente précoce) était de six en 2005 et neuf en 2004. Par ailleurs, en 2005, sept cas de syphilis d autres stades ont été déclarés, soit trois neurosyphilis, un syphlis latente tardive et deux pour lesquelles le stade n a pu être déterminé sur la base de nos définitions nosologiques. Bien que ce nombre puisse paraître faible, il faut tenir compte que cela représente une augmentation vertigineuse si on considère qu aucun cas de syphilis infectieuse n avait été déclaré dans notre région entre 1995 et 2003. Cette infection a touché principalement les hommes homosexuels et bisexuels, dont la majorité (en 2004, sept des neuf cas de syphilis infectieuse) avaient eu des relations anonymes dans des saunas de Québec ou de Montréal. UNE PRÉOCCUPATION PARTICULIÈRE : LES FEMMES ENCEINTES Au Québec, les quatre femmes pour lesquelles une déclaration de syphilis infectieuse a été reçue en 2005 étaient en âge de procréer (2 étaient âgées entre 25 et 29 ans, une entre 30-34 ans et une autre, entre 40 et 44 ans). Ainsi, dans le contexte actuel de l augmentation du nombre de cas de syphilis infectieuse, la Direction de santé publique et de l évaluation de Chaudière-Appalaches recommande de poursuivre le dépistage systématique de la syphilis chez les femmes enceintes. Ainsi, les modalités suivantes devraient s appliquer : Dépistage systématique de la syphilis à la première visite de grossesse et suivi biomédical approprié des femmes avec un résultat positif; Recherche systématique du résultat du dépistage au moment de l accouchement; Dans les cas où le résultat ne peut être obtenu, effectuer immédiatement un prélèvement sanguin chez la mère et l'acheminer au laboratoire pour un dépistage analysé en priorité; Chez les femmes à haut risque chez lesquelles une exposition en cours de grossesse est possible, il pourrait être pertinent de répéter le dépistage vers la 28 ième semaine de grossesse. QUEL EST VOTRE RÔLE FACE À LA RÉSURGENCE DE LA SYPHILIS? Un diagnostic précoce est essentiel pour éviter la survenue de complications. Prescrire à la personne atteinte ainsi qu aux partenaires qui vous sont référés le traitement approprié. L option de premier choix pour le traitement des personnes atteintes de syphilis infectieuse et ou de syphilis tardive demeure la Pénicilline Benzathine. Nous vous rappelons que celle-ci est actuellement disponible auprès de votre direction de santé publique. Vous pouvez vous en procurer en contactant les professionnels de l équipe de maladies infectieuses de la DSP, selon les modalités habituelles. CONTACT Janvier 2006 3 DSP Chaudière-Appalaches
QUEL EST VOTRE RÔLE FACE À L ÉMERGENCE DE LA SYPHILIS? (suite) Effectuer le suivi biomédical requis afin d évaluer la réponse au traitement des personnes atteintes, à la fois par la surveillance de l évolution des symptômes que par le suivi du titre des tests non tréponémiques. Une diminution inadéquate du titre d anticorps doit être considéré comme un échec au traitement ou un signe de réinfection et le patient doit être traité à nouveau. Nous comptons sur vous pour sensibiliser votre patient à l importance que ses partenaires soient avisés et de le prévenir qu il sera contacté par une infirmière du CLSC. Les CLSC de la région offrent une service de soutien à l intervention préventive auprès des partenaires (autrefois appelé «soutien à la notification aux partenaires»). Chaque personne atteinte d une syphilis infectieuse fera donc l objet d une offre de soutien dans sa démarche pour joindre ses partenaires. Il est important de demeurer vigilant quant aux conséquences d une syphilis non diagnostiquée chez une femme enceinte. Le risque de transmission de l infection au fœtus durant la grossesse est de l ordre de 50 % lorsque la mère est atteinte d une syphilis primaire, secondaire ou latente précoce non traitée. Outre la syphilis congénitale, l infection peut provoquer un avortement spontané, un accouchement avant terme ou l accouchement d un enfant mort-né. PANDÉMIE D INFLUENZA APPRÉHENDÉE : planification d une réponse Par : Gaétane Mercier Au sein de la Direction de santé publique, certains travaux sont amorcés à l interne et avec le réseau de santé régional. Dès la connaissance des lignes directrices du MSSS attendues sous peu, les activités de préparation vont s accentuer. Elles porteront sur les différents éléments suivants : La surveillance des cas, de la morbidité et de la mortalité; La vaccination (le défi organisationnel de gérer de grandes quantités de vaccins et d immuniser un nombre important de personnes dans un délai très bref; un groupe de travail régional débutera ses travaux dès janvier 2006 pour préparer la vaccination de masse), L utilisation des antiviraux en prophylaxie et en traitement; Les mesures de santé publique (la gestion des cas et des contacts); L éducation au grand public, les recommandations concernant les voyageurs, etc.; Les mesures de prévention en milieu de soins. Contexte Des modifications antigéniques majeures au niveau du virus sont responsables de grandes pandémies d influenza survenues à tous les 10 à 40 ans. De plus, la dernière pandémie datant de 30 ans, le temps qui s écoule nous rapproche davantage d une pandémie. Depuis 1997, les épisodes de grippe aviaire H5N1 survenues en Asie augmentent les risques d une infection simultanée de souches animales et humaines. Un éventuel réassortiment génétique peut évoluer vers l émergence d une souche pandémique chez les humains. Lorsqu une telle souche a la capacité de se transmettre de personne à personne (généralement par aérosols ou micro-gouttelettes), qu elle est virulente occasionnant des taux de létalité et de morbidité élevés et qu elle survient dans une population non immunisée, les risques de pandémie sont très grands. CONTACT Janvier 2006 4 DSP Chaudière-Appalaches
PANDÉMIE D INFLUENZA APPRÉHENDÉE (SUITE) Impact possible d une pandémie Les experts s entendent pour dire qu il demeure difficile de prévoir précisément l impact d une future pandémie sur la santé de la population et sur l organisation sociale. Selon les données basées sur les pandémies antérieures, la propagation du virus pourrait atteindre la population canadienne trois mois après son émergence ailleurs dans le monde, plus tôt si on considère les voyages internationaux. Le scénario retenu par le MSSS comme le plus vraisemblable est le suivant : Une atteinte de 35% de la population lors de la première vague sur une période de forte intensité de huit semaines; Une deuxième vague pourrait se développer trois à neuf mois plus tard avec une virulence plus sévère que lors de l éclosion initiale si la population n est pas encore vaccinée à cette phase. Préparation dans la région Le gouvernement du Québec planifie de façon très active actuellement un plan d action. Au niveau régional, l Agence assure le leadership en matière de santé et de mesures d urgence en collaboration avec la sécurité civile. Ce plan comporte les différents volets suivants : Santé publique (sous la responsabilité de la Direction de santé publique et de l évaluation); Santé physique (sous la responsabilité de la Direction des services de santé et de médecine universitaire); Maintien des activités du réseau (sous la responsabilité de la Direction des ressources financières, matérielles et informationnelles et celle de la qualité et des relations avec la population, le réseau et le personnel); Activités psychosociales (sous la responsabilité de la Direction des services sociaux et communautaires); Communications (sous la responsabilité de la Direction des ressources financières, matérielles et informationnelles et celle de la qualité et des relations avec la population, le réseau et le personnel); Activités en collaboration avec l organisation sociale de la Sécurité civile. PUBLICATION Direction de santé publique 253 B route 108, Beauceville Qc G5X 2Z3 22, avenue Côté Montmagny Qc G5V 1Z9 RESPONSABLE DU BULLETIN : Brigitte Fournier MISE EN PAGE : Lise Poulin RÉDACTION : Équipe maladies infectieuses DÉPÔT LÉGAL : 1 er trimestre 2006 Bibliothèque nationale du Canada Bibliothèque nationale du Québec CONTACT - Janvier 2006 5 DSP Chaudière-Appalaches