Clés : Période : 5/6 septembre 1914 Lieu : Villeroy et Chauconin (77410) Belligérants : Allemands, Français; Latitude : 48.982197 Longitude : 2.781864 Titre Le début des combats de l'ourcq, 5 et6 septembre 1914. à Villeroy (77) Thèmes : La bataille de rencontre imprévue du 5 septembre 1914 Localisation : Entre Villeroy et Chauconin DOSSIER DE PROMENADE LES DOCUMENTS COMPLÉMENTAIRES Les trois frères Hugot-Derville, morts pour la France, lors de la Grande Guerre
Samedi 5 septembre 1914 En tentant de contourner le bois du télégraphe, en direction de Penchard, au cours des violents combats, face aux mitrailleuses allemandes, rien que dans le 5 ème bataillon de cette Brigade Marocaine, sont tués à la tête de leurs hommes : le capitaine, commandant le bataillon, Jacques Richard d Ivry (41ans), le capitaine Guy Hugot-Derville (33ans), les lieutenants Jules Guillemette, Charles Laulanié de Ste Croix, Maurice Poyelle, le sergent Hector Coillot, l adjudant Alphonse Chartrain (Dans le cimetière communal de Neufmontiers : tombes du chef de bataillon Richard d Ivry, du lieutenant Poyelle et celle du capitaine d artillerie, Georges Denis, tué lui, le 9 septembre). A l orée du bois du Télégraphe : la tombe du capitaine Guy Hugot-Derville, enterré selon sa volonté, à l'endroit où la mort le frapperait. La famille Hugot-Derville fera ériger, sur la tombe, symbolisant un calvaire, une croix, en granit de Bretagne, pays de ses origines (Concarneau). Au bas de la croix, une plaque est apposée à la mémoire de ses deux jeunes frères, tous deux lieutenants, et morts pour la France. Georges (30ans), lieutenant au 15 ème R.I., tué le 25 août 1914, à l attaque de Rozelieures, au bois Lalau, en Lorraine. René (29ans), lieutenant au 4 ème Zouaves, tué le 29 avril 1915, aux Eparges, devant Mouilly, près de Verdun, dans la Meuse. Pour leur baptême du feu, les tirailleurs marocains ont subi d énormes pertes! L assaut sur Penchard et le bois du télégraphe a échoué, c est la retraite forcée. Les rescapés de la Brigade Marocaine doivent se replier sur Villeroy et Charny. Sur le terrain : un véritable massacre, 19 officiers tués et 1150 hommes tués ou blessés!! Les blessés qui pourront être évacués, seront dirigés et soignés sur Charny, Juilly et Claye-Souilly. Les tués de la Brigade Marocaine seront rassemblés dans un cimetière provisoire, au pied de la colline du bois du Télégraphe. En mai 1924, tous les corps des Tirailleurs Marocains seront transférés dans l ossuaire D, du cimetière militaire national français de Chambry. Les soldats de cette Brigade Marocaine partirent précipitamment du Maroc, sans avoir de plaque d identité, ce qui explique le nombre important de soldats enterrés et restés inconnus, à de rares exceptions près. La Brigade Marocaine débarquée courant août 1914, à Bordeaux sera ensuite dirigée par chemin de fer, au camp de Châlons-en-Champagne, puis dans la région d Amiens, avant de retraiter sur Paris. Au moment des combats, cette Brigade s appelait exactement, la Brigade des Chasseurs Indigènes à Pied. En effet, le Maroc, sous protectorat français, depuis la convention de Fès du 30 mars 1912, n était pas encore officiellement en guerre. Le général Lyautey était le commissaire général de la République Française au Maroc. Il quittera cette fonction en décembre 1916, et sera brièvement ministre de la Guerre, jusqu en mars 1917. Lyautey (1854-1934) reprendra ses fonctions au Maroc, jusqu en 1925. En 1921, il sera fait Maréchal de France. Au cours de la Grande Guerre, l Armée d Afrique a envoyé en métropole : 37.000 Marocains, 172.000 combattants algériens, 26.000 Tunisiens et 115.200 Français, mobilisés en Afrique du Nord. Les pertes se sont élevées à 35.000 morts pour les troupes indigènes et 22.000 pour les Français. Le bois du télégraphe : cimetière allemand! L origine du nom de ce bois, vient de l implantation d une tour de télégraphe Chappe, construite en 1797 et détruite en 1848. Le 8 décembre 1943, à Melun le délégué spécial du Führer Adolf Hitler, avait choisi le terrain boisé situé sur la hauteur de Penchard, pour l aménagement d un cimetière militaire allemand définitif. Un état parcellaire et un plan d aménagement avec allées, monument, route détournée si besoin, fut établi. Les alliés ayant débarqué en juin 1944 sur les côtes normandes, le projet ne pût être réalisé. (projet allemand redécouvert, en mars 2010, dans les archives municipales de Penchard ).
Alphonse Tellier (n de matricule 260, classe 1907) le parcours symbolique d un simple combattant briard Alphonse Tellier, fils d agriculteurs, est né le 10 avril 1887 à Cuisy, village près de Villeroy. En 1914, il a 27 ans et vit dans une modeste exploitation agricole, rue Fortière, à Iverny. Il cultive ses champs, et c est le début de la moisson, quand l ordre de mobilisation générale est décrété. Il est affecté au 276 ème R.I. de Réserve de Coulommiers et appartient à la 19 ème compagnie du lieutenant Péguy. Le régiment est envoyé sur le front de Lorraine, puis déplacé par train, il se positionne au sud d Amiens, avant de retraiter sur Paris, talonné par l avance des forces allemandes. Dans la journée du 5 septembre 1914, à Villeroy, au puits de Puisieux, sous un soleil brûlant, Alphonse Tellier assiste en vue de son clocher, au duel d artillerie entre les batteries françaises et allemandes. Une pensée l effleure, il pourrait dormir chez lui ce soir Par un hasard extraordinaire, il va se retrouver à combattre sur ses propres champs! Dans l après-midi, en plein combat, Alphonse Tellier voit tomber son lieutenant Péguy, et lui-même est blessé par balle, à l épaule. Après les combats, à la nuit tombée, il rejoindra à pied, avec quelques rescapés, la ferme du château de Nantouillet, situé en arrière de Villeroy. Plus tard, soigné, il rejoindra son régiment. Il sera de nouveau blessé, au poumon droit, un an plus tard, le 30 septembre 1915, dans les tranchées, sur le front de l Aisne, au bois Marteau, près de Soissons. Hospitalisé à l hôpital auxiliaire n 118 de Courbevoie, il reprendra le combat après un mois de convalescence. Fait prisonnier le 15 juillet 1918, il s évadera. Il sera distingué le: 15.11.1917 de la Croix de Guerre (citation: a travaillé avec le plus grand dévouement pendant plus d une heure, sous un violent bombardement par mines et obus, à dégager ses camarades ensevelis dans un abri) 26.10.1937 de la Médaille Militaire.09.1960 de la Médaille de la Marne 28.12.1961 de la Légion d Honneur (elle lui fût remise lors des commémorations de septembre 1962) Quel parcours pour un simple cul-terreux comme il se définissait en 1972, lorsqu il témoignera, dans l émission de TV: Les grandes batailles du passé: La Marne sur les combats et les circonstances de la mort de son lieutenant Charles Péguy. Fidèlement, chaque année, en septembre, il assistera aux commémorations de cette Bataille de la Marne avec notamment la famille Péguy, ainsi que quelques compagnons d armes, dont notamment Victor Boudon qui faisait partie de la même compagnie, et auteur du livre : Avec mon lieutenant Péguy. Conseiller municipal d Iverny, de 1945 à 1965, Alphonse Tellier est décédé à près de 90 ans, le 26 janvier 1977. Il est inhumé avec son épouse dans le cimetière d Iverny, non loin des tombes du capitaine Michel et du lieutenant Whitcomb, tombés le 5 septembre 1914. Le 11 novembre 2003, dans son village d Iverny, une rue Alphonse Tellier a été inaugurée.
5 SEPTEMBRE 1914 14h00 : quittant le château d Iverny, (P.C. du général de brigade De Mainbray, commandant les 231 ème, 246 ème et 276 ème R.I.) Adolphe Withcomb (34ans) lieutenant à l Etat-major de cette brigade, a reçu l ordre de porter un message urgent au 231 ème R. I. de Melun, qui est stationné en arrière, sur Plessis-aux-Bois. Le régiment de Melun doit avancer, pour soutenir les premières lignes françaises en difficulté. Galopant à cheval, à la sortie du village, Withcomb se dirige sur Villeroy. Une salve d artillerie ennemie encadre le lieutenant, il tombe, tué raide par un obus. L ordre ne parviendra à destination, par un deuxième agent de liaison, que vers 17h30. Le 246 ème R.I. de Fontainebleau supportera seul, le combat devant Iverny. (Adolphe Withcomb, était Conseiller Général des Landes; 2 stèles ont été érigées par sa famille, l une, rue du Fresne, à l endroit exact où il fut tué, l autre sur sa tombe, dans le cimetière communal d Iverny).