Le rucher de Beyssac. 2. Les ruches. De tous temps les hommes ont apprécié le miel des abeilles sauvages les animaux aussi! Les essaims d abeilles sauvages s abritent dans les arbres creux, les vides des murs, les falaises, sous des branches. Elles y bâtissent leurs ruches. L intérieur des ruches naturelles est constitué d alvéoles hexagonales de cire. Les abeilles les utilisent comme habitat, pour abriter les œufs, les larves et les nymphes qui sont les étapes de leur développement. Elles en remplissent de miel et de pollen, leur nourriture. La récolte du miel et de la cire se faisait en écrasant les alvéoles. Chaque récolte détruisait chaque ruche. Les ruches naturelles sont protégées par le milieu où elles sont bâties, et fermées par la cire des abeilles, à l exception d un petit trou qui leur sert d entrée et est ajusté à leur taille de façon que les intrus plus gros ne puissent entrer, notamment les frelons. Les scientifiques ont constaté que les alvéoles hexagonales sont l architecture la plus efficace pour utiliser un volume avec le minimum d espace perdu. Nature architecte L apiculture traditionnelle. L élevage des abeilles accompagne celui des autres animaux domestiques, et avec lui vient la fabrication de ruches. Les plus anciennes ruches fabriquées, dites traditionnelles, imitent les ruches naturelles et utilisent les matériaux qu on a sous la main : troncs d arbres, ruches en paille (pailhas, tels
que les fabrique Jean Faynel à Orcenac) ou en osier tressé, en terre cuite, etc. La ruche demeure un volume simple où les abeilles bâtissent leurs alvéoles hexagonales de cire. Ruches en pailhas, pour la récolte du miel, faites par Jean Faynel. Ruches de création d essaim, en pailhas, par Jean Faynel, à Orcenac. Ruches-troncs pour la récolte du miel. Patrimoine des Cévennes. Ruches en terre cuite ou crue, pour récolter le miel, dans les Landes.
La récolte implique encore la destruction au moins partielle des logettes de cire pour en extraire le miel en les pressant. Elles ne permettent pas toujours de voir l intérieur et traiter maladies et parasites. Les ruches traditionnelles livrent plus de cire mais moins de miel que les ruches à cadres amovibles. Si elles ne sont pas tapissées d argile séché ou dotées d un toit étanche, les ruches en paille peuvent être placées dans des logettes ménagées dans des murs appelés «murs à abeilles» apiers ou apiés. Les abeilles. Le genre Apis est constitué d uniquement quatre espèces, à savoir Apis mellifera, Apis dorsata, Apis florea et Apis cerana. Les deux espèces d'abeilles domestiquées sont apis cerana et surtout apis mellifera aussi appelée abeille noire, mouche à miel, avette, etc. Elle possède une intelligence évoluée, un langage complexe et s assemble en essaims. Les individus communiquent entre eux, sont dotés de mémoire et occupent des rangs sociaux structurés. L essaim est ainsi une société hiérarchisée dont le but est de travailler à sa propre survie. Chaque abeille dépend de la communauté. Isolée, elle ne pourrait survivre. Exception faite des mâles, les faux bourdons, qui meurent à la fin de chaque été, l essaim vit et se reproduit par division au cours de l essaimage. (Voyez la première partie de cette étude). L apiculture moderne. Le remplacement des ruches traditionnelles par les ruches à hausses et cadres amovibles a répondu au souhait de récolter miel et cire sans destruction des alvéoles. Au XIX e siècle sont apparues les ruches divisibles verticales, et les ruches horizontales. Elles sont en général à cadres amovibles et facilitent une récolte non destructrice ainsi que l examen de l intérieur de la ruche pour pallier toute maladie ou invasion par un parasite.
Des cadres amovibles, standard, peuvent être extraits et remis en place selon les besoins et sans aucune destruction. Une autre technique consiste à placer des départs de rayons sur des barrettes. Il existe plusieurs types de ruches : Outre les ruches qui obligeaient à détruire l habitat des abeilles, il existe un grand nombre de ruches modernes de récolte du miel sans destruction. Les spécialistes distinguent : les bâtisses chaudes à cadres parallèles au trou de vol, économes en provisions. les bâtisses froides à cadres perpendiculaires au trou de vol, excellentes pour la ventilation. les ruches divisibles dont les cadres ont tous les mêmes dimensions. les ruches à hausses et cadres. Nombre de modèles portent le nom de leur inventeur. Les modèles les plus répandus sont à cadres et divisibles. En Amérique le modèle Langstroth, à éléments interchangeables, est finement calculé sur la base du gabarit des abeilles. Le modèle Voirnot, cubique, convient bien en montagnes et régions froides. En France le modèle le plus utilisé est le type Dadant, avec 10 à 12 cadres standard. Dans un rucher, un personnage étonnant, l abbé Emile Warré (1867-1951), originaire de la Somme, a étudié, pendant dix ans, une dizaine de ruches de douze modèles différents. De cette expérience sur plus de 350 ruches, il a déduit «la ruche populaire», un modèle d assez petite taille, à barrettes ou à petits cadres standard. «Son but était d'obtenir une ruche la plus proche des conditions naturelles de l'abeille, tout en étant pratique pour l'apiculteur. Il préférait faire des bénéfices plutôt que des profits et recherchait les économies à la place de la productivité. Sa ruche reposait donc sur un faible investissement financier pour sa fabrication et son exploitation. Il souhaitait que tout un chacun puisse avoir une ruche et récolter du miel sans pour autant devoir s équiper de nombreux outils d extraction». A Beyssac, nous essayons trois types de ruches : les ruches de création de colonies. des ruches de type Dadant. des ruches de type Warré. Les ruches divisibles. Les ruches divisibles faites d éléments empilés (hausses) qui permettent de les agrandir, est une des solutions que nous avons retenues. C est la plus classique, la plus fréquente chez les apiculteurs. Elle est très bien adaptée à notre région. Une ruche divisible type se compose de caissons en bois, de hauteur égale, ouverts audessus et en dessous. Empilés, ils reposent sur un plancher et des pieds qui isolent la ruche
du sol. Le plancher déborde sur le devant de façon à offrir aux abeilles une planche d envol et d atterrissage. L entrée de la ruche se trouve de ce côté. Remplacer la planche par un grillage fin devant l entrée permet aux abeilles de mieux se débarrasser du varroa, leur parasite. Des réglettes de métal permettent de varier le nombre et le diamètre des entrées. La hauteur totale de chaque ruche verticale divisible dépend du nombre d'éléments empilés. Le corps de ruche est le caisson de base, où se trouve l entrée. On y trouve les provisions nécessaires à la vie de l essaim, notamment pour l hiver. Des cadres abritent le couvain, du pollen et du miel. Les hausses sont les caissons posés sur le corps de ruche. L apiculteur récolte la cire et le miel de ces caissons alors qu il ne touche pas aux provisions du corps de ruche. Pour éviter que la reine ponde dans les hausses, elles sont séparées du corps de ruche par un fin grillage appelé grille à reine. Le couvre-cadre coiffe l ensemble, avec le toit. Nous faisons des toits à deux pentes pour tenir compte de notre climat et évacuer au mieux pluie et neige. Plancher et toit sont conçus pour créer une aération naturelle de l ensemble de la ruche. Les cadres sont suspendus verticalement dans les hausses. Les abeilles y fabriquent leurs rayons de cire qu elles empliront de miel. Les cadres sont amovibles. L apiculteur les extrait un à un pour récolter le miel, les entretenir, entretenir la ruche elle-même et vérifier la bonne santé de l essaim. Le format des cadres est standard. Ainsi, s il en a besoin, l apiculteur peut déplacer des cadres d une ruche à une autre. Nous avons choisi le bois pour toutes nos ruches. Certes il demande plus d entretien que les matériaux plus modernes de ruches du commerce, mais nous aimons travailler le bois,
matériau naturel, isolant, agréable et sympa. Le Velay est un pays de bois et à Beyssac notre maison en est toute entourée Nous avons choisi de travailler de façon traditionnelle. Des ruches de conception actuelle sont dotées de perfectionnements, voire d instruments de contrôle, de pesée ou de mécanismes de récolte Ce choix est compréhensible pour un éleveur qui possède des centaines de ruches et en est éloigné. Nous sommes tout près de nos ruchers. Il nous est facile d entretenir nos ruches et veiller à la bonne santé de nos essaims. Nos ruches du hameau de Beyssac (Monlet). Pour compléter votre info : 1948. L apiculture pour tous. Abbé Emile Warré. 2002. Le traité Rustica de l apiculture. Collectif (Barbancon, Clément, Le Conte, Vaissière) 2012. L'apiculture écologique de A à Z. Jean-Marie Frèrès. 2014. L élevage des reines. Rustica. Gilles Fert. Aussi : L'apiculture telle que je l'aime et la pratique. Marc Gatineau (sur l apiculture Warré). La ruche Warré. Gilles Denis. http://ruche-warre.com 2016