Les banques sont-elles plus solides qu avant la crise?

Documents pareils
Mise en place du Mécanisme de Supervision Unique (MSU)

Épreuve préparée : Économie Monétaire & Droit Bancaire & Financier (ECOB) E.3.2. D.S.T. Questions à traiter par réponses directes

INSTRUCTION N 002 RELATIVE AUX NORMES PRUDENTIELLES DES COOPERATIVES D EPARGNE ET DE CREDIT AINSI QUE DES INSTITUTIONS DE MICRO FINANCE

Colloque Groupama AM CEPII. La Zone EURO: Où en est-elle? Où va-t-elle?

INSTALLATION DE LA NOUVELLE AUTORITÉ DE CONTRÔLE PRUDENTIEL

La supervision des banques et des assurances par l Autorité de contrôle prudentiel : Défis et opportunités dans un environnement en mutation

Banque de la République du Burundi

L influence possible de Bâle III sur les relations entreprises - banques : financements, placements, flux, instruments de couverture

b ) La Banque Centrale Bilan de BC banques commerciales)

Le financement de l économie dans le nouvel environnement réglementaire

Le Groupe Crédit Mutuel en 2007 (1) La dynamique du développement et le 3 e résultat des banques françaises

Chapitre 4 Comment s opère le financement de l économie mondiale?

Les objectifs de l Autorité de Contrôle prudentiel

COMMUNIQUÉ DE PRESSE Argenta Bank- en Verzekeringsgroep SA

Le Comité de Bâle vous souhaite une belle et heureuse année 2013 Adoption du ratio de liquidité LCR

Remarques d Ouverture par M. Mohammed Laksaci, Gouverneur de la Banque d Algérie, Président de l Association des Banques Centrales Africaines

FinAfrique Research. L impact des réglementations internationales BÂLE I, II & III sur le système bancaire africain

La surveillance prudentielle des institutions de dépôt

RESULTATS ET ACTIVITE DE LA BANQUE POSTALE 1 ER SEMESTRE 2015

Quels enseignements de l expérience française ( )

Les dépenses et la dette des ménages

Comité de Bâle sur le contrôle bancaire. Bâle III : Ratio structurel de liquidité à long terme

Observatoire des Services Bancaires -

Finance de marché Thèmes abordés Panorama des marches de capitaux Fonctionnement des marchés de capitaux Le marché des obligations Le marchés des

Le groupe Crédit Mutuel en 2010 Un réseau proche de ses sociétaires-clients, au service des entreprises créatrices d emplois dans les régions (1)

La politique monétaire. Lionel Artige HEC Université de Liège

Exercices et corrigés

I. D un marché très intermédié peu régulé à un marché contraint et moins attractif

RESULTATS ET ACTIVITE 2011 DE LA BANQUE POSTALE

L ASSURANCE DE PRÊT? Les clés pour faire le bon choix

Les mécanismes de transmission de la politique monétaire

et Financier International

ANANTA PATRIMOINE PRESENTATION

RAPPORT FINANCIER 2013 UNE ANNÉE AU CŒUR DE NOTRE TERRITOIRE

Réforme du Code des assurances :

Épargne et investissement. L épargne...

Les perspectives économiques

Capital Requirement Regulation

LE GUIDE DE L INVESTISSEUR

Europimmo LFP. SCPI d entreprise, immobilier européen AVERTISSEMENT

Préambule Autodiagnostic 1) QRU - La Banque centrale est : 2) QRU - L encadrement du crédit était une technique :

NOTE D'INFORMATION SUR L'ÉMISSION OBLIGATAIRE DE $.US 1 MILLIARD SUR 10 ANS (JANVIER 2015)

4- Analyse économique de la réglementation bancaire

Crowdfunding. Présentation conférence EIFR -18 décembre2014

Épargne et investissement. L épargne...

Chapitre X : Monnaie et financement de l'économie

CREATION MONETAIRE ET SON CONTROLE

Performance des grands groupes bancaires français au 31 mars 2012

Corefris RAPPORT ANNUEL Annexe 3 : La hausse des prix de l immobilier est-elle associée à une «bulle» de crédit en France?

DÉCOUVRIR L AUTORITÉ DE CONTRÔLE PRUDENTIEL ET DE RÉSOLUTION

Finlande. Extrait de : Statistiques bancaires de l'ocde : Notes méthodologiques par pays 2010

Les perspectives mondiales, les déséquilibres internationaux et le Canada : un point de vue du FMI

Monnaie, banques, assurances

SF ou ECS: quel statut choisir? Le reporting prudentiel des SF

INVESTIA - le 23/05/2014 1

L importance de la monnaie dans l économie

À quoi sert une banque?

Les réformes prudentielles : évolutions et impacts sur la gouvernance des établissements

RAPPORT SUR LA STABILITÉ FINANCIÈRE DANS LE MONDE Avril 2015

Introduction au Rapport 2005 de la Commission bancaire : la situation d ensemble du système bancaire

Paris, le 31 juillet 2014

Décryptage des méthodes modernes de la création monétaire

Présentation des résultats mars 2007

Table des matières. Le long terme Partie II. Introduction Liste des figures... Liste des tableaux...

Chapitre 5 Qu est-ce que la globalisation financière?

LE BILAN D UNE BANQUE

PARTIE 2 : LES POLITIQUES ÉCONOMIQUES CONJONCTURELLES

Observatoire Crédit Logement / CSA du Financement des Marchés Résidentiels Tableau de bord trimestriel 1 er Trimestre 2013

La Banque Nationale divulgue des résultats record au troisième trimestre de 2013

La lettre de. Square. # 3 Octobre Les réglementations. bancaires

Dans quelle mesure la baisse des taux d intérêt permet-elle de relancer la croissance?

INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES

Crises financières et de la dette

Conférence de presse 26 février Groupe Banque Populaire. Résultats 2008

Stratégie d assurance retraite

QUEL RÔLE POUR LE FMI DANS LE NOUVEL ORDRE ÉCONOMIQUE MONDIAL?

LE PROCESSUS D OCTROI D UN CREDIT COMMERCIAL ET LES CRITERES DE DECISION

RAPPORT DE GESTION DU CONSEIL D ADMINISTRATION COMPTES SEMESTRIELS CLOS AU 30 JUIN 2014

LES MODALITES DE MISE EN PLACE DE L AUTORITE DE CONTROLE PRUDENTIEL

LA GESTION DU RISQUE DE CHANGE. Finance internationale, 9 ème édition Y. Simon et D. Lautier

Hausse du crédit bancaire aux entreprises au Canada

C O M M U N I Q U É D E P R E S S E

Plan du cours. I. La création monétaire dans un système bancaire non hiérarchisé.

PIERRE PLUS CILOGER. Société Civile de Placement Immobilier classique diversifiée à capital variable. Immobilier d entreprise

3e question : Qui crée la monnaie?

master Droit bancaire Georges DECOCQ Yves GÉRARD Juliette MOREL-MAROGER 2 e édition Collection BANQUE FINANCE ASSURANCE

Dans le prolongement de l observatoire Finances, l APVF et LOCALNOVA ont actualisé l étude

Réforme monétaire: par où commencer?

Les attentes des consommateurs sont-elles satisfaites?

Pourquoi la croissance du commerce international s est-elle essoufflée? Beaucoup d espoir repose sur la libéralisation des échanges commerciaux

Forum de l investissement Ateliers d Experts. 15 Octobre Les Dangers de l Assurance Vie

Recueil de formules. Franck Nicolas

C O M M U N I Q U É D E P R E S S E

CAMPAGNE ANNUELLE DES EPARGNES ACQUISES

Compte rendu Cogefi Rendement Conférence téléphonique du 13/03/15 avec Lucile Combe (gérant)

La réforme bancaire de 2013 analyse et insuffisances

Fiche professeur : Séquence non expérimentée

QU EST-CE QU UNE BANQUE? 2 E PARTIE Les banques et la crise financière

Les Cahiers de la FNOGEC

Transcription:

Les banques sont-elles plus solides qu avant la crise? Paris, le 4 avril 2016

1 Quels sont les risques d une banque? Actifs Passifs Risque de marché (valeur, taux, change) Risque de crédit Dépôts banque centrale Placements financiers Crédits interbancaires Emprunts interbancaires Emprunts sur les marchés Risque de liquidité Risque de liquidité Risque de crédit Crédits clients Dépôts clients Risque de liquidité Immobilisations Capital et réserves Risque de transformation en durée (passifs plus courts que les actifs) Risque de taux (passifs à taux variables / actifs à taux fixes et/ou variables) Pilotage de la performance Le niveau du Produit Net Bancaire (PNB) = marges et commissions La maitrise des frais généraux (coefficient d exploitation = Frais généraux/pnb) Le coût des risques 2

2. Pourquoi les banques sont-elles contrôlées? Les banques se livrent à une concurrence sur tous les terrains Le crédit et les taux d intérêt ne sont plus administrés et, qu elles soient commerciales ou mutualistes, les banques ont de fortes exigences de rentabilité Comme dans la plupart des secteurs d activité, la concurrence limite les marges sur les produits et les services bancaires et pousse aux innovations Pourtant les banques ne sont pas des entreprises (tout à fait) comme les autres la gestion d un bien commun à tous : le commerce de l argent et le pouvoir de création monétaire une fragilité structurelle : la transformation de dépôts en crédits des effets en chaine : la chute d une banque peut entrainer celle de l autre un impact général sur l économie : quand la banque va mal, rien ne va 3

3. - Qu est ce que l ACPR? L autorité en charge du contrôle des banques et des assurances Contrôles Agréments Commission Bancaire (CB) Autorité de contrôle des Assurances et des Mutuelles (ACAM) Comité des Établissements de Crédit et des Entreprises d investissement (CECEI) Comité des Entreprises d Assurance (CEA) Création de l ACP en 2010 Depuis 2013, mission de veiller à l élaboration et à la mise en œuvre des mesures de prévention et de résolution des crises bancaires Depuis le 4 novembre 2014, le contrôle s exerce dans le cadre du Mécanisme de Supervision Unique 4

4. - A quoi sert l ACPR? Délivrer les agréments et les autorisations Exercer une surveillance permanente de la situation financière et des conditions d exploitation, notamment le respect des exigences de solvabilité et de liquidité Veiller au respect des règles destinées à assurer la protection des clientèles Veiller à l élaboration et à la mise en œuvre des mesures de prévention et de résolution des crises bancaires Prendre des mesures de police administrative (injonction, mise en demeure, limitation d activité, ) et de sanction (suspension des dirigeants, sanctions financières,...) 5

5 La crise de 2007/2008 et 2010 Crise financière Crise économique Crise de la dette souveraine 1. Un problème de marché : les crédits subprimes, largement octroyés par des non-banques et mis dans des produits structurés 2. Une crise bancaire car les marchés se sont bloqués, les investisseurs refusant d acheter des titres, les banques refusant de se prêter les unes aux autres 3. Une crise économique par la réduction du financement du secteur privé et les impacts négatifs sur la consommation et l emploi, moteurs de croissance 4. Une crise de la dette souveraine liée à la dégradation de la conjoncture (moindres rentrées fiscales) et aux efforts des États pour soutenir leurs secteurs financiers La valeur des biens et leur liquidité La confiance La place des banques dans le financement de l économie Les liens entre risque souverain et risque bancaire 6

6 Les réponses à la crise 3 Étendre le champ réglementaire ( finance parallèle) 1 Réorganiser l architecture de la supervision Renforcer la régulation et la supervision 2 Renforcer le secteur bancaire Comment renforcer le secteur bancaire? Des risques insuffisamment pris en compte (par exemple risques de marché) Banques Too-big-to-fail Insuffisance de fonds propres Problèmes de liquidité / refinancement Gouvernances déficientes 7

7 Une réglementation renforcée (1/2) Bâle 1 1988 Ratio Cooke Fonds propres Risques de crédit > 8 % Prêt = risques => capital en face Prêt de 100 à une entreprise : risque forfaitaire de 100 % => 100 x 100 % x 8 = 8 de fonds propres en face Prêt de 100 à une banque : risque forfaitaire de 20 => 100 x 20 % x 8 % = 1,6 de fonds propres en face Bâle 2 2004 Pilier 1 Exigences en fonds propres Pilier 2 Contrôle interne Exigences additionnelles en fonds propres Fonds propres Risques de crédit + marché + opérationnel > 8 % Pilier 3 Transparence Discipline de marché Prêt = risques => capital en face Risque en fonction du risque de défaut Prêt de 100 à une entreprise, risque de 30 % => 100 x 30 % x 8 % = 2,4 de fonds propres en face Bâle 3 2010 Mieux assurer la couverture des risques Renforcer la qualité et la quantité de fonds propres Diminution du levier Encadrement de la liquidité Limitation de la pro cyclicité en ajoutant des coussins 8

8 Une réglementation renforcée (2/2) Une norme de capital / risques CET1 = capital + réserves / risques pondérés avec de nombreux coussins Dette «assimilée» à des fonds propres Capital et réserves Bâle 1 et 2 Bâle 3 4 % T2 7 % CET 1 2 % T1 2 % CET1 Une norme de capital / endettement Levier = Tier 1 (capital + réserves + titres subordonnés) /total de bilan ajusté Dette Capital Une norme de liquidité à court terme LCR = actifs liquides (titres souverains et dépôts BC) sorties nettes de trésorerie à 30 jours Liquidités Dépôts Crédits Une norme de transformation NSFR = ressources stables emplois durables Actifs longs Passifs longs Des exigences accrues dont la mise en œuvre est étalée dans le temps (mesures transitoires) mais «le temps» des régulateurs n est pas «le temps» des marchés 9

9 Les banques sont plus solides : elles ont plus de fonds propres et plus de liquidités (1/2) Situation des banques européennes Ratio CET1 sans mesures transitoires Grandes banques Ratio CET1 avec mesures transitoires Banques moyennes 10

10 Les banques sont plus solides : elles ont plus de fonds propres et plus de liquidités (2/2) Situation des 4 plus grandes banques françaises 11

11 Les banques demeurent confrontées à des défis 1. Un choc réglementaire (Bâle 3) qui enchérit le coût de l intermédiation en exigeant plus de capital, plus d actifs liquides Exigences de fonds fonds propres «Core Tier 1» Ratio de levier Ratio de liquidité à 1 mois (LCR) Ratio de transformation (NSFR) Impacts bilans Impacts métiers Plus de fonds propres Moins de refinancements de marché à court terme Plus de dépôts Moins de crédits (au bilan?) Accroissement de la désintermédiation 2. Un choc technologique qui facilite la concurrence des non-banques : plates-formes qui facilitent les contacts, accès aux moyens de paiement 3. Un choc des taux très bas qui lamine les marges d intermédiation bancaire et suscite une recherche de rendement 12

12 Sommes-nous à l abri d une nouvelle crise? Des incertitudes économiques : ralentissement de l économie chinoise, chute du prix du pétrole, craintes sur l industrie américaine, problèmes dans les pays émergents. Les banques sont au cœur de l activité économique, les incertitudes, les risques les affectent directement mais, après les crises de 2007/2008 et 2010, elles sont mieux armées : plus de fonds propres et plus de liquidités même si elles doivent encore s adapter. Des dispositifs de résolution sont en place pour éviter d éventuelles interventions des États en cas de difficultés bancaires. 13

Merci de votre attention Retrouvez les analyses de l ACPR sur notre site internet : www.acpr.banque-france.fr Retrouvez les informations sur les sujets de protection des clientèles sur le site d Assurance Banque Épargne Info Service : www.abe-infoservice.fr 14

Intégrer la Banque de France / l ACPR Informations sur le site Banque de France : www.recrutement-banquedefrance.fr 15