PRISE EN CHARGE DES RECIDIVES PELVIENNES ET PERINEALES

Documents pareils
Chimiothérapie des cancers bronchiques non à petites cellules. Dr Aloulou Samir Médenine le 13 Juin 2015

Cancer du rein métastatique Nouvelles approches thérapeutiques. Sophie Abadie-Lacourtoisie 20 mai 2006

Traitement de consolidation dans les cancers de l ovaire

PLACE DE L IRM DANS LE BILAN D EXTENSION DU CANCER DU RECTUM. Professeur Paul LEGMANN Radiologie A - Cochin Paris

ALK et cancers broncho-pulmonaires. Laurence Bigay-Gamé Unité d oncologie thoracique Hôpital Larrey, Toulouse

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 4 novembre 2009

Actualités s cancérologiques : pneumologie

NAVELBINE voie orale

Pemetrexed, pionnier de la chimiothérapie histoguidée. Dr Olivier CASTELNAU Institut Arnault TZANCK ST Laurent du Var

ESMO 14. L oncogériatrie d un coup d éventail! Dr Elisabeth Carola UCOG Picardie

CHIMIOTHERAPIE DES CANCERS DU POUMON DES SUJETS AGES

Cas clinique 2. Florence JOLY, Caen François IBORRA, Montpellier

qwertyuiopasdfghjklzxcvbnmqwerty uiopasdfghjklzxcvbnmqwertyuiopasd fghjklzxcvbnmqwertyuiopasdfghjklzx cvbnmqwertyuiopasdfghjklzxcvbnmq

M Gamaz K Bouzid CPMC- HDJ Oncologie Médicale

IRM du Cancer du Rectum

Objectifs. La prise en charge du cancer du poumon métastatique: vers une approche personnalisée. Dre Lise Tremblay

Intérêt de la TEP-FDG dans les cancers de l ovaire

Cancer de l ovaire. traitements, soins et innovation. traitements adjuvants et de consolidation. juin 2009

Les renseignements suivants sont destinés uniquement aux personnes qui ont reçu un diagnostic de cancer

Quel apport de l imagerie dans les traitements anti-angiogéniques?

CANCERS BRONCHIQUES ET MESOTHELIOMES PLEURAUX MALINS Date de publication : mars 2011 ANNEXE

La chimiothérapie intrapéritonéale de consolidation

Le retour de l immunothérapie dans le traitement du cancer bronchique.


Traitements néoadjuvants des cancers du rectum. Pr. G. Portier CHU Purpan - Toulouse

OBJECTIFS LE TRAITEMENT DU CANCER DU POUMON DE STADE AVANCÉ: " OÙ EN SOMMES-NOUS " EN 2013?

Cancer bronchique primitif: données épidémiologiques récentes

PRISE EN CHARGE DES LESIONS SPINCTERIENNES ANALES DU POST-PARTUM : DU CURATIF AU PREVENTIF

Immunothérapie des cancers bronchiques

Incontinence anale du post-partum

PRINTEMPS MEDICAL DE BOURGOGNE ASSOCIATIONS ANTIAGREGANTS ET ANTICOAGULANTS : INDICATIONS ET CONTRE INDICATIONS

Validation clinique des marqueurs prédictifs le point de vue du méthodologiste. Michel Cucherat UMR CNRS Lyon

Cancer Bronchique «Sujet Agé» Etat de la litterature

Charte régionale des Réunions de Concertation Pluridisciplinaire de PACA, Corse et Monaco

Prise en charge de l embolie pulmonaire

L Incontinence Urinaire au FEMININ. Examen paraclinique. Résidu Post Mictionnel. Examen pelvien

Peut-on ne pas reprendre des marges «insuffisantes» en cas de Carcinome canalaire infiltrant

CANCERS ET RAYONNEMENTS IONISANTS Fortes doses: seconds cancers après radiothérapie

Bilan du suivi des produits traceurs 2008

INTERFERON Traitement adjuvant du mélanome à haut risque de récidive. Dr Ingrid KUPFER-BESSAGUET Dermatologue CH de quimper

First Line and Maintenance in Nonsquamous NSCLC: What Do the Data Tell Us?

Cancers de l hypopharynx

Le point sur les techniques d embolisation des hépatocarcinomes

REPOUSSER LES LIMITES DE LA CHIRURGIE BARIATRIQUE DANS LES OBESITES MASSIVES AVEC COMORBIDITES

Prolapsus génital et incontinence urinaire chez la femme Professeur Pierre BERNARD Septembre 2002

CANCERS BRONCHO-PULMONAIRES

ARD12166 Cabazitaxel Compared to Topotecan for the Treatment of Small Cell Lung Cancer

Pierre OLIVIER - Médecine Nucléaire

Évaluation de la prise en charge du cancer du rein métastatique à l ère des thérapies ciblées. Étude clinique rétrospective sur six ans

Place de la chirurgie à l heure des thérapies ciblées. The role of surgery in the era of targeted therapy. * Non ouvert en France.

Qu est-ce que le cancer du sein?

G U I D E - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge de votre mélanome cutané

Métastase unique d un NPC: Une question singulière? Jean Louis Pujol - Xavier Quantin Mohammad Chakra Fabrice Barlési

F-FLUORODÉOXYGLUCOSE EN ONCOLOGIE Expérience en Ile de France

Essais précoces non comparatifs : principes et calcul du nombre de sujets nécessaire

Essai Inter-groupe : FFCD UNICANCER FRENCH - GERCOR

Qu est-ce qu un sarcome?

COMPARAISON DE QUATRE PROTOCOLES DE CHIMIOTHERAPIE POUR DES CANCERS DU POUMON NON A PETITES CELLULES (CBP NAPC) AVANCES

INCONTINENCE URINAIRE

Nouveaux Anticoagulants. Dr JF Lambert Service d hématologie CHUV

iuropaisches Patentamt iuropean Patent Office )ffice européen des brevets y Numéro de publication: J 4Z/ bjj Al S) DEMANDE DE BREVET EUROPEEN

GUIDE PATIENT - AFFECTION DE LONGUE DURÉE. La prise en charge du cancer du rein

Radiologie Interven/onnelle sur les nodules pulmonaires. J. Palussière, X. Buy Département imagerie

Atelier N 2. Consultation de patientes porteuses d une maladie générale

Les Nouveaux AntiCoagulants Oraux

Déclaration médicale Prise d effet le 1 er octobre 2012

LES NOUVEAUX ANTICOAGULANTS

Sujets présentés par le Professeur Olivier CUSSENOT

Les fistules obstétricales sont des communications anormales entre les voies urinaires ou digestives et l'appareil génital. ou d une manœuvre abortive

Thrombose et cancer en oncogériatrie. Dr BENGRINE LEFEVRE Centre Georges François Leclerc

TRAITEMENT DE L HÉPATITE B

Les traitements du cancer invasif du col de l utérus

Pharmacovigilance des nouveaux anticoagulants oraux

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 23 mai 2007

Apport de l IRM dans la

Second cancers après cancer du sein. M. Espié Centre des maladies du sein

Fibrillation atriale chez le sujet âgé

LA CONTRACEPTION SUR L INFORMATION REÇUE EN

Etat des lieux de l accès aux plateformes de génétique moléculaire

journées chalonnaises de la thrombose

Cancer broncho-pulmonaire du sujet âgé. Mathilde Gisselbrecht Capacité de gériatrie- Février 2009

IMR PEC-5.51 IM V2 19/05/2015. Date d'admission prévue avec le SRR : Date d'admission réelle : INFORMATIONS ADMINISTRATIVES ET SOCIALES

Spondylarthropathies : diagnostic, place des anti-tnf et surveillance par le généraliste. Pr P. Claudepierre CHU Henri Mondor - Créteil

À PROPOS DU. cancer colorectal. Les choix de traitement du cancer colorectal : guide du patient

Nouveaux anticoagulants oraux : aspects pratiques

Les Jeudis de l'europe

RAVIVA L activité physique contre le cancer. Dr. Jacques LECOMTE

Les nouveaux anticoagulants oraux, FA et AVC. Docteur Thalie TRAISSAC Hôpital Saint André CAPCV 15 février 2014

PREVENTION DE LA MALADIE THROMBO- EMBOLIQUE VEINEUSE (MTEV) EN PERI- OPERATOIRE QUOI DE NEUF?

UE2 CANCEROLOGIE Place de la Médecine Nucléaire

Les nouveaux anticoagulants oraux sont arrivé! Faut il une surveillance biologique?

TRAITEMENT DES TUMEURS HEPATIQUES. Paul Legmann Radiologie A Pôle Imagerie

G U I D E P A T I E N T - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge du cancer du foie

La recherche en urologie à l hôpital Foch... p.2-4 ACTUALITÉ

Présenté par Mélanie Dessureault, inf. clin. et Caroline Fortin, AIC radio-oncologie

Recherche Information - prévention - dépistage Actions pour les malades et leurs proches. Les cancers du sein

Traitement de l insuffisance rénale chronique terminale: Place de la greffe de donneur vivant

Images en «franc» hypersignal T2 du pelvis féminin Atlas iconographique

DOSSIER DE PRÉSENTATION

Les marqueurs biologiques des tumeurs endocrines digestives

Transcription:

PRISE EN CHARGE DES RECIDIVES PELVIENNES ET PERINEALES Quelle précaution prendre avant un traitement anti-angiogénique? Dr Anne Floquet

INTRODUCTION AA utilisés dans multiples cancers Seul ou en combinaison (chimiothérapie/ immunothérapie) AC anti VEGFR, TKI, Angiopoiétines profils de toxicité différents Bevacizumab: le plus de données exploitables CCR métastatique Cancer de l ovaire en rechute Cancer du col utérin en rechute/métastatique

INTRODUCTION Prescrire un anti-angiogénique en rechute pelvienne Situation palliative En association à la chimiothérapie Intérêt en néo-adjuvant tumeurs digestives Quels risques et quelle(s) précaution(s)? dans cette situation

TOXICITÉS D INTERET EN SITUATION DE RECHUTE PELVIENNE Toxicité rénale Troubles thrombo-emboliques Perforations intestinales Fistules Perforations digestives redoutées Mortalité par perforations digestives < 1 %

PHYSIOPATHOLOGIE DES PERFORATIONS DIGESTIVES Effets du bevacizumab sur la perfusion de l intestin +/- la réduction tumorale Nécrose tumorale Ischémie MULTIFACTORIELLE Troubles de la cicatrisation Inflammation/infection Han ES et al. Gynecol Oncol 2007 Richardson DL et al. Gynecol Oncol 2009

FACTEURS DE RISQUE DE PERFORATION OU FISTULE LIES AU PATIENT Maladies inflammatoires de l intestin Âge (importance de l évaluation gériatrique) Diabète Obésité Etat nutritionnel

Type de cancer: FACTEURS DE RISQUE DE PERFORATION OU FISTULE LIES A LA TUMEUR C Ovaire: site le plus pourvoyeur de perforation intestinale CO: 0 à 15 % (en moyenne 6%) versus 1 à 2 % CCR Mais 2 % en primo-traitement C ovaire C du col: surtout un risque de fistule Avec présence*: d une occlusion intestinale d une carcinose péritonéale de nodules recto-vaginaux d une atteinte de la paroi intestinale au CT Scan * Cannistra JCO 2007 Simpkins Gynecol Oncol 2007

FACTEURS DE RISQUE DE PERFORATION OU FISTULE LIES AU TRAITEMENT Nombre de lignes de chimiothérapies reçues C ovaire < 3 lignes versus 3 lignes Survenue dans les 3 premiers mois après début du Beva* Radiothérapie antérieure ou non Nombre de chirurgies antérieures Bagwell BD AnnOncol 2008- Kretzchmar A ASCO GI 2006

PHASES II OVAIRE BEVA Burger 62 Cannistra 44!!! Garcia 70 Nimeiri 13!!! Mc Gonigle 33 % PS 58 16 60 46 0 % PR 42 84 40 54 100 % lignes ant 1 34 - - 8 NR 2 66 52 100 62 3 48-30 Traitements B 15mg/kg 3 S B 15mg/kg 3 S B 10 mg/kg 2 S + CPM 50 mg/j B 15 mg/kg 3 S + Erlotinib 150mg/j B 10 mg/kg 2 S + Topotecan 4mg/m2/S GI perforation 0 11 % ( 5/44) 5 % (4/70) 15 % (2/13) 0 RC+RP (%) 0 +18 3 +16 0 + 24 7.5 + 7.5 0 + 24 Burger JCO 2007 Cannistra JCO 2007 Garcia JCO 2008 Nimeiri Gynecol Oncol 2008 McGonigle Gynecol Oncol 2009

PROFIL DE TOXICITÉS PHASES III PIVOTALES 1ÈRE LIGNE OVAIRE Hall M et al. Br J Cancer 2013;108(2):250-8.

FACTEURS DE RISQUE PERFORATION INTESTINALE Cancer ovaire: étude GOG 0218 Traitement par beva Atcdt traitement pour maladies inflammatoires intestinales Résection digestive antérieure ou à la prise en charge Burger RA et al. JCO 2014

PROFIL DE TOXICITÉS PHASES III PIVOTALES RECHUTE OVAIRE Aghajanian C et al. J Clin Oncol 2012;30:2039-45. Pujade-Lauraine E et al. J Clin Oncol 2012;32: 1-10.

CANCER COLO RECTAL MÉTASTATIQUE 9 essais soit 3914 pts Association Bev + chimio: Augmente la toxicité (Gr 3) - HTA et protéinurie - Taux de perforation intestinale ( 2 %) - Troubles T emboliques Botrel TE et al. BMC Cancer 2016 16:1-19

FACTEURS DE RISQUE PERFORATION INTESTINALE Cancer Colo rectal Maladies inflammatoires intestinales Abcès intra-abdominal Occlusion intestinale Carcinose péritonéale Antécédents de radiothérapie pelvienne Tumeur primitive en place Sugrue MM et al. JCO 2008

GOG 240 DESIGN DE L ÉTUDE Cancer du col de l'utérus - Stade IVB - Récurrent/persistant - Maladie mesurable - Indice GOG 0-1 - Pas de chimiothérapie préalable pour récidive (N = 452) R A N D O M I S AT I ON I II III Paclitaxel 135 ou 175 mg/m 2 IV Cisplatine 50 mg/m 2 IV Paclitaxel 135 ou 175 mg/m 2 IV Cisplatine 50 mg/m 2 IV Bevacizumab 15 mg/kg IV Paclitaxel 175 mg/m 2 IV Topotécan 0,75 mg/m 2 j 1-3 Chimio seule Ttes 3 sem. jusqu'à PM, toxicité, RC Chimio + bev Facteurs de stratification : Maladie de stade IVB vs récurrente/persistante Indice de performance Traitement radio-sensibilisant préalable par cisplatine 1:1:1:1 IV Paclitaxel 175 mg/m 2 IV Topotécan 0,75 mg/m 2 j 1-3 Bevacizumab 15 mg/kg IV Tewari K. et al. N Engl J Med 2014

PROFIL DE TOXICITÉS PHASE III PIVOTALE RECHUTE COL ¾ des patientes pré-traitées par CDDP radio-concomittant ½ présentait une rechute en territoire irradié Tewari KS et al. N Eng J Med 2014;370:734-43.

GOG 240 FISTULE SELON TYPE DE TRAITEMENT 9 % 7 % 5 % CT + BV CT 2 % 0 % Fistule GI-vaginale Fistule GU-vaginale Fistule GI-autre CT + BV (n = 218) CT (n = 222) Fistule GI-vaginale 18 (8,2 %) 2 (0,9 %) Fistule GU-vaginale 4 (1,8 %) 3 (1,4 %) Fistule GI-autre 1 (0,5 %) 0 (0 %) Lyndsay J. et al. IGCS 2014

GOG 240 ETUDE ANCILLAIRE Traitement par beva + chimio : du risque de fistules GI-vaginales comparé à la chimio seule Ces fistules ne semblent pas augmenter le risque d effets indésirables majeurs (sepsis ou décès) dans la cohorte de l étude GOG 240 Toutes les patientes qui ont développé des fistules GI-vaginales avaient eu au préalable une radiothérapie pelvienne Lyndsay J. et al. IGCS 2014

CONCLUSION 1 En situation de rechute pelvienne Bénéfice de l association chimiothérapie + AA (TR, SSP et dans certains cas SG) Principales données avec bevacizumab Autres AA possibles avec un profil de toxicités différent Risques de fistules et perforations moindres Pas de facteurs prédictifs de réponse aux AA

CONCLUSION 2 Perforations intestinales et fistules Sont majorées par l adjonction du beva à la CT et sources de morbidité et de mortalité Données acquises sur essais de phases III Patients sélectionnés Attention au passage en pratique de routine Discussion au cas par cas en RCP Chirurgien, radiologue, oncologue médical, radiothérapeute Tenir compte des facteurs individuels de fragilité Avertir des risques possibles Evaluer la balance bénéfices-risques