Reconquête d espaces agricoles abandonnés par l étude et la plantation d arbres et arbustes à intérêt mellifère, ornemental et cynégétique

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Transcription:

Reconquête d espaces agricoles abandonnés par l étude et la plantation d arbres et arbustes à intérêt mellifère, ornemental et cynégétique Programme expérimental Fonds de gestion de l espace rural 1996-1998 CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 1 Déc 1999

CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 2 Déc 1999

Reconquête d espaces agricoles abandonnés par l étude et la plantation d arbres et arbustes à intérêt mellifère, ornemental et cynégétique Décembre 1999 Etude réalisée par Michèle LAGACHERIE et Bernard CABANNES CRPF Languedoc-Roussillon avec l aide financière du Fonds de Gestion de l Espace Rural, section nationale ----------- Nous remercions les professionnels apicoles qui nous ont soutenu au cours de ce travail, ainsi que les propriétaires ou gestionnaires des parcelles expérimentales pour leur contribution efficace. Le rendu de ce travail réunit un rapport général et un fascicule regroupant les fiches des 10 sites expérimentaux réalisés pour ce programme et les 7 premières placettes initiées entre 1991 et 1994 CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 3 Déc 1999

CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 4 Déc 1999

Reconquête d espaces agricoles abandonnés par l étude et la plantation d arbres et arbustes à intérêt mellifère, ornemental et cynégétique Introduction générale p 1 Partie 1 Paramètres techniques pour une plantation paysagère, mellifère ou cynégétique Introduction p 3 1. Les plantations paysagères 1.1. Paramètres techniques pour le paysage p 4 1.1.1. Le choix des espèces p 4 1.1.2. Leur organisation dans la plantation p 4 1.1.3. L entretien de la plantation p 5 1.2. Etude pour l évaluation de l intérêt paysager p 6 2. Les plantations mellifères 2.1. Intérêt mellifère des arbres et des arbustes p 10 2.2. Le choix des espèces p 11 2.3. Les bases d un véritable aménagement api-sylvicole p 12 2.3.1. Quelques données essentielles p 12 2.3.2. Les étapes du diagnostic p 12 2.4. Quelques principes de sylviculture favorable p 13 3. Les plantations cynégétiques p 15 / CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 5 Déc 1999

Partie 2 Espèces à caractère paysager, mellifère, cynégétique Bibliographie et premières observations sur les espèces utilisées Introduction p 17 Acer campestre (Erable champêtre) p 18 Acer monspessulanum (Erable de Montpellier) p 18 Acer opalus (Erable à feuille d obier) p 18 Acer platanoïdes (Erable plane) p 18 Acer pseudoplatanoïdes (Erable sycomore) p 19 Acer rubrum (Erable rouge) p 19 Acer saccharinum (Erable argenté) p 19 Alnus incana (Aulne blanc) p 20 Amorpha fruticosa (Faux indigo) p 20 Arbutus (Arbousiers) p 20 Caragana arborescens (Acacia de Sibérie) p 21 Cercis siliquastrum (Arbre de Judée) p 21 Colutea arborescens (Baguenaudier) p 21 Corylus colurna. (Noisetier de Byzance) p 22 Eleagnus umbellata p 22 Evodia (Arbre à miel) p 22 Fraxinus ornus (Frêne à fleurs) p 23 Gleditsia triacanthos (Févier d Amérique) p 23 Hovenia dulcis (Hovenia à fruits doux) p 24 Koelreuteria paniculata (Savonnier) p 24 Laburnum alpinum (Cytise des Alpes) p 25 Laburnum anagyroïdes (Cytise aubour) p 24 Morus alba (Murier blanc) p 25 Morus nigra (Murier noir) p 25 Oxydendrom arboreum p 25 Phellodendron p 26 Prunus cerasifera (Prunier myrobolan) p 27 Prunus mahaleb (Cerisier de Ste Lucie) p 27 Prunus padus (Cerisier à grappes) p 27 Prunus serotina (Cerisier tardif) p 27 Robinia pseudoacacia (Robinier) p 28 Sophora japonica (Sophora du Japon) p 30 Sorbus (Sorbiers et alisiers) p 31 Tilia (Tilleuls) p 32 CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 6 Déc 1999

Partie 3 Le réseau de parcelles expérimentales Introduction p 33 1. Choix des sites p 34 2. Choix et obtention des plants p 34 3. Mise en oeuvre des plantations p 36 3.1. Types de plants p 36 3.2. Travaux préparatoires p 37 3.3. Plantation p 37 3.4. Pose de protections p 38 4. Gestion des plantations p 38 5. Formation des arbres et arbustes pour des objectifs paysagers, mellifères, cynégétiques p 39 5.1. Arbres à tige haute ou moyenne p 40 5.1.1. Espèces à port forestier p 40 5.1.2. Espèces à port plus ramifié p 41 5.2. Arbres bas p 43 5.3. Arbustes p 44 Conclusion p 45 Bibliographie p 46 Annexe p 49 Fascicule II : Les sites expérimentaux CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 7 Déc 1999

CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 8 Déc 1999

Reconquête d espaces agricoles abandonnés par l étude et la plantation d arbres et arbustes à intérêt mellifère, ornemental et cynégétique Depuis quelques années, des préoccupations environnementales, paysagères accompagnent les opérations sylvicoles. Il est reconnu important de préserver la biodiversité floristique et faunistique des milieux, la qualité des paysages. Les modalités techniques doivent se raisonner pour une meilleure harmonie des forêts de production avec leur environnement. En 1990, la profession apicole nous informait de son inquiétude sur l apauvrissement général des ressources pollinifères et nectarifères de l environnement rural et forestier. Un grand nombre d espèces d arbres sont mellifères grâce à leur floraison productrice de nectar ou de pollen, ou grâce au miellat produit avec la complicité des pucerons sur les feuilles ou les aiguilles. Certains miels d arbre sont d ailleurs fort réputés comme les miels d acacia, de tilleul, de sapin ou de châtaignier. En 1992, nous avons mis en place quelques plantations apisylvicoles, première étape du programme Sylvapi. Beaucoup de feuillus précieux (merisier, érable sycomore,...), de fruitiers forestiers (sorbiers et alisiers,...), d essences d accompagnement (saules, noisetiers...) ont des floraisons mellifères. Elles restent certes discrètes en sous-bois sombres. Mais les nouvelles pratiques de plantations à large espacement et de sylviculture dynamique favorisent l éclairement et le développement des houppiers, donc la floraison des arbres. Ces préoccupations générales se retrouvent également de plus en plus dans les motivations des propriétaires privés, des collectivités, qui à l échelle de leur territoire, de leur parcelle, souhaitent intervenir pour la qualité paysagère et biologique de leur environnement. Pour mener à bien le développement de tels projets dans la région, nous nous heurtions à deux problèmes majeurs : - Les conditions pédo-climatiques du Languedoc-Roussillon ne permettent que dans de rares cas d utiliser les espèces recommandées pour la production forestière. En ayant recours à d autres espèces, pour lesquelles au demeurant peu de références existent, les projets échappent aux aides financières classiques. - Beaucoup d espaces pressentis sont des petits parcellaires en friche qui ne trouvent plus de vocation agricole. Le mitage, l isolement parmi d autres usages, les blocages fonciers..., empêchent le regroupement de parcelles qui permettrait un projet forestier subventionnable. CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 9 Déc 1999

Le Fonds de gestion de l espace rural a permis de lever ces blocages grâce à deux volets complémentaires mis en oeuvre par le CRPF : 1/ le développement de réalisations paysagères, mellifères, cynégétiques sur les départements de l Aude, du Gard et de l Hérault, grâce aux attributions départementales du FGER (Pour en savoir plus : Bilan des 3 campagnes de FGER - à paraitre) 2/ le programme expérimental mené sur 3 années grâce au volet national du FGER, et présenté ici. Son objectif était le suivant : définir des propositions techniques pour des plantations à caractère paysager, mellifère, cynégétique, applicables à la mise en valeur des terres en déprise en région Languedoc-Roussillon. Les résultats de ce travail sont présentés en 3 volets : - les paramètres techniques retenus pour une plantation paysagère, mellifère, cynégétique - 40 espèces d arbres et d arbustes susceptibles de répondre à ces projets - le réseau expérimental Sylvapi et ses premiers enseignements Beaucoup d espèces ne sont pas évoquées dans ce rapport alors que leur intérêt pour les thèmes traités sont indéniables. C est le cas notamment d espèces particulièrement étudiées par d autres organismes, telles que l eucalyptus (AFOCEL), le tilleul (recherche roumaine). C est aussi le cas d espèces pour lesquelles la disponibilité en jeunes plants est rare. L intérêt de leur développement est néammoins certain et nous espérons pouvoir élargir cette prospection à l avenir. CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 10 Déc 1999

- Partie 1 - Paramètres techniques pour une plantation paysagère, mellifère ou cynégétique Les aménagements proposés sont destinés à des terres en déprise de plus ou moins grande taille pour lesquelles il n est pas défini d objectif de production agricole ou forestier. Il est attendu en revanche une occupation de la parcelle, dont le premier objectif est de supprimer l état d abandon. Mais tout aménagement peut rapidement retrouver une allure de friche s il n est pas accompagné d une gestion suivie. Les aménagements proposés reposent sur l attribution d une nouvelle fonction à la parcelle, paysagère, mellifère et/ou cynégétique, qui n est pas marchande (du moins directement dans la plupart des cas). La motivation et la satisfaction en sont les aliments essentiels, et elle doit donc produire rapidement ses premiers résultats pour encourager le propriétaire à leur entretien et à leur gestion. Nous avons regroupé ces trois fonctions paysagère, mellifère et cynégétique au sein d une même approche parce qu elles font appel à des essences relativement communes. Elles sont de plus fréquemment cumulées sur un même projet. Chacune toutefois détermine ses propres paramètres et c est ce que nous détaillons ci-après. Enfin, l esprit de ces plantations reste de type forestier, avec des coûts d investissement et de suivi voisins de ceux des plantations forestières et un matériel végétal de mêmes caractéristiques. En effet, il n est pas question de se substituer aux paysagistes ou d aménager des jardins : de nombreuses compétences et entreprises existent dans ce domaine. CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 11 Déc 1999

1. Les plantations paysagères L expression de projet paysager est multiple et il serait illusoire et erroné de vouloir définir un itinéraire technique de plantation paysagère. Chacun, propriétaire privé agriculteur ou urbain, associations ou groupements, collectivités, exprime différemment son attente : améliorer l environnement des hameaux, occuper et restructurer des espaces en déprise, apporter contraste et diversité à des paysages monotones, constituer un espace à traverser, protéger, cacher un élément défigurant du paysage, mettre en valeur un patrimoine. Le projet élaboré doit en tenir compte. Il doit aussi s adapter à l environnement du site, à son contexte socio-historique et culturel. Enfin, il doit prendre en compte les moyens de gestion envisagés. 1.1. Paramètres techniques pour le paysage Nous avons mis en œuvre plusieurs paramètres techniques pour donner à ces plantations les qualités paysagères souhaitées. Elles se traduisent par un choix d espèces appropriées, par une répartition de ces espèces sur le terrain et par des pratiques de gestion adaptées. 1.1.1. Le choix des espèces Certaines espèces d arbres et d arbustes ont des qualités paysagères remarquables par leur floraison (abondance, couleur, ), la couleur de leur feuillage à diverses périodes de l année, leur port, leurs fruits.les floraisons précoces des érables de Montpellier et plane, du poirier commun, de l arbre de Judée ou du cerisier de Ste Lucie, surviennent avant les feuilles et produisent des couleurs vives qui tranchent avec la grisaille d un environnement encore hivernal. D autres espèces comme le robinier, le sophora du Japon, l évodia, le savonnier, l amorpha ou le cytise, ont des floraisons plus tardives, voire même estivales, qui dominent par leur abondance sur la couleur du feuillage. Enfin, nombreuses sont les espèces envisageables en Languedoc-Roussillon qui offrent à l automne des couleurs vives et contrastées. Nous citerons notamment les érables (champêtre, plane, argenté, rouge ), les muriers, le nyssa, le savonnier.. Tous ces caractères s expriment généralement lorsque l espèce est sur une station qui lui convient bien, et souvent de façon variable selon les années. Le tableau 1 ci-après résume ces informations. Des espèces à caractères plus neutres sont associées à ces espèces, notamment lorsqu elles ont des croissances rapides : elles apportent des contrastes avec les autres espèces, occupent rapidement la parcelle, et protègent les essences à croissance plus lente dans les situations ventées. 1.1.2. Leur organisation dans la plantation Le regroupement des espèces par bouquets accentue les caractères individuels, en créant des taches de couleur et de forme visibles d assez loin. La taille du bouquet est à déterminer en fonction de la distance de vision privilégiée, si tel est l effet recherché. Les formes des bouquets peuvent accentuer l esprit du paysage environnant ou créer des effets particuliers. Nous avons ainsi mis en œuvre dans nos parcelles expérimentales des délimitations très rectilignes dans un secteur viticole de plaine, des limites plus floues et plus sinueuses dans un paysage plus contrasté. Quelques plantations en ligne ont aussi été adoptées sur de vielles terrasses pour accentuer ces usages anciens de parcelles (aménagement de Tautavel par exemple). Dans ce cas CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 12 Déc 1999

CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 13 Déc 1999

particulier, il est possible de mettre en valeur chaque terrasse en utilisant des essences différentes, aux ports et couleurs contrastés. Sur des terrasses étroites, le meilleur emplacement de plantation, pour profiter du volume disponible de terre, est situé à une distance de 2/3 du mur aval ; il est conseillé de respecter une distance fixe du mur aval pour mettre en valeur leur forme géométrique (BOYER 1999). Dans le jeune âge, la plantation d une haie d espèces différentes le long du mur est envisageable, mais son intérêt est provisoire puisqu elle sera ultérieurement cachée par les arbres des terrasses situées en aval. Le résultat de ces organisations ne pourra être évalué que dans quelques années. Des mélanges de deux espèces ont aussi été mis en place en utilisant les complémentarités des deux espèces associées du point de vue du port, de la hauteur et des couleurs de houppier. Tableau 1 Caractères d intérêt paysager des espèces utilisées Espèce Saison d intérêt Nature de l intérêt paysager P E A H Floraison Contraste du feuillage Fructification Couleur automne Acer campestre x x jaune jaune d or Acer monspelliensis x x jaune jaune Acer opalus x orangé Acer platanoïdes x x jaune jaune vif Acer pseudoplatanoïdes x jaune soutenu Acer rubrum x x rouge jaune à rouge Acer saccharinum x jaune Amorpha fruticosa x x violet Arbutus unedo x x blanche persistant rouge Cercis siliquastrum x rose vif Eleagnus umbellata x x gris brillant semi-persistant Evodias x x blanche rouge à noir Fraxinus ornus x blanche Koelreuteria paniculata x x jaune rouge à brun orangé Laburnum anagyroïdes x jaune Morus alba x jaune Morus nigra x jaune Nyssa sylvatica x rouge Oxydendron arboreum x rouge Phellodendron amurense x x x vert lustré noir jaune Prunus cerasifera x x blanche jaune ou prune Prunus mahaleb x blanche Prunus serotina x vert clair brun-orangé Pyrus communis x blanche Robinia pseudacacia x x blanche jaune Sophora japonica x x blanche gousses Sorbus aria x x vert/blanc rouge Sorbus aucuparia x x rouge Sorbus domestica x jaune brun Sorbis intermedia x vert/blanc rouge brun orangé Sorbus torminalis x brun brun rouge 1.1.3. L entretien de la plantation L entretien est primordial pour favoriser la croissance des arbres et arbustes, notamment dans les stations où la concurrence en eau peut être très forte. Il suit les principes des plantations forestières et peut en adopter les mêmes modalités. Mais l objectif paysager peut impliquer un soin supérieur porté à l espace interrang, notamment pour que les jeunes arbres et arbustes soient mieux visibles. Travail superficiel du sol ou gyrobroyage sont pratiqués dans ce sens par certains propriétaires. CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 14 Déc 1999

Nous aimerions aussi tester le semis d un couvert de type trèfle souterrain, entrant peu en concurrence avec les arbres et susceptible d empêcher le développement d adventices envahissantes. D autres plantes couvre-sol sont également à tester, qui pourraient avoir un intérêt mellifère et paysager pour leur floraison, ou pastoral avec un élevage ovin. Ces associations restent à expérimenter en zone méditerranéenne, où la concurrence hydrique est primordiale. Les modalités à des fins paysagères mises en œuvre dans les plantations expérimentales seront appréciés au fur et à mesure de la croissance des arbres et arbustes. Nous souhaiterions également pouvoir simuler un certain nombre de ces modalités sur SIG (AMAP notamment). 1.2. Etude pour l évaluation de l intérêt paysager L efficacité paysagère d investissements tels que ceux évoqués précédemment dépend aussi du choix du site d implantation. Nous avons souhaité aborder des premiers éléments de réponse en nous associant à l INRA - Sciences du sol de Montpellier, qui vient de développer un logiciel d évaluation paysagère, et l Agence foncière du Département de l Hérault, qui s intéresse également aux outils d aide à la décision pour l aménagement paysager des espaces en déprise. Nous avons, en 1998, encadré en partenariat le travail d un stagiaire de l ENSAM, O. Blachère (BLACHERE - 1998). L étude s est consacrée au test de l outil sur quelques interrogations relatives à la visibilité du site expérimental de Cazouls-lès-Béziers (Hérault). Les questions posées peuvent être les suivantes : Où installer un boisement paysager? Quel voisinage avec les occupations actuelles du sol? Quelle taille lui donner pour qu il marque positivement le site? Que va-t-il cacher? D où verra-t-on ce paysage amélioré? Qui le verra? Et enfin comment répondre objectivement à ces questions? L appréciation des paysages ressort beaucoup d impressions personnelles, subjectives, donc peu compatibles avec des prises de décisions collectives ou généralisables. Nous nous sommes intéressés à la visibilité tangentielle d un site, c est à dire celle d un observateur au sol. C est un paramètre simple qui peut se restreindre à deux réponses : oui (objet vu) ou non (objet non vu). Il est donc possible de le quantifier : «combien de points sont vus depuis ce point» ou encore «depuis combien de points voit-on ce point?». Pour obtenir une réponse objective, il faut interroger l espace géographique en de multiples points : ce travail manuellement inabordable, est rendu possible grâce aux systèmes d informations géographiques. Ces outils permettent en effet de simuler le déplacement d un observateur virtuel et de calculer sa visibilité : si le segment de droite entre l oeil de cet observateur et l objet à voir n est pas interrompu par un écran, l objet est «vu». Il faut prendre en compte les écrans qui empêchent la visibilité (relief, végétation, habitations...). Nous avons utilisé le logiciel EPI (Evaluations de Paysages Interactives) développé à l'ufr de Science du Sol de l'ensa.m-inra Montpellier dans le cadre d'un partenariat avec l'aten (Atelier Technique des Espaces Naturels). EPI gère et génère des données géographiques dans des formats SIG courants, et s'appuie sur la complémentarité avec ces outils (Idrisi et ArcView principalement). Nous avons également utilisé des bases de données cartographiques (BD-Topo) et des photos aériennes pour générer un fichier numérique d altitude et un modèle numérique de hauteur d occupation du sol. CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 15 Déc 1999

Où implanter un boisement paysager? Dans les cas de figure où plusieurs sites sont aménageables, il est intéressant de rechercher celui qui offrira l impact visuel le plus fort. Nous avons donc interrogé l espace sur les sites qui sont les plus vus lorsque l on parcourt ce territoire. Le déplacement de l observateur potentiel peut être simulé selon plusieurs paramètres de la base de donnée utilisée. Nous présentons ici la visibilité obtenue depuis des axes de circulation. Nous avons limité la simulation aux routes goudronnées à une voie. L échantillonnage tous les 20 m de la prise de vue représente 2712 points d observation sur environ 55 km. La visibilité de chaque point de l espace est calculée à partir du taux de points d échantillonnage où le site est visible par l observateur : un site a une visibilité de 15% si pour 15 points d observation sur 100 échantillonnés, l observation est «oui, le site est vu». Réitérés pour chaque maille de l aire étudiée, ces calculs permettent d établir une cartographie par classe de valeur de visibilité. Site (volet I) Lac Visibilité Visibilité Nulle Nulle Faible Faible Moyenne Moyenne Forte Forte Cazouls-lès-Béziers N Ro ute à un e voie 0 200 400 600 Mètres Au tre ro ute ou ch em in Figure 2 : Ampleur de la visibilité actuelle depuis les voies de communication. Les résultats de l interrogation sont fournis sous forme de cartographie des notes de visibilité obtenues, les sites les plus sombres sont ceux qui sont vus de beaucoup d endroits lorsque l on parcourt le réseau routier. Dans le paysage étudié, très collinaire, les visibilités les plus fortes correspondent à des taux de visibilité de 10 % des points échantillonnés au maximum. Comment mettre en valeur le paysage créé? Où réaliser des belvédères, des passages privilégiés...? Par une méthodologie de même nature, il est facile de calculer la visibilité de tout point de la zone d action à partir des sites retenus. On peut par exemple, pour le site aménagé, localiser les portions de routes qui offrent le meilleur point de vue sur le site. CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 16 Déc 1999

Comment évolue l intérêt de ces sites avec le temps? La croissance des arbres de la plantation peut améliorer la visibilité du site, l évolution de la végétation alentour peut au contraire l obturer. L oeil de l observateur virtuel est simulé à hauteur d homme par rapport au sol. La croissance de la végétation avec le temps peut modifier considérablement la visibilité. Située entre l observateur et le site paysager, elle peut faire écran et supprimer son intérêt; inversement, la plantation paysagère prenant de la hauteur peut être vue d un nombre plus important de lieux. C est ce que nous avons pu simuler à To + 10 ans et To + 30 ans, en nous référant à des donnéees de croissance des espèces présentes dans la plantation et dans les peuplements alentours. Nous pouvons ainsi connaître l évolution dans le temps de l intérêt paysager des différents sites envisagés. Actuellement... dans 10 ans... et dans 30 ans. Site Visibilité Visibilité Nulle Faible Moyenne Forte Nulle Faible Moyenne Forte Figure 3 : Perspectives d'évolution de la visibilité sur le site à diverses époques. Avec la croissance de la végétation au cours du temps, notamment celle des formations boisées et des reboisements réalisés sur les puechs, la visibilité globale des sites depuis l ensemble du réseau routier, diminue, et les visibilités maximales passent de 10% à 5%. Elles peuvent au contraire augmenter lorsqu elles ne sont calculées qu à partir d un point d observation privilégié. Les cartographies produites fournissent un support très appréciable pour la concertation entre partenaires d aménagement paysager. Leur lecture est simple et aisée et permet de restreindre l espace selon les critères de choix établis. D autres bases de données peuvent être consultées pour superposer des problématiques complémentaires. Nous avons à titre d exemple effectué une interrogation portant uniquement sur les espaces en friche. La taille des projets, leurs couleurs, le contraste qu ils constituent par rapport à ce qui les entoure, ou encore leur répétition dans l espace pourraient aussi être analysés avec ce logiciel EPI pour évaluer leur influence sur la visibilité d un aménagement. Cette méthodologie nécessite, nous l avons vu, d établir ou de posséder un modèle numérique d altitude, et des bases de données complémentaires renseignant l espace sur les composantes utilisées. Ce travail doit beaucoup au partenariat établi : l Agence foncière de l Hérault, le CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 17 Déc 1999

CRPF et l INRA-Sciences du sol ont mis en commun pour cette étude leurs réflexions et leurs problématiques sur l approche paysagère, leurs outils et leurs données. Il permet de mettre en évidence l intérêt et la puissance des outils informatiques utilisés ici, et en particulier le logiciel EPI pour des problématiques paysagères d aménagement de l espace. Ils peuvent fournir des visions synthétiques de l espace à aménager et de son environnement, pouvant aider des partenaires de projet à cibler les débats et prendre des décisions. CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 18 Déc 1999

2. Les plantations mellifères La forêt fleurit aussi... La forêt, souvent présentée comme une ennemie de l apiculture à l occasion de grands boisements, peut devenir une alliée, par la floraison des arbres et avec l aide des sous-bois et des lisières. Les arbres sont utiles aux abeilles, mais en retour celles-ci sont utiles aux arbres et à toute la flore entomophile, dont elles assurent la pollinisation, et par conséquent la reproduction. 2.1. Intérêt mellifère des arbres et des arbustes L intérêt mellifère d une espèce d arbre ou d arbuste se traduit par la production d une ressource utilisée par les abeilles pour élaborer un produit qui permet d abord à la ruche de vivre, et que peut éventuellement récolter l apiculteur. Ainsi la végétation fournit plusieurs éléments essentiels à la vie d une ruche : Le nectar : élaboré par des organes spécifiques, les nectaires, souvent situés à la base des fleurs. Les abeilles le récoltent en l aspirant, le stockent dans leur jabot, et le restituent à la ruche légèrement transformé. Une fois concentré à l intérieur de la ruche, il est récolté par l apiculteur et fournit le miel après un certain temps de maturation. Le pollen : fine poussière produite par les étamines des fleurs, les abeilles le récoltent sous forme de petites pelotes qu elles transportent à la ruche dans les corbeilles de leurs pattes. Le pollen est primordial pour la nourriture des jeunes abeilles et pour leur développement. Beaucoup d espèces d arbres ou arbustes à chatons constituent tôt en saison une source de pollen importante qui peut fortifier la ruche avant la pleine saison de production. Les apiculteurs peuvent aussi prélever une partie du pollen en le piégeant à l entrée de la ruche. Le miellat : il est élaboré par des pucerons, des psylles ou des cochenilles qui extraient la sève sucrée des feuilles, des aiguilles ou des écorces pour y prélever des substances nécessaires à leur développement et rejettent le miellat. Les abeilles le récoltent et le transforment comme le miel. La qualité du miellat dépend bien sûr de l espèce végétale, mais aussi de l insecte intermédiaire. Beaucoup d espèces d arbres, notamment en forêt, sont source de miellat, sous réserve de la présence des insectes intermédiaires. La grosse production correspond souvent aux montées de sève de printemps, et des productions secondaires sont possibles chez certaines espèces comme le chêne en début d été et en automne. La propolis : elle est récoltée par les abeilles sur les écailles des bourgeons de certains arbres (peupliers, marronniers...) pour boucher toutes les aspérités de la ruche et momifier les cadavres d éventuels intrus. Très importante pour la santé des abeilles par ses propriétés fongicides et bactéricides, elle peut être extraite et commercialisée pour élaborer des produits pharmaceutiques ou para-pharmaceutiques. La bibliographie concernant le potentiel mellifère des arbres et arbustes est peu abondante et rarement scientifique ou provenant d observations originales. Elle émane souvent d amateurs observateurs et les informations fournies sont imprécises, voire contradictoires. Elles demeurent toutefois pour nous des hypothèses de travail qu il conviendra de vérifier dans les arboretums installés. Certains travaux consultés fournissent des estimations de production potentielle de miel par arbre ou par hectare de plantations, que nous reportons dans les tableaux synthétiques fournis en annexe. Ces estimations sont souvent faites de façon théorique, en prélevant le nectar directement dans les nectaires avec de petites pipettes ; les résultats unitaires sont multipliés par le nombre de fleurs par arbre, par le nombre d arbres à l ha, etc. Les chiffres obtenus sont donc une production potentielle, quelquefois même CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 19 Déc 1999

CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 20 Déc 1999

exprimée en nectar et non en miel (ne pas oublier que c est un concentré). Il est très difficile d évaluer la production réelle correspondant à une récolte possible. Comme le souligne M. BOCQUET (1993), de nombreux facteurs interviennent sur la production mellifère réelle : le potentiel mellifère d une espèce dépend de sa bonne adaptation à la station et peut fluctuer d une année sur l autre ; d autre part, de nombreux facteurs déterminent les conditions d une bonne récolte, et la production effective peut se trouver très éloignée du potentiel mellifère de l espèce. Toutes ces remarques expliquent en partie les contradictions apparentes relevées pour certaines espèces, comme le frêne à fleurs ou les mûriers, considérés comme mellifères par les uns et non visités par les abeilles par les autres. Il est donc très important pour chacune des espèces proposées, de vérifier au-delà de leur développement végétatif, la bonne expression de son potentiel mellifère dans les différents milieux et son utilisation effective par les abeilles. Il apparaît au vu des travaux consultés que de nombreuses espèces mellifères d arbres et arbustes sont envisageables en Languedoc-Roussillon. Un bon nombre d entre elles sont même particulièrement intéressantes pour leur saison de production et leur potentiel. Nous présentons dans les tableaux 2 et 3 une synthèse réalisée à partir de ces travaux et de nos propres observations. Ce tableau, non exhaustif, est encore très imparfaitement renseigné et des relevés d informations sont encore nécessaires. 2.2. Le choix des espèces Il n était pas possible d expérimenter toutes les espèces susceptibles de se développer en Languedoc- Roussillon, mais la liste présente dans les tableaux 2 et 3 offre déjà pour les diverses stations que l on peut trouver dans la région plusieurs possibilités intéressantes, répondant aux différents objectifs proposés ci-dessous. Certaines espèces forestières sont déjà bien connues pour leur intérêt mellifère. Le châtaignier, le tilleul, le robinier, le sapin, etc. produisent des miels (ou miellats) monofloraux présents sur le marché français, les érables ou les eucalyptus sur les marchés étrangers. Les feuillus dits «précieux», pour leur valeur du bois (merisier, érable sycomore, frêne, etc.) sont de plus en plus utilisés dans les boisements et peuvent concourir à la production mellifère, notamment dans les plantations à faible densité où les arbres fleurissent en pleine lumière. Divers feuillus, déjà présents en forêt mais souvent peu remarqués car en sous-étage, deviennent bénéfiques pour l apiculture si on leur donne de la lumière et de l espace : c est particulièrement le cas du genre sorbus (alisier torminal et alisier blanc, sorbier des oiseleurs, cormier), du genre prunus (cerisier de Sainte Lucie, prunier myrobolan etc.), des tilleuls et des érables. Certaines espèces réputées hautement mellifères sont encore peu connues en utilisation forestière, comme le févier d Amérique et le sophora, ou pratiquement inconnues comme les évodias, les phellodendrons ou l oxydendron ; elles méritent une connaissance plus approfondie et un développement plus soutenu si leur acclimatation s avère réussie. Le genre tilleul mériterait un travail spécifique pour utiliser les différentes espèces permettant un étalement des floraisons. CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 21 Déc 1999

Tableau 2 - Espèces mellifères et périodes de floraison Nom latin Nom commun J F M A M J J A S O N D Alnus incana Aulne blanc ---- Corylus colurna Noisetier de Byzance ---- ---- Prunus cerasifera Prunier myrobolan Ω ---- ---- Arbutus andrachne Arbousier de Chypre Ω ---- ------ ------ ---- Acer saccharinum Erable argenté ------ Fraxinus ornus Frêne à fleur -------- Pyrus communis Poirier commun -------- Prunus mahaleb Cerisier Ste Lucie -------- Acer negundo Erable negundo -------- Acer monspelliensis Erable de Montpellier -------- Buxus sempervirens Buis Ω --- ------- -- Acer rubrum Erable rouge ---- Colutea arbrescens Baguenaudier Ω -------- - Acer opalus Erable à feuille d obier ----- Cercis siliquastrum Arbre de Judée ----- Acer campestre Erable champêtre ------ Acer platanoïdes Erable plane ------ Arbutus glandulosa Arbousier glanduleux Ω ------ ------ Caragana arborescens Acacia de Sibérie Ω ---- Prunus padus Cerisier à grappes -- Morus alba Murier blanc -------- Robinia pseud. divers Acacias de Hongrie ---- ------ -- Acer pseudoplatanoïdes Erable sycomore ---- Sorbus domestica Cormier ----- -- Sorbus aria Alisier blanc Ω ------ Laburnum anagyroïdes Cytise Ω -- ------ -- Gleditschia triacanthos Févier d Amérique ------- Sorbus torminalis Alisier torminal ------ Sorbus intermedia Sorbier intermédiaire ------ Eleagnus umbellata Ω -- - Eucalyptus Eucalyptus ---- ------ ------ -- Amorpha fruticosa Amorpha Ω ---- ---- Morus nigra Murier noir --- ---------- Prunus serotina Cerisier tardif --- Oxydendrum arboreum Arbre-oseille -- ------ -- -- -- -- Tilia platyphyllos Tilleul à grandes feuilles --- Arbutus xalapensis Arbousier du Xalap Ω ------ ------ Sorbus aucuparia Sorbier des oiseleurs ------ Laburnum alpinum Cytise des Alpes Ω ------- Tilia cordata Tilleul des bois ---- Evodia danielli Arbre à miel --------- Tilia tomentosa Tilleul argenté ---- Phellodendron amurense Arbre au liège de l A. ------ Koelreuteria paniculata Savonnier ------ Sophora japonica Sophora du Japon -------- Tilia henryana ------ Arbutus unedo Arbousier Ω ------ ---- -- ------ ------ ------ : arbre Ω : arbuste CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 22 Déc 1999

Tableau 3 Intérêt mellifère et zones appropriées aux espèces mellifères choisies Nom latin Intérêt Nectar Pollen Miellat Remarques sur la floraison ZB mellifère sec ZB fertile ZP sec ZP ZM fertile sec ZM fertile Acer campestre xxx x x c c c Acer monspelliensis xx x x c c Acer negundo xx x x x Acer opalus xx x x x x x x Acer platanoïdes xx x x x x x Acer pseudoplatanoïdes xx x x x x x Acer rubrum xx x x x Acer saccharinum xx x x x Alnus incana xx x x x x x Amorpha fruticosa xx x x x x x x Arbutus andrachne x x x x x Arbutus glandulosa x x x x x Arbutus unedo x x x a x a x Arbutus xalapensis x x x x x Buxus sempervirens x x x x x x x x Caragana arborescens xx x x Floraison dès 3-4 ans x x x x x x Cercis siliquastrum x x x Floraison dès 5-6 ans x x x x Colutea arborescens x x x Floraison dès 1 à 2 ans c c Corylus colurna x x x x Eleagnus umbellata x Intérêt non précisé x x x x Eucalyptus xxx x Grande variabilité selon espèces a a a a Evodia danielli xxx x Floraison dès 5-6 ans x x x x Fraxinus ornus x x x Floraison dès 4-5 ans 2 fl possibles x x x x Gleditschia triacanthos xx x x x x Hovenia dulcis x x Floraison tardive selon certain x x Koelreuteria paniculata xx x x x x x Laburnum alpinum x x x x Laburnum anagyroïdes x x c c c c c c Morus alba x x x x x x x Morus nigra x x x x x x x x Oxydendrum arboreum xx x x Floraison dès 4-5 ans a a Phellodendron amurense xxx x x x Prunus cerasifera x x x x x x x Prunus mahaleb xx x x Floraison dès 2-3 ans x x x x Prunus padus x x x x x Prunus serotina x x Floraison très fugace a a a a Pyrus communis x x x x x x x x Robinia pseud. divers xxx x x x Etalement sur 2 mois avec clones / proven. x x x Sophora japonica xx x x x Sorbus aria x x c c Sorbus aucuparia x x x Sorbus domestica x x x x x x x x Sorbus intermedia x x x x x x Sorbus torminalis x x x x Tilia cordata xxx x x x x x Tilia henryana xxx x x? x? x Tilia platyphyllos xxx x x x c c Tilia tomentosa xxx x x x x x x ZB : Zone basse ZP : Zone de Piémont ZM : Zone de Montagne a : sol acide uniquement C : sol calcaire uniquement CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 23 Déc 1999

Le robinier, très producteur mais capricieux car sa floraison précoce en saison ne correspond pas toujours aux conditions climatiques idéales, a fait l objet d un important travail de sélection génétique par les forestiers et apiculteurs hongrois sur des critères de qualité du bois, mais aussi de quantité, durée et périodes de floraison. Les clones reconnus, lorsqu on peut les trouver en pépinière, méritent attention. Les arbustes, encore peu utilisés en forêt, sont souvent très mellifères et leur utilisation en accompagnement devient habituelle dans les types de boisement cités ci-dessous. 2.3. Les bases d un véritable aménagement api-sylvicole 2.3.1. Quelques données essentielles L éloignement des sources nectarifères est un élément déterminant des récoltes : l aire de butinage efficace ne dépasse pas un cercle de 1 Km de rayon (soit environ 300 ha) ; au-delà, le rendement des abeilles est trop faible. Le vent, avec son corollaire la sécheresse, entraîne la stérilité des glandes nectarifères, fatigue les abeilles et entrave le développement des arbres. Un point d eau est également nécessaire près du rucher. Le travail des butineuses est facilité par le groupement des fleurs ; à ce niveau-là, même un arbre isolé favorise la rapidité de récolte par rapport à des fleurs dispersées (une abeille doit visiter de 150 à 400 fleurs pour remplir son jabot). D importantes ressources en pollen en fin d hiver ou début de printemps sont nécessaires pour le bon développement des colonies d abeilles ; il ne faut donc pas négliger les arbres comme les saules, noisetiers, etc. 2.3.2. Les étapes du diagnostic 1/ Définir l objectif, impérativement avant toute plantation. On peut envisager les cas de figure suivant : L étalement des floraisons pour un rucher sédentaire. Dans ce cas, on utilisera une palette d espèces adaptées au terrain, en les regroupant par bouquets plutôt que mélangées pied à pied. L étalement des floraisons sur plusieurs mois de l année est facilité sur une station fertile. Cet objectif est particulièrement adapté aux ruchers familiaux ou aux apiculteurs à titre secondaire. La correction d une carence saisonnière en nectar. On pourra utiliser une seule ou plusieurs espèces, choisies en fonction de leur date de floraison et de leur adaptation à la station. Ceci nécessite évidemment une analyse floristique de l environnement du rucher pour faire ressortir les carences principales. Plusieurs espèces d arbre sont particulièrement intéressantes pour leur floraison estivale (sophora, évodias, savonnier), à un moment où peu d espèces fleurissent en région méditerranéenne. L apport de nourriture l hiver, en plantant des arbres ou des arbustes fleurissant sur le lieu d hivernage du rucher, pour éviter le nourrissage par exemple. La qualité gustative du miel produit par l espèce choisie n a pas beaucoup d importance dans ce cas, car la production est utilisée pour la consommation de la ruche et non pour la récolte. L arbousier, qui donne un miel amer et peu apprécié (à l exception des siciliens pour ses vertus supposées aphrodisiaques) est tout à fait adapté à cet objectif. CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 24 Déc 1999

L apport de pollen de fin d hiver, avec des arbres comme les noisetiers ou les saules, qui permettront un bon développement du couvain. La quantité de miel récoltée dépend directement du nombre d abeilles de la ruche, qui lui-même est fonction de la nourriture disponible en pollen pour les jeunes larves d abeille (entre autres facteurs!) au moment du redémarrage de la colonie aux premiers beaux jours en fin d hiver ou début de printemps. Un bon démarrage de début de printemps ; plusieurs espèces à floraison assez précoce, comme des prunus, le poirier, certains érables, les alisiers, etc. permettent de poursuivre le démarrage de fin d hiver ou début de printemps évoqué précédemment et constituent un premier apport de nectar. Une récolte monoflorale sur ces espèces est rare, mais elles peuvent avoir un poids assez important sur les premières récoltes de miel de l année. Une production de masse monoflorale. On utilisera alors une seule espèce (ou un seul genre), avec des variétés ou des clones à floraisons un peu décalées pour augmenter la période de production quand cela est possible. Les chiffres de production fournis dans les tableaux, malgré quelques mises en garde pour leur utilisation, montrent qu il est possible d obtenir une quantité importante de miel monofloral (plus de 1000 Kg par ha pour le robinier, le tilleul argenté, etc.). Pour être réaliste, il faut dans ce cas constituer un peuplement assez étendu (plusieurs hectares semblent nécessaires), et veiller à ne pas mélanger les espèces à floraison simultanée si l on veut un miel monofloral original. L augmentation des capacités mellifères du site sans objectif bien précis, qui peut se faire avec toutes les espèces adaptées au lieu. Cette option sera souvent choisie dans le cas de boisements multifonctionnels, où l intérêt paysager ou cynégétique a aussi de l importance. La création d un «espace mellifère» constituant un arboretum, un site de démonstration ou d information, une image de marque près d un lieu de vente, etc., ou tout autre objectif à imaginer. Ces objectifs, encore mal définis, prendront certainement de l importance dans les aménagements futurs. 2/ Analyser les potentialités mellifères des environs (1 Km de rayon maximum) et les potentialités écologiques de la station. L estimation des potentialités mellifères d une station peut se faire par une analyse méthodique de la flore environnante, comme cela a été fait par la société de botanique Catalane à la demande de l USAR (Union des Syndicats Apicoles du Roussillon), pour une partie du département des Pyrénées Orientales. A défaut d un tel travail existant ou d une analyse locale complexe, on se contentera d une bonne connaissance de la flore mellifère locale ou tout simplement de l observation du rendement des ruches au cours des saisons, notamment pour un rucher sédentaire. 3/ Établir la liste des espèces possibles en fonction des analyses précédentes, et choisir parmi elles celles répondant à l objectif choisi. Remarque essentielle : les miels monofloraux bénéficient souvent d une renommée ou d un label de qualité très porteur pour leur commercialisation (miel de romarin de Narbonne, miel de lavande des Alpes,...) : il faut donc éviter de polluer leur pureté par l introduction d une espèce mellifère arborée ou arbustive qui fleurit en même temps. Dans ce cas là, il faut aussi penser aux ruchers voisins! 2.4. Quelques principes de sylviculture favorable La sylviculture actuelle, qui prône les faibles densités de plantation et des éclaircies vigoureuses, est favorable à l apiculture car elle permet une bonne mise en lumière des houppiers et le développement d une flore en sous-bois. Dans nos plantations expérimentales, nous avons choisi des espacements CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 25 Déc 1999

moyens de 4 m entre les arbres. Quelquefois, un espacement de 5 m a permis d intercaler une espèce plus petite avec un houppier futur en strate inférieure. Même si elles sont condamnées par le développement des arbres de haute taille, les espèces arbustives ont un développement végétatif souvent rapide, et des floraisons qui peuvent intervenir dès les premières années. Elles permettent donc d anticiper l utilisation de la plantation et de favoriser son entretien. Pour les arbres présentant un intérêt pour le bois, on applique une taille forestière classique (formation d une bille) ; pour les arbres ou arbustes d accompagnement, on pourra au contraire rechercher un développement buissonnant ou en boule qui favorise la floraison et l impact paysager. (Cf. le chapitre «formation des arbres et arbustes pour des objectifs paysagers, mellifères, cynégétiques»). Pour une utilisation effective par un apiculteur du site aménagé, il est nécessaire de prévoir des emplacements avec un accès carrossable, abrités et assez larges pour déposer les ruches en terrain plat. A l intérêt mellifère sont souvent associées d autres fonctions : la production de bois originaux, la qualité paysagère (la plupart des feuillus producteurs de nectar, outre leur floraison, ont souvent de très belles couleurs d automne), l amélioration cynégétique par la production de fruits sauvages et la création de gîtes pour le gibier, etc. Une attention particulière pour leur intérêt mellifère doit être portée aux types de plantation suivants : Les haies, qui peuvent être constituées entièrement de plantes mellifères allant du petit arbuste au grand arbre ; à ne pas oublier pour protéger les emplacements de rucher. Les plantations par bouquets ; beaucoup d espèces feuillues sont réputées peu sociales (merisier, alisier torminal, etc.;) mais sont très bien adaptées à la plantation par bouquets allant de 0,2 à 2 ha. Le regroupement des sujets de même espèce favorise leur repérage par les abeilles et ainsi l efficacité du butinage. Les plantations homogènes sur une grande surface ne sont pas toujours favorables à l apiculture, notamment avec des conifères, mais on peut les rendre plus attractives en respectant quelques principes de sylviculture, avec des éclaircies fortes, en favorisant un sous-étage de feuillus, ou en effectuant quelques travaux complémentaires. CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 26 Déc 1999

3. Les plantations cynégétiques Les populations de petit gibier ont subi des pertes importantes dans de nombreuses régions, dont les causes principales sont les pratiques modernes de culture, les remembrements, qui ont notamment supprimé les haies, et un manque de gestion des prélèvements de gibier. Certaines sociétés ou associations de chasse essaient actuellement de restaurer ces populations, et parmi les nombreuses mesures mises en œuvre, la réintroduction d arbres et d arbustes tient une part importante. Leur utilité pour les différentes espèces animales appréciées des chasseurs a fait l objet de plusieurs études de l Office national de la chasse. Le tableau ci-dessous en présente une synthèse : Espèce animale Perdrix rouge Faisan commun Grives et merles Contribution des arbres et arbustes dans l alimentation ou le gîte du petit gibier Alimentation issue d arbres et d arbustes Légère consommation de graines d arbres (faines ) Consommation de graines et fruits d arbustes Consommation de baies et fruits très importante en automne et hiver Pigeons et tourterelles Consommation de glands, faînes ou autres graines d arbres. Les feuilles, bourgeons et fleurs de certaines espèces d arbres (le frêne, le robinier par exemple) peuvent être consommés par les pigeons Lièvre commun Consommation de bourgeons et tiges des jeunes arbres et arbustes, pouvant mettre en péril la réussite des plantations. Lapin de garenne Gîte issu d arbres et d arbustes Apprécie beaucoup les bocages. Importance des haies et des buissons pour la nidification Affectionne les paysages contrastés. Importance dans les milieux de culture des petits bosquets et des haies Nidification dans les haies et buissons ou au creux des branches basses des arbres. Les formations arbustives leur sont indispensables. Nidification dans les grands arbres ou gros buissons Importance des arbustes et des haies pour le gîte et le refuge Importance des arbustes et des haies pour le gîte et le refuge Importance des haies et bosquets disséminés pour déconcentrer les populations et éviter un excès de dégâts Il apparaît au travers de ces informations que les petits boisements créés sur des friches de territoires agricoles contribuent à une diversification du milieu très favorables à de nombreuses espèces cynégétiques. Les arbres peuvent apporter alimentation, protection, repère, et créent des conditions microclimatiques plus tamponées. Leur association avec des arbustes augmente cet intérêt en complétant le rôle d abri et de fournisseur d alimentation. Dans les paysages uniformisés, comme les grandes étendues de vigne, de céréales, ou de garrigue basse à chêne kermes, l absence d arbres et d arbustes compromet la reproduction de ces espèces. Concernant l organisation de plantations cynégétiques, nous retiendrons des travaux consultés les principes suivants (SOLTNER - 1994 ; NIHOUL et al - 1995 ; CHANTELAT et JACOB - 1994) : CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 27 Déc 1999

Une diversité d espèces : la faune cynégétique n est pas inféodée à une espèce d arbre ou d arbuste particulière. Les besoins alimentaires et d habitat de chaque espèce animale sont couverts par une diversité de ressources et de strates que peut fournir une plantation composite. Le choix des espèces peut en revanche être guidé par des préférences de consommation ou de gîte connues : Liste d espèces d intérêt cynégétique (SOLTNER - 1994) Aulne de Corse Arbre de Judée Caroubier Charmes Chênes Hêtre Merisier et autres prunus Muriers Noisetier Poirier commun Robinier (en taillis) Espèces favorable au couvert des animaux suivants (CHANTELAT et JACOB - 1994) Tous Tous Espèces favorable à la nourriture des animaux suivants (CHANTELAT et JACOB - 1994) Faisan Perdrix faisan Saule Tous Lièvre lapin Sorbiers - alisiers Faisan grives Azerolier Arbousier Aubépine Tous Faisan Baguenaudier Buis Cotonéasters Faisan perdrix Faisan Eleagnus (umbellata, angustifolia) Fusain Houx Lauriers Prunelier Symphorine Troènes Tous Faisan Petit gibier Lièvre lapin perdrix faisan Faisan lièvre perdrix Espacements assez laches entre les arbres (4 m x 4 m minimum), afin que puisse se développer une strate inférieure, à contrôler toutefois pour qu elle ne crée pas de concurrence. Accompagnement des arbres par des arbustes : ils peuvent être disposés en alternance avec les arbres ou regroupés en petits bouquets, et leur intérêt peut être accru par des interventions de tailles ou de recépages. Favoriser des lisières entre les boisements et les espaces découverts : on peut pour cela installer des haies périphériques ou des lignes d arbustes plus denses, ou laisser s installer une végétation adventice de lisière. Entretien de la parcelle avec précaution : l entretien de la plantation cynégétique peut nécessiter des débroussaillements que les chasseurs conseillent d effectuer en dehors des périodes de nidification (entre mi-mars et mi-juin). On peut remarquer que beaucoup de préconisations pour améliorer la capacité cynégétique d un espace boisé sont similaires à celles faites pour les plantations mellifères ou paysagères. Nous n avons pas mis de parcelle expérimentale dont l objectif principal est l amélioration cynégétique, mais plusieurs parcelles ont cet objectif secondaire, l une d entre elles (Corneilla la Rivière) ayant même été planté et entretenue avec le concours direct des chasseurs de la commune. CRPF\MLV\Rapport CRPF Sylvapi comp.doc 28 Déc 1999