Dr Gilbert ZEANANDIN Pôle Digestif Archet II CHU Nice

Documents pareils
Le reflux gastro-oesophagien (280) Professeur Jacques FOURNET Avril 2003

«Les lombalgies chroniques communes à la consultation de rhumatologie du CHU de Fès»

Module digestif. II. Prévention du reflux gastro-œsophagien :

Anti-Inflammatoires Non stéroïdiens

Mieux informé sur la maladie de reflux

Migraine et céphalées de tension: diagnostic différentiel et enjeux thérapeutiques

1- Parmi les affirmations suivantes, quelles sont les réponses vraies :

Faut-il encore modifier nos pratiques en 2013?

Etablissement Français du Sang

Traitement des calculs urinaires par fragmentation (Lithotripsie par ondes de choc extracorporelle)

Comment traiter le reflux gastro-oesophagien?

Traitement des plaies par pression négative (TPN) : des utilisations spécifiques et limitées

NOTICE: INFORMATION DE L UTILISATEUR

Les nouveaux anticoagulants oraux, FA et AVC. Docteur Thalie TRAISSAC Hôpital Saint André CAPCV 15 février 2014

La migraine. Foramen ovale perméable. Infarctus cérébral (surtout chez la femme)

INTERET PRATIQUE DU MDRD AU CHU DE RENNES

Conseils aux patients* Lutter activement. *pour les patients ayant subi une opération de remplacement de la hanche ou du genou

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

UTILISATION ET PRECAUTION D EMPLOI DES AINS Professeur Philippe BERTIN, Chef de Service de Rhumatologie, CHU Limoges Octobre 2009

BIOPSIE PAR ASPIRATION Sous stéréotaxie

Dracunculose Association Française des Enseignants de Parasitologie et Mycologie (ANOFEL)

Prise en charge de l embolie pulmonaire

EXEMPLE DE METHODOLOGIE POUR L ELABORATION D UN PROTOCOLE DOULEUR Marie AUBRY Infirmière référente douleur Hôpital TENON AP-HP Paris XX e SOMMAIRE

Infestation par Dipylidium caninum,

Grossesse et HTA. J Potin. Service de Gynécologie-Obstétrique B Centre Olympe de Gouges CHU de Tours

Programme de prise en charge et de suivi en anticoagulothérapie

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

Anémie et maladie rénale chronique. Phases 1-4

QUE SAVOIR SUR LA CHIRURGIE de FISTULE ANALE A LA CLINIQUE SAINT-PIERRE?

Bien vous soigner. avec des médicaments disponibles sans ordonnance. juin Douleur. de l adulte

HTA et grossesse. Dr M. Saidi-Oliver chef de clinique-assistant CHU de Nice

Association lymphome malin-traitement par Interféron-α- sarcoïdose

Les grands syndromes. Endoscopie trachéo-bronchique. Professeur D. ANTHOINE CHU de NANCY

Vivez votre féminité sans souffrir.

Les différentes maladies du coeur

HELICOBACTER PYLORI DÉTAILLÉ

Peut-on reconnaître une tumeur de bas-grade en imagerie conventionnelle? S. Foscolo, L. Taillandier, E. Schmitt, A.S. Rivierre, S. Bracard, CHU NANCY

LANCEMENT DE IPRAALOX, 20 mg Pantoprazole

Leucémies de l enfant et de l adolescent

Cette intervention aura donc été décidée par votre chirurgien pour une indication bien précise.

Don d organes et mort cérébrale. Drs JL Frances & F Hervé Praticiens hospitaliers en réanimation polyvalente Hôpital Laennec, Quimper

ASPECT ECHOGRAPHIQUE NORMAL DE LA CAVITE UTERINE APRES IVG. Dr D. Tasias Département de gynécologie, d'obstétrique et de stérilité

Carte de soins et d urgence

Livret des nouveaux anticoagulants oraux. Ce qu il faut savoir pour bien gérer leur utilisation

dossier de presse nouvelle activité au CHU de Tours p a r t e n a r i a t T o u r s - P o i t i e r s - O r l é a n s

DYSPEPSIE. Département de médecine communautaire, de premier recours et des urgences Service de médecine de premier recours

Migraine et Abus de Médicaments

S o m m a i r e 1. Sémiologie 2. Thérapeutique

Projet de grossesse : informations, messages de prévention, examens à proposer

Le dépistage des cancers

INFORMATIONS AU PATIENT SUR LA COLOSCOPIE

NOTICE : INFORMATIONS DE L'UTILISATEUR. PANTOZOL Control 20 mg, comprimé gastrorésistant Pantoprazole

Note de synthèse Assurance Maladie. Information des professionnels de santé sur les produits de santé mars 2011

Janvier 2003 PLACE DE L ENDOSCOPIE DANS LES COLITES MICROSCOPIQUES RECOMMANDATIONS DE LA

CRPP. Syndrome MYH9. Centre de Référence des Pathologies Plaquettaires. Livret destiné au patient

En considérant que l effet anticoagulant du dabigatran débute dans les 2 heures suivant la prise du médicament :

LE SYNDROME DE BUDD CHIARI

Anémies par carence martiale 1 Item 222 : Diagnostiquer une anémie par carence martiale l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.

La maladie de Still de l adulte

Réflexions sur les possibilités de réponse aux demandes des chirurgiens orthopédistes avant arthroplastie

Ordonnance du DFI sur les prestations dans l assurance obligatoire des soins en cas de maladie

Item 182 : Accidents des anticoagulants

Gastric Bypass, Mini-Gastric Bypass et Sleeve Gastrectomy

Brûlures d estomac. Mieux les comprendre pour mieux les soulager

Que sont les. inhibiteurs?

Démarche d évaluation médicale et histoire professionnelle

REPOUSSER LES LIMITES DE LA CHIRURGIE BARIATRIQUE DANS LES OBESITES MASSIVES AVEC COMORBIDITES

UTILISATION DES C.C.P DANS LES HEMORRAGIES SOUS AVK ET SOUS NACO : RECOMMANDATIONS DE L HAS COPACAMU 2014

Fibrillation atriale chez le sujet âgé

Les Jeudis de l'europe

LASER DOPPLER. Cependant elle n est pas encore utilisée en routine mais reste du domaine de la recherche et de l évaluation.

La maladie de Berger Néphropathie à IgA

Hémostase et Endocardite Surveillance des anticoagulants. Docteur Christine BOITEUX

SOINS DE PRATIQUE COURANTE. Prélèvement aseptique cutané ou de sécrétions muqueuses, prélèvement de selles

Prise en charge des déchirures périnéales obstétricales sévères. Courjon M, Ramanah R, Eckman A, Toubin C, Riethmuller D.

Le dépistage du cancer de la prostate. une décision qui VOUS appartient!

Le Livre des Infections Sexuellement Transmissibles

Orientation diagnostique devant une éosinophilie 1

REFERENTIEL D AUTO-EVALUATION DES PRATIQUES EN ODONTOLOGIE

La toux chronique de l adulte, démarche diagnostique

NOTICE: INFORMATION DE L UTILISATEUR. Bisolax 5 mg comprimés enrobés. Bisacodyl

«J ai mal au ventre» :

27 ème JOURNEE SPORT ET MEDECINE Dr Roukos ABI KHALIL Digne Les Bains 23 novembre 2013

QUI PEUT CONTRACTER LA FA?

B06 - CAT devant une ischémie aiguë des membres inférieurs

E03 - Héparines non fractionnées (HNF)

neurogénétique Structures sensibles du crâne 11/02/10 Classification internationale des céphalées:2004

Céphalées de tension. Hélène Massiou Hôpital Lariboisière, Paris

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

I - CLASSIFICATION DU DIABETE SUCRE

La prise en charge de votre insuffisance cardiaque

Diabète de type 1 de l enfant et de l adolescent

Notice : Informations de l utilisateur. Pantomed 20 mg comprimés gastro-résistants. Pantoprazole

SCPUOM RAPPORT SUR LA THÉRAPIE OPTIMALE. Supporting Informed Decisions. À l appui des décisions éclairées

LA SECRETINE ET L AXE CERVEAU-INTESTIN DANS L AUTISME

Spondylarthropathies : diagnostic, place des anti-tnf et surveillance par le généraliste. Pr P. Claudepierre CHU Henri Mondor - Créteil

Pradaxa Capsules de dabigatran etexilate

Quel apport de l imagerie dans les traitements anti-angiogéniques?

Sysmex Educational Enhancement & Development

Transcription:

Dr Gilbert ZEANANDIN Pôle Digestif Archet II CHU Nice

DEFINITION Perte de substance non tumorale de la muqueuse gastrique ou duodénale avec atteinte de la musculeuse

EPIDEMIOLOGIE Ulcère duodénal Ulcère gastrique Prévalence 8% 2% Incidence annuelle 0,8-5/1000 0,5/1000 Sexe 3 H/1 F H > F Pic de fréquence 40-50 ans 55-65 ans Mortalité 1% 2,5%

EPIDEMIOLOGIE En 1987, en France, coût lié à la maladie ulcéreuse = 3,5 Milliards de Francs/an En 1997, coût économique de l ulcère aux USA = 6 Milliards de dollars/an Certaines modifications dans l épidémiologie : - nombre d ulcère duodénal a diminué mais reste identique pour le gastrique - augmentation des ulcères gastriques hémorragiques ( prescription AINS) - prévalence de la maladie ulcéreuse a diminué chez les hommes et augmenté chez les femmes ( consommation tabac) - mortalité lié à maladie ulcéreuse augmenté après 65 ans (stt si comorbidités associées)

PHYSIOPATHOLOGIE Facteurs d agression de la muqueuse gastrique Facteurs de protection de la muqueuse gastrique

PHYSIOPATHOLOGIE Facteurs de protection Facteurs d agression Mucus Bicarbonates Flux sanguin artériel Facteurs de croissance cellulaire Prostaglandines Hyperacidité gastrique Helicobacter pylori AINS Tabac Alcool Hypoxie

FACTEURS DE RISQUE Hérédité AINS, Aspirine Helicobacter pylori Tabagisme Anomalie de la production de l acide chlorydrique Certaines pathologies chroniques (cirrhose, insuffisance rénale chronique) Stress aigüe ou chronique

A.I.N.S Mise à défaut de la réparation des dommages de la muqueuse gastrique par altération du système de protection des prostaglandines 2-4% des consommateurs d AINS feront des complications digestives RR de complications digestives = 2-10 AIN S RR d UGD = 2-4 Tous les AINS sont

ACIDITE GASTRIQUE Acide chlorhydrique produit par cellules pariétales de l estomac grâce à une pompe à protons (H + ) nécessitant de l ATP En temps normal, la muqueuse gastrique est protégée des effets de l acidité par un gel L ulcère duodénal survient quand une hyperacidité s associe à une altération du mucus.

HELICOBACTER PYLORI Bactérie extrêmement répandue; c est un BGN Découvert en 1875 puis rédécouvert en 1982 par Warren et Marshall (prix Nobel de médecine 2005) Hôte exclusif = l Homme et plus spécifiquement au niveau de son estomac Plus de 50% de la population mondiale en est porteuse Transmission interhumaine Facteurs de risque : conditions sociales précaires, polyantibiothérapie Dans 70 % des cas, elle ne génère aucune symptomatologie clinique.

BGN 3µm de long et 0,5µm de large 4-6 flagelles

Fixation à la muqueuse grâce à des adhésines Production d urée grâce à une uréase L uréase neutralise effet de l HCl et protège la bactérie Agression de la muqueuse qui est rendue perméable à

Habituellement, pas d atteinte de l état général. DIAGNOSTIC CLINIQUE Syndrome ulcéreux : Douleurs épigastriques à type de brûlures Rythmeés par les repas et ressenties dans un délai de 30 minutes à 3 heures après le repas De recrudescence nocturne Calmées par l ingestion immédiate d aliments l absorption d anti-acides ou par les vomissements Survenant après chaque repas (30 min à 3H après).

EVOLUTION CLINIQUE Sédation spontanée après quelques semaines de crises Non synonyme de cicatrisation. Chronicisation. Complications.

COMPLICATIONS Hémorragie capillaire péri-ulcéreuse Perforation Sténose Cancérisation

DIAGNOSTIC Suspicion clinique forte si description d un syndrome ulcéreux et de facteurs de risques Confirmation par GASTROSCOPIE qui a plusieurs intérêts : - diagnostic - précise le siège, la taille, la caractère compliqué ou pas - permet de traiter une complication comme une hémorragie active (geste hémostatique) - permet des BIOPSIES DES BERGES DE L ULCERE pour éliminer un processus cancéreux - permet des BIOPSIES A LA RECHERCHE DE HELICOBACTER PYLORI (Clotest = test colorimétrique à l uréase) LA SEULE CONTRE-INDICATION A LA GASTROSCOPIE EST L ULCERE PERFORE

TRAITEMENT NON MEDICAMENTEUX Mesures hygiéno-diététiques : - sevrage total ou partiel en tabac - diminution nette des boissons alcoolisées - éviter les plats trop épicés, le café et autres boissons acides - gestion du stress. Proscription formelle de médicaments gastrotoxiques comme les AINS, Aspirine.

TRAITEMENT MEDICAMENTEUX

TRAITEMENT CHIRURGICAL Justifié en cas : - d ulcère perforé ne répondant pas en première intention à un traitement médicamenteux - de sténose ulcéreuse - d un ulcère hémorragique non contrôlable par IPP + geste hémostatique par endoscopie ou radiologie Autrefois, vagotomie Actuellement, en cas de perforation => suture sinon gastrectomie partielle en cas d hémorragie => suture du vaisseau en cas de sténose => gastrectomie

EVOLUTION APRES TRAITEMENT Cicatrisation complète Récidive ulcéreuse avec pour facteurs de risque : - ulcère de grande taille - non observance du traitement - non éradication de HP car résistance aux antibiotiques - poursuite des conduites à risque comme le tabac, alcool ou la prise d AINS - début précoce de la maladie (âge < 40 ans) - antécédents personnels de maladie ulcéreuse

SUIVI ENDOSCOPIQUE Contrôler TOUJOURS un ulcère compliqué quelque soit son siège En cas d ulcère duodénal non compliqué, aucun contrôle endoscopique nécessaire sauf si persistance douleur En cas d ulcère gastrique non compliqué, contrôle endoscopique s impose à la fin du traitement pour réaliser biopsies ( DEPISTER LE CANCER!!!)

Maladie très fréquente CONCLUSIONS Complications parfois graves voire létales Diagnostic endoscopique Eradication de HP est indispensable +++ et à toujours contrôler Mesures hygiénodiététitiques +++ Toujours prévenir développement d UGD chez patients bénéficiant d AINS au long cours ( GASTROPROTECTION ASSOCIEE) ou en situation de stress aigu (réanimation) Devenir a été profondément changé par IPP et traitement de HP.

Hémorragies digestives : quelques définitions Hématémèse : émission de sang rouge ou noir (sang vieilli) par la cavité buccale et d origine digestive haute Méléna : exonération de selles noires (aspect de goudron), très nauséabondes, correspondant à du sang digéré habituellement lié à un saignement intéressant le tube digestif en amont de l angle de Treitz Rectorragies : exonération de sang rouge vif, dont l origine intéresse habituellement le côlon ou le rectum ou l anus. Diagnostic différentiel : épistaxis dégluti :émission de sang rouge par la cavité buccale lié à un saignement de la sphère ORL haute hémoptysie : émission de sang rouge par la cavité buccale dont l origine est bronchopulmonaire

Hématémèse et Méléna- Étiologies Ulcères gastrique ou duodénal 56%. Lié dans 70-90% à Helicobacter pylori. Rupture de varices oesophagiennes (Alcoolique) 24% Lésion aigue de la muqueuse gastroduodénale (AINS - Aspirine) 5% Syndrome de Mallory-Weiss 3% Cancer gastrique, angiodysplasie gastrique.

Antre Pylore Corps de l estomac Corps de

Ulcères G et D liés à H pylori et/ou AINS H pylori

Syndrome de Malory Weiss Gastrite à AINS

Varices oesophagiennes et gastriques Liées à une HTP cirrhotique

Hémorragie Digestive Basse - Etiologies Locales: (fréquent +++) Hémorroïdes Fissures anales Ulcérations thermométriques Basses: Diverticulose colique

Hémorroïdes externes