«Au-devant les jeunes!» Parole des jeunes du Point Rencontre Jeunes de la MJC de Gruissan Animation de la table ronde, prise de notes et compte rendu : Sandrine DECROIX Participants : 1 garçon et 7 filles entre 15 et 21 ans : 1 collégien, 5 lycéennes, 1 BTS également Service Civique, 1 étudiante éducatrice. Thèmes évoqués Etudes / Formation / Parcours professionnel : Les jeunes regrettent le peu d écoles existantes sur le département de l Aude et de devoir partir relativement loin pour accéder à du choix et des formations intéressantes. Leurs informations quant aux formations disponibles (ou non pour le privé) sur le territoire sont : «rien en termes d Université, seulement de petites annexes, mais il faut partir ailleurs au bout de deux ans quand même» ; «il existe un IUT, une fac de droit, un BTS physique chimie au lycée Lacroix, énormément de formations de comptabilité, de commerce, un lycée privé, une école d esthétique privée, une école d éducateurs à Castelnaudary.» ; «les études sont monopolisées par les grandes villes, difficile de se former dans l Aude.» Les jeunes disent être très mal renseignés et orientés : Dans les CIO : «ils ne servent à rien, ils se renseignent devant nous sur internet parce qu ils ne savent pas, mais cette démarche nous l avons déjà faite et ils ne nous apprennent rien. Ils essaient de nous diriger là où personne ne veut aller. Ils ne connaissent quasiment rien sur les parcours possibles, et ne nous écoutent pas dans nos envies. Ils nous embrouillent. Il voulait m envoyer en général, heureusement que je ne l ai pas écouté, je suis contente d être en professionnel» Lors des journées «Portes Ouvertes» : «il est déjà difficile de s y rendre! Il faut pouvoir y aller, et puis il y a tellement de choses à voir qu il faut déjà avoir une idée très précise en tête. Certaines journées «Portes Ouvertes» sont très mal organisées, je suis allé à Diderot, ça n a servi à rien, je ne trouvais pas ce qu il y avait, où cela se passait, etc j ai perdu mon temps.» Avec les fiches métiers, fiches ONISEP, publicités des écoles (mensongères? incomplètes?) : souvent, les fiches ne correspondent pas Je suis actuellement dans un bac professionnel dont le contenu ne ressemble en rien à ce que j attendais. Les jeunes ne savent pas qu ils peuvent trouver des informations sur les métiers à l ANPE également. Ils ne connaissent pas les missions locales.
«J ai choisi fac de droit, mais je ne sais même pas si cela va me plaire, et je passe peut être à côté de plein d autres parcours très intéressants ; je ne me sens pas bien orientée, je ne suis pas sûr d où je vais» «On nous demande dès la 3 e de faire des choix!! Avec un seul stage de découverte, et vers des métiers qui ne nous intéressent pas forcément, ce sont toujours les mêmes types de structures qui accueillent. De plus, on nous demande de choisir sans même nous expliquer de quoi il s agit comme métiers.» «Nous n avons pas vraiment de rêves, si ce n est gagner de l argent suffisamment et pouvoir voyager. On essaie de choisir des études qui nous intéresse, mais au final on ne sait pas où ça va nous mener.» «Les stages marchent souvent par piston.» Les jeunes relèvent aussi le fait que devoir partir pour les études coûte très cher, une jeune envisage la colocation. Points positifs : Il existe plein d organismes qui permettent de se former à l étranger (ERASMUS, Service Volontaire Européen, fille ou garçon au pair ) Les gruissanais sont heureux de pouvoir ou d avoir pu de se retrouver et de se suivre entre eux au long de leur scolarité, jusqu au collège généralement. Emploi : A Gruissan, les jeunes parviennent relativement bien à trouver un emploi saisonnier (juillet août). Chaque jeune du groupe interrogé bénéficie d un poste cet été. 4 d entre eux estiment ne pas avoir le choix, travailler est une obligation, les ressources familiales ne leur permettant pas de financer le permis de conduire, les loisirs, voire le coût de la scolarité ou des études (tout ou partie). Pour les jeunes cherchant un emploi, il existe un forum de l emploi qui a lieu chaque année à Narbonne le souci c est qu il a lieu pendant les temps scolaires et donc les jeunes scolarisés ou étudiants n y ont pas accès. Engagement citoyen : Les jeunes du Point Jeunes participent relativement bien aux actions suivies par la MJC. Il existe à Gruissan un Conseil de Jeunes. Un des jeunes ne n en connaît pas l existence. «Les réunions ont lieu pendant les cours, on ne peut pas y aller.» «Il y a eu des projets intéressants mais on ne nous laisse pas vraiment nous occuper du projet, l animateur ne fait que parler et ne prend pas trop en compte nos idées, on n a pas le temps de s impliquer.» Suite à une action qui a permis de faire passer le diplôme du PSC1 à certains jeunes du Point Jeunes, une jeune s est engagée bénévolement à la Protection Civile, une autre souhaite en faire de même. Loisirs : Les jeunes sont amenés à aller en boîte très jeunes à Gruissan, car il leur est difficile de se rendre à Narbonne en soirée ou les week ends. Ils disent «n avoir rien à faire» à Gruissan comme sorties, à part la boîte de nuit qui ouvre en saison et le cinéma qui propose des séances uniquement les mardi,
vendredi et samedi soir, que souvent, l été, les films proposés sont des rediffusions et que les tarifs sont très élevés. Sur les 8 participants, un jeune n a pas connaissance de la carte Acticity et de ce qu il en retourne. Aucun jeune n en dispose, car ils estiment le coût de 15 trop élevé pour eux. Ils ont connaissance d une partie des réductions qu offre la MJC une fois l adhésion effective, mais ne sont pas tous informés. La carte étudiant leur apporte quelques avantages, mais très restreints. En règle générale, tout est payant et les revenus de leurs parents ne permettent pas toujours une aide ou une prise en charge des loisirs. Transports/Mobilité : Le transport en bus scolaire reste contraignant entre Narbonne et Gruissan. Les jeunes ont une heure de trajet aller, et une heure retour. Les jeunes participants admettent partir de Gruissan à 7h le matin et rentrer chez eux à 19h. Il y a notamment un manque de souplesse, les élèves terminant leur journée de cours plus tôt sont contraints soit d attendre le seul bus retour, soit de prendre des bus de ville qui les conduisent loin à l extérieur de la ville, puis de marcher pour enfin trouver une correspondance vers Gruissan. A noter que le bus retour ne dispose pas d assez de places pour tous les enfants, et qu un certain nombre de jeunes sont obligés de rester debout dans le couloir du bus. Aller vers les loisirs est difficile. Soit les parents ont la possibilité de faire œuvre de navette, soit certains jeunes font des trajets avec des copains disposant du permis de conduire. Il faut savoir que certains jeunes transportés par leurs copains sont mineurs. Les adolescents «se rendent service» : des gruissanais sont accueillis chez des copains narbonnais le week end pour ne pas avoir à faire venir leurs parents tard dans la nuit. 4 jeunes connaissent la navette «Allo Retour» et regrettent que son trajet ne s étende pas vers les villages alentours. Ils ont vaguement entendu parler du permis à 1 par jour, et qui coûte à terme 1080. Ces jeunes se sentent de manière générale isolés géographiquement, aimeraient avoir accès plus facilement à la ville de Narbonne. Point positif : La carte de bus scolaire est gratuite. Santé Les jeunes trouvent certaines choses efficaces : les intervenants de passage dans les classes, les ateliers à la journée, les informations choc des paquets de cigarettes. Ils trouvent peu intéressant : les affiches et les flyers qui font du «rabâchage», les infos affichées dans les infirmeries qu ils connaissent par cœur.
Les jeunes disent ne pas avoir besoin d aller au planning familial, ils pensent que cet organisme est voué à distribué des moyens de contraception et d accompagner une jeune dans une démarche d avortement. Seules les filles s y intéressent. Le jeune de 15 ans ne connaît pas cet organisme. Quotidien Le quotidien des jeunes interrogés tournent autour de l école, de leurs révisions en semaine, et éventuellement de sorties le week end. En vacances, certains ne partent pas. En période estivale, tous évoquent la nécessité de travailler. 4 d entre eux sont dans l obligation de trouver un emploi pour pouvoir financer les études, le permis de conduire, les loisirs leurs parents ne pouvant pas les aider sur ce point. Quelle écoute des jeunes? Comment s informent ils? Les jeunes expriment le fait d être peu écoutés, la MJC est la première réponse donnée lorsqu on leur demande où ils sont écoutés et renseignés dans tous domaines. Une jeune ajoute qu elle parle beaucoup avec ses professeurs. Pour finir, informations, discussions, questions, réponses tout cela a beaucoup lieu entre copains et copines et par internet. Propositions A Perpignan, il y a une fac qui propose aux intéressés, lors de ses journées Portes Ouvertes, de suivre des cours en direct. Les jeunes trouvent que c est une démarche exemplaire, que toutes les écoles devraient suivre, cela permettrait d avoir une vision plus complète de celles ci. Proposer des stages rémunérés dans les métiers qui intéressent vraiment les jeunes durant l été. Faire des suivis personnalisés concernant l orientation de chaque jeune. «Il faudrait plus de conseillers, voire un conseiller qui suit les élèves au cas par cas durant ton son parcours scolaire, pourquoi pas à partir de la 4 e.» «Il faudrait que les conseillers soient plus informés» «En termes de sexualité, on parle souvent des filles ou aux filles, pas assez aux garçons. Il faut vraiment informés les garçons, les sensibiliser plus tôt, car ils ont très tôt des idées et de fausses idées sur les filles.» Autres paroles de jeunes : «Nous passons trop de temps en cours et pas assez à l extérieur. Les élèves sont meilleurs que nous dans des pays comme l Allemagne, alors qu ils ont beaucoup moins d heures de cours.» «Dans une petite ville, on n a pas forcément les moyens d aller dans les endroits où il se passe des choses.» «A Carcassonne, il manque une ouverture ; il n y a pas de choix pour les sorties, pas de débats» «Gruissan, ça devient lassant ; on vit toujours les mêmes choses, il n y a pas assez d activités, tout marche par piston il me tarde de partir de ce «trou.»»
«Il n y a rien et c est «mort», c est moche, je n ai pas envie de partir et laisser mes amis, mais j y serai obligée.» «Ce n est pas que l Aude qu il faut changer.» «L Aude n est pas attractive pour les jeunes. Il y a beaucoup de retraités et on s occupe surtout du tourisme.»