Indicateur : répartition des sphères «productive», «résidentielle» et «publique» dans l emploi salarié sur le littoral en 5 Contexte Les zones côtières accueillent un ensemble varié d activités économiques. Elles peuvent être liées directement à la présence de la mer comme la pêche, l aquaculture ou les activités portuaires et industrielles. Elles peuvent aussi être liées à la population présente sur ce territoire densément peuplé. Ce sont toutes les activités de services liées à l économie résidentielle. Démographie Très structurantes autrefois, les activités traditionnelles d exploitation de la mer et industrielles ont forgé les territoires littoraux et les paysages. Elles sont aujourd hui parfois en perte de vitesse. Confrontées à de nouvelles attentes, elles doivent cohabiter avec de nouveaux pans de l économie tertiaire très dynamiques et représentant des enjeux financiers importants. A titre d exemple, l Ifremer estime que le tourisme représente 47 % de la valeur ajoutée de l'économie maritime en 3. Il est intéressant de comprendre comment s organisent toutes ces activités sur un territoire très restreint, aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux complexes et croisés. Définitions Afin de comprendre la répartition des grands types d emplois, ils ont été scindés en trois sphères suivant des critères définis par l Insee : La sphère «productive» : elle est composée de l industrie, des services aux entreprises, de la logistique et plus généralement des établissements dont l activité économique est orientée vers les marchés extérieurs au territoire local ; La sphère «résidentielle» : elle correspond aux services à la population présente sur le territoire dès lors qu ils ne sont pas rendus par des établissements de la sphère «publique». Elle inclut également le secteur de la construction et les entreprises publiques constituées en établissements publics à caractère industriel et commercial comme la SNCF et la Poste ; La sphère «publique» : elle comprend les administrations et collectivités publiques : administrations de l Etat, collectivités territoriales, établissements publics à caractère administratif (hôpitaux, universités,...). Cette typologie est basée sur le fichier Clap (connaissance locale de l appareil productif), système d'information alimenté par différentes sources : répertoire Sirene, DADS (Déclarations annuelles de données sociales), cotisations de l Urssaf et fichiers de paye de la fonction publique d'etat. C est pourquoi seuls les effectifs employés (ou salariés) sont pris en compte. Cette fiche ne tient pas compte des emplois domestiques, de ceux de l agriculture et de la défense. Objectifs Cet indicateur permet de comprendre les grandes orientations économiques du littoral et de son arrière-pays en fonction des trois grandes sphères d emploi salarié. Le tourisme et plus généralement les services à la personne prennent une place de plus en plus importante sur le littoral. Cette évolution de l économie peut avoir des impacts importants et il est donc utile de comprendre sa répartition sur le trait de côte. Comment se répartissent les sphères «productive», «résidentielle» et «publique» sur le littoral français? A-t-on une nette opposition entre le littoral et son arrière-pays? Leur répartition est-elle la même sur les différentes façades maritimes? Voici quelques questions auxquelles répond cette fiche. Indicateur à relier aux indicateurs suivants : - typologie de l emploi des actifs vivant sur le littoral en 1999 (disponible) ; - typologie des grands secteurs d emploi sur le littoral en 1999 (disponible). Champ géographique Communes littorales et arrière-pays sur l ensemble du littoral métropolitain. Communes littorales : communes maritimes prises en compte par la loi littoral (883 communes). Arrière-pays : ensemble des communes non littorales des cantons littoraux (1 179 communes). Source Insee Clap 4. Date de rédaction, version Fiche rédigée en août 8, version 1. 1
A retenir La part des salariés travaillant dans les sphères «résidentielle» et «publique» est surreprésentée sur le littoral par rapport à la moyenne métropolitaine. La sphère «résidentielle» y représente près d un emploi sur deux. A l inverse et mécaniquement, la sphère «productive» est nettement moins importante (-8 points). La situation dans les communes d arrière-pays est intermédiaire. La sphère productive est plus importante et la part de la sphère «résidentielle» reste forte. Le bord de mer est caractérisé par une économie résidentielle très importante. Cela s explique par la forte densité de la population littorale, l âge moyen des habitants plutôt élevé en bord de mer et les capacités d accueil touristique importantes des communes littorales. Elle peut avoir des impacts négatifs comme la consommation importante d espace et la fragilisation de l économie de plus en plus monofonctionnelle. La part des emplois salariés dans les sphères «résidentielle» et «productive» est très variable suivant les façades littorales départementales, la part de la sphère «publique» étant moins discriminante. La sphère «résidentielle» est plutôt importante au sud de la France mais aussi sur le littoral du Calvados et de la Somme. La sphère «productive» est quant à elle plutôt importante dans le nord de la France. Elle est forte sur les littoraux industriels et portuaires du Nord, de Seine-Maritime, de la Manche, de Loire-Atlantique et des Bouches-du-Rhône. Tableau récapitulatif Tableau 1 : s «productive», «résidentielle» et «publique» dans les communes littorales et leur arrière-pays, par façade littorale "productive" Communes littorales Nombre d'emplois en % "résidentielle" "publique" "productive" "résidentielle" "publique" 59 4,4 33,4 26,2 59,8 38,4 41,7 19,9 4,3 62 28,6 4,2 31,2 71,9 41,6 4,4 18, 25,8 Nord-Pas de Calais 34, 37,1 28,9 131,7 41,2 4,6 18,2, 8,1 53,9 26, 4,7 52,5 25,5 22,1 4, Picardie,1 53,9 26, 4,7 52,5 25,5 22,1 4, 76 44,2 31,9 23,9 121,2 4,6 36,4 23, 35,8 27 21,4 57,1 21,4,1 54,2 28,6 17,2 2,2 Haute-Normandie 44,2 31,9 23,9 121,2 41,4 35,9 22,7 38, 14 22,3 54,4 23,2 22,1 43,7 39,2 17,2 16,8 5 34,1 35,2,7 61,3 33,4 49,8 16,8 18,4 Basse-Normandie 31, 4,3 28,7 83,5 38,3 44,7 17, 35,2 Façade Manche-Mer du Nord 36,7 36,3 27, 341,1 4,7 39,7 19,6 7,3 35 29, 43,5 27,5 31,9 34,6 42,2 23,2 5,3 22 28,8 39,2 32, 74,2 4,5 42,3 17,2 25,8 29 27,9 41,6,5 148,2 44,1 36,7 19,3 38,7 56 29,5 41,6 28,9 121,2 29,4 42,9 27,7 11, Bretagne 28,7 41,3, 375,5 4,3 39,7, 8,9 44 32,7 42,5 24,8 56,9 38,9 4,2,9 6,2 85,6 48,1 21,2 34, 42,2 39,9 18, 11,9 Pays de la Loire 31,9 44,6 23,4 9,9 41, 4, 19, 18,2 17 23,9 44,4 31,8 76,4 29, 56,8 14,1,5 Poitou-Charentes 23,9 44,4 31,8 76,4 29, 56,8 14,1,5 33 22, 5,9 27,2 25,8 33,7 44,3 22, 8,9 4 36,7 4,9 22,4,5 49,1 32,7 18,3 9,2 64 31,4 51,4 17,3 38,7 34,8 51, 14,2,6 Aquitaine 29,8 48,7 21,5 85, 41,3 38,8 19,9 18,7 Façade Atlantique 28,7 43,1 28,1 627,7 39,6 41, 19,4 128,2 66,3 54,9 24,7 16,2 32,7 48,4 18,9 9,8 11 26,6 49,4 24, 25,4 24,5 46,7 28,9 2,4 34 25,3 49,8 24,9 58,9 34, 45,9,1 14,9 24,4 48,8 26,8 4, - - - - Languedoc-Roussillon 28,2 44,2 27,6 732,3 38,4 42, 19,6 155,3 13 31,5 42, 26,5 446,6 33, 48,3 18,8 5,9 83 21,6 46,9 31,5 169,3 4,2 46,7 13, 14,3 6 23,3 5,1 26,6 258,3 21,2 54,2 24,6 2,4 PACA 27,2 45,4 27,5 874,2 36,3 47,9 15,8 22,5 2A 19,1 46,3 34,6 38,5 33, 48, 19, 1,8 2B 22,9 48,4 28,8 37,8 18,4 57,1 24,5 1,4 Corse 21, 47,3 31,7 76,3 26,7 51,9 21,4 3,2 Façade Méditerranée 27,3 44,9 27,7 1 682,9 38, 42,9 19,1 181, Ensemble du littoral 28,9 43,5 27,6 2 24, 39, 41,7 19,3 288,2 Moyenne métropolitaine 36,8 38,5 24,7 Emplois en milliers Communes d'arrière-pays Nombre d'emplois en % Emplois en milliers Analyse globale La part des sphères «résidentielle» et «publique» dans l emploi salarié est plus importante dans les communes littorales que la moyenne métropolitaine. La sphère «résidentielle» y représente 43,5 % des salariés contre 38,5 % en moyenne et la sphère «publique» 27,6 % contre 24,7 % sur l ensemble du territoire. A l inverse, la sphère «productive» est beaucoup moins importante sur le littoral que sur l ensemble du territoire (- 7,9 points). L arrière-pays littoral se distingue du bord de mer. La sphère «productive» y représente une part beaucoup plus importante de salariés que sur le bord de mer (+,1 points) contrairement à la sphère «publique» (-8,3 points) ; la part des salariés de la sphère «résidentielle» étant semblable. 2
Les activités de service aux personnes (résidents et touristes) prennent donc une place importante en bord de mer. Cette répartition de l emploi traduit le caractère résidentiel de l économie littorale. Elle s explique par : - La forte densité de population sur le trait de côte (2,5 fois supérieure à la densité moyenne) ; - La part importante des personnes âgées (25,4 % des résidents ont plus de 6 ans contre 21,3 % en moyenne) ; - L afflux régulier de nouveaux résidents ; - L importance et l augmentation progressive des capacités d accueil touristique du littoral. Cette résidentialisation de l économie est corroborée par des indicateurs comme : - Le fort niveau de construction de bâtiments des secteurs d activité tertiaire dans les communes littorales : commerces, parkings, hôtels et équipements collectifs (voir fiche «Évolution de la construction de locaux non résidentiels sur le littoral métropolitain entre 199 et 3» ; - La part importante des communes dont les emplois sont tournés vers le commerce et les services (voir fiche «Typologie des grands secteurs d emploi sur le littoral en 1999»). Figure 1 : Part des trois sphères d activité dans l emploi salarié La sphère résidentielle représente près d un emploi sur deux sur le littoral 5 45 4 35 25 15 5 Communes littorales Cantons littoraux hors communes littorales Départements littoraux hors cantons littoraux France "productive" "résidentielle" "publique" L économie résidentielle peut avoir des effets négatifs. Elle engendre une consommation importante d espace sur un territoire restreint et artificialisé : construction de logements individuels (voir fiche indicateur sur les types de logements construits), de locaux non résidentiels, de zones commerciales ou de réseaux de transport. Elle implique alors une forte homogénéisation des paysages littoraux et peut, par ailleurs, générer des conflits d usage avec la sphère «productive». Le bord de mer est de plus en plus un lieu de consommation ; les richesses ne sont pas créées par la sphère «productive» mais proviennent, pour beaucoup, des salaires des emplois publics, des pensions de retraite ou des revenus des résidents secondaires et des touristes. Cela rend l économie locale vulnérable car de plus en plus monofonctionnelle. Par ailleurs, la sphère «résidentielle» est moins rémunératrice que la sphère «productive». Sur le littoral, les salaires médians des emplois dans ces deux sphères sont respectivement de 19 65 et 23 95. Elle permet cependant à l économie littorale d être à l abri des soubresauts de l économie mondiale dont elle est plutôt déconnectée. Analyse par façade littorale La part de la sphère «productive» est très variable suivant les façades. Elle est comprise entre 19,1 % dans les communes littorales de Corse du Sud et 44,2 % en Seine-Maritime (zone portuaire du Havre). Elle est plutôt importante sur les littoraux portuaires et industriels comme le Nord, la Manche, la Loire-Atlantique et les Bouches du Rhône. Elle est faible sur les littoraux du Calvados, de Gironde, des Pyrénées-Orientales et du Var. Sur ces littoraux, la sphère «productive» ne représente qu un emploi sur cinq ou sur quatre. La part de la sphère «résidentielle» est aussi très variable. La répartition des valeurs par façade littorale départementale a le même écart-type que la répartition de la part de la sphère «productive». Cette part est plutôt faible sur les littoraux de la façade Manche mer du Nord à l exception des littoraux touristiques du Calvados et de la Somme et est plutôt élevée dans le sud (Atlantique sud et pourtour méditerranéen) où le tourisme est très présent, les personnes âgées plus nombreuses et les flux migratoires nettement positifs. La répartition de la part de la sphère «publique» est beaucoup moins irrégulière que les deux précédentes (écart-type deux fois plus faible). Elle est comprise entre 17,3 % sur le littoral des Pyrénées-Atlantiques et 34,6 % sur le littoral de Corse du Sud. Les valeurs moyennes sont resserrées sur l intervalle 24 % sans que l on puisse distinguer une répartition particulière sur le trait de côte. 3
Figure 2 : répartition des trois sphères d emploi dans les communes littorales par façade «productive» plutôt au nord et «résidentielle» plutôt au sud Comparaison entre littoral et arrière-pays Figure 3 : répartition des trois sphères d emploi salarié dans les communes littorales et leur arrière-pays 6 5 4 Part de la sphère «productive» en % Part de la sphère «résidentielle» en % 6 5 4 Nord-Pas de Calais Picardie Haute-Normandie Basse-Normandie Façade Manche-Mer du Nord Bretagne Pays de la Loire Poitou-Charentes Aquitaine Façade Atlantique Languedoc-Roussillon PACA Corse Façade Méditerranée littoral Nord-Pas de Calais Picardie Haute-Normandie Basse-Normandie Façade Manche-Mer du Nord Bretagne Pays de la Loire Poitou-Charentes Aquitaine Façade Atlantique Languedoc-Roussillon PACA Corse Façade Méditerranée littoral liitoral arrière-pays Littoral Arrière-pays Part de la sphère «publique» en % 35 25 15 5 Nord-Pas de Calais Picardie Haute-Normandie Basse-Normandie Façade Manche-Mer du Nord Bretagne Pays de la Loire Poitou-Charentes Aquitaine Façade Atlantique Languedoc-Roussillon PACA Corse Façade Méditerranée Littoral Arrière-pays littoral 4
A l exception de la façade littorale de Haute-Normandie, la part de la sphère «productive» est toujours plus élevée dans l arrière-pays. En moyenne, elle est supérieure de points par rapport au bord de mer. A l inverse, on constate que, sur l essentiel des côtes, la part de la sphère «résidentielle» dans l emploi salarié est équivalente en bord de mer et dans l arrière-pays. Les seules exceptions sont les littoraux de Picardie et de Poitou- Charentes. L influence de la «résidentialisation» de l économie du bord de mer se fait donc ressentir assez loin dans l arrière-pays où résident de très nombreuses personnes travaillant sur le littoral. Enfin, la sphère «publique» représente toujours une part plus importante de salariés sur le littoral par rapport à l arrièrepays. Les communes littorales sont plus importantes 1 et l essentiel des administrations du bord de mer s y concentrent naturellement. 1 La population moyenne est de 6 54 habitants dans les communes littorales contre 1 4 dans l arrière-pays. 5
Annexe Carte 1 : part de la sphère «résidentielle» dans l emploi salarié dans les communes des départements littoraux 6