CONGRES REGIONAL Aix en Provence 18 Septembre 2010 LECTURE DE LA SURVEILLANCE MEDICALE DU SPORTIF EN NATATION Communication de L. Duclaud Médecin Fédéral En France, 1000 à 1200 décès sont à déplorer chaque année lors de pratiques sportives. 90% sont des hommes et plus de 90% ont pour cause un problème cardio vasculaire. Dans 50% des cas des signes prémonitoires existent mais les sportifs se croient souvent immunisés. Facteurs favorisants : - Sports explosifs (tennis, sports collectifs ) - Manque d entraînement - Manque d échauffement - Surdensité d efforts - Tabagisme (1 décès sur 4 survient chez les fumeurs) - Dopage Pathologies les plus fréquentes : - Maladie des artères coronaires (les artères qui nourissent le cœur) - Malformations, maladies héréditaires entraînant des hypertrophies ou des troubles du rythme cardiaque - Dans 70% des cas infection virale du cœur - Dopage - HTA, diabète, hypercholestérolémie non dépistés ou non traités. D où le rôle de la prévention et de la surveillance. A- La Surveillance et la Prévention : Elle se construit autour du certificat de non contre indication à la pratique de la natation. Ce certificat médical est obligatoire et aucune licence ou même inscription dans un club ne devrait être faite sans sa présentation préalable (article L231-2 du Code du Sport). Il doit être réalisé par un médecin diplômé en médecine du sport. Il doit, outre un examen général avec recherche d antécédents personnels et familiaux et bilan des vaccinations, se centrer plus particulièrement sur l ORL, la dermatologie, l ophtalmologie et la gynécologie. Certaines spécialités de la natation doivent amener à explorer systématiquement : - Le rachis lombaire et cervical chez un plongeur, CONGRES REGIONAL 18 Septembre 2010 Page 1
- Le réflexe oculo cardiaque (une forte pression des globes oculaires peut provoquer des troubles du rythme cardiaque). - Une grossesse contre indiquant le plongeon et le water polo, - Les capacités cardiaques par un cardiologue à partir de 35/40 ans. Au cours de ce bilan des conseils diététiques sont délivrés. Tout point d appel doit être pris en compte : asthme, diabète Pour les mineurs il est prudent de demander aux parents une autorisation écrite d intervenir en cas d urgence. Il en est de même pour un contrôle dopage. Pour les sportifs de haut niveau et les espoirs en pôle ou hors pôle, un suivi médical est obligatoire au risque d être suspendu. Malgré cela au 31 octobre 2009, seuls 20% avaient un suivi complet et 70% n étaient suivis qu au deux tiers. Nous rappelons que pour être inscrit sur la liste des SHN et espoirs, il est nécessaire qu un bilan médical soit fait et transmis directement au Département Médical de la FFN chaque année avant la mi-septembre. Une fois inscrit, le nageur s engage à une surveillance médicale de suivi avec deux bilans clinique et examens chaque saison. Les résultats sont à envoyer au médecin fédéral régional pour les espoirs, au département médical FFN à Pantin pour les SHN avant la mi-juin. Ces examens, obligatoires, sont remboursés par la FFN à condition d avoir été réglés par le sportif avec un certificat de non délivrance de feuille de sécurité sociale. Lors des déplacements en Equipe de France, l athlète doit venir avec son dossier médical qui lui sera rendu à la fin du déplacement. B - EXAMENS SPECIFIQUES : Ils ne concernent que les SHN et les espoirs mais leur connaissance nous paraît nécessaire à tous. I Examens cardiovasculaires et IRM : Echographie : (avec ou sans doppler) : Il s agit d une exploration par les ultrasons selon la technique du radar. Elle permet de mesurer : le volume du cœur, des ventricules et oreillettes, l épaisseur des parois, le fonctionnement des valves cardiaques, l aorte (principale artère coeeur/corps), le péricarde Electrocardiogramme : Pour fonctionner, le cœur fabrique sa propre électricité. Ce courant électrique est recueilli par les électrodes lors de l ECG. La fabrication de cette décharge électrique et l analyse de son cheminement da ns le cœur vont nous renseigner sur les risques d hypertrophie, la destruction (ou infarctus) des tissus cardiaques, les troubles du rythme cardiaque. L ECG d effort : Il va montrer les capacités d adaptation du fonctionnement cardiaque à l effort et mettre en évidence ses difficultés. On demande à la personne examinée de faire un effort croissant sur bicyclette ou tapis roulant jusqu à atteindre sa fréquence cardiaque CONGRES REGIONAL 18 Septembre 2010 Page 2
maxima soit 220 battements par minute (moins son âge). Il permet d évaluer les capacités et les résultats à l entraînement. IRM : ou imagerie par résonnance magnétique afin d explorer le canal cervical et/ou lombaire des plongeurs. II Bilans biologiques : Biologie sanguine : Elle se réduit normalement à un hémogramme, c'est-à-dire à compter les globules rouges (ou hématies), les globules blancs (ou leucocytes neutrophiles, basophiles, éosinophiles, lymphocytes et monocytes), les réticulocytes, les plaquettes et à doser l hémoglobine et les indices erythocytaires (VGM, TCMH, CCMH) ainsi que la ferritine. Plus simplement et pour un usage pratique par rapport aux normes du laboratoire : - Les globules rouges : Ils transportent l oxygène nécessaire aux muscles. Leur baisse peut signaler une anémie surtout si l hémoglobine et la ferritine sont également abaissées. Il faut alors s inquiéter de règles abondantes ou d un régime végétarien. Leur augmentation peut signifier insuffisance respiratoire, malformation cardiaque mais aussi séjour en altitude. - Les globules blancs : Ce sont les défenseurs de l organisme. Retenons que L augmentation des globules blancs neutrophiles signale une infection microbienne, une inflammation et tabagisme. L augmentation des globules blancs éosinophiles objective allergie, asthme, eczéma. La diminution des globules blancs montre soit une infection virale soit une prise de médicament ou de substance toxique. - L augmentation des lymphocytes indique une maladie virale infantile (rougeole, varicelle, coqueluche) ou une mononucléose. - Leur diminution objective une infection (sida?). - Les plaquettes : Leur rôle est de boucher les trous dans les artères ou les veines. Elles diminuent en cas d infection virale et augmentent en cas d inflammation. - Les réticulocytes : leur augmentation objective une régénération des globules rouges et leur diminution signale une anémie (manque de fer). - L hémoglobine : Elle est dans les globules rouges et transporte l oxygène. Sa diminution est un signe d anémie. - La Ferritine : Son dosage permet d évaluer la quantité de fer stockée dans l organisme. - Autres examens : Vitesse de sédimentation : Il s agit de la sédimentation des globules rouges. Elle augmente en cas d anémie, d inflammation, d infection, parfois avec la pilule. CPK : Signe de destruction musculaire (trop d entraînement) en cas d augmentation, également en cas d infarctus du myocarde. Potassium ou Kaliémie : Augmentation avec vomissements, laxatifs, diurétiques Ce sont tous les signes évocateurs d anorexie mentale. Acide lactique : Elle augmente après un effort, en cas d hypoxie (dette d oxygène). CONGRES REGIONAL 18 Septembre 2010 Page 3
Biologie urinaire : Glycosurie : recherche de sucre. En cas d augmentation penser au diabète. Hematurie : Recherche de sang qui montre une infection urinaire ou une maladie rénale, ou encore une prise de médicament. Protéinurie : Recherche d albumine. Son augmentation signe souvent un effort physique très important ou une atteinte rénale. Nitrites : Leur présence fausse la protéinurie. Ils montrent une infection urinaire. Myoglobinurie : à rapprocher de l hématurie. Elle peut témoigner d efforts musculaires très intenses. III Bilan psychologique : Il est obligatoire une fois par an chez les majeurs et deux fois par an chez les mineurs. Il est souvent craint par les familles. Ces examens visent : à détecter les difficultés et les facteurs de vulnérabilité ou de protection, à prévenir des difficultés liées à l activité sportive intensive, à orienter vers une prise en charge adaptée. Il doit être pratiqué par un médecin diplômé du sport ou un psychologue sous la responsabilité d un médecin. Il explore le sommeil, l anxiété, le comportement social, scolaire, les troubles des conduites alimentaires. Il recherche les signes de dépression, d usage de toxique. IV Bilan dentaire : Gage de la mastication des aliments et de la santé dentaire. Quelques mots sur trois sujets : LA TENSION ARTERIELLE : Elle se compose de deux chiffres (et non pas d un chiffre virgule quelque chose). Le premier chiffre mesure la force de l ondée sanguine produite par la contraction du cœur. Le deuxième chiffre mesure la résistance de la paroi des artères à la progression de l ondée sanguine. L augmentation isolée du premier chiffre est presque toujours liée au stress. L augmentation du deuxième chiffre est le plus souvent liée au vieillissement des artères et entrainera secondairement une augmlentation du premier chiffre. LA VO2 MAX : Au cours de l effort, la consommation d oxygène augmente pour s adapter à la fréquence respiratoire et cardiaque. Cette consommation d oxygène (VO2) augmente jusqu à atteindre un plateau maximal où elle se stabilise, c est la consommation d oxygène maximale ou VO2 MAX qui est donc limitée par la capacité du système cardiovasculaire d où les explorations cardiaques et le transport d oxygène dans les bilans sanguins. L entrainement va augmenter la puissance et le volume du cœur et donc sa fréquence et son efficacité à envoyer dans les muscles un important volume de sang oxygéné. TEST DE RUFFIER-DICKSON : Test d adaptation à l effort. Ce test simple peut être pratiqué partout. Il indique une capacité d adaptation avant entrainement et après entrainement. Il peut être réalisé en début d année et en fin de saison. CONGRES REGIONAL 18 Septembre 2010 Page 4
Technique : Allongé 5 minutes au calme. Prise de pouls = P1 30 flexions, bras tendus, en 45 secondes. Prise de pouls = P2 Allongé après effort et repos une minute. Prise de pouls = P3 Résultats : P2 70) + 2 (P3 P1) /10 = Indice Indice < 0 TRES BIEN 2 < Indice < 4 BIEN 6 < Indice < 8 FAIBLE Indice = 10 PATHOLOGIQUE Surveillance : P1 doit diminuer avec l entrainement P2 ne doit pas dépasser P1 + ½ de P1. Cela témoigne de la capacité d adaptation à l effort. P3 ne doit pas dépasser P1 + 10. Cela témoigne de la capacité de récupoération. Cet examen peut vous aider mais il n est pas la panacée. LES AUT : 1 Le médicament prescrit figure sur la liste des interdictions AMA. Le nageur charge le document sur le site FINA, le fait remplir par le médecin prescripteur et l envoie luimême à l AFLD s il n est pas international et à l AFLD et à la FINa s il est internaational 30 jours avant la compétition. 2 Pour le traitement de l asthme, une déclaration d usage suffit. Elle sest à envoyer à l AFLD, remplie par le médecin traitant. CONGRES REGIONAL 18 Septembre 2010 Page 5