Paru en Février 2010 EXTRAIT DE : Attitude médiane Cerveau Communication Conflit 3 sujets en 1 Pour toute information ou échange de correspondance, merci de vous adresser à : livre@christian- pierdet.fr Les éditions Attitude Médiane www.christian- pierdet.fr ISBN 978-2- 919023-00- 4 Tous droits de reproduction, de traduction et d adaptation réservés pour tous pays. La loi du 11 mars 1957 n autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l article 41, d une part, que les «copies ou reproductions strictement réservées à l usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective», et d autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d exemple et d illustration, «toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l auteur ou des ses ayants droit ou ayants cause, est illicite» (alinéa 1 er de l article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.
5.1 - Pourquoi avoir choisi de devenir médiateur professionnel? Trois raisons essentielles ont été le carburant de ma motivation. La première raison : pour pratiquer un métier qui corresponde à une volonté d être utile aux autres, et un goût pour les situations apaisées. Apaisées au sens profond de la paix. Vos oncles, tantes, parents, vous- même, lecteur, avez peut- être vécu les années «peace and love, faites l amour pas la guerre», le «flower power». C était beau, mais l histoire a déjà démontré que ces idées ô combien tentantes sont impraticables lorsqu il s agit de passer de la théorie à la pratique. De plus, ces idées étaient farcies de défauts et de «bombes à retardement». Tentons d être moins utopistes. Alias : «Tu vas t attirer les foudres de toute une tranche de génération avec tes critiques.» Tant pis, j assume la critique envers cette génération. Cette même génération qui nous a offert les Led Zeppelin et les Who pour ne citer que les meilleurs Alias : «Pour ne citer que ceux que tu as adorés et que tu adores encore!» Merci, Alias, pour ta pondération. Et reprenons sur la nouvelle utopie après cette divergence rock and roll.
La nouvelle utopie serait donc celle de la nouvelle génération des médiateurs. Et si l on y réfléchit bien, il est probable que cette nouvelle utopie soit en fait assez relative, voire qu elle ne soit pas du tout utopique. Peut- être sommes- nous juste à la veille d un grand chambardement de la société, où la nouveauté salvatrice proviendra du réalisme et non pas de l utopie. Car le médiateur professionnel est aux antipodes des messages typiquement utopistes comme «Vive l anarchie, à bas le fric.» Il est branché en prise directe avec la vraie vie, où certains sont plus riches, en meilleure santé, plus chanceux que d autres. Il ne cherche absolument pas à gommer les inégalités et les différences entre les hommes. Il cherche juste à les aider à accepter ces différences inévitables. Donc, si, profondément, au fond de vous, sommeille l idée qu il est plus agréable de vivre en milieu apaisé, plutôt que de vivre en milieu hostile, voire guerrier, alors vous êtes probablement compatible avec cette discipline. La seconde raison est d ordre matériel. Je souhaitais pouvoir pratiquer un métier permettant de vivre, partiellement ou totalement. Un métier où vous vous faites payer pour les missions qui vous sont confiées. Si, aujourd hui, il paraît encore peu envisageable de vivre totalement du métier de médiateur professionnel, demain s annonce autrement. Car, ce métier consistant à déverrouiller les situations conflictuelles, il est malheureusement probable que la société ait besoin de nous de plus en plus. Et pourquoi devrions- nous laisser toute la place aux marchands d armes et autres fossoyeurs de paix? 5
Pourquoi laisser toute la place à l adversité? Pourquoi laisser toute la place à ceux qui se remplissent les poches sur le dos de l incompréhension, du désespoir, des tensions et des conflits entre les hommes? Conflits qui durent parfois par négligence, mais qui peuvent aussi être savamment entretenus. Pourquoi ne pas tenter d occuper une partie du paysage, nous, les faiseurs de paix? Pourquoi ne pas imaginer qu une partie du business, dédiée aujourd hui à entretenir les conflits entre les hommes, ne puisse pas être détournée au profit de l apaisement entre les hommes? Utopie, me direz- vous? Peut- être, mais n est- il pas mille fois préférable d essayer de faire avancer le schmilblick à sa toute petite échelle, en épaulant les quelques locomotives qui militent opérationnellement et pragmatiquement pour la paix depuis bien plus longtemps que soi, plutôt que de ne rien faire? Et enfin, la troisième raison, plus personnelle. Une intuition. Une intuition qui m a poussé à comprendre et à apprendre un domaine et un métier extrêmement complémentaires à tout ce que j avais fait jusqu à présent. À ce point complémentaires que j ai maintenant la conviction qu absolument tous les métiers, tous les postes à occuper, tous les projets à mener, toutes les situations à gérer peuvent parfaitement se nourrir de l attitude médiane, de la posture du médiateur, de la discipline médiation. Ne pas savoir comment les évènements de la vie s enchaîneront n a plus d importance. Ne pas savoir quelles nouvelles personnes rejoindront le cercle des intimes ne gêne en rien. L avenir fait bien moins peur lorsque l intuition vous indique que vos prochaines rencontres seront les bonnes.
Et dans le même temps, vous réalisez que rien de ce que vous avez fait jusqu à aujourd hui n est à regretter. Car toutes les décisions, surtout les plus surprenantes et les plus inconfortables, vous ont incontestablement fait grandir. Au fil des années, l intuition inébranlable de plusieurs collègues et chefs m a fortement marqué. Tellement marqué qu un complexe est né ; allant jusqu à m autoqualifier de handicapé de l intuition. Et puis, le temps a fait son travail, et j ai fini par percevoir qu il n était pas nécessaire de savoir pour connaître. C était la première fois qu il m était donné de toucher l intuition du bout du doigt. Ce sujet est formidablement complexe. Je n en ai probablement approché qu une partie infiniment petite, alors que le sujet est à lui tout seul infiniment grand. Il donne le vertige. À certains, il donne du plaisir ; à d autres, la nausée. Si, un jour, la compétence et le courage me viennent pour écrire un livre au sujet de l intuition, cette «perception immédiate de la vérité sans l aide de raisonnement», je le ferai. Du moins est- ce une intuition avant de devenir un projet. 7