Appréhender le vécu psychologique du patient et de la famille : «la douleur a-t-elle un sens»? DU de Soins Palliatifs et d Accompagnement Décembre 2014 Philippe Ceccaldi, psychiatre, Unité 29, CHU Nena Stadelmaier, psychologue, Dép CARE, Institut Bergonié
Douleur chronique cancéreuse La douleur chronique devient en ellemême une maladie : troubles consécutifs divers, somatiques, psychiques, sociaux, relationnels La zone algique est surinvestie Le sujet vit dans un présent perpétuel : Perte de projet Régression Repli sur soi
4 composantes de la douleur Sensorielle : intensité, durée, description Psychique : retentissement sur l émotion, l affect, l humeur. Interactions avec les facteurs de stress. Cognitive : les représentations du sujet et le sens qui est donné à la douleur. Impact sur les performances intellectuelles (troubles mnésiques, capacités d association, ) Comportementale : gestes, attitudes, schémas comportementaux, rapport au travail,
«Lorsque j ai des douleurs intenses qui durent» Qu est ce que je ressens? Quelles émotions émergent? Qu est ce que la douleur me fait penser? Qu est ce que je fais? Travail sur des expériences de douleur
Douleur et souffrance Superposable? Dualisme corps / esprit? La douleur peut générer de la souffrance et inversement. Peurs anxiétés angoisses. Intrications et différences entre douleur et souffrance. (rapport au temps et à l action, l évaluation) Eléments positifs et bénéfices secondaires de la douleur?
La souffrance renvoie au rapport : - à soi, - à l autre, - au sens, - au langage Quantifiable?
«Il n y a que les hommes qui souffrent» «Tous les hommes souffrent» Développement et conflits psychiques Par exemple dans la douleur Décalage entre «Moi et Moi idéal» Conflit entre «principe de réalité et principe de plaisir»
La souffrance, crise de l altérité (Paul Ricoeur) L axe soi-autrui Le souffrant est unique Solitude du souffrir Blessure du souffrir Enfer du souffrir L axe agir-pâtir L impuissance à dire L impuissance à faire L impuissance à raconter
Le rapport subjectif au corps et au sens : l image du corps «Elle réside au carrefour du corps et du psychisme, elle recouvre la permanence à soi dans l espace, dans le temps et dans les relations au monde. C est le sentiment vital d être entier, non morcelé, le même (non dissocié), toujours soi (dans une reconnaissance différencié des autres).» (Marie-Frédérique Bacqué, L image du corps, Revue francophone de Psychooncologie)
La construction de l image du corps L image du corps est complètement intriquée dans la relation à l autre, au développement psychoaffectif, aux aspects émotionnels. Des multiples expériences au cours de l enfance La «façon d être porté» la «façon d être soigné». (D. Winnicott) L image inconsciente du corps. (Françoise Dolto)
La transformation du rapport à soi, à l autre, à la réalité quotidienne Différence entre une transformation progressive (vieillissement) et brutale (ablation du sein et séquelles douloureuses). Décalages entre le regard des autres et le vécu subjectif de la «perte». Risque de rester figé : ces interdits qui s installent progressivement. «Amputation» de la vie en tant que personne, de femme, de couple
Ne pas confondre : Le «phénomène» douleur : toujours des composantes physiques et psychologiques L origine de la douleur : - d origine nettement physique avec répercussions psychologiques - d origine mixte psychosomatique - d origine nettement psychologique (p.ex. conversion hystérique)
Les douleurs, dont les composantes d ordre psychologique sont repérables : «Ne font pas moins mal» Faire appel à la raison, à la conscience, à la volonté ne les diminuent pas, bien au contraire.
Intrication vécu douloureux et cancer - Le contexte de la maladie : - Les différentes étapes de la maladie cancéreuse. - L impact psychique de la douleur est différent à l annonce, en rémission, rechute ou fin de vie. - Les représentations collectives et individuelles omniprésentes en cancérologie.
Vécu et expression douloureuse dépendent aussi : - De l appartenance culturelle - De l histoire personnelle et familiale - De la personnalité du sujet (Illustration) - De l entourage social -
Les conséquences psychologiques et comportementales de la douleur : Rétrécissement de son «univers». Fixation sur le phénomène douloureux, anticipation douloureuse (gestes, activités, projets). Vivre dans un présent perpétuel. Repli sur soi : investissement narcissique lié à la douleur, retrait des investissements extérieurs. Agressivité. Manifestations dépressives, parfois souhait de mourir pour échapper à la douleur.
Intrication douleur et cancer : «sens» et mécanismes de défense Maîtriser la douleur maîtriser la maladie Maîtriser la douleur se maîtriser Douleur comme signe d une partie du corps ou du corps entier «vivant» Punition? Autoaccusation? Persécution?
Et pour l entourage? Le malade se plaint : phénomène de crise, de stress, sentiment d impuissance. Le malade «se cache» : décalage dans la communication. Ambivalence des sentiments, culpabilité.
La distance relationnelle avec le patient douloureux Quelle distance? Quelles répercussions sur l équipe?