LES EXPORTATIONS FRANÇAISES DE BOVINS VIVANTS VERS LES PAYS DU POURTOUR MÉDITERRANÉEN :

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Transcription:

> Les synthèses de FranceAgriMer novembre 211 numéro1 ÉLEVAGE / VIANDES LES EXPORTATIONS FRANÇAISES DE BOVINS VIVANTS VERS LES PAYS DU POURTOUR MÉDITERRANÉEN : enjeux et concurrence 12 rue Henri Rol-Tanguy / TSA 22 / 93555 Montreuil-sous-Bois cedex Tél. : +33 1 73 3 3 / Fax : +33 1 73 3 3 3 www.franceagrimer.fr

> Quelques définitions Pourtour méditerranéen En règle générale, ce terme couvre les trois pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie), ainsi que l Égypte, le et la. Toutefois, les exportations françaises d animaux vivants, vers la, ont été suspendues entre et septembre 211 en raison de la déclaration, par la France, de cas d ESB en. Dans cette synthèse et pour la France, le pourtour méditerranéen se comprend donc à l exclusion de la. Broutard Animal mâle, non castré, maigre âgé de 6 à 12 mois destiné à être engraissé en France (Grand Ouest, Plaine de l Est, frange du croissant laitier ) ou à l étranger (essentiellement Italie et, dans une moindre mesure, Espagne). Jeune bovin Animal mâle fini, non castré, âgé de 12 à 24 mois, destiné à l abattage, d un poids variable en fonction de la race et de la durée d engraissement, généralement compris entre 43 kg carcasse (16 mois) et 5 kg carcasse (24 mois). Génisse amouillante Animal femelle, généralement âgée de moins de 3 mois, gestante de 4 à 7 mois. Pour les pays du Maghreb, il s agit exclusivement de femelles de race laitière, souvent de race Prim Holstein ou Montbéliarde. Restitution Somme versée par la Commission européenne, destinée à couvrir le différentiel de prix entre deux produits agricoles, l un européen, l autre issu d un pays tiers, et commercialisés sur un même marché d importation hors Union européenne. Dans les années 197, la filière bovine française s est tournée vers l exportation de bovins vivants maigres (broutards) destinés majoritairement au marché italien et, de façon plus marginale, au marché espagnol. En Italie, ces animaux répondaient à la demande des engraisseurs de la plaine du Pô, dont l activité connaissait alors une forte croissance, due à l expansion de la culture de maïs et à l accroissement de la consommation de viande bovine. À cette époque, la grande majorité des exportations françaises de bovins vivants était destinée au marché communautaire. Entre le début des années 199 et 25, les restitutions communautaires à l exportation de bovins vivants ont directement contribué à établir et à structurer des courants commerciaux durables de bovins mâles finis (jeunes bovins) vers les pays tiers, en particulier le. En décembre 25, la Commission européenne a mis fin aux restitutions à l exportation sauf pour les animaux reproducteurs 1, considérant, d une part, que la situation du marché communautaire de la viande bovine pouvait être durablement équilibrée sans encouragement à l exportation de bovins vivants hors de l Union européenne et, d autre part, qu au titre du respect du bien être animal, il convenait de ne pas favoriser le transport sur longue distance d animaux vivants. Après une période de quasi interruption, entre 26 et 28, durant laquelle les concurrents d Amérique du Sud ont fourni ces marchés, les ventes européennes, en particulier françaises, de bovins vifs vers les pays tiers, ont repris à la faveur d un contexte européen et international redevenu favorable aux acteurs français spécialisés dans ce négoce vers les pays tiers : renchérissement de l offre des concurrents d Amérique du Sud, ce qui a conduit les pays méditerranéens importateurs à diversifier leurs approvisionnements, baisse de l euro face au dollar ou au real, offre abondante liée à la croissance régulière du cheptel français de vaches allaitantes jusqu en 21, relative stagnation des ventes sur le marché communautaire (Italie et Espagne). Globalement, au cours des dix dernières années, les importations d animaux vivants des pays du pourtour méditerranéen ont eu tendance à diminuer au profit de celles de viandes, passant de presque 5 % à moins de 4 % des tonnages totaux (vif et viande) ces trois dernières années (cf. encadré 1). Cette synthèse situe, dans un premier temps, la place des ventes vers les pays tiers par rapport à l ensemble des exportations françaises d animaux vivants. Elle dresse, ensuite, un état des lieux des flux d animaux exportés vers le pourtour méditerranéen et décrit leur évolution récente. Enfin, elle analyse, à partir des éléments disponibles, la concurrence sur ces marchés. 1) Code douanier SH 6 : 1.2.1, 1.2.2, 1.2.3 2 / Les exportations françaises de bovins vivants vers les pays du pourtour méditerranéen > ÉDITION novembre 211. /

Les exportations françaises de bovins vivants de plus de 8 kg vif, place des pays tiers et du pourtour méditerranéen dans le commerce français Les exportations de bovins vivants (reproducteurs, bovins maigres et destinés à l abattage), toutes destinations confondues, représentent, chaque année, un montant de l ordre de 1,2 milliard d euros (1,24 milliard d euros en 21) qui se répartissent ainsi : 79 % pour la vente d animaux maigres, 16 % pour celle d animaux de boucherie et 5 % pour celle de reproducteurs. La part des ventes vers les pays tiers, qui dépassait à peine 1 % dans les années 26 à 28, a atteint 3 % en 29 et 7 % en 21. Les ventes sur le marché européen et les pays tiers En 21, les ventes d animaux reproducteurs ont représenté 53 7 têtes, dont 1 3 à destination des pays tiers. En ce qui concerne les animaux de rente, la France a exporté, hormis les animaux de moins de 8 kg, 1,253 million de têtes en 21. 94 % d entre eux étaient destinés au marché européen, principalement aux marchés italien et espagnol (respectivement 81 % et 14 % des ventes européennes). Ainsi, les exportations vers les pays tiers n ont porté que sur un peu moins de 6 % des exportations totales, soit 72 4 têtes, mais ce volume est en forte croissance par rapport aux quatre dernières années (26 : 9 6 têtes, 27 : 3 8 têtes, 28 : 9 têtes et 29 : 27 9 têtes). Les ventes françaises de bovins vifs maigres ont porté sur 1,88 million de têtes, en 21 (87 % des animaux commercialisés). Elles ont alimenté les ateliers d engraissement italiens (878 4 têtes) et espagnols (161 2 têtes). En revanche, les pays tiers n ont représenté qu un débouché limité, avec 1 8 têtes vendues (moins de 1 % des ventes de bovins maigres). Les exportations françaises de bovins destinés à l abattage ne constituent qu une faible part des ventes de vif (13 % des animaux commercialisés en 21) ; elles ont porté sur 165 8 têtes en 21. En revanche, à la différence des animaux maigres, la part des ventes sur le marché des pays tiers est significative (37 %), soit 61 7 têtes vendues, en forte progression au cours des trois dernières années (28 : 7 3 têtes, 29 : 25 5 têtes et 21 : 61 7 têtes). Ainsi, les flux de bovins vivants en direction des pays tiers sont principalement constitués d animaux destinés à l abattage (85 % des volumes d animaux vivants exporté hors reproducteurs). Face à la contraction des marchés traditionnels de bovins maigres (Italie et Espagne), les acteurs de la filière bovine peuvent trouver des débouchés sur les marchés des pays tiers, à condition de répondre à la demande, c est-à-dire en fournissant des animaux finis ou semi-finis ce qui supposerait un renforcement de l engraissement en France. Exportations de bovins vivants vers les pays tiers 3 25 2 15 1 5 2 Les ventes dans les pays du pourtour méditerranéen 21 Les flux commerciaux entre la France et les pays du pourtour méditerranéen, qui existent depuis de nombreuses années, ont été fortement perturbés par les deux crises de l ESB 2 ( et 21) et plus récemment par l épisode de FCO 3 (26-21). 22 23 24 25 reproducteurs destinés à l'engraissement destinés à l'abattage 26 27 28 29 21 Source : douanes Importations des pays du pourtour méditerranéen De 2 à 22, les importations d animaux vivants des pays du pourtour méditerranéen, exprimées en tec, sont restées stables autour de 15 tonnes par an, avant de reculer de 24 à 29 à moins de 1 tonnes. En 21, elles ont retrouvé leur niveau du début des années 2, soit 15 tonnes. Les importations de viandes, elles aussi stables de 2 à 22, ont ensuite fortement progressé, pour représenter plus de 7 % des tonnages totaux importés de 24 à 29. Du fait de la reprise des exportations en vif en 21, ce pourcentage a diminué (6 % des tonnages totaux importés). Jusqu à une période récente, les principaux achats de viandes étaient effectués par l Égypte, l Algérie et dans une moindre mesure le. En 21, la est devenue le deuxième client après l Égypte. Importations des pays du Pourtour méditérannéen (en milliers de tec) 5 4 3 2 1 viandes animaux vivants 2 21 22 23 24 25 26 27 28 29 21 Sources : douanes des pays exportateurs Union européenne, Amérique du Nord, Amérique du Sud (Brésil, Argentine et Uruguay et Océanie 2) Encéphalite spongiforme bovine 3) Fièvre catarrhale ovine LES SYNTHÈSES de FranceAgriMer 211 / ÉLEVAGE / 3

> - Animaux reproducteurs Depuis la première crise de l ESB, en, les exportations d animaux reproducteurs n ont guère dépassé 1 têtes par an. En 21, sur les 1 3 têtes exportées vers les pays tiers, 95 % l ont été à destination des pays du pourtour méditerranéen, en particulier du Maghreb (9 3 têtes dont, Algérie : 6 3 têtes et Maroc : 2 8 têtes). Pour la plupart des animaux et des destinations, il s agit quasi exclusivement de génisses laitières amouillantes, principalement de races laitières (notamment Prim Holstein, Montbéliarde). Les ventes en, qui ont parfois pu atteindre plusieurs milliers de têtes par an avant, ont été stoppées avec la crise de l ESB en France. Elles ont repris à l automne 211. Au cœur de la deuxième crise de l ESB, en 21-22, seuls quelques animaux ont été exportés vers le. Plus récemment, durant l épisode de FCO, essentiellement centré sur la période comprise entre août 26 et le printemps 211, les exportations d animaux reproducteurs ont également été réduites (moins de 5 têtes en 27, 28 et 29), avec des ventes sur le Maroc, l Algérie et, dans une moindre mesure, le et la Tunisie (génisses laitières amouillantes). Elles ont doublé entre 29 et 21, notamment du fait d une progression sensible des ventes à destination de l Algérie et du Maroc. Exportations françaises de bovins reproducteurs vers les pays tiers 138 128 3 25 Maroc Algérie Tunisie 2 15 1 5 2 - Bovins destinés à la boucherie crise ESB 21 Entre et 25, lorsque des restitutions sont octroyées aux bovins vivants par la Commission européenne, le était déjà le principal débouché des bovins mâles finis sur le marché des pays tiers (encadré 2). En revanche, ce n est qu en 29 que des volumes significatifs ont été commercialisés en Tunisie et en Algérie. En 21, 61 7 têtes ont été exportées par les opérateurs français vers les pays tiers, dont 95 % (58 5 têtes) vers les pays du pourtour méditerranéen, et plus particulièrement vers le qui constitue clairement la principale destination (72 % des exportations pays tiers), devant l Algérie (12 %) et la Tunisie (11 %). Si jusqu en 29, les animaux commercialisés étaient à plus de 97 % constitués par des jeunes bovins, en 21, des génisses destinées à l abattage ont également été vendues (11 % du total des animaux exportés sur le pourtour méditerranéen) en Tunisie (3 têtes), au (2 8 têtes) et en Algérie (1 têtes). 22 23 24 25 26 27 crise FCO - Bovins destinés à l engraissement Depuis la première crise de l ESB en, les ventes dans les pays du pourtour méditerranéen ont toujours été inférieures à 3 têtes, à l exception de 21, où elles ont atteint 1 8 têtes. En 28, l Algérie constituait l unique débouché ; la Tunisie est venue s y adjoindre en 29 et en 21, le Maroc. En 21, les ventes sur la Tunisie et l Algérie ont dépassé 4 têtes pour chacune des deux destinations, et celles sur le Maroc ont atteint 1 8 têtes. Des différences importantes existent sur la nature des animaux importés dans ces trois pays. Le Maroc importe essentiellement des animaux de 16 à 3 kg vif, la Tunisie s approvisionne pour moitié en mâles de plus de 3 kg vif et à 4 % en animaux de 16 à 3 kg vif. Enfin, l Algérie achète un tiers de chacune des trois catégories suivantes : génisses (Prim Holstein, Montbéliarde), mâles de plus 3 kg vif (Charolais), animaux de 16 à 3 kg vif (Charolais). Exportations françaises de bovins maigres vers les pays tiers Même si les exportations françaises se diversifient, tant en termes de catégories d animaux (animaux maigres, génisses de plus de 3 kg, ) que de destinations (Algérie, Maroc, Tunisie ), les débouchés sur les pays tiers sont encore particulièrement dépendants des ventes de bovins mâles finis sur le marché libanais. 4 / Les exportations françaises de bovins vivants vers les pays du pourtour méditerranéen > ÉDITION novembre 211. / 28 29 21 Source : douanes françaises Exportations françaises de bovins boucherie vers les pays tiers 9 8 7 6 5 4 35 3 2 1 4 35 3 25 2 15 1 5 Maroc Algérie Tunisie crise ESB Égypte 2 2 21 crise ESB 21 22 22 23 23 24 24 25 25 Fin des restitutions 26 Fin des restitutions 26 crise FCO 27 Maroc Algérie Tunisie 27 28 crise FCO 28 29 29 21 21 Source : douanes françaises Source : douanes françaises

Les marchés du pourtour méditerranéen : une concurrence potentiellement sud-américaine Pour ce qui est du commerce de bovins vivants, les principaux concurrents de la France, autres que les États membres de l Union européenne, sont situés en Amérique du Sud, notamment pour ce qui concerne les animaux destinés à la boucherie. Les animaux reproducteurs Le Brésil : depuis 28, il commercialise chaque année environ 2 animaux reproducteurs dans le monde, mais aucun n est destiné aux pays du pourtour méditerranéen. L Argentine : depuis 23 et à l exception de 26, les exportations d animaux reproducteurs argentins ont été inférieures à 3 têtes par an. L essentiel des ventes sont effectuées en Amérique Centrale et du Sud. Quelques animaux ont été expédiés en Égypte en 26. Les animaux de boucherie Les fournisseurs Le Brésil : il a commencé d exporter des animaux vivants dans le monde en 24. Ses ventes ont connu une croissance exponentielle depuis lors ; elles ont atteint 64 têtes en 21. Entre 24 et 26, la totalité des animaux exportés a été commercialisée au. De 27 à 29, les expéditions vers ce pays ont eu tendance à diminuer au profit de celles à destination du Venezuela. Cette tendance s est nettement renforcée en 21 ; quelques animaux ont également été livrés en Égypte et en. Exportations brésiliennes de bovins finis 7 6 5 4 3 2 1 22 Égypte Vénézuela 23 24 25 L Uruguay : entre 2 et 27, les exportations uruguayennes de bovins vivants n ont jamais dépassé 5 têtes, les ventes sont alors tournées vers les pays d Amérique du Sud, du Proche et du Moyen-Orient. À partir de 28, des volumes importants ont été expédiés vers le et l Égypte, mais le fait le plus marquant reste l exportation de plus de 12 têtes en en 21. Cette orientation se poursuit en 211 : plus de 9 % des animaux exportés par l Uruguay ont rejoint le marché turc. 26 27 28 29 21 Source : douanes brésiliennes (Aliceweb) Des exportations françaises de bovins finis vers le fortement liées aux restitutions entre et 25 Les exportations européennes de bovins mâles de plus de 3 kg vifs destinés à la boucherie, vers le 4, ont débuté dans les années 199 : dès 1991 pour l Allemagne, en pour la France et en pour l Irlande. Entre 199 et 25, ces flux ont été largement soutenus par l octroi de subventions aux exportations de bovins mâles par la Commission européenne. En 199, la valeur de la restitution s élève à 73 /1 kg vif alors que le jeune bovin fini est valorisé, en France, aux alentours de 185 /1 kg vif. Elle atteint 111,5 /1 kg vif, en, avec un cours moyen de 195 /1 kg vif sur le marché national, pour ensuite décroître et se stabiliser à 41 /kg entre 2 et 24 (alors que la valorisation se situe entre 13 et 15 /1 kg vif), conséquence de la mise en œuvre des accords du GATT qui actent une réduction des soutiens à l exportation. Ainsi, la part de la restitution par rapport à la valorisation pour le négociant (prix FOB+restitution+transport) est comprise entre 4 et 6 % à la fin des années 2. Après avoir régulièrement diminué leur montant au cours de l année 25, la Commission supprime finalement les restitutions, considérant que le marché européen de la viande bovine est dans une situation favorable et que le transport de bovins vivants sur longue distance ne doit pas être encouragé, au regard de la politique mise en œuvre au sein de l Union européenne en matière de bien-être animal. Ainsi, jusqu en 23, les importations libanaises sont essentiellement composées d animaux en provenance de l Union européenne (Allemagne, France et Irlande), mais dès 25, le Brésil devient un fournisseur significatif du marché libanais. La suppression des restitutions, en décembre 25, a tari le courant d exportations de bovins finis français vers le entre 26 et 28, le prix des animaux n étant plus compétitif par rapport à ceux venus du Brésil. Depuis 29, la hausse du prix des bovins sur le marché intérieur brésilien ainsi que la baisse de l euro par rapport au real ont fortement modifié le contexte et ont rendu possible le retour des animaux français sur le marché libanais. Alors que la part des animaux européens importés au est de l ordre de 5 % en 28 et de 1 % en 29, elle s élève à 6 % en 21, dans un contexte de relative stabilité des achats autour de 14-15 têtes. Exportations françaises de bovins de plus de 8 kg vifs vers les pays tiers 1 9 8 7 6 5 4 3 2 1 199 1991 1992 2 21 22 23 24 25 26 27 28 29 21 Source : douanes françaises 4) Jusqu en 1992 : taureaux de plus de 22 kg (1 2 9 35), à partir de : bovins vivants de plus de 3 kg, destinés à la boucherie (1 2 9 71) LES SYNTHÈSES de FranceAgriMer 211 / ÉLEVAGE / 5

> Exportations uruguayennes de bovins finis 45 4 35 3 25 2 15 1 5 2 Les clients Égypte Syrie Jordanie Maroc Brésil Argentine 21 22 23 24 Le : sur les trois dernières années, les importations libanaises ont été relativement constantes, autour de 14-15 têtes. Si en 28 et 29, l essentiel des approvisionnements du a été assuré par le Brésil, les cartes ont largement été rebattues en 21. 14 têtes ont été fournies au marché libanais par cinq fournisseurs majeurs (France, Espagne, Slovénie, Uruguay et Brésil). Les importateurs libanais étant à la recherche des meilleures opportunités sur le marché international, les parts de marché des pays fournisseurs peuvent fortement évoluer d une année à l autre, en fonction de la conjoncture. 25 26 27 28 29 21 Sources : FAO et douanes uruguayennes L Égypte : la demande égyptienne est passée de 15 têtes, en 28, à 72 têtes, en 21. En 29, l Uruguay avait été le principal fournisseur (81 % des importations totales), devant le Brésil. En 21, c est l Australie qui a, en majorité, approvisionné l Égypte (78 % des importations totales), devant le Brésil, l Uruguay et la Slovénie. Le Maroc, l Algérie et la Tunisie : les importations de ces trois pays sont marginales par rapport à celles du ou de l Égypte. Elles sont en progression depuis trois ans, mais n ont pas dépassé 12 têtes en 21 (Maroc : 5 9 têtes, l Algérie : 11 7 têtes et la Tunisie : 1 9 têtes). Les négociants français sont bien placés sur ces trois marchés, la part de la France s est élevée en 21 à 34 % au Maroc (derrière l Irlande : 59 %), 99 % en Algérie et 1 % en Tunisie. L analyse des couples pays fournisseurs (Union européenne, Amérique du Sud, Océanie) / pays clients (Maghreb, Égypte,, ) montre que le commerce de bovins vivants finis est empreint d une forte instabilité (destinations et volume). Le contexte politique et économique des pays du pourtour méditerranéen, la situation sanitaire des pays fournisseurs, la variabilité de l offre disponible pour les pays tiers sont autant de facteurs d instabilité sur ces marchés. Le marché turc : un marché naissant? Les achats d animaux reproducteurs Au cours des quatre dernières années, les États-Unis et l Australie ont été les deux principaux fournisseurs du marché turc (respectivement 26 8 et 7 3 têtes entre 27 et 21). Les pays de l Union européenne ont été absents entre 21 et 29, en raison notamment de la crise de l ESB, à l exception de la Suède, qui a exporté 1 2 animaux en 25 et 2 animaux en 26, et de l Allemagne, en 29 (2 têtes). En 21, quelques pays de l Union européenne sont parvenus à vendre des animaux : la Hongrie, trois États baltes et l Autriche, pour un total de 4 6 animaux. Les achats d animaux vivants par la L Allemagne a été, en 22, le premier pays à exporter des animaux vers la. Elle a été rejointe par l Uruguay, en 25, puis par l Australie, en 29. De 22 à 29, peu d animaux ont été destinés à la : moins de 1 3 animaux par an (1 1 animaux en 25 et 1 3 animaux en 27). Ce n est qu en 21 que le marché turc s est véritablement ouvert aux importations, avec plus de 246 animaux achetés, dont 124 3 têtes en provenance d Uruguay, 64 3 têtes d Australie et 45 3 de Hongrie. Quelques animaux ont également été exportés par le Brésil, les trois États Baltes, la Grèce et les États-Unis. Les achats de viande bovine Jusqu en 29, les importations turques de viandes fraîches et congelées ont été quasi inexistantes. En 21, les achats de viandes fraîches ont atteint 54 tonnes. Les fournisseurs ont été nombreux, notamment la Pologne (2 5 tonnes), l Allemagne (13 5 tonnes) et, dans une moindre mesure, l Autriche, la France et l Italie. En 29, les achats de viandes congelées sont restés modestes avec 4 1 tonnes. Tout comme pour les viandes fraîches, la Pologne, avec 2 9 tonnes, est le premier fournisseur de la. Fermé à la France depuis la première crise de l ESB, en, le marché turc a été de nouveau «ouvert» aux exportateurs français en novembre 21. Les exportations françaises ont atteint entre 8 et 1 tonnes par mois, sur la période de décembre 21 à mars 211, bénéficiant alors d une réduction des droits de douane ramenant ceux-ci à 3 % en décembre 21 (passage en octobre 21 du droit consolidé déposé à l OMC de 225 % à 3 %). Elles ont ensuite considérablement diminué après le relèvement des droits de douane, à trois reprises dans le courant 211 (45 % le 19 mars 211, 6 % en mai 211 et, enfin, 75 % le 2 juillet 211). Le droit de douane applicable à l'importation de bovins vivants en, d'un poids supérieur à 3 kg et destinés à l'abattage, est passé le 29 juillet 211 de 3 % à 15 % (135 % droit consolidé à l OMC), favorisant l exportation d animaux vivants aux dépens de la viande. 6 / Les exportations françaises de bovins vivants vers les pays du pourtour méditerranéen > ÉDITION novembre 211. /

Conclusion Au cours des trois dernières années, on observe une demande croissante en animaux vivants dans les pays du pourtour méditerranéen. Elle s est renforcée avec l ouverture du marché turc à un certain nombre de pays fournisseurs, dont la France depuis septembre 211, pour les animaux de boucherie. Comme la plupart des marchés pays tiers, ces marchés sont instables. Du coté de la demande, ils sont, d une part, sensibles à l évolution du contexte sanitaire (FCO, fièvre aphteuse, cheptel indemne d IBR 5 ) qui peut entrainer brutalement des fermetures partielles ou totales des frontières et, d autre part, à l évolution de l équilibre de leur marché (abaissement ou relèvement de leur droit de douane ). Du coté de l offre, les conditions de concurrence entre pays fournisseurs peuvent, elles aussi, évoluer rapidement : du fait de restrictions à l exportation, de nature parfois sanitaires, plus souvent économiques (introduction de taxes à l exportation pour protéger le marché national), du fait d une moindre compétitivité résultant d un équilibre offre demande tendu sur le marché national ou d une évolution défavorable des parités monétaires. Ainsi, des opportunités peuvent apparaître assez rapidement et disparaître tout aussi vite. Le plus souvent les achats des pays du pourtour méditerranéen sont importants et requièrent une forte organisation des vendeurs pour rassembler rapidement des lots d animaux homogènes (poids et respect des règles sanitaires imposées par le pays importateur 6 ) pouvant aller de 8 à plus de 1 2 têtes. Il y a donc une difficulté spécifique à organiser ces flux importants pour des marchés exposés à un risque de «fermeture» temporaire ou plus durable (décision politique à visée économique, embargo sanitaire, quota d importation épuisé, relèvement des droits de douane ) Pour prévenir ce risque, il convient de disposer de débouchés diversifiés (marché national, marché européen, marché pays tiers) pour pouvoir trouver rapidement des solutions alternatives pour vendre les animaux. La réponse à cette demande nécessite pour la filière française de s organiser pour produire et mobiliser, au bon moment, les animaux recherchés. 5) Rhinotrachéite infectieuse bovine 6) Vaccination IBR (rhinotrachéite infectieuse bovine) obligatoire par exemple pour le Maroc ou l Algérie Cette synthèse complète la présentation qui a été réalisée, le 5 octobre 211, à Clermont-Ferrand, dans le cadre du Sommet de l élevage, par FranceAgriMer lors des premières rencontres Élevage France Méditerranée. LES SYNTHÈSES de FranceAgriMer 211 / ÉLEVAGE / 7

Les synthèses de FranceAgriMer / édition 211 FranceAgriMer / 12 rue Henri Rol-Tanguy / TSA 22 / 93555 Montreuil-sous-Bois cedex tél. : +33 1 73 3 3 / www.franceagrimer.fr/ www.agriculture.gouv.fr / Directeur de la publication : Fabien Bova Rédaction : unité Produits animaux, pêche et aquaculture / Yves Trégaro Conception et réalisation : FranceAgriMer, direction de la Communication et de l information, studio PAO Impression : atelier d impression de l Arborial / Fin de rédaction : novembre 211 Sources principales : FranceAgriMer établissement national des produits de l agriculture et de la mer Crédits photos : Pixtal / Droits réservés tous droits de reproduction réservés, sauf autorisation expresse de FranceAgriMer