Journée Nationale d Hommage aux Morts pour la France pendant la guerre d Algérie et des Combats du Maroc et de Tunisie 5 décembre 2008, 18h00 Il y a 46 ans prenait fin le conflit, qui pendant 10 ans, de 1952 à 1962, avait mobilisé le contingent en Afrique du Nord. Après ceux de la Grande Guerre, après ceux de la drôle de Guerre, des Maquis, de la Résistance et de la Déportation, une troisième génération venait ajouter ses noms, à la liste déjà, trop longue, sur nos Monuments aux Morts. 23 000 jeunes gens, auxquels il convient d ajouter les victimes civiles, trouvèrent la mort au Maroc, en Tunisie et en Algérie. Fils, petits fils, de ceux qui déjà avaient eu à consentir ces sacrifices, ils demeurent désormais la troisième génération du feu. Cette filiation de sang ne doit pas masquer la forme atypique du conflit qui s annonçait : Guerre de Libération, pour certains sur fonds d exactions, nettoyage de poches terroristes pour d autres, maintien de l ordre pour l essentiel. 1
Point d armée structurée à combattre, point de front, point d ennemis identifiés, dans ce conflit qui tait son nom, tant sont importants les enjeux autres que militaires, tant les codes de la guerre changent, dès lors que l on confine à la guerre civile. La France est seule, la France est contre la France. Là où des solutions ne se sont pas dégagées pour mener ces territoires à une souveraineté, là où les atermoiements d une République, qui succombe sous les combinaisons pour se trouver un salut, une survie, c est la poudre qui parle et le contingent qui traverse la Méditerranée. A peine une décennie après la fin du second conflit mondial, le contingent fut à nouveau appelé, le contingent opposé à ceux qui souhaitaient disposer librement de leur avenir. D accrochages contre une rébellion de mieux en mieux armée, soutenue par une population de plus en plus nombreuse, ces soldats en vinrent, tout simplement, à mener une Guerre : nous le savons aujourd hui. Car c est bien d une guerre qu il s agit, avec son tristement habituel cortège de destructions, de sévices, de tortures et de morts. 2
Confusion entre politique et militaire, entre Police et Armée, entre intérêts privés et grandeur de la France, tel fût le chaudron au fond duquel fût précipitée la Jeunesse de France sur fond de guerre froide et d affrontements de blocs. ** D une Histoire commune de 132 années, il fallait dénouer les nœuds dans l honneur, il fallait donner au monde l image de cette France imprégnée des valeurs qui avaient écloses en 1789. La réalité fut toute autre dans une spirale mortifère qui vit s affronter deux communautés sur un même sol, se déchirer chaque communauté en leur sein : rien n est plus détestable que la division et la haine là où le dialogue et la concorde doivent s imposer. La réalité fût toute autre dans les traumatismes nés de ce conflit, qui vit à la suite des Accords d Evian, un mouvement de population, à jamais égalée dans notre histoire, se produire. Y-a-il un vainqueur dès lors qu un pays se déchire? Y-a-t-il un vainqueur, lorsque le choix se porte entre l exil ou la mort? Y-a-t- il un vainqueur lorsque le droit sert à opprimer? Non! 3
La mémoire est encore à notre portée, souvent au sein de chacune de nos familles, de la mienne notamment, nous côtoyons encore l Histoire, il arrive que son poids rejaillisse ; gardons nous de ne lui concéder que la stricte exigence de Mémoire et non d exemple comparatif. C est à ce seul prix que nous rendrons hommage, comme souhaité par Jacques Chirac, à chacune des victimes de cette décennie. Les témoins, les acteurs, sont nombreux encore, et des blessures cependant tardent à s engager sur la voie de la guérison, la seule pourtant réaliste, alors que se dessinent pour l avenir de nos enfants les vastes perspectives d une Union pour la Méditerranée, initiée par le Président Sarkozy. Souvenons-nous aujourd hui qu à l image de ceux des conflits précédents, nos concitoyens qui partirent en ces moments laissent des veuves et des orphelins et qu eux aussi, ont des droits. La reconnaissance de la Nation se doit aussi d être au cœur des préoccupations matérielles et quotidiennes de ces combattants et de leurs ayant-droit. 4
A côté du juste hommage dû à la mémoire et à la réparation morale, - les droits à la retraite du combattant, - les droits médicaux, figurent également au chapitre de ce qui est du. Vous savez que sur l ensemble de ces sujets, je demeure en phase avec les Associations afin que les engagements pris soient tenus. Je vous remercie. 5