Récupération des déchets d emballage en Grande-Bretagne : quelles implications logistiques?

Récupération des déchets d emballage en Grande-Bretagne : quelles implications logistiques? Michael BROWNE Exel logistics professor, Université de Westminster Julian ALLEN Research Fellow, Groupe de recherche sur les transports, Université de Westminster Introduction Les Réglementations sur les Obligations de Responsabilité du Producteur (Déchets d Emballage) sont entrées en vigueur en Grande Bretagne en 1997. Cette législation a porté la responsabilité des déchets d emballage sur les entreprises qui produisent ou traitent des emballages. Elle les a obligées à récupérer et à recycler une certaine quantité de déchets d emballage selon la quantité d emballage qu elles fabriquent ou traitent. La législation devrait encourager les entreprises britanniques à entreprendre la récupération des déchets d emballage comme si elle faisait partie de leur activité normale et donc, réduire l impact que les déchets d emballage font peser sur l environnement. Elle exigera la mise au point de systèmes logistiques adaptés pour traiter la récupération et le recyclage des déchets d emballage efficacement. Seules les entreprises avec un chiffre d affaires de plus de 5 millions de livres par an et qui traitent au moins 50 tonnes de matériaux d emballage par an sont soumises à ces Réglementations. Ces entreprises doivent décider soit de prendre la responsabilité de récupérer et de recycler les déchets d emballage, soit de s associer à un programme de mise en conformité qui les déchargera de cette obligation. Le gouvernement a rendu obligatoires les objectifs de récupération et de recyclage des déchets d emballage pour les entreprises touchées par les Réglementations. La quantité de déchets d emballage qu une entreprise devra récupérer et recycler dépendra des activités qu elle accomplit. La législation détermine six activités (fabricant, transformateur, emballeur, vendeur, grossiste et importateur) et à chaque activité correspond une obligation de récupération différente. Les entreprises qui ont plus d une activité auront une obligation de récupération pour chaque activité. Le gouvernement a prévu des objectifs de récupération dans toute la Grande Bretagne de 38 %, 43 % et 52 % de tous les déchets d emballage pour les années 1998, 2000 et 2001 et ainsi de suite. La terminologie employée dans les Réglementations peut être compliquée. Le terme «récupération» signifie que les déchets d emballage doivent pouvoir être soit recyclés, soit incinérés dans des programmes de transformation des déchets en énergie où l énergie ou les produits combustibles sont générés par les déchets d emballage combustibles. Le «recyclage» renvoie au retraitement des déchets d emballage en matières «premières» qui peuvent être employées dans la fabrication de «nouveaux» emballages ou autres Nous tenons à adresser nos plus vifs remerciements à l Institute of logistics qui a financé cette recherche. Nous remercions John Smith et les membres de l Institute pour leur soutien, tout particulièrement Nigel Wilmshurt et Neil Gould. Les points de vue exprimés dans cet article émanent des auteurs. Vol. 7 N 2, 1999 37

produits et qui comprend également le recyclage organique. Les déchets d emballage et les options d élimination Les déchets d emballage constituent un composant majeur des déchets commerciaux et ménagers. Ils constituent environ un cinquième de tous les déchets commerciaux et à peu près un quart de tous les déchets ménagers de la Grande Bretagne (voir tableau 1 DoE, 1996a, 1996b). Cela, lié au fait qu ils ont un profil dominant à la fois public, commercial et environnemental, fait des déchets d emballage une importante préoccupation pour de nombreuses entreprises. En Grande-Bretagne, les déchets d emballage sont principalement éliminés par une de ces trois méthodes : décharge, récupération ou recyclage. La décharge a été de loin jusque là la méthode la plus communément utilisée en Grande-Bretagne parce qu elle s avère bon marché, elle convient à une vaste gamme de déchets et elle était largement disponible dans tout le pays avec une quantité de sites géologiquement appropriés. Pour atteindre l objectif de 52 % de récupération en 2001, les quantités de récupération de déchets d emballage devront en gros doubler. Etant donné que cela présente un défi significatif pour ceux qui sont soumis aux Réglementations et que ça exige une infrastructure dûment développée des installations de récupération et de recyclage, le taux de récupération actuel est une indication de ce qu on peut accomplir s il existe des conditions adéquates du marché pour la récupération et le recyclage et si des organismes et des individus font tout ce qu ils peuvent pour y parvenir. Récupération et recyclage contre décharge Un certain nombre de raisons ont tendance à rendre la récupération et du recyclage une option plus chère que la décharge. Le coût de collecte et de transport ; Le coût du tri des déchets d emballage ; Le coût d investissement des installations de récupération et de recyclage et leurs coûts d exploitation ; Le coût plus élevé des matières recyclées ; L instabilité des marchés pour les matières «premières» recyclées qui peuvent être rapidement faussés par les variations dans l approvisionnement et la demande internationaux ou domestiques. Il y a, à l heure actuelle, bien moins d installations de récupération et de recyclage en Grande Bretagne qu il n y a de décharges. Celles qui existent sont largement dispersées à travers tout le pays. L importance de l activité de transport dans la gestion des déchets d emballage dépend beaucoup de l emplacement de la source de déchets, le point de transfert où les déchets sont transbordés entre les véhicules et éventuellement triés et la destination finale des déchets (c est-à-dire une décharge, une installation de retraitement ou une implantation de récupération d énergie). Ça signifie que les niveaux d activité de transport associée à la récupération et au recyclage des déchets d emballage seront sujets à la distance que les véhicules auront à parcourir jusqu à un point de transfert et puis, du point de transfert à l usine de retraitement ou le site de récupération d énergie. Etant donné qu il y a bien moins d usines de retraitement et de récupération d énergie que de sites de décharge, il est vraisemblable qu en proportion, les emballages récupérés et recyclés devront couvrir une plus grande distance que les déchets emportés à la décharge. Il est vrai que la question de savoir si, dans de nombreux cas, le fait de générer une activité de transport accrue reste un problème fondamental de la logistique à rebours. Dans le cas où la récupération et le recyclage des déchets d emballage remplaceraient la décharge, les effets sur le transport des déchets d emballage dépendent de trois facteurs : La distance pour transporter les déchets aux sites de décharge comparée à celle effectuée jusqu aux usines de récupération et de recyclage ; La quantité de déchets transportée par chaque charge de véhicule pour la décharge Tableau 1. Déchets d emballage par rapport à tous les déchets commerciaux et ménagers en Grande-Bretagne, 1995. Secteur (millions de tonnes) Total des déchets Déchets d emballage (millions de tonnes) % du total des déchets en Déchets d emballage Commercial 15 3,22 21,5 % Ménager 20 5,46 27,3 % 38 Vol. 7 N 2, 1999

et les systèmes de récupération et de recyclage ; Dans quelle mesure la circulation à vide de véhicules de transport routier dans une direction peut être utilisée pour le transport de déchets d emballage jusqu à un point de transbordement de la chaîne d approvisionnement de récupération et de recyclage. Impact de la récupération et du recyclage sur l Activité de Transport Pour évaluer les impacts que les Réglementations pourraient avoir sur le flux d élimination des déchets d emballage, il est nécessaire de comparer l activité de transport pour une décharge actuelle et les manœuvres de récupération et de recyclage avec l activité de transport qui peut résulter des futurs objectifs de récupération. Dans nos calculs, nous avons tenu compte de tous les déchets d emballage du Grande- Bretagne (c est-à-dire aussi bien du secteur commercial que ménager). Pour évaluer l activité de transport (en nombre total de kilométrage de véhicule parcouru annuellement) il est indispensable de prendre en compte un certain nombre de variables clés, comme les distances sur lesquelles les déchets d emballage sont transportés, le type et la taille des véhicules utilisés et la quantité de déchets qui peut être chargée sur les véhicules. Nos conclusions montrent que, au fur et à mesure que les taux de récupération augmentent et que de plus grandes quantités de déchets d emballage doivent être récupérés et recyclés, le kilométrage des véhicules va probablement augmenter. C est principalement dû aux plus grandes distances que parcourent les déchets récupérés ou recyclés par rapport aux déchets mis à la décharge. Les estimations avancent une augmentation de 10 % du kilométrage de véhicule parcouru pour le traitement des déchets d emballage pour l an 2000 et une augmentation supplémentaire de 4 % pour l an 2001. Comme les résultats concernent tous les déchets d emballage (comme pour les pourcentages de récupération cibles des réglementations), ils ne font pas la différence entre les pourcentages de récupération des secteurs commerciaux et ménagers. Ça signifie qu on peut atteindre l objectif général en récupérant une plus grande proportion de déchets d emballage commerciaux et une plus petite proportion de déchets d emballage ménagers, de façon à ce que l objectif de récupération général soit atteint pour l ensemble des déchets d emballage. Il est probable que ce soit du point de vue logistique moins complexe d organiser et moins cher de mettre en œuvre des programmes de récupération pour récupérer les déchets commerciaux que les déchets ménagers. C est dû à certains facteurs, tels que le grand nombre de ménages qui génèrent les déchets d emballage, les petites quantités qu ils génèrent habituellement, la taille des véhicules qu on peut utiliser dans les zones résidentielles, les horaires limités pendant lesquels on doit faire le ramassage et la main d œuvre qu exige le ramassage de ces déchets ménagers. Mesures logistiques permettant la réduction de l activité transport Il y a un certain nombre de mesures logistiques qu on pourrait prendre pour aider à minimiser l impact des Réglementations sur le transport. L une d elles est le rôle que le chargement de retour du véhicule pourrait jouer dans la réduction de l activité transport entraînée par l élimination des déchets d emballage. Une fois que les déchets d emballage ont été triés, compactés et palettisés à un point de triage, ils se trouvent sous une forme qu on peut facilement traiter et qui convient au transport par des véhicules de transport généraux. Une autre solution pratique qui pourrait contribuer à une réduction de la quantité d emballages utilisés, et par conséquent devant être éliminés, consiste en des systèmes de conteneurs réutilisables ; ils pourraient apporter des avantages financiers et environnementaux. En utilisant ces deux types de systèmes, les entreprises pourraient réduire la quantité d emballages qu elles doivent récupérer ; et, moins il y aura de déchets d emballage pénétrant dans le cycle des déchets, plus l activité de transport liée à l élimination des déchets sera réduite. La figure 1 montre l effet que l augmentation de l usage d emballages réutilisables pourrait avoir sur l activité de transport des déchets. Il illustre comment le kilométrage parcouru par les véhicules pour le transport des déchets d emballage en l an 2000 pourrait être réduit par divers quantités d emballage réutilisable. Nos calculs montrent que pour chaque réduction de deux pour cent de la quantité de déchets d emballage entrant dans le cycle des déchets, on pourrait supprimer 2,7 millions de kilométrage des véhicules engagés dans l ac- Vol. 7 N 2, 1999 39

Figure 1 : Impact de l emballage réutilisable sur le kilométrage total des véhicules de déchets d emballage au Grande Bretagne en l an 2000. tivité de transport des déchets d emballage sur les routes du Grande Bretagne. Pour réduire le kilométrage total des véhicules de déchets d emballage au niveau de 1996, nos calculs montrent qu il faudrait obtenir une réduction de 9 pour cent de la quantité de déchets d emballage qui pénètrent dans le cycle des déchets en l an 2000. Déchets d emballage et Logistique à rebours Cet article s est jusqu ici concentré sur les quantités de déchets d emballage dans le système et l impact probable que les Réglementations auront sur les quantités globales du transport de marchandises. Ce chapitre s intéresse à la façon dont les entreprises basées au Grande Bretagne affrontent les nouvelles Réglementations. Il examine comment les systèmes logistiques à rebours peuvent être mis au point pour prendre en charge les déchets d emballage, comment des entreprises innovatrices ont fait face aux déchets d emballage avant les Réglementations et le rôle clé que les logisticiens peuvent jouer pour aider les entreprises à respecter leurs obligations concernant les déchets d emballage. Pour les besoins de cette étude, on a obtenu ces informations de la façon suivante : Des entrevues téléphoniques d environ trente minutes avec dix entreprises basées au Grande Bretagne qui doivent se soumettre aux Réglementations ; Cinq études détaillées d entreprises ont été menées pour examiner la gamme de déchets d emballage provenant des différents types d activités, les démarches que ces entreprises ont entreprises pour répondre aux Réglementations et, le cas échéant, les systèmes logistiques mis en place par les compagnies qui ont récupéré et recyclé les déchets d emballage avant l introduction des Réglementations. Les cinq entreprises étudiées sont Xerox Ltd, The Body Shop, Palmer & Harvey McLane Ltd, Tesco Pic et Marks and Spencer Plc. Dans le cas de l étude de Tesco et de Marks and Spencer, nous avons poursuivi le travail déjà réalisé par Harpum (1997) ; Des réunions avec des experts dans l industrie des déchets d emballage et de la logistique. L étude sur laquelle repose cet article a été également étudiée à plusieurs niveaux par des membres de l Institut du Groupe Spécial d Intérêt Environnemental de Logistique. Le terme «logistique» est maintenant un terme généralement reconnu pour décrire le flux de matériaux, de produits et d informations connexes des sources en matières premières jusqu aux points de vente finaux. Néanmoins, avec le développement de la prise de conscience et de la législation environnementales, de nombreuses entreprises ont commencé à récupérer des composants, des produits et des emballages épuisés et à les régénérer ou à les éliminer de façon satisfaisante pour l environnement. Constatant que l organisation liée à cette activité reflète celle de la chaîne d approvisionnement initiale, on a adopté le terme de «logistique à rebours». La logistique à rebours est censée représenter «les compétences et les activités de gestion logistique impliquées dans la réduction, la gestion et l élimination des déchets dangereux ou non provenant des emballages et des produits. Elle englobe la distribution à rebours qui concerne l écoulement des marchandises et des informations dans le sens inverse des activités logistiques normales» (Newson, 1997). O Laughlin et al (1993) soulignent que la logistique englobe instinctivement «la récupération et le recyclage» comme une partie de sa fonction normale. Pour la plupart des entreprises, la logistique à rebours commencera au niveau élémentaire, ce qui signifie probablement mettre d abord en œuvre une sorte d opération de récupération et de recyclage. Un développement ultérieur du système dans d autres fonctions est alors envisageable. Alors que l idée de développer la logistique pour englober la redistribution des déchets d emballage à des retraiteurs est relativement simple à comprendre, mettre en œuvre un système qui va apporter à peu près ce résultat exige une organisation considérable. La diffi- 40 Vol. 7 N 2, 1999

culté majeure vient de la nature des matériaux habituellement utilisés pour l emballage et de comment ils peuvent être triés de façon rentable par les utilisateurs. Dans certains flux de déchets, de nombreuses entreprises ont déjà entrepris la récupération et le recyclage avec le papier et les cartons-fibres qui est le choix évident pour la plupart, puisque c est relativement facile à trier et qu il y a un marché prêt, même s il est quelque peu versatile, pour ça. Les plastiques cependant présentent un défi plus grand, spécialement à cause du grand nombre de différents types, qu on ne peut pas mélanger. L entreprise et son approche des déchets d emballage Les entreprises basées au Grande Bretagne ont différentes façons d envisager les déchets d emballage, allant d un point de vue où la récupération et le recyclage sont considérés comme un aspect intégral de leur gestion des ressources à celui où elles font peu d effort pour éliminer les déchets de façon efficace pour l environnement. Le tableau 2 montre la gamme d approches d utilisation et de jugement de l emballage selon les entreprises. Ces approches varient beaucoup et offrent une certaine gamme d avantages. Pour toutes les entreprises interviewées sauf une, les déchets d emballage provenant de leurs activités sont traités par tri des matériaux sur place avant leur enlèvement. C est normalement le cas pour des grandes sociétés de détail qui alors préparent les déchets d emballage pour la récupération et le recyclage sur leurs principaux sites de distribution. Comme on l a signalé auparavant, les pratiques de recyclage opérées par des entreprises avant l introduction des Réglementations ont souvent été motivées par des raisons financières puisque le recyclage réduit la quantité de déchets destinés aux décharges et donc réduit les redevances et les taxes d ordures et également que la vente des déchets d emballage à des retraiteurs a généré des gains. Sans prendre en compte si le type d emballage est primaire, secondaire ou de transit, il semble que certaines sociétés font des efforts continus pour réduire la quantité qu elles utilisent, tout en s assurant que les besoins de leurs clients sont satisfaits. On y parvient en Tableau 2 : Gamme d approches de l emballage. Approches de l'emballage Réduction des matériaux d'emballage utilisés Matériaux de remplacement Collecte de données & compte-rendu de gestion Partenariat de chaînes d'approvisionnement avec des fournisseurs et des clients Systèmes réutilisables Avantages - moins de volume de matériaux et / ou d'emballage - économies de poids - moins de déchets d'emballage à retraiter - de moindres coûts - moins de volume de matériaux et / ou d'emballage - économies de poids - moins de déchets d'emballage à retraiter - données à jour - amélioration du contrôle - meilleur contrôle financier - développe les bonnes pratiques environnementales - réduction des quantités d'emballage - occasion d'innover - partenariats commerciaux plus étroits - moins de déchets d'emballage à retraiter - réduction des matériaux d'emballage utilisés - meilleur contrôle Tableau 3 : Approches adoptées pour l emballage de transit. Utilisation de matériaux de remplacement Utilisation de techniques de remplacement Emballage réutilisable - film étirable pour envelopper qui est plus léger comme alternative pour réduire l'emballage - emballage intérieur moulé en carton / papier comme alternative au polystyrène - remplacement des boîtes de transit et de l'empilage de cubes par des protections de bordures et l'empilage de tours - tailles de boîte normalisées, modulaire - caisses en métal et en bois à la place des boîtes - systèmes de nacelles pliables en métal - systèmes de plateaux en plastique - systèmes de cylindres réutilisables - sacs réutilisables Vol. 7 N 2, 1999 41

Études de Xerox Ltd et Tesco. 1. Xerox Ltd a commencé à introduire des programmes de récupération, de réutilisation et de recyclage il y a plus de trente ans. Les fournisseurs livrent des composants à Xerox Ltd dans des boîtes en carton normalisées, réutilisables et recyclables, ce qui a réduit de façon significative la quantité totale de l'emballage carton nécessaire annuellement. Des caisses et des palettes récupérables sont également utilisées et sont actuellement directement renvoyées des sites de fabrication de Xerox Ltd aux fournisseurs des pièces pour être réutilisées en vertu du système de distribution existant. Xerox Ltd " englobe le cycle tout entier de vie des produits Rank Xerox de la conception et de la fourniture des pièces au retraitement de fin de vie " (Xerox Ltd, 1995). La façon dont Xerox Ltd a fait face à ces problèmes représente une approche holistique de la gestion de l'emballage. 2. La société d'épicerie de détail Tesco exploite neuf Centres de Distribution Combinée (CDC) en Grande- Bretagne, chacun d'entre eux traite d'une combinaison de marchandises à température ambiante, rafraîchies ou surgelées pour environ 60 et 70 magasins. Ces CDC sont exploités sans stock ; le produit est livré par les fournisseurs pour répondre à la demande et est redistribué le jour même dans les magasins. Chaque CDC est proche d'une Unité de Service de Recyclage (USR) (dans certains cas, sur le site même des magasins et dans d'autres à moins d'1 km). Comme on peut s'y attendre, une entreprise de cette envergure génère des volumes de déchets d'emballage considérables quotidiennement. Cependant, Tesco a éliminé un pourcentage significatif des déchets potentiels en remplaçant les boîtes en carton par des plateaux en plastique, qui sont nettoyés et réintroduits dans le système dans les USR. En outre, autant que possible, les plastiques et les cartons recyclables sont renvoyés aux USR. Les fournisseurs livrent des produits au CDC dans des plateaux de plastique vert, dans lesquels ils restent jusqu'à ce qu'ils soient vendus dans les boutiques. Chaque USR lave et remet dans le circuit environ 240.000 plateaux en plastique par semaine. Au moment où ils déposent les plateaux au nettoyage, les véhicules déchargent les chariots de plastique et de carton pour la mise en balles. Les plateaux en plastique vert propres sont ramassés par les fournisseurs aux USR après avoir fait les livraisons aux CDC, après quoi le cycle recommence (Harpum, 1997). L'étude de Tesco est un bon exemple de l'importance des systèmes d'emballage réutilisable. utilisant les types de matériaux, de techniques et de technologies les plus récents. Vous trouverez des exemples d emballages de transit dans le tableau 3. Seules deux des sociétés que nous avons interviewées utilisaient des matériaux recyclés pour leur emballage primaire, secondaire et de transit. Bien qu il ne soit pas possible d insérer dans leur intégralité les études des cinq sociétés menées pour cette recherche (Anderson et al., 1998), il est possible de se référer brièvement à deux d entre elles (Xerox Ltd et Tesco) pour montrer les systèmes logistiques mis en œuvre pour la récupération et le recyclage des déchets d emballage (voir encadré ci-dessus). Les Implications commerciales des Réglementations Les Réglementations sur les déchets d emballage ont forcé les entreprises de Grande- Bretagne de lister les types et les quantités de déchets d emballage qui circulent dans leur entreprise. Bien que, dans de nombreux cas, ça ait entraîné une perte de temps et un processus coûteux, ça a donné aux sociétés un rapport détaillé de leur utilisation des emballages. Ils peuvent utiliser ces informations pour juger si leur actuelle approche de l emballage est efficace et rentable. Même les entreprises qui ont choisi de s associer à un programme de mise en conformité et donc de payer le conducteur de ce programme pour prendre en charge la responsabilité des déchets d emballage, aura besoin de surveiller brièvement le coût et la bonne adaptation du programme de mise en conformité. Ces entreprises devront étudier régulièrement si le programme de mise en conformité lui accorde un bon rapport qualité-prix et également comparer les coûts et les bénéfices de prendre en charge en interne la responsabilité des déchets d emballage. Une des faiblesses des Réglementations consiste à ne pas encourager à sa juste mesure les société à prendre leurs responsabilités en ce qui concerne les déchets d emballage qu ils génèrent au sein de leur propre activité. Au lieu de cela, les sociétés peuvent simplement choisir de s associer à un programme de mise en conformité et de transférer toute la responsabilité des déchets d emballage au responsable du programme de mise en conformité. Si les sociétés font ce choix et que les données du gouvernement indiquent qu environ 80 pour cent des entreprises ont choisi de s associer à des programmes de mise en conformité jusqu ici, elles peuvent continuer à générer la même quantité de déchets d emballage dans leurs activités et ces déchets peuvent en réalité ne pas être récupérés ou recyclés (DETS, 1998). Une autre faiblesse des Réglementations vient de ce qu on n a pas pensé à garantir qu elles entraînent une nette amélioration de l utilisation de l énergie et des impacts environnementaux. Notre recherche prouve que l activité de transport, le traitement, le tri et les processus de récupération et de recyclage et les impacts environnementaux qui leur sont liés augmenteront au fur et à mesure que les quantités de récupération et de recyclage des 42 Vol. 7 N 2, 1999

déchets augmenteront. On a besoin d une estimation plus détaillée des implications environnementales et financières de la législation des déchets d emballage si on veut que les lignes directrices mènent à une amélioration de la situation d un point de vue environnemental. Conclusion : le Rôle des Logisticiens dans la Gestion de l Emballage Les logisticiens sont uniquement en position de juger les problèmes de l emballage et des déchets d emballage dans leurs activité et d aider à déterminer l approche que l entreprise adoptera par rapport aux Réglementations en Grande Bretagne (c est-à-dire prendre la responsabilité de récupérer et de recycler les déchets d emballage ou s associer à un programme de mise en conformité). Si l entreprise décide de récupérer et de recycler les déchets d emballage, les logisticiens joueront un rôle essentiel dans la nouvelle conception des chaînes logistiques existantes et des activités logistiques pour garantir que l emballage est récupéré de façon efficace du point de vue logistique (en termes d activités de transport, de traitement / triage et de stockage et des équipements et installations nécessaires). Les Réglementations peuvent par conséquent avoir un effet direct sur les stratégies logistiques et l exploitation des entreprises. On doit faire une estimation et une programmation des évaluations des déchets d emballage en employant une approche supplychain. Les logisticiens sont habilités à apporter une importante contribution à ces décisions pour deux raisons majeures : d abord, ils ont l habitude d avoir une vision d ensemble quand ils programment la production et l approvisionnement des produits et des services offerts par leur société. Ensuite, la gestion des déchets d emballage est une extension du produit supply-chain qu ils gèrent déjà. Deux facteurs clés concernant la nature de la logistique permettent d expliquer ce point. D abord, la logistique est une activité sans cloisonnement qui suppose qu on considère les activités comme un processus plus qu un ensemble de fonctions individuelles. Ensuite, les administrateurs de logistique traitent de tous les aspects du cycle de vie des matériaux du berceau à la tombe ce qui est primordial quand notre idée n est pas simplement des conceptions destinées à la consommation, mais également à l élimination ultime. Une importante quantité d emballage sert à protéger et à conserver la qualité des marchandises pendant le transport et à renforcer l efficacité de la manutention et d autres activités logistiques. Par conséquent, en dehors du fait qu ils sont bien placés pour gérer la logistique à rebours des déchets d emballage, les logisticiens ont également un rôle essentiel à jouer dans la concept et la mise en œuvre de systèmes d emballage réutilisable et également dans le réduction de l ensemble des emballages usés. Références ANDERSON S., BROWNE M. and ALLEN J., (1998) «The UK Packaging Waste Regulations: the implications for freight transport and logistics», Institute of Logistics, Corby. DoE, (1996a) «Digest of Environmental statistics», vol. 18, HMSO, London. DoE, (1996b) «Producer Responsibility Obligations (Packaging Waste) Regulations: A Consultation Paper», Department of the Environment, London. HARPUM S., (1997) «Reverse Logistics: An Assessment of the Impact of the Producer Responsibility Obligations (Packaging Waste) Regulations 1997 on Retail Distribution», Unpublished MSc Thesis, University of Westminster. NEWSON P., (1996) «Packaging Waste Management», Logistics Focus, vol. 4, n 2. O LAUGHLIN K., COPPER J. and CABOCEL E., (1993) «Reconfiguring European Logistics Systems», Council of Logistics Management. Office of Fair Trading, (1997) «Valpak Limited: A report by the Director General of Fair Trading on the competition scrutiny of the company s compliance scheme», Office of Fair Trading. Statutory Instrument No. 648., (1997) «Producer Responsibility Obligations (Packaging Waste) Regulations 1997», The Stationery Office, London. Xerox Ltd (1995) Environmental. Vol. 7 N 2, 1999 43

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