LE MAÏS, UNE PLANTE QUI S'ADAPTE Le maïs est l une des trois céréales les plus cultivées au monde. Présent dans de nombreux pays de l Equateur au Danemark, il est cultivé sous des climats très différents (tropical, méditerranéen et tempéré). Au cours des cinquante dernières années, le progrès génétique a permis à la culture du maïs de connaître de formidables avancées. Il s adapte bien aux techniques dites "alternatives" et s'intègre parfaitement dans la filière "bio". Un progrès génétique soutenu et des variétés plus rustiques Depuis les 50 dernières années, le maïs a bénéficié d'un progrès génétique soutenu portant sur : la précocité et une meilleure tolérance aux basses températures. La sélection de variétés très précoces ou précoces a permis la culture du maïs au nord de Paris et le développement du maïs fourrage dans les zones d'élevage. la tenue de tige avec un gain moyen d'environ 0.6% par an. Actuellement, la grande majorité des variétés est tolérante à la verse à la récolte. Cette amélioration a permis la culture à des densités de semis supérieures valorisant mieux les potentiels de rendement des parcelles. le rendement et sa régularité. Dans le réseau d essais post inscription les progrès génétiques en rendement confortent les ordres de grandeur issus des estimations sur la base de données historiques avec une moyenne de 1.2 %/ha/an, soient des gains moyens annuels de 1 à. 1.2 quintal par hectare et par an. Les résultats d expérimentation confirment aussi une innovation particulièrement dynamique en groupes précoces. l'amélioration de la rusticité. Les essais Arvalis / réseau post inscription comparant des variétés de différentes générations (1980, 1990, 2000) à plusieurs niveaux de rendement montrent que les écarts de rendements entre les variétés des années 2000 et celles des années 80 sont plus marqués en conditions défavorables. Cette évolution confirme les données acquises dans une étude spécifique Inra-AGPM comparant des variétés des générations 1950 à 1980. Conditions défavorables Conditions favorables
L amélioration de la rusticité s'explique par des progrès en matière de valorisation de l'eau, des effets de compétition entre plantes et de tolérance aux températures extrêmes, qui se matérialisent par une meilleure persistance du feuillage vert en fin de cycle. Autrement dit et contrairement à une idée reçue, les variétés d'aujourd'hui sont plus rustiques que les variétés d'hier. Elles résistent mieux au froid, à la verse, au déficit hydrique. Face à ces aléas, leur rendement baisse moins que celui d'une variété ancienne. la valeur alimentaire du maïs fourrage, notamment par l'instauration d'épreuves spécifiques en 1986 et la prise en compte à partir de 1996 de la teneur en UFL dans les épreuves d'inscription et les comparaisons des variétés en post-inscription. Chaque année de nouvelles variétés de maïs porteuses du progrès génétique sont proposées. Pour les producteurs, l'adoption de nouvelles variétés tant en maïs fourrage qu'en maïs grain est un levier technique important ; d'où la nécessité de faire connaître les différentes innovations pour qu'elles soient utilisées à bon escient. Le maïs a conquis le Nord de la France En France, le maïs est la deuxième production végétale derrière le blé tendre. Les surfaces consacrées à sa culture se sont rapidement développées entre 1955 et 1975, passant de 450 000 à 2 837 000 ha. En 2010, elles représentent un peu plus de 10 % de la surface agricole utile totale, 1 427 000 ha en maïs grain et 1 558 000 ha pour le maïs fourrage. Presque uniquement localisée dans le Sud-ouest dans les années 50, la culture du maïs est désormais présente sur l'ensemble du territoire français. Les rendements en maïs grain ont connu une forte progression. Situés en dessous de 30 quintaux par hectare en moyenne nationale jusqu'en 1960, ils atteignaient plus de 50 quintaux par hectare dans les années 70. Depuis, le gain de productivité moyen est d'environ 1,2 quintal par hectare/an pour un rendement moyen supérieur à 90 quintaux. Ainsi, les meilleurs rendements sont souvent obtenus aujourd hui dans les régions du Nord de la France. Les maïsiculteurs sont acteurs de ces progrès : Les progrès, les maïsiculteurs en font bon usage, et le plus rapidement possible. Pour preuve, le renouvellement des variétés (les variétés de moins de 2 ans représentent 30 % du marché). L offre est vaste (plus de 1 000 variétés au catalogue) et segmentée par précocités, usages,... Les stratégies de semis précoces ont très vite été adoptées, les cycles de végétation sont ainsi légèrement avancés pour éviter d arriver en période de floraison, où le maïs a le plus besoin d eau, dans les moments les plus secs de l année. Les maïsiculteurs savent aussi adapter leur choix de précocité variétale aux conditions climatiques. Ainsi depuis 10 ans, les variétés sont en moyenne plus tardives, au potentiel plus élevé. Ils choisissent leurs variétés en adéquation fine aux territoires. Ils intègrent le maïs dans tous les types de rotation, en fonction des possibilités ou des contraintes offertes par le climat et le contexte agronomique, car : - Le maïs s'adapte bien aux techniques "alternatives" Le maïs occupe une place particulière dans les assolements notamment en région d élevage en tant que culture d été intégrée dans des rotations diversifiées. Dans ces situations, l allongement de la rotation permet souvent l introduction de couverts végétaux valorisés en fourrage.
Arvalis Institut du végétal Dans la modification de leurs pratiques culturales, les agriculteurs mettent en œuvre des systèmes d exploitation viables tenant compte des nouvelles problématiques environnementales : le maïs est parfaitement adapté à l utilisation de techniques mixtes ou alternatives telles que le binage ou le désherbage mixte permettant de réduire l usage des herbicides. - En monoculture, l interculture est rigoureusement gérée Des études montrent que la monoculture du maïs préserve un équilibre environnemental comparable à de nombreux systèmes de culture et qu elle correspond à une réponse adaptée à certaines contraintes locales. Le maïs est l une des cultures qui a le moins recours aux produits phytosanitaires. Son remplacement par une autre culture ne pourrait conduire qu à une augmentation des consommations d intrants. Le broyage fin et l incorporation des résidus de cannes de maïs grain constituent un bon piège des nitrates en période hivernale équivalente à une interculture. Elle participe à une protection contre l érosion et une préservation de la fertilité des sols. Elle constitue également une lutte biologique efficace contre certains parasites (sésamies).
LE MAÏS, UNE CULTURE ECONOME EN TRAITEMENTS Avec le maïs, peu de fongicides ou d'insecticides Le maïs ne reçoit pratiquement pas de fongicides : 1,5% des surfaces cultivées uniquement. («Chasser les idées reçues sur le maïs fourrage, fiche 8», MAIZ EUROP, SEPROMA). En matière de tolérance aux maladies, la sélection a apporté de réels progrès génétiques. Les variétés de maïs modernes se comportent globalement bien. Les programmes de sélection portent sur la résistance du maïs aux charbons, fusarioses, helminthosporiose, 2/3 des surfaces en maïs ne reçoivent aucun insecticide en cours de culture. Les traitements s appliquent principalement au moment du semis. Ils se limitent alors à 6% de la surface de la parcelle en cas de traitement localisé dans la raie de semis et 0,7% de la surface de la parcelle en cas de traitement de semence («Chasser les idées reçues sur le maïs fourrage, fiche 8», MAIZ EUROP, SEPROMA). Le maïs est une des grandes cultures qui reçoit le moins de produits phytosanitaires à l hectare : il utilise peu d insecticides et de fongicides, l essentiel des traitements étant des herbicides. Le nombre de passages de pulvérisateurs est très faible en maïs : 1.5 à 2 passages par culture uniquement, contre 2 à 6 voire plus dans les autres grandes cultures (IFT valeurs 2008). C est si vrai que dans les parcelles à accès limité on cultive du maïs (entre autoroutes en région parisienne par exemple) car il nécessite peu d interventions. La limitation du nombre de passages d engins sur la culture va aussi dans le sens de l amélioration du bilan carbone. IFT de référence par culture (Indices de fréquence de traitements) Valeurs 2008 au 09/07/2009 - France entière Espèce BETTERAVE BLE DUR BLE TENDRE COLZA MAIS ORGE POIS POMME DE TERRE TOURNESOL Catégorie HH H HH H HH H HH H HH H HH H HH H HH H HH H produit 2,91 2,25 2,21 1,47 3,49 1,64 4,98 1,94 1,75 2,51 1,55 3,88 1,37 15,79 2,48 1,75 Tous produits 5,16 3,68 5,12 6,92 1,75 4,06 5,25 18,28 1,75 Colonnes HH : Hors Herbicides H : Herbicides «Les valeurs des IFT de référence, par culture et par région actuellement utilisées» - site agriculture.gouv.fr Enfin, le maïs est la seule grande culture sur laquelle il existe une méthode de lutte biologique contre un ravageur (trichogramme contre pyrale), méthode utilisée en culture raisonnée et en production biologique. Le désherbage, incontournable mais maîtrisé et durable Le désherbage est fondamental pour le maïs, mais tout est mis en œuvre pour limiter son impact environnemental. Il répond à trois objectifs : économique, sociétal et aussi environnemental (Source CDROM «Maïs et développement durable, ARVALIS Institut du Végétal») :
objectif économique : sans désherbage, la rentabilité économique de la culture est compromise. Dans une optique de développement durable, contrôler la croissance des adventices évite de voir une partie de l énergie détournée au profit de plantes qui n ont pas d intérêt pour nourrir les hommes. objectif sociétal et économique : le désherbage contribue à garantir la qualité sanitaire de la récolte car certaines adventices sont toxiques dans le fourrage comme le datura, la mercuriale, l amarante ou la morelle noire («Contribution à l'étude de la contamination de l'ensilage de maïs par des adventices toxiques : conséquences pratiques chez les bovins» Thèse ENVT, 2007). De plus, en présence d adventices en grand nombre entre les rangs, l humidité conservée dans la parcelle de maïs augmente le risque de développement de moisissures avec les toxines qui leur sont associées. objectif environnemental : si les mauvaises herbes arrivent à maturité, elles dissémineront leurs graines dans l environnement. Certaines adventices peuvent ainsi coloniser complètement les bordures de champ. C est pour contrôler le nombre de graines d adventices que le fauchage des parcelles en jachère et des bandes enherbées est une pratique incluse dans les bonnes conditions agroenvironnementales (BCAE) de la PAC. Le traitement de semences : précision et très faible surface traitée Comparaison des surfaces en contact avec le sol selon les 3 types de protection de la culture (TS : traitement de semences) Le maïs convient bien à la production biologique S adaptant très bien aux techniques de l agriculture biologique, le maïs s intègre parfaitement dans la filière «bio». Il valorise bien l azote organique, car sa période de végétation coïncide au moment où la minéralisation de la matière organique est optimale. Son semis en ligne permet les techniques de binage. La lutte intégrée telle que l emploi des trichogrammes contre la pyrale, évite le recours aux insecticides. Le maïs est la culture la plus rentable en production bio : c'est celle où l écart de rendement entre le conventionnel et le bio est le plus faible (20 %). En France, en 2010, 10 502 ha de maïs sont cultivés en bio (www.agriculture-environnement.fr).