UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL SERVICE DE DIAGNOSTIC LABORATOIRE DE PARASITOLOGIE RAPPORT 2013 CHATS

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Transcription:

UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL SERVICE DE DIAGNOSTIC LABORATOIRE DE PARASITOLOGIE RAPPORT 2013 CHATS Durant l année 2013, nous avons effectué, dans notre laboratoire, un grand nombre d analyses coproscopiques et autres tests. Voici, dans un premier temps, les principales observations que la compilation des résultats nous permet de faire : 1. Pas moins de 14 espèces de parasites ont été détectées par coproscopie. 2. Le parasite trouvé le plus fréquemment est Toxocara cati, avec une fréquence à plus de 10%. 3. Plus du quart des chats testés, indépendamment de leur âge, excrètent des éléments parasitaires. 4. Plus du tiers des chatons âgés de 6 mois et moins excrètent des éléments parasitaires. 5. Un chat sur cinq, indépendamment de son âge, excrète des éléments parasitaires transmissibles à l homme. Il est clair qu un programme de prévention du parasitisme s impose chez le chat, à la fois pour protéger sa santé, mais aussi pour rendre notre relation avec cet animal de compagnie présent dans environ 25% des foyers, la plus saine possible. Ce présent rapport nous permettra de vous présenter les résultats de façon à orienter vos activités pour mieux intervenir et limiter le parasitisme et ses conséquences variées. Nous n avons pas l intention de prétendre que ces chiffres représentent la prévalence des parasites dans la population féline en général, étant donné la grande variation dans notre échantillonnage. Par ailleurs, il est possible, du fait que plusieurs animaux aient été testés pour diagnostiquer la cause de signes cliniques suggestifs de parasitisme, que la prévalence ici observée soit légèrement plus élevée que celle que l on trouverait dans une population dite normale. Nous recevons maintenant des échantillons de différents établissements vétérinaires québécois et de provinces voisines. Les analyses ont été effectuées pour des raisons variées et les spécimens reçus ne proviennent qu en très faible partie de notre complexe hospitalier (CHUV). D ailleurs, nous recommandons maintenant des analyses des matières fécales les raisons suivantes : 1. Pour préciser le diagnostic chez un animal présentant des signes cliniques suggestifs de parasitisme, 2. Pour dépister les animaux apparemment en santé et excréteurs d éléments parasitaires (plus de 80% des animaux trouvés infectés appartiennent à cette catégorie),

2 3. Pour aider à choisir le meilleur médicament à utiliser, à titre préventif ou curatif, chez un animal soumis à un style de vie particulier, 4. Pour vérifier l efficacité du traitement instauré chez des animaux infectés. Certaines statistiques concernant ces résultats s avèrent fort intéressantes, et remettent en question certaines de nos façons de faire. Voyons, dans un premier temps, les caractéristiques biologiques des animaux testés. Ensuite, les résultats concernant chaque parasite vous seront présentés séparément chez les chatons âgés de moins d un an et chez les chats adultes. Enfin, des recommandations particulières vous seront présentées. Les premières figures nous montrent que nous testons un peu plus de jeunes animaux que des animaux adultes (1 077 : 929). CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES Nb d animaux Âge (mois) Figure 1. Répartition selon l âge des 1 077 chatons (< 1 an) échantillonnés en 2013.

3 Nb d animaux Âge (années) Figure 2. Répartition selon l âge des 929 chats adultes (1 an et plus) échantillonnés en 2013. Nb d animaux Moyenne = 177 Mois de l année Figure 3. Répartition mensuelle des 2 123 coproscopies effectuées sur des échantillons félins, en 2013.

4 Nb d animaux 1 077 : 929 Mois de l année Figure 4. Ratio chaton/chat des 2 006 animaux échantillonnés en fonction du mois de l année en 2013. Les échantillons provenant des chats adultes sont à la base des bâtonnets. RÉSULTATS DES ANALYSES COPROSCOPIQUES Les analyses effectuées, essentiellement des centrifugations dans une solution saturée de sulfate de zinc, ont permis de trouver un bon nombre d animaux infectés. Cette technique, offre une excellente sensibilité pour détecter les infections à protozoaires, sans négliger celles dues à des helminthes. En moyenne, 26,1 % des chats, tout âge confondu, excrétaient des éléments parasitaires. Espèces Nb de chats infectés Nb (j/ad) % (j/ad) Toxocara 233* (166/55) 10,9 (15,4/5,9) Isospora 127 (92/26) 5,9 (8,5/2,8) Giardia 132 (88/37) 6,2 (8,1/3,9) Cryptosporidium 99 (69/24) 4,6 (6,4/2,5) Capillaria 25 (15/6) 1,1 (1,3/0,6) Ancylostoma 13 (10/0) 0,6 (0,9/0) Taenia 21 (5/13) 0,9 (0,4/1,3) Dipylidium 3 (1/2) O,1 (0,09/0,2) Toxoplasma 10 (7/2) 0,4 (0,6/0,2)

5 Sarcocystis 1 (0/1) 0,04 (0/0,1) Demodex 3 (0/3) 0,1 (0/0,3) Cheyletiella 13 (10/2) 0,6 (0,9/0,2) Otodectes 1 (0/1) 0,04 (0/0,1) Trématodes 2 (2/0) 0,09 (0,18/0) Pseudoparasites 2 (2/0) 0,09 (0,18/0) Tous les parasites 556 (362/149) 26,1 (33,6/16,0) Tableau 1. Espèces parasitaires trouvées chez 556 chats en 2013, classées selon leur prévalence respective et par ordre décroissant. (* = le total inclus les animaux infectés d âge inconnu). Cent neuf (19,6% de 556) infections comportaient plus d une espèce parasitaire. Les infections parasitaires les plus fréquentes sont souvent accompagnées d une deuxième espèce. C est le cas pour 32,1% des infections à Toxocara, 37,7% des infections à coccidies, 24,2% des infections à Giardia, 27,2% des infections à Cryptosporidium, 68,0% des infections à Capillaria et 52,3% des infections à Taenia. Moyenne : 33,6% Âge (mois) Figure 5. Répartition des proportions des 362 chatons excréteurs d éléments parasitaires en fonction de leur âge au moment où la coproscopie a été effectuée.

6 Moyenne : 16,0% Âge (années) Figure 6. Répartition des proportions des 149 chats adultes excréteurs d éléments parasitaires en fonction de leur âge au moment où la coproscopie a été effectuée. Moyenne : 26.1% Mois de l année Figure 7. Répartition des proportions des 556 chats excréteurs d éléments parasitaires en fonction du mois de l année durant lequel la coproscopie a été faite.

7 Nous trouvons un plus grand pourcentage de chats infectés durant la saison froide. Il est possible que le creux estival observé corresponde à la période saisonnière de la prévention pour les vers du cœur, pour les puces et pour les parasites gastro-intestinaux avec des produits comportant de larges spectres d indications. LES INFECTIONS PARASITAIRES TRANSMISSIBLES À L HOMME. En moyenne, 20,9% des chats excrètent des éléments parasitaires transmissibles à l homme. Moyenne : 28,0 Âge (mois) Figure 8. Répartition des proportions des 302 chatons excréteurs d éléments parasitaires zoonotiques (les bâtonnets les plus longs) et non zoonotiques en fonction de leur âge au moment où la coproscopie a été effectuée. Le pourcentage d animaux excrétant des éléments zoonosiques représente 83,4% de tous les chatons excréteurs d éléments parasitaires.

8 Moyenne : 12,5% Âge (années) Figure 9. Répartition des proportions des 149 chats adultes excréteurs d éléments parasitaires zoonotiques et non zoonotiques en fonction de leur âge au moment où la coproscopie a été effectuée. Le pourcentage d animaux excrétant des éléments non zoonosiques représente 77,8% de tous les chats adultes excréteurs d éléments parasitaires. OBSERVATIONS GÉNÉRALES Les infections dues à des protozoaires se trouvent beaucoup plus fréquemment que celles dues à des helminthes. Des 556 infections répertoriées, nous avons trouvé 281 (ou 51,6%) infections à protozoaires uniquement, 193 (ou 35,4%) infections à helminthes uniquement, 52 (ou 9,5%) infections mixtes et 18 (ou 3,3%) infections avec des ectoparasites. Ectoparasites Mixtes Helminthes Protozoaires Figure 10. Répartition des infections à protozoaires et à helminthes chez les chats de tout âge.

9 Comme nos programmes de prévention ne couvrent généralement pas les infections à protozoaires, il faut donc leur porter une attention spéciale, en particulier en ce qui a trait au dépistage et au traitement. Un des arguments importants pour le justifier est le fait que plusieurs de ces parasites se transmettent facilement à l homme avec, parfois, des conséquences importantes sur notre santé. Des troisième et quatrième infections les plus fréquentes, Giardia et Cryptosporidium, appartiennent au groupe des protozoaires et sont réputées transmissibles à l homme.

10 INFECTIONS À TOXOCARA Cette infection demeure encore trop fréquente. En moyenne, 10,9% des chats échantillonnés en excrètent (15,4% des chatons et 5,9% des adultes). Son importance vient principalement du fait que ces parasites pondent énormément d œufs, mais aussi parce qu ils peuvent survivre pendant des années dans notre environnement, souvent dans des sites facilement accessibles aux humains. Moyenne : 15,4% Âge (mois) Figure 11. Pourcentage de chatons excréteurs d œufs de Toxocara, en fonction de leur âge (n = 1 077). Moyenne : 5,9% Âge (années) Figure 12. Pourcentage de chats adultes excréteurs d œufs de Toxocara, en fonction de leur âge (n = 928).

11 INFECTIONS À COCCIDIES En moyenne, 5,9% des chats excrètent des ookystes (8,5% des chatons et 2,8 des chats adultes). Les infections à coccidies, quoique fréquentes, posent un problème d interprétation. Le traitement s impose quand trois conditions particulières sont réunies : 1. Excrétion d un grand nombre d ookystes dans les matières fécales, 2. L âge de l animal le place dans le groupe susceptible à la coccidiose (avant l adoption et dans la semaine qui suit, ou les 2-3 premiers mois de la vie), 3. Présence de signes cliniques d ordre digestif. De nombreux cas d infection que nous avons signalés ne répondaient pas à ces critères, en particulier à ce qui a trait à la présence de signes cliniques d ordre digestif. Il demeure donc de la responsabilité du clinicien de décider de la pertinence ou non du traitement. Moyenne : 5,9% Âge (mois) Figure 13. Pourcentage de chatons excréteurs d ookystes d Isospora, en fonction de leur âge (n = 1 077). Nous n avons trouvé une excrétion de coccidies (la plupart du temps en très faible nombre) chez seulement 2,8 % des chats adultes. Ceci ne peut servir, dans la plupart des cas, de prétexte pour débuter un traitement. Cette excrétion reflète probablement une baisse d immunité temporaire, et le bénéfice apporté par un éventuel traitement n est pas évident.

12 INFECTIONS À GIARDIA En moyenne, 6,2% des chats excrètent des kystes de Giardia, plaçant cette infection au deuxième rang des infections les plus fréquentes chez cette espèce. Quelques 6,2% des chatons et 3,9% des chats adultes en excrètent. Le traitement approprié serait une administration de fenbendazole à la dose de 50 mg/kg/j pendant 5 jours, peu de temps après l adoption ou le sevrage. Les occasions de s infecter à nouveau s avèrent probablement nombreuses (le kyste est immédiatement infectieux dès l excrétion), en particulier pour les animaux non confinés à l intérieur. Il serait alors sage de vérifier l absence du parasite chez les animaux, au moins annuellement et durant les 24 premier mois de la vie. D autre part, nous avons de bonnes raisons de croire que ce parasite est infectieux pour l homme, dans beaucoup de cas, heureusement sans trop de conséquences pour les personnes en bonne santé. Moyenne = 8,1% Âge (mois) Figure 14. Pourcentage de chatons excréteurs de kystes de Giardia, en fonction de leur âge (n = 1 077).

13 INFECTIONS À CRYPTOSPORIDIUM Les infections à Cryptosporidium semblent être relativement peu fréquentes, avec en moyenne 4,6% des chats (6,4% des chatons et 2,5% des adultes) qui en excrètent les ookystes. La très grande majorité de ces cas ne semble pas s accompagner de signes cliniques d ordre digestif. Des médicaments pour traiter cette infection ont été testés avec succès, chez l homme, et leur usage est maintenant homologué au Canada. Ces mêmes substances pourraient être utilisées chez les chats, mais leur usage n est pas recommandé de routine. Vous trouverez toutes les informations pertinentes à leur usage à l adresse suivante : www.capcvet.org. Toutefois, il importe de signaler leur présence aux propriétaires à cause du risque de transmission à l homme. L infection d enfants par C. felis a été identifiée et s accompagnait de signes cliniques importants. Il importe donc de prévenir cette transmission en recommandant aux gens (enfants, personnes avec système immunitaire déficient) de respecter les mesures d hygiène de base. Cryptosporidium est immédiatement infectieux, dès l excrétion avec les matières fécales, rendant ainsi l infection très contagieuse. Toutefois, le nombre d ookystes généralement excrétés par les chats infectés demeure moyen, ce qui rend le risque de transmission à l homme peu élevé. Moyenne = 6,4% Âge (mois) Figure 15. Pourcentage de chatons excréteurs d ookystes de Cryptosporidium, en fonction de leur âge (n = 1 077).

14 ANCYLOSTOMA Cette espèce est trouvée surtout chez les chats errants, les chats non confinés et les animaux trouvés, rarement chez les chatons en bas-âge. Les programmes américains (CDC, CAPC) de prévention parasitaire recommandent de vermifuger les chatons pour la première fois dès l âge de 3 semaines et de continuer de le faire à des intervalles de 2 semaines chez les chatons âgés de moins de 3 mois. La raison en est que A. tubaeforme est présente, qu elle peut se transmettre par le lait maternel et que sa période de prépatence peut être aussi courte que 18 jours. La prévalence exceptionnelle (0,9%) de ce parasite chez nous ne justifie pas de modifier le programme d une telle façon car aucun des 288 chatons âgés de deux mois et moins n a été trouvé infecté et trois seulement des 260 chatons âgés de trois mois l étaient. Un premier traitement à l âge d un mois suivi de traitements mensuels est tout à fait suffisant pour nos régions. TRICHOMONAS Cette espèce est maintenant reconnue comme une cause de diarrhée chronique importante chez les chats âgés de moins de 2 ans. Elle est trouvée particulièrement fréquemment (30%) chez les animaux élevés en groupe, mais on le trouve parfois aussi chez des animaux gardés seuls (environ 10%). Toutefois, son diagnostic est compliqué de fait que le parasite ne s enkyste pas. Il faudrait faire placer les matières fécales suspectes dans du formol 4% immédiatement après la défécation afin de fixer le parasite et de le rendre résistant aux solutions saturées utilisées pour la coproscopie. Un étalement de matières fécales dans une goutte de saline permet de montrer la présence d organismes ressemblent légèrement à Giardia et ont la même taille. Toutefois, la sensibilité de ce dernier test ne serait que d environ 25%. Le Service de diagnostic offre maintenant un test PCR avec une sensibilité dépassant 90% et fait sur des matières fécales soumises sans aucun préservatif, ni aucune précaution particulière. TIQUES Les douze spécimens qui nous ont été soumis ont été identifiés comme étant Ixodes cookei pour trois d entre eux et I. scapularis pour les autres. Il est à noter que Borrelia, l agent de la borréliose de Lyme, peut infecter le chat, mais on n a jamais encore décrit de signes cliniques associés à cette infection. Ixodes cookei, la tique de la marmotte, n est pas réputée transmettre d agents infectieux pour le chat.

15 LES PARASITES TRANSMIS PAR INGESTION DE VIANDE CRÛE De façon un peu exceptionnelle, nous avons détecté 10 cas d excrétion d ookystes de Toxoplasma. À l exemple de ce que l on observe chez le chien, il apparaît clairement que les parasites transmis de cette façon se détectent de plus en plus fréquemment. Il faudrait faire réaliser aux gens qui adoptent l alimentation carnée crue, le risque parasitaire qui l accompagne. La toxoplasmose féline est généralement observée chez des animaux dans leur première année de vie et ne s accompagne généralement pas de signes cliniques si ce n est des affections au système respiratoire. Cependant, 2 chats adultes ont été trouvés excréteurs de ce parasite. CONCLUSIONS : 1. La coproscopie est un outil d usage essentiel chez les chatons âgés de moins d un an, principalement dans le but de dépister les infections à protozoaires, sur lesquelles nos programmes de prévention parasitaire n ont pas d effets. Plus de 61% des infections parasitaires comportent des espèces appartenant à ce groupe et deux des quatre espèces trouvées le plus fréquemment, Giardia et Cryptosporidium, peuvent se transmettre à l homme. En plus, les infections concomitantes sont fréquentes (19% des cas) et les signes cliniques, s ils sont présents, ne nous permettent pas de poser un diagnostic adéquat. 2. Un peu plus du tiers des chatons excrète des éléments parasitaires. Les examens de coproscopie et les traitements préventifs s imposent, en particulier à cet âge. Environ 80% des animaux qui excrètent des éléments parasitaires ne présentent aucun signe clinique qui pourrait nous faire soupçonner leur présence. 3. Le taux de parasitisme demeure trop élevé durant les trois premières années de la vie (33,6 ; 25,1; 26,1). Nous devrions faire des efforts adéquats pour protéger les animaux durant cette période de leur vie. 4. Pour diminuer le risque d infection humaine par des parasites de chats, il faut traiter adéquatement les chats en particulier durant les quatre premières années de leur vie. La compilation des résultats de cette année montre que 28,0% des chatons et 12,5% des chats adultes excrètent des éléments parasitaires infectieux pour l homme. Il est de notre devoir d assurer que la relation homme-animal se fasse de la façon la plus saine possible. Je voudrais remercier particulièrement tous les vétérinaires qui nous font confiance et nous confient les analyses de leurs échantillons. C est beaucoup grâce à eux que nous pouvons vous présenter ces conclusions, aujourd hui. N hésitez pas à nous contacter pour toute question, suggestion ou commentaire.

16 Un merci tout spécial au personnel du Laboratoire de parasitologie, soit Fannie Damour, Sylvie Ledoux, Marie-Ève Caron et Paola Gallego pour leur dévouement et leur professionnalisme, ainsi qu à tout le personnel du Service de diagnostic pour leur support constant et attentionné. Alain Villeneuve, D.M.V., Ph.D. Professeur de parasitologie Responsable du laboratoire de parasitologie Service de diagnostic Université de Montréal Alain.villeneuve@umontreal.ca (450) 773-8521 poste 8405/8341 (bur/labo) N.B. : Un «Guide de prévention du parasitisme chez le chat» est disponible sur le site Web de la Faculté, pour vous aider à préparer vos programmes personnalisés à vos clients (Faculté de médecine vétérinaire/service de diagnostic/parasitologie Publications).