Edwige CHIROUTER. Maître de conférences. Université de Nantes. Expert UNESCO Philosophie avec les enfants et littérature de jeunesse Image tirée du documentaire Ce n est qu un début
Le groupe de recherche PHILEAS (PHILosophie. Littérature. École. Adaptation Scolaire ) travaille sur : - 1. Les liens entre philosophie avec les enfants et littérature de jeunesse - 2. Les effets de ces pratiques philosophiques sur le rapport au savoir et l estime de soi des élèves.
Penser une école philosophique plutôt qu à la seule didactique de «moments de philosophie», déconnectés des autres apprentissages (projets Philo/Sciences. Philo/Arts. Philo/Histoire, etc.) Expérimenter à la marge (essentiellement dans l enseignement spécialisé, auprès des élèves a priori les moins «capables» )
Bande annonce du documentaire Ce n est qu un début. http://www.cenestquundebut.com/
Il n y pas d âge pour se poser des questions philosophiques. L enfant et l expérience de «l étonnement devant le monde»
Les différents courants de la philosophie avec les enfants : Le courant «psychanalytique» (enjeu existentiel et anthropologique) Le courant «éducation à la citoyenneté» (enjeu politique et démocratique) Le courant «philosophique» (enjeu didactique)
Parallèlement au développement de la «philosophie avec les enfants» depuis 30 ans, la littérature dite «de jeunesse» contemporaine aborde désormais avec subtilité et complexité des questions philosophiques et existentielles.
La littérature dite «de jeunesse» est toujours un symptôme de la façon dont une époque se représente le monde de l enfance.
Dans les années 1960/1970, le succès d ouvrages comme La psychanalyse des contes de fées de B. Bettelheim (1976) ou les émissions radios de F. Dolto vont diffuser une nouvelle représentation de l enfant : un être de désirs, d angoisses, un sujet digne de respect.
Les enfants ont des préoccupations existentielles intenses et, même très jeunes, ils sont capables d interpréter le message latent des récits pour dépasser leurs angoisses inconscientes et répondre à leurs questionnements métaphysiques profonds.
Serge Boimare (1999). L enfant et la peur d apprendre. Paris : Dunod
Aujourd hui, des auteurs comme Tomi Ungerer, Grégoire Solotareff, Kitty Crowther, Anthony Browne (etc.) offrent à leur jeune lecteur des récits ambitieux et subtils qui abordent, sans aucune moralisation ou mièvrerie, des questions métaphysiques universelles.
On voit apparaître depuis quelques années sur le marché de l édition jeunesse une mode des «manuels de philosophie pour enfants».
Dessin animé, Mily miss questions (France 5, samedis matin). Épisode : Photos de famille (sur la question des origines de la vie et de l existence d un au-delà après la mort ).
Pourquoi la littérature pour philosopher? 1) Elle ouvre à tous les possibles («grand laboratoire de l imaginaire». P. Ricœur). La fiction littéraire n est pas seulement de l ordre de l imaginaire (une «évasion»), mais elle dispose d une fonction référentielle qui nous renvoie à notre expérience du réel et qui peut même nous dévoiler des dimensions insoupçonnées de la réalité.
Florian : «Y en aussi qui veulent pas grandir. Parce que Comme Peter Pan, il veut pas grandir. Y en a qui veulent pas grandir parce qu ils disent qu on prend trop de responsabilités quand on est grand.» (CM1) Anna : «Oui finalement c est vrai ce qu il dit Florian Et puis grandir c est aussi vieillir et après ben tu meurs. C est peut-être pour ça qu il veut pas grandir»
La référence à cette figure emblématique (comme tous les grands personnages de la littérature), qui incarne un désir ou une angoisse constitutifs de la condition humaine, a valeur de vérité.
«Les expériences de pensée que nous conduisons dans le grand laboratoire de l imaginaire sont aussi des explorations menées dans le royaume du bien et du mal.» Paul Ricœur (1990). Soi-même comme un autre. Paris : Seuil, p. 194.
2) La littérature facilite la rigueur philosophique des échanges : Argumenter (donner des raisons, expliquer), Problématiser (soulever la complexité d une question), Conceptualiser (définir un concept).
Florian : «Y en aussi qui veulent pas grandir. Parce que Comme Peter Pan, il veut pas grandir. Y en a qui veulent pas grandir parce qu ils disent qu on prend trop de responsabilités quand on est grand.» (CM1)
Virginie Jamin. Dans les yeux d Henriette. Casterman
Lydie : «Tu as eu le temps de faire beaucoup de choses. Tu as eu le temps d être aimé, d avoir beaucoup d amis.» Amélie : «Henriette, elle pense pas à la mort. Elle profite de sa vie. Mais quand même c est triste la mort parce que bon, pour toi c est pas triste mais pour les autres, pour ceux qui te connaissent. C est pour les autres que c est dur.» Olivier : «Henriette continue de toute façon à exister dans le cœur, dans le souvenir, de celui qui l a aimée» «Garder le souvenir de la personne qu on a aimée rend la mort moins dure.»
3) La littérature sert de médiation. La «bonne distance» qu instaure la littérature, entre l expérience personnelle et le concept, permet de faire le pont entre le trop général et l intime
Eloïse : «La mort dès fois on peut revivre dans le cœur des autres. Parce que Rien Rien c est peut-être le souvenir de sa maman. Elle imagine comme moi mon hamster. C est tellement triste alors des fois j imagine qu il est là.» La réflexion philosophique, l interprétation du texte, et l application à la vie personnelle sont articulés dans cette intervention.
La fiction instaure les problématiques philosophiques dans une «bonne distance» : entre l expérience personnelle, trop chargée d affect pour penser, et le concept, trop abstrait.
«Paravent du personnage» : Lucas : «Cyrano il a pas raison d écrire à la place de Christian Il est fou! Il aime Roxanne et il aide Christian. C est nul. Je la laisse pas à un autre. Il est nul de faire ça.».
Les principes et le dispositif de la mise en réseau Un dispositif basé sur la mise en réseau d albums. 1 mois sur une question philosophique (la vie/la mort ; La différence ; Grandir ; L amour, etc. )
Les principes et le dispositif de la mise en réseau d albums sur une question philosophique Apporter une culture générale commune à la classe. Lecture de certaines œuvres avant la première séance de discussion Lecture d un nouvel album au début de chaque séance (3 séances de discussion sur le thème) 1 séance finale de traces écrites
Les principes et le dispositif de la mise en réseau
Les principes et le dispositif de la mise en réseau
Les principes et le dispositif de la mise en réseau
Les principes et le dispositif de la mise en réseau
Les principes et le dispositif de la mise en réseau
Les principes et le dispositif de la mise en réseau
Les principes et le dispositif de la mise en réseau
Les effets sur l affect des élèves et leur rapport aux savoirs scolaires. La tenue régulière de ces ateliers de lecture philosophique contribue : 1) A développer l estime de soi chez certains élèves. 2) A construire une autre relation aux savoirs scolaires.
Journée Mondiale de la Philosophie UNESCO (novembre 2015) et les mallettes pédagogiques sur la philosophie avec les enfants et la littérature de jeunesse edwige.chirouter@wanadoo.fr