Le rôle du médecin coordonnateur. Pr Senon Faculté de Médecine Université de Poitiers

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Transcription:

Le rôle du médecin coordonnateur Pr Senon Faculté de Médecine Université de Poitiers

Une situation nouvelle du fait de la loi du 17 juin 1998 Ni vraiment expert Ni médecin traitant Le médecin coordonnateur : «un psychiatre ou un médecin ayant suivi une formation appropriée» : Psychiatre, Autre : sexologue, MG formé

Un rôle nouveau qui préserve l indépendance et l éthique Maintenir l indépendance du soin face à la peine : ne pas confondre peine et soin Préserver la relation médecin-malade et la confiance que le malade peut avoir vis-à-vis du médecin Concilier deux impératifs : la confrontation à la loi l engagement personnel et la démarche personnelle de la psychothérapie

Deux missions du MC Mission judiciaire proche de l expertise qui prend en compte Le passage à l acte du sujet La condamnation Mission d évaluation clinique, psychopathologique et psychocriminologique prenant en compte le risque de récidive

Le pari d une triangulation possible pour la déontologie Médecin coordonnateur Médecin coordonnateur Médecin traitant Médecin traitant Personne condamnée Personne condamnée

Bases légales Code de la santé publique Art. L.355-33 : médecin coordonnateur Art. L.355-34 : le médecin traitant Art. L.355-35 : le médecin traitant informant le JAP ou l agent de probation Art. L.355-36 : prise en charge par l état des dépenses afférentes aux médecins coordonnateurs

Bases légales : Arrêtés Arrêté du 7 mars 2001: indemnités versées au médecin coordonnateur Arrêté du 7 mars 2001 : nombre maximum de personnes condamnées par médecin coordonnateur fixé à 15 par an

Quatre mandats du médecin coordonnateur art L.355.33 CSP Inviter le condamné à choisir avec son accord un médecin traitant Conseiller le médecin traitant Transmettre au juge ou à l agent de probation les éléments nécessaires au contrôle de la mesure Informer le condamné de la possibilité de poursuivre au-delà du SSJ

Procédure de nomination art 355-37 CSP Demande adressée par le praticien au Procureur de la République avec : Nature des activités professionnelles Copie des titres et diplômes Attestation de 3 ans d inscription à l Ordre Attestation de formation

Les trois constituants de la triangulation Médecin coordonnateur Médecin coordonnateur Médecin traitant Médecin traitant 1 Personne condamnée Personne condamnée

1 Une Relation nouvelle : MEDECIN COORDONNATEUR PERSONNE CONDAMNEE OBJET DE SOINS

La relation MC-personne condamnée Le MC n est pas expert mais : Il dispose du dossier pénal et des expertises transmis par le JAP Il assiste le sujet dans le choix d un médecin traitant ou d une équipe Il n est pas neutre ni silencieux Il parle du passage à l acte et du risque de récidive

Le MC est face À un condamné sûrement, Mais surtout face à un sujet nécessitant des soins Comme cela a été proposé par les experts précédents Comme cela a fait l objet d une condamnation à un SSJ avec obligation de soins

La relation reste un relation clinique Il s agit aussi D écouter De comprendre De créer une relation de confiance De conseiller C est une relation clinique ouverte et pragmatique comme l est la psychiatrie Mais avec une obligation de formation permanente

Le MC est spécialisé Sur le plan clinique et psychopathologique Sur le plan psychocriminologique Mais avant tout par la connaissance du RESEAU Spécialistes Équipes spécialisées Différences d approches thérapeutiques

Difficultés de la relation MC-P : difficultés pour le médecin Établir la relation et la singularité de sa nature, entre JAP et médecin traitant, entre justice et soins Rappeler les impératifs de la loi En faire une relation qui puisse être une relation de confiance Mais éviter banalisation, complicité, en conservant une vigilance clinique pour établir les RV de réévaluation

Difficultés de la relation MC-P: difficultés pour l expert Une évaluation longitudinale Evaluation initiale clinique et psychopathologique ouverte à la psychocriminologie Réévaluation régulière portant sur : La réalité du suivi L investissement du suivi Les facteurs de risque de récidive Ce n est pas une expertise sans lendemain

2 2 Médecin coordonnateur Médecin coordonnateur Médecin traitant Médecin traitant Personne condamnée Personne condamnée

Relation MC-Médecin traitant : obligations légales Convoquer la personne condamnée à un SSJ avec injonction de soins «pour un entretien au cours duquel il lui fait part des modalités d exécution de l IS et l invite à choisir un médecin traitant». Le MC ne peut refuser le choix du médecin traitant par la personne condamnée «que si ce médecin n est manifestement pas en mesure de conduire la prise en charge»

La loi impose des relations MC-Médecin traitant Le MC informe le médecin traitant du cadre juridique dans lequel s inscrit l injonction et s assure de son accord Il rappelle au médecin traitant qu il a 15 jours pour confirmer son accord écrit Il adresse au médecin traitant les pièces de procédure comportant les expertises Le MC peut conseiller à sa demande le médecin traitant

Le médecin traitant a des droits et des devoirs vis-à-vis du MC Obligation d informer le MC par écrit de son accord Toute liberté de travailler en conformité avec le code de déontologie Toute liberté d interrompre la prise en charge Obligation d informer le MC par lettre recommandée Recevoir les expertises

3 Médecin coordonnateur Médecin coordonnateur Médecin traitant Médecin traitant 3 Personne condamnée Personne condamnée

Relation patient-médecin traitant Préservée par l existence du MC Des différences : Le médecin traitant est informé des motifs de la condamnation et des expertises et le patient le sait Il a l obligation d informer le MC de l interruption des soins

Risques d échec Expertises imprécises, frileuses où l expert «se couvre» en posant des indications inadaptées Trop larges indications du SSJ avec obligation de soins Si persistent des méfiances réciproques