Matthieu Kolkiewicz 2c Complications
Yvonne rentrait dans l'hôpital en marche arrière; elle n'était pas morte, mais pour elle c'était tout comme. On venait de lui annoncer que, suite à des complications de sa maladie cardio-vasculaire, on allait devoir lui amputer la jambe gauche, juste sous la hanche. Elle ne regardait même plus autour d'elle mais elle pensait. Elle pensait à sa jambe qui lui avait fait vivre tant de choses. Yvonne était une grande cycliste car, même à 90 ans, elle parcourait quatre vingt-dix kilomètres par semaine, juchée sur son vélo des années 60. Elle pensait à son vélo qu'elle ne pourrait plus maintenant utiliser mais qu'elle pourra juste regarder, elle pensait également à ses amies qu'elle ne pourrait plus aller voir toute seule, et au marché de Sautron où elle avait ses habitudes. Puis, elle ne pensait plus à rien, elle sentait la fatigue la gagner. Yvonne se réveilla dans une chambre d'hôpital avec des murs blancs et des lits qui faisaient du bruit chaque fois qu'elle bougeait. Elle avait pour compagnon de chambre un homme âgé d'une cinquantaine d'années qui était ici pour une greffe de poumons. Elle avait deux perfusions dans le bras droit qui lui administraient des calmants en continu. Elle tourna la tête et découvrit sa fille, Marie, endormie dans un fauteuil, les bras croisés sur son ventre, ainsi que son mari Georges qui dormait, lui aussi dans un fauteuil. Yvonne appela une infirmière qui apparut à son chevet deux minutes plus tard. Elle était grande, blonde et âgée d'une trentaine d'années. Y a t -il un problème? Non, je voulais seulement savoir depuis combien de temps je suis ici? Cela fait exactement soixante-douze heures que vous êtes arrivée à l'hôpital. Et quand se déroulera mon opération? Dans deux jours, à 14 h 30. Bien, merci Sur ce, l'infirmière vérifia les perfusions et partit. 1
Yvonne se sentait mal. Elle ne pouvait s'empêcher de penser à l'opération. Dix minutes après le départ de l'infirmière, Marie se réveilla et se jeta dans les bras de sa mère. Elle avait été prévenue par la police que sa mère était à l'hôpital, suite à une complication de sa maladie. Comment ça va maman? Plutôt bien. Et toi ma fille, comment ça va? Marie raconta comment elle avait su que sa mère était à l'hôpital et ce qui allait se passer. A peu près deux heures après le réveil de Marie, Yvonne fut prise de convulsions qui la clouèrent sur le lit. Ce fut le blanc. Elle se réveilla quelques heures plus tard dans une nouvelle chambre. Cette fois, elle était seule. Yvonne appuya sur le bouton pour appeler l'infirmière. Celle-ci apparu presque immédiatement - Excusez moi madame, mais où est ce que je me trouve? Yvonne parlait d'une voix tremblotante et incertaine. Vous êtes toujours à l'hôpital, mais nous vous avons seulement déplacé dans une autre chambre pour que vous y soyez plus à l'aise. D'accord, mais où est ma fille? Elle est partie madame. Bien, merci. Georges arriva. Il la regardait avec de petits yeux et n'eut même pas la force de lui parler. Il s'assit donc dans un fauteuil et ne bougea plus. Au bout de 4 heures, Georges ne s'était toujours pas réveillé. Yvonne appela donc une infirmière pour le réveiller. Lorsqu'elle arriva, l'infirmière essaya de le réveiller mais Georges ne bougeait pas. Elle prit son pouls et constata que son cœur s'était arrêté. Elle appela donc des médecins qui essayèrent de le 2
réanimer, sans succès. Georges était mort d'une crise cardiaque. Yvonne s'en voulait que son mari soit mort et qu'elle ne s'en soit pas rendue compte plus tôt. Malgré cet événement tragique, on vint chercher Yvonne à quatorze heures pour son opération qui, selon les médecins ne pouvait plus être repoussée. Elle arriva dans le bloc opératoire, le chirurgien lui expliqua comment allait se dérouler l'opération, et appela l'anesthésiste qui fit respirer Yvonne dans un masque. Elle s'endormit presque aussitôt. Yvonne se réveilla en salle de réveil. Une infirmière était à son chevet, ainsi que sa fille en pleurs. On lui laissa deux minutes, le temps de se réveiller, et l'infirmière commença à lui parler. Yvonne ne comprenait pas un mot de ce qu'elle disait. On l'emmena donc dans une chambre similaire à celle dans laquelle elle s'était réveillée avant l'opération. Marie resta avec elle. Dix minutes plus tard, elle prit la parole: Maman, on t'a amputé la mauvaise jambe. Pardon? Yvonne avait très bien compris ce que sa fille venait de dire, mais elle avait du mal à s'en convaincre. On t'a amputé la mauvaise jambe. Yvonne resta sans voix. Elle toucha sa jambe et vit qu'elle était toujours là; elle ne s'en était même pas rendu compte. Les médecins doivent te réopérer demain matin. Pendant la nuit, Yvonne ne put même pas fermer l'œil, incapable de savoir si c'était bien la réalité. On vint la chercher le lendemain matin à Dix heures et demi. Durant cette opération, une hémorragie interne se déclencha et les écrans émettaient tous un son long, aigu et continu. Les médecins comprirent tout de suite ce qu'il se 3
passait et se jetèrent sur les défibrillateurs qu'ils utilisèrent à pleine puissance. Malheureusement, au bout de trois minutes, les médecins abandonnèrent. Ils savaient qu'il n'y avait plus rien à faire et qu'yvonne rejoindrait son mari. Lorsque Marie apprit la mort de sa mère, elle fondit en larmes. Ses deux parents étaient mort à quelques jours d'intervalle. Elle appela l'hôpital pour savoir ce qu'il était advenu du chirurgien qui s'était trompé de jambe. On lui fit savoir qu'il avait été suspendu de ses fonctions. 4