II.5. l inflammation protumorale



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Transcription:

II.5. l inflammation protumorale L une de ses missions est de favoriser la reconstruction des tissus lésés. Les macrophages sécrètent des : enzymes MMP Facteurs de croissance EGF Cet aspect de l inflammation est détourné par la tumeur pour évoluer vers un stade plus avancé.

L inflammation tumorale : représente un avantage pour la tumeur (reconstruction du tissu = même mécanismes que tumorigenèse). est induite par des facteurs inflammatoires sécrétés par les cellules tumorales, tel que le PDGF qui recrute des macrophages au sein de la tumeur Est un puissant promoteur tumoral : elle permet une progression plus rapide de l oncogenèse. La prolifération et la survie qui sont déjà suractivées dans les cellules cancéreuses, sont stimulées par l inflammation. L angiogenèse est induite par l inflammation. En dégradant la matrice extracellulaire, les macrophages favorisent l infiltration des cellules cancéreuses dans le tissu sain, ce qui peut favoriser la progression de l oncogenèse vers un stade invasif. Toutefois, l inflammation peut agir contre la tumeur puisqu elle permet le recrutement de cellules du système immunitaire dont certaines sont chargées d éliminer les cellules cancéreuses. => Pour détourner l inflammation à son avantage, la tumeur peut créer un environnement local, appelé le microenvironnement tumoral, qui défavorise la réponse immunitaire antitumorale

Micro-environnement tumoral : La tumeur est un ensemble de cellules cancéreuses et de cellules saines, associées à la tumeur qui contribuent à son développement, comme les cellules endothéliales, les macrophages et les fibroblastes.(en lui apportant des fonctions que les cellules cancéreuses ne possèdent pas ou en stimulant des capacités que les cellules cancéreuses ont acquis) Par exemple les cellules endothéliales permettent la vascularisation de la tumeur, et les macrophages stimulent la prolifération et la survie des cellules cancéreuses. L inflammation facilite le recrutement des cellules saines (ex VEGF) et occupe donc une position importante dans la mise en place du microenvironnement tumoral qui est décisif pour la progression de l oncogenèse.

II.6. L invasion est une caractéristique déterminante des tumeurs malignes, qui dépend principalement de la capacité de migration des cellules cancéreuses. Une tumeur devient maligne dès qu elle détient un pouvoir invasif. En clinique, c est à partir de ce stade qu on considère véritablement qu on est en présence d un cancer. Étapes : La migration des cellules cancéreuses L invasion tumorale

La migration des cellules cancéreuses Les cellules épithéliales dont sont issues les cellules cancéreuses sont liées entre elles et fixées à la matrice donc immobiles grâce à l E-cadhérine (protéine suppresseur de tumeur importante qui empêche les cellules cancéreuses de devenir invasives). Les cellules mésenchymateuses ne sont pas liées entre elles et sont mobiles Lorsqu une blessure survient, les cellules épithéliales contribuent à la réparation du tissu en colonisant la plaie pour reconstruire le tissu lésé. Pour devenir mobiles, les cellules épithéliales effectuent une transition épithéliomésenchymateuse (EMT) qui les transforme temporairement en cellules mésenchymateuses pour qu elles puissent migrer sur le site de la blessure. Une fois que les cellules sont sur le site lésé, elles effectuent une transition mésenchymoépithéliale (MET) qui les retransforme en cellules épithéliales pour pouvoir reconstruire l épithélium endommagé.

Les cellules cancéreuses utilisent ce processus naturel de transformation cellulaire pour acquérir la capacité de migration et se déplacer jusqu au mésenchyme. Le signal qui participe au déclenchement de l EMT est le facteur transformant TGFβ (Transforming Growth Factor beta ) qui est produit par les macrophages et les fibroblastes de la tumeur, mais il peut aussi être produit par les cellules cancéreuses.

L invasion tumorale Les macrophages associés à la tumeur sécrètent des enzymes dégradant les protéines de la matrice extracellulaire et de la membrane basale (Les cellules cancéreuses peuvent aussi le sécréter) Cela favorise l infiltration des cellules dans les tissus. Une fois que les cellules cancéreuses sont parvenues à passer la membrane basale, elles peuvent migrer à proximité des vaisseaux sanguins qui pourront leur permettre d atteindre un nouveau tissu lors du processus métastatique.

(MMP = métalloprotéases)

II.7. Métastases La dissémination métastatique de cellules tumorales est un signe pathognomonique de malignité des tumeurs : des cellules tumorales sont libérées à partir de tumeurs localisées dans des organes, elles infiltrent les tissus voisins et atteignent des organes distants via la circulation sanguine ou lymphatique. Quelques cellules s y implantent et prolifèrent, formant des foyers tumoraux secondaires, appelés métastases. La dissémination métastatique se fait essentiellement par deux voies : sanguine et lymphatique, en suivant les voies anatomiques de drainage des organes. Les métastases s implantent quasi exclusivement dans les réseaux capillaires lymphatiques que sont les ganglions, et les réseaux sanguins que constituent le tissu pulmonaire ou le foie ou dans deux sites particuliers, le cerveau et l os, qui sont des sanctuaires immunologiques (empêchant infiltration des LT)

Le sarcome d'ewing est une forme de cancer des os qui touche principalement les enfants et les jeunes adultes (la moyenne d'âge est de 13 ans). Il concerne 10 % des tumeurs osseuses primaires. La tumeur de Wilms est le type de cancer du rein le plus courant chez l enfant.

Métastases pulmonaires en «lâcher de ballon» le poumon est un organe filtre, ce qui explique la fréquence des métastases broncho-pulmonaires : environ un quart de toutes les métastases

L'os est un site préférentiel pour les métastases de nombreuses tumeurs solides : en fréquence, le troisième après le poumon et le foie. Les métastases osseuses représentent la cause principale de douleur au décours des cancers.

Le stade métastatique est : le dernier stade de l oncogenèse. le plus agressif et le plus menaçant pour la vie de l individu. Les étapes : exemple du processus métastatique qui utilise le réseau vasculaire sanguin : L intravasation = entrée des cellules cancéreuses dans les vaisseaux sanguins. nécessite la dégradation de la paroi d un vaisseau sanguin. facilitée par les macrophages associés à la tumeur. Les celulles tumorales pénètrent dans la circulation sanguine en empruntant le réseau vasculaire anarchique de la tumeur. En effet, le réseau vasculaire tumoral est malformé et constitué de vaisseaux présentant des fuites, ce qui facilite le passage des cellules cancéreuses dans ces vaisseaux. Chez la souris, on sait que lorsque l animal porte une tumeur invasive d un gramme, environ un million de cellules cancéreuses passent dans la circulation sanguine chaque jour. Cela veut dire que l intravasation est très fréquente dans les cancers invasifs et qu elle n est pas l étape limitant la dissémination métastatique.

L extravasation Lorsque les cellules cancéreuses arrivent à des capillaires sanguins qui perfusent un organe, elles se bloquent car leur diamètre est trop important pour arriver à passer. Les cellules cancéreuses peuvent proliférer au sein de ce capillaire et le rompre. Elles sortent alors de la circulation sanguine et rejoignent le tissu constituant l organe touché : cela s appelle l extravasation. La colonisation Le nouvel environnement n est pas favorable à la pousse tumorale et le petit groupe de cellules cancéreuses métastatiques forme une petite tumeur invisible appelée une micrométastase. Pour former une métastase, ces cellules doivent s adapter au nouveau tissu ce qui leur prend beaucoup de temps : ce processus de formation de la métastase s appelle la colonisation. En clinique, il arrive que des métastases apparaissent plusieurs mois ou années après l excision d une tumeur chez un patient, bien qu au moment de son opération aucune autre tumeur n était détectable. Ce phénomène d adaptation des cellules cancéreuses métastatiques à leur nouvel environnement est le facteur limitant la dissémination métastatique.

Le danger que représentent les métastases : Une tumeur menace la fonctionnalité de l organe qu elle touche par son développement anarchique. Elle écrase les tissus sains de l organe, ce qui perturbe leur fonction. Exemples : les tumeurs du côlon peuvent obstruer le passage du contenu digestif, les tumeurs hépatiques et pancréatiques empêchent la sécrétion des sucs digestifs par le foie et le pancréas, les tumeurs cérébrales peuvent diminuer l alimentation du cerveau par la circulation sanguine en compressant le tissu cérébral ce qui perturbe les fonctions cérébrales. Les métastases perturbent plusieurs fonctions vitales à la fois en se développant au niveau de plusieurs organes en même temps. => le cancer métastatique est nettement plus menaçant pour la vie de l individu que le cancer in situ qui ne touche qu un seul organe. Les métastases sont responsables d environ 90 % des décès causés par le cancer.

Tissu- spécificité des métastases Plusieurs hypothèses non exclusives: - Hypothèse «mécanique» (trajet vasculaire) Ex: Envahissement régional (ganglion), foie et cancer du colon - Hypothèse «soil and seed» Adéquation, compatibilité cellule tumorale / Environnement permettant la survie et la prolifération de la cellule tumorale = Le site des métastases secondaires n est pas lié au hasard mais à l affinité particulière de certaines tumeurs pour certains organes Exemples: Tumeur de la prostate => os Tumeur du sein => os, poumon, foie