Les opérations archéologiques aux abords des cathédrales d après les données du Centre national d archéologie urbaine.

Documents pareils
Système de diffusion d information pour encourager les PME-PMI à améliorer leurs performances environnementales

La voix en images : comment l évaluation objectivée par logiciel permet d optimiser la prise en charge vocale

Notes de lecture : Dan SPERBER & Deirdre WILSON, La pertinence

Ci-après, la liste des masters proposés par les universités françaises pour se former, en 2 ans après la licence, à l un des métiers de la culture.

Compte-rendu de Hamma B., La préposition en français

L indice de SEN, outil de mesure de l équité des systèmes éducatifs. Une comparaison à l échelle européenne

statique J. Bertrand To cite this version: HAL Id: jpa

AGROBASE : un système de gestion de données expérimentales

Sur le grossissement des divers appareils pour la mesure des angles par la réflexion d un faisceau lumineux sur un miroir mobile

Après en avoir délibéré le 5 février 2013 ; 1. Analyse

Relations territoriales CRA CREDIT COOPERATIF

Budget Constrained Resource Allocation for Non-Deterministic Workflows on a IaaS Cloud

Dessin assisté par ordinateur en lycée professionnel

Program Analysis and Transformation: From the Polytope Model to Formal Languages

Bulletin d infos et de liaison destiné aux plongeurs-archéologues de l EST

Qu est-ce que l Inventaire?

Nos Services. Un Accueil de Qualité. La Relation Terrain. Un Parc Diversifié. Notre Priorité : Votre Sécurité. Un Transport Maîtrisé

17E90 8E20 23E40 11E90 22E90 3E20

Les intermédiaires privés dans les finances royales espagnoles sous Philippe V et Ferdinand VI

PROJET DE RESTAURATION DE L ANCIEN COUVENT DE LA VISITATION. Monument Historique. Place de la République LE MANS

LOCAUX COMMERCIAUX - LOCATION - CESSION - VENTE - FONDS DE COMMERCE

LES MOSAIQUES DU CREDIT AGRICOLE

Comptabilité à base d activités (ABC) et activités informatiques : une contribution à l amélioration des processus informatiques d une banque

Votre quotidien à Blanche

Un SIG collaboratif pour la recherche historique Partie. Partie 1 : Naissance et conception d un système d information géo-historique collaboratif.

Peut-on perdre sa dignité?

LES MASTERS 2 DANS LE DOMAINE DES STAPS EN FRANCE 2012/2013 NORD-PAS-DE-CALAIS. Université Lille 2

Étude des formes de pratiques de la gymnastique sportive enseignées en EPS à l école primaire

Décrets, arrêtés, circulaires

Les masters en langues

Diplômes. Expériences professionnelles en Archéologie Préventive

Master 2 Juriste d'affaires. Master 2 Juriste d'affaires Internationales Master 2 Droit de l'entreprise spécialité Droit des Affaires et Fiscalité

Manuel d animation Eclipse partielle de Soleil 20 Mars 2015

L ÉGLISE AU MOYEN ÂGE

La Banque de France à horizon 2020 : projet de modernisation du réseau

Jean-Luc Archimbaud. Sensibilisation à la sécurité informatique.

observatoire des emplois d avenir

Le réseau des CEL : 1er formateur national en langues Présentation générale Bretagne Basse Normandie Haute Normandie Picardie Nord Pas Calais

ADRESSES PHYSIQUES DES BUREAUX MARINE CENTRES D INFORMATION ET DE RECRUTEMENT DES FORCES ARMEES (CIRFA)

SÉJOURS LINGUISTIQUES

Ingénieur Jurisprudences Constantes

2-1 ére partie : Les Deux Vallées : leur histoire et environnement proche et lointain

MARSEILLE-PROVENCE 2013 une année CAPITALE!

Les Champs Magnétiques

Liste des centres du sommeil homologués par la Société Française de Recherche et Médecine du Sommeil

LES METIERS DES ARCHIVES

La complémentaire santé : une généralisation qui

Inrap / Les étapes de l archéologie préventive

Masters Banque. des Professionnels. Master : Economie et Finance Internationales. Master : Activités bancaires. entreprises

le futur centre des congrès de Rennes Métropole Illustrations Labtop / Jean Guervilly Couvent des Jacobins

VAGUE E. 5 ans (renouvelé par arrêté du 15 Nantes Audencia Nantes (Ecole de management) AUDENCIA septembre 2008) VAGUE F

Diplôme d expertise comptable (DEC)

Association pour l insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées.

Bilan des formations présentées lors de la semaine étudiant SEGEUN 2013

2011/12/27. Click to edit Master subtitle style

PROGRAMME D ÉTUDES (SPÉCIALITÉ) 1 Ingénieur diplômé de l'école centrale de Marseille UNIF

L auto-archivage en maths, quoi de neuf?

Classement SMBG 2013 des Meilleurs Masters, MS et MBA

Rochecorbon : l église Saint-Georges et sa charpente romane

Fleuriste en boutique GUIDE PRATIQUE DE L ENTREPRISE

Les déterminants du volume d aide professionnelle pour. reste-à-charge

Identification : ERDF-NOI-RAC-02E Version : V.3.0 Nombre de pages :14

Réseau CAI Bpifrance L EQUIPE DES CHARGES D AFFAIRES INTERNATIONAUX UBIFRANCE

Un exemple spécifique de collaboration : Le produit-partage

CATALOGUE. Coques et boutons de remplacement automobile

Etude technique et historique. Association Culturelle Pierre Abélard LE PALLET

ECOLES DE COMMERCE. En ce qui concerne le concours, elles se répartissent en trois catégories

FONDATION L ÉCHIQUIER DE LA RÉUSSITE. Fondation sous l égide de la Fondation de France

2ème OPERATION Travaux d'urgence de l'eglise paroissiale et intégration architecturale de la porte des morts

LA BASE DE DONNÉES PATRIMOINE IMMOBILIER, MOBILIER ET

metal USB PEOPLE tel USB people Electronique 03 Objets et Cadeaux Publicitaires

29 écoles d Ingénieurs publiques post bac

Mesdames et Messieurs,

MON ESPRIT D'ENTREPRISE

Le Château de Kerjean est classé monument historique

FICHE TECHNIQUE LES WORKSHOPS GROUPES DE TRAVAIL

École doctorale 124. «Histoire de l art et Archéologie» (ED VI) Formation doctorale obligatoire

BULLETIN OFFICIEL DES ARMÉES. Édition Chronologique n 13 du 14 mars PARTIE PERMANENTE Administration Centrale. Texte 3

l EmPloi CAdrE : une répartition très inégale sur le territoire

Histoire Le Moyen-âge La société féodale

DANSE, CHANT ET SPECTACLE LE SEJOUR INFOS PRATIQUES. Adresse du séjour

Famille continue de courbes terminales du spiral réglant pouvant être construites par points et par tangentes

Personnels ITRF de catégorie C (A.D.T.R.F. - A.G.T.R.F. - A.S.T.R.F.) Postes offerts à la mutation au 01/09/2007

La protection sociale obligatoire du chef d entreprise indépendant

Les Éditions du patrimoine présentent La tenture de l Apocalypse d Angers Collection «Sensitinéraires»

Déménagement d entreprise

DUT GMP Quelques pistes

SAINT-PETERSBOURG EN PETIT GROUPE MEILLEUR TARIF GARANTI 2015/2016

Décrets, arrêtés, circulaires

L arrivée du train à CAUX ( le chantier )

Sylvain Meille. Étude du comportement mécanique du plâtre pris en relation avec sa microstructure.

Caisse Nationale de l'assurance Maladie des Travailleurs Salariés Sécurité Sociale

Augustin-Charles d'aviler

Grisaille décorative (baie 25)

Caisse Nationale de l'assurance Maladie des Travailleurs Salariés Sécurité Sociale

DES PROJETS UNF3S INVESTISSEMENT D AVENIR IDEFI TIL 15 JUIN 2015 > 15 SEPTEMBRE DATE DE L APPEL A PROJETS :

Décrets, arrêtés, circulaires

Monastère de Sant Pere de Rodes. Visiter

Les liaisons intermoléculaires de l eau étudiées dans

Transcription:

Les opérations archéologiques aux abords des cathédrales d après les données du Centre national d archéologie urbaine. Dorothée Chaoui-Derieux, Marie-Christine Cerruti, Bruno Desachy, Corinne Guilloteau, Thérèse Ibañez To cite this version: Dorothée Chaoui-Derieux, Marie-Christine Cerruti, Bruno Desachy, Corinne Guilloteau, Thérèse Ibañez. Les opérations archéologiques aux abords des cathédrales d après les données du Centre national d archéologie urbaine.. Monumental, 2009, p. 22-23. <hal-00413673> HAL Id: hal-00413673 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00413673 Submitted on 4 Sep 2009 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

Les opérations archéologiques aux abords des cathédrales d après les données du Centre national d archéologie urbaine Le Centre national d archéologie urbaine 1 collecte, depuis sa création en 1984, les données relatives aux opérations archéologiques urbaines. Celles-ci sont recensées et indexées suivant un thesaurus spécialisé dans une base de données ; l interrogation suivant les champs de thesaurus «édifices cultuels catholiques», «bâtiments conventuels ou monastiques», et «bâtiments ecclésiastiques» 2 permet d obtenir une image non exhaustive (la collecte de l information reposant sur le volontariat des responsables d opération) mais néanmoins représentative de l activité archéologique aux abords des cathédrales depuis 1985 (fig. 1). Ces opérations relèvent de différents cadres administratifs (fig. 2). Elles concernent les vestiges enfouis mais aussi l analyse du bâti, riche d informations sur les élévations extérieures ou intérieures, les cryptes voire même les charpentes (Amiens, Auxerre, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Moutiers, Saint-Jean-de-Maurienne ou Vienne). Du point de vue chronologique, les informations collectées peuvent être ramenées à deux grands ensembles : la connaissance des «groupes cathédraux» initiaux (Antiquité tardive et haut Moyen Âge) et les apports concernant le système cathédral, épiscopal et canonial du Moyen Âge classique et de la période moderne. Le groupe cathédral primitif Si certains groupes épiscopaux ont été largement étudiés (Lyon, Autun, Rouen, Grenoble, Reims), les données du Cnau offrent une vision à l échelle nationale. Les quelques exemples évoqués montrent la richesse des informations livrées par ces opérations, tant sur les édifices eux-mêmes que sur leur contexte d implantation. Les opérations menées dans ou aux abords immédiats des cathédrales ont permis la mise au jour des états antérieurs à l état gothique. Le groupe cathédral primitif a ainsi été mis en évidence à Ajaccio, Arles, Riez et Vico (villes où le groupe cathédral gothique s est déplacé par rapport au groupe cathédral primitif), mais aussi à Autun, Grenoble, Reims, Rouen, Saint- Jean-de-Maurienne, Saint-Paul-Trois-Châteaux ou Valence. La topographie gallo-romaine a largement dicté l implantation ecclésiastique. Dans presque tous les cas en effet, le groupe cathédral s est installé dans un secteur déjà occupé à la période

antique (nombreux vestiges d habitat sous les parvis actuels : Marseille, Nîmes, Poitiers, Sées ou Tours), et majoritairement à proximité immédiate ou sur le rempart du Bas-Empire : Angers, Bayeux, Chalon-sur-Saône, Grenoble (abside de la cathédrale appuyée sur le rempart), Lisieux, Noyon, Rodez, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Senlis ou Troyes. Signalons le cas de la cathédrale d Agen, implantée sur une nécropole paléochrétienne. Des voies (cardo à Aix-en-Provence, decumanus à Rodez et à Tours) ont parfois été repérées, généralement au niveau du parvis actuel. Dans quelques cas, il a été démontré que la cathédrale (ou du moins l une des églises du groupe cathédral) avait été construite sur un édifice préexistant : à Bayeux, elle a succédé à un bâtiment maçonné antique (bâtiment à abside du Haut-Empire temple? repéré au niveau de la croisée du transept) ; à Autun, un bâtiment monumental (public?) de la fin de l Antiquité / haut Moyen Âge a été fouillé sous le chœur de la cathédrale. La tradition de l architecture maçonnée de ces groupes cathédraux contraste avec les niveaux de «terres noires», objet de plus d attention de la part des archéologues depuis une dizaine d années, et qui témoignent d une autre forme d occupation de ces sites entre Antiquité tardive et haut Moyen Âge : occupations agricoles, jardins, secteurs non bâtis (Ajaccio, Autun, Beauvais, Lyon, Nîmes, Noyon, Reims, Sées, Tours). Les différents états de la cathédrale avant les transformations gothiques ont été régulièrement appréhendés : Aix-en-Provence (fondations de l entrée de la cathédrale romane), Autun (nef carolingienne), Clermont-Ferrand (crypte et chevet de la cathédrale romane), Grenoble (vestiges d une église antérieure au XII e siècle), Reims (états du V e XIII e siècle), Saint- Claude (chœur des abbatiales mérovingienne, carolingienne et romane) ou Toulouse (mur nord de la nef romane). Les différents bâtiments constituant le groupe cathédral ont été fréquemment identifiés. Le baptistère a été étudié à Ajaccio, Grenoble, Le Puy-en-Velay, Nevers, Poitiers, Reims, Rouen, Tarbes, Valence. Une seconde église a été observée à Amiens, Autun, Chalon-sur-Saône, Gap, Grenoble, Lyon, Saint-Jean-de-Maurienne ou Toulouse. La résidence épiscopale, souvent adossée au rempart antique, a fait l objet d observations à Auxerre, Bazas, Elne, Grenoble (à l extérieur de l enceinte du Bas-Empire), Le Mans, Limoges, Lisieux, Nîmes, Reims, Rouen, Saint-Claude ou Verdun. Le quartier cathédral, épiscopal et canonial du Moyen Âge

Si, en raison de la rareté de la documentation historique, l archéologie est la voie privilégiée de connaissance des premiers groupes cathédraux, elle a aussi beaucoup apporté pour les périodes plus récentes, notamment concernant l évolution du groupe cathédral primitif au quartier canonial. A Autun, l enceinte de l ensemble cathédral a été étudiée dans ses différents états, de l enceinte mérovingienne de terre et de bois à la nouvelle clôture canoniale de pierre à la fin du XII e siècle. Des niveaux de chantier de construction de la cathédrale ont pu être observés à Villeneuvelès-Maguelone (niveaux romans) et à Chartres (niveaux gothiques). Des maisons canoniales ont été reconnues à Angers, Autun, Rouen, Chartres, Vienne ou Beauvais ; quant au cloître canonial, il a très souvent fait l objet d investigations, comme à Autun, Cahors, Chalon-sur-Saône, Elne, Langres, Noyon, Orléans, Reims, Rouen, Sées, Tarbes, Toulouse (le cellier s appuyant en partie sur le rempart antique), Tulle, Valence, Vienne ou Villeneuve-lès-Maguelone. Le cimetière des chanoines de la cathédrale a été reconnu à Bayeux, Coutances, Nîmes, Noyon, Reims, Rodez. Des cimetières paroissiaux ont été observés à Aix-en-Provence, Amiens, Cahors, Condom, Gap, Grenoble, Quimper, Rodez, Rouen ou Sées. Enfin, d autres éléments urbains du quartier cathédral ont été identifiés : un beffroi à Beauvais, une fortification protégeant le quartier canonial à Sées, ou un élément d enceinte à Reims. Prises séparément, ces fouilles concernent des surfaces souvent limitées (de 1 m² à Sens à 13 000 m² à Reims), mais toutes cumulées, elles ont occasionné, depuis 1985, l exploration de près de 12 hectares sur plusieurs mètres de stratigraphie en plein centres anciens. On peut s en réjouir, tant est riche la moisson d informations nouvelles sur la topographie des cités épiscopales. Dans certains cas, les découvertes ont pu aboutir à des solutions, si ce n est de conservation, en tout cas de présentation des vestiges (Arles, Grenoble, Lyon ou Reims). En contrepartie, il faut garder à l esprit que les archives du sol sont fragiles et non renouvelables. Il est indispensable d en limiter la «consommation». Les programmes d aménagement urbain, et particulièrement des abords de cathédrales, doivent aussi intégrer la notion de «réserve archéologique». L équipe du Cnau

1 Le Cnau (Tours) est un service central du Ministère de la culture et de la communication, dépendant de la Direction de l architecture et du patrimoine / Sous-direction de l archéologie, de l ethnologie, de l inventaire et du système d information. 2 Termes sur lesquels a porté la requête : «cathédrale», «groupe cathédral» et «baptistère» dans le champ «édifices cultuels catholiques, «cloître canonial» et «maison canoniale» dans le champ «bâtiments conventuels ou monastiques», et «évêché» dans le champ «bâtiments ecclésiastiques». Une interrogation a également été effectuée à partir de l adresse («Place de la cathédrale»).