MANIFESTE CONTRE LA HAUSSE DES FRAIS DE SCOLARITÉ AU QUÉBEC ASSOCIATION DES CYCLES SUPÉRIEURS EN ÉDUCATION UNIVERSITÉ DU QUEBEC A CHICOUTIMI AVRIL 2012
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«Après le pain, l Éducation est le premier besoin d un peuple.» Jacques Danton. 2
Le gouvernement et la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ) affirment Que les universités du Québec souffrent de sous-financement; Que le manque à gagner s élève à 620 millions de dollars par année. Lorsque l on voit plus loin, on s aperçoit Que les chiffres de la CREPUQ (conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec) ne reflètent pas un réel manque à gagner, mais l envie de rattraper la moyenne des autres universités canadiennes pour ce qui est des ressources financières; Que les universités augmentent les sommes versées pour la recherche et diminuent celles versées au fonctionnement et à l enseignement; Que les recherches subventionnées visent majoritairement les sciences appliquées ou les recherches commercialisables. Qu avant d injecter de nouvelles sommes dans les universités, il faut questionner la façon dont les sommes déjà allouées sont dépensées; Qu il faut faire le point sur les besoins réels des universités québécoises, car ces derniers diffèrent sans doute de ceux des autres universités canadiennes; Qu il faut discuter de la distribution des ressources financières afin que tous les domaines profitent équitablement du financement des universités. IRIS, faut-il vraiment augmenter les frais de scolarité? http://www.iris-recherche.qc.ca/wp-content/uploads/2011/11/brochure-faut-il-vraiment-augmenter.pdf Budget du Québec 2011-2012 http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2011-2012/fr/documents/education.pdf 3
Les partisans de la hausse affirment Que la hausse des frais de scolarité permettra d améliorer la qualité de l enseignement en engageant de meilleurs professeurs; Que les nouvelles sommes serviront aussi à acheter de nouveaux équipements. Lorsque l on voit plus loin, on s aperçoit Que la majorité des récentes embauches annoncées par les universités sont des gestionnaires et des cadres et non des professeurs; Que la même promesse avait été faite lors du dégel de 2005. Pourtant ni la qualité des professeurs ni leurs méthodes n ont changé depuis; Que la masse salariale de ces mêmes professeurs a augmenté de 19 % alors que celle des cadres s est accrue de 30 %; Qu il n y a pas de lien direct entre les frais de scolarité et la qualité de l enseignement si on en juge par les résultats de plusieurs pays offrant la gratuité scolaire. Que l amélioration de la qualité de l enseignement passe par une reconnaissance de l importance de l éducation. Qu une meilleure gestion des couts actuels de fonctionnement des universités et des couts de gestion doit l emporter sur le besoin d une augmentation des tarifs imposés aux étudiants. IRIS, faut-il vraiment augmenter les frais de scolarité? http://www.iris-recherche.qc.ca/wp-content/uploads/2011/11/brochure-faut-il-vraiment-augmenter.pdf Réforme de l enseignement de base en Finlande : Comment améliorer encore davantage le meilleur système? http://www.edu.gov.on.ca/adele/finlandfr.pdf 4
Le gouvernement affirme Que les étudiants doivent contribuer à leur juste part. Lorsque l on voit plus loin, on s aperçoit Que, depuis 2007, les frais ont déjà augmenté de 30 %; Que les diplômés universitaires paieront dans leur vie entre trois-cents et cinq-centmille dollars d impôts de plus que les diplômés du secondaire ou des cégeps. Que les payeurs d impôts actuels financent nos études, car ils savent que nous paierons des impôts afin de financer les études de leurs enfants et ainsi de suite; Que l on demande aux étudiants de faire leur part maintenant alors qu ils ont peu ou pas de revenus plutôt qu attendre qu ils aient les moyens de redonner à la société. FEUQ-1625ça ne passe pas. http://www.feuq.qc.ca/spip.php?rubrique53 Budget du Québec 2011-2012 http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2011-2012/fr/documents/education.pdf IRIS, faut-il vraiment augmenter les frais de scolarité? http://www.iris-recherche.qc.ca/wp-content/uploads/2011/11/brochure-faut-il-vraiment-augmenter.pdf Bulletin statistique de l éducation No 38, décembre 2008 http://www.mels.gouv.qc.ca/sections/publications/publications/sica/drsi/bulletinstatistique38_f.pdf 5
Le gouvernement affirme Que la hausse des frais de scolarité n aura pas d impact sur le taux de fréquentation des établissements universitaires. Lorsque l on voit plus loin, on s aperçoit Qu avec ses couts de scolarité plus bas qu ailleurs au Canada, le Québec jouit d un taux de fréquentation postsecondaire plus élevé que les autres provinces; Que le taux de fréquentation a diminué chaque fois qu il y a eu dégel de frais de scolarité. Que tous les étudiants souhaitant accéder aux études universitaires devraient en avoir la possibilité en dehors de toute appartenance sociale ; Qu endetter les jeunes Québécois avant même leur entrée sur le marché du travail ne peut être le réflexe d une société saine; Que chaque fois que le gouvernement a haussé le tarif d un bien ou d un service (hydroélectricité, essence, cigarettes), l effet recherché était la diminution de son utilisation. L éducation pourrait-elle échapper à cette logique? Ministère de l éducation des loisirs et du sport du Québec (2012) http://www.mels.gouv.qc.ca/enseignementsuperieur/droitsscolarite/index.asp?page=cout IRIS, faut-il vraiment augmenter les frais de scolarité? http://www.iris-recherche.qc.ca/wp-content/uploads/2011/11/brochure-faut-il-vraiment-augmenter.pdf 6
Le gouvernement affirme Que la hausse des frais de scolarité ne nuira pas à l accessibilité des études universitaires; Qu il bonifiera le programme de prêts et bourses jusqu à un total de 118 millions de dollars par année en 2016-2017. Lorsque l on voit plus loin, on s aperçoit Que, sur ces 118 millions de dollars, 116 millions proviendront en fait de la hausse de frais de scolarité qu il propose; Que cet investissement sera redistribué uniquement sous forme de prêts et non sous forme de bourses; Que dans des pays comme la Grande-Bretagne, la hausse des frais de scolarité a eu un fort effet dissuasif sur les classes à faible revenu. Que bonifier les prêts et bourses ne fera qu endetter davantage les étudiants; Que le gouvernement propose de nous faire payer plus, pour nous en prêter plus afin qu on lui en rembourse plus; Que reporter sur les étudiants une plus grande part des coûts des études universitaires afin d alléger les finances publiques va à l encontre du principe d équité que le gouvernement souhaite mettre de l avant; Que l endettement étudiant sert avant tout les banques et les institutions financières et défavorise non seulement les jeunes professionnels qui entrent sur le marché du travail, mais la société tout entière. Ministère de l éducation des loisirs et du sport du Québec (2012), http://www.mels.gouv.qc.ca/enseignementsuperieur/droitsscolarite/index.asp?page=cout IRIS, faut-il vraiment augmenter les frais de scolarité? http://www.iris-recherche.qc.ca/wp-content/uploads/2011/11/brochure-faut-il-vraiment-augmenter.pdf Des étudiants et des étudiantes pour le droit à l éducation http://www.droitsdescolarite.ca/fr/accessible.html 7
Le gouvernement affirme... Que les droits de scolarité au Québec sont les plus bas au Canada; Que dans cinq ans, une fois la hausse complétée, le Québec demeurera une des trois provinces où les frais de scolarité sont les moins élevés. Lorsque l on voit plus loin, on s aperçoit... Que le Québec se situe au-dessus de la moyenne du cout des frais de scolarité des pays de l OCDE (organisation de coopération et de développement économique); Que, dans 15 des 34 pays de l OCDE, les frais de scolarité sont plus bas qu au Québec; Qu en Norvège, en Suède, en Finlande, au Danemark, au Mexique, en République tchèque et en Islande, on offre la gratuité scolaire; Que la Finlande, pays considéré comme ayant les meilleurs résultats en matière d éducation, est un pays offrant la gratuité scolaire. Qu on peut percevoir l éducation comme la capacité d un pays à former des employés plus compétitifs et plus rentables; Qu on peut voir les universités comme des usines qui fabriquent de la maind œuvre; Qu on peut concevoir l éducation comme un privilège, un bien que l on paie. OU Qu on peut percevoir l éducation comme la richesse d un pays à pouvoir compter sur des citoyens éduqués et donc plus ouverts, plus critiques, plus organisés, plus créatifs, plus curieux, plus sensibles, plus en santé... Qu on peut voir les universités comme des lieux d échanges de connaissances et d innovations sociales, scientifiques et techniques; Qu on peut concevoir l éducation comme un droit et un moyen d émancipation d un peuple. En fait, le choix de maintenir ou d abaisser les frais de scolarité relève d une rhétorique socioéconomique, mais aussi d un choix idéologique des peuples. C est pourquoi NOUS DÉSIRONS ENVISAGER LA DEUXIÈME OPTION. Ministère de l éducation des loisirs et du sport du Québec (2012), http://www.mels.gouv.qc.ca/enseignementsuperieur/droitsscolarite/index.asp?page=cout OCDE (2011), Regards sur l éducation 2011 : Panorama, Éditions OCDE. http://dx.doi.org/10.1787/eag_highlights-2011-fr Réforme de l enseignement de base en Finlande : Comment améliorer encore davantage le meilleur système? http://www.edu.gov.on.ca/adele/finlandfr.pdf 8
Enfin, nous considérons qu au-delà des choix économiques, il y a un choix de société. En effet, tous les pays en développement misent d abord sur l éducation massive de leur peuple afin de se développer, et le Québec a aussi fait ce choix il y a quelques décennies avec le rapport Parent. C est donc en 1964 que le Québec a choisi de permettre l accessibilité aux études universitaires en dehors de toute appartenance sociale. Nous croyons aussi que l éducation est à la base de toute société qui cherche l épanouissement de ses membres tant individuellement que collectivement. Nous croyons que l éducation universitaire est indéniablement un puissant levier économique et social pour notre société. Nous croyons qu en ouvrant toutes grandes les portes de l université à tous ceux qui possèdent le talent et la volonté d apprendre, le Québec en sortira gagnant. Voilà pourquoi nous considérons, nous croyons et nous désirons que l éducation universitaire demeure accessible à tous, et ce, pour le bien de notre collectivité. 9
Ce manifeste est une initiative d étudiants des cycles supérieurs en éducation de l Université du Québec à Chicoutimi. Nous tenons à remercier les personnes qui ont contribué, de près ou de loin, à la création de ce manifeste : Justine Boulanger, Yan Goyette, Laura Normandeau, Philippe Côté, Julie Courcy, Joëlle Duval, l Association des cycles supérieurs en éducation et tous ceux qui diffuseront ce manifeste dans le but de susciter la réflexion et le dialogue sur cette préoccupation sociale fondamentale. Saguenay, avril 2012 10