Plan du cours PHI-4214, cours 7 Positivisme logique Pierre Poirier Département de philosophie Université du Québec à Montréal poirier.pierre@uqam.ca 1. Introduction 2. Le Cercle de Vienne 3. Le positivisme 4. Le positivisme logique 1. 2. L unité du savoir 3. Le rejet de la métaphysique et des pseudosciences DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 2 Cinq thèses Introduction Un thèse logico-ontologique (1) Pour qu il y ait signifiance dans le monde, le monde et le langage doivent partager une structure. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 4
Cinq thèses Deux thèses linguistiques (2) Le langage permet un certain un accès privilégié aux structures du monde. (3) La structure syntaxique du langage cache la véritable relation entre le langage et le monde : cette relation s établit au niveau de la structure logique du langage. Cinq thèses Une thèse métaphilosophique (4) La philosophie ne porte pas sur le monde : elle porte sur nos énoncés au sujet du monde. Un principe méthodologique (5) Le philosophe doit toujours poser son discours comme un discours sur des énoncés au sujet du monde. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 5 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 6 Le Cercle de Vienne Le Cercle de Vienne (Wiener Kreis) Bref historique Positions philosophiques Positivisme logique Empirisme logique Behaviorisme logique DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 8
Influences Ernst Mach (physicien), Henri Poincaré (mathématicien), Albert Einstein (physicien), Gottlob Frege (mathématicien), Bertrand Russell (philosophe) et Ludwig Wittgenstein (philosophe) Fondateur Moritz Schlick (1882-1936), étudie la physique à Heidelberg, Lausanne puis à Berlin sous Max Planck. 1922: Chaire de philosophie et d histoire des sciences positives, Université de Vienne L Association Ernst Mach Publication du Tractatus DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 9 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 10 Le Cercle de Vienne Kurt Gödel (mathématicien), Hans Hahn (mathématicien), Kurt Reidemeister (mathématicien), Friedrich Waismann (mathématicien), Felix Kaufmann (juriste) Viktor Kraft (historien), Otto Neurath (sociologue), Hans Feigl (physicien) Le Cercle de Vienne 1926: Rudolf Carnap est nommé è l université de Vienne et devient un des animateurs du groupe 1928: Hans Reichenbach fonde à Berlin un groupe aux intérêts similaires: La Société pour une Philosophie Empirique 1928-1939: Encyclopédie de la Science Unifiée DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 11 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 12
Le Cercle de Vienne 1929 Les deux groupes organisent à Prague une «session pour une théorie de la connaissance dans les sciences exactes» Le manifeste du cercle de Vienne est publié (Hahn, Neurath et Carnap). Une conception scientifique du monde: Le Cercle de Vienne 1930 Fondation de la revue Erkenntnis, dirigée par Carnap et Reichenbach. Erkenntnis aujourd hui Le Cercle de Vienne DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 13 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 14 Le Cercle de Vienne Positivisme DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 15
Auguste Comte Auguste Comte (1798-1857), né à Montpelier et étudie à l École Polytechnique. Cours de philosophie positive (1827). Sur Comte, on ne doit croire que Comte. (Alain) Ouvrages importants de Comte Excellent site sur Comte et le positivisme La classification des sciences Morale Sociologie Biologie Chimie Physique Astronomie Mathématique DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 17 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 18 Le positivisme Le positivisme Ernst Mach (1838-1916). Physicien et psychologue d importance (Nombre de Mach, Bandes de Mach) The Analysis of Sensations and the Relation of the Physical to the Psychical (Introductory remarks. Antimetaphysical) DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 19 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 20
Le positivisme logique Le positivisme logique 1. 1. La distinction entre les énoncés analytiques et énoncés synthétiques. 2. La distinction entre le savoir a priori et le a posteriori 3. La relation entre les deux distinctions 4. La signifiance cognitive des énoncés 5. Les autres signifiances des énoncés (émotive, motivationnelle) 6. La distinction entre le contexte de découverte et le contexte de justification de la science DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 23 1. Énoncés analytiques vs énoncés synthétiques. sujet objet prédicat propriété DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 24
1. Énoncés analytiques vs énoncés synthétiques. sujet prédicat 1. Énoncés analytiques vs énoncés synthétiques. La distinction est purement sémantique: Le concept prédicat est-il oui ou non inclus dans le concept sujet? si oui : l énoncé est analytique si non : l énoncé est synthétique objet propriété DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 25 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 26 La distinction entre le savoir a priori et le a posteriori Savoir a priori. Savoir antérieur à ou indépendant de l expérience. Savoir a posteriori. Savoir postérieur à ou dépendant de l expérience. La relation entre les deux distinctions La première est une distinction sémantique La seconde est une distinction épistémologique Posons que le savoir est véhiculé par des énoncés. Certains types de savoir sont véhiculés par certaine types d énoncés DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 27 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 28
La relation entre les deux distinctions: Kant La relation entre les deux distinctions: Positivistes logique Énoncés synthétiques Énoncés analytiques Énoncés synthétiques Énoncés analytiques Savoir a priori Mathématiques et métaphysique Logique Savoir a priori Mathématiques et logique (et philosophie?) Savoir a posteriori Science Savoir a posteriori Science DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 29 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 30 La signifiance cognitive des énoncés Signifiance cognitive = signifiance liée au savoir = vérité ou fausseté d un énoncé Comment un énoncé acquiert-il sa signifiance cognitive? Les énoncés analytiques dérivent leur signification cognitive de l organisation de notre schème conceptuel et des concepts utilisés pour construire l énoncé. les énoncés synthétiques dérivent leur signifiance cognitive de leur relation au monde à travers l expérience. Les autres signifiances des énoncés (émotive, motivationnelle) Dans le Tractatus, Wittgenstein explique qu un énoncés peut être vrai ou faux quand il entretient une relation spéciale avec les faits (la relation du tableau: un énoncés sera vrai s il dépeint un fait dans sa structure logique). Et Wittgenstein qualifie les termes qui ne peuvent être vrais ou faux de «insignifiant» (sans signification, sinnloss) DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 31 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 32
Les autres signifiances des énoncés (émotive, motivationnelle) Or Carnap note que les membres du cercle parlaient sans problèmes d autres formes de signifiance : la signifiance émotive d un opéra de Wagner, la signifiance motivationnelle du marxisme, etc. Les positivistes logiques ne font donc pas la thèses qu on leur porte souvent, à savoir qu ils ne reconnaîtraient qu une forme de signifiance : la signifiance cognitive. Contexte de découverte vs contexte de justification Les positivistes logiques entendaient appliquer la nouvelle logique non seulement aux sciences formelles mais à l ensemble des sciences. Ils devaient donc faire pour la science en général ce que Frege, et Husserl après lui, avaient fait pour la logique et les mathématiques : dégager un contexte spécial pour l étude de la logique et de la signification a une pertinence pour la science. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 33 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 34 Contexte de découverte vs contexte de justification Et ils n ont pas eu à chercher bien loin: Il ne faut jamais prendre une description de l origine d une idée pour une définition, ou une description des conditions physiques ou mentales dans lesquelles nous sommes devenus conscient d une proposition pour une preuve de cette proposition. Une proposition peut être pensée, et elle peut être vraie ; ne confondons jamais ces deux choses. (Frege, Fondements de l arithmétique) Contexte de découverte vs contexte de justification Reichenbach (Experience and Prediction, 1938). Le contexte de découverte : l ensemble des procédés et facteurs psychologiques, historiques, sociaux, etc., qui entrent dans la découverte d idées psychologiques. Le contexte de justification : l ensemble facteurs qui entre dans la justification d un énoncé scientifique une fois formulé. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 35 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 36
Le positivisme Le positivisme logique 1. La construction positive du savoir 1. L unité de la science la science forme une unité 2. La positivité empirique du savoir le savoir est fondé dans les faits empiriques 3. Rejet de la métaphysique Dans une société positive, la mythologie et la métaphysique ne sont pas des savoirs. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 38 Le positivisme logique Le positivisme logique ne se distingue pas de celui de Comte au niveau des thèses défendues mais au niveau de l appareil conceptuel qui sera utilisé pour défendre le positivisme rejeter la psychologie comme pertinente dans ce problème poser que seule la justification connaissances intéresse la philosophie des sciences utiliser (1) les distinction logicosémantiques introduites plus tôt et (2) la nouvelle logique de Frege et Russell. Le positivisme logique 2. L unité de la science DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 39
Unité du savoir La thèse positiviste de l unité de la science est posées dans un contexte où il y a simultanément rejet des systèmes métaphysiques et des pseudosciences). Dans ces contexte, poser l unité de la science c est donc poser l unité du savoir humain. Unité du savoir Par «unité», il faut entendre ici, l idée que toute la science forme un système (science unifiée) de concepts, de lois et de méthodes c est-à-dire, un ensemble interconnecté de concepts, de lois et de méthodes. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 41 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 42 Unité du savoir L unité du savoir est donc à concevoir dans trois dimensions : 1. l unité typologique du savoir (dimension conceptuelle) 2. l unité nomologique du savoir (dimension nomologique) 3. l unité méthodologique du savoir (dimension méthodologique) Unité du savoir L unité du savoir est donc à concevoir dans trois dimensions : 1. l unité typologique du savoir (dimension conceptuelle) 2. l unité nomologique du savoir (dimension nomologique) 3. l unité méthodologique du savoir (dimension méthodologique) DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 43 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 44
Unité du savoir L unité méthodologique est censée découler de l unité typologique et nomologique de la science: c est parce que la science est unifiée sur ces deux plans qu elle le sera au plan méthodologique. La démonstration de la possibilité d une unité typologique et nomologique de la science est directement liée chez les positiviste à la démonstration de la positivité empirique du savoir c est le projet du Logische Aufbau der Welt de Carnap, Unité du savoir L unité méthodologique est censée découler de l unité typologique et nomologique de la science. La démonstration de la possibilité d une unité typologique et nomologique de la science est directement liée chez les positiviste à la démonstration de la positivité empirique du savoir c est le projet du Logische Aufbau der Welt de Carnap, DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 45 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 46 Rejets Le positivisme logique 3. Le rejet de la métaphysique et des pseudosciences Une société positive c est une société ayant dépassé le stade du savoir surnaturel ou mystique et celui du savoir métaphysique ou abstrait. Méthode: Une conséquence directe des thèses au sujet de l unité de la science est que tout ce qui ne peut être lié à l édifice du savoir de la manière dont le prescrit le mode de construction de l édifice est un non-savoir. Ce dont on ne peut parler, il faut le taire. Les positivistes logiques auront réussi à montrer qu ils ont réussi le second volet du projet positiviste s ils parviennent à montrer que les pseudosciences et la métaphysique ne peuvent être liées au système de la science unifiée. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 48
Rejet des pseudosciences Rejet des pseudosciences Une pseudoscience est un discours mystique (ou partiellement mystique ou néo-mystique) qui se présente non pas comme une religion (c està-dire un cadre éthique et spirituel permettant s actualiser en tant qu humain) mais comme une science. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 49 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 50 Rejet des pseudosciences Mais il n y plus de physiognomiste aujourd hui! Ah oui! Physiognomie digitale Rejet des pseudosciences L attaque des positivistes contre les pseudosciences s est surtout faite au plan méthodologique. méthode hypothético-déductive. tout discours prétendant produire des énoncés ayant un signifiance cognitive doit utiliser la méthode hypothéticodéductive pour justifier ses énoncés. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 51 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 52
Rejet des pseudosciences Problème Ce critère est-il trop conservateur? Rejet de la métaphysique Le rejet de la métaphysique se fera plutôt au plan typologique, en notant que la métaphysique ne peut être typologiquement liée au système de la science unifiée. On peut extraire de la reconstruction rationnelle de la science un critère de signifiance cognitive (vérificationnisme) : un énoncé est cognitivement signifiant (i.e., il peut être vrai ou faux) si et seulement si, il peut être empiriquement vérifié il est peut être réduit à un ou en ensemble d énoncés qui peuvent être vérifiés empiriquement. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 53 DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 54 Rejet de la métaphysique Rejet de la métaphysique Le critère de signifiance cognitive implique (par son «si et seulement si») un principe d exclusion: tout ce qui ne tombe pas sous le principe peut être déclaré cognitivement insignifiant (sans signification) Les énoncés métaphysiques, et avec eux la métaphysique comme discipline entendant promulguer un savoir, seront justement ceux que les positivistes croient évincés du savoir par le critère de signifiance cognitive. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 55 Signifiance cognitive vs autres signifiances DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 56
Des problèmes en perspective Conclusion Quatre thèses fondamentales du positivisme: 1. les énoncés possèdent une «signification cognitive». 2. la signification cognitive de certains énoncés dépend uniquement de leur caractère analytique. 3. les énoncés analytiques forment l architecture de la construction positive du savoir. 4. les énoncés synthétiques forment la base sur laquelle est fondée l ensemble du savoir. Chacune de ces thèses sera éventuellement rejetée. DIC-4214, Automne 2003 La philosophie analytique Cours 7, page 58