Service de Neuropathologie Laboratoire R. ESCOUROLLE Hôpital de La Salpêtrière K. MOKHTARI

Documents pareils
Peut-on reconnaître une tumeur de bas-grade en imagerie conventionnelle? S. Foscolo, L. Taillandier, E. Schmitt, A.S. Rivierre, S. Bracard, CHU NANCY

Cancer primitif du système nerveux central de l adulte

A Belarbi, ZC Amir, MG Mokhtech, F Asselah Service d Anatomie et de Cytologie Pathologique CHU Mustapha Alger

TUMEURS DU BAS APPAREIL URINAIRE

Déficit moteur et/ou sentif des membres

Cancer du sein in situ

Recommandations régionales Prise en charge des carcinomes cutanés

Apport de l IRM dans la

Biomarqueurs en Cancérologie

F JABNOUN, H BERMENT, R KHAYAT, M MOHALLEM, Y BARUKH, P CHEREL Institut Curie Hôpital René Huguenin, Saint Cloud JFR 2010

Les renseignements suivants sont destinés uniquement aux personnes qui ont reçu un diagnostic de cancer

Cancer du sein in situ

Les tests de génétique moléculaire pour l accès aux thérapies ciblées en France en 2011

Place de la PSP et des AMS. «Parkinson plus!» Ce qui doit alerter. Paralysie supra-nucléaire progressive (PSP) Ce qui doit alerter

Recommandations Prise en charge des patients adultes atteints d un mélanome cutané MO

Les différents types de cancers et leurs stades. Dr Richard V Oncologie MédicaleM RHMS Baudour et Erasme La Hulpe 1/12/07

Peut-on ne pas reprendre des marges «insuffisantes» en cas de Carcinome canalaire infiltrant

L infarctus veineux hémorragique (IVH) du nouveau-né, une pathologie mal connue. À propos de 19 patients.

Votre guide des définitions des maladies graves de l Assurance maladies graves express

L axe 5 du Cancéropole Nord Ouest

Les plateformes de génétique

Logiciels, dispositifs médicaux et gestion des risques point de vue de l industriel

CORRELATION RADIO-ANATOMIQUE DANS LE CARCINOME HEPATOCELLULAIRE TRAITE PAR TRANSPLANTATION HEPATIQUE : IMPACT SUR LA RECIDIVE

UNIVERSITÉ JOSEPH FOURIER GRENOBLE 1. DOCTORAT DE L UNIVERSITÉ Discipline : Physique pour l instrumentation. Julia Rousseau

De la chirurgie du nodule aux ganglions

Définitions. MALADIES GRAVES Protection de base Protection de luxe. PROTECTION MULTIPLE pour enfant

Coordinateur scientifique: Prof. Univ. Dr. Emil PLEŞEA. Doctorant: Camelia MICU (DEMETRIAN)

6-7 OCTOBRE PROGRÈS EN NEURO-ONCOLOGIE. Coordinateurs. Comité scientifique. Rendez-vous sur : ADVANCES IN NEURO-ONCOLOGY

IRM du Cancer du Rectum

Métastase unique d un NPC: Une question singulière? Jean Louis Pujol - Xavier Quantin Mohammad Chakra Fabrice Barlési

Actualités IRM dans la SEP Thomas Tourdias 1, 2

Le point sur les techniques d embolisation des hépatocarcinomes

ICI VOUS ÊTES QUELQU'UN CENTRE HOSPITALIER DE CORNOUAILLE "VOTRE IDENTITÉ C EST VOTRE SÉCURITÉ"

Histoire d une masse pancréatique

d anatomo-pathologiste

Qu est-ce que le cancer du sein?

PLACE DE L IRM DANS LE BILAN D EXTENSION DU CANCER DU RECTUM. Professeur Paul LEGMANN Radiologie A - Cochin Paris

Le reflux gastro-oesophagien (280) Professeur Jacques FOURNET Avril 2003

HISTOSEMINAIRE CARREFOUR PATHOLOGIE 2012 «CLASSIFICATION 2014 DES CARCINOMES BRONCHOPULMONAIRES : NOUVEAUTES ET IMPLICATIONS CLINIQUES»

Traitements néoadjuvants des cancers du rectum. Pr. G. Portier CHU Purpan - Toulouse

Pierre OLIVIER - Médecine Nucléaire

Unité d enseignement 4 : Perception/système nerveux/revêtement cutané

Compte rendu d hospitalisation hépatite C. À partir de la IIème année MG, IIIème années MD et Pharmacie

G U I D E - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge de votre mélanome cutané

B06 - CAT devant une ischémie aiguë des membres inférieurs

DOSSIER DE PRÉSENTATION

Sujets présentés par le Professeur Olivier CUSSENOT

iuropaisches Patentamt iuropean Patent Office )ffice européen des brevets y Numéro de publication: J 4Z/ bjj Al S) DEMANDE DE BREVET EUROPEEN

SECTION II RELATIVE AU PRÉLEVEUR

Tumeurs cutanées épithéliales et mélaniques

Cas clinique 2. Florence JOLY, Caen François IBORRA, Montpellier

Greffe de moelle osseuse: Guérir ou se soigner?

Définitions. PrioritéVie MC. Votre assurance contre le risque de maladie grave

1 of 5 02/11/ :03

Marchés des groupes à affinités

F.Benabadji Alger

F-FLUORODÉOXYGLUCOSE EN ONCOLOGIE Expérience en Ile de France

des banques pour la recherche

Prise en charge des dysplasies et carcinomes in situ de la surface oculaire au CHT de Nouvelle-Calédonie

Un nouveau test sanguin performant pour le diagnostic non-invasif de steatohépatite non alcoolique chez les patients avec une NAFLD

INTERFERON Traitement adjuvant du mélanome à haut risque de récidive. Dr Ingrid KUPFER-BESSAGUET Dermatologue CH de quimper

neurogénétique Structures sensibles du crâne 11/02/10 Classification internationale des céphalées:2004

Développement d'une nouvelle interface utilisateur multi-modalité en scanner interventionnel

Référentiel régional Prise en charge des cancers du rein Version 1 Mars 2013

GUIDE PATIENT - AFFECTION DE LONGUE DURÉE. La prise en charge du cancer du rein

Les grands syndromes. Endoscopie trachéo-bronchique. Professeur D. ANTHOINE CHU de NANCY

04/07/2011. Effet anti-inflammatoire, inflammatoire, anti-tumoral tumoral et

Association lymphome malin-traitement par Interféron-α- sarcoïdose

Il est bien établi que le réseau d eau hospitalier peut

Montréal, 24 mars David Levine Président et chef de la direction DL Strategic Consulting. DL Consulting Strategies in Healthcare

SERVICE PUBLIC FEDERAL, SANTE PUBLIQUE, SECURITE DE LA CHAINE ALIMENTAIRE ET ENVIRONNEMENT COMMISSION DE BIOLOGIE CLINIQUE RAPPORT GLOBAL

I - CLASSIFICATION DU DIABETE SUCRE

Déficit moteur et/ou sensitif des membres

Définitions. PrioritéVie Enfant MC. Assurance contre le risque de maladie grave

Leucémies de l enfant et de l adolescent

PRINTEMPS MEDICAL DE BOURGOGNE ASSOCIATIONS ANTIAGREGANTS ET ANTICOAGULANTS : INDICATIONS ET CONTRE INDICATIONS

PROFIL DE POSTE PRATICIEN ANATOMIE ET CYTOLOGIE PATHOLOGIQUES

Le contexte. Définition : la greffe. Les besoins en greffons en constante augmentation

MIGRAINES. Diagnostic. A rechercher aussi. Critères IHS de la migraine. Type d aura. Particularités chez l enfant. Paraclinique.

La Dysplasie Ventriculaire Droite Arythmogène

admission aux urgences

La recherche en urologie à l hôpital Foch... p.2-4 ACTUALITÉ

Hépatites Auto-Immunes. Critères et Scores Diagnostiques

Transplantation hépatique à donneur vivant apparenté. Olivier Scatton, Olivier Soubrane, Service de chirurgie Cochin

Anatomie. Le bassin inflammatoire. 3 grands cadres. 4 tableaux. Spondylarthrite ankylosante. Spondylarthrite ankylosante 26/10/13

Lecture critique et pratique de la médecine

Quels sont les facteurs qui font augmenter les risques de cancer du rein?

LA TRES GRANDE PREMATURITE:QUEL PRONOSTIC POUR L ENFANT? DELABY BEATRICE COURS DES ROUEN LE 9 MARS 2005

Le dépistage du cancer de la prostate. une décision qui VOUS appartient!

Création de procédures inter-services pour la gestion des essais de phase I à l Institut Gustave Roussy

Les tests génétiques à des fins médicales

Pemetrexed, pionnier de la chimiothérapie histoguidée. Dr Olivier CASTELNAU Institut Arnault TZANCK ST Laurent du Var

Cancers de l hypopharynx

Cancer du sein. Du CA15-3 à la tomographie à émission de positons.

Foscolo (1), J Felblinger (2), S Bracard (1) CHU Hôpital central, service de neuroradiologie, Nancy (1) CHU BRABOIS, Centre d investigation clinique

Journées de formation DMP

Evidence-based medicine en français

Maladie de Hodgkin ou lymphome de Hodgkin

Gaz moléculaire et formation stellaire dans les galaxies proches : maintenant et à l'époque ALMA Jonathan Braine

CLINIMIX AVIS DE LA COMMISSION DE LA TRANSPARENCE

Transcription:

Gliomes de haut grade de malignité: difficultés diagnostiques pour le neuropathologiste Service de Neuropathologie Laboratoire R. ESCOUROLLE Hôpital de La Salpêtrière K. MOKHTARI

Les gliomes de haut grade de malignité de ladulte Gliomes diffus de grade III ou IV OMS Astrocytomes III Oligodendrogliomes III Oligo-astrocytomes III GBM et sous-types de GBM Tumeurs rares dégénérées ou avec foyer anaplasique Xanthoastrocytome malin Gangliogliome malin

Gliomes diffus Pouvoir invasif Passage inéluctable à lanaplasie Résultent dune prolifération de cellules de nature néoplasique et gliale au sein de structures gliales non tumorales

Démarche diagnostique Toute analyse de matériel neuropathologique nécessite un minimum de renseignements cliniques: âge, localisation, premiers signes cliniques (épilepsie/déficit/hic), traitements antérieurs (radiothérapie, corticothérapie, embolisation) imagerie+++ topographie, représentativité de léchantillon: MACROSCOPIE Études complémentaires IHC Études moléculaires: Gestion du matériel tumoral: banque de tumeurs,cultures cellulaires Sang et tumeur après contrôle cytologique et anonymisation) +++

Classer le gliome: OMS 2007 Tumeurs neuro-épithéliales Tumeurs astrocytaires Astrocytome diffus Fibrillaire Protoplasmique Gémistocytique Astrocytome anaplasique Glioblastome Gliomatose cerebri Astrocytome pilocytique Xanthoastrocytome pléomorphe Tumeurs oligodendrogliales et mixtes Oligodendrogliome Oligodendrogliome anaplasique Oligoastrocytome Oligoastrocytome anaplasique Autres gliomes mixtes

Première difficulté: distinguer les différents types histologiques de gliomes

En pratique Densité cellulaire Identifier la population tumorale majoritaire: oligo/astrocytaire/intermédiaire/indifférencié Évaluation des critères dhistopronostic -Atypies nucléo cytoplasmiques -Mitoses -Marqueur de prolifération : Ki 67 -Nécrose, ischémique ou pseudo-palissade -Vascularisation : densité, caractéristiques endothéliales dont les mitoses -thromboses Dans le cas des biopsies : coupes en série+++

Oligodendrogliome anaplasique: Notion de définition stricte (Etude POLA) Anaplasie: hypercellularité, ACN, mitoses, PEC, +/- nécrose

Oligodendrogliome anaplasique III: IHC GFAP GFAP INA Ki67

Oligodendrogliome anaplasique III: Dc différentiel Oligo de bas grade: PB du continuum Multiplier les prélèvements, Ki67, Vx et mitoses Oligoastrocytome anaplasique (PB de la nécrose qui basculer en grade IV) Neurocytome extraventriculaire: Aspect IRM Synaptophysine et olig 2, codelp19q Ependymome à cellules claires Topo Marqueurs: olig2 et EMA

Histoire naturelle des gliomes: progression inexorable vers la transformation anaplasique: la frontière étant parfois difficile à définir Hypercellularit é Atypies mitoses PMV Nécrose Grade II Grade III Grade IV

Oligodendrogliome anaplasique III: Dc différentiel Oligo de bas grade: PB du continuum Multiplier les prélèvements, Ki67 et mitoses Oligoastrocytome anaplasique (PB de la nécrose qui basculer en grade IV) Neurocytome extraventriculaire: Aspect IRM Synaptophysine et olig 2, codelp19q Ependymome à cellules claires Topo Marqueurs: olig2 et EMA

Neurocytome extraventriculaire Lésion hémisphérique bien circoncrite kystique avec un nodule mural PC+ Micros: similaire à celle du neurocytome central mais Densité moins marquée Différenciation ganglionnaire Vx hyalisés Calcifications Dc: imagerie atypique pour un oligo larchitecture en rosette et différenciation ganglionnaire Absence de codélétion 1p19q

Oligodendrogliome anaplasique III: Dc différentiel Oligo de bas grade: PB du continuum Multiplier les prélèvements, Ki67 et mitoses Oligoastrocytome anaplasique (PB de la nécrose qui basculer en grade IV) Neurocytome extraventriculaire: Aspect IRM Synaptophysine et olig 2, codelp19q Ependymome à cellules claires Topo Marqueurs: olig2 et EMA

Astrocytome III Lanaplasie focale/diffuse Mitoses Si BST: 1 mitose et Ki67 élévé >10% Absence de PEC Absence de nécrose difficile à cerner en pratique Périphérie de GBM Stade précédant langiogénèse et les phénomènes hypoxiques Intérêt diagnostique et pronostique de IDH1 Astro III IDH1+>GBM IDH1+>Astro III IDH1neg>GBM IDH1 neg Hartmann et al, Acta Neuropathol 2010

Exemple dastrocytome anaplasique chez un patient de 50 ans, sans PC, profil génomique de groupe B (EGFR amplifié) f a

Oligoastrocytome anaplasique de 2 contingents : astrocytaire et oligodendroglial séparés ou mélangés et signes danaplasie ACN Hypercellularité Mitoses Mais parfois PEC Nécrose: GBMO (OMS 2007) grade III

Glioblastome

GBM à cellules géantes: sujet plus jeune, assez bien limité, p53+, Pc serait meilleur peut être confondu avec métastase de mélanome/carcinome

GBM à petites cellules: Prolifération de cellules monomorphes «culture» avec les autres critères du GBM Une partie des tumeurs dont limagerie est évocatrice dun GBM et étiquetées «doligo anaplasique»correspond probablement à ces formes a c

GBM/PNET Entité décrite par Perry, Brain Pathol 2009 amplification des gènes N-myc ou C-myc habituellement observée dans les PNETs associée à une perte du 10q PB thérapeutique b d

GBM à petites cellules vs métastase neuroendocrine GFAP TTF1 CK

GBM à petites cellules vs LMC GFAP CD20

GBM lipidisé et XAP

Tout ce qui est qualifié de gliome malin ne lest pas forcément

Tout ce qui est qualifié de gliome malin ne lest pas forcémentsuite

Le pathologiste est très tenté de faire un Dc de gliome anaplasique

Homme âgé de 30 ans, HIV+ depuis 5 ans Depuis 3 mois: altération de létat général avec amaigrissement (10 kg) Syndrome confusionnel daggravation progressive, syndrome cérébelleux avec paraplégie Lésion hyperintense en T2, périventriculaire et respectant le cortex

Que faut-il retenir? Mettre le pathologiste dans de bonnes conditions de Dc en lui résumant lhistoire clinique, limagerie+++ Représentativité de léchantillonnage: risque de sous-grader un gliome sur BST En cas discordance de grade, exiger des niveaux de coupe jusquà épuisement du bloc de paraffine Confrontations clinico-patho +/- moléculaires Frontières pas toujours très claires entre certaines variétés tumorales Gliomes grade II+ OA III avec nécrose et GBMO Astrocytome III et GBM. Exiger IDH1 Une conclusion explicite avec une synthèse claire des paramètres dhistopronostic RCP+++ Ne pas oublier: aspect pseudotumoral de certaines affections Clinique: SEP, TBK Histologique: LEMP Retenir que le diagnostic histologique est le produit d'une interprétation humaine