Plate-forme d apprentissage en ligne, évaluation et individualisation Les exerciseurs sont nombreux et performants La communauté éducative dispose aujourd hui de nombreux outils de création d exercices interactifs et autocorrectifs. La plupart d entre eux produisent ces exercices sous la forme de pages web. Ces exercices réalisés sous cette forme peuvent être distribués aux apprenants par divers moyens : réseau local, messagerie, site web, plate-forme d apprentissage. Parmi les plus connus, on peut citer Hot Potatoes, Netquizz, Jclic. Ces logiciels sont la plupart du temps gratuits pour un usage dans l enseignement mais pas toujours libres de droit. Ils sont simples d utilisation et bien documentés. Ils permettent de réaliser, sans compétences en programmation, des exercices de formes diverses : QCM, appariement, remise en ordre, texte à trou. Certains de ces logiciels sont anciens et ne cessent d évoluer. Leurs utilisateurs ont la garantie de pouvoir capitaliser l investissement initial dans leur prise en main ; les exercices créés antérieurement peuvent être repris et adaptés sans avoir à tout ressaisir. Des gains certains pour l élève et l enseignant Hot Potatoes permet de réaliser facilement plusieurs types d'exercices (QCM, texte lacunaire, mots mêlés, mots croisés, appariements) Ces exercices ne requièrent la plupart du temps que très de compétences informatiques. Tout au plus, faut-il que l apprenant sache manier sans effort un navigateur Internet. Le mode opératoire (case à cocher, déplacement de cases, saisie de réponse au clavier) suscite un minimum d activité et peut présenter un caractère ludique susceptible de renforcer la motivation de l élève. Ces exercices sont auto-corrigés. L élève a immédiatement un résultat sous la forme de points, de pourcentage de réussite, et aussi sous la forme d un commentaire automatique qui peut l aider à comprendre son erreur, voire à commencer à y remédier en consultant une ressource pédagogique adaptée proposée par l exercice. L immédiateté de ce feedback est un élément important dans l appropriation des connaissances. Dans cet exercice réalisé avec Hot Potatoes, un message est affiché en fonction de la réponse de l'élève.
Pour l'enseignant, l utilisation de tels exerciseurs ne nécessite aucune connaissance en programmation informatique. La page web contenant l exercice est créée automatiquement. L exercice ainsi dématérialisé peut-être repris et enrichi à l infini. Le temps de correction est éliminé. Ainsi, l enseignant peut réaliser des économies d échelle. L investissement initial dans la prise en main du logiciel (qui est souvent très réduit) et dans le travail de conception des exercices (plus conséquent en temps, mais une compétence essentiellement didactique) est amorti plus facilement que pour un autre type d exercice papier. Ce dernier demande toujours un temps de correction et nécessite des opérations pour être repris et modifié. Le format numérique de tels exercices favorise l échange entre enseignant. Le fichier exercice peut-être partagé par messagerie ou en téléchargement sur un site Internet par exemple. Il peut alors se constituer au sein de communautés d enseignants de véritables bases d exercices interactifs. La recherche a montré l intérêt de tels exercices dans l appropriation et le renforcement des compétences. Et sous certaines conditions, l exercice interactif en ligne présente un certain nombre d avantages sur l exercice papier. Voir QCM papier et en ligne : Quelle différence? (Source : CNDP) Quelques conseils pour réaliser un QCM (Source : Faculté de psychologie et des sciences de l éducation à Genève) Mais des gains limités à l'auto-évaluation Les exerciseurs actuels permettent de réaliser des exercices variés et disposent de fonctionnalités puissantes : insertion d images, de son, de vidéos, pondération des points, limitation du temps de passage, etc. Mais utilisés seuls, ces exercices interactifs ne sont seulement que des exercices d auto-évaluation. Seul l élève reçoit le résultat de son exercice. Certes, cette information est nécessaire pour l élève mais elle n est pas suffisante. Notre propos repose sur l idée qu il est possible et nécessaire de prolonger l exercice et de l inscrire dans un parcours d apprentissage adapté à l élève. Dans cette perspective, l enseignant doit avoir accès aux résultats de l élève et doit pouvoir lui proposer des activités de remédiation ou de renforcement en complément. Et cette question a d autant plus d importance, lorsqu il s agit de conduire la formation d une pluralité d élèves dont les profils sont hétérogènes. Lorsque l élève a effectué un exercice interactif, la page web lui retourne un résultat. Selon les cas, le résultat est plus ou moins riche d information. Il peut consister en un taux de réussite en pourcentage (une note), une position sur une échelle d évaluation (échec, passable, réussi) ou un commentaire qui, de toute façon, sera impersonnel. Ce retour est indispensable mais il est pauvre et peut produire des effets pervers. La note ou la position sur une échelle d évaluation est une information incomplète si elle ne s appuie pas sur un référentiel commun (tel que le cadre européen commun de référence pour les langues ou celui du B2I). Le résultat est donc relatif à un objectif défini par le concepteur de l exercice. Pris de manière isolée, quelle valeur et quel sens peut présenter ce résultat pour l élève? Et le résultat (échec ou réussite) produit des attitudes et des représentations du niveau pouvant produire des effets néfastes. L élève ne bénéficie pas de l accompagnement de l enseignant. Il est livré à lui-même. Face à l échec, l élève peut se renfermer dans une représentation négative de lui-même ou au contraire réagir et demander de l aide au professeur. L enseignant peut proposer une grande quantité d exercices à ses élèves. Mais il ne sait pas qui a fait quel exercice et avec quel résultat. Les élèves sont engagés dans des suites d exercices auto-correctifs sans plus aucune maîtrise par l enseignant. Or, c est justement dans le suivi du passage des exercices que l enseignant a un rôle à jouer. Et ce rôle est crucial. Lorsque l'élève effectue un exercice auto-correctif, l'enseignant n'a aucun retour sur ce qui a été fait par l'élève. L intégration dans un environnement d apprentissage communicant Pour résoudre cette problématique, il faut que les résultats de l élève soient communiqués à l enseignant.
Une première solution consiste à ce que l enseignant demande aux élèves de lui déclarer leurs résultats. Cette solution, simple de prime abord, est en rupture avec le mode interactif et automatisé de l exercice en ligne et pose ce dernier comme un détour inopportun comparé au même exercice papier. Une seconde solution consiste en l envoi du résultat de chaque élève à l enseignant par messagerie électronique. Cette solution est intéressante car l enseignant reçoit immédiatement les résultats et peut réagir en proposant à l élève une suite ou engager une discussion pour vérifier les acquis. Toutefois, ce mode de récupération des données de l élève présente des inconvénients. Il faut une certaine réactivité pour être capable de gérer les messages et y répondre. De plus, il y a un risque de perte de données (liée aux incertitudes concernant le fonctionnement d une messagerie) et celles-ci se trouvent éparpillées dans une masse de messages isolés. Enfin, ces données ne peuvent plus être partagées entre les protagonistes. Seul l enseignant dispose des résultats et pas l élève. L intégration des exercices dans un environnement d apprentissage communicant est sans doute la meilleure solution pour pallier ces difficultés. Un environnement d apprentissage en ligne (LCMS : Learning and content management system), se présente comme un service sur Internet dont l accès est individuel et sécurisé. Chaque utilisateur est reconnu par le système et accède à des ressources et des activités selon un système de droits. Dans un tel dispositif, l exercice est branché sur l environnement d apprentissage et va lui communiquer des données sur l activité utilisateur. Ainsi les résultats de l activité de l élève sont stockés. L élève garde une trace de son activité (fait ou pas, date, résultat). L enseignant qui a mis l exercice en ligne dans l environnement d apprentissage peut suivre l activité de chaque élève. Il dispose dans un lieu unique de la totalité des résultats, sans aucun délai. Il est à même d apprécier qui a fait l activité et de réagir en cas de non participation. Il peut analyser chaque résultat et proposer une suite à donner. Des perspectives ouvertes Intégré dans un LMS (Learning Management System ou plateforme d'apprentissage en ligne), l'exercice auto-correctif permet le suivi des activités et des résultats par l'enseignant. Un site Internet ou un CMS (Content Mangement System, système de gestion de contenu, comme SPIP ou JOOMLA) ne permettent pas d assigner des objets à des individus désignés. Sur un site Internet les ressources sont accessibles à tous, de manière anonyme. Dans un CMS, la logique individuelle est seulement au service du travail collaboratif pour permettre la production de contenu à plusieurs mains, pas pour évaluer individuellement l activité. Une plate-forme d apprentissage en ligne permet de mettre en place des parcours individualisés. Les exercices et les documents sont assignés à chaque élève ou groupe d élèves. Les résultats retranscrits sur la plate-forme permettent à l enseignant de mesurer les acquis de l élève et de lui proposer de nouvelles activités pédagogiques individuellement. Une plate-forme d apprentissage est de plus un outil au service d une pédagogie différenciée. L exercice en ligne permet de faire une évaluation diagnostic en amont de l activité en classe. Les résultats de l évaluation servent alors à composer les différents groupes auxquels vont être assignées des activités spécifiques en classe.
L enjeu de la standardisation Avec une Plate-forme d'apprentissage en ligne (ici, ILIAS Open Source, utilisée dans l'académie de Bordeaux), le professeur peut visualiser les résultats détaillés des tests effectués par chaque élève. Pour mettre en place de tels dispositifs, l enseignant doit disposer en amont d un stock d exercices et d activités suffisamment riches pour s adapter aux différentes situations. Même si les exerciseurs sont aujourd hui très simples d utilisation, le temps de conception du contenu lui-même reste incompressible. Il est donc nécessaire de pouvoir mettre en commun ces productions. La mutualisation de ressources ne pose elle-même aucun problème technique. Le problème concerne plutôt l accès aux ressources. Au-delà, de la question des droits d auteur, la question se pose de savoir comment trouver ce dont l enseignant a besoin. C est la question du référencement des objets d apprentissage. Un travail remarquable en SES a été fait par le SDTICE pour mettre à la disposition des enseignants de SES une base nationale de ressources pédagogiques académiques. Voir le site EDU bases SES : http://www2.educnet.education.fr/sections/ses/ressources/base_de_ressources_a La base de données nationale des ressources pédagogiques académiques en SES est proposée par la SDTICE du Ministère de l'éducation Nationale. Pour que les exercices mutualisés puissent être intégrés à un environnement d apprentissage, ils doivent disposer d une interface de communication avec celui-ci. Mais il faut que cette interface de communication puisse être utilisable sur des plates-formes d apprentissage différentes. SCORM (Shareable Content Object Reference Model) est une spécification technique permettant de définir des objets d apprentissage structurés répondant au besoin exprimé plus haut. SCORM est un standard largement adopté par les plates-formes d apprentissage les plus populaires (Claroline, CybEO, Ganesha, ILIAS, Moodle, etc.). Ainsi tout objet d apprentissage conforme au standard SCORM peut être déplacé d une plate-forme à une autre sans réécriture du code source.
Un objet SCORM permet d'agréger quasiment tout type de ressource et de définir un parcours alternant, consultation de contenu, tests, remédiation, validation... Le générateur d exercices interactifs Hot Potatoes permet depuis la version 6.2 d exporter les contenus au format SCORM. D autres outils le permettent aussi (Didapages, Netquiz par exemple). Des éditeurs de contenu dédiés à SCORM permettent de réaliser des parcours pédagogiques complets au format SCORM. Citons par exemple Reload ou MOS Solo. Enfin, certaines plate-formes d apprentissage en ligne sont non seulement compatibles avec SCORM mais contiennent elles-mêmes leur propre éditeur de contenu compatible avec SCORM (c est le cas notamment de la plate-forme ILIAS Open Source, utilisée dans l académie de Bordeaux). Il semble donc se dessiner une convergence autour du standard SCORM, tant du côté des outils de création de contenus que du côté des plates-formes d apprentissage en ligne. Cela doit nous engager d une part à promouvoir l utilisation de telles plates-formes en vérifiant leur compatibilité avec ce standard, d autre part, à produire des contenus eux aussi compatibles avec ce même standard. Fait le 30 mai 2008 Laurent Merle Professeur de SES Lycée Jean Monnet Blanquefort (33) Pour une plate-forme d'apprentissage en ligne, la compatibilité avec le standard SCORM est cruciale. Toutes ces plate-formes, Open Source ou commerciales, sont conformes à ce standard international.