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Transcription:

Par Didier Roth-Bettoni PRINCIPE DE PRÉCAUTION >Autant le dire tout de suite :on écrit dans le noir.exercice difficile en soi (essayez donc pour voir!),encore plus quand ce noir persistant peut avoir des conséquences durables.car ce noir dans lequel ces lignes sont écrites,ce n est pas une nuit sans lune ni électricité,c est celle de l avant-premier tour et de son incertitude absolue (on est à dix jours du 22 avril) alors que lorsque cette chronique sera entre vos mains,on sera dans l entre-deux (ce numéro d "Illico" sera dans vos établissements préférés le 26 avril) voire dans l après élection.ce long préambule pour dire que tout cela ne vaut que ce que cela vaut dans un tel contexte où l on ne connaît pas l identité des deux finalistes de cette présidentielle,et encore moins celle de l élu(e). N empêche qu un des postulants au titre n en finit pas d inquiéter,notamment lorsqu il se mêle de démêler l inextricable question de l inné et de l acquis,ce sujet fondamental que l on posait ici même il y a peu à l occasion d un documentaire d Arte intitulé "Je suis homo et alors?".selon Nicolas Sarkozy,puisque c est de lui qu il s agit,la pédophilie serait génétique,de même que le suicide des jeunes.ainsi donc,on naîtrait selon le candidat de l UMP avec des tendances au suicide,à la pédophilie,et pourquoi pas si on va dans son sens,avec des prédispositions au crime (la pédophilie n en est-elle pas un,condamné par la loi?),à la prostitution (que l ex-ministre Sarkozy a tellement persécutée),à l anorexie,que sais-je encore ah oui,à l homosexualité? On voit bien jusqu où peut conduire ce type de pensée systématique :à l eugénisme,c est à dire au risque du choix des enfants à naître selon que leurs futures tendances à l homosexualité par exemple,auront été repérées.on reconnaît bien là le socle discours tenu par les ultra-réactionnaires américains qui influencent le président Bush ou,plus proche de nous,par ChristianVanneste.En entendant le candidat Nicolas Sarkozy dire cela,on comprend mieux pourquoi le président de l UMP Sarkozy n a jamais véritablement sanctionné le député UMP ChristianVanneste pour ses déclarations homophobes répétées.car en écho de ces propos de la campagne sarkozyenne, on entend très distinctement le discours devanneste sur l infériorité des homosexuels et la menace que l homosexualité ferait planer sur la société tels qu ils les répétaient encore dans le documentaire dont on parlait plus haut.cela fait froid dans le dos.et si l ex-ministre Azouz Begag,qui a partagé deux ans avec lui les bancs gouvernementaux avait raison,lui qui dit de Nicolas Sarkozy qu il est "un homme dangereux"? Dans le doute,le principe de précaution s impose < Couverture : "Deux papas à Manhattan" Philippe Barron et France 3. index # 171 PAPAS COMME LES AUTRES. TIM ET PETER SONT DES PAPAS MODÈLES QUI SE SONT BATTUS POUR AVOIR DES ENFANTS. C EST L HISTOIRE DE CE COUPLE D AMÉRICAINS QUE RACONTE AVEC BEAU- COUP DE FINESSE "DEUX PAPAS À MANHATTAN", UN DOCUMENTAIRE DE PHILIPPE BARON DIFFUSÉ SUR FRANCE 3 LE 27 AVRIL. CLUBBING, CRUISING, BARS-RESTOS. Illico. 99, rue de la Verrerie, 75004 Paris. Fax : 01 48 04 92 95. Internet : www.e-llico.com Direction : Jacky Fougeray directeur de la publication, Philippe Marin directeur exécutif. Rédaction : Didier Roth-Bettoni rédacteur en chef : 01 48 04 58 75 (d-roth-bettoni@wanadoo.fr) Actu : Jean-François Laforgerie : 01 48 04 82 05 (jflaforgerie@staff.e-llico.com). Culture : Didier Roth-Bettoni. 01 48 04 58 75 (d-roth-bettoni@wanadoo.fr) Agenda/guide :Julien Pierre. 01 48 04 58 75 (agenda@staff.e-llico.com). Coordination d'édition : Jean-François Laforgerie (magazine). Design :Yul Studio. Publicité : 01 48 04 59 32 (pmarin@staff.e-llico.com). Relations abonnés : 01 48 04 83 50. IllicoMagazineest unepublicationdugroupeillicoéditéeparstaffdecommunication. SNC.RCS. ParisB340.117837. Gérants et principaux associés :Jacky Fougeray et Philippe Marin. ISSN :1154-4945. Dépôt légal :à parution. Fabrication :Imprimé dans l UE. p. 16-22 LE RAPPORT 2006 DE LA HALDE. PÉDOPHILIE : NICOLAS SARKOZY S EMMÊLE LES GÈNES. L ACTUALITÉ FRANÇAISE ET INTERNATIONALE EN BREF. p. 26-31 VIVE LA CHASSE! "CRUISING" DE WILLIAM FRIEDKIN RESSORT LE 2 MAI. L ACTUALITÉ CULTU- RELLE DU MOMENT. LES NOUVEAUTÉS DE TITAN : BRUTUS & CO L ACTUALITÉ DES DVD ÉROTIQUES. p. 4-6 p. 8-10 DALIDAMANIA.GLAMOUR, STRASS, KITSCH, DRAMES ET REFRAINS POPULAIRES EN ONT FAIT L IDOLE POUR DES GÉNÉRATIONS DE GAYS. VINGT ANS APRÈS SON SUICIDE, LE 3 MAI 1987, DALIDA EST-ELLE TOUJOURS LA DIVA ASSOLUTA DE LA COMMUNAUTÉ? SANS HÉSITER LA RÉPONSE EST OUI p. 12-15 MALGRÉ SES EFFORTS, GAY LIB PEINE À FAIRE DE NICOLAS SARKOZY LE CHAMPION DES DROITS LGBT. ECARTELÉ ENTRE UNE LARGE FRANGE RÉAC- TIONNAIRE DE SON PARTI ET QUELQUES INDIVI- DUALITÉS PROGRESSISTES, LE CANDIDAT DE L UMP S EST ENFERRÉ DANS L UNION CIVILE QUI NE SATISFAIT PAS GRAND MONDE. p. 32-34 p. 36-40 p. 43-46 SÉLECTION D ADRESSES LGBT COMMERCIALES ET ASSOCIATIVES À PARIS ET EN ILE-DE- FRANCE. 3spécial présidentielle 2007

Un doc sur l homoparentalité sur France 3 le 27 avril papascomme lesautres Tim et Peter ont deux filles, deux jumelles nées d une mère porteuse. Tim et Peter vont à la messe, grondent leurs fillettes lorsqu elles se tiennent mal, les gâtent au-delà du superflu, les aiment plus que tout. Tim et Peter sont des papas modèles qui se sont battus pour avoir des enfants. C est l histoire de ce couple d Américains que raconte avec beaucoup de finesse "Deux papas à Manhattan", un documentaire épatant de Philippe Baron diffusé sur France 3 le 27 avril. 4 > Et voici l homoparentalité qui s invite dans l entre-deux tours de la présidentielle. Présente dans la plupart Par Didier Roth-Bettoni ment, à l inverse, ultra traditionnel. Durant près d une heure, on entre donc dans l intimité de Tim et Peter, couple de des programmes des grands candidats (que ce soit pour la refuser pour les trois prétendants de droite et d extrême droite, ou pour la défendre pour la candidate socialiste) mais assez absente du débat électoral et de ses polémiques, cette question revient au centre de l arène grâce à un excellent documentaire produit et diffusé par France 3 : "Deux papas à Manhattan". Non pas que le film de Philippe Baron soit un document à thèse, une démonstration ultra argumentée sur ce sujet, ou un manifeste pro (ou anti) droit des gays et des lesbiennes à fonder une famille. Au contraire : "Deux papas à Manhattan", et c est toute son intelligence, se refuse à tout discours un tant soit peu généraliste et se contente modestement (mais très efficacement) de dresser le très attachant portrait d une famille homoparentale à la structure assez révolutionnaire et au fonctionne- quadragénaires new-yorkais branchés (l un est journaliste de mode, l autre avocat d affaires pour les milieux de la mode) et de leurs deux jumelles de deux ans, Beatrice et Liliane. En cours de route, on va croiser les nounous des gamines, les grands-mères affectueuses, les grands-pères gâteaux. On va surtout découvrir l histoire de cette famille pas comme les autres qui ressemble pourtant si fort à toutes les autres familles : cela n étonnera que ceux pour qui refusent l homoparentalité ou qui s interrogent sur sa justification. Mais c est bien à ce grand public toujours rétif (si on en croit les sondages) que s adresse d abord ce documentaire au ton apaisé qui pointe, via ce couple, une situation légalement impossible en France. Car ce n est pas par l adoption que Tim et Peter sont devenus papas, mais en utilisant l aide d une mère porteuse (merveilleuse Robbie, certainement le "personnage" le plus touchant et généreux de cette histoire), une possibilité interdite dans notre pays (comme dans la plupart des Etats américains, ce qui pose d ailleurs des questions sur les droits de cette famille si elle quittait New York). Et pour compliquer l affaire, les tentatives d insémination de Robbie ayant échoué, les deux garçons ont dû faire appel, par l intermédiaire d une agence spécialisée, à une don-

neuse d ovules pour féconder la mère porteuse Ce qui est frappant ici, c est pourtant que malgré cette situation tuyau-de-poële complexe (deux papas, une "maman" vivant à des milliers de kilomètres qui n a fait qu accueillir un bébé qu elle n a en rien conçu, et une mère biologique inconnue), c est à l évidence l amour qui prédomine : amour entre Tim et Peter, entre eux et leurs filles, entre eux, leurs filles et Robbie, entre tous et les familles de tous, etc. Cette évidence de l amour dans une famille recomposée en tous sens mais finalement tout à fait comme les autres (on va à la messe le dimanche, on fait des repas en famille, on se répartit les tâches ménagères, on fait appel aux mamies pour garder les enfants ) apparaît comme un savoureux pied-de-nez à tous les tenants d un ordre immuable et figé où les couples de même sexe n auraient pas les mêmes droits que les autres à devenir parents. En cela, ces "Deux papas à Manhattan" sont éminemment politiques. < 5

6 PHILIPPE BARRON : "LES SCHÉMAS CLASSIQUES ONT EXPLOSÉ" > Le documentariste Philippe Baron est le réalisateur de "Deux papas à Manhattan". Il explique pourquoi et comment il a réalisé son film. En général, quand on parle d homoparentalité dans les médias, on montre des couples de femmes. Vous, vous filmez un couple d hommes. Comment avezvous choisi Tim et Peter comme "héros" de votre documentaire? C est un peu un concours de circonstances. Bernard Gicquel, qui est un journaliste de presse écrite qui a été longtemps en poste aux Etats-Unis, connaissait le père de Tim qui lui a raconté l histoire de son fils. Il a tout de suite pensé que cela ferait un film passionnant. Il en parlé à Nicolas Traube, un producteur, qui m a proposé de le réaliser et qui a démarché les chaînes. France 3 s est tout de suite montrée très intéressée, notamment par le fait qu il s agisse d un couple d hommes. C est aussi un des aspects du sujet qui m a motivé : montrer deux hommes s occupant de deux petites filles, mais aussi qu il soit question d une mère porteuse, que la question du lien génétique soit posée par l intermédiaire du don d ovules, etc. Le sujet de l homoparentalité se pose fortement en France aujourd hui. Pourquoi avoir choisi de l illustrer par un exemple américain? Parce que ce que l on voulait traiter, en particulier le recours aux mères porteuses, est légalement interdit en France. Dans notre pays, les couples de même sexe qui veulent avoir des enfants se débrouillent d abord et avant tout pour adopter. Ce n est pas facile mais c est un aspect très différent de la situation que vivent Tim et Peter. Lors de la préparation du film, j ai entendu parler d un couple de Français qui ont fait appel à la même agence de don d ovules que Tim et Peter, Growing Generation, mais de façon illégale. Il aurait donc été très difficile de les filmer. Et puis c est quand même une situation très rare : Growing Generation, qui est quasiment la seule agence de ce genre, a fait naître moins de 500 enfants dans le monde entier! Comment se sont passées vos relations avec Tim et Peter? Je dois dire qu il a fallu un peu de temps pour les convaincre, ce ne sont pas des gens qui avaient envie d exhiber cette histoire, ils ne sont pas du tout militants de la cause gay. Une des raisons qui les a poussé à accepter, c est que le film ne sera pas diffusé aux Etats-Unis. Là-bas, le débat sur ce sujet est assez violent, les opposants sont très virulents, et Tim et Peter ne voulaient pas devoir les affronter, surtout pour protéger leurs deux filles qui ont deux ans maintenant. Mais quand ils ont dit oui, ils n ont plus eu de réticences pour nous faire rentrer dans leur intimité, pour nous montrer leurs vies, pour se raconter, pour nous faire rencontrer leurs proches. Le tournage a duré trois semaines, on logeait dans une maison toute proche de la leur. C est très rapide, j aurais peutêtre souhaité avoir un peu plus de temps, mais je n ai pas de frustration car je crois qu on a saisi l essentiel de leur histoire. Mon regret, il est plutôt du côté de la donneuse d ovules qui reste anonyme, mais c était impossible de la rencontrer même si Tim et Peter m ont montré une vidéo de 5 minutes qu elle leur a fait parvenir où elle explique ses motivations. Ils pourront ainsi un jour la montrer à leurs filles. C est d ailleurs un aspect qui m a beaucoup plu chez eux, cette volonté de ne rien cacher de cette histoire, de tout dire à Beatrice et Liliane sur leurs origines, de ne pas garder de secrets de famille. C est un bel exemple dont tout le monde ferait bien de s inspirer Ce qui est surprenant chez eux, c est qu à la fois ils sont à la tête d une famille particulière et qu en même temps, ils semblent très traditionnels C est ce qui me plaisait bien, ce côté exceptionnel de leur situation et leur mode de vie très bourgeois : on va à la messe, on ne met pas les coudes sur la table. Ils inculquent à leurs filles des repères, des valeurs des plus traditionnels, ils ont lu des dizaines de livres sur la façon d être parents, ils ont rencontré des spécialistes, ils se sont entraînés Cela me renvoie moi à ma propre façon d être père C est ce que je voulais dire à travers ce film, qu on est entré dans l ère de la parentalité, qui est un mot extrêmement nouveau, où il y a de multiples façons d être parents : entre les couples recomposés, les femmes seules, les couples stériles faisant appel à l adoption ou aux mères porteuses, les couples homoparentaux, etc., a majorité des enfants vivent maintenant hors d un schéma classique qui a explosé.<

20 ans après, elle est toujours toutes les femmes dalidamania Glamour, strass, kitsch, drames et refrains populaires en ont fait l idole incomparable pour des générations de gays. Vingt ans après son suicide, le 3 mai 1987, Dalida est-elle toujours la diva assoluta de la communauté? Sans hésiter la réponse est oui : la dalidamania n est pas prête de s arrêter 8 > Même Patrick Sébastien l a remarqué (c est dire!) : en rendant hommage Par Didier Roth-Bettoni divas s affrontent à l applaudimètre Mais si on comprend sans mal l attachement à Dalida dans son "Plus grand cabaret du monde" sur France 2 le 7 avril, l animateur l a dédié plus particulièrement à la communauté gay et à son attachement très spécifique à la chanteuse. Et c est vrai que, de son vivant comme depuis sa disparition, un lien extrêmement particulier a toujours existé entre Dalida et le public homo, lien avec lequel aucune à Dalida de ceux qui l ont connue et aimée de son vivant, qui ont été bercés par ses mélodies, qui ont ri de ses looks paillettes déjà désuets au début des années 80 ou ont été touchés par ses multiples malheurs, qu en est-il des jeunes, pour qui cet inépuisable ressort de la nostalgie ne peut pas fonctionner? Sont-ils eux aussi, grâce aux habiles ressorties et mix de diverses natures orchestrés par Orlando, le frère de l idole, grâce également aux increvables tendances revival des karaokés télévisés (Arthur, Dechavanne, Flament, Drucker et compagnie), sensibles à la légende Dalida? En un mot comme en cent, les jeunes homos rêvent-ils eux aussi d être toutes les femmes, pleurent-ils en murmurant qu il venait d avoir dix-huit ans, ou espèrent-ils à leur tour devenir Gigi in Paradisco? Si on en croit Internet et les divers blogs et forums qui y fourmillent au sujet de Dalida, la réponse ne fait guère de doute : c est oui. Des gamins de 15 à 25 ans dont l homosexualité ne fait guère de doute, qu elle soit proclamée tout de go ou qu elle se comprenne à travers les lignes, prolongent avec leurs mots la célébration entamée par leurs aînés du talent, de la beauté, de la sensibilité et de la tragédie de la blonde italo-égyptienne. Que Dalida, avec ses mélodies sucrées, ses refrains entraînants ou ses drames de l amour puisse ainsi toucher des adolescents gay d aujourd hui, comme elle a pu toucher ceux autre idole française, mis à part peut-être Mylène Farmer, ne peut rivaliser. Ce n est donc pas un des années 60, 70 ou 80 est d ailleurs troublant, comme si, au fond, rien n avait changé pour certains dans la difficulté d être un jeune homosexuel et dans la volonté de se réfugier dans un monde de strass, de hasard si des associations gay peuvent organiser avec glamour et de sentiments exacerbés pour échapper à succès des soirées musicales où les tubes des deux la dureté du monde <

DES BIOS > Biographe d innombrables stars qui ont toutes quelque chose à voir avec les gays, David Lelait est, on aurait pu s en douter, l auteur d un "Dalida" épatant dans lequel il reparcourt à grandes enjambées l incroyable destinée de la petite italienne de naissance égyptienne qui allait conquérir Paris et une bonne partie du monde au rythme de "Bambino", "Come prima", "Pour ne pas vivre seul", "Monday Tuesday", "Génération 78", etc. Rien n est oublié ici, dans ce récit écrit dans un style alerte : ni les amours malheureuses, ni les triomphes publics, ni les rencontres majeures et les amitiés célèbres, ni les engagements, ni les douleurs liées à son strabisme, ni bien sûr la lente dépression qui la conduisit au suicide le 3 mai 1987. Cette excellente biographie, écrite en 2004, est rééditée pour l anniversaire de la disparition de la star. Autre biographie, qui cherche de son côté à décrypter la femme privée sous la femme publique, "Dalida, une vie brûlée", est signée d un journaliste-éditeur qui a bien connu l idole : Bernard Pascuito. Ami de toutes les stars, le journaliste people Henry-Jean Servat réédite pour sa part un album très illustré des entretiens qu il a réalisés avec Dalida au fil des années.< David Lelait, "Dalida, d une rive à l autre", éd. J ai lu, 6,70 euros. Bernard Pascuito, "Dalida, une vie brûlée", éd. de l Archipel, 18, 50 euros. Henry-Jean Servat, "Dalida", Albin Michel, 24,70 euros. UN TÉLÉFILM EN DVD > L excellent téléfilm que Joyce Bunuel a consacré à " Dalida" est réédité en un luxueux coffret tout rose (si c est pas un clin d œil aux fans gay, ça ) de trois DVD regroupant les deux parties de cette biographie très fidèle interprétée par Sabrina Ferilli (excellente même si pas vraiment ressemblante) mais aussi une belle collection de bonus de tous ordres : le making of de ces 180 minutes, l excellent documentaire de Michel Dumoulin "Dalida pour toujours" durant lequel le réalisateur a suivi, trois ans durant, la star de Paris au Caire en passant par la Corse, et puis quatre clips formidablement kitsch : "Pour en arriver là", "Salma ya salama", "Laissez-moi danser" et un mix. < "Dalida, collector", de Joyce Bunuel. Dist. : Opening Vidéo. 9

ELLE ET NOUS > C est une longue histoire d amour que celle qui unit Dalida et les gays. Comment l expliquer? Peutêtre parce qu ils ont toujours su reconnaître chez Dalida, aussi bien la chanteuse que la femme, quelque chose qui à la fois leur parle, les fascine et leur ressemble Explication en 6 mots clé : Glamour : Longs cheveux blonds (enfin, qui deviennent blonds quelques années après ses premières apparitions), corps sculptural, beauté hiératique, robes à paillettes, aisance à danser Le mot Glamour semble inventé pour elle. Spectaculaire : Dalida a le sens du spectacle, c est le moins qu on puisse dire : chacune de ses chansons bénéficie ainsi d une chorégraphie, d une tenue, d un décorum spécifiques. Ses shows sont tout aussi spectaculaires comme l est aussi l allure même de Dalida, ce qui lui vaut de devenir (et pour longtemps!) la diva préférée de tous les transformistes. Différente : Son accent chantant, ses origines mélangées, ses amours meurtries tout cela et quelques autres particularités disent bien à quel point Dalida est différente des autres idoles. Et la différence est bien la qualité la mieux partagée par tous les gays. Indémodable : Du yéyé au disco, de la chanson française traditionnelle à un reggae revisité, Dalida a parcouru tous les styles musicaux des années 50 à 80 avec un même succès et une même aisance. Indémodable, au-delà des modes même, Dalida ne ressemble finalement qu à elle. Et c est bien pour cela que, par-delà la mode, on l aime. Kitsch : Certes, il y a quelques titres signés Léo Ferré ("Avec le temps") ou le "Je suis malade" de Serge Lama. Certes il y a "Il venait d avoir 18 ans", "Paroles, paroles" et "C est fini la comédie", mais l essentiel de la discographie de Dalida n est pas vraiment composée de chansons à textes mais bien de romances zigzagant entre comédie et drame. Cette frivolité revendiquée, cette manière exacerbée de chanter les sentiments, cette façon de traverser les modes et le temps en revendiquant ses côtés clinquants et parfois d un autre temps (comme elle semble décalée durant sa période disco!) ont propulsé Dalida au sommet du royaume du kitsch. Et l on sait que c est un royaume, comme celui du glamour, où les pédés sont heureux. Tragique : Trois hommes, trois échecs graves amoureux (Lucien Morisse, le patron d Europe 1 qui la lance; le chanteur italien Luigi Tenco qui se suicide ; l escroc qui se faisait appeler le comte de Saint-Germain), plusieurs tentatives de suicide avant qu elle ne parvienne à se donner la mort, l absence d enfant, mais aussi de nombreuses chansons qui disent la difficulté d aimer, la douleur de vivre : Dalida est à l évidence douée pour la tragédie, et pas seulement sur scène. Elle le prouve encore dans son plus grand rôle au cinéma, lorsqu elle endosse magnifiquement le rôle de la grand-mère dans "Le sixième jour" de son compatriote Youssef Chahine. Ce sens du tragique et du drame, cette sensibilité à fleur de peau qui transparaît même sous le rire, le strass et la légèreté apparente, rendent là encore Dalida plus proche de nombreux gays qui savent s y retrouver. < 10 QUAND LA TÉLÉ REND HOMMAGE À DALIDA > Dalida, à la télé, ce sont de bonnes audiences assurées. Les hommages vont donc se multiplier sur les chaînes. Sur France 3, Mireille Dumas lui consacrera un "Vie privée, vie publique" spécial le 2 mai, avec des invités qui l ont bien connue, notamment Orlando et Pascal Sevran. Télé Mélody ne pouvait pas manquer ça et proposera plusieurs soirées exceptionnelles entre le 28 avril et le 2 mai, avec des rediffusions de shows et d interviews des années 70. M6 pour sa part devrait aussi programmer une spéciale Dalida dans la première semaine de mai. Bertrand Delanoë, ami intime de Dalida, ne pouvait manquer de rendre hommage à sa manière à la chanteuse : ce sera avec une exposition à la mairie de Paris à partir du 10 mai.<

Droits LGBT : le message brouillé de l UMP ledoublejeude Sarkozy Malgré ses efforts, Gay Lib peine à faire de Nicolas Sarkozy le champion des droits LGBT. Ecartelé entre une large frange réactionnaire de son parti et quelques individualités progressistes, le candidat UMP a multiplié les maladresses et s est enferré dans une proposition, l union civile, qui ne satisfait pas les associations LGBT et se trouve contestée par bon nombre de députés UMP. 12 > Un salon cossu du Fouquet s très "moquette épaisse et bibelots rares", c est dans ce cadre que Gay Lib a choisi, le 12 avril, de commémorer, officiellement, son anniversaire (1). Vedettes politiques de la cérémonie : les députés Roselyne Bachelot (catégorie bonne fée progay) et Pierre Lellouche (catégorie repenti penaud). Le député UMP de Paris tient d ailleurs à revenir sur ses erreurs passées. "J étais [sur l homosexualité] à l âge de la préhistoire, il y a quelques années. J avais alors des réactions indignes de gens qui réfléchissent." Une façon de rappeler, dans un acte de contrition, que c est à Gay Lib qu il doit sa "métamorphose." Compagne de longue date de Gay Lib, Roselyne Bachelot salue le "formidable laboratoire d idées" qu est ce mouvement, louant un lieu inédit "de débat et de dialogue" et un "sens de l ouverture". "C est une vitrine", lâche même la députée européenne. On ne saurait mieux dire. Car Par Jean-François Laforgerie Illustration Yul Studio l anniversaire n est pas tout. A neuf jours du premier tour de la présidentielle, l enjeu est ailleurs pour Gay Lib. Il consiste, comme d autres groupes le font pour d autres candidats, à vendre aux homos les promesses de leur candidat. Dans sa vitrine, Gay Lib propose l union civile et le statut du beau parent, deux promesses de campagne de Nicolas Sarkozy qui doivent beaucoup à Gay Lib. Il y a fort à faire car le candidat UMP accuse un net retard par rapport à ses principaux challengers avec son refus de prendre en compte, autrement qu à la marge, la question de l homoparentalité et son opposition chevillée au corps contre l adoption par les couples homos ou l ouverture du mariage. "On dit, à gauche, que notre projet est une amélioration du PaCS. C est faux, affirme Stéphane Dassé, président de Gay Lib. Cette union se situe au même niveau que le mariage mais ne se confond pas avec lui." En fait, l exercice pour Gay Lib est périlleux. Il doit séduire les gays en vendant l idée qu on pourrait atteindre (ce qui est objectivement faux) l égalité complète des droits entre homos et hétéros en reconnaissant "l existence du couple en dehors du projet familial." L équation est assez simple pour l UMP. Le mariage en France, c est "le couple, le projet familial et le sacrement religieux qui accompagne la cérémonie civile." On n y touche pas parce que Nicolas Sarkozy ne veut pas. "Nous agissons par pragmatisme" explique-t-on à Gay Lib qui voit dans l adoption de l union civile "non pas une fin en soi mais une étape". "Je le vois, aussi, comme une étape" explique Roselyne Bachelot qui défend toujours l ou-

verture du mariage aux couples de même sexe. "Mais cette avancée ne pourra pas se faire sans une réforme de ce qu est le mariage aujourd hui", note la députée. Pour Gay Lib, l union proposée n est rien moins que le "mariage homo néerlandais, ni plus, ni moins." Mais la verra t-on un jour? "Nicolas est un homme libre et courageux, affirme Pierre Lellouche. Il fera ce qu il a dit." Confiante aussi, l équipe de Gay Lib qui estime avoir bien travaillé avec Nicolas Sarkozy ces dernières années. Pourtant, nombre de députés sont hostiles aux propositions de Nicolas Sarkozy et les députés pro gay se comptent sur les doigts d une main à l UMP. Alors y aura t-il une majorité pour voter, à l automne, l union et le statut du beau parent? "Nous avons progressé. Il faut voir d où nous venons, explique Roselyne Bachelot. C est vrai que les réticences sont énormes mais le travail mené par Gay Lib a permis d apaiser le débat. Nous sommes plusieurs à être favorables à ces mesures. Cela constitue un ferment. Cela ne fait pas une majorité." Alors, comment faire adopter ces textes? "L union civile a été votée par 97 % des représentants de l UMP" explique Gay Lib en se voulant rassurant. Cela suffira-t-il à rassurer aux gays?< (1) La vraie fête d anniversaire s est déroulée le 13 avril au QG de campagne de Nicolas Sarkozy. LE CAS VANNESTE VU PAR ROSELYNE BACHELOT > "L UMP compte t-elle présenter un député UMP contre Christian Vanneste aux législatives" La question agace chez Gay Lib. Et ce d autant que le député sortant (désormais CNI/UMP) compare, selon Stéphane Dassé, président de Gay Lib, ce mouvement associé à l UMP à "un mouvement terroriste". Interrogée, la députée européenne Roselyne Bachelot rappelle que l attitude du député est "inadmissible" et que les propos qui lui ont valu condamnation ne relèvent nullement de "la liberté de pensée". "Je souhaite qu il y ait un candidat UMP contre Christian Vanneste", explique celle qui se présente aux législatives dans le Maine-et-Loire. Comment explique-t-elle que des élus locaux UMP, un sénateur UMP, le secrétaire départemental de l UMP soutiennent l élu condamné dans ces meetings. "Je le regrette" lâche t- elle sobrement.< 13

J.-M. NESME : "LES LIENS HOMOSEXUELS SONT DE L ORDRE PRIVÉ" > Député sortant UMP de Saône-et-Loire (1), Jean- Marc Nesme s est imposé comme le chef de l Entente parlementaire contre l ouverture du mariage et de l adoption aux couples de même sexe. Aujourd hui, il poursuit sa fronde contre les avancées du droit proposées aux homosexuels y compris l union civile de Nicolas Sarkozy qui fait pourtant partie du programme législatif de juin 2007. Interview. L Entente parlementaire devait peser dans la campagne présidentielle. Force est de reconnaître que les trois principaux candidats font aujourd hui des avancées importantes en matière de reconnaissance du couple gay et parfois d homoparentalité. N est-ce pas le signe de l échec de votre stratégie? Lorsqu'au mois de janvier 2006, mes collègues et moi avons créé l'entente parlementaire "pour la défense du droit fondamental de l'enfant d'être accueilli et de s'épanouir dans une famille composée d'un père et d'une mère", le débat n'avait pas encore eu lieu. Une seule voix alors se faisait entendre en faveur du mariage et de l'adoption homosexuels. Le débat a eu lieu comme nous le souhaitions. Si les mots ont encore un sens, le mariage et l'adoption homosexuels sont proposés par la Gauche et refusés par la Droite. Notre démarche fut un succès à droite. Si échec il y a, c'est que nous n'avons pas réussi à convaincre collectivement la Gauche ; individuellement [à propos d élus de gauche], c'est une autre affaire dont on reparlera. Pensez-vous que vos collègues députés signataires de l Entente parlementaire soient opposés à l union civile inscrite dans le programme des législatives de l UMP? Si le contrat d union civile est une amélioration technique du PaCS sur le plan fiscal, successoral et de la protection des tiers, je ne pense pas qu'il y ait une opposition de mes collègues d'autant plus que ce contrat s'adresse aux personnes hétérosexuelles et homosexuelles qu'elles soient liées par amour ou par amitié ou par intérêt. Mais je ne les ai pas consultés. Nous verrons cela lorsque nous serons saisis d'un texte écrit. Néanmoins, le risque d'une fragmentation de la société pose un réel problème ; le communautarisme n'est pas loin. Vous avez été investi par l UMP comme candidat aux législatives. Vous sentez-vous lié par le programme de votre parti qui mentionne notamment la création d une union civile pour les couples de même sexe, signée en mairie et ouvrant des droits identiques à ceux du mariage, hormis la filiation et l adoption. Voteriez-vous un texte créant ce nouveau statut? Pour ce qui est d'une signature et d'une cérémonie en mairie, j'y suis opposé comme 81 % des maires de France selon une enquête d'opinion commandée début 2007 à un institut de sondage par le Collectif des maires pour l'enfance. Pourquoi? Engagé seulement entre un homme et une femme, le mariage est une institution qui unifie les trois dimensions sociale, juridique et biologique de la famille et de la génération. Il ne peut donc pas lui être proposé d'alternative comme le mariage homosexuel. De même, le PaCS (ou la future union civile) n'est pas une institution : c'est un contrat. Accompagner le PaCS ou l union civile d'une cérémonie en mairie ne serait qu'un leurre et un faux-semblant qui dévaloriserait l'institution du mariage en créant une confusion des genres. Faire la différence entre une union "instituée" et un comportement privé, conduit à ne pas donner, en mairie, aux liens homosexuels qui sont de l'ordre privé, une dimension institutionnelle que, seul le mariage, possède. Rendre authentique un tel contrat au greffe d'un tribunal ou devant notaire est une réponse qui ne déroge pas à la règle de droit actuelle. Dans son interview à "Têtu", revenant sur l union civile, Nicolas Sarkozy explique "Comment tel ou tel, qui a l investiture de mon parti, qui a voté le projet de mon parti, adopté à 97,5 % pourrait dire qu il ne l appliquera pas? Ce n est pas la position de Nicolas Sarkozy, c est la position de l UMP." Qu en pensez-vous? Je fais partie d'un groupe parlementaire qui laisse la liberté de vote à ses membres.< (1) Il est réinvesti par son parti pour les élections législatives de juin 2007.

UNION CIVILE : LES DÉPUTÉS UMP DIVISÉS > Interrogés par "Illico", certains députés sortants UMP, anciens signataires du manifeste de l Entente parlementaire, réinvestis pour les législatives de juin 2007, ne cachent pas leurs réserves voire leur hostilité à cette mesure qui fait pourtant partie de leur programme électoral. D autres n ont rien contre l union civile façon Sarkozy Du moins pour le moment. Passage en revue de quelques positions. François-Michel Gonnot, député de l Oise "Je suis personnellement opposé à ce contrat, et je ne voterais donc pas un projet de loi qui le proposerait". Yves Nicolin, député de la Loire "Je ne suis pas favorable à ce projet. L intérêt général doit prévaloir sur les désirs particuliers s agissant de la belle institution du mariage. Celui-ci doit être protégé car il constitue le fondement essentiel de toute société puisqu il assure la transmission des générations par l union même des époux ( ) La création d une union civile ne ferait qu entretenir une confusion dommageable pour la société toute entière." Michel Roumegoux, député du Lot "Je ne porte aucun jugement moral sur le penchant sexuel des gens ( ) je suis pour un contrat d union civile ( ) mais je suis clairement pour que la législation soit plus favorable à la famille traditionnelle qui assure le renouvellement des générations, parce que cela me paraît aller dans le sens de l intérêt de la société." Chantal Bourragué, députée de la Gironde "Mère adoptive, je me réjouis comme mes enfants de la position claire des évêques de France ( ) Ils viennent de renouveler leurs refus des unions homosexuelles et de l homoparentalité ( ) Je persiste à demander comment des enfants insérés dans des unions homosexuelles où manquent la bipolarité sexuelle et l expérience conjointe de la paternité et de la maternité pourront grandir et mûrir humainement sans porter les séquelles de cette absence? (...) Le respect envers les personnes homosexuelles ne saurait conduire à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles." Michel Diefenbacher, député du Lot-et-Garonne "Pour moi, la famille est la cellule de base de la société. Elle est constituée autour de l enfant. Et l enfant naît de l union d un homme et d une femme ( ) Cela étant, il existe des couples homosexuels. Certains approuvent, d autres désapprouvent. Pour ma part, je constate et je respecte. Les homosexuels n ont pas choisi de l être ( ) Si la création d un contrat d union civile était proposée, je la voterais en y mettant deux conditions : 1 : que ce contrat exclue toute disposition relative à la filiation, à l adoption et au droit de la famille ; 2/ que seul le mariage, c est-à-dire l union d un homme et d une femme, constitue le modèle sur lequel est organisé la société." Daniel Fidelin, député de la Seine-Maritime "Je suis favorable à une amélioration du PaCS et éventuellement à une signature en mairie. Toutefois, le mariage est, pour moi, sacré et en aucun cas, je ne serai favorable à une cérémonie officielle, tout en respectant, bien entendu, les personnes qui ont fait le choix d une autre sexualité."< Les députés UMP Jacques Masdeu-Arus(Yvelines), Roland Chassain (Bouches-du-Rhône), Irène Tharin (Doubs), Jean-François Régère (Gironde), Patrick Balkany, (Hauts-de-Seine) sont favorables à l union civile. Voir leurs explications sur : www.e-llico.com ROMERO VOTE BAYROU > Conseiller régional UMP d Ile-de- France, Jean-Luc Romero a choisi (9/04), après des années de sarkozisme forcené, d apporter son soutien pour l'élection présidentielle à l'udf François Bayrou. Le motif? "La droitisation constante de l'ump au cours de cette campagne." Interrogée le 10 avril sur cette défection à Nicolas Sarkozy, la porte-parole de l UMP, Valérie Pécresse, a lâché : "Je n ai pas de commentaire à faire sur les calculs personnels des uns et des autres et les petites aigreurs..." < 15

LGBT : le rapport 2006 de la Halde doitmieuxfaire! Le 11 avril, Louis Schweitzer, président de la Halde, a remis le "Rapport 2006" sur l activité de cette institution, au président de la République. "La santé et le handicap" est le second critère évoqué comme origine des discriminations. L orientation sexuelle est, en 2006, au huitième rang des critères de discriminations. www.e-llico.com 16 Par J.-F. Laforgerie L ORIENTATION SEXUELLE > Le "Rapport 2006" de la Halde montre une forte augmentation des réclamations pour discriminations liées à l orientation sexuelle puisqu on compte 61 réclamations en 2006 contre 38 en 2005 (première année d activité de la Halde). En 2006, ce type de cas représente 1,50 % du nombre total de réclamations qui s élève à 4 058. Ce dernier était de 1 410 cas en 2005. < Il est possible de consulter le "Rapport 2006" (235 pages) de la Halde sur www.halde.fr > Il n y a pas vraiment de quoi s en réjouir (après tout, c est le signe que les discriminations sont nombreuses) mais la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l Egalité (Halde) connaît un intérêt grandissant. Ainsi les réclamations sont passées de 1 410 en 2005 à 4 058 en 2006. Et le mouvement se poursuit puisque 1 700 réclamations ont d ores et déjà été reçues au premier trimestre 2007. Comme on pouvait s y attendre, c est toujours dans le domaine de l emploi que les discriminations sont les plus nombreuses (42,8% des réclamations), celles concernant le fonctionnement des services publics représentent 22,5 % des réclamations en 2006. Le nombre de réclamations augmentant, il en va, mécaniquement, de même des réclamations liées à l orientation sexuelle (voir encart). Pour autant, le chiffre ne semble pas représentatif des difficultés que connaissent nombre de personnes LGBT du fait de leur orientation sexuelle et dont témoignent des groupes comme SOS Homophobie, Flag! ou l Autre Cercle. La Halde l a d ailleurs bien compris puisqu elle a lancé l année dernière une "enquête sur l homophobie et les discriminations qu elle génère dans l entreprise." Confiée au cabinet RCF Management, cette enquête sera publiée dans le premier semestre 2007. La Halde travaille, par ailleurs, avec plusieurs associations dont SOS Homophobie et Flag! sur un "kit de procédures concernant les violences homophobes." Autre grand sujet, les discriminations liées à l état de santé et au handicap. Elles représentent 756 réclamations soit 18,63 du nombre total des réclamations de l année. En 2006, la Halde est intervenue dans plusieurs affaires concernant la séropositivité, notamment l interdiction pour un séropositif d obtenir la licence pour devenir personnel navigant commercial ou le rejet systématique des homos des dons de sang (avis défavorable de la Halde). Cet engagement, encore modeste, a été critiqué par Act Up. Si l association reconnaît que "la Halde a su prendre en compte une part des revendications ( ) en matière d égalité des droits, notamment dans ses délibérations sur les discriminations liées à la séropositivité dans l embauche, à l orientation sexuelle ou à l assurabilité des personnes présentant un risque de santé aggravé", elle juge que la Halde "doit faire plus et mieux". Act Up estime ainsi que la Halde doit étendre son champ de compétence aux "discriminations fondées sur l identité de genre" et renforcer la lutte contre les discriminations sur l état de santé "par exemple en matière de maintien ou d accès à l emploi".<

SARKOZY OUVRE UNE POLÉMIQUE SUR LA PÉDOPHILIE HÉTÉRO ET SANS GÊNE >Le moins que l on puisse dire, c est que les propos de Nicolas Sarkozy dans "Philosophie Magazine" (mars 2007) sur l aspect inné de la pédophilie ont suscité, campagne présidentielle oblige, un véritable tollé. Répondant au philosophe Michel Onfray, le candidat UMP à l Elysée avait expliqué : "incliner (...) à penser qu'on naît pédophile. C est d ailleurs un problème que nous ne sachions pas gérer cette pathologie." Même diagnostic pour les jeunes qui se suicident. Ce serait la faute des gènes et aucunement de la responsabilité des parents. Cette sortie a provoqué de très nombreuses réactions de condamnation. Les Verts "s'indignent" de ces déclarations qui ouvrent la porte à un "eugénisme extrêmement dangereux". Même critique au PC. Pour le président du groupe socialiste à l'assemblée nationale Jean-Marc Ayrault : "C'est inacceptable, profondément choquant, et profondément inquiétant quant à la conception de la société" de Sarkozy. Interviewé par "Libération" (1) Nicolas Sarkozy maintient sa position sur le déterminisme génétique de la pédophilie et sa perception de l'acquis et de l'inné. Il en profite au passage, une fois encore, pour réaffirmer être "né hétérosexuel", une expression déjà formulée sur TF1 lors de son passage dans l'émission "J'ai une question à vous poser" en réponse à un téléspectateur l'interrogeant sur l'homosexualité. "Je ne me suis jamais posé la question du choix de ma sexualité ( ) On ne choisit pas son identité", ajoute le président de l'ump dans "Libération" confirmant sa conception déterministe de l'homosexualité. < (1) 12 avril 2007. 18 MARCHES Les Gay Prides 2007 > La Coordination InterPride France (CIF) qui fédère les associations organisatrices de Lesbian & Gay Pride et de Marches des Fiertés LGBT a publié le calendrier 2007 des marches françaises. C est Angers (http://assoquazar.free.fr) qui ouvre le bal le 5 mai la veille du second tour de la présidentielle. Tours (www.homologays.com) défile le 19 mai tandis que Bordeaux (www.lgpbordeaux.net), Lille (www.lgplille.org), Nancy (http://gay pridelorraine.free.fr), Nantes (www.clgna.info) marchent le 2 juin. Montpellier (www.montpelliergay.com) défile le 9 juin, la veille du 1er tour des élections législatives, tandis que Biarritz (www.lgp-biarritz.org), Rennes (http://cglrennes. free.fr) Strasbourg (http://www.festigays.net) et Toulouse (www.arc-en-ciel-toulouse.com) marchent le 16 juin la veille du second tour. Une fois n est pas coutume Marseille (www.marseillepride.org) ne défilera pas en juillet mais le samedi 23 juin tout comme Lyon (www.fierte.net) et Rouen (www.collectif-commeca.com). Paris (www.inter-lgbt.org) assure la clôture de la saison 2007 en organisant la Marche des Fiertés LGBT samedi 30 juin.< Infos sur www.interpride-france.org HOMOPHOBIE An Nou Allé presse la Sacem > Malgré les mises en garde de l'association LGBT An Nou Allé, la SACEM qui décernait ses Prix Guadeloupe 2007, a attribué, le 30 mars, son Prix du meilleur interprète masculin au chanteur homophobe Admiral T. Promoteur de la "murder music", Admiral T a reçu son Prix des mains d'un représentant du ministère de la Culture. La récompense du meilleur clip a, quant à elle, été attribué au chanteur Krys, lui aussi auteur de textes homophobes. L association s est d ailleurs mobilisé pour tenter de faire annuler un concert parisien de Krys prévu le 6 avril au Zénith. An Nou Allé déplore "la passivité du ministre de la Culture qui, saisi depuis le 19 mars, n'aura répondu à aucune de nos sollicitations. Renaud Donnedieu de Vabres n'aura pas même évité à son administration de se compromettre dans une opération de promotion de l'homophobie". Bernard Miyet, président du directoire de la SACEM, s'est engagé à recevoir An Nou Allé pour évoquer ce dossier. <

17 MAI : JOURNÉE MONDIALE CONTRE L HOMOPHOBIE UNE QUESTION D ÉDUCATION > Le 17 mai 2007 se tiendra la Journée Mondiale de lutte contre l homophobie, imaginée par Louis-Georges Tin et le comité Idaho. Comme les deux années précédentes, de très nombreuses manifestations seront organisées en France, en Europe ainsi qu à l étranger, entre le 11 et le 21 mai 2007. En 2006, plus d une centaine de manifestations avaient été programmées en France. Pour 2007, c est le thème de l éducation qui a été retenu. En effet, après, notamment chez nous, un renforcement de la pénalisation des actes et propos homophobes, un aspect de la lutte contre l homophobie a été spécialement sous évalué : la prévention. C est donc autour du slogan "Non à l'homophobie, oui à l'éducation!" que se déroulera cette nouvelle édition. Ce sera aussi l occasion, comme le souhaitent les organisateurs "d alerter l'opinion et les pouvoirs publics sur la question du suicide chez les jeunes, des dépressions, des conduites à risque notamment face au sida et aux IST, des agressions et des injures." "La France accuse un retard très net en matière de prévention de l homophobie en milieu scolaire, notamment par rapport à la Belgique, à l Espagne ou au Canada" indique Bruno Jaeger, coordinateur de la Journée mondiale en France, qui a programmé un Colloque international contre l homophobie et pour la diversité par l éducation le 16 mai à Paris, en collaboration avec plusieurs associations, des syndicats de l'éducation et des syndicats de lycéens et d'étudiants. < Infos sur www.idahomophobia.org 20 DROITS Un Etat bien civil à Madrid > Militante socialiste et transsexuelle, Carla Antonelli (photo), 47 ans, est la première à avoir déposé à Madrid une demande de changement d'état civil après la récente entrée en vigueur d'une loi en faveur des transsexuelles en Espagne. Cette nouvelle loi permet de changer plus facilement le nom et la mention du sexe dans les registres d état civil. C est ce qui est arrivé, le 10 avril, à Julio Cuesto, né femme, qui est le premier transsexuel à avoir bénéficier de cette mesure.< Act Up dénonce Sarkozy > Act Up Paris a dénoncé, fin mars, "la remise en cause du droit au séjour des malades étrangers" en France et les "mensonges" du candidat UMP à la présidentielle Nicolas Sarkozy à ce propos, à l'occasion de la réunion à Paris de la 4e Conférence francophone sur le VIH/sida à Paris. Evoquant le cas de quatre étrangers malades, dont au moins deux séropositifs, expulsés du territoire depuis début janvier, Act Up Paris a dénoncé Nicolas Sarkozy qui, dans "Têtu" (1), conteste "vigoureusement les accusations qui [lui] ont été faites d'avoir reconduit à la frontière des étrangers malades du sida ou porteurs du VIH". "La réalité", c'est que "des malades, dont des séropositifs/séropositives, sont aujourd'hui expulsés du territoire français", a répliqué l'association qui a lancé une virulente campagne d affichage contre l ex-ministre de l Intérieur (voir en p. 22). < (1) Avril 2007. ELYSÉE 2007 DERAPAGE Un pasteur fou > Depuis des mois, le pasteur homophobe américain Fred Phelps traite la Suède de "terre de sodomie" et s en prend au roi. Il accuse Carl Gustav d être gay. Selon lui, le roi Karl Gustav "ressemble à un copulateur anal". Ces attaques violentes visent en fait la loi suédoise contre les propos homophobes qui hérisse les fondamentalistes américains. Le gouvernement suédois a exprimé son inquiétude à l ambassadeur américain devant ces propos haineux et la famille royale examine avec ses avocats les moyens de faire cesser de déferlement de diffamation et de violence homophobe..<