Comment réduire l usage des pesticides sur sa commune? «Les rendez-vous de l UR» Retours d Expériences

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Comment réduire l usage des pesticides sur sa commune? «Les rendez-vous de l UR» Retours d Expériences Lundi 21 octobre 2013 De 9h30 à 16h30 Amphithéâtre Lycée Colbert de Torcy Sablé-sur-Sarthe (72)

Quatre communes sarthoises faisant partie du territoire du Pays Vallée de la Sarthe ont été auditionnées afin de faire partager leurs expériences sur la mise en œuvre de démarche de réduction d utilisation des produits phytosanitaires pour l entretien des espaces communaux. Ces témoignages ont été synthétisés sous la forme de quatre questions posées. ommune c la e d e g a n ig o m Té de Précigné Entretien avec Yves Congnard et Sébastien Cuillerier, Agent de maîtrise et Agent technique au service Espaces verts de la commune de Précigné : Précigné est une commune rurale de plus de 3000 habitants avec une superficie de 5790 hectares, ce qui fait d elle une des communes sarthoises les plus étendues. Monsieur Congnard utilisant un brûleur thermique 1) Quels ont été les motifs du changement de pratiques de gestion des espaces publics? Suite à la sortie de l arrêté préfectoral du 12/10/2010 interdisant les traitements chimiques à proximité de l eau et avec le soutien d un élu au début du mandat aujourd hui parti vers de nouveaux horizons, nous avons suivi une formation encadrée par le CNFPT* sur l élaboration de plan de désherbages. Cette formation nous a permis de revoir en régie l aménagement et l entretien de nos espaces publics afin de limiter notre impact sur l environnement mais également pour la santé des agents. Nous sommes passés d une utilisation d un minimum de 40 litres de produits phytosanitaires (glyphosate) par année à 2-3 litres aujourd hui sur l ensemble de la commune (traitement réalisé par un prestataire). 2) Quels ont été les moyens mis en œuvre pour parvenir à ce changement de pratiques? Il a fallu repenser l aménagement de certaines zones, notamment sur les zones de fleurissement, où dans certains secteurs les plantes annuelles ont été remplacées par des plantes vivaces plus économes en temps d entretien. Un couvre sol a systématiquement été installé en pied de ces massifs, soit avec du broyage de végétaux obtenus grâce à un élagueur (photo ci-contre), soit avec de la paille compressée achetée chez un grossiste. Outre de limiter la présence des plantes adventices sur les massifs, le paillage permet également de diminuer les quantités et les fréquences d arrosages. Les espaces verts (parc, camping municipal) ne font l objet d aucun traitement chimique, la tonte et/ou le rotofil, et/ou l arrachage manuel sont utilisés pour entretenir ces espaces. Cependant pour le terrain de foot, nous faisons un traitement chimique tous les 4 ans. Sur les trottoirs (hormis caniveaux et zones à risque), les cheminements en graviers et sables, le terrain de boule en falun, nous faisons intervenir un prestataire qui réalise un traitement une fois par an en utilisant le système Weed-IT. C est un système avec capteurs qui détectent la chlorophylle et permet de faire un traitement chimique seulement sur la végétation détectée. Le reste de l année, le brûleur thermique et l arrachage manuel sont utilisés. Pour les caniveaux, le traitement a lieu avec un brûleur thermique ou à l arrachage manuel en fonction des plantes. 2

L entretien des espaces publics se fait pratiquement sans aucun traitement chimique, hormis sur le terrain de sport une fois par an et en cas de nécessité sur le cimetière. Une partie non utilisée du cimetière a été engazonnée afin de faciliter l entretien par une tonte. Grâce à une subvention obtenue dans le cadre de notre adhésion à la charte pour des communes sans pesticides, nous avons pu acquérir du matériel alternatif. Nous utilisons ainsi un porte-outils sur lequel nous pouvons équiper une scalpeuse qui démotte les herbes avec un rouleau intégré pour niveler le cheminement (1ère photo ci-contre). L inconvénient de cet outil, est qu il ne peut être utilisé que par temps sec. Nous utilisons pour les caniveaux le porte-outils équipé d une brosse à poils métalliques qui permet de décaper la végétation (2ème photo ci-contre). Il faut qu un deuxième agent soit derrière avec une balayeuse pour récupérer les végétaux (3ème photo ci-contre). Nous utilisons également le brûleur thermique, le rotofil et les binettes pour l arrachage manuel. En général, nous sommes obligés de passer le brûleur thermique une fois par mois et nous avons constaté qu après plusieurs passage le volume d herbe a tendance à diminuer. En ce qui concerne l entretien des trottoirs, il a été décidé de le laisser à la 3) Avez-vous communiqué sur la démarche de réduction des pesticides auprès des habitants? Nous avons réalisé une conférence en collaboration avec la Crepepp* pour sensibiliser les habitants à notre démarche. Nous avons édité un flyer qui a été remis à chaque habitant concernant la prise en charge de l entretien des trottoirs par le riverain en abrogeant l usage des produits phytosanitaires. Nous publions régulièrement des articles dans le bulletin communal ou dans la presse et nous profitons des vœux du Maire pour en parler également. 4) Êtes-vous satisfait d avoir mis en œuvre cette démarche? Nous sommes moyennement satisfaits, car le désherbage manuel prend énormément de temps et nous ne sommes pas suffisamment nombreux dans le service pour réaliser l entretien (2,5 temps plein et 1 stagiaire). Nous sommes donc obligés de revenir sur certains espaces régulièrement et nous avons l impression de ne faire que du désherbage. De plus, certains riverains ne jouent pas le jeu et laissent la végétation se développer, ce qui peut s avérer frustrant quand, de notre côté, nous nous efforçons de ne pas nous laisser envahir. Par contre, du fait de la diminution de l utilisation des pesticides, il y a moins de répercussions sur la qualité de l eau. mmune o c la e d e g a n ig o Tém du Bailleul Entretien avec Jean Thérouin, Maire Adjoint de la commune du Bailleul : Le Bailleul est une commune rurale de plus de 1200 habitants avec une superficie de 2746 hectares. 3

Pour les cimetières, nous essayons de tenir le zéro phyto depuis 3 ans, mais c est difficile à mener, on peut vite se laisser déborder. Une partie du cimetière qui n était pas encore utilisée a donc été engazonnée afin de faciliter l entretien sur cette zone. 3) Avez-vous communiqué sur la démarche de réduction des pesticides auprès des habitants? Ce n est pas évident pour nous en tant qu agents de faire le lien avec les habitants. Nous essayons tout de même de communiquer sur notre démarche régulièrement via la presse, le site Internet de la commune et les bulletins d informations, mais ce serait bien de pouvoir sensibiliser plus efficacement car parfois les habitants ne comprennent pas ce que nous faisons. 4) Êtes-vous satisfait d avoir mis en œuvre cette démarche? Oui nous le sommes car elle nous a permis d avoir des pratiques moins dangereuses pour l environnement, notamment pour la qualité de l eau mais également pour notre santé. Cependant, cette démarche demande vraiment du temps de fonctionnement supplémentaire en désherbage manuel/thermique et à l heure actuelle notre équipe de 3 agents n est pas suffisante pour entretenir au mieux. Nous sommes obligés de prendre une personne durant juillet et août pour nous assister. L optimal serait d avoir une personne du début du printemps jusqu à la fin de l été, ce qui nous permettrait de libérer du temps pour d autres actions. Témoignage de la commune de Loué Entretien avec Gérard Sourice, Agent de maîtrise au service Espaces verts de la commune de Loué : Loué est une commune de plus de 2100 habitants avec une superficie de 1585 hectares. 1) Quels ont été les motifs du changement de pratiques de gestion des espaces publics? Ce fut une volonté des élus de rentrer dans une démarche de réduction de l usage des pesticides afin de préserver la qualité de l eau et la santé des agents communaux. Grâce aux formations du CNFPT*, nous avons pu élaborer en régie en 2008 un plan de désherbage communal que nous avons mis en œuvre à partir de 2009. Il s agissait de mettre en évidence les zones où les risques de pollution aux pesticides des eaux étaient élevés. A partir de cette base, nous pouvions mettre en place des techniques alternatives sur ces secteurs, puis à terme et dans la mesure du possible, le réaliser sur l ensemble de la commune. 2) Quels ont été les moyens mis en œuvre pour parvenir à ce changement de pratiques? Nous avons revu certains de nos aménagements afin de réduire notre temps de travail sur certaines de nos actions afin de pouvoir réaliser le désherbage manuel. Ainsi nous avons opté pour des massifs de fleurs vivaces, notamment avec des rosiers qui permettent d avoir un fleurissement sur toute l année. Nous utilisons sur ces massifs un paillage soit à base de céréales, soit à partir de broyat de végétaux, soit fait d ardoises concassées, ce qui permet de limiter l apparition des plantes adventices. 4

1) Quels ont été les motifs du changement de pratiques de gestion des espaces publics? Depuis 2009, avec la volonté des élus et grâce à l appui du CPIE Vallées de la Sarthe et du Loir qui nous avait accompagné auparavant sur l aménagement et la gestion différenciée d une zone humide sur un espace communal (zone humide de l Aunay), nous nous sommes donnés comme objectif de réduire l utilisation des produits phytosanitaires sur notre commune en élaborant un plan de désherbage. Les réflexions sur les moyens alternatifs à mettre en œuvre ont toujours été en concertation avec l agent communal, le CPIE et moi-même, ce qui a permis de vraiment s approprier la démarche. 2) Quels ont été les moyens mis en œuvre pour parvenir à ce changement de pratiques? Afin de réduire les interventions sur certaines zones (notamment les tontes), nous avons privilégié l installation de massifs vivaces et arbustifs et de bandes fleuries en bordure de trottoirs plutôt que de l engazonnement. Sur certains de nos massifs nous utilisons du gravier, de la toile tissée, et du broyat de végétaux comme couvre sol. Sur les trottoirs nous sommes en zéro-phyto. Une balayeuse de la communauté de communes de Sablé-sur-Sarthe passe tous les 15 jours sur les 8 km de trottoirs ; sinon, nous utilisons principalement le brûleur thermique et/ou la binette, également sur les caniveaux. 3) Avez-vous communiqué sur la démarche de réduction des pesticides auprès des habitants? Nous publions des articles dans les bulletins municipaux. Tous les ans, nous organisons un chantier participatif sur la zone humide de l Aunay avec le CPIE. C est un temps convivial pour les habitants, mais également le lieu pour les sensibiliser à nos démarches de gestion différenciée et de réduction des pesticides. 4) Êtes-vous satisfait d avoir mis en œuvre cette démarche? Oui, car nous étions porteur d un projet dans le sens de l environnement et une commune se doit d être exemplaire auprès de ses habitants. Notre engagement dans cette démarche a permis de les sensibiliser, et moi-même je l ai mise en pratique dans mon jardin. Cependant, cela demande également du temps supplémentaire aux agents, nous sommes donc passés à 2 agents à temps plein au lieu d 1,5. De plus, cette démarche nécessite un suivi plus important. La taille de la commune, ses moyens matériels et humains ne permettent pas d avancer davantage dans la commune. 5

Témoignage de la commune de Sablé-sur-Sarthe Entretien avec Jérôme Landemaine et Jean-Michel Piquet, Responsable Espaces publics et Coordonnateur Parcs, Jardins et Espaces publics : Sablé-sur-Sarthe est une commune rurale de plus de 12400 habitants avec une superficie de 3692 hectares. 1) Quels ont été les motifs du changement de pratiques de gestion des espaces publics? Depuis 5 ans, il y a une réelle volonté des élus pour limiter l utilisation des produits phytosanitaires afin de diminuer les risques pour l environnement, les usagers et les agents. La réglementation (loi sur l eau par exemple) impose également de mettre en œuvre des changements de pratiques. La première année, il a été choisi de passer directement en zéro phyto sur l ensemble des espaces de la commune (hors terrains sportifs et cimetières). Cependant, les implications d un tel choix n avaient pas été bien estimées. Les habitants ont réagi de manière très négative à ce changement de pratiques, faute d une communication adaptée, et l année «test» s est avérée très difficile en termes de fonctionnement pour le service (charge de travail importante, interventions souvent faites dans l urgence, démotivation des agents ). Les objectifs ont donc été revus et nous avons privilégié une réduction des pesticides de façon progressive. Actuellement, nous mettons en œuvre une gestion différenciée de nos espaces et, dans ce cadre, allons travailler avec le bureau d études de la collectivité pour matérialiser sur cartographie un plan de désherbage de la commune qui, s il existe et est connu dans nos esprits, n est pas encore écrit. 2) Quels ont été les moyens mis en œuvre pour parvenir à ce changement de pratiques? Afin de réduire les interventions sur les zones de fleurissement saisonnier, nous en avons diminué la surface au profit de l implantation de massifs permanents où sont privilégiés l arbustif et les plantes vivaces. Un système de paniers permet de compléter ponctuellement ces nouveaux massifs par quelques plantes annuelles ou bisannuelles et des bulbes. Du paillage végétal (notamment copeaux de peupliers) et minéral (graviers, ardoises concassées) vient esthétiquement recouvrir de la toile tissée positionnée sur ces nouveaux massifs. 6

Notre fleurissement saisonnier étant piloté par l équipe des serres municipales, nous avons également mis en place la lutte biologique intégrée en utilisant des auxiliaires (notamment les chrysopes, photo ci-dessus) qui nous permettent, suivant les cas, de limiter l usage des pesticides sur nos productions de végétaux. Sur la plupart de nos espaces publics (espaces verts, trottoirs et caniveaux ), hormis le camping municipal (gestion par un autre service), les terrains de football et les cimetières, nous privilégions le désherbage manuel et thermique (gaz), cependant nous réalisons parfois un traitement chimique pour la levée des plantules et sur les chardons en massif permanent. Pour répondre au surcroît de travail généré par cette limitation du recours aux produits phytosanitaires, nous avons obtenu l emploi de 3 personnes, de début avril à mi-octobre (contractuels, étudiants ), qui interviennent durant 4 heures, tous les matins, avec un titulaire du service, pour réaliser du binage manuel. Leurs interventions sont programmées à la semaine en fonction de l enherbement constaté et des priorités que nous leur donnons. Ils se consacrent uniquement à cette tâche. Sur les cheminements (sable de Ségrie) et les terrains de pétanque, nous faisons actuellement appel à un prestataire qui utilise le système Weed-IT, qui détecte la chlorophylle par infrarouge et permet de pulvériser chimiquement de manière limitée et ciblée. En général, nous faisons intervenir le prestataire deux fois par an, cependant tous les cheminements ne vont pas forcément être traités les deux fois. Cela va dépendre des secteurs, notamment les zones pavillonnaires où la pression des habitants est très forte, et du niveau d enherbement. L entretien des terrains de football est réalisé en régie avec un traitement chimique annuel en sélectif. Nous n avons pas la gestion des cimetières, c est un autre service qui s en charge et utilise des produits phytosanitaires malgré le matériel que nous pouvons mettre à leur disposition. 3) Avez-vous communiqué sur la démarche de réduction des pesticides auprès des habitants? Très peu de communication a été réalisée auprès des habitants, il y a eu quelques articles dans les bulletins municipaux. Cependant, notre organisation, avec la constitution d une équipe dédiée, a permis de réduire significativement les réclamations liées au désherbage. 4) Êtes-vous satisfait d avoir mis en œuvre cette démarche? Oui nous sommes satisfaits. Il y a quand même eu un temps d adaptation pour faire rentrer ces nouvelles pratiques dans les mœurs mais avec les formations auprès du CNFPT* et du CAUE*, cela nous a aidé à mettre en place la démarche. Il a fallu également du temps pour expérimenter et optimiser au mieux les techniques en fonction des espaces à gérer et puis, surtout, parvenir à relativiser sur la place de la végétation dans la ville. Il est vrai que le désherbage manuel et mécanique demande plus de temps pour l entretien mais c est plus valorisant car nous pouvons faire mieux sans utiliser ou en réduisant les pesticides et ce même alors que notre périmètre d intervention ne cesse d augmenter. 7

Avec le soutien financier de : Action pilotée par le Ministère chargé de l Agriculture, avec l appui financier de l Office National de l Eau et des Milieux Aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Ecophyto. Glossaire des sigles : CNFPT : Centre National de la Fonction Publique Territoriale CAUE : Conseil d Architecture, d Urbanisme et de l Environnement Crepepp : Cellule Régionale d Étude de la Pollution des Eaux par les Produits Phytosanitaires Entretiens des collectivités réalisés par le CPIE Vallées de la Sarthe et du Loir Conception, réalisation : CPIE Vallées de la Sarthe et du Loir, septembre 2013 Crédits photographiques : CPIE Vallées de la Sarthe et du Loir, Commune du Bailleul, Morgane Sineau