S La ociété N ationale S de auvetage

S La ociété N ationale S de auvetage M en er Ses stations et ses canots de sauvetage Loïc Nivet

Sommaire Préface... 8 10 Stations de sauvetage de France.... 80 Avant propos... 10 Aber Wrac h... 84 Argenton-Porspoder... 86 Île de Batz... 117 La Tremblade... 118 1 2 3 4 5 6 Les prémices d une organisation d assistance et de sauvetage maritime.... 12 La Société Centrale de Sauvetage des Naufragés.... 16 Organisation du sauvetage en mer dans les territoires français d Afrique du Nord. 20 Les Hospitaliers Sauveteurs Bretons... 26 La Société Nationale de Sauvetage en Mer... 30 Origine et création de la SNSM... 32 Les moyens... 34 Situation actuelle... 36 Organisation du sauvetage en mer... 37 Organisation de la SNSM... 38 Les Ressources... 39 Évolution des canots de sauvetage de la Société Humaine de Boulogne jusqu à la SNSM.... 40 Les canots à voile et avirons... 42 Les canots à moteurs... 46 Les canots tous temps... 48 Les vedettes de sauvetage... 50 Barfleur... 87 Carteret... 88 Belle Île en Mer... 89 Blainville... 91 Boulogne sur Mer... 92 Camaret... 93 Cancale... 94 Cap Ferret... 96 Carro... 97 Côte Basque... 98 Côte de Granit Rose... 99 Cros de Cagnes... 100 Dielette... 101 Dinard... 102 Erquy... 103 Estuaire de la Gironde... 105 Fécamp... 107 Fermanville - Cap Lévi... 109 Goury-La-Hague... 110 Gouville... 111 La Trinité sur Mer... 119 La Turballe... 120 Le Conquet... 121 Le Croisic... 123 Molène... 125 Nouméa-Nouvelle-Calédonie... 127 Océan Indien (La Réunion et Mayotte) 128 Oléron... 129 Ouessant... 131 Pays de Paimpol... 133 Penmarc h... 134 Pleubian... 137 Plouescat... 138 Port Vendres... 139 Port Saint Louis du Rhône... 140 Saint Cast... 142 Saint-Malo Saint-Servan... 144 Saintes-Maries-de-la-Mer... 146 7 Choix et origines des noms attribués aux canots.... 52 Granville-Chausey... 112 Gruissan... 114 Saint-Quay Portrieux... 148 Saint-Pierre et Miquelon... 150 8 9 Les maisons abris.... 56 La flotte de la SNSM.... 60 Honfleur... 115 Sein... 152 Conclusion... 154 Glossaire... 156 Canots Tous Temps... 64 Vedettes de première Classe... 68 Vedettes de deuxième Classe... 70 Vedettes légères... 74 Autres embarcations... 78 Bibliographie... 159 Annexes Les dix commandement s du citoyens de la mer... 160 Remerciements... 164

Chapitre X Stations de sauvetage de France V1 Ar-Beg - SNSM Trévignon. (Christian Herrou) 10

Organisation des stations de sauvetage Chaque station de la SNSM, se compose de la manière suivante : Bureau : 1 président bénévole, 1 secrétaire bénévole, 1 trésorier bénévole, Carte des stations de sauvetage 167 stations permanentes 44 stations saisonnières en métropole 14 stations permanentes Outre-Mer Équipage : Un patron du canot ou de la vedette, Un ou plusieurs équipages en fonction de l importance de l embarcation de sauvetage, tous bénévoles. Constitution d un équipage 1 patron 1 sous-patron 1 radio 1 mécanicien Des canotiers (plongeurs, secouristes entre autres) répartis de cette façon : 8 hommes pour un canot tous temps 6 hommes pour les vedettes de 1 re Classe 4 hommes pour les vedettes de 2 e Classe 3 hommes pour les vedettes de 3 e Classe, les vedettes légères ou les canots pneumatiques Il existe deux types de stations de sauvetage : Les stations permanentes : 167 Elles sont opérationnelles toute l année 24 heures sur 24 et équipées d une embarcation de sauvetage. Les stations saisonnières, au nombre de 44, ne sont opérationnelles que pendant l été. 82 83

L Aber Wrac h Canot tout temps et vedette légère de l Aber Wrac h. (SNSM l Aber Wrac h) L Aber Wrac h est situé sur la commune de Landéda. C est l un des ports de relâche parmi les plus importants de Bretagne Nord. Cette zone maritime connue comme «havre de la Palud» a été de l Antiquité jusqu au début du XIX e siècle, un important port commercial. Pendant longtemps, il n a été constitué que d un quai et d une digue. Au cours du XIX e siècle, 135 navires fréquentaient ce port qui armait 150 bateaux de pêche à la sardine et au maquereau. Aucun moyen de secours aux naufragés n existe sur la partie nord du littoral breton, depuis Saint-Malo (1865) jusqu à Audierne (1865). Viendront d autres stations : Molène (1866), Ouessant (1866), Roscoff (1866) et l Aber Wrac h. La station est ouverte en 1867. Un abri est construit, parallèle au rivage, complété par une cale de mise à l eau perpendiculaire à la grève. Le premier canot, le Thomassin, faisait 9,78 mètres. Il était auto-redressable, insubmersible et propulsé par 10 avirons. Il sera en service 33 ans et aura sauvé 50 vies en 20 interventions. À partir de 1901, c est le canot Madeleine qui prendra la relève, jusqu en 1940. Lors du second conflit mondial, la Wermarch édifié le mur de l Atlantique sur les côtes d Europe. Dans le cadre de cet ouvrage défensif, un mur anti-char est construit sur le port. Désormais le canot ne pourra plus être mis à l eau. Ce second canot de sauvetage aura pendant 39 ans assuré 19 interventions. Le 7 août 1986, c est le drame. L équipage entier périt en mer, lors d une intervention Dans la nuit du 6 au 7 août 1986, des feux de détresse sont signalés entre Ploudalmézeau et la presqu île Sainte-Marguerite. Le canot SNSM de Portsall, ne peut pas sortir, en raison de sa cale de mise à l eau qui est à sec à cause de la marée basse. Le canot de sauvetage de l Aber Wrac h sort de son abri, et part porter secours aux naufragés. À son bord se trouvent Le président du comité local, Joseph Oulhen, Jean Guélénnoc, Patrick Vigouroux, François l Hostis et Jean Thomas. À 2 h 46, le CROSS prévient l équipage qu il peut rentrer, car les naufragés ont regagné le rivage par leurs propres moyens. On retrouvera le canot déchiqueté sur la côte, avec toute la timonerie arrachée sur le plateau rocheux de Kerguen. La SCSN qui connaît des difficultés financières après la guerre, dans le cadre de la reconstitution d une flotte, songe à fermer la station. Ce sont les Hospitaliers Sauveteurs Bretons qui reprennent le flambeau. Ils affectent à l Aber Wrac h le canot tous temps de 14,50 mètres François Rolland. C est un canot en bois, des chantiers Lemaistre de Fécamp, propulsé par 2 moteurs de 55 CV qui lui permettent d atteindre 9 nœuds. En 1971, un nouveau canot tous temps le Capitaine de Corvette Cognet prendra la relève. Il s agit de l ancien de la station de Port-Bloc, située à l embouchure de la Gironde. Le drame de 1986 provoqua l émoi dans la population maritime. Le problème du vieillissement de la flotte de la SNSM est invoqué. En effet, beaucoup de canots de sauvetage en bois équipent encore nos côtes. Un plan de renouvellement de la flotte sera lancé par la SNSM. La station devient un symbole : celui de la solidarité et de l abnégation des sauveteurs en mer. Un nouveau canot tous temps performant sera offert à la station, en 1988, avec les concours du Secrétariat d État de la mer, du Conseil Général et du Conseil Régional. C est le SNS 064 Présidents Joseph Oulhen. Une vedette de troisième classe de type Antarès, la SNS 312 Libenter, le secondera à partir de 1980, jusqu en 2005. Deux vedettes assureront l intérim, en attendant une nouvelle unité prévue pour 2007 : La SNS 322 Patron Pierre Gibert, anciennement affectée à Grandcamps, et la SNS 325 Château Pichon Longueville Baron qui était auparavant à Pauillac. Une vedette légère nouvelle génération destinée à seconder le SNS 064, entre en fonction en 2007, la SNS 447 André Treguer. L Aber Wrac h entre ainsi dans ce début de XXI e siècle équipé de belles unités de sauvetage performantes, destinées à couvrir une zone dangereuse, et menées par des hommes qui vont bénévolement sauver leur prochain, en risquant leur vie. 84 85

Argenton-Porspoder-Lanidult Barfleur V2 SN 284 Colonel Picot II - Argenton Porpoder. (SNSM Argenton) Argenton, petit port du Finistère nord, se situe dans une zone parsemée de dangers : le chenal du four. Cet endroit interdit aux navires de fort tonnage, relie la Manche à la mer d Iroise. Il passe entre l Archipel de Molène et la Pointe de Corsen, et s étend d Argenton jusqu à la Pointe Saint-Mathieu. C était une route maritime très utilisée par les voiliers, au XIX e siècle et début du XX e siècle, car ils pouvaient ainsi gagner un à deux jours de mer. Les caboteurs et navires de pêche préféraient de loin emprunter cette route, plutôt que de contourner Ouessant et passer près de la Chaussée de Sein. Cependant le chenal du Four est un endroit parsemé de récifs, dont les fonds par endroits font 6 mètres. La Marine militaire de plus en plus présente, ainsi que le développement économique du port de Brest sous le règne de Napoléon III, vont inciter l état à édifier deux phares qui complèteront la signalisation de ce chenal. En effet, ceux de Saint-Mathieu et Kermorvan ne suffisent pas. Le phare du Four est construit en 1862 pour signaler les roches d Argenton, et celui des Pierres Noires est édifié en 1863 pour signaler le redoutable plateau du même nom. Il était important que des moyens de sauvetage soient mis en place pour pallier les dangers de cette zone. La station de sauvetage du Conquet créée en 1865 est trop éloignée, tandis que celles d Ouessant et Molène couvrent les alentours du terrible Fromveur. Une station de sauvetage est créée en 1868 à Portsall, mais le canot de sauvetage ne peut être mis à l eau que deux heures avant et après la pleine mer. Pour remédier à ce problème, la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés ouvre la station d Argenton en 1895. Elle couvre ainsi une zone qui s étend de la pointe de Corsen jusqu à l Aber Benoît. Un abri et une cale de lancement sont construits sur la presqu île d Olvez, à la sortie du port. Trois canots à avirons s y succèdent. Le Marie-Russe n 63 des chantiers Augustin Normand en service de 1895 à 1913. Lui succède l Henri Munier qui provient de la station de Douarnenez, portant le n 62. Le dernier canot à avirons, de la station, Pierre Geruvez, sera en fonction de 1932 à 1950. Avec la motorisation des stations de Portsall, Ouessant, Molène, et le Conquet, celle d Argenton, équipée d un canot à aviron n a plus de raison d être. Elle ferme en 1950. En 1962, la Société des Hospitaliers Sauveteurs Bretons réactive la station, et l équipe d un Zodiac Mark III, qui porte le nom d un ancien patron de la station : le Jean Fily. Une embarcation type Pop 5 vient compléter ce dispositif de 1975 à 1986. L augmentation de la plaisance incite la Société Nationale de Sauvetage en Mer à affecter une vedette de sauvetage. En 1979, c est chose faite, Argenton reçoit une vedette de troisième classe type Antarès qui porte le nom de Colonel Picot. Le Colonel Picot a été le premier Président de l Union des Blessés de la Face et de la Tête, fondation des Gueules Cassées, qui avait offert la première vedette. En 2000, la station obtient une vedette de seconde classe nouvelle génération : la Colonel Picot II. Elle est désormais basée au port de Lanidult, mieux protégé que celui d Argenton et bénéficiant d eau à toute heure. Ce petit port de pêche normand, situé à l est de la presqu île du Cotentin, est un havre naturel. C est à partir de ce port que Guillaume Le Conquérant partit à la conquête de l Angleterre. En 1120 eut lieu au large de Barfleur, le naufrage du navire Blanche Nef. C était le voilier royal qui transportait le seul fils légitime du roi Henri I e d Angleterre et d Édith d Écosse, le prince Guillaume Adelin. Au XII e siècle, à son retour des croisades, Richard Cœur de Lion a embarqué à Barfleur pour rejoindre l Angleterre. Barfleur a été durant la guerre de cent ans, le port favori des ducs de Normandie qui étaient également les rois d Angleterre. L économie de ce port tournée vers le commerce, s est orientée vers le XIX e siècle autour de la pêche. Barfleur se situe sur une zone d échanges maritimes entre l Angleterre et la Normandie. C est un lieu de passage très fréquenté. Sa côte parsemée de récifs et longée par le terrible Raz de Barfleur provoqua toujours de terribles naufrages. C est une zone de haut-fond, à 1 mille au large de Barfleur. L année de sa création, en 1865, la Société Centrale de Sauvetage ouvrit 4 stations sur le littoral français. Barfleur était l une d elles. La première station fut édifiée au fond du port. À l époque la mise à l eau était particulière : à marée haute, on amenait le canot sur son chariot au bord du quai, puis on faisait basculer le ber du chariot vers la mer. Le canot plongeait dans l eau du haut du quai en chute libre. À marée basse le canot était halé sur la grève, jusqu à la mer. Pour remédier à ce problème de logistique, en 1893, on édifia une cale de lancement au bout du port. Un premier canot à avirons, construit par les chantiers anglais Forrest and Son, est installé jusqu en 1889. Le second canot de 10,10 m des chantiers Augustin Normand : Sophie et Sainte Jeanne de Saint-Faron, sera en place jusqu en 1914. Le troisième et dernier canot à avirons de la station sera l Armand Forquenot. La station est motorisée en 1933 et détruite pendant la guerre. En 1955, un canot tous temps bimoteur construit par les chantiers havrais Augustin Normand est affecté à Barfleur : le Crestey et Sauvé. Il porte le nom de deux sauveteurs de Barfleur morts au cours d une intervention en 1893 : le sous-patron Crestey et le canotier Sauvé. Une maison abri avec une cale équipée de rails, adossée à l église, est construite au bout du port. Ce canot sera en place jusqu en 1993, puis remplacé par l ancien canot de Honfleur : Patrons Dubarre et Corvic. En 1997, un canot tous temps nouvelle génération est placé à Barfleur. Il porte le nom de l Amiral de Tourville, qui fut un illustre corsaire normand. Il a été nommé sous Louis XIV commandant de la «Royale». Il remplit ses fonctions de 1680 jusqu à sa mort en 1701. Tourville gagna une bataille navale contre les Anglais, à un contre deux, au large de Barfleur. L abri du canot étant trop petit pour accueillir le SNS 086, est transformé en musée du sauvetage. On peut le visiter et admirer le Crestey et Sauvé. SNS 086 Amiral de Tourville. (Jean Lavalley) 86 87

Barneville-Carteret Belle Île en Mer Vedette de première classe de Barneville-Carteret. (SNSM Barneville Carteret) Ce port a toujours eu une grande importance. Sous le duché anglo-normand, on y commerce avec les îles voisines de Jersey et Guernesey. Le port armait des navires pour Terre-Neuve et pour faire du cabotage. Une ligne maritime à destination des îles anglo-normandes est ouverte au XIX e siècle. Un phare est construit en 1830 sur le Cap Carteret, pour baliser l entrée du chenal de la Déroute, qui est une zone qui s étend entre Jersey et la côte normande. Une station de sauvetage est établie dans ce port, à partir de 1866. La SCSN y installe le Setier, canot de sauvetage d origine anglaise qui fait 9,78 mètres. Après 38 ans de service, il est remplacé par le Bellot-Villemot, qui est un canot de 10,10 mètres. Les stations voisines de Goury et Granville étant motorisées, la station n a plus de raison d être. Elle ferme en 1956. En 1982, c est la renaissance. La SNSM offre une vedette au port de Carteret : la SNS 328 Président Le Peltier. Le Zodiac Émile Valmy complète le dispositif de sauvetage. En 1997, une nouvelle vedette remplace la 3 e classe. Il s agit de l ancienne de Fécamp, la SNS 210 Président Michel Legrand. La SNS 328 est envoyée au centre de formation de la SNSM de Bordeaux. Depuis 2002, une vedette de première classe nouvelle génération est en service dans ce port : la SNS 143 Trois Grunes. Un tel canot s avérait nécessaire avec le développement de la plaisance sur la Côte des Isles. Ancien abri du canot de Barneville- Carteret. (Didier Chazal) Canot tous temps Belle Isle. (Didier Chazal) Cette île, Enez ar Gerveur l île de la citadelle en breton, est située au large du Morbihan face à la presqu île de Quiberon. Avec ses 17 km de long sur 9 km de large, c est la plus grande des îles bretonnes. Ce lieu a un passé très chargé en raison de sa proximité avec les routes commerciales maritimes qui lui confère une position stratégique. Au cours du IX e siècle, une communauté de l ordre religieux des Bénédictins s installe. En 1548, le Roi Henri II décide de fortifier l île, mais le chantier n aboutit pas. Le projet sera repris par le surintendant du Roi Nicolas Fouquet à partir de 1658. Après avoir monté un complot contre le Roi de France, Fouquet sera emprisonné et tous ses biens confisqués. C est Vauban qui, après la création de l Arsenal de An Orient (Lorient), reprendra les travaux de fortification. En effet, pour protéger les abords de Lorient, il construit de nombreuses fortifications sur la côte, entre Quiberon et Guidel. À partir de 1720 l île devient propriété de la Compagnie des Indes. Les ports de Sauzon et du Palais deviennent des ports de relâche pour les navires de commerce. En 1761 des troupes anglaises débarquent sur la plage des Grands Sables. Après un siège de 3 semaines, la garnison française chargée de protéger l île capitule. Ce morceau du territoire français sera propriété de la Couronne anglaise pendant trois ans. Le royaume de France récupérera Belle Île en 1763 en échange de Minorque. Belle île connaîtra un épisode peu glorieux, lorsqu en 1902, l État français installe sur l île une Colonie Agricole et Maritime, qui n est d autre qu un bagne pour enfants. Les jeunes détenus victimes de mauvais traitements se mutineront en 1934. C est alors que le grand public découvrira les conditions de détention de ces jeunes victimes. Cependant l établissement pénitentiaire ne fermera qu à partir de 1977 Jacques Prévert écrira le poème «Chasse à l enfant» pour dénoncer ce bagne. L île va connaître la prospérité à partir du XIX e siècle, grâce au développement de la pêche sardinière. Une importante flotte, allant jusqu à 400 chaloupes, venant de Douarnenez, de Penmarc h et de Concarneau, envahit les ports du Palais et de Sauzon à chaque début de saison. Face à cette forte affluence maritime, un abri du 88 89

Ancien canot de Belle Île en Mer Patrons Dubarre et Corvic. (Loïc Nivet) marin sera construit en 1901 dans l avant-port du Palais. Un phare construit à Bangor, haut de 92 mètres et d une portée de 27 milles, balise la zone depuis 1835. Pour protéger cette population maritime, la SCSN installe une première station de sauvetage au sud de l île, sur la commune de Locmaria. Un abri, équipé d une cale de mise à l eau, est construit à partir de 1874 dans le port d Arzic. Cette station couvre le sud de l île, mais aussi les Courreaux qui est la zone qui sépare l île du Continent, dans laquelle croisent de nombreux navires. Quatre canots de sauvetage à avirons vont s y succéder jusqu à sa fermeture en 1924. Le premier est un modèle anglais, le Masson, en service de 1873 à 1900. Puis ce sera le Joly de Morey, qui sera en service de 1900 à 1908. Deux autres unités lui succèdent, les canots Amiral Méquet I (1 908 à 1912) et Amiral Méquet II (1912 à 1924). Une autre station ouvrira au Palais à partir de 1879. Un abri provisoire en bois sera construit à Port Hallan. Suite à sa destruction par une tempête en 1881, le canot bâché sera remisé pendant 10 ans, dans la grande rue Un abri sera enfin construit dans l avant-port à partir de 1881, après que les travaux d aménagements portuaires du Palais aient été finis. De 1879 à 1920, le canot à avirons Vauvert de Méan aura assuré quarante-sept sorties. En 1920, la station est motorisée avec la mise en service du canot Félix William Spiers. Parallèlement une station de sauvetage avait été ouverte dans le port de Sauzon, pour couvrir le nord de l île. Elle a eu une durée de vie courte, puisqu elle fut en service de 1912 à 1949. Elle ne connaîtra qu un seul canot à avirons, le Léon Bret. La station du Palais est équipée à partir de 1932 par le canot Lucien Billet. La station connaîtra successivement deux canots portant le même nom, Patrons Dubarre et Corvic. Le premier sera en service de 1954 à 1959. Il s agit de l ancien canot de la station charentaise de La Pallice, Léon Marie Bourgeois. Le second, un modèle construit par les chantiers Jouët de Sartrouville, sera en place de 1959 à 1974. Ces deux unités de sauvetage portent les noms de deux sauveteurs locaux, le patron Dubarre et le sous-patron Corvic, qui disparurent en mer en novembre 1917, alors qu ils portaient secours à un dundée patrouilleur de la Marine nationale. Une nouvelle unité entre en service dans la station à partir de 1974. Ce canot tous temps, le SNS 054 Patron Emile Guyot, est un modèle en acier d un genre nouveau. Il s agit d une série commandée par la SNSM aux chantiers de la Société Française de Construction Navale, qui est une extrapolation des célèbres canots de sauvetage 44 feet, des US Coast Guard. Il sera en service jusqu en 2000. En 26 ans de service, le SNS 054 aura assuré 300 sorties, assisté 175 navires, secouru 475 personnes dont 50 seront sauvées d une mort certaine. Depuis le déclin de la pêche l île s est reconvertie dans la villégiature et le tourisme. Pour répondre à une augmentation de la plaisance dans ses eaux, la station du Palais s est équipée en 2000 d un magnifique canot tous temps de 17,60 mètres, le SNS 096 Belle Îsle. Cette unité performante et moderne permet aux sauveteurs locaux de continuer la noble tâche du sauvetage en mer, initiée avec les canots à avirons par leurs aïeux. VL ND de Gonneville,. Blainville. (Loïc Nivet) La vedette SNS 446 Notre-Dame-de-Gonneville, est l héritière d une longue histoire. À la fin du XIX e siècle aucun moyen de sauvetage en mer n existe entre les ports de Granville et Carteret qui, à cette époque sont équipés de canots à avirons. Sur cette côte s opèrent de nombreux échanges avec les îles anglo-normandeset une flotte importante pêche dans les parages. La SCSN ouvre une station en 1893. Un abri muni d une cale est édifié sur les dunes. Un canot à voiles et avirons y est installé : l Amiral Ribourg. Il porte le numéro 57 des chantiers Augustin Normand. Un canot de type pinasse landaise l Amiral Zédé le remplace jusqu en 1933, date à laquelle le canot est affecté à Valras et la station ferme. En effet, en 1921 la station de Granville est motorisée, avec l arrivée du canot Louis Albert Fontaine. Désormais ce fier canot à moteur couvre la zone qui s étend de la Baie du Mont-Saint-Michel, jusqu au Carteret. Blainville, par sa proximité avec Agon, voit se développer son activité balnéaire. Le manque d un moyen de secours en mer se fait de plus en plus ressentir. En 1958 les HSB rouvrent la station. Un abri est édifié à 50 mètres du rivage, un doris ponté et insubmersible y est installé : le Saint-Pierre. Il sera déclassé en 1960 et remplacé par un autre canot : le Saint-Pierre III. Entre-temps la zone conchylicole s agrandit, et nombreux sont les chalands ostréicoles dans ce secteur. Pour répondre à ce trafic, la station acquiert en 1989 un Zodiac Pro armé par un moteur de 40 CV. Ce n est qu en 2006 que la station aura une vedette de sauvetage : la SNS 446 Notre Dame de Gonneville. Blainville 90 91

Boulogne sur Mer Camaret Canot tous temps Président Jacques Huret. Boulogne sur Mer. (Loïc Nivet) La station de sauvetage de Boulogne est la plus ancienne créée sur le continent européen. Son ouverture remonte à 1825, soit un an après la création de la société de sauvetage anglaise, la RNLI. La station est sous la responsabilité de la Société Humaine et des Naufrages depuis son ouverture. Son comité de direction a la particularité d être franco-britannique. Après 183 ans, la SHB existe toujours et reste autonome, et libre dans ses décisions, alors qu elle est affiliée à la SNSM. À ses débuts, la SHB assurait la sécurité et la surveillance des bains de mer. Elle possédait deux petits canots de surveillance des plages. En 1833, le naufrage du navire pénitentiaire Amphytrite, qui amenait des détenus vers l Australie pour peupler la colonie fait naufrage. La population assiste à sa perte, impuissante. Dans ce drame 108 femmes, 12 enfants détenus à fond de cale et les membres d équipage périront. Un an après la Société Humaine fait l acquisition d un canot de sauvetage en bois, construit sur les plans du lifeboat anglais l Original de Greathead, l Amiral de Rosamel. Ce canot sera secondé à partir de 1850, par un autre canot, le George Mamby. Deux canots en tôle, de taille moyenne, les «Farmer» compléteront le dispositif à partir de 1890. À cette époque la SHB bénéficiait des aides de La société de sauvetage anglaise RNLI et de la chambre de commerce, conscientes de la nécessité d avoir des moyens de sauvetage conséquents à cet endroit qui est un lieu de passage très fréquenté. En 1898, le canot Providence remplace les deux anciennes unités boulonnaises. C est une embarcation de 11 mètres de long, armée par 14 avirons, non redressable mais à forte stabilité. Un abri est construit sur la jetée promenade du casino. Une cale de lancement, intégrée dans la digue, permet une mise à l eau rapide. En 1922 la station sera motorisée avec le canot Frères Ployer, et la SHB s associera avec la SCSN. Un abri est construit sur le quai du pilotage. Une voie ferrée permet d acheminer le canot de son abri jusqu à la grue qui sert à le mettre à l eau. Abri et canot seront détruits en 1944, lors des bombardements du Nord-Pas-de-Calais. La renaissance viendra à partir de 1951, lorsque le canot Marie Georgina Félicie sera affecté au port de Boulogne-sur-Mer et qu un abri sera construit pour le recevoir. Dans son plan de modernisation de la flotte de sauvetage, la SNSM commence à mettre en place dans les années soixante-dix les premières unités de première classe. Dans ce contexte de rajeunissement des moyens, Boulogne recevra à partir de 1977 une vedette en verre/résine, construite par les chantiers locaux Técimar, la SNS 109 Président Paul Le Garrec. Elle partira en 1992 pour la station morbihannaise de La Trinité-sur-Mer. Depuis la station de Boulogne est équipée de deux unités de sauvetage, le canot tous temps Président Jacques Huret et le semi-rigide Président Léonard Barron. La SCSN décide d implanter une station à Camaret en 1867, pour couvrir la zone du Goulet de Brest, dans laquelle il y a beaucoup de passages. La proximité des ports de guerre et de commerce de Brest incitera la Marine à installer des postes sémaphoriques sur les pointes du Gouin et de Pen-Hir. À cette époque Camaret, comme les ports voisins du Fret et de Roscanvel, est un port sardinier. Lors de la disparition de cette ressource, ce port finistérien se lance dans la pêche à la langouste. Cette activité économique a été lancée par Monsieur Provot. Une épopée va naître, celle de la pêche dans les eaux mauritaniennes avec les dundees langoustiers. Le premier abri destiné au canot de sauvetage était situé au fond du port, près de la plage du Corréjou. Mais il s avère trop loin pour une mise en œuvre rapide. Il sera délaissé à partir de 1901, au profit d une nouvelle maison abri construite au bout du sillon par les Ponts et Chaussées. Une cale de mise à l eau est ajoutée dans son axe. Elle sera équipée de rails en 1908. Un abri du marin est construit sur les hauteurs du port, sur le plateau du Lannic, en 1903. Ce foyer sera réquisitionné par l Armée pendant la Première Guerre mondiale et le canot envoyé à l arsenal de Brest, l abri est rasé par la «Royale» qui se sert de la cale pour ses hydravions. À la fin du conflit, la Marine nationale reconstruit l abri à l identique, au même emplacement. La station est motorisée en 1929. Les canots à avirons camaretois qui se succédèrent entre 1867 et 1929 sont : l Édouard Hollandre (1867-1900), le Comte et Comtesse Dognon (1900-1920), l ancien canot douarneniste François Henry Provensal rebaptisé Saint François (1920-1922) et l Amiral Rivet qui provient de la station ouessantine de Lampaul (1922-1929). Puis c est l arrivée des canots à moteurs. Le premier à entrer en fonction est le Thaï. Il y restera jusqu en 1954, remplacé par un second canot, le Thaï II puis un troisième baptisé en 1960 le Thaï III et déclassé en 1986. Il est désormais visible au port musée de Douarnenez. Un sémaphore nouvelle génération est installé en 1952, sur la Pointe du Toulinguet, en remplacement des deux anciens postes détruits pendant la guerre. À partir de 1986, la station va avoir un ancien canot bimoteurs de réserve, Le Vice-amiral Lacaze. Mais en 1987, une fortune de mer le met hors service. Il n est pas remplacé, et la station sera mise en sommeil jusqu en 1997. Cette partie de la mer d Iroise ne va, durant une année, être couverte que par les canots du Conquet et d Ouessant. En effet Molène n a pas eu de canot de 1986 à 1988. La section camaretoise sera réactivée en 1997, avec l affectation de l ancien canot tous temps de l île d Yeu, le SNS 052 Patron Noé Devaud. Depuis 2001 Camaret est équipé d un canot tous temps de 15,50 m, le SNS 097 Notre Dame de Rocamadour- GEMA. Quelques noms de sauveteurs camaretois : Pierre Meillard Victor Kerspern, André Torillec, Jean-Michel Boezennec. Le Notre Dame de Rocamadour - GEMA. Camaret. (SNSM Camaret) 92 93

Cancale Vedette légère Île des Landes. (SNSM Cancale) Au début du XIX e siècle, les infrastructures portuaires du quartier de la Houle sont précaires. Il existe un môle sommaire, mais insuffisant, qui remonte au XVIII e siècle. Il faut attendre 1838 pour que soit édifiée la digue de l Épi. La grève de la Houle voit s installer des chantiers navals à partir de la moitié du XIX e siècle. On y construit des bisquines, des flambarts, des lougres et des goélettes. Un phare est construit en 1863, ainsi qu une cale située dans son prolongement, au lieu-dit «La Fenêtre». Pour signaler les abords de Saint-Malo et de la Baie du Mont-Saint-Michel, un phare est construit en 1882, au large de la Pointe du Grouin sur le rocher du Herpin. Un sémaphore est installé sur cette pointe depuis 1861. Il communiquait avec celui de l Îsle Besnard. Au cours du XX e siècle, le port arme une quarantaine de goélettes morutières qui partent pêcher à Terre-Neuve. La pêche morutière près des côtes du Labrador finie, c est l ostréiculture qui va relancer l économie locale, avec l arrivée de conchyliculteurs charentais. Il existait auparavant une huître plate sauvage, dans la baie du Mont-Saint-Michel. On la pêchait avec des dragues traînées par des voiliers traditionnels locaux : les bisquines. Mais elle disparut à cause de la surexploitation. Cancale s est spécialisé dans le grossissement d huîtres creuses. Mais c est surtout la plate, réintroduite dans la baie, qui fait la réputation des ostréiculteurs. Cancale est le plus gros producteur de plates au niveau national. C est donc tout à fait naturellement qu en 1911, les HSB décident d ouvrir une section dans ce port. Il ne s agit, au début, que d un poste de premiers secours équipé d un canot de sauvetage côtier, mis à la disposition des riverains. Le premier local était situé sur le port de la Houle. Il sera déplacé en 1913, vers la grève de la Roche Hamon. Par la suite, un canot de sauvetage à voiles et avirons prendra la relève : Lieutenant Marçais. C est un canot de type Henry, en acier, propulsé par 10 avirons et deux voiles. Le personnel est recruté parmi les Douanes, les Phares et Balises et les Affaires Maritimes. Les canots sont laissés à flot, amarrés à un corps-mort. En 1921, le canot est motorisé. Un hangar en bois sera construit dans l anse de Port Mer. La station subit de gros dégâts, causés par l occupant pendant la Seconde Guerre mondiale. Un nouveau canot remplace le Lieutenant Marçais en 1959. C est le HSB 73 Général Duperrey. C est un canot de type nouveau. Construit par les chantiers Dubernet en 1957, il est d abord affecté à la station de Saint-Briac. C est un canot dit de «sauvetage côtier». Il s agit de l ancêtre des vedettes de 1 re et 2 e classe. L abri est agrandi pour le recevoir, et par la suite, la station recevra un zodiac en remplacement du canot, puis à partir de 1975 c est la vedette Arcoa SNS 53 Alienor d Aquitaine qui est affectée à la station. La section locale de la SNSM couvre une zone dans laquelle évoluent plus de 710 bateaux, qui s étend de l embouchure du Couesnon à Rothéneuf, voire jusqu à l archipel de Chausey. Dans cette zone côtière, la mer se retire loin. Aussi il est décidé en 1979 de mettre en place un canot pneumatique, en complément de la SNS 053. Il couvre ainsi le fond de la baie, avec les stations voisines du Mont-Saint-Michel, Saint-Jean-Le-Thomas et celle de Genêts. Il est installé dans un local mis à disposition par les Phares et Balises. En 1982, la SNS 30 Pays de Retz, en provenance de Pornic, remplace la SNS 53. Cancale reçoit une nouvelle vedette à partir de 1989. Notre Dame du Verger est une embarcation de seconde classe flambant neuve, qui porte le matricule SNS 228. Elle a le nom d une chapelle locale que les marins portent dans leur cœur. Le 6 février 1996, c est le drame. Suite à une tempête, la SNS 228 est drossée sur la côte et se disloque sur la pointe Sainte-Barbe à Port-Mer. La vedette a chassé sur son mouillage qui a rompu. Entre 1996 et 2003, la section SNSM Cancalaise recevra différents moyens d intervention. La SNS 328 Président Lepeltier qui arrive de Carteret sera en service jusqu en 1997. Jugée trop vieille, elle est remplacée par la SNS 206 Président Robin, qui arrive de la station de la Seyne-surmer. Mais le mauvais sort s acharne. En 1998, elle coule dans l anse de Port-Mer, alors qu elle est à son mouillage. La SNSM cancalaise est désemparée. La station ferme pendant deux ans. Mais grâce à une équipe soudée et à la pugnacité de son président, Monsieur Visbecq, dévoué et passionné, c est la renaissance de la SNSM cancalaise. Une vedette est installée à Port-Mer en 2002. Il s agit de la SNS 218 Martine Charcot, en service auparavant dans la station voisine de Saint-Malo. Mais Monsieur Visbecq a un objectif bien précis : équiper Cancale d une unité neuve. Comme maintenir un canot à flot est risqué, il est décidé de revenir à une méthode qui a fait ses preuves pendant plus d un siècle : un canot de sauvetage, sur un chariot de mise à l eau, logé dans une maison abri. Un abri construit à Port Picain reçoit en 2003 une unité flambant neuve : la SNS 434 Île des Landes. La mise à l eau se fait grâce à un attelage spécial : une remorque équipée de vérins, qui permet de venir prendre le bateau par l avant ou par l arrière (selon les conditions météo de mise à l eau). Le président étant décédé en 2005, l abri du canot porte désormais son nom, pour rappeler son action. Abri du canot de sauvetage de Cancale. (Loïc Nivet) 94 95