2007 Gianfranco Soldati Théorie de la Connaissance Chapitre 3 La connaissance a priori 1. L empirisme classique 1. Thèses épistémologique : toute connaissance doit se justifier par les sens (externes ou internes). 1.1. Remarques et problèmes classiques: 1.1.1. Est-ce que toute connaissance doit être fondée sur des expériences sensorielles? 1.1.1.1. Si oui, alors il faut trouver des expériences sensorielles infaillibles. Exemple : la connaissance des «sense data»? (Berkeley 1710, Russell 1912, Ayer 1946) 1.1.1.2. Si non, alors on adopte une position fallibiliste qui ne donne pas de réponse globale au défi sceptique: nous ne pouvons pas savoir que nous avons des connaissances portant sur le monde externe, plutôt que d être en train de rêver ou bien d être des cerveaux dans une cuve. (Hume, Dretske). 1.1.2. Les limites l empirisme : 1.1.2.1. Hume, Russell 1935, Russell 1948/1992 (ch 10) : le problème de l induction. 1.1.2.2. Sellars 1963, McDowell 1994 : si la connaissance est une croyance vraie et justifiée, alors la question se pose de la façon de laquelle une expérience sensorielle (par ex. : perception) peut justifier une croyance. Une expérience ne fait pas partie de l espace logique des raisons. 1.1.2.3. La connaissance introspective n est pas sensorielle (il n existe pas de sens interne, et donc pas de perception interne). 1.1.2.3.1. Conséquence : il n existe pas vraiment de connaissance introspective? (Ryle 1949). 2. Thèse sémantique : la signification des mots se réduit en dernière instance aux circonstances de vérification empirique d énoncés assertoriques. Slogan : «la signification d une phrase est déterminée par ses conditions de vérification» (Ayer, Cercle de Vienne). 2.1. Conséquences : 2.1.1. Contextualisme : 2.1.1.1. On ne peut pas vérifier des mots, seulement des assertions ; 2.1.1.2. Les mots n ont de signification que dans le contexte d une phrase (Frege, Schlick, Dummett). 2.1.2. Principe de signification : Des mots qui ne permettent pas de vérification empirique n ont pas de signification (philosophie?) 2.1.3. Identité de signification : Différentes mots qui ne se distinguent pas du point de vue de la vérification empirique des assertions dans lesquelles ils apparaissent ont la même signification. 3. Quine : Holisme de vérification et holisme sémantique. 2. La conception de Kant (Kant 1781/1787) 2.1. Critique de l empirisme 1. Deux thèses distinctes sur la relation entre la connaissance et l expérience: 1.1. Toute connaissance commence par l expérience. 1.2. Toute connaissance ne surgit ( entspringt ) que de l expérience (n est justifiée que par l expérience?)
2. Kant : 2.1. La première n implique pas la deuxième. 2.2. La première est correcte, la deuxième est fausse. 3. Distinction entre connaissance (KrV, B1ff): 3.1. A posteriori : qui dépend ( abhängt ) de l expérience et des sensations ( Eindrücke, impressions). 3.1.1. Exemple : 3.1.1.1. Tout corps est lourd. 3.2. A priori : qui ne dépend ( abhängt ) d aucune expérience et d aucune impression sensorielle. 3.2.1. Exemples : 3.2.1.1. Tout changement possède une cause. 3.2.1.2. Tout corps est étendu dans l espace. 3.2.1.3. Tout objet possède une substance. 3.3. Remarques : 3.3.1. La distinction ne concerne pas le contenu des jugements, mais leur fondement (ce dont ils dépendent) ; 3.3.2. Est-ce que le fondement est psychologique ou bien épistémique? 3.3.2.1. Kant n est pas toujours clair, mais la tendance générale semble être : épistémique. 3.3.3. Donc : La distinction entre a priori et a posteriori concerne le type de justification que l on peut donner d un jugement. 3.3.4. Mais : est-ce que Kant est en train de donner une théorie de la justification ou bien une théorie de la connaissance? Pas toujours clair. 4. Distinction entre les deux sources de la connaissance (B74ff) : 4.1. La réceptivité des impressions : une représentation nous est donnée dans l intuition ( Anschauung ); 4.2. La spontanéité des concepts : un objet est pensé et reconnu dans la pensée, une activité de l entendement. 5. Concepts et intuitions : 5.1. purs, formels ( rein ) : quand ils ne contiennent rien d empirique ; 5.2. empiriques, matériels : quand ils contiennent de la sensation (qui présuppose la présence réelle ( wirklich ) de l objet). 6. L argument principal contre l empirisme: (B3-4) : 6.1. Tout jugement nécessaire (nécessairement, A est B) exprime une connaissance a priori. 6.1.1. Argument : l expérience peut nous montrer comment les choses sont, mais pas qu elles ne peuvent pas être autrement. 6.2. Tout jugement universel (tous A est B) exprime une connaissance a priori. 6.2.1. Argument : l induction construite sur l expérience peut donner une généralité comparative ou bien hypothetique, mais pas stricte. 6.3. Il existe clairement ( ist leicht zu zeigen, B4) des jugements nécessaires et des jugements universels : 6.3.1. Dans les sciences : tout énoncé mathématique ; 6.3.2. Dans l usage ordinaire de l entendement ( Verstand ), le jugement : 6.3.2.1. Tout changement possède une cause. Ce jugement est nécessaire et universel (contrairement à ce que pensait Hume). 6.3.3. Dans l analyse des concepts : 6.3.3.1. Tout corps et nécessairement étendu dans l espace 2
Le concepts de corps comprend le concept d étendue spatiale, puisque on peut renoncer à toute autre information acquise par l expérience, mais pas à celle-ci (B5). Ici : la notion d espace est contenue dans le concept de corps (test : pensabilité?) 6.3.3.2. Tout objet est ou dépend d une substance. 6.3.3.2.1. Le concept de substance va plus loin que le concept d objet, mais le jugement est nécessaire et universel. 6.4. Conclusion : La connaissance ne peut pas être fondée entièrement sur l expérience. 2.2. La statut des connaissances synthétiques a priori (B10-14) 1. Distinction entre deux types de jugements ( A est B ) sur la base de leur contenu : 1.1. Analytique : le concept du prédicat est contenu dans le concept du sujet. 1.1.1. La relation entre le sujet et le prédicat est une relation d identité. 1.1.2. Le jugement est de nature explicative. 1.1.3. Le jugement propose une analyse ( Zergliederung ) du concept du sujet 1.1.4. Exemple : 1.1.4.1. Tous les corps sont étendus 1.1.5. Questions : en quoi exactement réside l identité? 1.1.5.1. Le concept de corps est identique au concept d étendue? Non, parce que Kant dit que B est contenu dans A (la partie propre n est pas identique au tout dont elle partie). 1.1.5.2. Tout ce qui est un corps est identique à une chose qui est étendue? Peutêtre, mais on voit mal pourquoi cela ne pourrait pas être le cas aussi pour un jugement synthétique. 1.1.5.3. Tout ce qui est un corps est nécessairement identique à une chose étendue? Mais alors on définit analytique à travers nécessaire. 1.1.5.4. Autres solutions? 1.2. Synthétique : Le concept du prédicat n est pas contenu dans celui du sujet. 1.2.1. Le jugement est de nature extensive ( Erweiterungsurteil ). 1.2.2. Le prédicat ajoute quelque qchose (quoi?) au sujet. 1.2.3. Exemple : 1.2.3.1. Tous le corps sont lourds. 2. Thèse : Tous les jugements a posteriori sont synthétiques. 2.1. Argument : un jugement analytique ne peut pas être a posteriori, puisque je dois pouvoir obtenir le prédicat par la seule analyse (activité de la raison) du sujet. 2.1.1. Remarques : 2.1.1.1. Donc : tous les jugements analytiques sont a priori. 2.1.1.2. Donc : les jugements analytiques ne contribuent pas à l extension de notre connaissance? Donc le jugement tous les corps sont étendus ne constitue pas une véritable connaissance? Si, mais une connaissance qui concerne la nature de nos concepts, pas la nature du monde? 2.2. Le jugement tous les corps sont lourds est synthétique, parce que il faut faire une expérience du tout comprenant un corps avec sa lourdeur (le jugement est d ailleurs contingent). 3. Les jugements synthétiques a priori : 3.1. Exemples : 3.1.1. Tout ce qui arrive possède une cause Ce jugement est nécessaire et universel. Ce jugement n est pas analytique. 3.2. La question : quel est le X sur la base duquel on forme des jugements synthétiques a priori? 3.3. Thèse : toute notre connaissance spéculative repose sur des jugements de ce type. 3
Jugements A priori A posterori Analytique + - Fondés sur l analyse conceptuelle Nécessaires et universels synthétique??? Fondés sur X Nécessaires et universel + Fondés sur l expérience Contingents 2.3. Exemples de jugements synthétiques a priori (B15-18) 1. Arithmétiques : 7+5=12. 2. Géometrie : La ligne droite est la ligne la plus courte entre deux points. 3. Physique : 3.1. Dans tout changement, la quantité de la matière reste la même (Newton). 3.2. Dans tout mouvement, action et réaction sont identiques. 4. Le cas des jugements arithmétiques: 4.1. Thèse : Le concept du nombre 12 n est pas contenu dans le concept de la somme de 7 et 5. 4.2. Argument : 4.2.1. Quand je pense la réunion de 7 et 5 je ne pense pas par là le nombre 12. Interprétation possible : Une personne (enfant) peut être en mesure de compter jusqu à 7, connaît la signification de l addition (sait faire 2+2), mais ne sait pas faire l addition de 7 plus 5. L enfant sait qu il existe un nombre qui correspond à la somme de 5+7, mais l enfant ne connaît pas ce nombre. 4.2.2. Pour atteindre le nombre 12 il faut faire intervenir une intuition/activité, comme celle qui consiste à compter le nombre des doigts. 4.2.2.1. Interprétation. Il semble s agir d un argument à deux pas : 4.2.2.1.1. Il existe une relation conceptuelle entre le concept d addition et le concept de compter. 4.2.2.1.1.1. Le concept d addition est réductible au concept d une suite de nombres (le nombre n+m correspond à un nombre obtenu sur la suite des nombres sur laquelle se trouvent n et m). 4.2.2.1.1.2. La notion de suite de nombres est réductible à la notion de compter : quand on compte, on compte la suite des nombres. 4.2.2.1.2. L activité de compter est une activité synthétique. 4.2.2.2. Donc : Le premier argument dit que le concept d addition contient le concept de compter (celui qui réfléchit à ce que cela veut dire de faire l addition de m et n sait qu il signifie de compter jusqu'à n et puis continuer de compter encore m fois). Le deuxième argument affirme que compter n est pas une activité d analyse. L analyse du nombre 1 ne me donne pas le nombre 2, même si quand je compte, le nombre 2 vient après le nombre 1. 4.3. Les deux arguments précédents sont d autant plus évidents dans le cas des grands nombres. 4.3.1.1. Il est vrai que dans le cas de deux grand nombres, même l adulte ne peut connaître la somme sans calculer. Mais ce point ne concerne que le premier argument, pas vraiment le deuxième. 4.4. Questions 4.4.1. Il existe au moins deux façons de concevoir un nombre entier : 4.4.1.1. en vertu de sa place dans la suite des nombres (ordinalité) ; 4
4.4.1.2. en vertu de la grandeur des ensembles d objets auxquels ils s applique (cardinalité). 4.4.1.3. Kant semble devoir opter pour la première conception de nombre pour pouvoir défendre sa conception. Un position neutre en la matière serait préférable. 2.4. Les deux notions d a priori chez Kant 1. Jugements analytiques 1.1. Est-ce une véritable forme de connaissance? 1.2. Si oui, elle porte sur quoi? 1.2.1. Sur la nature des concepts et/ou sur la relation entre les concepts? 1.2.2. Si oui, en quoi consiste la justification? Une possibilité : un jugement analytique est justifié par la simple saisie de la nature des concepts. 1.3. Un jugement analytique est alors justifié a priori dans la mesure où les conditions suivantes sont satisfaites (toutes néc. et suff.?): 1.3.1. Toute personne qui comprend (activité de la raison) les concepts qui composent le jugement est justifiée à l accepter. Celui qui rejette le jugement n a pas compris les concepts qui le composent 1.3.1.1. Donc : pour tout sujet S, il n est pas possible : S comprend p et S juge de façon justifiée que non-p. 1.3.2. Le contenu du jugement implique la vérité du jugement. 1.3.2.1. Donc : pour tout jugement que p : (p le jugement que p est vrai). 1.3.2.2. Différentes possibilités : 1.3.2.2.1. p est vrai dans toute circonstance de jugement («je pense»?) 1.3.2.2.2. p est nécessaire («2+2=4»?) 1.3.2.2.3.. 2. Jugements synthétiques 2.1. Il s agit clairement d une forme de connaissance ( Erweiterung ). 2.2. Une connaissance qui porte sur quoi? Des faits de raison? Des faits mathématiques, géométriques, philosophiques? 2.3. Il n existe pas d intuition purement intellectuelle selon Kant (la raison n est jamais passive). Donc : en quoi ces jugements synthétiques a priori sont-ils justifiés? 2.3.1. Exemple de l arithmétique : l activité de compter, qui est liée au découlement du temps, et donc à la forme pure de l intuition sensible (cf. Esthétique Transcendantale), est à la base de la connaissance mathématique. 2.4. La critique de la raison pure essaye de déterminer le type de justification que la raison peut obtenir pour des jugements a priori dans le domaine de la métaphysique. 5
3. Quine 1951 1. LES DEUX DOGMES DE L EMPIRISME LOGIQUE 1.1. Il existe une distinction entre analytique et synthétique (cf. Carnap 1947/1956): 1.1.1. Les vérités analytiques sont des vérités qui sont établies en vertu de la seule signification des mots. 1.1.2. Les vérités synthétiques ne peuvent pas être établies uniquement en vertu de la signification des mots, elles sont établies par référence aux faits. 1.1.3. Il n existe pas d autres vérités. 1.2. Réductionnisme (Carnap 1928): 1.2.1. La signification des mots peut être reconduite en dernière analyse à des données sensorielles (vérificationnisme sémantique). 2. LA CRITIQUE DU PREMIER DOGME. 2.1. L argument central de Quine : 2.1.1. Le concept d analyticité est confus. Il est utilisé de façon circulaire : 2.1.1.1. Il repose sur le concept d identité de signification (synonymie), mais cette notion repose elle même sur la notion d analyticité. 2.1.2. Il n est par conséquent pas possible de distinguer clairement l analytique du synthétique. 2.1.3. Le dogme n a pas de signification. 2.2. Analytique et vérité logique. Les deux exemples : (1) Aucun homme non-marié est marié. (2) Aucun célibataire n est marié. 2.2.1. Un énoncée est logiquement vrai quand il est vrai indépendamment de la signification des expressions non-logiques qu il contient. Cela vaut pour (1), mais pas pour (2). 2.2.2. La notion d analytique qu il faut étudier est donc celle qui s applique à (2). 2.2.3. On dit que (2) est vrai en fonction de la signification des mots, parce que célibataire est synonyme de (a la même signification que) homme non marié. 2.3. Analytique et signification 2.3.1. Il faut distinguer la signification d un mot de son extension (sa dénotation). Deux expressions peuvent avoir la même extension et une signification différente. Des énoncés qui sont vrais en fonction de l extension de leurs termes («tous les organismes avec un cœur ont un foi») ne sont pas analytiques. 2.3.2. La seule utilité de la notion de signification est alors celle d être ce à quoi on fait appel pour déterminer ce que cela veut dire pour un énoncé que d être analytique. 2.3.3. Mais cela est circulaire. Il faudrait pouvoir déterminer la notion d analyticité sans devoir faire appel à la notion de signification (ou de synonymie). 2.4. Les trois conceptions alternatives de l analytique : 2.4.1. Par définition : (1) est analytique parce que (1) est vrai en vertu de la définition de célibataire. 2.4.1.1. Comment déterminer ce qui définit un terme linguistique? 2.4.1.1.1. Par recours au dictionnaire. Non, parce que le dictionnaire ne fait que reporter un fait empirique, à savoir que les gens utilisent les deux termes comme synonymes. Les gens n utilisent pas les termes de cette façon parce que c est écrit ainsi dans le dictionnaire. Donc, si définition il y a, elle présuppose la synonymie (identité de signification). [Les gens auraient pu se mettre d accord explicitement par une définition. Mais nous n avons aucune idée de comment cette définition se serait produite dans l histoire d une langue ordinaire.] 6
2.4.1.1.2. Par explication (Carnap). Le philosophe donne une signification plus précise à un mot, en restreint le contexte d utilisation, etc. Là aussi, il faut que la synonymie subsiste au moins dans les contextes restreints. 2.4.1.1.3. L introduction explicite d un terme nouveau dans une langue : ceci est acceptable, mais de toute évidence ne couvre qu une série très limité de cas. Même dans les disciplines formelles, les définitions ne sont que rarement de ce type. Plus souvent on introduit des raccourcis pour des relations complexes ou bien on réduit le lexique de base, ce qui repose toujours sur un minimum de synonymie. 2.4.2. Par interchangeabilité : deux termes sont synonymes quand ils sont interchangeables dans tout contexte salva veritate. Analyticité pourrait donc être définie en termes d échangeabilité s.v. 2.4.2.1. La notion d échangeabilité s.v. dont il est question ici correspond à la notion de synonymie cognitive. Celle-ci subsiste entre deux termes A et B quand un énoncé contenant les deux termes peut être transformé en une vérité logique par substitution d un des termes. Ceci vaut notamment pour les énoncés que l on considère analytiques. Deux termes sont donc cognitivement synonymes quand un énoncé comme le suivant est analytique : (3) Tous et seulement tous les célibataires sont des hommes non mariés. 2.4.2.2. Comment s assurer que deux termes satisfont cette condition sans recourir à la notion d analyticité (afin d éviter la circularité)? Une méthode simple serait d utiliser la notion de nécessité de la façon suivante : (4) Nécessairement : tous et seulement tous les célibataires sont des célibataires. (5) Nécessairement : tous et seulement tous les célibataires sont des hommes non mariés. 2.4.2.3. L énoncé (4) est clairement vrai (les vérité logiques sont nécessaires). 2.4.2.4. On pourrait donc dire que célibataire et homme non marié sont cognitivement synonymes (et (3) est donc analytique) parce que ils sont interchangeables dans un contexte de nécessité. 2.4.2.5. Mais : un langage extensionnel qui ne contient pas d opérateur de nécessité admet la vérité de (3). Cependant, une telle échangeabilité ne suffirait pas pour la synonymie cognitive (cf. 2.3.1). 2.4.2.6. Donc : pour pouvoir appliquer la notion d analyticité, le langage dit être étendu en ajoutant le prédicat de nécessité. Mais : on ne peut pas expliquer la notion d analytique par l utilisation d un terme qui est introduit dans le langage rien que pour expliquer cette notion. 2.4.3. Par règles sémantiques. 2.4.3.1. Nous voulons obtenir une compréhension générale d énoncés du type S est analytique en L pour n importe quelle valeur des variables S et L. 2.4.3.2. On peut postuler (Carnap) des règles sémantiques (des règles qui concernent la signification des énoncés, pas leur forme syntaxique) pour une langue donnée (L0), de façon telle que pour tout énoncé S de L0 nous savons si S est analytique ou pas. Mais cela ne signifie pas que nous avons atteint la compréhension générale que nous cherchions. Nous ne savons pas ce que nous disons en disant que S est analytique en Lo si nous ne connaissons pas auparavant la signification de analytique. 2.4.3.3. Pour éviter cela nous pouvons concevoir la démarche comme introduisant par définition explicite la notion de analytique-en-l0. Mais en faisant cela nous ne comprenons pas ce que cela veut dire que d être analytique de façon générale. Nous savons que analytique-en-l0 détermine une classe d énoncé en L0, mais nous ne savons pas ce que cela veut dire. 2.4.3.4. Nous pouvons stipuler qu une certaine classe d énoncé de L0 contient des énoncés que nous appelons analytiques, mais cela ne nous dit pas plus que si nous disions que c est la classes des énoncés qui se trouvent sur la page X du livre qui décrit le langage artificiel L0. 7
2.5. Conclusion. La vérité d un énoncé dépend à la fois de la signification des mots que du monde. On envie de dire que les énoncés analytiques sont ceux dont la vérité est indépendante du monde. Mais il n est pas clair ou tirer la ligne entre analytique et synthétique. Les concepts ne sont pas vagues, il n ont tout simplement pas de frontières. 3. LA CRITIQUE DU DEUXIÈME DOGME. 3.1. Définition d analyticité en termes vérificationnistes : 3.1.1. La signification d un énoncé est déterminée par la méthode de sa vérification. 3.1.2. Deux énoncées sont synonymes quand ils ont la même méthode de vérification. 3.1.3. Synonymie : Deux mots ont la même signification quand ils sont substituables dans des énoncées qui ont la même méthode de vérification ; 3.1.4. Un énoncée est analytique quand il est synonyme à un énoncée qui est logiquement vrai. 3.2. Cette définition présuppose qu il soit possible de déterminer les conditions de vérifications d un énoncé en isolation des autres. Mais cela n est pas le cas. 4. Les deux dogmes reviennent au même. Si on pouvait définir clairement les conditions de vérification d un énoncé, on pourrait dire qu un énoncé est analytique se ces conditions de vérifications sont toujours satisfaites, dans n importe quelle situation. 4. Bibliographie Ayer, A. J. 1946: Language, Truth and Logic. London: Gollancz. Berkeley, George 1710: A Treatise concerning Human Knowledge. Oxford: Oxford University Press, 1998. Bonjour, Laurence 1998: In Defense of Pure Reason. Cambridge: Cambridge University Press. Carnap, Rudolf 1928: Der Logische Aufbau der Welt. Berlin : Weltkreis Verlag. English translation: Carnap, Rudolf 1967: The Logical Structure of the World. Pseudoproblems in Philosophy. Berkeley: University of California Press.. Carnap, Rudolf 1947/1956: Meaning & Necessity. A Study in Semantics and Modal Logic. Chicago & London: The University of Chicage Press. Grice, H. P. and Strawson, P.F. 1956: 'In Defense of a Dogma', Philosophical Review, 65 pp. 141-58. Kant, Immanuel 1781/1787: Kritik der reinen Vernunft. Hamburg: Meiner, 1998. McDowell, John 1994: Mind and World. Cambridge (MA): Harvard UP. Putnam, Hilary 1976: 'Two Dogmas revisited'. In Ryle, Gilbert (ed.) 1976: Contemporary Aspects of Philosophy. London: Oriel Press, pp. 202-13. Putnam, Hilary 1983: Realism & Reason, Philosophical Papers (Vol. 3). Cambridge: Cambridge University Press, p. 87-97. Quine, Willard v. Orman 1951: 'Two Dogmas of Empiricism', Philosophical Review, 60 pp. 20-43. Russell, Bertrand 1912: The Problems of Philosophy. Oxford: Oxford University Press. Russell, Bertrand 1935: 'The Limits of Empiricism', Proceedings of the Aristolelian Society, 36 pp. 131-50. Russell, Bertrand 1948/1992: Human Knowledge. Its Scope and Limits. London: Routledge. Ryle, Gilbert 1949: The Concept of Mind. London: Hutchinson & Company. Sellars, Wilfrid 1963: 'Empiricism and the Philosophy of Mind'. In Feigl, Herbert & Scriven, Michael (eds.) 1963: The Foundations of Science and the Concepts of Psychology and Psychoanalysis, Minnesota Studies in the Philosophy of Science. Minneapolis: University of Minnesota Press, pp. 253-329. 8