Partie du système nerveux central qui relie certains groupes de neurones à l origine de fortes sensations de plaisir et de satisfaction.



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Transcription:

avec la collaboration du Centre de vulgarisation de la connaissance, Université Paris XI LEXIQUE LE CANNABIS SOUS L ŒIL DES SCIENTIFIQUES Addiction État de besoin vis-à-vis d une drogue ou d une pratique (jeux, achats compulsifs ) qui marginalise l individu et le met en souffrance. L addiction se rapproche de la dépendance, mais elle s étend à d autres domaines que l usage de drogue. Elle provoque un manque, un besoin vis-à-vis d une activité ou d une substance. Les personnes ayant un comportement addictif agissent par besoin et voient dans ce comportement un moyen de se sentir mieux. L usage addictif est mal accepté par la société et marginalise l individu. Le manque vient d une réaction naturelle : l envie de quelque chose de bon. La sensation de plaisir, lorsqu on goûte du chocolat par exemple, est due à l élévation du taux de dopamine dans le cerveau. La vue de chocolat associée au souvenir de ce plaisir provoque alors l envie : le taux de dopamine s élève transitoirement dans le circuit de récompense. Si la récompense ne vient pas, le niveau de dopamine descend au-dessous de son niveau normal créant un manque. La drogue exacerbe ce processus en agissant directement sur les neurones libérant la dopamine. Elle crée une sensation d euphorie due à l élévation très importante du taux de dopamine. Vient ensuite le désir de revivre cette euphorie, l'élévation transitoire du taux de dopamine, qui déclenche la recherche de drogue et le manque. Circuit de récompense Partie du système nerveux central qui relie certains groupes de neurones à l origine de fortes sensations de plaisir et de satisfaction. Pour qu une espèce assure sa survie, il faut qu elle assure ses fonctions vitales (se nourrir, se défendre, se reproduire ). Au cours de l évolution, un circuit qui «récompense» l exécution de ces fonctions vitales par une sensation agréable s est mis en place dans notre cerveau. Son rôle s est ensuite élargi pour nous inciter à répéter les expériences plaisantes apprises au cours de la vie. On distingue trois phases dans le fonctionnement de notre circuit de récompense. D abord, en réponse à un stimulus sensoriel (toucher, vue, faim, soif ), notre cerveau nous pousse à l action pour satisfaire un besoin ou un désir : c est la faim qui nous pousse à manger quand notre taux de glucose diminue dans le sang. En deuxième lieu, cette action est récompensée par une sensation de plaisir. C est l action surtout qui est récompensée et pas seulement le fait de satisfaire le besoin. Enfin, un sentiment de satisfaction vient mettre un terme à l action, jusqu à ce qu un nouveau signal vienne encore déclencher un désir. Les comportements utiles à notre survie sont donc sous contrôle du circuit désir action satisfaction, système de neurones particuliers de notre cerveau. 1

Dépendance Assujettissement à une drogue qui se manifeste par le besoin irrépressible de ce produit et qui peut entraîner des changements de comportement. L usage de drogues provoque une dépendance psychique : la drogue est associée par le cerveau à un moyen d'accès vers un état de satisfaction intense. Certaines drogues (héroïne, opium ) développent en parallèle une dépendance physique. L organisme intoxiqué réagit alors au manque de drogue par des tremblements, sueurs, nausées, convulsions Plusieurs théories cherchent à expliquer la dépendance. Celle du renforcement négatif suppose que la prise de drogue vise à éviter un état de manque, celle du renforcement positif, qu elle vise à renouveler un plaisir intense. La réalité semble se situer entre les deux. L usage de drogue modifie la communication entre les cellules nerveuses. Il en résulte un malaise psychique et parfois physique en l absence de drogue (de tabac par exemple), qui pousse l usager à la consommation pour éviter cet état. Cependant, l exposition à une drogue laisse également un souvenir marquant qui joue un rôle dans le circuit de récompense. Le toxicomane éprouve un désir pour sa drogue, exacerbé par ce souvenir. Ce désir impératif va souvent être prioritaire sur le plaisir procuré par la drogue elle-même. Drogue Produit naturel ou synthétique dont la consommation modifie une ou plusieurs fonctions de notre organisme et peut entraîner une dépendance. Une drogue est une substance qui peut modifier une ou plusieurs fonctions physiologiques ou psychiques (comportements, pensées, émotions, humeur ). Toute drogue est susceptible d entraîner une dépendance physique ou psychologique. En termes scientifiques, les drogues sont synonymes de substances psychoactives, expression neutre sans connotation juridique. Les classifications des drogues diffèrent selon les domaines : scientifique, sanitaire ou juridique. Certaines regroupent les drogues en fonction de leurs effets sur le système nerveux central et leurs propriétés thérapeutiques, d autres en fonction de la dépendance qu elles engendrent. Elles ne tiennent pas compte alors de la notion de drogue licite ou illicite qui résulte de la classification juridique. Le droit international, à travers la Convention unique de 1961, distingue ainsi les stupéfiants, sévèrement contrôlés, et les psychotropes (somnifères, anxiolytiques ). Le cannabis en particulier est classé parmi les stupéfiants, et le THC, son principe actif, dans les psychotropes! Aucune définition claire d un stupéfiant n est donnée à ce jour. Injonction thérapeutique Obligation pénale, pour l usager de drogue interpellé, de suivre une cure de désintoxication ou de se placer sous surveillance médicale. L usage de stupéfiants est à la fois une infraction à la loi et un problème de santé publique. C est pourquoi la loi prévoit un traitement judiciaire et sanitaire de l usager interpellé. Les soins thérapeutiques sont dispensés par des médecins ou des psychiatres et peuvent prendre plusieurs formes : aide sociale, accompagnement psychologique, traitements médicamenteux L injonction thérapeutique intervient dans trois cas, selon la gravité de l infraction. Si l infraction est légère, elle peut être proposée par le procureur de la République avant la procédure pénale, comme condition pour suspendre les poursuites. Si l infraction est plus lourde, l injonction est prononcée par le juge d instruction, lors de la phase 2

préparatoire du procès consistant à rechercher les preuves et la gravité de l infraction. Le non-respect de cette obligation peut entraîner la détention provisoire. L injonction thérapeutique peut encore faire partie de la peine au moment du jugement. Dans les trois cas, l usager de stupéfiants peut refuser ce traitement médical avec pour alternatives soit la poursuite, soit la détention provisoire, soit la peine d emprisonnement. Neurotoxicité Caractère des substances pouvant provoquer des dommages durables sur le système nerveux ou sur son fonctionnement. La neurotoxicité est le caractère des substances qui, après pénétration dans notre corps par voie respiratoire, orale ou sous-cutanée, affectent les cellules nerveuses avec lesquelles elles entrent en contact. Si nombre de substances plomb, styrène, pesticides peuvent endommager le système nerveux, les drogues, elles, bouleversent l activité des neurones responsables du plaisir. Le mode d'action d'une substance neurotoxique est de perturber l'influx nerveux en agissant notamment sur les émetteurs ou les récepteurs des neurotransmetteurs. Certaines drogues peuvent dès la première prise modifier ces récepteurs, ainsi que les connexions entre cellules nerveuses (phénomène de tolérance). Elles peuvent même détruire certains neurones comme le fait l ecstasy, reconnu aujourd hui comme très toxique. Le cannabis est susceptible d agir sur diverses zones du cerveau contrôlant les émotions, la mémoire La neurotoxicité du cannabis est encore discutée par les scientifiques. Ses effets à long terme semblent être l altération de la mémoire et l'aggravation de certaines maladies mentales : psychoses, délires... Pour certains, le cannabis déclencherait même ces maladies. Psychose cannabique Trouble propre à la consommation de cannabis se manifestant par des bouffées délirantes, des hallucinations, des crises d angoisse La psychose cannabique est un trouble se manifestant, chez certaines personnes vulnérables, par des hallucinations visuelles, crises d angoisse, délires paranoïaques Ces troubles interviennent au moment de la consommation (psychose cannabique aiguë) ou apparaissent lors d un usage répété et peuvent persister après l arrêt de la consommation (psychose cannabique chronique). Après traitement (en général par des neuroleptiques), les troubles liés à une psychose cannabique cessent au bout de quelques semaines. Il est intéressant de noter que, usage de cannabis ou pas, le système endocannabinoïde serait impliqué dans cette maladie. Pour autant, la psychose cannabique, dont les effets sur le psychisme sont bien éloignés de ceux espérés par le consommateur, ne doit pas être confondue avec l ivresse cannabique, souvent recherchée par le consommateur. Cette ivresse se manifeste par une sensation d euphorie, l altération des perceptions sensorielles et temporelles, un état de somnolence Sevrage Arrêt de la prise de drogue ou de médicament agissant sur le cerveau, de manière brutale ou progressive chez un individu dépendant. Le sevrage est l'arrêt, brutal ou progressif, chez un individu dépendant, de substances psychoactives (drogues, certains médicaments). Il a pour objectif de libérer l organisme du besoin de la substance. Il entraîne souvent un état de manque qui se traduit par des symptômes physiologiques (accélération du pouls, de la fréquence respiratoire ): c est le syndrome de sevrage. 3

La consommation répétée d une substance psychoactive perturbe particulièrement le fonctionnement du circuit de récompense. Le cerveau s adapte à cet apport extérieur en modifiant certains de ses systèmes de neurotransmission. Lorsque cesse l apport, l organisme met du temps à rétablir l équilibre de ses neurotransmetteurs et de son métabolisme : c est la période de sevrage, accompagnée, chez l individu dépendant, de nombreux symptômes angoisse, anxiété souvent opposés à ceux observés lors de la prise du produit. On parle surtout de sevrage pour les drogues à forte dépendance (alcool ou héroïne, par exemple), moins dans le cas du cannabis. Ce sevrage peut être entrepris soit de façon volontaire, soit par injonction thérapeutique. Substance psychoactive Substance naturelle ou synthétique qui agit sur le système nerveux central en modifiant le fonctionnement psychique. Une substance psychoactive est une substance naturelle ou synthétique qui agit sur le psychisme en modifiant son fonctionnement. Elle peut entraîner des changements dans les perceptions, l humeur, la conscience, le comportement, etc. Toutes les drogues, le cannabis par exemple, et certains médicaments comme les somnifères et les anxiolytiques (contre l angoisse) sont psychoactifs. Les substances psychoactives peuvent se classer selon leur structure chimique, leur mécanisme d action, leur usage, récréatif ou médical, ou leurs effets pharmacologiques. Ceux qui entraînent une dépendance augmentent le taux de dopamine au niveau du circuit de récompense. Cette augmentation peut être provoquée de différentes façons : par exemple, le THC (produit actif du cannabis) participe à une plus grande libération de la dopamine en bloquant les neurones qui régulent la production de ce neurotransmetteur, tandis que la cocaïne empêche la dopamine de quitter le circuit de récompense. Selon leur mode d action, les substances psychoactives agissent spécifiquement sur différentes aires du cerveau. Système endocannabinoïde Système de molécules qui régule les échanges entre neurones quand ils sont excités par différents stimuli comme la faim, la douleur, l anxiété Le système endocannabinoïde est constitué de molécules «messagers» et de récepteurs dits cannabinoïdes* sur lesquels elles se fixent. Ces récepteurs se situent majoritairement dans le cerveau, mais on les trouve aussi ailleurs : intestin, rétine Ce système régule les échanges entre cellules nerveuses quand celles-ci sont excitées par différents stimuli comme la faim, la douleur, l anxiété Ce système est composé de messagers, les endocannabinoïdes (l anandamide par exemple) fabriqués par l organisme, et de certains récepteurs (CB1 et CB2). Lorsque le système nerveux est sollicité (mémoire, humeur ), des neurotransmetteurs (dopamine, sérotonine ) sont libérés. Pour réguler cette libération et maintenir le corps en équilibre, les endocannabinoïdes, aussi qualifiés de neuromodulateurs, entrent en jeu : ils se fixent sur certains neurones, ce qui a pour effet de freiner la neurotransmission en cours. Les endocannabinoïdes sont ensuite dégradés par des enzymes. Le THC, principe actif du cannabis, est aussi capable de se lier aux récepteurs cannabinoïdes. Cependant, non régulé par l organisme et échappant au processus de dégradation, le THC perturbe le système endocannabinoïde. *Cannabinoïde : Famille de molécules, présentes notamment dans le cannabis, qui agissent sur certaines cellules de l organisme. THC (tétrahydrocannabinol) Principale molécule active du cannabis, responsable de la plupart de ses effets, et notamment de ses effets euphorisants. 4

Le THC est l un des 60 cannabinoïdes contenus dans les têtes fleuries et les feuilles du cannabis. Majoritaire dans la plante, c est lui qui procure les plus grands effets sur l organisme : il agit à la fois sur le cerveau et sur certains organes (testicules, intestin, vessie ), entraînant effets psychiques et physiologiques (sensation de soif, yeux rouges ). Les effets psychoactifs du cannabis sont le fruit de la liaison du THC à des récepteurs spécifiques appelés CB1, essentiellement présents dans certaines zones cérébrales (cervelet, cortex, hypothalamus ). En effet, la stimulation de ces récepteurs par le THC perturbe les perceptions, les émotions, la motricité, l appétit. Cependant, les effets psychoactifs du THC sont modulés par les autres cannabinoïdes du cannabis (cannabinol, cannabidiol, par exemple). Si les effets du THC sont reconnus comme euphorisants, les propriétés du cannabidiol sont plutôt relaxantes. C est pourquoi certains pays autorisent la délivrance de médicaments à base de cannabinoïdes pour lutter contre la douleur dans certaines maladies graves (sclérose en plaques, cancer, sida ) Tolérance Phénomène d insensibilisation à une drogue et, plus généralement, aptitude à supporter les effets d un agent extérieur ou à s y adapter. L usage répété de drogue peut conduire le consommateur à augmenter les doses pour obtenir le même effet car sa tolérance augmente : sollicitées par la drogue, les cellules nerveuses régulent leur activité en devenant moins sensibles à ses effets. Lors d une sensation de plaisir, la dopamine, messager du plaisir, est libérée pendant quelques secondes dans la synapse, zone de jonction entre cellules nerveuses. La prise de drogue provoque une concentration importante de dopamine dans ces synapses pendant plusieurs dizaines de minutes. Lors d un usage chronique de drogue, les neurones s adaptent à cette présence de dopamine : les récepteurs de dopamine diminuent en nombre et en sensibilité. La tolérance augmente. Elle pousse ainsi le consommateur à augmenter ses doses, afin d obtenir le même effet. Toxicomanie Habitude de consommer un ou plusieurs produits psychoactifs, susceptibles d entraîner une dépendance psychique et parfois physique. La toxicomanie est caractérisée par le besoin répétitif et incontrôlé de drogue, et les conséquences individuelles et sociales que cette consommation induit. La prise de cannabis, comme celle d alcool, peut conduire parfois jusqu à la toxicomanie. Plusieurs niveaux de consommation existent avant d atteindre la toxicomanie. On distingue ainsi l usage occasionnel de l abus chronique. La toxicomanie décrit le comportement particulier d un individu dépendant d une substance toxique. La toxicité est très variable selon les produits et, finalement, «l attachement irraisonné» qui lie le consommateur à la substance est la seule caractéristique commune aux différentes toxicomanies. Quel que soit le toxique utilisé, le toxicomane en abuse, dépasse les posologies et renforce toujours plus sa dépendance. Pour un toxicomane avéré, la drogue devient une fin en soi et son comportement sera complètement modifié pour répondre à ce besoin. Pour le cannabis comme pour l alcool, l usage abusif et répété augmente la tolérance et peut provoquer une dépendance psychologique suffisamment importante pour modifier le comportement du consommateur. 5