LA PHONÉTIQUE FRANÇAISE Conférence nr. 5 La structure syllabique du français Présentation: Ghenadie Râbacov, lector, magistru
Questions à discuter: 1. Les théories de la syllabe 2. La constitution de la syllabe en français 3. Les règles de la coupe en syllabes Sources bibliographiques: Chigarevskaia N., Traité de phonétique française, Moscou, 1966. Fouché P., Etudes de phonétique générale (syllabe), Paris, 1927. Grammont M., Traité pratique de prononciation française, Paris, 1956. Щерба Л. В., Фонетика французского языка, Москва, 1953.
1. Les théories de la syllabe La syllabe est une des unités fondamentales du langage. C est le plus petit segment de la chaîne parlée que l on émet au cours de la phonation. En effet, quand on parle, la première unité qu on prononce n est pas un son, mais une combinaison de sons, un groupe de sons, une syllabe. Comme dans beaucoup d autres langues, le nombre de syllabes correspond toujours, à l oral, au nombre de voyelles. En français, on ne prononce pas toutes les voyelles écrites: il y a donc moins de syllabes prononcées que de syllabes écrites: bar-bu = 2 syllabes, barb(e) = 1 syllabe.
suite Les syllabes servent de composantes à des unités plus grandes tels les mots, les groupes accentuels, les syntagmes, etc. Si au point de vue de la perception, la syllabe peut être décomposées en sons, au point de vue de la prononciation, par contre, la syllabe constitue une unité indivisible. L importance de la syllabe est capitale dans toute langue. C est que toutes les modifications du langage s opèrent tout d abord à l intérieur de la syllabe.
Il existe plusieurs théories de la syllabe: La théorie fonctionnelle Pour définir la syllabe, cette théorie part du noyau syllabique. Le son qui forme le sommet de la syllabe est une voyelle, celui qui sonne avec est une consonne. La théorie, quoique se défendant assez bien, suscite pourtant des objections. La théorie expiratoire (Baudouin de Courtenay, Sweet) prétend qu une syllabe correspond à un renforcement dans l expiration.
suite La théorie de la sonorité (Otto Jespersen, P. Passy, A. Tomson) a pour base le critère acoustique et repose sur le degré de sonorité du son. D après O. Jespersen, les sons ont une tendance à se grouper autour du phonème le plus sonore qui n est pas nécessairement une voyelle. Mais cette théorie ne résout pas la question capitale de la syllabation: elle est muette sur la limite entre les syllabes (sur les règles de la syllabation).
suite La théorie de l aperture des sons formulée par le linguiste suisse Ferdinand de Saussure. Seulement chez lui les sons sont groupés selon le degré d aperture. Néanmoins, cette théorie n arrive pas à expliquer à quoi sont dues les différences de syllabation dans diverses langues. La théorie de la tension musculaire (L. Sčerba, A. Abélé, M. Grammont, P. Fouché). Faible au début de la syllabe, cette tension atteint son point culminant et puis commence à décroître.
suite Ce qui caractérise la syllabe c est la «tension croissante des muscles de l appareil phonatoire suivie d une tension décroissante» (B. Malmberg). A l endroit où la tension est maximale se trouve le sommet syllabique. Le point capital dans la théorie de L. Sčerba, qui distingue 3 espèces de consonnes d après la tension musculaire (consonne à tension croissante /à tension décroissante /à deux sommets ou une géminée) c est l idée que l intensité d une consonne change au cours de son émission.
2. La constitution de la syllabe en français Pour caractériser la syllabe d une langue, il importe de définir ses trois caractéristiques essentielles: 1) Quel est le son qui forme le sommet syllabique; 2) Quelle est la finale de la syllabe; 3) Quelles sont les combinaisons de consonnes et de voyelles qui constituent la syllabe-type d une langue. La syllabe française est une syllabe vocalique: en français moderne seules les voyelles sont susceptibles de former les syllabes. Autant de voyelles, autant de syllabes, telle est la règle qui régit la répartition du mot et du groupe accentuel en syllabes dans la langue française. Ex. partir [par-'ti:r], facile [fa-'sil].
suite Dans le français d aujourd hui, la répartition en syllabes varie suivant les styles. Par ex. l adverbe formellement qui, comptant souvent 4 syllabes en style soutenu, n en a que 3 en style parlé: for-mell(e)-ment (la langue parlée ne connaît presque pas le «e» instable [ə]). En français, la syllabe ne coïncide pas nécessairement avec le mot. Cf. proposition [prɔ-p-ɔzi-'sјɔ ]; nous avons [nu-za-'vɔ ].
suite La constitution syllabique du français est très variée. Dans la syllabe, la voyelle peut n être précédée d aucune consonne: Ah! Elle peut être précédée d une consonne (tu), d une consonne + une semi-consonne (vieux [vjø], Louis [lwi]), de 2 consonnes (plus [ply], très [trε]); ou de 2 consonnes, à condition que la deuxième soit un [l] ou un [r] (et forme ainsi un groupe consonantique) + une semi-consonne ([ɥ] ou [w]): trois [trwa], pluie [plɥi]. A retenir: Un groupe consonantique + [j] forment 2 syllabes, c est une diérèse: triomphe [tri-'jɔ f]. Cependant, la syllabe-type du français est le groupe CV (consonne-voyelle). La fréquence du type CV est nettement supérieur à tous les autres.
Syllabe ouverte qui se termine par une voyelle: ordonner [ɔr-dɔ-'ne]; Syllabe fermée qui se termine par une ou plusieurs consonnes: croître [krwatr], spectre [spεktr]; Egalité syllabique Toutes les syllabes à l intérieur d un mot ont la même durée. La syllabe accentuée dans le mot Le mot est en principe accentué sur la dernière syllabe: Monsieur [mə-'sjø]. Les syllabes sur lesquelles porte l accent sont plus longues (plutôt que plus fortes) que les autres.
3. Les règles de la coupe en syllabes à suivre au cours de la transcription Là où il y a des syllabes, il y a aussi des frontières syllabiques, c'est-à-dire des points de contact entre une syllabe et une autre. En d'autres termes, dans la chaîne parlée, il faut savoir où couper. Or, il est possible de postuler un certain nombre de règles de base pour la division en syllabes. C est la voyelle qui forme la syllabe: un appartement [œ (ε )-na-par-tə-'mᾶ]; Si 2 consonnes sont entourées de 2 voyelles, la première appartient à la syllabe précédente, et la seconde à la syllabe qui suit: marcher [mar-' e]; 2 consonnes dont la seconde est r, l sont inséparables et se rapportent à la voyelle qui suit: secret [sə-'krε], éclair [e- 'klε:r]; Mais les groupes de [rl], [lm] sont divisés: parler [par-'le], calmer [kal-'me];
suite Une double consonne dans l écriture ne présentant qu une seule consonne prononcée se rapporte à la voyelle qui suit: aller [a-'le]; La semi-voyelle (la semi-consonne) forme une seule syllabe avec la voyelle qui suit: cahier [ka-'je], essuyer [e-sɥi-'je], allouer [a-'lwe];