Incapacité de travail des patients cardiaques



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Transcription:

Etudes Stratégiques & Communication Incapacité de travail des patients cardiaques Résumé Les maladies cardiaques restent à l heure actuelle la principale cause de mortalité dans les pays industrialisés et sont de ce fait une des principales causes d invalidité. Ces maladies font partie du groupe des maladies de l appareil circulatoire, troisième plus grand groupe d invalides d après l INAMI. Cette étude a pour but d analyser les spécificités des patients en incapacité de travail suite à un pontage coronaire ou une dilatation coronaire. Ce groupe, principalement composé de personnes âgées entre 46 ans et 57 ans et essentiellement masculin a un taux de reprise du travail de 78 %. Cette reprise s effectue quasi exclusivement la première année d incapacité de travail. De nombreux facteurs influencent cette reprise du travail, cette étude propose de les analyser. L âge et le sexe du patient, le type d intervention qu il a subi, son statut social, le recours à la rééducation cardiaque ou à la reprise à temps partiel sous accord médecin conseil, chaque élément est passé en revue. La reprise à temps partiel sous accord médecin conseil semble être une bonne solution pour reprendre progressivement le travail après une intervention cardiaque. En effet, ce type de reprise a un impact significatif sur la réduction de la durée d incapacité de travail. Dans l ensemble, on recourt deux fois plus à la reprise à temps partiel après une incapacité de travail consécutive à une intervention cardiaque que pour l ensemble des incapacités. En ce qui concerne les indépendants, il serait utile de réaliser une étude complémentaire afin de voir si la limitation de la durée maximale de reprise à temps partiel ne constitue pas un frein à leur réintégration sur le marché du travail. Enfin, nous constatons que le recours à la rééducation cardiaque n est pas systématique puisque seuls 38% des patients y recourent (55,6 % des patients ayant subi un CABG et 32,3 % des patients ayant subi une PTCA). Nous ne pouvons apprécier la justesse de ce recours étant donné que nous ne connaissons pas les critères de bonnes pratiques sur base desquels les centres de rééducation ont inclus ou non les patients dans leurs programmes de rééducation cardiaque. Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 1/23

1. Introduction Les maladies cardiaques restent à l heure actuelle la principale cause de mortalité (et de diminution de l espérance de vie en bonne santé) dans les pays industrialisés et sont de ce fait une des principales causes d invalidité. Ces maladies font partie du groupe des maladies de l appareil circulatoire. L INAMI indique dans son rapport annuel 2004 qu il s agit du troisième groupe le plus important de cause d invalidité. Au 31 décembre 2003, ce groupe était composé de 19 983 personnes sur un total de 200 703 invalides, soit 9,95 % de ceux-ci. Groupe de maladies 1999 2000 2001 2002 2003 1. Maladies infectieuses et parasitaires 1.864 1.826 1.822 1.863 1.943 2. Tumeurs 9.334 9.752 10.206 10.561 11.191 3. Mal. endocriniennes de la nutrition et du métabolisme 4.574 4.675 4.847 4.959 5.087 4. Maladies du sang et des organes hématopoïdes 349 348 348 354 371 5. Troubles mentaux 52.272 55.040 57.494 60.603 63.911 6. Maladies du système nerveux et des organes des sens 11.624 11.933 12.153 12.339 12.696 7. Maladies de l appareil circulatoire 20.973 20.857 20.590 20.091 19.983 8. Maladies de l appareil respiratoire 7.398 7.161 6.893 6.561 6.347 9. Maladies de l appareil digestif 6.396 6.307 6.207 6.091 6.092 10. Maladies des organes génito-urinaires 1.841 1.854 1.863 1.846 1.887 11. Complications de la grossesse et accouchement 306 307 314 307 299 12. Mal. de la peau et du tissu cellulaire sous-cutané 928 952 977 1.004 1.034 13. Mal. du syst. ostéo-articul., muscles et tissu conjonctif 44.477 46.365 47.476 48.932 50.976 14. Anomalies congénitales 1.246 1.305 1.332 1.399 1.436 15. Affections origine de la période périnatale 27 25 29 23 23 16. Symptômes, signes et états morbides mal définis 2.931 3.111 3.269 3.513 3.923 17. Lésions traumatiques et empoisonnements 12.029 12.290 12.697 13.092 13.503 Inconnu 1 1 0 0 1 Total 178.570 184.109 188.517 193.538 200.703 Tableau 1. Effectif des invalides par groupe de maladie au 31 décembre - Evolution de 1999 à 2003 Au sein du groupe «maladies de l appareil circulatoire», on peut identifier un sous-groupe de maladies cardiaques en examinant la présence d une intervention de dilatation des coronaires (PTCA, Percutaneous transluminal coronary angioplasty, angioplastie coronarienne transluminale percutanée) ou d un pontage coronaire (CABG, Coronary Artery Bypass Grafting). Cette étude aura pour but d analyser les spécificités de ces patients notamment en ce qui concerne la durée de l incapacité de travail et si celle-ci aboutit (ou non) à un retour effectif au travail. A cette occasion, un état des lieux sera fait du recours à la reprise à temps partiel sous Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 2/23

accord médecin conseil. Enfin, un accent particulier sera mis sur la rééducation cardiaque afin d évaluer la fréquence de recours, son utilité et son efficacité. 2. Méthodologie On sélectionne d une part les incapacités de travail qui débutent entre le 01/04/2003 et le 31/03/2004 (mais si l incapacité de travail se termine après le 31 mars 2004, l information relative à la date de reprise du travail est récoltée) et, d autre part, les séjours au cours desquels une intervention PTCA (codes nomenclature : 589013 1, 589024 1, 589035 2, 589046 2 ) ou une intervention CABG (codes nomenclature : 229574, 229585, 229611, 229622, 229633, 229644) a eu lieue. Seuls les titulaires indemnisables primaires 3 qui ne sont pas en incapacité de travail depuis plus d un mois au moment de l intervention sont repris dans la sélection. Autrement dit, si l incapacité de travail débute plus d un mois avant le début du séjour, ces personnes sont exclues : on ne peut pas être sûr que l incapacité de travail soit liée au problème cardiaque. Ne sont également pas repris dans cette étude, les patients qui étaient déjà pensionnés au moment où ils ont subi leur intervention coronaire (ils ne sont plus titulaires indemnisables primaires). Pour qu un lien entre l incapacité de travail et le séjour hospitalier soit probable, il faut que : - Soit l incapacité de travail débute par le séjour (il y a présomption d incapacité de travail durant le séjour) - Soit l incapacité de travail ne débute pas plus d un mois avant le début de ce séjour ou pas plus d un mois après la fin de ce séjour Les incapacités de travail se terminant avant le début du séjour sont considérées comme antérieures à l incapacité de travail étudiée. Les incapacités de travail qui débutent plus d un mois après la fin du séjour sont considérées comme postérieures à l incapacité de travail étudiée. Un contrôle supplémentaire sur l origine de l incapacité de travail est réalisé afin de retirer toutes les incapacités de travail qui sont par nature tout à fait indépendantes de ces interventions (il 1 Dilatation endovasculaire percutanée avec ou sans placement de stent(s) sous contrôle d imagerie médicale d une sténose et/ou occlusion d une artère coronaire, y compris les manipulations et contrôles pendant le traitement ainsi que le matériel utilisé, à l exclusion du cathéter de dilatation et des produits pharmaceutiques et de contraste. 2 Honoraires supplémentaires lors de prestation 589013-589024 pour sténose(s) complémentaire(s) d une artère coronaire. 3 Les titulaires indemnisables primaires sont les personnes assurées en cas d incapacité de travail. On retrouve les différentes catégories dans l article 86 de la loi coordonnée du 14/07/1994 : travailleurs du secteur privé, les chômeurs, ainsi que les indépendants. Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 3/23

s agit des incapacités liées entres autres aux écartements prophylactiques, aux repos d accouchement, aux congés parentaux, aux congés de paternité et d adoption). Nous n avons pas d informations quant à la gravité de la pathologie. 3. Description de la population étudiée 3.1. Description des groupes On recense 332 personnes correspondant à la sélection décrite ci-dessus. Cependant, il convient de distinguer différents groupes, en fonction du motif de fin d incapacité. Le Tableau 2 réalise cette distinction. Motif de fin de l incapacité Nombre de personnes Pourcentage Reprise du travail spontanée ou 260 78,3 % obligatoire Reconnaissance invalidité et 55 16,6 % pas de reprise du travail Décès pendant la période 4 1,2 % d incapacité de travail Départ à la pension 8 2,4 % Mutation 3 0,9 % Suspension des indemnités pour 2 0,6 % un titulaire du régime général Total 332 100% Tableau 2. Répartition des patients en incapacité suite à une intervention cardiaque en fonction du motif de fin d'incapacité de travail Un certain nombre de personnes ne peuvent pas être considérées comme étant sorties de leur incapacité de travail dans le sens où elles n ont pas effectivement repris le travail (ou ne sont pas à nouveau disponibles sur le marché de l emploi). Il s agit notamment des personnes : - ayant atteint l âge de la pension 4, - les personnes qui décèdent, - celles qui sont reconnues invalides et qui à l heure actuelle 5 n ont pas repris le travail, - les titulaires du régime général qui sont frappés d une suspension des indemnités : en cas de non présence à un contrôle médical (sans motif valable), le médecin-conseil peut suspendre l indemnisation jusqu à ce que l intéressé se soumette au contrôle. Le titulaire reste cependant en incapacité de travail 6. En revanche, si le titulaire relève du régime des indépendants, le médecin-conseil met immédiatement fin à la reconnaissance de 4 Pour rappel, les patients qui étaient pensionnés au moment de l intervention ne sont pas repris dans cette étude. 5 Situation au 31 août 2005. Les reprises de travail ultérieures au 31 août 2005 ne sont donc pas prises en compte. 6 Article 134 2 de la loi coordonnée du 14 juillet 1994 Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 4/23

l incapacité de travail 7 (ces indépendants sont repris dans ce cas dans la rubrique des personnes qui reprennent le travail) - n ayant aucune information concernant la reprise de travail des personnes qui auraient muté vers un autre Organisme Assureur, nous ne pouvons considérer qu elles ont repris le travail. Pour la suite de l étude, nous distinguerons différents groupes : - RTOT : le groupe des patients ayant en définitive repris totalement le travail dans le circuit normal du travail. - RNON : les patients qui ne se trouvent pas dans le premier groupe : ce sont les patients qui n ont pas repris le travail ou ceux qui n ont repris le travail qu à temps partiel sous accord médecin conseil. 3.2. Caractéristiques des groupes étudiés L objectif de cette section est de caractériser la population étudiée. 3.2.1. Age de la population étudiée Pour rappel, il ne s agit que des cas où l on a recensé tant une dilatation ou un pontage coronaire qu une déclaration d incapacité de travail. Ne sont donc pas incluses les personnes qui, au moment de l intervention, étaient déjà pensionnées. La Figure 1 donne la répartition par tranche d âge de ces patients. 60 50 40 30 RNON RTOT 20 10 0 28-30 31-33 34-36 37-39 40-42 43-45 46-48 49-51 52-54 55-57 58-60 61-63 64-65 7 Article 24 de l A.R. du 20 juillet 1971 Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 5/23

Figure 1. Répartition par tranche d âge des patients en incapacité de travail suite à une opération cardiaque (de type PTCA ou CABG) On constatera que la majorité des patients sont âgés entre 46 et 57 ans. Après 57 ans, la diminution du nombre de patients peut s expliquer par le fait qu une partie de la population nécessitant cette intervention était déjà en incapacité de travail depuis plus d un mois ou bien même en invalidité. Au passage, le lecteur attentif aura pu constater que la proportion de patients n ayant pas repris le travail (groupe RNON) est plus importante dans les tranches d âge supérieures 3.2.2. Sexe de la population étudiée Le Tableau 3 donne la répartition par sexe de la population étudiée. Groupe Homme Femme Total RTOT 237 7 244 RNON 65 23 88 Total 302 30 332 % 91,0 % 9,0 % 100,0 % Tableau 3. Répartition par sexe des patients en incapacité de travail suite à une opération cardiaque La répartition en fonction du sexe est clairement inégalitaire puisque 91 % des personnes sont des hommes. Un des facteurs est la moindre incidence de la maladie coronaire chez la femme. 3.2.3. Type d intervention On peut faire une distinction en fonction du type d intervention : dilatation coronaire (PTCA) ou pontage coronaire (CABG). Type d intervention RTOT RNON Homme Femme Total Homme Femme Total Pontage coronaire (CABG) 61 2 63 18 0 18 Dilatation Coronaire (PTCA) 176 21 197 47 7 54 Tout type confondu 237 23 260 65 7 72 Tableau 4. Nombre de patients en incapacité de travail en fonction du type d'intervention Les ¾ des patients ont subi une intervention PTCA, le ¼ restant a subi un pontage coronaire. On peut représenter la distribution de l âge en fonction du type d intervention sous forme de boxplot (aussi appelé «boîte à moustaches»), ce qui est réalisé à la Figure 3. La Figure 2 rappelle la signification du boxplot. Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 6/23

Figure 2. Signification du boxplot Figure 3. Distribution de l'âge des patients par type d'intervention (Boxplot) On notera que, dans la Figure 3, une différence dans la distribution des âges entre les deux groupes est observée : les patients ayant subi un pontage (CABG) ont un âge médian plus élevé et la distribution des âges est plus concentrée. Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 7/23

3.2.4. Statut social Voici la répartition des patients et leur âge moyen en fonction du statut social : Statut RNON RTOT Total Pourcentage Age moyen Employés 16 120 136 41,0 % 51,4 Ouvriers 34 103 137 41,3 % 48,5 Indépendants 22 37 59 17,8 % 55,2 Total 72 260 332 100,0 % 50,9 Tableau 5. Répartition par statut social de l âge moyen et du nombre de patients On notera une moyenne d âge plus élevée pour les indépendants. Un élément intéressant à signaler est la répartition du type d intervention par statut social (Tableau 6) Statut CABG PTCA Total Taux de CABG Employés 34 102 136 25,0 % Ouvriers 22 115 137 16,1 % Indépendants 25 34 59 42,4 % Total 72 260 332 100,0 % Tableau 6. Répartition des patients par statut social et type d'intervention Un des facteurs explicatifs du taux plus élevé de CABG chez les indépendants est leur âge moyen plus élevé. 4. Durée de l incapacité de travail 4.1. Taux de reprise totale du travail Le Tableau 2 nous indique que 78,3 % des patients reprennent totalement le travail, ce qui semble conforme avec la littérature scientifique sur le sujet 8. 16,6 % sont reconnus invalides et n ont pas repris le travail à l heure actuelle 5 ou ont repris le travail à temps partiel sous accord médecin conseil. D autres personnes ont repris le travail après une période d invalidité, elles se trouvent alors dans la rubrique des personnes ayant repris le travail. Le Tableau 7 donne le nombre et le taux de reprise totale du travail en fonction du type d intervention. CABG PTCA Les deux confondus Nombre 63 197 260 Fréquence 77,8 % 78,5 % 78,3 % Tableau 7. Nombre et taux de reprise totale en fonction du type d intervention cardiaque 8 cfr. Sellier P. (1995) Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 8/23

On voit ainsi que le taux de reprise totale du travail est identique quelque soit le type d intervention. Le Tableau 8 donne le taux de reprise totale du travail en fonction du statut social et du type d intervention. CABG PTCA Les deux confondus Employés 94,1% 86,3% 88,2 % Ouvriers 54,5% 79,1% 75,2 % Indépendants 76,0% 52,9% 62,7% Tableau 8. Taux de reprise totale du travail en fonction du statut social et du type d'intervention 4.2. Durée de l incapacité de travail Le Tableau 9 donne la répartition du groupe de patients RTOT en fonction de leur durée d incapacité de travail. Durée de l incapacité Nombre de personnes Fréquence Fréquence cumulée Moins d un mois 35 13,5 % 13,5 % 1 à 6 mois 163 62,7 % 75,2 % 6 à 12 mois 53 20,4 % 96,5 % 13 à 24 mois 9 3,5 % 100,0 % Total 260 100,0 % 100,0 % Tableau 9. Répartition du groupe de patient RTOT en fonction de la durée de l'incapacité Il serait faux de considérer, au vu du Tableau 9 que 100% des personnes ont repris le travail, tout comme il serait erroné de considérer que les personnes non reprises dans ce tableau (qui font donc partie du groupe RNON) ne reprendront jamais le travail. La fréquence n indique en effet pas le taux effectif de reprise du travail (qui est, comme nous l avons vu précédemment dans le Tableau 2, de 78,3%). Cette fréquence indique le moment où cette reprise a lieu, pour les durées d incapacité connues (si la reprise s effectue après 5 années d incapacité, nous n avons pas encore assez de recul pour disposer de cette information). Ainsi 13,5% des patients ayant repris le travail le reprennent effectivement moins d un mois après le début de l incapacité, 62,7 % reprennent 1 à 6 mois après le début de l incapacité. On notera aussi que les ¾ des reprises s effectuent dans les 6 mois suivant le début de l incapacité et que la quasi-totalité des reprises s effectuent au cours de la période d incapacité primaire 9. A noter que le faible nombre de personnes ayant une durée d incapacité de travail inférieure à 1 mois peut s expliquer par le fait que le titulaire sous contrat de travail d employé peut signaler son incapacité jusqu au 28 ème jour calendrier à dater du début de l incapacité et jusqu au 14 ème jour calendrier pour les titulaires sous contrat de travail d ouvrier. Il se peut donc qu un certain nombre d incapacités de faible durée (de durée inférieure au délai de déclaration) ne soient pas déclarées. 9 Pour rappel, la période d incapacité primaire correspond à la première année d incapacité de travail Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 9/23

On peut calculer des statistiques de la durée de l incapacité de travail en fonction du type d intervention. Ces statistiques sont calculées à partir du modèle d analyse de survie développé au point 7. Ces calculs tiennent donc compte des informations fournies par le groupe RNON (si une personne du groupe RNON est en incapacité depuis plus de 300 jours, nous savons que sa durée sera supérieure à 300 jours sans pour autant connaître sa durée totale exacte). Ces statistiques sont fournies dans le Tableau 10. L intervalle mentionné est l intervalle de confiance à 95% autour de l estimateur. Durée d incapacité de travail (en jours) CABG PTCA Estimateur Intervalle Estimateur Intervalle Moyenne 257 219 Minimum 6* 1 Percentile 25 de la distribution 97 [84,121] 47 [41,59] Médiane (percentile 50 de la distribution) 167 [132,204] 114 [86,149] Percentile 75 de la distribution 308 311 [227,484] * cette faible durée est liée au décès du patient. Si nous excluons ce patient, la durée minimale observée passe alors à 13 jours. Tableau 10. Statistiques sur la durée d'incapacité de travail en fonction du type d intervention La distribution de la durée d incapacité de travail par type d intervention est assez différente. En effet, 25% des patients ayant eu un CABG ont une durée d incapacité inférieure à 97 jours alors que 25% des patients ayant eu une PTCA ont une durée d incapacité inférieure à 47 jours. De même, 50 % des patients CABG ont une durée d incapacité de travail inférieure à 167 jours ; 50% des patients PTCA ont une durée d incapacité de travail inférieure à 114 jours. Ces résultats semblent logiques compte tenu du fait que le pontage coronaire est une intervention plus lourde. 5. Reprise à temps partiel du travail sous accord médecin conseil L assuré reconnu incapable de travailler peut introduire auprès du médecin-conseil une demande afin de reprendre partiellement son ancienne activité ou une autre activité pendant la période d incapacité. Tenant compte de la durée du travail, de sa nature et de l affection de l intéressé, le médecin-conseil jugera si un travail partiel peut être autorisé. Cet accord peut avoir une durée illimitée s il s agit d un titulaire du régime général et est limité dans le temps s il s agit d un titulaire du régime indépendant (max. 6 mois en cas de reprise partielle d une autre activité professionnelle ; 18 mois maximum s il s agit de la reprise partielle de l activité professionnelle antérieure). 5.1. Nombre et durée de la reprise à temps partiel du travail sous accord médecin conseil A priori, la reprise partielle du travail semblerait être une bonne solution pour reprendre progressivement le travail après une intervention cardiaque. On devrait donc constater un taux de reprise assez élevé. Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 10/23

Le Tableau 11 représente le nombre et la durée de la reprise à temps partiel en fonction du statut social et du type d intervention. Pourcentage de personnes Durée moyenne de la reprise Nombre Groupe Statut social de ce statut à temps partiel (jours) de RTP CABG PTCA Total CABG PTCA Total Employés 9 12,5 % 5,7 % 7,5 % 72 66 69 Ouvriers 4 20,0 % 2,2 % 3,9 % 116 88 102 RTOT Indépendants 6 26,3 % 5,6 % 16,2 % 272 303 277 Total 19 17,5 % 4,1 % 7,3 % 171 101 141 Employés 5 0,0 % 35,7 % 31,3 % N.A. Ouvriers 4 0,0 % 16,7 % 11,8 % RNON Indépendants 10 33,3 % 50,0 % 54,5 % 456 303 333 Total 19 11,1 % 31,5 % 26,4 % N.A. Total général 38 17,3 % 10,0% 11,4 % Tableau 11. Fréquence et durée de la reprise à temps partiel en fonction du statut et du type d intervention La fréquence de recours au temps partiel est modeste dans la mesure où seuls 19 personnes du groupe RTOT ont fait appel à la possibilité de reprendre le travail à temps partiel, soit seulement 7,3 % des personnes de ce groupe. Dans le groupe RNON, ils sont également 19 à avoir repris le travail à temps partiel sous accord médecin conseil. Si l on distingue le taux de recours au temps partiel en fonction du type d intervention, on constate que, dans le groupe RTOT, 17,5 % des personnes ayant subi un pontage coronaire (CABG, 11 cas) et seulement 4,1 % des personnes ayant subi une dilatation coronaire (PTCA, 8 cas) y ont recouru. Le recours au temps partiel sous accord médecin conseil est donc plus fréquent pour l opération la plus lourde (CABG). Comme il s agit du groupe RTOT, tous les patients ont repris le travail (par définition) et donc 95,9% des patients du groupe RTOT ayant subi une PTCA et 82,5% des patients du groupe RTOT ayant subi une CABG ont repris le travail directement. A nouveau, la différence peut s expliquer par la gravité de la pathologie. Pour les patients ayant subi une PTCA, on remarque que le taux de reprise à temps partiel est supérieur dans le groupe RNON (par rapport au groupe RTOT). Sans doute s agit il de patients dont la pathologie est plus lourde, souffrant de complications ou de comorbidité. Y a-t-il une différence de recours en fonction du statut du patient et du type d intervention? A première vue, il semblerait que les indépendants fassent plus appel à la reprise à temps partiel que les autres catégories, tant dans le groupe RTOT ou RNON. Cette motivation pourrait trouver son origine dans la volonté de maintenir la viabilité de l entreprise que l indépendant gère mais, vu le faible nombre d indépendants dans la population étudiée, aucune conclusion ne peut être tirée. Par ailleurs, si l on examine la durée moyenne du temps partiel pour les groupes RTOT, on peut s étonner du fait que cette durée est, en moyenne, beaucoup plus élevée pour les indépendants. Le fait est d autant remarquable que seuls les indépendants ont une limitation légale de la durée de la reprise à temps partiel. Dans le Tableau 11, la durée du temps partiel pour le groupe RNON n est pas mentionnée vu qu une partie des bénéficiaires poursuit encore à l heure leur accord à temps partiel, ce qui en soi Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 11/23

constitue une réussite en termes de réinsertion socioprofessionnelle. Elle est mentionnée pour les indépendants puisque sa durée est limitée dans le temps. Dix indépendants du groupe RNON ont eu recours à la reprise à temps partiel. Pour cinq d entre eux, la durée de ce temps partiel correspond à la durée maximale autorisée (6 mois ou 1 an ½ suivant les cas). On peut se demander à juste titre si l augmentation de la durée maximale autorisé n aurait pas permis de les maintenir (partiellement) au travail. Une étude complémentaire devrait être réalisée afin de vérifier cette hypothèse. 5.2. Comparaison du taux de reprise à temps partiel pour la population étudiée et les incapacités de travail en général Si nous prenons la totalité des incapacités de travail qu elles soient liées à une intervention cardiaque ou non - qui débutent au cours de la période étudiée (du premier avril 2003 au 31 mars 2004) et dont l origine n est pas liée à un repos d accouchement, un écartement prophylactique, un congé parental, un congé d adoption,, on peut calculer le taux de reprise à temps partiel pour les incapacités avec ou sans reprise totale. Nous ne tenons compte que des incapacités de travail d une durée supérieure à 3 mois (les incapacités de travail de très courte durée ne se prêtent en effet pas à une reprise à temps partiel). Les résultats sont indiqués dans le Tableau 12. Toutes les incapacités Incapacités de travail liées à une intervention PTCA ou CABG Incapacité avec ou sans reprise de travail 8,3 % 18,8 % Incapacité avec reprise du travail 6,8 % 13,7 % Tableau 12. Taux de reprise du travail à temps partiel sous accord médecin conseil pour tout type d'incapacité (avec/sans reprise totale) Bien que le taux de reprise à temps partiel sous accord médecin conseil pour les incapacités de travail liées à une intervention PTCA ou CABG soit faible, il est environ le double de celui observé pour les incapacités de travail de tout type. 6. Rééducation cardiaque multidisciplinaire 6.1. Définition et effets potentiels Après l intervention PTCA ou CABG, le patient peut bénéficier de la rééducation cardiaque. Il s agit de séances de rééducation individuelle pluridisciplinaire avec une durée minimale de 30 minutes (code nomenclature 771201, remboursable maximum 30 fois) et des séances de rééducation collective pluridisciplinaire avec une durée minimale de 60 minutes à la suite d un programme de rééducation individuel (codes nomenclature 771212 et 771223, remboursable maximum 45 fois dans les interventions citées ci-dessus). Elles sont dispensées dans les 34 centres agréés par le Collège des Médecins Directeurs. Ces séances consistent en un réentraînement physique des patients, en une prévention des risques cardio-vasculaires et en un soutien psychologique nécessaire à la réinsertion Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 12/23

professionnelle 10. La rééducation cardiaque a donc pour but le retour à une qualité de vie ainsi que la réalisation de prévention secondaire. Ce type de revalidation s adresse exclusivement aux cardiaques atteints des affections suivantes : - infarctus du myocarde - chirurgie coronaire (dont les pontages) - dilatation coronaire percutanée (dont les PTCA) - chirurgie valvulaire ou de malformation congénitale ou acquise - transplantation cardiaque - cardiomyopathie avec dysfonction du ventricule gauche On retrouve une littérature abondante relative aux effets bénéfiques de la rééducation cardiaque. Comme mentionné précédemment, la rééducation cardiaque peut poursuivre plusieurs types d objectifs 11 : Objectifs médicaux - amélioration de la capacité physique - diminution des symptômes - évaluation du risque - éducation - prévention secondaire - diminution de la mortalité et morbidité - sécurité de réentraînement Objectifs sociaux - amélioration du retour au travail - amélioration de l autonomie Objectifs psychologiques - amélioration de la qualité de vie - amélioration de la confiance en soi - diminution de l anxiété et dépression - diminution du stress - reprise d une activité sexuelle normale Objectifs de santé publique - amélioration de l adhérence au traitement - diminution des coûts médicaux directs - sortie précoce de l hôpital - diminution de la consommation de médicaments - diminution des réadmissions à l hôpital Tableau 13. Objectifs potentiels de la rééducation cardiaque (source : Sellier P., Gaumont A.M.,..) 6.2. Fréquence de recours à la rééducation cardiaque Examinons le taux de recours à la rééducation cardiaque. Une distinction sera faite entre ceux qui ne recourent qu à de la rééducation cardiaque durant leur hospitalisation et ceux qui la poursuivent (en ambulatoire) une fois sortie. Le Tableau 14 donne la répartition du taux de recours à la rééducation cardiaque en fonction du type d intervention. L addition du pourcentage de patients recourant à la rééducation hospitalière uniquement au pourcentage de patients recourant à la rééducation ambulatoire (et donc qui ont recouru à de la rééducation hospitalière précédemment) donne le pourcentage total de patients recourant à la rééducation. Groupe % patients recourant % patients recourant % total de patients 10 Pour plus d infos, cfr http://www.chrcitadelle.be/cardio-angeiologie/technique/revalidation.html 11 Cette classification est empruntée à Sellier P., Gaumont A.M. et de Vernejoul N. (1990) Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 13/23

à la rééducation hospitalière uniquement à la rééducation hospitalière et ambulatoire recourant à la rééducation CABG PTCA Total CABG PTCA Total CABG PTCA Total RNON 38,9% 16,7% 22,2% 5,6% 18,5% 15,3% 44,4% 35,2% 37,5% RTOT 25,4% 7,6% 11,9% 33,3% 23,9% 26,2% 58,7% 31,5% 38,1% Total 28,4% 9,6% 14,2% 27,2% 22,7% 23,8% 55,6% 32,3% 38,0% Tableau 14. Fréquence de recours à la rééducation cardiaque en fonction du type d intervention Le recours à ce type de soins ne semble pas systématique. En effet, seuls 126 patients, soit 38 % des patients étudiés y recourent dont 14,2 % pour de la rééducation uniquement à l hôpital, 23,8% poursuivant la rééducation en ambulatoire. Pour rappel, il n est pas possible de ne bénéficier que de rééducation ambulatoire puisque les séances de rééducation collective en ambulatoire doivent avoir été précédées de séances de rééducation individuelle réservées aux patients hospitalisés. On notera qu il est plus souvent fait appel à de la rééducation cardiaque après un pontage coronaire (55,6% du groupe de patients ayant subi un CABG) qu après une PTCA (32,3 % du groupe de patients ayant subi une dilatation coronaire). Examinons à présent de quel type de rééducation cardiaque bénéficient ces patients. Le Tableau 15 donne la répartition par type de rééducation des patients bénéficiaires de rééducation cardiaque. CABG PTCA Hospitalier uniquement Hospitalier et ambulatoire Hospitalier uniquement Hospitalier et Ambulatoire RNON 87,6% 12,4% 47,4% 52,6% RTOT 43,2% 56,8% 24,1% 75,9% Total 51,1% 48,9% 30,0% 70,0% Tableau 15. Pourcentage des patients recourant à la rééducation cardiaque Sur les 55,6 % des patients ayant subi un pontage et qui ont bénéficié de rééducation cardiaque, un peu plus d une personne sur 2 (51,1%) n ont bénéficié de la rééducation cardiaque que durant leur séjour en hôpital. Sans que l on puisse y conclure à un lien de causalité, le groupe des patients n ayant pas repris le travail arrête plus fréquemment la rééducation au moment de la sortie de l hôpital (87,6% de ces personnes ne bénéficient de rééducation cardiaque qu au cours de leur séjour contre 43,2 % dans le groupe des patients ayant repris le travail) Sur les 32,3 % des patients ayant subi une dilatation coronaire et ayant bénéficié de rééducation cardiaque, 70 % ont poursuivi la rééducation cardiaque après leur hospitalisation. Ce pourcentage se monte à 75,3 % dans le groupe des personnes ayant repris le travail contre 52,6% pour le groupe n ayant pas repris le travail. Parmi ceux du groupe RTOT qui ont bénéficié de rééducation après leur séjour, 30 personnes (sur 68 personnes, soit 44,1%) ont poursuivi la rééducation après leur reprise totale du travail. 6.3. Rééducation cardiaque, kinésithérapie et physiothérapie Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 14/23

Plutôt que de suivre de la rééducation cardiaque, les patients ont peut-être bénéficié de kinésithérapie ou de physiothérapie. A moins bien entendu qu ils aient fait appel à plusieurs types de soins consécutivement. Rappelons au passage que les prestations de rééducation cardiaque ne peuvent être sur la même période cumulées avec des prestations de kinésithérapie ou de physiothérapie. Dans la mesure où la kinésithérapie est considérée comme un petit risque par l assurance obligatoire, nous exclurons les patients relevant du régime indépendant (uniquement dans cette section). L analyse ne porte donc que sur 273 patients (du régime général). Le Tableau 16 indique le pourcentage de patients ayant bénéficié de rééducation, de physiothérapie et/ou de kinésithérapie en fonction du groupe et du type d intervention. Type de soins dont a bénéficié le patient CABG PTCA (si plusieurs, de façon successive) RNON RTOT RNON RTOT Aucun 0,0 % 4,5 % 34,2 % 45,3 % Physiothérapie 0,0 % 4,5 % 7,9 % 6,7 % Kinésithérapie 41,7 % 15,9 % 21,1 % 13,4 % Rééducation cardiaque 8,3 % 13,6 % 15,8 % 15,6 % Kiné et physiothérapie 16,7 % 13,6 % 5,3 % 3,9 % Rééducation et physiothérapie 8,3 % 6,8 % 5,3 % 6,7 % Rééducation et kinésithérapie 16,7 % 27,3 % 5,3 % 7,3 % Rééducation, kinésithérapie et physiothérapie 8,3 % 13,6 % 5,3 % 1,1 % Total 100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 % Tableau 16. Nombre de patients du régime général ayant eu recours consécutivement à de la rééducation, de la kinésithérapie et/ou de la physiothérapie Parmi les patients ayant subi un pontage coronaire (CABG), seul un très faible pourcentage ne recoure finalement ni à de la rééducation, ni à de la kinésithérapie, ni à de la physiothérapie. Ce pourcentage est sensiblement plus élevé pour les patients ayant subi une dilatation coronaire. A priori, l absence de recours à la rééducation cardiaque pour une partie des patients du groupe RTOT ne semble pas très inquiétante (puisqu ils ont finalement repris le travail). Il conviendrait cependant de tenir compte des rechutes éventuelles et de la durée d incapacité potentiellement plus élevée (que celle du groupe qui aurait eu recours à la rééducation) avant de tirer pareil constat. On peut en revanche se poser des questions sur l effet potentiellement bénéfique qu aurait généré le recours à la rééducation cardiaque pour les 34,2 % des patients du groupe RNON qui ont subi une PTCA Une intervention cardiaque s accompagne fréquemment d un état d anxiété et de dépression, auquel peut s associer une sensation d invalidité. La rééducation qui inclut la psychothérapie et la lutte contre le stress pourrait avoir un impact favorable 12. 6.4. Analyse des effets potentiels de la rééducation sur la population étudiée 12 d après Oldridge NB (1988) Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 15/23

Sans avoir la prétention de remettre en cause la littérature scientifique, cette section propose de faire un état des lieux des effets de la rééducation sur la population étudiée. En ce qui concerne la diminution du risque de mortalité, les résultats sur notre population ressemblent fort à un cas d école puisque les 8 cas de décès sont à recenser dans le groupe des patients n ayant pas effectué de rééducation cardiaque. Il convient cependant de signaler que deux de ces décès sont survenus dans les 2 premières semaines de l incapacité. Par ailleurs, ce résultat est à prendre avec précaution puisque nous n avons aucune donnée relative à la gravité de la pathologie. De plus, si certaines études 13 ont démontré une diminution du risque de mortalité de 20 % à 25 % suite à un programme de rééducation et après un infarctus du myocarde, l effet ne semble pas plus bénéfique que la pratique régulière d une activité physique. De même, l arrêt du tabagisme permettrait une diminution de près de 40% de la mortalité après infarctus 14. La rééducation n a aucun impact sur la fréquence de reprise du travail. On peut calculer pour notre population (on l observera également dans le point 7) : le taux de reprise du travail des patients n ayant pas recouru à de la rééducation est de 78,2 % contre 78,6 % pour les patients ayant recouru à de la rééducation. Ce résultat peut, bien évidemment, avoir été influencé d une part par l effet bénéfique procuré par le recours à la kinésithérapie et la physiothérapie (à la place de la rééducation) et d autre part comme nous l avons signalé plus haut - par l effet positif de la pratique régulière d une activité physique. En revanche, certaines études 15 démontrent que l impact se ferait surtout sentir sur le long terme : la rééducation favoriserait le maintien à long terme du patient sur le marché du travail. Cet impact n a pas été analysé dans cette étude. Cette analyse n a également pas tenu compte de la comorbidité. 7. Déterminants de la reprise du travail 7.1. Analyse de survie et courbe de reprise du travail L analyse de survie a été utilisée à l origine pour évaluer le délai de survenue du décès d un individu et est, à l heure actuelle, très utilisée dans la littérature médicale 16. Cependant le décès n est pas le seul événement analysable puisque tout élément binaire peut être utilisé comme critère de jugement. Aussi, dans le cas présent, nous estimons le taux de reprise du travail Si l analyse de survie permettra de décrire la reprise du travail du groupe de patients, elle permettra également de rechercher les facteurs pronostiques de cette reprise, c est-à-dire les facteurs susceptibles d expliquer cette reprise du travail. La présente analyse de survie a été réalisée via le logiciel SAS. Le modèle retenu pour l analyse est le lognormal et les courbes de survie utilisent l estimateur Kaplan-Meyer. Les patients qui 13 Cfr. Oldridge NB (1988) et O Connor GT (1989) 14 cfr.. Berlin JA (1990) et Van Berkel TFM (1999) 15 Cfr. Hedback B (1993) 16 Nous renvoyons le lecteur intéressé à LANDAIS P. (2002) Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 16/23

n auraient pas repris le travail au bout de la période d analyse sont les données de censure du modèle (ce qui ne signifie pas que l on ne tienne pas compte de ces données). Les variables intervenant dans le modèle sont l âge du patient (exprimé en années), le sexe, le statut ouvrier, le statut indépendant, la reprise (ou non) à temps partiel, le type d intervention (PTCA ou CABG), la rééducation cardiaque lors de l hospitalisation, la rééducation cardiaque du patient ambulant. Toutes les variables sont binaires, à l exception de l âge du patient. Le modèle tient également compte du décès et du fait de partir à la pension afin de détecter une influence de ces paramètres sur les résultats. A partir du modèle, on peut représenter le pourcentage de personnes ayant repris le travail après une période donnée, exprimée en nombre de jours (cfr. Figure 4). 100% 80% 60% 40% 20% 0% 0 100 200 300 400 500 600 700 800 Figure 4. Distribution du pourcentage cumulé de personnes ayant repris le travail On notera ainsi que la reprise du travail est assez forte au départ : 40% de la population étudiée a repris le travail endéans les 100 premiers jours d incapacité. Plus l incapacité de travail est longue, plus les chances de reprise du travail se réduisent. Ce constat avait déjà été fait lors de notre étude précédente 17, ce qui nous avait conduit à recommander qu un accompagnement de la personne en incapacité soit réalisé très rapidement et que les initiatives visant à faciliter le retour au travail soient encouragées. 7.2. Modèle général de reprise du travail Dans le point 4.2., nous signalions que le faible nombre de personnes ayant une durée d incapacité de travail inférieure à 1 mois pouvait s expliquer par le fait que le titulaire sous contrat de travail d employé peut signaler son incapacité jusqu au 28 ème jour calendrier à dater du début de l incapacité et jusqu au 14 ème jour calendrier pour les titulaires sous contrat de travail 17 Vandermeersch (2005) Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 17/23

d ouvrier et que donc, une certaine partie des incapacités de courte durée n étaient pas déclarées. Dans la mesure où la durée de cette période varie d un statut social à un autre, nous n avons pas tenu compte dans le modèle qui suit des incapacités dont la durée est inférieure à 28 jours. Les paramètres intervenants dans le modèle sont, pour rappel, l âge du patient, le sexe, le statut ouvrier, le statut indépendant, la reprise à temps partiel, le type d intervention, la rééducation cardiaque lors de l hospitalisation, la rééducation cardiaque du patient ambulant, le décès du patient, le départ à la pension. Le Tableau 17 présente la significativité de chaque paramètre. Le statut social «employé» est considéré comme paramètre par défaut (si les variables binaires indépendant et ouvrier sont toutes deux nulles, le patient a comme statut «employé»). Paramètres Statistique χ² Probabilité > χ² Sexe 0,23 0.6329 Ouvrier 24,03 <.0001 Indépendant 3,18 0,0746 Reprise à temps partiel 39,10 <.0001 Type d intervention 0,19 0,6600 Rééducation hospitalière 1,64 0,1999 Rééducation ambulatoire 0,08 0,7788 Age 4,92 0,0266 Patient décédé 0,97 0,3242 Départ à la pension 0 0,9994 Tableau 17. Significativité des paramètres du modèle La statistique chi carré (χ²) permet de tester s il existe une différence significative entre les valeurs du paramètre : le fait d être un homme ou une femme, d être ouvrier (par rapport à employé), d être indépendant (par rapport à employé), d avoir un certain âge, de reprendre le travail à temps partiel (sous accord médecin conseil), d avoir bénéficié de rééducation pendant le séjour ou d en avoir bénéficié également après la sortie de l hôpital a-t-il une influence sur les résultats? Le Tableau 17 donne une indication sur la significativité des paramètres. Si l on fixe le seuil de significativité à 5 %, le paramètre est significatif si la valeur dans la colonne «probabilité» est inférieure à 0,05. Plus cette valeur est grande, moins ce paramètre a un impact significatif. Ainsi, en fixant le seuil de significativité à 5 %, nous pouvons en conclure qu être ouvrier, avoir un certain âge, le fait de reprendre le travail à temps partiel (et à la limite, être indépendant) a une influence significative sur la durée de l incapacité de travail. En revanche, les autres paramètres ne semblent pas avoir d impact significatif sur la durée d incapacité de travail. Si l influence n est pas significative, cela ne signifie pas que cette caractéristique n a aucun impact. Le Tableau 18 donne les estimateurs et les intervalles de confiance lorsque ne sont inclus dans le modèle que les variables ayant un impact significatif. Paramètres Statistique χ² Probabilité > χ² Estimateur Intervalle de confiance Intercept 41,70 <.0001 3,2532 [,2658, 4.2406] Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 18/23

Ouvrier 25,93 <.0001 0,7149 [0.4397, 0.9901] Indépendant 5,55 0,0185 0,4440 [-0.0746, 0.8135] Reprise à temps partiel 40,04 <.0001 1,2962 [0.8947, 1.6977] Age 8,56 0,0034 0,0283 [0.0093, 0.0472] Scale 1,0443 [0.9484, 0.1499] Tableau 18. Estimateur et intervalles de confiance des paramètres significatifs Lorsque l estimateur de l influence de la variable prend une valeur supérieure à 1, cela signifie que cette variable accroît la chance de reprise du travail. De même, si l estimateur est inférieur à l unité, la présence de la variable influence négativement la reprise (d autant plus fortement que ce nombre est petit). Ainsi, le taux de reprise est influencé négativement par le fait d être ouvrier : la probabilité de reprise du travail par les ouvriers vaut 0,71 % de celle des employés (les employés sont le groupe de référence). Ce résultat peut s expliquer par la nature plus physique de leur travail. Plus étonnant par rapport aux résultats de l étude précédente 17, le fait d être indépendant diminuerait également la chance de reprise. La chance de reprise du travail serait le tiers (0,444) de celle des employés. Est-ce lié à la charge de travail élevée (non limitée à 38h/semaine) qu ils doivent fournir pour faire tourner leur entreprise? Est-ce lié à l état de faillite ou quasi-faillite de leurs sociétés, conséquence de leur arrêt de travail prolongé, ce qui ne leur donnerait alors que peu de perspectives de reprise? Les perspectives d emploi et le contexte économique en général sont des paramètres explicatifs retenus dans l étude de Sellier P. (1995). La reprise à temps partiel semble être très bénéfique sur la reprise (totale) du travail. En effet, un individu qui reprendrait le travail à temps partiel aurait 29,62 % de chances en plus de reprendre en définitive le travail que celui qui n aurait pas recouru au temps partiel sous accord médecin conseil. Les résultats de notre analyse semblent corroborer les constatations réalisées par l étude réalisée en France par Sellier P. (1995). Sellier indique ainsi que les facteurs conditionnant la reprise seraient davantage liés au contexte socio-économique du patient que liés à des facteurs médicaux. Bien entendu, il souligne que, pour un certain nombre de patients, l état cardiaque contre-indique totalement la reprise ultérieure de travail. Par «contexte socio-économique» du patient, il entend le facteur «âge» (un des éléments que nous avions identifié dans notre étude précédente 17 et que nous retrouvons également ici comme ayant un impact négatif sur la reprise du travail), le niveau de formation, la catégorie socioprofessionnelle du patient et les contraintes physiques liées à l emploi (ce qui expliquerait donc le taux d incapacité de travail différent entre les employés et les ouvriers). D autres facteurs, que nous n avons pas mesuré dans cette étude, joue également un rôle : le contexte économique, les facteurs psychologiques liés aux conséquences de l accident cardiaque (favorisant dépression et anxiété) et enfin la taille de l entreprise. Une entreprise de plus grande taille offre probablement plus de possibilités de reclassement dans un autre poste de travail ou plus de souplesse pour l adaptation du poste de travail. Rappelons que la reprise de travail nécessite dans un tiers des cas une adaptation du poste de travail 8. 7.3. Modèle par type de rééducation Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 19/23

On peut également réaliser des modèles différents en fonction de la rééducation : un modèle pour les patients n ayant pas effectué de rééducation (modèle 1), un modèle pour les patients n ayant effectué de la rééducation qu au cours de leur séjour hospitalier (modèle 2) et un modèle pour les patients ayant poursuivi la rééducation après le séjour (modèle 3). Le Tableau 19 reprend la significativité des paramètres dans chaque modèle. Paramètres Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3 Sexe 0,8536 0,9147 0,2541 Ouvrier <.0001 <.0001 0,2093 Indépendant 0,4769 0,0278 0,3484 Reprise à temps partiel <.0001 0,0130 <.0001 Type d intervention 0,0412 0,0965 0,2227 Age 0,0863 0,0720 0,1837 Patient décédé 0,3782 -* -* Départ à la pension 0,9995 0,9997 -** * il n y a pas de patient décédé dans ce groupe ** il n y a pas de patients partis à la pension dans ce groupe Tableau 19. Significativité et estimateur des paramètres du modèle des patients sans rééducation, avec rééducation uniquement durant le séjour, avec rééducation pendant et près le séjour Les paramètres significatifs du modèle 1 (sans rééducation) sont le statut ouvrier, la reprise à temps partiel et le type d intervention. La reprise du travail serait influencée négativement par le fait d être ouvrier (plutôt qu employé) ou d avoir subi un CABG (plutôt qu un PTCA). La reprise à temps partiel favorisera la reprise totale du travail. Les paramètres significatifs du modèle 2 (rééducation uniquement pendant le séjour) sont le statut ouvrier et la reprise à temps partiel. Le type d intervention n est plus ici un paramètre significatif (bien qu il ait encore un effet). Les paramètres significatifs du modèle 3 (rééducation pendant et après le séjour hospitalier) sont uniquement la reprise à temps partiel. Il n y a que dans le modèle sans rééducation que l intervention la plus lourde (CABG) a un impact significatif sur la durée de l incapacité. Cet élément tend à nous faire suspecter qu il existe un impact bénéfique de la rééducation après un CABG. Cependant, l absence de données cliniques - qui nous aurait permis d apprécier davantage le degré de sévérité de la pathologie-, la taille limitée du groupe étudié, l absence de données relatives à la pratique régulière d un sport ne nous permet pas de conclure si la rééducation a un impact significatif ou non sur la durée de l incapacité de travail. Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 20/23

Conclusions L objet de cette étude était d analyser un sous-groupe spécifique des maladies de l appareil circulatoire (les maladies de l appareil circulatoire sont le troisième groupe le plus important en termes de nombre d invalides), à savoir les patients ayant subi deux types d interventions cardiaques : la dilatation coronaire (PTCA) et le pontage coronaire (CABG) et qui ont subi une incapacité de travail consécutive à cette intervention. Cette population est principalement âgée entre 46 ans et 57 ans et essentiellement masculine. 78,3 % des patients ayant subi ce type d intervention reprennent le travail. Cette reprise de travail se fait quasi exclusivement au cours de la période d incapacité de travail primaire (96,5 % des reprises s effectuent la première année d incapacité), raison pour laquelle nous recommandons que, très rapidement, un accompagnement du patient en incapacité de travail soit réalisé. Ainsi, il faut renforcer la collaboration entre tous les acteurs (médecin-conseil, médecin du travail, médecin traitant, ). De même, le développement et la mise sur pied de trajets de réinsertion pourraient être envisagés. La reprise à temps partiel sous accord médecin conseil est une bonne solution pour reprendre progressivement le travail après une intervention cardiaque. Ce type de reprise a d ailleurs un impact significatif sur la réduction de la durée d incapacité de travail, comme cela a pu être montré à l aide de l analyse de survie. Si cette reprise à temps partiel a un impact bénéfique, on constate qu en moyenne environ un patient sur six y recourt après une PTCA ou un CABG. Si l on tient compte de toutes les incapacités d une durée supérieure à 3 mois (pour raisons cardiaques ou autres), on ne recense qu un patient sur treize qui y recourt. Ainsi, on recourt deux fois plus à la reprise à temps partiel après une incapacité de travail consécutive à une intervention cardiaque que pour l ensemble des incapacités. L analyse de la reprise à temps partiel sous accord médecin conseil par statut social a permis également de mettre en évidence qu un certain nombre d indépendants a comme durée de temps partiel la durée maximale autorisée. Passé cette période (6 mois s il s agit de la reprise partielle d une autre activité professionnelle, 18 mois s il s agit de la reprise partielle de l activité professionnelle antérieure), l indépendant qui n est pas en mesure de reprendre à temps plein son activité est condamné à rester en invalidité. On peut donc se demander à juste titre si l augmentation de la durée de reprise à temps partiel maximale autorisée n aurait pas permis de les maintenir ne fusse que partiellement au travail. Cependant, vu la taille réduite du groupe analysé, il convient de réaliser une étude complémentaire afin de vérifier cette hypothèse. Le recours à la rééducation cardiaque ne semble pas systématique puisque seuls 38% des patients y recourent (55,6 % des patients ayant subi un CABG et 32,3 % des patients ayant subi une PTCA). Nous ne pouvons que réaliser ce constat car nous ne connaissons pas les critères de bonnes pratiques («Evidence Based Medicine») sur base desquels les centres de rééducation ont inclus ou non les patients dans leurs programmes de rééducation cardiaque. Vu l absence de disponibilité de données cliniques et vu la taille relativement limitée du groupe analysée, notre analyse n a pas permis de conclure à un impact significatif de la rééducation cardiaque sur la durée de l incapacité de travail. Nous suspectons cependant un effet positif. Version 4 Etude sur l incapacité de travail des patients cardiaques 21/23