55ème Anniversaire du Cessez-le-feu en Algérie Intervention de Gérard Allard, maire de Rezé Dimanche 19 mars 2017 Monsieur le député, Dominique Raimbourg, Monsieur le maire honoraire, Gilles Retière, Monsieur le 1 ier adjoint, Christian Brochard, Madame la vice-présidente du département, Malika Tararbit, Monsieur le conseiller départemental, Samuel Landier, Madame la conseillère régional, Ina Sy Messieurs les responsables des associations d anciens combattants, Madame et Messieurs les porte-drapeaux, Mesdames et Messieurs les élu(es) Mesdames, Messieurs,
Il y a cinquante-cinq ans aujourd hui, le cessez-le-feu était proclamé en Algérie en application des accords d Evian approuvés par plus de 91% des Français. Après huit années d une guerre douloureuse, les peuples français et algérien allaient chacun s engager dans un nouvel avenir, dans de nouvelles frontières, dans de nouveaux rapports de part et d autre de la Méditerranée. Le 19 mars annonce la fin du conflit et c est pourquoi ce sont les mémoires de toutes les victimes que nous honorons aujourd hui. Le 19 mars 1962, ce n était pas encore la paix, c était le début de la sortie de cette guerre dont l Histoire nous apprend qu elle fut la source en Algérie de violences, de représailles, de vengeances, d attentats et de massacres. 2
Il y a le 19 mars de l Armée Française qui voyait s achever une guerre qui n avait jamais dit son nom et qui l avait profondément déchirée. Il y a le 19 mars des Français d Algérie qui se souviennent de cette date comme d un jour de détresse, car signifiant la fin d un monde et le départ d une terre sur laquelle beaucoup étaient nés. Il y a le 19 mars des Harkis qui ont été dramatiquement abandonnés par la France comme le président de la République, François Hollande l a reconnu au nom du peuple français en 2012. La Guerre d Algérie, ce sont huit ans d une guerre innommable pendant longtemps, de la Toussaint de 1954 aux tragédies d Oran de juillet 1962. 3
Elle a été pour la France, la dernière page de l histoire de son empire colonial construit sur un système intolérable car fondé sur l'inégalité des statuts et des droits. Et pourtant, lors des deux guerres mondiales européennes, des combattants de toutes origines issus des colonies ont défendu notre pays et il est donc bien naturel que la France leur rende hommage lorsqu'elle commémore les deux guerres mondiales. La guerre d Algérie, ce sont donc huit années d'une guerre civile entre Français et entre Algériens. Huit années qui ont profondément marqué la France et même provoqué un changement de République. Huit années qui ont déchiré de nombreuses familles d'un côté ou de l'autre de la Méditerranée. Il a fallu attendre l initiative de notre maire honoraire, 4
Jacques FLOCH en 1999, alors député avant d être ministre aux anciens combattants, pour que le Parlement abandonne l expression «opérations de maintien de l ordre en Afrique du Nord» au profit de celui de «guerre» qui est le mot exact pour désigner cette page sombre de notre histoire. Le sens de la journée nationale du 19 mars, c'est de rendre hommage à toutes les victimes civiles ou militaires qui sont tombées durant la guerre d'algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie. Le sens de la journée nationale du 19 mars, c'est d'honorer toutes les douleurs et de reconnaître toutes les souffrances. 5
Celle des appelés du contingent, un million et demi de jeunes français, des militaires de carrière, des membres des forces supplétives ou assimilées, des forces de l'ordre originaires de métropole envoyés de l'autre côté de la Méditerranée, 60 000 furent blessés, près de 30 000 ne sont jamais revenus, tués ou disparus. Nous avons une pensée pour eux en cet instant. Pour la seule Loire- Atlantique, Jacques FLOCH dans son livre «Réflexions sur la guerre d Algérie» dénombre 843 victimes militaires en Algérie, en Tunisie et au Maroc. Cela signifie que la totalité d une génération a été mêlée à ces événements traumatisants. 6
Cette commémoration est donc l occasion de rendre hommage aux disparus et de ne pas oublier ceux qui sont revenus, marqués à jamais par ce qu ils avaient vécu. Car commémorer le 19 mars, c'est aussi se souvenir des souffrances des civils de toutes origines, de toutes confessions, victimes d'exactions. Les souffrances aussi des Français d'algérie exilés, rapatriés dans la hâte, privés de tout, de leurs biens, mais surtout de leurs racines. Je voudrais, pour conclure, reprendre les mots du président de la République qui, l an dernier à l occasion de cette cérémonie du souvenir a dit ceci : «La grandeur d'un pays se mesure à sa capacité à regarder son histoire, pour ce qu'elle nous apprend, pour les leçons qu'il convient communément d'en tirer. Convoquer l'histoire, non pas pour nous 7
diviser mais pour nous réunir. La grandeur d'un pays, c'est d'être capable de réconcilier toutes les mémoires et de les reconnaître. Alimenter la guerre des mémoires, c'est rester prisonnier du passé ; faire la paix des mémoires, c est regarder vers l'avenir». Mesdames et messieurs, faisons nôtre ce devoir de mémoire. Nous le devons à ceux qui ont disparu dans l absurdité de la guerre. Nous le devons aux survivants dont beaucoup portent encore les stigmates, nous la devons enfin à la France et à l Algérie pour leur réconciliation définitive. Je vous remercie. 8