L innovation dans les firmes multinationales : une revue de la littérature



Documents pareils
Système de diffusion d information pour encourager les PME-PMI à améliorer leurs performances environnementales

La voix en images : comment l évaluation objectivée par logiciel permet d optimiser la prise en charge vocale

L indice de SEN, outil de mesure de l équité des systèmes éducatifs. Une comparaison à l échelle européenne

Notes de lecture : Dan SPERBER & Deirdre WILSON, La pertinence

Comptabilité à base d activités (ABC) et activités informatiques : une contribution à l amélioration des processus informatiques d une banque

statique J. Bertrand To cite this version: HAL Id: jpa

Compte-rendu de Hamma B., La préposition en français

AGROBASE : un système de gestion de données expérimentales

Sur le grossissement des divers appareils pour la mesure des angles par la réflexion d un faisceau lumineux sur un miroir mobile

Les intermédiaires privés dans les finances royales espagnoles sous Philippe V et Ferdinand VI

MSO MASTER SCIENCES DES ORGANISATIONS GRADUATE SCHOOL OF PARIS- DAUPHINE. Département Master Sciences des Organisations de l'université Paris-Dauphine

Dessin assisté par ordinateur en lycée professionnel

Les Champs Magnétiques

A / BIOGRAPHY : Doctorat en Sciences Economiques et de Gestion (Ph.D.), Louvain School of Management Université catholique de Louvain

Working Paper n :

numéro 212 mars 2011 Dossier Les relations siège-filiales dans les multinationales Sous la direction de Ulrike Mayrhofer

Peut-on perdre sa dignité?

Étude des formes de pratiques de la gymnastique sportive enseignées en EPS à l école primaire

Un SIG collaboratif pour la recherche historique Partie. Partie 1 : Naissance et conception d un système d information géo-historique collaboratif.

MSO MASTER SCIENCES DES ORGANISATIONS GRADUATE SCHOOL OF PARIS- DAUPHINE. Département Master Sciences des Organisations de l'université Paris-Dauphine

Jean-Luc Archimbaud. Sensibilisation à la sécurité informatique.

La complémentaire santé : une généralisation qui

Frank LASCK. Courriel : f.lasch@montpellier-bs.com Fonction : Professeur. Biographie

UNIVERSITE LYON 3 (JEAN MOULIN) Référence GALAXIE : 4140

Etude Benchmarking 2010 sur les formations existantes apparentées au métier de Business Developer en Innovation

Budget Constrained Resource Allocation for Non-Deterministic Workflows on a IaaS Cloud

Program Analysis and Transformation: From the Polytope Model to Formal Languages

Réseaux sociaux virtuels et création de valeur

Guide de rédaction des. références bibliographiques et citations. Médiathèque EM Normandie

Prof. PhD Mathias J. Rossi

Le management de projets dans les firmes multinationales, vers une coordination des relations

Jean Sykes Nereus, la collaboration européenne, et le libre accès

Les doutes et les questions des économistes face au système des brevets

La régulation du réseau Internet

Famille continue de courbes terminales du spiral réglant pouvant être construites par points et par tangentes

La formation. La session Comment candidater? Le label Docteur pour l entreprise

Sylvain Meille. Étude du comportement mécanique du plâtre pris en relation avec sa microstructure.

UE 13 Contrôle de gestion. Responsables : Henri Bouquin, Professeur Stéphanie Thiéry-Dubuisson, Maître de Conférences

Prior to joining L'Oréal, he spent 11 years working for various Pharmaceutical companies.

La formation p. 2. Les doctorants témoignent p. 3. Le programme 2010 p. 5. Comment candidater? p. 6. Le label Docteur pour l entreprise p.

Liste des ouvrages et revues

Eric BARGET, MCF à la Faculté des sports de Poitiers CEREGE (Centre de Recherche en Gestion), IAE de Poitiers

Vinci Consulting Conseil en Stratégie d innovation

BREVET DE TECHNICIEN SUPÉRIEUR ÉPREUVE DE MANAGEMENT DES ENTREPRISES BOITIER PHARMA

Marketing et responsabilité sociétale de l entreprise : entre civisme et cynisme

Université Lyon 3, Lyon, France 2008, Phd in Management Sciences, with honors

LES CLAUSES DES CONTRATS DE DETTE DES PETITES ENTREPRISES : CAS DES ENTREPRISES CANADIENNES

VI. TENDANCES DE L INVESTISSEMENT DIRECT ÉTRANGER DANS LES PAYS DE L OCDE

Un exemple spécifique de collaboration : Le produit-partage

Les nouvelles formes d IE au service de la recherche La fouille de données et la visualisation pour enrichir l intelligence scientifique GFII

Synergie du triptyque : Knowledge Management, Intelligence Economique & Business Intelligence

DEA ès Sciences de Gestion. DES en Sciences Economiques. Ingénieur diplômé de l'ecole Polytechnique de Paris.

INTRODUCTION. 1. L innovation permet de renforcer la compétitivité de l entreprise et influe sur les stratégies mises en oeuvre

POULAKIDAS, Angela Département : Commerce et négociation. Matières enseignées. Intervient dans les programmes. Principaux diplômes

Master Management international

NEJLA YACOUB RESEARCH INTERESTS EDUCATION. Yacoub_Nejla<a>yahoo.com. Address. Updated in August 2011

Attachée Temporaire d Enseignement et de Recherche Institut d Administration des Entreprises Université de Toulouse 1 Capitole.

Les déterminants du volume d aide professionnelle pour. reste-à-charge

FORMATION ET DIPLOMES OBTENUS

REMOTE DATA ACQUISITION OF EMBEDDED SYSTEMS USING INTERNET TECHNOLOGIES: A ROLE-BASED GENERIC SYSTEM SPECIFICATION

Énergie et Mondialisation

Les entreprises qui adoptent les communications unifiées et la collaboration constatent de réels bénéfices

Universum French Student Survey 2008

RAPID Prenez le contrôle sur vos données

D après les estimations de la CNUCED (1), il. État des lieux du commerce. international. Le rôle des firmes multinationales dans le commerce

e-science : perspectives et opportunités pour de nouvelles pratiques de la recherche en informatique et mathématiques appliquées

AFFAIRES INTERNATIONALES ET INGENIERIE ECONOMIQUE

10. Peter F. DRUCKER (1909- )

RETHINKING JACQUES ELLUL AND THE TECHNOLOGICAL SOCIETY IN THE 21ST CENTURY REPENSER JACQUES ELLUL ET LA SOCIETE TECHNICIENNE AU 21EME SIECLE

Celine BARREDY, PhD Associate Professor of Management Sciences

SMALL CITY COMMERCE (EL PEQUEÑO COMERCIO DE LAS PEQUEÑAS CIUDADES)

«L intelligence économique dans les business models des entreprises : où en sommes-nous?»

Mise en place d un système de cabotage maritime au sud ouest de l Ocean Indien. 10 Septembre 2012

Objectifs pédagogiques de l enseignement «Métiers»

Correcteur INTEC, CNED, Niveau Masters (Management et Contrôle de Gestion)

Guide de recherche documentaire à l usage des doctorants. Partie 1 : Exploiter les bases de données académiques

Resident Canadian (Insurance Companies) Regulations. Règlement sur les résidents canadiens (sociétés d assurances) CONSOLIDATION CODIFICATION

CampusFrance. Classements internationaux : les impacts sur les établissements et la mobilité internationale

Management Stratégique. Saïd YAMI Maître de Conférences en Sciences de Gestion ERFI/ISEM Université Montpellier 1 Cours de Master 1.

Chapitre I : Introduction

CHAIRE VENTE ET STRATEGIE MARKETING EUROPE

Prospective, scénarios et mutations. Daniel Brissaud - Yannick FREIN

Comité du développement et de la propriété intellectuelle (CDIP)

La croissance des entreprises : nouvel enjeu pour le management?

Stage Ingénieur en développement logiciel/modélisation 3D

Mastère spécialisé. «Ingénierie de l innovation et du produit nouveau De l idée à la mise en marché»

Sur la transformation de l électricité statique en électricité dynamique

Veille Marketing. Le radar de votre entreprise

Pour fin de la présente analyse, nous nous référerons au secteur Finances et assurances (SCIAN numéro : 52).

Call for submission 3rd Bordeaux Workshop in International Economics and Finance. organized by LAREFI - Bordeaux University

Freddy Huet. Adresse professionnelle : Adresse personnelle :

Plan de cours ADM 992C Page 1. École des sciences de la gestion Département de management et technologie Université du Québec à Montréal

Diplôme d Université

Rapport d évaluation du master

ISTEX, vers des services innovants d accès à la connaissance

UNIVERSITY OF MALTA FACULTY OF ARTS. French as Main Area in an ordinary Bachelor s Degree

Jessica Dubois. To cite this version: HAL Id: jpa

Mise en place des projets collaboratifs. public-privé dans les TIC à l entreprise. Cynapsys

Transcription:

L innovation dans les firmes multinationales : une revue de la littérature Lusine Arzumanyan To cite this version: Lusine Arzumanyan. L innovation dans les firmes multinationales : une revue de la littérature. Trends in International Business, Jun 2011, Lyon, France. 11p. <halshs-00690902> HAL Id: halshs-00690902 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00690902 Submitted on 24 Apr 2012 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

2ème colloque franco-tchèque «Trends in International Business», Co-organisé par le laboratoire Magellan, IAE Lyon, Université Jean Moulin Lyon 3 et la Faculté des relations internationales, Université d Economie de Prague Lusine ARZUMANYAN Doctorante Contractuelle IAE Lyon, Université Jean Moulin Lyon 3 Centre de recherche Magellan 6 cours Albert Thomas, 69008 Lyon lusine.arzumanyan@univ-lyon3.fr L innovation dans les firmes multinationales : une revue de la littérature

ABSTRACT The aim of this paper is to examine the findings of recent studies, through a literature review on innovation processes in multinational companies. The objective of this review is to provide a roadmap of the field by highlighting the various empirical and theoretical issues that have been studied in the literature. Keywords : coordination Innovation process, multinational company, headquarter, subsidiary, RESUME Cette communication a pour objectif d examiner les études récentes à travers une revue de la littérature sur les processus d innovation dans les firmes multinationales. Le but de cette revue est de fournir une feuille de route de ce domaine en mettant en avant divers aspects empiriques et théoriques qui ont été étudiés dans la littérature. Mots clés : Processus d innovation, firme multinationale, siège, filiale, coordination

L innovation dans les firmes multinationales Nous avons pu observer, au cours de ces dernières années, un développement continu de la littérature traitant de l internationalisation de la production, du développement et du transfert de technologie par les firmes multinationales (Cantwell, 2010). Ce processus d internationalisation amène à l accroissement des interrogations sur la coordination des activités de production et de recherche et développement (R&D) au sein des firmes multinationales (Colovic et Mayrhofer, 2008). Selon Castellani et Zanfei (2006), plus de 95 % des 700 entreprises qui investissent en recherche et développement (R&D) dans le monde sont des firmes multinationales. Le rapport sur les investissements en R&D industriels de 2010, publié par la Commission européenne sur 1.400 firmes multinationales (dont 400 sont originaires de l'union européenne), classées en fonction de leurs investissements en R&D (cf. tableau 1), confirme que l investissement en R&D reste aujourd hui une priorité stratégique pour les firmes multinationales, malgré le contexte économique difficile. Tableau 1: Les dix premières FMN en matière d investissement en R&D dans le monde en 2009 Rang Firme multinationale Secteur d activité Pays d origine Investissement en R&D Variation Investissement en R&D Variation Investissement en R&D R&D/chiffre d affaires en % en 08/07 en Million 09/08 en % % d' 2009 2008 1 Toyota Automobile Japon 6 768,46-5,7 7,6 4,4 3,6 2 Roche Pharmaceuti que Suisse 6 401,86 9,1 5 19,4 19,1 3 Microsoft Logiciels Etats-Unis 6 073,20-3,3 10,4 13,9 15,4 4 Volkswagen Automobile Allemagne 5 790,00-2,3 20,4 5,7 5,3 5 Pfizer Pharmaceuti que Etats-Unis 5 404,13-2,4-1,8 15,5 16,5 6 Novartis Pharmaceuti que Suisse 5 156,02 2,5 12,6 16,7 17,4 7 Nokia Télécom Finlande 4 997,00-6,1 0,8 12,2 10,5 8 Johnson & Pharmaceuti Johnson que Etats-Unis 4 868,87-7,8-1,3 11,3 11,9 9 Sanofi- Pharmaceuti France 4 569,00 0,2 0,9 15,3 16,5

Aventis que 10 Samsung Electronics Electronique Corée Sud du 4 282,00 1,9 10,8 5,4 5,8 Source : Commission européenne (2010). En 2009 et pour la deuxième année consécutive, le fabricant automobile japonais Toyota est le premier investisseur mondial en R&D, avec 6,8 milliards d'euros. Trois entreprises de l'union européenne figurent dans le classement : Volkswagen, le premier investisseur européen avec 5,8 milliards d'euros, Nokia et Sanofi-Aventis. Au regard des considérations précédemment évoquées, il paraît essentiel pour une firme multinationale de pouvoir innover et coordonner une innovation dans ses filiales. Cela lui permettant d assurer sa compétitivité et de bénéficier de réels avantages concurrentiels. Dans ce travail nous essayons d appréhender l innovation dans les firmes multinationales sous l angle des relations siège-filiales. Dans une première partie, nous définirons le concept d innovation et de sa mondialisation par des firmes multinationales. Dans un deuxième temps, nous parlerons de différents modes de coordination du processus d innovation au sein des FMNs en essayant de comprendre quels sont les défis auxquels font face actuellement beaucoup de grandes firmes multinationales. Le concept d innovation Compte tenu de la complexité de l activité d innovation, il paraît difficile de dégager une définition universelle. Selon Schumpeter (1935), la réalisation d une invention et la mise en pratique de l innovation correspondante sont économiquement et sociologiquement deux choses entièrement différentes. A ce titre, Alter (2002) définit l invention comme la création d une nouveauté technique ou organisationnelle, concernant des biens, des services ou des dispositifs, tandis que l innovation représente l ensemble du processus social et économique amenant l invention à être finalement utilisée ou pas. Le terme «innovation» s applique à la fois au résultat d un processus créatif (ce qui est nouveau), et à ce processus même (Mayrhofer et Urban, 2011). Selon Cantwell (2010), l innovation peut être définie comme l introduction de nouveaux produits et procédés (process). A ce propos, il nous paraît important de rappeler la distinction entre les notions d innovation produit et d innovation process (procédés). Le tableau cidessous présente les principales caractéristiques de chacune d elle relevés dans la littérature. Tableau 2: Les principales caractéristiques de l innovation de produit et de l innovation

de process Auteurs Innovation de produit Innovation de process (procédés) Johnson, Whittington, Scholes, Fréry, 2011 concerne le produit ou service qui est commercialisé, notamment en termes de fonctionnalités caractérise la manière dont cette offre est élaborée et distribuée, notamment en termes de coûts et de qualité Loilier & Tellier,1999 Schumpeter, 1935 ; Clark & Fujimoto, 1991 une offre d un produit ou service qui présente au moins une nouveauté par rapport aux offres existantes et perçue comme telle par le marché visé concerne les transformations des processus industriels mis en œuvre pour concevoir, réaliser et distribuer les produits et services L internationalisation de l innovation par les firmes multinationales Au cours de ces dernières décennies de nombreuses FMN ont été amenées à réviser la localisation de leurs activités de production et de R&D afin d optimiser leur chaîne de valeur globale (Colovic et Mayrhofer, 2008). Si auparavant ces fonctions étaient centralisées dans les «home-countries» des firmes multinationales, aujourd hui nous pouvons observer une tendance réelle à la dispersion géographique de ces activités, qui peut prendre différentes formes : accords de coopération avec des partenaires étrangers, acquisitions de sociétés étrangères, délocalisation des activités de R&D, etc. Michie (1995) identifie trois catégories principales de l internationalisation d innovation (cf. tableau 3).

Tableau 3: Taxinomie de l internationalisation d innovation Catégories Acteurs Formes Exploitation à l échelle mondiale des innovations conçues localement Génération globale des innovations Coopérations globales techniques et scientifiques Personnes physiques et morales à but lucratif (nationales et multinationales) FMNs Universités et centres de recherche publique Entreprises nationales et multinationales Exportation des produits innovants. Concession des licences d exploitation et des brevets. Fabrication à l étranger des produits innovants conçus et développés en central R&D et activités d innovation dans les pays d origine et d accueil. Acquisition des laboratoires existants ou création ex-nihilo des unités R&D dans les pays d accueil. Projets scientifiques communs. Echanges scientifiques, années sabbatiques. Mouvements des étudiants à l international. Coopération pour des projets innovants spécifiques. Accord de production avec échange de l information technique et/ou équipement. Source: élaboré sur la base d Archibugi et Michie, 1995. Ainsi, même si divers acteurs économiques peuvent entreprendre l innovation et s engager dans son internationalisation, ce sont uniquement les FMN qui peuvent réaliser et contrôler en interne la conception globale des innovations.

L innovation au sein des firmes multinationales Pour atteindre cet objectif, nous avons fait une recherche des articles comprenant les phases suivantes (cf. figure 1): Figure 1. Les phases de recherche des articles pour la revue de littérature Recherche des articles dans l EBSCO en utilisant les mots clés Tri des articles selon les titres et les résumés Classification et sélection des articles bien classés selon l AERES Lecture des articles et identification des principaux thèmes de recherche dans l innovation Préparation des fiches d analyse pour chaque article choisi Premièrement, nous avons étudié dans la base de données d'articles de recherche EBSCO (Business source complete) les articles de revues académiques en utilisant les mots clés "innovation process" et "multinational company". Après cette première sélection, nous avons fait un tri par titres et résumés. Deuxièmement, parmi les articles choisis, nous avons sélectionné les papiers de revues les mieux notés par l'aeres. Enfin, durant la lecture de chaque article retenu, une fiche d analyse a été préparée avec les informations suivantes: L objet de recherche et la problématique La revue de littérature et le cadre théorique mobilisé La méthodologie utilisée (qualitative ou quantitative) Les résultats obtenus Les apports et les limites de recherche Le tableau 4 présente un extrait de la revue de littérature qui nous paraît particulièrement intéressant, car malgré sa taille non exhaustive, il fait un résumé d un des thèmes principaux de recherche sur l innovation : le rôle des filiales dans le processus

d innovation des firmes multinationales. Tableau 4. Extrait sur des principales recherches sur l innovation dans les firmes multinationales. Auteurs Objets de recherche Méthodes Résultats Ghoshal et Bartlett (1988) Nobel et Birkinshaw (1998) Reger (2004) Jouranl of International Management La création, l adaptation et la diffusion d innovation par les filiales des firmes multinationales. Etude empirique basée sur une étude de cas dans 9 firmes multinationales, et des études multi niveau et multi indicateur sur 3 firmes multinationales et une étude avec un seul indicateur sur 66 firmes européennes et nord américaines. Il apparait que les filiales (les ressources locales) ont tendance à faciliter la création et la diffusion d innovation, mais leur effet sur l adaptation est peu concluant. 1. Le rôle des unités Les propositions ont Les unités de R&D se internationales de été testées en différencient selon la R&D des firmes envoyant par la voie nature de leurs multinationales, électronique un activités, ainsi que 2. Les systèmes de selon les mécanismes questionnaire à 15 contrôle et de la du contrôle utilisés. firmes communication au L étude a montré internationales sein des unités de l existence de R&D. suédoises. L étude plusieurs types de empirique a été communication complétée par 50 (horizontale et entretiens réalisés verticale) au sein des dans les unités firmes internationales de la multinationales, ainsi R&D. qu avec les acteurs externes. Les centres Etude de cas sur la La capacité des firmes d excellence de firme multinationale multinationales de

Phene et Almeida (2008) Journal of International business studies. recherche géographiquement dispersés des firmes multinationales L innovation dans les filiales : le rôle joué par les filiales dans l assimilation de la connaissance. Philips. coordonner les activités de leurs unités de R&D (ici centre d excellence) est un avantage concurrentiel très important et est au cœur de leur processus d apprentissage. Revue de la littérature Les auteurs montrent que la connaissance «absorbée» de «host country» a une influence positive sur la capacité d innovation des filiales. Les études réalisées sur le processus d innovation au sein des firmes multinationales montrent que ces dernières ont augmenté leurs investissements dans les activités de R&D dans les pays étrangers notamment à partir des années 1980 (Reger, 2004). Auparavant, les unités internationales de R&D avaient été créées pour adapter les innovations aux demandes des «pays d accueil» des firmes multinationales (Nobel, Birkinshaw, 1998). Aujourd hui ces unités contribuent activement au processus d innovation en devenant même des centres d excellence au niveau mondial pour les firmes multinationales (Reger, 2004). Cette décentralisation des activités de R&D au sein des filiales provoque des problèmes de communication, de contrôle, de coordination entre siège et filiales en rendant les relations plus complexes et difficiles à gérer. Pour mieux coordonner leurs filiales, les firmes multinationales mettent en place des systèmes de contrôle qui diffèrent d une unité à l autre (Nohria et Ghoshal, 1997). La majorité des recherches est dédiée à l étude des mécanismes de contrôle et de communication des relations siège-filiales. Les auteurs affirment que la capacité des firmes multinationales à coordonner les activités de leurs unités de R&D est un avantage concurrentiel très important, d où la nécessité de créer des mécanismes de contrôle et de coordination. Les nombreux outils de coordination mis en place par les firmes multinationales, représentent tout

de même quelques limites que nous pouvons dénoter dans les articles de recherche. Il s agit notamment des indicateurs de mesure de performance de ces outils de coordination qui sont peu étudiés. Conclusion Dans cette communication, au travers de la revue de littérature, nous nous sommes intéressés à l innovation au sein des firmes multinationales, en essayant de comprendre son internationalisation par les firmes multinationales, ses concepts, les relations siège-filiales, etc. Nous avons alors montré la difficulté de la gestion de l innovation liée à l évolution de l internationalisation du processus d innovation et également liée au nombre croissant d acteurs économiques impliqués dans ce processus. Dans la majorité des recherches, l innovation est souvent perçue uniquement comme une modification du contenu technologique qui améliore ou élargit les fonctions remplies par le produit. Mais l innovation peut porter également sur les conditions d utilisation, de distribution, et, au delà, sur l ensemble des prestations offertes au client (Loilier & Tellier, 1999) ; ce qui rend plus complexe la gestion du processus d innovation. Les filiales ayant une position d intermédiaire, entre le siège et les clients, leur rôle prend toute son importance dans ce processus d innovation stratégique pour les firmes (Birkinshaw & Hood, 1998 ; Frost, Birkinshaw & Ensign 2002). Les problèmes relevés sont notamment liés au contrôle et à la communication entre le siège et les filiales. Plusieurs de leurs mécanismes sont abordés dans la littérature sur l innovation, mais il y a un manque d indicateurs élaborés pour mesurer la performance de ces outils, ce qui peut faire l objet de futures recherches.

Bibliographie ALTER, N. (2002), Les logiques d innovation: Approche pluridisciplinaire, Paris: La Découverte. ARCHIBUGI, D. et MICHIE, J. (1995), The globalisation of technology: A new taxonomy, Cambridge Journal of Economics, 19:1, 121-140. BIRKINSHAW, J. et HOOD, N. (1998), Multinational subsidiary evolution: capability and charter change in foreign-owned subsidiary companies, Academy of Management Review, 23: 4, 773-796. CANTWELL, J. (2010), Innovation and information technology in the MNE in: A. RUGMAN et coll. (éds), The Oxford Handbook of International Business, 2 nd edition, Oxford University Press. CASTELLANI, D. et ZANFEI, A. (2006), Multinational firms, innovation and productivity, Edward Elgar, Cheltenham. CLARK, K. B. et FUJIMOTO, T. (1991), Product development Performance: strategy, organization and management in the world auto-industry, Mass Boston: Harvard Business School. COLOVIC, A. et MAYRHOFER, U. (2008) «Les stratégies de localisation des firmes multinationales», Revue Française de Gestion, 184, 151-165. Commission européenne (2010), Rapport sur les investissements en R&D industriels, Bruxelles. FROST, T., BIRKINSHAW, J. et ENSIGN, P. (2002), Centers of excellence in multinational corporations, Strategic Management Journal, 23, 997-1018. GHOSHAL, S. et BARTLETT, Ch. A. (1988), Creation, adoption, and diffusion of Innovations by subsidiaries of multinational corporations, Journal of International Business Studies, 19:3, 365-388. JOHNSON, G., WHITTINGTON, R., SCHOLES, K., FRERY, F. (2011), Stratégique, 9 ème édition, Paris: Pearson Education France. LOILIER, T. et TELLIER, A. (1999), Gestion de l'innovation : Décider, mettre en œuvre, diffuser, Management et société, coll. Les essentiels de la gestion. MAYRHOFER, U. et URBAN, S. (2011) Management international: Des pratiques en mutation, Paris: Pearson Education France. NOBEL, R. et BIRKINSHAW, J. (1998), Innovation in multinational corporations: control and communication patterns in international R&D operations, Strategic Management Journal, 19:5, 479-496. NOHRIA, N et GHOSHAL, S. (1997), The differentiated network: Organizing multinational corporations for value creation, San Francisco: Jossey-Bass. PHENE, A. et ALMEIDA, P. (2008), Innovation in multinational subsidiaries: The role of knowledge assimilation and subsidiary capabilities, Journal of International Business Studies, 39:5, 901-919. REGER G. (2004), Coordinating globally dispersed research centres of excellence - the case of Philips Electronics, Journal of International Management, 10:1, 56-76. SCHUMPETER, J.A. (1935), Théorie de l'évolution économique, Paris: Dalloz.