DES RÉPONSES HUMANISANTES POUR DIMINUER LES RISQUES D'ÉMERGENCE DE SOUFFRANCES PSYCHIQUES ET PHYSIQUES CHEZ LES INTERVENANTS DE 1ÈRE LIGNE Mireille MONVILLE Psychologue-psychothérapeute, CPLUlg (Unité de Psycho-traumatisme et Psychologie légale) Chef du Service de Valorisation de l Humanisation, CHU de Liège
DÉFINITION DU RISQUE TRAUMATIQUE «Pour qu il y ait trauma, il faut plus qu une simple menace sur la vie du sujet : dans un moment généralement bref, celui-ci s est vu mort. Il n a pas seulement éprouvé dans l angoisse l imminence de sa mort, celle-ci s est imposée à lui comme un réel qui l a laissé, pendant une fraction de seconde, pétrifié cet instant distingue désormais le sujet des autres hommes, car il est désormais porteur d une révélation bouleversante». Lebigot, F., Gautier, E, Morand D., Reges J.-L. et Lasagne, M. (Eds.)(1997). Le Débrefing psychologique collectif. Annales Médicales de Psychologie, 155, 370-378. Paris. 2
QUALIFICATION DU RISQUE TRAUMATIQUE Caractéristique 1 : la soudaineté Caractéristique 2 : le vécu de proximité avec sa propre finitude: la mort, la perte. Caractéristique 3 : le sentiment d effroi, d impuissance et d absence de contrôle d anéantissement 3
Intervenants de 1 ère ligne exposés à Trauma direct Trauma secondaire (Figley, 1995) Vicariance Victime direct d un PTS (DSM-IV) «Victime» tertiaire Stress adaptatif Stress dépassé (Tension, contrainte/stress (Selye) 4
LES EFFETS VICARIANTS SUR LES INTERVENANTS DE 1ERE LIGNE LE CHOIX DE SOPHIE HTTPS://YOUTU.BE/RYQJSBN4KCM 5
LES PHÉNOMÈNES VICARIANTS Traumatisation vicariante ( McCann et Pearlman, 1990) et E.Desoir 6
RISQUES: FACTEURS SOURCES POTENTIELLES DE STRESS INDIRECT Proximité souffrance, mort qui renvoie à leur propre mortalité; Partages des angoisses des patients et de leur famille, forte identification empathique; Possibilité de culpabilité autour du manque de temps (contraintes de haute technicité) pour répondre à souffrance psychique des patients et de leur famille 7
APPARITIONS DES PHÉNOMÈNES DE VICARIANCE LIÉS À Lors d interventions à la nature complexe par le nombre de victime violence volontaire, intentionnelles, le type de blessures, la cause, objectivée ou supposée. La place des intervenants et leurs rôles (continuum passif-actif) La sécurité des intervenants et aux sentiments de sécurités éprouvés par les intervenants. 8
DÉDIABOLISATION DU STRESS La peur, l effroi (émotion) Le stress (tentions, contrainte) adaptatif et le stress «dépassé» L angoisse existentielle : - le mort, la séparation, l isolement, la liberté, l absence de sens; 9
LA CHARGE PSYCHOSOCIALE Le stress au travail A mon sens, l une des définitions les plus actuelles et les plus abouties est celle de De Keyser et Hansez, 1996: «Le stress psychologique dans la sphère du travail est une réponse du travailleur devant les exigences de la situation pour lesquelles il doute de disposer des ressources nécessaires et auxquelles il estime devoir faire face». 10
TRAUMA DES INTERVENANTS - INTERVENTIONS PRIMAIRE, SECONDAIRE ET TERTIAIRE Risque: facteurs sources potentielles de stress indirect: Proximité souffrance, mort qui renvoie à leur propre mortalité; Partages des angoisses des patients et de leur famille, forte identification empathique; Possibilité de culpabilité autour du manque de temps (contraintes de haute technicité) pour répondre à souffrance psychique des patients et de leur famille 11
Si les intervenants psychosociaux veulent créer un lien de confiance, ils doivent faire preuve d un minimum d empathie, ce qui les met en résonance avec le vécu des patients et de leur famille. Cette résonance empathique peut-être pratiquement traumatogène par définition. Ce qui ne signifie pas que tous les intervenants psycho médico-sociaux soient stressés. Tout blocage dans ce processus de questionnement et de verbalisation pourra signifier le début d une souffrance au travail, voire d une décompensation psychique. Un certain nombre de réactions contre-transférentielles des intervenants psycho médico-sociaux sont connues, elles sont au départ destinées à protéger l intervenant quand il se sent débordé psychiquement, mais elles peuvent aussi déboucher sur des troubles dysfonctionnels important. 12
Transfert, contre-transfert? L ensemble des réactions inconsciente de l analyste à l analysé et plus particulièrement au transfert de celui-ci. Le transfert étant le processus par lequel les désirs inconscients s actualisent sur certain objets dans le cadre de la relation analytique. Je parlerai d avantage en clinique du trauma de transfert brut (al), (l exemple du doigt coupé). Empathie L intuition de ce qui se passe en l autre. L humanisation dans les soins passe par l humanisation dans le travail 13
2 tendances sont relevées: d une part, une forme d évitement avec un retrait empathique ou d autre part, une sur-identification avec un investissement empathique incontrôlé. Cela se traduit entre autres par : Cynisme, humour noir; Mise à distance, déshumanisation des victimes; Magna mater complex (je prends en charge les problèmes de tout le monde); Jehovah complex (je suis tout puissant pour aider les victimes); Fuite: abus d alcool, drogue, tabac; Hyperactivité non-constructive. 14
L EXPÉRIENCE DU CHU DE LIÈGE: VALORISATION DE L HUMANISATION S.S.T. 15
ETHIQUE DE L AIDE À L AIDANT Diminution de la psychologisation à outrance. Favoriser l aide par les paires et renforcer la solidarité naturel. 16
L opérationnalisation du soutien au personnel peut prendre différentes formes: Mise en place de groupes de parole interdisciplinaire (multidisciplinaires) ou par corps de métier Mise en place de groupes d intervision multidisciplinaire ou par corps de métier. Aide à l aidant par l aidant : formation, intervention et solidarité (valeur) Aide psycho-sociale professionnalisée Defusing et débriefing 17
INTERVENTION PSYCHOTHÉRAPEUTIQUE POST-IMMÉDIATE (IPPI) Du defusing au débriefing au Retex 18
DU DEFUSING AU DÉBRIEFING François Lebigot décrit deux fonctions au defusing : la fonction d'accueil (il s'agit de ré-intégrer la victime au monde des vivants dont elle s'est sentie un moment exclue), et la fonction d'interlocution (permettre qu'une parole adressée à un autre émerge à nouveau). L'entretien est mené avec prudence, il ne s'agit pas de demander à la personne de «raconter» l'événement qu'elle vient de vivre, mais de lui permettre d'ordonner sa parole et sa pensée, et de se sentir à nouveau appartenir à la communauté humaine, au sortir de l'enfer qu'elle vient de traverser. Il ne s'agit pas d'un debriefing psychologique, qui pourra être effectué dans les jours qui suivent [1]. 19
AU DÉBRIEFING AU RETEX Le débriefing francophone favorise l'insertion dans l'histoire de vie du sujet d'un évènement qui débordait ses capacités de représentation apaisant ale chaos émotionnel et cognitif. Le débriefing facilite l'assimilation du choc traumatique en souvenir non-traumatique. 20
AU RETEX OU DÉBRIEFING FONCTIONNEL Le Retour d expérience est une démarche qui permet d apprendre de ce qui s est passé afin de mieux maîtriser l avenir. Elle consiste à : recueillir des informations sur des incidents, anomalies, et accidents, analyser leurs causes et à mettre en place des actions correctives et /ou préventives afin d éviter qu elles se reproduisent. 21
ANTENNE FIST-API (PROVINCE DE LIÈGE) Formation de professionnels de terrain au soutien entre collègues via le procédé «peer to peer». Formation de base en interventions immédiates et post-immédiates. 22
CONCLUSION Reconnaître les risques pour mieux les diminuer. Favoriser la participation et l interdisciplinarité, Tenir compte de l ergonomie et construire des procédures pour travailler en sécurité Favoriser la solidarité entre paires 23